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* L'activité devient autotélique (elle est plaisante en soi), ce qui permet l'augmentation des compétences utilisées dans cette activité.     
* L'activité devient autotélique (elle est plaisante en soi), ce qui permet l'augmentation des compétences utilisées dans cette activité.     


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==Liens vers les productions réalisées dans le cadre du cours [[Bases psychopédagogiques des technologies éducatives]]==
==Liens vers les productions réalisées dans le cadre du cours [[Bases psychopédagogiques des technologies éducatives]]==

Version du 30 juin 2020 à 22:02

Bases psychopédagogiques des technologies éducatives
Module: Introduction aux théories psychologiques
◀▬▬▶
à finaliser débutant
2020/06/30
Sous-pages et productions:



Amélioré par Sandra La Torre


Le flow, littéralement le flux en français, est l'état mental atteint par une personne lorsqu'elle est complètement immergée dans ce qu'elle fait, dans un état maximal de concentration. Cette personne éprouve alors un sentiment d'engagement total et de réussite. Ce concept, élaboré par le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi, a été repris dans des domaines variés et nombreux, du sport à la spiritualité en passant par la séduction et l'éducation. Dans ce dernier domaine, la pédagogie par le jeu fait partie des mouvements essayant entre autre d'introduire un état de Flow dans l'apprentissge. Dans les versions françaises des textes de Csikszentmihalyi, on trouve indifféremment les termes de « flux », d’« expérience-flux », d’« expérience optimale » ou de « néguentropie psychique ».

Conditions et caractéristiques du flow

“Revisitant l’autotélisme (une activité autotélique est une activité qui n'a d'autre but qu'elle-même), Csikszentmihalyi (2000) ainsi que Voelkl et Ellis (2002) ont présenté un nouveau modèle de compréhension du flow en identifiant plusieurs éléments associés qu’ils ont classés en deux catégories : les conditions d’apparition du flow et les caractéristiques du flow. Les conditions sont les circonstances qui conduisent à l'état de flow et les caractéristiques font référence conséquences et notamment aux perceptions liées à la nature empirique du phénomène lui-même.”

Les conditions sont :

  • Équilibre entre la difficulté de l'activité et les compétences de l'acteur (l'activité n'est ni trop facile ni trop difficile, elle constitue un défi motivant)
  • Objectifs clairs (les attentes et les règles régissant l'activité sont perçues correctement et les objectifs fixés sont atteignables avec les compétences de l'acteur)
  • Feedback instantanés (Les réussites et difficultés au cours du processus sont immédiatement repérées et le comportement ajusté en fonction)

Une fois l'état de flow déclenché, ses conséquences sur la conscience ont les caractéristiques suivantes :

  • Haut degré de concentration sur un champ limité de conscience (hyperfocus)
  • Distorsion de la perception du temps
  • Disparition de la distance entre le sujet et l'objet
  • Perte du sentiment de conscience de soi
  • L'activité est en source de satisfaction (elle n'est donc pas perçue comme une corvée)
  • Sensation de contrôle de soi et de l’environnement

La réunion de tous ces phénomènes n'est pas nécessaire pour conduire au flow. Les trois premiers décrivent des caractéristiques de l'activité propices au flow, les six derniers décrivent plutôt l'état de conscience modifié qu'implique le flow.

Selon Demontrond & Gaudreau (2008), cette distinction est importante pour la recherche car elle permet de différencier l’expérience subjective de flow et les antécédents psychosociaux pouvant faciliter son apparition chez les individus. Ainsi, en étudiant ces conditions et caractéristiques, Ellis (2003) montre que l’équilibre entre les compétences personnelles et le défi à relever est sans doute une condition moins importante pour atteindre le flow que ne le sont d’autres éléments (e.g., clarté des buts, feedback clairs).

La carte conceptuelle et sa vidéo donnent une explication plus détaillée de l'état de flow.

Carte conceptuelle expliquant les composantes et les conséquences de l'état de flow, par Margot.baehler

Le cerveau en état de flow

Les données récemment acquises sur les réseaux attentionnels renseignent sur l’activité d’un cerveau en état de flow, notamment celles s’intéressant à la notion surprenante d’attention « sans effort ».

Les distracteurs de l’attention sont évalués par plusieurs systèmes cérébraux qui déterminent à chaque instant l’intérêt et l’importance de ce qui stimule les sens ou les pensées. Des structures telles que l’amygdale et l’hippocampe traitent ces caractéristiques de façon « rigide », en fonction du passé : ce que l’on a l’habitude de trouver intéressant (lire un magazine, surfer sur Internet) ou désagréable, voire dangereux, et donc important (un visage ayant l’air menaçant). D’autres aires, situées surtout dans le cortex préfrontal, utilisent des critères plus flexibles dépendant des buts que l’on se fixe pour l’avenir, proche ou loin. Chaque système fixe en quelque sorte ses priorités, qui se contredisent souvent dans une lutte incessante pour le contrôle de l’attention ; cette lutte d’influence aboutit à ce que les psychologues nomment des « conflits motivationnels », c’est-à-dire des situations où le cerveau cherche à accomplir en même temps plusieurs objectifs contradictoires.

Sur le plan mental, on dit que deux processus cognitifs sont antagonistes lorsqu’ils mobilisent les mêmes régions cérébrales, en particulier le même réseau de l’attention. C’est pourquoi on ne peut pas réaliser (exactement) en même temps deux activités qui demandent d’être attentif. En conséquence, il n’est pas étonnant que l’état de flow, en tant qu’état d’attention sans effort, ni conflit ni stress, soit si recherché et valorisé.

La mesure du flow

Plusieurs méthodes d’autodescription ont été créées afin d’étudier les éléments de nature instable et les phénomènes subjectifs liés au flow, tels que les entretiens qualitatifs, les questionnaires et la méthode d’échantillonnage des expériences (Experience Sampling Method - ESM).

La première méthode qui a été développée est le "Flow questionnaire" utilisé par Csikszentmihalyi au début de ses recherches. Ce questionnaire donne des définitions de l'état de flow et demande aux participants de décrire des situations dans lesquelles ils ont ressenti cet état. Ce questionnaire permet surtout d'évaluer la prévalence de l'état de flow, mais non son intensité. Grâce à ce premier questionnaire, le modèle de l'état de flow a été élaboré.

Par la suite, la méthode de l'Expérience Sampling Methode (ESM) qui consiste à répondre à un court questionnaire lorsque la sonnerie d’un télé-avertisseur retentit, a été développée. L'avantage de cette méthode est qu'elle fournit des informations sur l'activité qui procure un état de flow au participant au moment où elle est réalisée. Malgré tout son intérêt, cette méthode est à la longue relativement contraignante pour les sujets : le caractère intrusif et le temps nécessaire à l’usage de l’ESM présente l’inconvénient majeur de risquer d’interrompre le flow.

L'approche componentielle (qui décompose une unité en plusieurs unités minimales) est la dernière méthode expliquée dans la carte conceptuelle ci-dessous. Elle est mesurée à l'aide de deux échelles : la Flow State Scale-2 (FSS-2) qui mesure l'intensité de l'état de flow et la Dispositional Flow Scale-2 (DFS-2) qui mesure l'intensité du flow dans le contexte d'une activité. La FSS-2 évalue 9 critères qui reprennent les caractéristiques et les conditions nécessaires pour atteindre l'état de flow. Cette méthode est la plus complète et prédomine dans les recherches actuelles.

La carte conceptuelle et la vidéo qui l'accompagne expliquent plus précisément ces 3 méthodes de mesure de l'état de flow.

Carte conceptuelle présentant 3 méthodes pour mesurer l'état de flow, par Geneviève Donnet

Flow collectif

Csikszentmihalyi suggère plusieurs façons de travailler collectivement pour que chaque membre d'un groupe atteigne l'état de flow. Les caractéristiques de ce type de travail sont notamment :

  • Un espace pour un travail créatif : des chaises, des tableaux à punaises, des schémas mais pas de tables : le travail se fait principalement debout et en se déplaçant
  • Une séance de travail organisée : des schémas pour les informations de départ, des diagrammes de flow, un résumé du projet, un peu de folie (la folie a sa place ici aussi), un endroit sûr (ici, tout peut être dit à voix haute et pas seulement pensé), un mur affichant les résultats, des sujets ouverts
  • Un travail organisé en parallèle
  • Le groupe est concentré sur les mêmes buts
  • Le travail sur des arrangements spatiaux (dessin, peinture, sculpture, menuiserie, modélisme, etc),
  • Progrès sur les buts existants (prototypage)
  • Augmentation de l'efficacité au travers de la visualisation
  • La modélisation préalable de l'activité (visualisation et prototype)
  • L'existence de différences entre les participants est vue comme une opportunité pour l'activité (et non comme un obstacle)

Utilisation pédagogique

“Si apprendre est rarement une partie de plaisir, comprendre (être compris/se faire comprendre) peut être totalement jubilatoire (Heutte, 2007): certains enseignants peuvent ainsi être en état de flow lorsqu'ils constatent qu'ils sont compris. C’est vraisemblablement ce qui fait du métier d’enseignant un des plus beaux métiers du monde, ou en tout cas, un des plus enthousiasmants pour ceux qui ont le bonheur de vivre régulièrement cette expérience optimale. Si les enseignants qui connaissent le flow sont souvent débordants d’activité, toujours prêts à innover ou s’impliquer dans un nouveau projet, c’est tout simplement parce qu’ils cherchent en permanence n’importe quelle occasion de recréer les conditions qui vont leur permettre de le ressentir à nouveau.”

Pour que le sentiment de flow apparaisse en situation d'apprentissage, il est essentiel de créer un cadre permettant de l'atteindre. Pour cela, il faut que l’ensemble des actions à réaliser pour comprendre, notamment celles qui réclament une attention particulièrement soutenue, semblent "couler de source", avec une telle fluidité qu’à aucun moment l’apprentissage ou la compréhension ne seront interrompus par une quelconque inquiétude concernant ce qu’il faut faire pour y parvenir ou ce que les autres pourraient en penser (Heutte, 2014).

Comprendre, se faire comprendre et/ou être compris permettent de développer un sentiment d'appartenance au groupe qui reconnaît l'apprenant comme une personne compétente et ayant un savoir. Ces sentiments d’appartenance et de reconnaissance sont le moteur principal de la persistance et de la motivation à vouloir faire partie d’un groupe d’apprenants en s’y impliquant et donc en progressant dans ses apprentissages.

La carte conceptuelle et sa vidéo décrivent les conditions nécessaires pour que l'état de flow puisse se déclencher, ses caractéristiques et trois conséquences qui favorisent les apprentissages.

Les trois conséquences décrites sont :

  • L'attention, qui permet à l'apprenant de ne pas se laisser distraire de sa tâche, pour autant que la difficulté soit dosée pour que le défi d'apprendre respecte une progression.
  • La motivation qui permet de rester dans l'état de flow et permet de garder l'intérêt de l'activité.
  • L'activité devient autotélique (elle est plaisante en soi), ce qui permet l'augmentation des compétences utilisées dans cette activité.
Carte crée par Quentin Gyger

Liens vers les productions réalisées dans le cadre du cours Bases psychopédagogiques des technologies éducatives

Pour aller plus loin

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  • Nakamura, J., & Csikszentmihalyi, M. (2002). The concept of flow. Handbook of positive psychology, 89-105.

Références

  • Csíkszentmihályi, Mihály (1996). Creativity: Flow and the Psychology of Discovery and Invention. New York: Harper Perennial.
  • Csíkszentmihályi, Mihály (1998). Finding Flow: The Psychology of Engagement With Everyday Life. Basic Books. (a popular exposition emphasizing technique)
  • Csíkszentmihályi, Mihály (2003). Good Business: Leadership, Flow, and the Making of Meaning. New York: Penguin Books.
  • Demontrond, P., & Gaudreau, P. (2008). Le concept de "flow" ou "état psychologique optimal": État de la question appliquée au sport. Staps, 79(1), 9-21.
  • Demontrond-Behr, P., Gaudreau, P., Visioli, J., & Fournier, J. (2003). Mesurer l’expérience optimale de flow en contexte sportif: Vers une traduction française du Flow State Scale-2. Communication affichée au congrès de l’ACAPS, Toulouse.
  • Heutte, J. (2010) Mise en évidence du flow perçu par des étudiants au cours d’un travail collectif via les réseaux numériques : Homo sapiens retiolus est-il un épicurien de la connaissance ? Actes du 26e congrès de l’association internationale de pédagogie universitaire (AIPU) « Réformes et changements pédagogiques dans l’enseignement supérieur » (Rabat, 17-21 mai 2010)
  • Heutte, J. (2017). L’environnement optimal d’apprentissage : contribution de la recherche empirique sur les déterminants psychologiques de l’expérience positive subjective aux sciences de l’éducation et de la formation des adultes. Sciences et bonheur, 2, .82-99. https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01597551/
  • Heutte, J., Fenouillet, F., Martin-Krumm, C., Boniwell, I., & Csikszentmihalyi, M. (2016). Proposal for a conceptual evolution of the flow in education (EduFlow) model. 8th European Conference on Positive Psychology (ECPP 2016), Angers, France. http://refa.univ-lille.fr/news/eduflow2-heutte-heutte-fenouillet-martin-krumm-boniwell-csikszentmihalyi-2016
  • Jackson, Susan A. & Csíkszentmihályi, Mihály (1999). Flow in Sports: The Keys to Optimal Experiences and Performances. Champaign, Illinois: Human Kinetics Publishers.

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