Psychologie sociale

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Bases psychopédagogiques des technologies éducatives
Module: Introduction aux théories psychologiques
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à finaliser intermédiaire
2024/10/21
Sous-pages et productions:


Amélioré par Varuna Mossier



Définition

Selon Brown (1965), "La psychologie sociale étudie les processus mentaux (ou les comportements) des individus déterminés par les interactions actuelles ou passées que ces derniers entretiennent avec d'autres personnes".

Ainsi, la psychologie sociale cherche à comprendre le comportement humain au travers des interactions entre les individus. En d'autres termes, il s'agit d'une orientation psychologique qui cherche à prendre en considération le rôle du contexte social sur les comportements des individus et des groupes.

Conformisme et soumission

Les thématiques du conformisme et de la soumission constituent l'un des principaux champs d'étude de la psychologie sociale. Les deux expériences présentées ici ont des implications qui vont bien au-delà du laboratoire et permettent, par exemple, d'interpréter certains comportements religieux.

L'expérience de Asch

Dans l'expérience réalisée en 1951 par Asch (1907-1996), on présente à des sujets (dits "naïfs") une ligne, puis il leur est demandé de comparer cette ligne à trois lignes dont une seule a la même longueur que la ligne originale (l'étalon) afin de déterminer laquelle est de la même taille. Deux lignes n'ont clairement pas la même longueur que l'étalon, une ligne a la même taille. Aussi, la réponse devrait être évidente (voir figure1).

image issue de la page Wikipedia sur l'expérience de Asch: Figure1. La ligne de gauche est la ligne de référence ; les trois lignes de droite sont les lignes de comparaison.

Cependant, il se trouve que le sujet n'est pas seul à répondre, mais, tout comme dans un certain nombre d'autres recherches en psychologie sociale où l'on cherche à tester l'influence, le sujet naïf est mis dans une situation de groupe, dans laquelle les autres sujets de l'expérience sont en fait des complices de l'expérimentateur, des "compères". Les compères sont des «acteurs», des gens au courant du but véritable de l'expérience et qui jouent un rôle prédéterminé. Les sujets naïfs ne savent pas, eux, qu'ils participent à une expérience de psychologie sociale (dans un cas comme celui-là, on les informe qu'ils vont participer à une expérience sur la perception des longueurs). C'est sur ces sujets naïfs que se construit, en général, la recherche.

Dans l'expérience de Asch, les complices de l'expérimentateur ont reçu la consigne de donner 12 fois sur 18 une estimation fausse de la longueur de la ligne en désignant une ligne, systématiquement la même, de longueur différente de celle de l'étalon. Le sujet naïf est l'avant-dernier à répondre. Il entend ainsi les compères donner de mauvaises réponses. Le sujet naïf, quand vient son tour, doit donc choisir s'il va dire ce qu'il voit (à savoir qu'il va désigner la ligne qui, de toute évidence est de même longueur que l'étalon) ou dire ce qu'il a entendu (à savoir qu'il va désigner la même ligne que les compères). L'expérience est répétée plusieurs fois (on demande aux sujets d'évaluer la taille de plusieurs lignes à la suite). Les expérimentateurs considèrent qu'une seule erreur de la part du sujet sur l'ensemble des estimations est déjà à considérer comme étant le résultat de l'influence des autres sujets. La raison de cette faible tolérance à l'erreur est que dans la condition "contrôle" (la condition contrôle est une condition dans laquelle les compères disent ce qu'ils voient réellement. Cette condition est essentielle pour déterminer s'il y a une différence avec la condition dans laquelle les compères "mentent".) les sujets ne font presque aucune erreur.

Carte conceptuelle

Lien vers la vidéo sur l'expérience de Asch

Solomon Asch a décidé d'aller plus loin encore et a modifié certaines variables pour expérimenter l'influence sur le taux de conformisme. Il a donc joué sur les variables suivantes:

  • La taille du groupe influence le taux de manière significative à partir de 3 à 4 personnes complices. Par contre, lorsque la personne est face à une seule autre personne, elle garde son indépendance d'opinion.
  • L'unanimité du groupe. Lorsqu'on introduit une personne partenaire au courant de l'expérience ou non qui ne répond pas comme l'unanimité des complices, le taux de conformisme diminue. C'est également le cas lorsque le complice répond une autre réponse (fausse) que le groupe de complice et que la personne.
  • Retrait d'un vrai partenaire. Lorsque la personne partenaire complice qui répondait correctement se met à répondre comme le groupe, à savoir faux, le taux de conformisme augmente. La personne ne tient plus la position d'indépendance.

Pour des explications détaillées notamment sur les recherches antérieures de l'expérience de Solomon Asch:

Résultats

Sur les 50 sujets, 37 se trompent au moins une fois. Ainsi, au moins une fois, ils sont influencés de manière trompeuse par les autres sujets. Certains sujets se trompent même plusieurs fois. En considérant l'ensemble des réponses, on constate que 32% des estimations sont erronées (contre 0.4% en condition de contrôle).

Interprétation

A la lumière de ces résultats, on comprend que, lorsque tout le monde porte une affirmation fausse de façon consistante, un certain nombre de personnes se conforment à cette affirmation erronée, même s'ils n'y adhèrent pas. La majorité des personnes à l'intérieur d'un groupe tient le même discours que le groupe, bien qu'elle n'y croie pas, afin de ne pas se mettre en porte-à-faux de l'ensemble. Cela permet à ces personnes de se sentir acceptées. Ainsi, cette recherche montre que les réponses d'un individu peuvent être modifiées par le conformisme (donc par le groupe), là où il n'y a pas de contrainte directe, d'obligation de répondre d'une manière précise. La contrainte ressentie par le sujet vient du fait que tout le monde répond différemment de ce qu'il voit.

Soumission à l'autorité

Un autre aspect important de la psychologie sociale est la question de la soumission à l'autorité. Le paradigme le plus important et le plus célèbre traitant de soumission est l'expérience de Milgram. Le but de l'expérience est de savoir à partir de quand les sujets refusent l'autorité et refusent d'obéir à des ordres qui violent la morale. Il faut être conscient que cette expérience est contraire à un certain nombre de règles éthiques qui régissent l'expérimentation psychologique, et ne serait plus réalisable aujourd'hui.

Voir la vidéo (dailymotion)


L'expérience de Milgram

L'onde de choc dans la société américaine après la deuxième guerre mondiale face aux horreurs des camps de concentration a été conséquente et a eu un retentissement fondamental pour la recherche en psychologie sociale. Comment expliquer le comportement de million de personnes ordinaires sous l'occupation nazie? L'expérience qui consiste à administrer une décharge électrique plus intense à une personne répondant de manière incorrecte à une série de questions a été réalisée par le psychologue Américain Stanley Milgram, en 1960. Par celle-ci, il a voulu expliquer comment des individus quelconques ont été amenés à conduire les atrocités qui ont caractérisé la deuxième guerre mondiale (extermination en masse des juifs, des homosexuels, des handicapés, etc).


Expérience de Milgram


Pour une explication de l'expérience de Milgram, ci-dessous, une vidéo proposée dans le cadre du cours Bases psychopédagogiques des technologies éducatives:

Vidéo proposée par User:Anne-Sophie. Plus d'informations sur ce travail: Expérience de Milgram

Les résultats sont alarmants et montrent que même si la personne n'a pas de mauvaises intentions, lorsqu'elle est placée dans un contexte particulier (soumission à l'autorité), cela la pousse à commettre des actes de torture.

Paradigme de l'expérience :

Les personnages de l'expérience:

  • l'expérimentateur (en réalité un comédien)
  • l'apprenant (un autre comédien)
  • l'enseignant (le sujet naïf de l'expérience sur lequel, de fait, l'expérience est réalisée)

On dit au sujet (l'enseignant) qu'il va participer à une expérience sur la mémorisation. Pour cela, il devra appliquer des chocs électriques gradués à un apprenant lorsque ce dernier se trompera (en réalité, les chocs électriques sont fictifs, mais le sujet ne le sait pas. L'apprenant est un comédien qui simule la douleur). Le sujet est placé devant une console avec différentes manettes sensées envoyer des décharges de plus en plus fortes. L'apprenant est placé sur une fausse chaise électrique et est séparé du sujet par une fine cloison. La souffrance apparente de l'apprenant évolue au cours de la séance : à partir de 75 V il gémit, à 120 V il se plaint à l'expérimentateur du fait qu'il souffre, à 135 V il hurle, à 150 V il supplie d'être libéré, à 270 V il lance un cri violent, à 300 V il annonce qu'il ne répondra plus. Lorsque l'apprenant ne répond plus, l'expérimentateur indique qu'une absence de réponse est considérée comme une erreur. Au seuil de 150 volts, la majorité des sujets manifestent des doutes et interrogent l'expérimentateur qui est à leur côté. Celui-ci est chargé de les rassurer en leur affirmant qu'ils ne seront pas tenus pour responsables des conséquences. Si un sujet hésite, l'expérimentateur lui demande d'agir. Si un sujet exprime le désir d'arrêter l'expérience, l'expérimentateur lui adresse, dans l'ordre, ces réponses :

   « Veuillez continuer s'il vous plaît. »
   « L'expérience exige que vous continuiez. »
   « Il est absolument indispensable que vous continuiez. »
   « Vous n'avez pas le choix, vous devez continuer. »

Si le sujet souhaite toujours s'arrêter après ces quatre interventions, l'expérience est interrompue. Sinon, elle prend fin quand le sujet a administré trois décharges maximales (450 volts) à l'aide des manettes intitulées "XXX" situées après celles où il est écrit: "Attention, choc dangereux".

À l'issue de chaque expérience, un questionnaire et un entretien avec le sujet permettent de recueillir ses sentiments et d'écouter les explications qu'il donne sur son comportement. Cet entretien vise aussi à le réconforter en lui affirmant qu'aucune décharge électrique n'a été appliquée, en le réconciliant avec l'apprenant et en lui disant que son comportement n'avait rien de sadique et était tout à fait normal.

Résultats

Dans cette expérience, plusieurs conditions d'expérimentation concernant la proximité de la victime, ont été créées.

  • Condition 1, rétroaction à distance:

La victime n'est pas dans la même pièce que le sujet. A partir des chocs électriques de 315 volts, la victime, qui est en fait un enregistrement, ne répond plus (simule un évanouissement). Le résultat principal de cette expérience, qui a beaucoup choqué à l'époque, est que 65% des sujets sont allés jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'au choc administré à l'aide des manettes sur lesquelles il était écrit XXX. Même après que la personne qui reçoit les chocs ne donnent plus de signes de vie, 65% d'entre eux continuent d'administrer des chocs électriques jusqu'au bout. La moyenne des chocs électriques distribués est de 405 volts.

  • Condition 2, rétroaction vocale :

Cette condition est similaire à la précédente, sauf que les cris de douleurs s'entendent mieux. Le taux de sujet allant jusqu'au bout est de 62,5% avec une moyenne de chocs électriques de 370 volts.

  • Condition 3, proximité :

La victime se trouve dans la même pièce que le sujet qui administre les chocs. Il peut donc entendre ces cris mais aussi la voir. 40% des sujets sont allés jusqu'au bout et délivrent le choc de 450 volts. La moyenne des chocs distribués est de 310 volts.

  • Condition 4, contact :

Il y a un contact physique entre le sujet et la victime puisque celle-ci l'empêche par la force de lui administrer les chocs. Ici, 30% des sujets vont jusqu'à administrer 450 volts et la moyenne des chocs est de 265 volts.

D'autres variantes ont été créés sur l'importance de l'autorité, les sujets féminins, le rôle du groupe, les limitations de l'élève et la personnalité du sujet, le changement de statut et finalement les troubles au sein de l'autorité. Vous pouvez accéder au tableau des variantes ici

Interprétation

Milgram (1933-1984) essayait de comprendre ce qui pouvait se passer dans certains régimes totalitaires, où une grande partie de la population est prête à exécuter des actions immorales pour autant que l'autorité soit suffisamment bien établie et convaincante. Milgram pense que, la personne étant soumise, elle se déresponsabilise de ses actions en se présentant comme un simple acteur (la personne se trouverait dans un "état agentique") d'un dispositif dans lequel elle est engagée mais dans lequel la responsabilité est placée du côté de l'autorité à laquelle elle est soumise.

Dans la question de la soumission, une personne a un statut d'autorité et pousse à agir le sujet d'une manière contraire à ce qu'il souhaiterait faire. Les questions posées après le test pour comprendre comment les sujets ont perçu ce qu'ils ont fait montrent que deux tiers des sujets disent être conscients de ne pas adhérer à ce qu'il font et pourtant le font (dans le paradigme précédent de Asch, cette proportion est d'un tiers).

Ces résultats peuvent aussi s'expliquer par l'habitude que l'on a à obéir à l'autorité depuis notre plus jeune âge. Les normes qui régissent notre société, nous pousse à obéir à nos parents, nos professeurs, nos patrons. Ce conditionnement rend d'autant plus difficile le fait d'oser aller à l'encontre de l'autorité et de désobéir.

Réflexion

L'expérience de Milgram a été reproduite plus récemment à la télé, dans un faux quiz (vidéo ici). Une réflexion intéressante sur le conformisme a aussi été menée par le réalisateur Dennis Gansel dans le film "La Vague" (vidéo bande annonce ici, vidéo film intégral ici) qui se base sur l'expérience de l'enseignant Ron Jones que ce dernier a décrit dans son article "la troisième vague".

Soumission et influence minoritaire

Une interprétation possible de l'expérience de Asch (l'expérience sur l'estimation de longueur de lignes) serait que le sujet est poussé à modifier son jugement parce qu'il se trouve en minorité. C'est ce type d'interprétation qui était donné habituellement. Willem Doise (professeur de Psychologie sociale à l'Université de Genève) fait remarquer que, dans l'expérience de Asch, le groupe de complices de l'expérimentateur qui répond de façon erronée soutient en fait une position déviante et minoritaire si on la situe dans un contexte culturel plus large (même si le groupe est majoritaire au cours de l'expérience). Ainsi, au moment de l'expérimentation, par rapport au référant culturel global, le sujet devrait être capable de penser que la position du groupe est une position minoritaire et que, s'il se trouvait avec d'autres personnes, ces dernières estimeraient la longueur de la ligne de la même manière que lui.

Influence minoritaire: le paradigme

Dans le but d'explorer l'influence minoritaire, d'autres expériences ont été menées, en particulier par Moscovici. On montre des jetons avec six intensités lumineuses différentes, du plus clair au plus foncé. Ces jetons sont toujours bleus, de façon non ambigüe. Dans des groupes composés de huit personnes (dont six sujets naïfs), deux compères font exprès de se tromper de temps à autre (en disant que les jetons sont verts, par exemple). Quand ils le font, il disent tous deux la même chose. Ils sont ce qu'on appelle une «minorité consistante». La question est de savoir si le sujet naïf suivra, par moments, le groupe minoritaire. Les résultats montrent que, de temps en temps, le sujet naïf donne effectivement la réponse "vert" au lieu de "bleu".

Interprétation

Dans l'influence minoritaire, une minorité (des compères de l'expérimentateur) soutient une position différente de la majorité. Les sujets, à force d'être confrontés à cette position minoritaire, sont parfois influencés, même si ce que dit la minorité ne correspond pas à la réalité. Il y aurait une sorte de doute s'établissant dans l'esprit du sujet qui le pousserait à suivre finalement l'avis de la minorité. On peut également comprendre ce ralliement à l'opinion minoritaire comme une volonté d'essayer d'intégrer la minorité, même si cela ne correspond pas à l'avis du sujet.

Gestion des conflits majoritaire et minoritaire

Dans le cas de l'influence majoritaire, les sujets ont une tendance à se conformer par suivisme, parce qu'il est désagréable d'être différent, exclu, non intégré. En revanche, lorsque les sujets sont confrontés à une source minoritaire consistante (qui affirme une chose, même fausse, avec constance), les sujets changent d'attitude essayent d'intégrer les avis alternatifs sans se sentir contraints. Cette ouverture à l'opinion d'une minorité consistante est appelée «conversion» parce qu'elle constitue une réélaboration d'une opinion.

Conformisme

D'autres travaux ont essayé d'expliquer le conformisme (à savoir le ralliement à une position). Kelman distingue trois types de conformisme:

  1. Celui allant jusqu'à l'intériorisation. Ce n'est plus simplement par convention, pour faire comme les autres, pour ne pas être différent de l'ensemble du groupe que le sujet se conforme. Le sujet intériorise, fait sien le système de valeur, et adopte la façon d'agir du groupe.
  2. L'identification : le sujet adopte les opinions de ceux qu'il aime, de ceux à qui il veut ressembler.
  3. Le suivisme est la situation dans laquelle pour ne pas être rejeté, pour éviter les inconvénients, la personne fait comme tout le monde.

Conformisme et soumission en contexte religieux

Les mécanismes de conformisme et de soumission sont utilisés pour expliquer les phénomènes idéologiques vécus par les membres de groupes religieux. Une personne qui intègre un groupe religieux par mariage, par amitié, par convention, ou lors d'un changement d'environnement culturel subit de fait une influence.

Influence du milieu

Les opinions religieuses peuvent être nuancées par l'influence de l'environnement culturel et religieux. Ainsi, les convictions des catholiques dans un canton suisse à minorité protestante ressemblent plus aux convictions des protestants de ce canton qu'aux convictions des catholiques polonais. Un environnement à tradition religieuse mixte influencera différemment les croyants qu'un environnement monoreligieux.

Soumission

La soumission nous permet d'expliquer la dépendance vis-à-vis d'un gourou, ou d'un chef de groupe religieux. En effet, dans un groupe religieux, plus particulièrement dans un groupe sectaire, les membres du groupe sont soumis à une personne présentée comme ayant l'autorité et la capacité d'interpréter, de savoir ce qui est légitime et ce qui ne l'est pas.

Lien avec Milgram

Cette situation est similaire à la situation rencontrée dans l'expérience de Milgram (chocs électriques). Dans le cas d'un groupe religieux ou sectaire, vu que les membres du groupe prêtent de la légitimité et de l'autorité au gourou, ce dernier a la possibilité de leur enjoindre de se comporter de la manière qu'il souhaite, réduisant les membres du groupe à un "état agentique". Aussi, les personnes ayant adhéré à la religion pourraient être amenées à faire un certain nombre de choses contraires à l'éthique. En effet, les individus se considérant comme des agents adhérant à une autorité, il se peut qu'ils considèrent qu'il n'est pas de leur ressort de déterminer si leur conduite est légitime ou pas.

Figure 1. L’expérimentateur (E) amène le sujet (S) à infliger des chocs électriques à un autre participant, l’apprenant (A), qui est en fait un acteur. La majorité des participants continuent à infliger les chocs jusqu'au maximum prévu (450 V) en dépit des plaintes de l'acteur.

Milgram et le théologien

Dans l'expérience de Milgram il y avait, entre autres, un professeur de théologie enseignant l'Ancien Testament. Cette personne est l'un des sujets ayant refusé de poursuivre l'expérience, en disant que c'était contraire à ses convictions et que l'autorité de Dieu était supérieure à celle de l'expérimentateur. Nous trouvons ici le même type de "raisonnement" que celui des sujets ayant continué à administrer les chocs, à savoir la soumission à l'autorité, transférée cette fois vers une entité plus légitime que l'expérimentateur (Dieu). La soumission à l'autorité rend certaines opinions indiscutables. Dans ce cas, il y a un conflit d'autorité. L'autorité attribuée à Dieu est placée au-dessus de l'autorité de l'expérimentateur et la personne se sent ainsi capable de résister aux demandes parce qu'elle se soumet à une autorité plus haute.

Soumission à Dieu et politique

L'autorité de Dieu permet de résister à des autorités humaines. C'est la revendication d'un certain nombre de groupes qui ont défendu la liberté de conscience à certains moments de l'histoire. il est possible d'expliquer de cette façon que, peu avant la chute du mur de Berlin, les églises en Allemagne de l'Est ont été, pour les gens souhaitant résister au régime, un lieu pour revendiquer au nom d'une autorité spirituelle supérieure la liberté de ne pas suivre les injonctions de l'autorité officielle. Cependant, cette même référence à une autorité supérieure peut être, dans d'autres cas, la raison d'actes terroristes au nom de Dieu.

Autorité et capacité critique

Dans ce type de situation, la difficulté consiste pour la personne à conserver sa capacité critique à l'égard de l'autorité sous laquelle elle se place. Ainsi, dans le cas du professeur de théologie, ce dernier se contente de se référer au religieux afin de critiquer une autorité humaine qu'il juge immorale. Ce type d'argument peut se révéler problématique lorsque la personne ne se contente plus seulement d'être critique, mais qu'elle se met à agir afin de modifier le réel parce qu'elle en aurait reçu l'injonction de la part d'une autorité supérieure, dont elle serait l'interprète légitime sans regard critique face à cette soumission.

Spécificité de l'influence religieuse

Il faut être attentif au fait que nous sommes devant des processus d'influence non spécifiques au champ religieux. Ainsi, la soumission à un chef peut être d'ordres politique, ethnique, syndical, social, ou autres. Cela nous éclaire quant à ce qui peut se passer dans un groupe religieux, mais ce n'est pas propre au champ religieux.

Dissonance cognitive

Le père fondateur de la théorie de la dissonance cognitive est Léon Festinger qui, en 1957, a publié le livre intitulé "A Theory of Cognitive Dissonance". Son ouvrage contribue à éclairer les dimensions de la motivation humaine et de la psychologie sociale.

Définition

En psychologie sociale, la dissonance cognitive est une tension entre deux cognitions qui se contredisent entre elles. La cognition étant tout processus mental dont la fonction est la connaissance. Lorsque l'être humain est en état de dissonance cognitive, il se retrouve en état de tension qui peut être très intense. Pour réguler son état cognitif interne, il va faire appel à différents processus de régulation tels que la rationalisation comportementale et cognitive, la trivialisation et le support social. Ainsi, l'être humain pour pouvoir soulager cette tension va recourir à différentes stratégies pour retrouver un équilibre mental. Cela peut l'amener à adopter des opinions plus nuancées sur un sujet dont il avait un idée catégorique avant l'apparition de la dissonance cognitive.

Qu'est-ce que la dissonance cognitive et comment la réduire? - créée par Pedro de Freitas

Pour une explication en vidéo de la carte conceptuelle avec des exemples concrets que l'on rencontre ou a rencontré toutes et tous dans notre existence.

Qu'est-ce que la dissonance cognitive et comment la réduire?

Apprentissage vicariant (observational Learning)

L'apprentissage vicariant s'éloigne quelque peu de la psychologie sociale classique. En effet, il s'intéresse à l'influence sociale sous l'angle de l'apprentissage et a, dans cette optique, de nombreuses applications pour la pédagogie. Cette théorie a été créée, comme d'autres théories en psychologie, en réaction au béhaviorisme dominant à l'époque. En effet, comme d'autres, Bandura pensait que le renforcement ne pouvait pas expliquer tous les comportements.

Concepts de base de l'apprentissage social

Albert Bandura est connu pour sa théorie de l'apprentissage social. Tout en se basant sur les concepts des théories traditionnelles de l'apprentissage, Bandura soutient que le renforcement direct ne peut pas rendre compte de tous les divers types d'apprentissage. Sa théorie ajoute un élément social en argumentant que les personnes peuvent aussi apprendre de nouvelles informations et comportements en observant d'autres personnes. Connu sous le terme d'apprentissage par observation ou apprentissage vicariant, ce type d'apprentissage peut être utilisé pour expliquer une large variété de comportements.

Trois concepts de base sont au cœur de la théorie de l’apprentissage social : en premier lieu, l’idée que des personnes peuvent apprendre à travers l’observation. Suit l’idée que les états mentaux internes sont une part essentielle de ce processus. Enfin, la théorie affirme qu’il est possible d’apprendre sans que cet apprentissage influe nécessairement sur le comportement. Explorons chacun de ces concepts.

L’apprentissage vicariant

1. « Les gens peuvent apprendre par observation »"

Dans sa fameuse expérience de la poupée Bobo, (vidéo youtube de l'expérience) Bandura montre que les enfants apprennent et imitent le comportement qu’ils ont observé chez d’autres personnes. Les enfants, dans son étude, observent un adulte qui agit d’une manière violente envers la poupée Bobo. Quand les enfants sont ensuite autorisés à jouer avec la poupée Bobo, ils imitent le comportement agressif qu’ils avaient antérieurement observés. Bandura a identifié trois modèles de base dans l’apprentissage vicariant :

• Un modèle vivant qui soit montre un comportement, soit est l’acteur d’un comportement • Un modèle verbal d’instruction qui donne une description ou une explication de comportement • Un modèle symbolique qui engage des acteurs réels ou fictifs qui montrent des comportements dans des livres, films, programmes de télévision ou des médias sur internet.

Renforcement intrinsèque

2. « Les états mentaux sont importants dans le processus d’apprentissage »

Bandura notait que les renforcements externes et environnementaux n’étaient pas les seuls facteurs qui influencent d’apprentissage et le comportement. Il a décrit le renforcement intrinsèque comme la fierté, la satisfaction et un sentiment d’accomplissement comme une forme de récompense interne. L’accent mis sur les états internes de pensées et cognitions aide à lier des théories d’apprentissage à des théories du développement cognitif. Même si beaucoup de manuels placent la théorie de l’apprentissage social avec des théories béhavioristes, Bandura définit son approche comme une théorie socio-cognitiviste.

Le changement du comportement

3. « L’apprentissage ne mène pas forcément à un changement de comportement »

Si les comportementalistes strictes (béhavioristes) pensent qu’apprendre mène à un changement permanent de comportement, l’apprentissage vicariant montre que des personnes peuvent apprendre des informations nouvelles sans que cela ne mène forcément à un changement de comportement.

Le processus de modélisation

Tous les comportements observés ne sont pas appris. Des facteurs qui engagent à la fois le modèle et aussi l’apprenant, peuvent jouer un rôle dans le succès de l'apprentissage vicariant. Quelques exigences doivent être suivies. Les étapes suivantes sont nécessaires dans le processus de modélisation et l’apprentissage vicariant.

Attention

Afin d’apprendre, il faut faire attention et rester concentré. Tous ce qui distrait l’attention aura un effet négatif sur l’apprentissage vicariant. Si le modèle est intéressant ou s’il y a un aspect nouveau dans une situation, alors il est beaucoup plus probable qu’on reste attentif à la situation d’apprentissage.

Mémorisation

la capacité d’engranger des informations est aussi un facteur important dans le processus d’apprentissage. La mémorisation peut être affectée par plusieurs facteurs mais la capacité de ressortir l’information à un moment ultérieur et d’agir sur cette information, sont des capacités vitales dans l’apprentissage vicariant.

Reproduction

Une fois qu’on a fait attention au modèle et que l’information a été retenue, le moment est venu de se comporter comme le modèle. La pratique du comportement appris mène, selon Bandura, à son amélioration et au perfectionnement des compétences.

Motivation

Afin que l’apprentissage vicariant soit couronné de succès, il faut être motivé à imiter le comportement du modèle. Le renforcement et les punitions jouent un rôle important dans la motivation. S’il est vrai que l’expérience des motivations propres peut être hautement efficace, il est aussi vrai que l’observation du renforcement ou de la punition peut aussi être efficace. Par exemple, si on voit qu’un autre étudiant reçoit des points quand il arrive à l’heure en classe, il est possible qu’on commence à venir aussi avec quelques minutes d’avance.

Réactance

Définition

La réactance est définir par Brehm (1966) comme un état psychologique, qui consiste à ressentir une restriction réelle de liberté ou une menace de restriction de liberté de choix imposée par une source sociale externe à soi, et qui s’exprime par un comportement de refus, de rejet des croyances, des opinions ou des comportements imposés, et/ou par un comportement de recouvrement de la liberté. Pour amener à de la réactance il est nécessaire de :

  • connaître la possibilité d'émettre le comportement
  • pouvoir exécuter le comportement
  • savoir que l'on peut s'engager dans ce comportement de façon formelle

Facteurs déterminants l'amplitude de la réactance

L'importance des comportements libres éliminés ou menacés d'être éliminés

La réactance est d’autant plus grande que le comportement est important pour l’individu. L’importance est une fonction de la valeur instrumentale du comportement pour l’individu. En d'autre mots, un comportement est jugé important s'il l'aide à satisfaire ses besoins ou ses objectifs personnels. C’est la satisfaction subjective d’un besoin par l’individu qui est déterminante. L’évaluation se fait dans l’absolu mais également en rapport aux autres comportements libres restant. La réactance sera d'autant plus importante selon la nature et le nombre de comportements libres restant.

La proportion de comportements libres qui sont éliminés ou menacés

Le comportement éliminé est perçue comme d'autant plus important si la quantité initiale de comportement est relativement faible.

L’intensité de la menace

L'intensité de la menace est ressenti en fonction :

D'un possible effet de halo sur des comportements futur:

une situation de menace ou d'élimination d'un comportements particulier peut-être perçue comme impliquant une menace sur d'autre comportement dans l'avenir.

Du pouvoir de l'agent social menaçant

  • Le pouvoir d'expertise/de compétence : Un comportement menacé par une personne considéré comme experte dans le domaine peut porter atteinte à l'identité sociale d'un individu et mener à plus de réactance qu'une personne non experte en la matière. Le statut d'expert fait ressentir à l'individu un sentiment d'incompétence.
  • Le pouvoir de coercition : Plus de pouvoir implique plus de réactance, mais pas n'importe quel pouvoir. Lorsqu'il y a un risque de conséquences négatives les individus tendent davantage à de la complaisance qu'à de la réactance.

Recouvrir sa liberté

Modèle d'énergisations motivationnelle (Brehm 1993)

Plus il est difficile de récupéré un comportement et plus la réactance ressentie est forte. Cependant la difficulté va également impacter l'effort fourni pour récupérer le comportement perdu. Selon le modèle d'énergisation motivationnelle de Brehm (1993), la réponse de la réactance dépend de la difficulté à récupérer la liberté. Si la difficulté est inconnue, alors la réponse comportementale de réactance est élevé. Lorsqu'elle est connue, on adapte la réponse à la difficulté. Plus la difficulté augmente plus on met d'effort pour arriver au resultat, jusqu'a un certain point où la difficulté est trop élevée et on cesse l'effort.

Restauration de liberté par personne interposée

La limitation de la liberté produit une réactance, qui disparait lorsqu’autrui restaure la liberté à la place de l’individu.

La réactance lié au groupe

La réactance telle que conçue par la théorie est individuel. Mais il y'a également un effet lié à l'identité relevant de l'appartenance à un groupe. Selon Worchel (2004), l'identification au groupe crée une identité sociale en tant que membre d'un groupe. Ainsi lorsque les libertés conférée par le groupe sont menacés, il en ressort une réactance de groupe. Les droits des individus garantis par le groupe pouvant être exercé dans le groupe, correspondent d'une certaine façon à des libertés. Les individus produisent le même type de réaction à des limitations de libertés de leur groupe qu'à des limitations de libertés individuelles.


Autres références

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  • Milgram, Stanley (1963). Behavioral Study of Obedience. Journal of Abnormal and Social Psychology 67 (4): 371–8. doi:10.1037/h0040525
  • Asch, S. (1955). Opinions and social pressure. Scientific American, 193, 31-35. Lien vers un site externe, probablement pas stable. Revue originale introuvable.

Bibliographie

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  • Psychologie sociale
  • Page Wikipedia sur l'experience de Migram
  • Page Wikipedia sur l'experience de Asch

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