« Psychologie sociale » : différence entre les versions

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=Définition=
Selon Brown (1965), "La psychologie sociale étudie les processus mentaux (ou les comportements) des individus déterminés par les interactions actuelles ou passées que ces derniers entretiennent avec d'autres personnes".
Ainsi, la psychologie sociale cherche à comprendre le comportement humain au travers des interactions entre les individus. En d'autres termes, il s'agit d'une orientation psychologique qui cherche à prendre en considération le rôle du contexte social sur les comportements des individus et des groupes.


= Conformisme et soumission =
= Conformisme et soumission =
Une autre thématique que la thématique de l'influence qui est dans d'autres conditions que purement de laboratoire, ont été travaillé autour de notions de [http://www.cnrtl.fr/definition/conformisme conformisme] et de soumission. Nous allons présenter deux expériences cruciales en psychologie sociale, qui sont exploitées par des gens qui font de la psychologie sociale de la religion pour interpréter certains comportements religieux. Il y a une expérience datant de 1951 de [http://fr.wikipedia.org/wiki/Solomon_Asch Asch] (1907-1996) on présente à des sujets une ligne (un trait) et on demande de comparer cette ligne étant manifestement de longueurs différentes et il apparait de manière évidente laquelle des trois correspond à l'étalon. On demande donc simplement aux gens de choisir la ligne correspondant à l'étalon qu'on vient de leur présenter. Il se trouve que le sujet n'est pas seul pour répondre, mais comme dans un certain nombre de recherches en psychologie sociale où on veut tester l'influence, on met la personne dans une situation de groupe où il y a des compères<ref>Les compères sont des «acteurs» ou des gens étant au courant de l'expérience et qui jouent un rôle prédéterminé. Ils sont a contraster avec les sujets naïfs qui ne savent pas, eux, qu'ils font partie d'une expérience. C'est sur ces derniers que se fait, en général, la recherche en question.</ref>. Ces derniers ont donc reçu l'information que 12 fois sur 18 ils doivent donner une estimation fausse. Le sujet naïf est l'avant-dernier à répondre et il entend les compères tous dire la même chose, ils sont consistant entre eux sur l'estimation. Le sujet naïf doit donc choisir s'il va dire ce qu'il voit ou dire ce qu'il entend ou comment le sujet est capable de se laisser influencer ou pas. Il y a un certain nombre d'''items'' et les expérimentateurs vont considérer qu'une seule erreur de la part du sujet sur l'ensemble est déjà considérer comme étant un résultat. La raison en est qu'avec les sujets contrôles (ou les compères disent ce qu'ils voient réellement) les sujets ne font aucune erreur. Donc une seule erreur de la part du sujet naïf du groupe test est suffisante pour être statistiquement significative.
Les thématiques du [http://www.cnrtl.fr/definition/conformisme conformisme] et de la soumission constituent l'un des principaux champs d'étude de la psychologie sociale. Les deux expériences présentées ici ont des implications qui vont bien au-delà du laboratoire et permettent, par exemple, d'interpréter certains comportements religieux.  
 
==L'expérience de Asch==
 
Dans l'expérience réalisée en 1951 par [http://fr.wikipedia.org/wiki/Solomon_Asch Asch] (1907-1996), on présente à des sujets (dits "naïfs") une ligne, puis il leur est demandé de comparer cette ligne à trois lignes dont une seule a la même longueur que la ligne originale (l'étalon) afin de déterminer laquelle est de la même taille. Deux lignes n'ont clairement pas la même longueur que l'étalon, une ligne a la même taille. Aussi, la réponse devrait être évidente (voir figure1).
 
[[Fichier:Asch experiment.png|vignette|centre|image issue de [https://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Asch la page Wikipedia sur l'expérience de Asch]: Figure1. La ligne de gauche est la ligne de référence ; les trois lignes de droite sont les lignes de comparaison.]]
 
Cependant, il se trouve que le sujet n'est pas seul à répondre, mais, tout comme dans un certain nombre d'autres recherches en psychologie sociale où l'on cherche à tester l'influence, le sujet naïf est mis dans une situation de groupe, dans laquelle les autres sujets de l'expérience sont en fait des complices de l'expérimentateur, des "compères". Les compères sont des «acteurs», des gens au courant du but véritable de l'expérience et qui jouent un rôle prédéterminé. Les sujets naïfs ne savent pas, eux, qu'ils participent à une expérience de psychologie sociale (dans un cas comme celui-là, on les informe qu'ils vont participer à une expérience sur la perception des longueurs). C'est sur ces sujets naïfs que se construit, en général, la recherche.
 
Dans l'expérience de Asch, les complices de l'expérimentateur ont reçu la consigne de donner 12 fois sur 18 une estimation fausse de la longueur de la ligne en désignant une ligne, systématiquement la même, de longueur différente de celle de l'étalon. Le sujet naïf est l'avant-dernier à répondre. Il entend ainsi les compères donner de mauvaises réponses. Le sujet naïf, quand vient son tour, doit donc choisir s'il va dire ce qu'il voit (à savoir qu'il va désigner la ligne qui, de toute évidence est de même longueur que l'étalon) ou dire ce qu'il a entendu (à savoir qu'il va désigner la même ligne que les compères). L'expérience est répétée plusieurs fois (on demande aux sujets d'évaluer la taille de plusieurs lignes à la suite). Les expérimentateurs considèrent qu'une seule erreur de la part du sujet sur l'ensemble des estimations est déjà à considérer comme étant le résultat de l'influence des autres sujets. La raison de cette faible tolérance à l'erreur est que dans la condition "contrôle" (la condition contrôle est une condition dans laquelle les compères disent ce qu'ils voient réellement. Cette condition est essentielle pour déterminer s'il y a une différence avec la condition dans laquelle les compères "mentent".) les sujets ne font presque aucune erreur.
 
[[Fichier:Concept-map-Asch.png|vignette|centré|900x1300px|Carte conceptuelle]]
 
Lien vers la vidéo sur [https://www.youtube.com/watch?v=7AyM2PH3_Qk l'expérience de Asch]
 
Solomon Asch a décidé d'aller plus loin encore et a modifié certaines variables pour expérimenter l'influence sur le taux de conformisme. Il a donc joué sur les variables suivantes:
 
* La taille du groupe influence le taux de manière significative à partir de 3 à 4 personnes complices. Par contre, lorsque la personne est face à une seule autre personne, elle garde son indépendance d'opinion.
* L'unanimité du groupe. Lorsqu'on introduit une personne partenaire au courant de l'expérience ou non qui ne répond pas comme l'unanimité des complices, le taux de conformisme diminue. C'est également le cas lorsque le complice répond une autre réponse (fausse) que le groupe de complice et que la personne.
* Retrait d'un vrai partenaire. Lorsque la personne partenaire complice qui répondait correctement se met à répondre comme le groupe, à savoir faux, le taux de conformisme augmente. La personne ne tient plus la position d'indépendance.
 
Pour des explications détaillées notamment sur les recherches antérieures de l'expérience de Solomon Asch:
 
[[Fichier:Carte conceptuelle Asch 2 (720p).mp4|vignette|centré|700x700px]]
 
==Résultats==
Sur les 50 sujets, 37 se trompent au moins une fois. Ainsi, au moins une fois, ils sont influencés de manière trompeuse par les autres sujets. Certains sujets se trompent même plusieurs fois. En considérant l'ensemble des réponses, on constate que 32% des estimations sont erronées (contre 0.4% en condition de contrôle).
 
==Interprétation==
A la lumière de ces résultats, on comprend que, lorsque tout le monde porte une affirmation fausse de façon consistante, un certain nombre de personnes se conforment à cette affirmation erronée, même s'ils n'y adhèrent pas. La majorité des personnes à l'intérieur d'un groupe tient le même discours que le groupe, bien qu'elle n'y croie pas, afin de ne pas se mettre en porte-à-faux de l'ensemble.  Cela permet à ces personnes de se sentir acceptées. Ainsi, cette recherche montre que les réponses d'un individu peuvent être modifiées par le conformisme (donc par le groupe), là où il n'y a pas de contrainte directe, d'obligation de répondre d'une manière précise. La contrainte ressentie par le sujet vient du fait que tout le monde répond différemment de ce qu'il voit.
 
=Soumission à l'autorité=
Un autre aspect important de la psychologie sociale est la question de la soumission à l'autorité. Le paradigme le plus important et le plus célèbre traitant de soumission est l'[http://fr.wikipedia.org/wiki/Expérience_de_Milgram expérience de Milgram]. Le but de l'expérience est de savoir à partir de quand les sujets refusent l'autorité et refusent d'obéir à des ordres qui violent la morale. Il faut être conscient que cette expérience est contraire à un certain nombre de règles éthiques qui régissent l'expérimentation psychologique, et ne serait plus réalisable aujourd'hui.
 
[http://www.dailymotion.com/video/xflicf_l-experience-de-milgram_news#.UdqZSflhjy4 Voir la vidéo (dailymotion)]
 
 
==L'expérience de Milgram==
 
L'onde de choc dans la société américaine après la deuxième guerre mondiale face aux horreurs des camps de concentration a été conséquente et a eu un retentissement fondamental pour la recherche en psychologie sociale. Comment expliquer le comportement de million de personnes ordinaires sous l'occupation nazie? L'expérience qui consiste à administrer une décharge électrique plus intense à une personne répondant de manière incorrecte à une série de questions a été réalisée par le psychologue Américain Stanley Milgram, en 1960. Par celle-ci, il a voulu expliquer comment des individus quelconques ont été amenés à conduire les atrocités qui ont caractérisé la deuxième guerre mondiale (extermination en masse des juifs, des homosexuels, des handicapés, etc).
 
 
[[Fichier:PsychologieSocialeMilgram3Comp.png|vignette|centré|800x800px|Expérience de Milgram]]
 
 
Pour une explication de l'expérience de Milgram, ci-dessous, une vidéo proposée dans le cadre du cours [[Bases psychopédagogiques des technologies éducatives]]:
 
[[Fichier:Milgram2-2.mp4|vignette|centré|Vidéo proposée par [[User:Anne-Sophie]]. Plus d'informations sur ce travail: [[Psychologie sociale/Expérience de Milgram | Expérience de Milgram]]]]
 
Les résultats sont alarmants et montrent que même si la personne n'a pas de mauvaises intentions, lorsqu'elle est placée dans un contexte particulier (soumission à l'autorité), cela la pousse à commettre des actes de torture.
 
===Paradigme de l'expérience :===
 
Les personnages de l'expérience:
*l'expérimentateur (en réalité un comédien)
*l'apprenant (un autre comédien)
*l'enseignant (le sujet naïf de l'expérience sur lequel, de fait, l'expérience est réalisée)
 
On dit au sujet (l'enseignant) qu'il va participer à une expérience sur la mémorisation. Pour cela, il devra appliquer des chocs électriques gradués à un apprenant lorsque ce dernier se trompera (en réalité, les chocs électriques sont fictifs, mais le sujet ne le sait pas. L'apprenant est un comédien qui simule la douleur). Le sujet est placé devant une console avec différentes manettes sensées envoyer des décharges de plus en plus fortes. L'apprenant est placé sur une fausse chaise électrique et est séparé du sujet par une fine cloison.
La souffrance apparente de l'apprenant évolue au cours de la séance : à partir de 75 V il gémit, à 120 V il se plaint à l'expérimentateur du fait qu'il souffre, à 135 V il hurle, à 150 V il supplie d'être libéré, à 270 V il lance un cri violent, à 300 V il annonce qu'il ne répondra plus. Lorsque l'apprenant ne répond plus, l'expérimentateur indique qu'une absence de réponse est considérée comme une erreur. Au seuil de 150 volts, la majorité des sujets manifestent des doutes et interrogent l'expérimentateur qui est à leur côté. Celui-ci est chargé de les rassurer en leur affirmant qu'ils ne seront pas tenus pour responsables des conséquences. Si un sujet hésite, l'expérimentateur lui demande d'agir. Si un sujet exprime le désir d'arrêter l'expérience, l'expérimentateur lui adresse, dans l'ordre, ces réponses :
 
    « Veuillez continuer s'il vous plaît. »
    « L'expérience exige que vous continuiez. »
    « Il est absolument indispensable que vous continuiez. »
    « Vous n'avez pas le choix, vous devez continuer. »
 
Si le sujet souhaite toujours s'arrêter après ces quatre interventions, l'expérience est interrompue. Sinon, elle prend fin quand le sujet a administré trois décharges maximales (450 volts) à l'aide des manettes intitulées "XXX" situées après celles où il est écrit: "Attention, choc dangereux".


Sur les 50 sujets, 37 se trompent au moins une fois. Donc au moins une fois, ils vont dans le sens de l'influence trompeuse. Certains sujets se trompent même plusieurs fois et quand on prend l'ensemble des réponses, 32% des estimations sont erronées en condition expérimentale et 0.4% en situation de contrôle. On peut donc dire que quand tout le monde dit quelque chose autour de soi, il y a peut-être un certain nombre de personnes qui vont dire la même chose même si elles n'y adhèrent pas, par conformisme. Ça peut donc expliquer comment certains, à l'intérieur de groupes dans lesquels ils entrent, peuvent dire comme tout le monde pour ne pas décadrer par rapport à l'ensemble et pour pouvoir se sentir accepté.
À l'issue de chaque expérience, un questionnaire et un entretien avec le sujet permettent de recueillir ses sentiments et d'écouter les explications qu'il donne sur son comportement. Cet entretien vise aussi à le réconforter en lui affirmant qu'aucune décharge électrique n'a été appliquée, en le réconciliant avec l'apprenant et en lui disant que son comportement n'avait rien de sadique et était tout à fait normal.


Il y a un autre aspect qui est la question de la soumission à l'autorité. Pour connaitre son déroulement veuillez vous diriger sur le site de Wikipédia qui explique l'[http://fr.wikipedia.org/wiki/Expérience_de_Milgram expérience de Milgram]. Le but de l'expérience était de voir à partir de quand les sujets allaient commencer à refuser d'appliquer les chocs électriques à l'acteur (les sujets ne sachant pas que c'en était un). Ce qui a beaucoup choqué à l'époque est que 65% des sujets étaient prêt à aller jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'au choc létal. Ce que [http://fr.wikipedia.org/wiki/Stanley_Milgram Milgram] (1933-1984) avait derrière la tête était d'essayer de comprendre ce qui pouvait se passer dans certains régimes totalitaires, où tout à coup 65% de la population est prête à devenir des exécutant pour autant que l'autorité soit suffisamment bien établie et convaincante. On explique que dans ce cas, la personne étant soumise se déresponsabilise de ses actions en se présentant comme un simple acteur d'un dispositif dans lequel elle est engagée mais dans lequel la responsabilité est placée du côté de l'autorité à laquelle elle est soumise.
==Résultats==
Dans cette expérience, plusieurs conditions d'expérimentation concernant la proximité de la victime, ont été créées.


Ces recherches en psychologie sociale montre que les réponses d'un individu peuvent être modifiés par le conformisme, donc par un groupe, là où il n'y a pas de contrainte directe. Dans l'expérience de Asch, il n'y a pas d'obligation de répondre d'une manière ou d'une autre. Sinon le fait que tout le monde réponde différemment de ce qu'on a l'impression de voir on commence à douter de soi-même. Dans la question de la soumission, il y a quelqu'un qui a le statut de l'autorité et qui pousse à agir d'une manière qui pourrait sembler contraire à ce qu'on voudrait faire. Quand on fait un certain test pour voir comment les gens ont perçu ce qu'ils ont fait, un tiers des sujets chez Asch et les deux tiers chez Milgram disent être conscients de ne pas adhérer à ce qu'il font et pourtant le font.
*Condition 1, rétroaction à distance:
La victime n'est pas dans la même pièce que le sujet. A partir des chocs électriques de 315 volts, la victime, qui est en fait un enregistrement, ne répond plus (simule un évanouissement).
Le résultat principal de cette expérience, qui a beaucoup choqué à l'époque, est que 65% des sujets sont allés jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'au choc administré à l'aide des manettes sur lesquelles il était écrit XXX. Même après que la personne qui reçoit les chocs ne donnent plus de signes de vie, 65% d'entre eux continuent d'administrer des chocs électriques jusqu'au bout. La moyenne des chocs électriques distribués est de 405 volts.


{| style="border: 1px solid black; padding:1em;" width="300px" align="right"
*Condition 2, rétroaction vocale :  
|-
Cette condition est similaire à la précédente, sauf que les cris de douleurs s'entendent mieux.  
|On montre des jetons avec six intensités lumineuses différentes, du plus clair au plus foncé. Mais ces jetons sont toujours bleus. Deux compères font exprès de se tromper de temps à autres (en disant que les jetons sont verts, par exemple), mais quand ils le font, il disent la même chose. Ils sont ce qu'on appelle une «minorité consistante». La question est de savoir si le sujet naïf se met à suivre, un certain nombre de fois, le groupe minoritaire. Dire vert, même s'il n'a pas vu vert.
Le taux de sujet allant jusqu'au bout est de 62,5% avec une moyenne de chocs électriques de 370 volts.  
|-
| colspan="1" style="background:black;" |
|-
| ''Figure 3.'' Expérience des jetons bleus et verts de Moscovici.
|}
Si on prend la question de l'influence dans le conformisme, dans l'expérience de Asch, on pourrait se dire que ce qui fait que la personne modifie son jugement vient du nombre. C'était d'ailleurs le premier type d'interprétation. Willem Doise<ref>Qui était Professeur de Psychologie sociale à l'Université de Genève.</ref> a fait remarquer que par rapport à ce que veut dire «être de la même taille», dans l'expérience de Asch le groupe qui répond autrement, si on situe les choses dans un contexte plus large culturellement apparait comme position déviante même s'ils sont plusieurs contre un seul individu dans le groupe, au moment de l'expérimentation, par rapport au référant culturel global, le sujet doit pouvoir penser que c'est une position minoritaire et que s'il était avec d'autre gens, ceux-ci verraient comme lui. Pour montrer cela, une autre expérimentation à été menée, en particulier celle mise en place par [http://fr.wikipedia.org/wiki/Serge_Moscovici Moscovici] sur l'expérience des jetons bleus et verts (figure 3). Qui va être expliqué par l'influence par une minorité. Il faut avoir une minorité qui dit autre chose que la majorité et à force d'entendre cette minorité qui dit autre chose, le sujet se met, de temps à autres, à dire la même chose qu'eux, même si ce qu'ils disent ne correspond pas à la réalité. Il y aurait une sorte de doute s'établissant dans l'esprit du sujet, comme s'il y avait une volonté d'essayer d'intégrer la minorité ou l'avis de la minorité, même si ce n'est pas son avis. On va essayer d'expliquer ce phénomène à travers des mécanismes simples de ne pas toujours être différent de l'opinion minoritaire.


Ensuite d'autres travaux ont essayé d'expliquer le conformisme (Kelman) et qui ont distingué trois attitudes de conformisme:
*Condition 3, proximité :
#Celle allant jusqu'à l'intériorisation où ce n'est plus simplement par convention, faire comme les autres pour ne pas être différent de l'ensemble du groupe, mais il peut y avoir une véritable intériorisation où le sujet fait sien le système de valeur, les actes qu'il adopte.
La victime se trouve dans la même pièce que le sujet qui administre les chocs. Il peut donc entendre ces cris mais aussi la voir.
#Ce qui a été appelé l'identification le sujet adopte les opinions de ceux qu'il aime, de ceux à qui il veut ressembler.
40% des sujets sont allés jusqu'au bout et délivrent le choc de 450 volts. La moyenne des chocs distribués est de 310 volts.
 
*Condition 4, contact :
Il y a un contact physique entre le sujet et la victime puisque celle-ci l'empêche par la force de lui administrer les chocs.
Ici, 30% des sujets vont jusqu'à administrer 450 volts et la moyenne des chocs est de 265 volts.
 
D'autres variantes ont été créés sur l'importance de l'autorité, les sujets féminins, le rôle du groupe, les limitations de l'élève et la personnalité du sujet, le changement de statut et finalement les troubles au sein de l'autorité. Vous pouvez accéder au tableau des variantes [http://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Milgram#Tableau_des_variantes ici]
 
==Interprétation==
[http://fr.wikipedia.org/wiki/Stanley_Milgram Milgram] (1933-1984) essayait de comprendre ce qui pouvait se passer dans certains régimes totalitaires, où une grande partie de la population est prête à exécuter des actions immorales pour autant que l'autorité soit suffisamment bien établie et convaincante. Milgram pense que, la personne étant soumise, elle se déresponsabilise de ses actions en se présentant comme un simple acteur (la personne se trouverait dans un "état agentique") d'un dispositif dans lequel elle est engagée mais dans lequel la responsabilité est placée du côté de l'autorité à laquelle elle est soumise.
 
Dans la question de la soumission, une personne a un statut d'autorité et pousse à agir le sujet d'une manière contraire à ce qu'il souhaiterait faire. Les questions posées après le test pour comprendre comment les sujets ont perçu ce qu'ils ont fait montrent que deux tiers des sujets disent être conscients de ne pas adhérer à ce qu'il font et pourtant le font (dans le paradigme précédent de Asch, cette proportion est d'un tiers).
 
Ces résultats peuvent aussi s'expliquer par l'habitude que l'on a à obéir à l'autorité depuis notre plus jeune âge. Les normes qui régissent notre société, nous pousse à obéir à nos parents, nos professeurs, nos patrons. Ce conditionnement rend d'autant plus difficile le fait d'oser aller à l'encontre de l'autorité et de désobéir.
 
==Réflexion==
L'expérience de Milgram a été reproduite plus récemment à la télé, dans un faux quiz ([http://www.youtube.com/watch?v=pau7aDYrxFw vidéo ici]).
Une réflexion intéressante sur le conformisme a aussi été menée par le réalisateur Dennis Gansel dans le film "La Vague" (vidéo [https://www.youtube.com/watch?v=xBwj28sflL4 bande annonce ici], vidéo [https://www.youtube.com/watch?v=QkatRi0Xm38 film intégral ici]) qui se base sur l'expérience de l'enseignant Ron Jones que ce dernier a décrit dans son article "[https://fr.wikipedia.org/wiki/La_troisi%C3%A8me_vague#Questions_de_v.C3.A9rit.C3.A9_historique la troisième vague]".
 
=Soumission et influence minoritaire=
Une interprétation possible de l'expérience de Asch (l'expérience sur l'estimation de longueur de lignes) serait que le sujet est poussé à modifier son jugement parce qu'il se trouve en minorité. C'est ce type d'interprétation qui était donné habituellement. Willem Doise (professeur de Psychologie sociale à l'Université de Genève) fait remarquer que, dans l'expérience de Asch, le groupe de complices de l'expérimentateur qui répond de façon erronée soutient en fait une position déviante et minoritaire si on la situe dans un contexte culturel plus large (même si le groupe est majoritaire au cours de l'expérience). Ainsi, au moment de l'expérimentation, par rapport au référant culturel global, le sujet devrait être capable de penser que la position du groupe est une position minoritaire et que, s'il se trouvait avec d'autres personnes, ces dernières estimeraient la longueur de la ligne de la même manière que lui.
 
==Influence minoritaire: le paradigme==
Dans le but d'explorer l'influence minoritaire, d'autres expériences ont été menées, en particulier par [http://fr.wikipedia.org/wiki/Serge_Moscovici Moscovici]. On montre des jetons avec six intensités lumineuses différentes, du plus clair au plus foncé. Ces jetons sont toujours bleus, de façon non ambigüe. Dans des groupes composés de huit personnes (dont six sujets naïfs), deux compères font exprès de se tromper de temps à autre (en disant que les jetons sont verts, par exemple). Quand ils le font, il disent tous deux la même chose. Ils sont ce qu'on appelle une «minorité consistante». La question est de savoir si le sujet naïf suivra, par moments, le groupe minoritaire. Les résultats montrent que, de temps en temps, le sujet naïf donne effectivement la réponse "vert" au lieu de "bleu".
 
==Interprétation==
Dans l'influence minoritaire, une minorité (des compères de l'expérimentateur) soutient une position différente de la majorité. Les sujets, à force d'être confrontés à cette position minoritaire, sont parfois influencés, même si ce que dit la minorité ne correspond pas à la réalité. Il y aurait une sorte de doute s'établissant dans l'esprit du sujet qui le pousserait à suivre finalement l'avis de la minorité. On peut également comprendre ce ralliement à l'opinion minoritaire comme une volonté d'essayer d'intégrer la minorité, même si cela ne correspond pas à l'avis du sujet.
 
==Gestion des conflits majoritaire et minoritaire==
Dans le cas de l'influence majoritaire, les sujets ont une tendance à se conformer par suivisme, parce qu'il est désagréable d'être différent, exclu, non intégré. En revanche, lorsque les sujets sont confrontés à une source minoritaire consistante (qui affirme une chose, même fausse, avec constance), les sujets changent d'attitude essayent d'intégrer les avis alternatifs sans se sentir contraints. Cette ouverture à l'opinion d'une minorité consistante est appelée «conversion» parce qu'elle constitue une réélaboration d'une opinion.
 
==Conformisme==
D'autres travaux ont essayé d'expliquer le conformisme (à savoir le ralliement à une position). Kelman distingue trois types de conformisme:
#Celui allant jusqu'à l'intériorisation. Ce n'est plus simplement par convention, pour faire comme les autres, pour ne pas être différent de l'ensemble du groupe que le sujet se conforme. Le sujet intériorise, fait sien le système de valeur, et adopte la façon d'agir du groupe.
#L'identification : le sujet adopte les opinions de ceux qu'il aime, de ceux à qui il veut ressembler.
#Le suivisme est la situation dans laquelle pour ne pas être rejeté, pour éviter les inconvénients, la personne fait comme tout le monde.
#Le suivisme est la situation dans laquelle pour ne pas être rejeté, pour éviter les inconvénients, la personne fait comme tout le monde.


Quand une influence est majoritaire, quand on est confronté à la majorité des opinions des autres, il y a peut-être une tendance à se conformer par suivisme, parce qu'il est désagréable d'être différent, exclu, pas intégré. Par contre, quand il y a une source minoritaire consistante, on pourrait avoir des changements d'attitude qui vont dans le sens d'essayer d'intégrer ceux qui sont différents. Un ouverture à l'opinion d'une minorité consistante qui sont appelés des «effets de conversion» au niveau de la réélaboration d'une opinion (et non d'une identité comme discuté lors du [[Construction_et_transformation_identitaire_(74148_-_2011-2012)|cours précédent]]).
= Conformisme et soumission en contexte religieux =
Les mécanismes de conformisme et de soumission sont utilisés pour expliquer les phénomènes idéologiques vécus par les membres de groupes religieux. Une personne qui intègre un groupe religieux par mariage, par amitié, par convention, ou lors d'un changement d'environnement culturel subit de fait une influence.
 
==Influence du milieu==
Les opinions religieuses peuvent être nuancées par l'influence de l'environnement culturel et religieux. Ainsi, les convictions des catholiques dans un canton suisse à minorité protestante ressemblent plus aux convictions des protestants de ce canton qu'aux convictions des catholiques polonais. Un environnement à tradition religieuse mixte influencera différemment les croyants qu'un environnement monoreligieux.
 
==Soumission==
La soumission nous permet d'expliquer la dépendance vis-à-vis d'un gourou, ou d'un chef de groupe religieux. En effet, dans un groupe religieux, plus particulièrement dans un groupe sectaire, les membres du groupe sont soumis à une personne présentée comme ayant l'autorité et la capacité d'interpréter, de savoir ce qui est légitime et ce qui ne l'est pas.  
 
===Lien avec Milgram===
Cette situation est similaire à la situation rencontrée dans l'expérience de Milgram (chocs électriques). Dans le cas d'un groupe religieux ou sectaire, vu que les membres du groupe prêtent de la légitimité et de l'autorité au gourou, ce dernier a la possibilité de leur enjoindre de se comporter de la manière qu'il souhaite, réduisant les membres du groupe à un "état agentique". Aussi, les personnes ayant adhéré à la religion pourraient être amenées à faire un certain nombre de choses contraires à l'éthique. En effet, les individus se considérant comme des agents adhérant à une autorité, il se peut qu'ils considèrent qu'il n'est pas de leur ressort de déterminer si leur conduite est légitime ou pas.
[[Fichier:Expérience_de_Milgram.png|200px|thumb|right|<i>Figure 1.</i> L’expérimentateur (E) amène le sujet (S) à infliger des chocs électriques à un autre participant, l’apprenant (A), qui est en fait un acteur. La majorité des participants continuent à infliger les chocs jusqu'au maximum prévu (450 V) en dépit des plaintes de l'acteur.]]
 
===Milgram et le théologien===
Dans l'expérience de Milgram il y avait, entre autres, un professeur de théologie enseignant l'[http://fr.wikipedia.org/wiki/Ancien_Testament Ancien Testament]. Cette personne est l'un des sujets ayant refusé de poursuivre l'expérience, en disant que c'était contraire à ses convictions et que l'autorité de Dieu était supérieure à celle de l'expérimentateur. Nous trouvons ici le même type de "raisonnement" que celui des sujets ayant continué à administrer les chocs, à savoir la soumission à l'autorité, transférée cette fois vers une entité plus légitime que l'expérimentateur (Dieu). La soumission à l'autorité rend certaines opinions indiscutables. Dans ce cas, il y a un conflit d'autorité. L'autorité attribuée à Dieu est placée au-dessus de l'autorité de l'expérimentateur et la personne se sent ainsi capable de résister aux demandes parce qu'elle se soumet à une autorité plus haute.  


La soumission est expliquée par le contexte où le sujet est placé dans un état où il n'est plus qu'un exécutant et où il a tendance à se déresponsabiliser. Par la légitimité attribuée à une figure d’autorité à l’intérieur d’un groupe. Dans l'expérience Milgram (qui était médecin, statut extrêmement valorisé dans notre société à l'heure actuelle, la préservation de la vie apparaissant comme une des valeurs la plus précieuse et tout le monde est prêt à y adhérer) ???<ref>La phrase n'a pas été terminée...</ref>.
==Soumission à Dieu et politique==
L'autorité de Dieu permet de résister à des autorités humaines. C'est la revendication d'un certain nombre de groupes qui ont défendu la liberté de conscience à certains moments de l'histoire. il est possible d'expliquer de cette façon que, peu avant la chute du [http://fr.wikipedia.org/wiki/Mur_de_Berlin mur de Berlin], les églises en [http://fr.wikipedia.org/wiki/Allemagne_de_l%27Est Allemagne de l'Est] ont été, pour les gens souhaitant résister au régime, un lieu pour revendiquer au nom d'une autorité spirituelle supérieure la liberté de ne pas suivre les injonctions de l'autorité officielle. Cependant, cette même référence à une autorité supérieure peut être, dans d'autres cas, la raison d'actes terroristes au nom de Dieu.


En résumé:
==Autorité et capacité critique==
*Le conformisme (cf. Py & Roussiau, p.138-142)
Dans ce type de situation, la difficulté consiste pour la personne à conserver sa capacité critique à l'égard de l'autorité sous laquelle elle se place. Ainsi, dans le cas du professeur de théologie, ce dernier se contente de se référer au religieux afin de critiquer une autorité humaine qu'il juge immorale. Ce type d'argument peut se révéler problématique lorsque la personne ne se contente plus seulement d'être critique, mais qu'elle se met à agir afin de modifier le réel parce qu'elle en aurait reçu l'injonction de la part d'une autorité supérieure, dont elle serait l'interprète légitime sans regard critique face à cette soumission.
**expérience princeps de Asch (1951)
**Sujet « naïf » avec compères, placé en avant-dernière position.
**Une ligne étalon, trois lignes dont l’une correspond à l’évidence à l’étalon; choisir la ligne qui correspond
**Les compères donnent 12 réponses fausses sur 18 estimations
**Sur 50 sujets « naïfs », 37 se trompent au moins une fois (= idem réponse fausse des compères)
**32% des estimations erronées en condition expérimentale / 0.4% en situation contrôle<ref>ASCH, S.E. (1951). Effect of group pressure upon the modifications and distorsions of judgment, in H. Guetzkow (ed.) ''Groups, leaderships and men: research in human relations'', Pittsburg: Carnegie Press.</ref>
*La soumission à l’autorité
**Milgram (1970) : 65% des sujets administrent le voltage extrême<ref>Milgram,S. (1974). Soumission à l’autorité, Paris: Calman-Levy.</ref>
*La réponse d’un individu est modifiée par...
**conformisme: un groupe, hors de toute contrainte directe
**soumission: un individu ayant un statut d’autorité, sous contrainte
*...alors que le tiers (Asch) ou même les deux tiers (Milgram) des sujets sont conscients de ne pas adhérer
*L’influence sociale du groupe expliquée par:
**le nombre
**mais la position des compères est minoritaire par rapport à la norme culturelle (Doise, W. [1982]. L’explication en psychologie sociale,Paris: PUF , p.45)
**ouverture à l’innovation face à une minorité consistante comme le montre l’expérience des jetons bleus/verts (cf. Moscovici et al. 1969) reprise ensuite par Personnaz & Personnaz 1987.
*Trois attitudes de conformisme (cf. Kelman)
**L’intériorisation: le sujet fait siens le système de valeurs, les actes qu’il adopte
**L’identification: le sujet adopte les comportements, attitudes, opinions de ceux qu’il aime, à qui il veut ressembler
**Le suivisme: le sujet se soumet en apparence pour éviter des désagréments: dévaluation, rejet, répression
*«Les sources d’influence majoritaire provoquent plutôt des processus de comparaison à autrui, et dans ces conditions, les sujets influencés le sont sur le mode du suivisme. Les sources minoritaires consistantes induisent plutôt des effets de conversion: tout se passe comme si, dans ces conditions, un certain nombre de sujets tentaient de comprendre l’origine du conflit constaté et de réélaborer leur propre position...» (Py & Roussiau, p.147)
*La soumission expliquée par:
**Le contexte: placé dans un état «agentique» où il n’est plus qu’un exécutant, le sujet se déresponsabilise
**la légitimité attribuée à une figure d’autorité à l’intérieur d’un groupe (p.ex. religieux)
*«???<ref>Les données étaient absentes du document PDF original.</ref> (Py & Roussiau, p.143-144)


== Conformisme et soumission en contexte religieux ==
==Spécificité de l'influence religieuse==
Ces mécanismes de conformismes et de soumissions sont utilisés pour expliquer des phénomènes de soumissions idéologiques vécues par les membres des groupes religieux. Quelqu'un qui pour une quelconque raison (intégration à un groupe de religieux par mariage, par amitiés, par convention, comme par exemple un changement d'environnement culturel) subit une influence majoritaire par conformisme à un groupe.
Il faut être attentif au fait que nous sommes devant des processus d'influence non spécifiques au champ religieux. Ainsi, la soumission à un chef peut être d'ordres politique, ethnique, syndical, social, ou autres. Cela nous éclaire quant à ce qui peut se passer dans un groupe religieux, mais ce n'est pas propre au champ religieux.


On pourrait aussi avoir des opinions qui deviennent divergentes par rapport à l'environnement dans laquelle on se trouve et commencer à adopter ces convictions. Quelles sont les convictions des catholiques dans un canton suisse où il y a une minorité protestante, elle ressemble plus à ces opinions protestantes que ses opinions catholiques, qu'on irait tester en Pologne. Il va y avoir des effets différents dans un environnement de tradition religieuse mixte que dans un environnement où il n'y a qu'une seule tradition religieuse.
=Dissonance cognitive=
Le père fondateur de la théorie de la dissonance cognitive est Léon Festinger qui, en 1957, a publié le livre intitulé "A Theory of Cognitive Dissonance". Son ouvrage contribue à éclairer les dimensions de la motivation humaine et de la psychologie sociale. 
==Définition==
En psychologie sociale, la dissonance cognitive est une tension entre deux cognitions qui se contredisent entre elles. La cognition étant tout processus mental dont la fonction est la connaissance. Lorsque l'être humain est en état de dissonance cognitive, il se retrouve en état de tension qui peut être très intense. Pour réguler son état cognitif interne, il va faire appel à différents processus de régulation tels que la rationalisation comportementale et cognitive, la trivialisation et le support social. Ainsi, l'être humain pour pouvoir soulager cette tension va recourir à différentes stratégies pour retrouver un équilibre mental. Cela peut l'amener à adopter des opinions plus nuancées sur un sujet dont il avait un idée catégorique avant l'apparition de la dissonance cognitive.


Par la soumission, on explique la dépendance vis à vis de ce que ces auteurs appellent un gourou, mais on pourrait parler de chef de groupe religieux. Lors d'une adhésion à un certain groupe religieux, il y a dans ce groupe quelqu'un qui est représenté comme ayant l'autorité et la capacité d'interpréter, de savoir ce qui est légitime et ce qui ne l'est pas. On est dans la même situation que Milgram et si cette personne enjoint de se comporter d'une certaine manière, si la légitimité et l'autorité sont prêtées à cet individu, les gens pourraient être amenés à faire un certain nombre de choses contraires, à l'éthique, mais comme les individus ne se considèrent que comme un agent adhérant à l'autorité, ce n'est pas le rôle de ces personnes de savoir si la conduite est légitime ou pas. Les auteurs soulignent que dans l'expérience de Milgram il y avait entre autre un professeur de théologie enseignant les théologies de l'[http://fr.wikipedia.org/wiki/Ancien_Testament Ancien Testament], qui est l'un des sujets ayant refusé de poursuivre l'expérience, en disant que c'était contraire à ses convictions et que l'autorité de Dieu était supérieure à celle du scientifique. Nous avons ici le même type de fonctionnement: le rapport à l'autorité. C'est la soumission à l'autorité qui fait qu'on ne discute pas certaines opinions. Il y a ici un conflit d'autorité, l'autorité attribuée à Dieu est placée de manière supérieure à l'autorité du médecin et la personne peut résister à la demande du médecin qui se trouve dans l'expérimentation parce qu'il dit se soumettre à une autorité plus haute. Ici on peut dire que cela permet de résister à des autorités humaines et c'est la revendication d'un certain nombre de groupes qui ont défendu la liberté de conscience à un certain moment et on peut peut-être expliquer par ce moyen-là ce qui fait qu'un peu avant la chute du [http://fr.wikipedia.org/wiki/Mur_de_Berlin mur de Berlin] les églises en [http://fr.wikipedia.org/wiki/Allemagne_de_l%27Est Allemagne de l'Est] ont été, pour les gens voulant résister au régime, un lieu pour revendiquer au nom d'une autorité spirituelle supérieure le fait qu'ils ne vont pas suivre les injonctions de l'opinion majoritaire, mais cette même référence à l'autorité pourrait être dans d'autres cas la raison pour un acte terroriste en disant que Dieu l'a voulu, ou pour mettre en question la stabilité d'un gouvernement, etc.
[[Fichier:Dissonance cognitive2.png|centré|vignette|800x800px|Qu'est-ce que la dissonance cognitive et comment la réduire? - créée par [[Utilisateur:Pedro de Freitas|Pedro de Freitas]]]]


Toute la question ici va être de savoir dans quelle position la personne se place par rapport à sa capacité d'être critique quant à l'autorité sous laquelle elle se place. Dans le cas du Professeur de Théologie, cité ci-dessus, ce qui est important avec sa prise de position est qu'il prend la référence au religieux pour être critique par rapport à une autorité humaine et c'est tout. Ça commence à devenir plus problématique au moment où la personne sait non pas seulement être critique, mais prendre de la distance et se met à dire ce qu'il faudrait faire, se met à agir pour modifier le réel parce qu'elle en aurait reçu l'injonction par une autorité supérieure, dont elle serait capable d'être l'interprète légitime sans regard critique par rapport à cette soumission.
Pour une explication en vidéo de la carte conceptuelle avec des exemples concrets que l'on rencontre ou a rencontré toutes et tous dans notre existence.  


Ce qu'on peut dire est que, dans tous ces cas, nous sommes devant des processus non spécifiques au champ religieux. C'est-à-dire que la soumission à un chef peut être à un chef politique, le conformisme pourrait être le conformisme dans un groupe ethnique, un syndicat, une classe ou une couche sociale, un milieu dans lequel on est né. Cela explique ce qui peut se passer dans un groupe religieux, mais ce n'est pas propre au groupe religieux.
[[Fichier:Dissonance_v2.ogg|centré|vignette|800x800px|Qu'est-ce que la dissonance cognitive et comment la réduire?]]


En résumé:
=Apprentissage vicariant (observational Learning)=
*Conformisme pour expliquer:
L'apprentissage vicariant s'éloigne quelque peu de la psychologie sociale classique. En effet, il s'intéresse à l'influence sociale sous l'angle de l'apprentissage et a, dans cette optique, de nombreuses applications pour la pédagogie. Cette théorie a été créée, comme d'autres théories en psychologie, en réaction au béhaviorisme dominant à l'époque. En effet, comme d'autres, Bandura pensait que le renforcement ne pouvait pas expliquer tous les comportements.
**Les phénomènes de soumissions idéologiques vécus par les membres de groupes religieux (influence majoritaire ou minoritaire)
*Soumission pour expliquer la dépendance vis-à-vis d’un «gourou»
**Pourtant une résistance est parfois possible au nom de convictions religieuses:
*Un professeur de théologie qui enseignait la liturgie de l’Ancien Testament a fait partie des sujets qui ont refusé de poursuivre l’expérience de Milgram. Son argument: l’autorité de Dieu est supérieure à celle du scientifique
**Cependant, il arrive aussi qu’un individu présente ses déclarations ou ses actions comme expression directe d’une autorité divine (Py & Roussiau p.144)
*Globalement, des processus non spécifiques au champ religieux


== Milgram ==
==Concepts de base de l'apprentissage social==


[[Fichier:Expérience_de_Milgram.png|200px|thumb|right|<i>Figure 1.</i> L’expérimentateur (E) amène le sujet (S) à infliger des chocs électriques à un autre participant, l’apprenant (A), qui est en fait un acteur. La majorité des participants continuent à infliger les chocs jusqu'au maximum prévu (450 V) en dépit des plaintes de l'acteur.]]
Albert Bandura est connu pour sa  théorie de l'apprentissage social. Tout en se basant sur les concepts des théories traditionnelles de l'apprentissage, Bandura soutient que le renforcement direct ne peut pas rendre compte de tous les divers types d'apprentissage. Sa théorie ajoute un élément social en argumentant que les personnes peuvent aussi apprendre de nouvelles informations et comportements en observant d'autres personnes. Connu sous le terme d'apprentissage par observation ou apprentissage vicariant, ce type d'apprentissage peut être utilisé pour expliquer une large variété de comportements.
Les travaux de [http://fr.wikipedia.org/wiki/Stanley_Milgram Milgram] (1933-1984) sur l'obéissance à l'autorité (figure 1) sont un bon exemple de cela. Milgram a recréé en laboratoire une situation afin de mettre en lumière les processus d’obéissance. Il cherchait à comprendre pourquoi les personnes se soumettent à l’autorité, il part des faits, du terrain, d’une problématique [http://dictionnaire.reverso.net/francais-definition/sociétal sociétale]. Il a mis en scène une situation artificielle et expérimentale en laboratoire (acteurs, simulation). Sa situation expérimentale, nous ne la retrouvons pas telle quelle dans la vraie vie, mais elle a un certain réalisme (vraies personnes) et met en œuvre un processus d’obéissance (soumission au chercheur en blouse blanche).  
Trois concepts de base sont au cœur de la théorie de l’apprentissage social : en premier lieu, l’idée que des personnes peuvent apprendre à travers l’observation. Suit l’idée que les états mentaux internes sont une part essentielle de ce processus. Enfin, la théorie affirme qu’il est possible d’apprendre sans que cet apprentissage influe nécessairement sur le comportement. Explorons chacun de ces concepts.  
 
===L’apprentissage vicariant===
 
1. « Les gens peuvent apprendre par observation »"
 
Dans sa fameuse expérience de la poupée Bobo, ([http://youtu.be/Pr0OTCVtHbU vidéo youtube de l'expérience]) Bandura montre que les enfants apprennent et imitent le comportement qu’ils ont observé chez d’autres personnes. Les enfants, dans son étude, observent un adulte qui agit d’une manière violente envers la poupée Bobo. Quand les enfants sont ensuite autorisés à jouer avec la poupée Bobo, ils imitent le comportement agressif qu’ils avaient antérieurement observés. Bandura a identifié trois modèles de base dans l’apprentissage vicariant :
 
•  Un modèle vivant qui soit montre un comportement, soit est l’acteur d’un comportement
•  Un modèle verbal d’instruction qui donne une description ou une explication de comportement
•  Un modèle symbolique qui engage des acteurs réels ou fictifs  qui montrent des comportements dans des livres, films, programmes de télévision ou des médias sur internet.
 
===Renforcement intrinsèque===
 
2. « Les états mentaux sont importants dans le processus d’apprentissage »
 
Bandura notait que les renforcements externes et environnementaux n’étaient pas les seuls facteurs qui influencent d’apprentissage et le comportement. Il a décrit le renforcement intrinsèque comme la fierté, la satisfaction et un sentiment d’accomplissement comme une forme de récompense interne. L’accent mis sur les états internes de  pensées et cognitions aide à lier des théories d’apprentissage à des théories du développement cognitif. Même si beaucoup de manuels placent la théorie de l’apprentissage social avec des théories béhavioristes, Bandura définit son approche  comme une théorie socio-cognitiviste.
 
===Le changement du comportement===
 
3. « L’apprentissage ne mène pas forcément à un changement de comportement »
 
Si les comportementalistes strictes (béhavioristes) pensent qu’apprendre mène à un changement permanent de comportement, l’apprentissage vicariant montre que des personnes peuvent apprendre des informations nouvelles sans que cela ne mène forcément à un changement de comportement.
 
==Le processus de modélisation==
 
Tous les comportements observés ne sont pas appris. Des facteurs qui engagent à la fois le modèle et aussi l’apprenant, peuvent jouer un rôle dans le succès de l'apprentissage vicariant. Quelques exigences doivent être suivies. Les étapes suivantes sont nécessaires dans le processus de modélisation et l’apprentissage vicariant.
 
===Attention===


La question posée par le terrain est liée au génocide commis lors de la Seconde Guerre mondiale: «comment est-il possible que des individus se soient soumis à une autorité qui les a conduits à exterminer leurs semblables?»
Afin d’apprendre, il faut faire attention et rester concentré. Tous ce qui distrait l’attention aura un effet négatif sur l’apprentissage vicariant. Si le modèle est intéressant ou s’il y a un aspect nouveau dans une situation, alors il est beaucoup plus probable qu’on reste attentif  à la situation d’apprentissage.


Le processus supposé est l'obéissance à l'autorité (dans un «[http://fr.wikipedia.org/wiki/Influence_sociale#L.27ob.C3.A9issance_et_la_soumission_.C3.A0_l.27autorit.C3.A9 état agentique]»)
===Mémorisation===


Plusieurs études en laboratoire ont été réalisées pour chercher à comprendre cette problématique.
la capacité d’engranger des informations est aussi un facteur important  dans le processus d’apprentissage. La mémorisation peut être affectée par plusieurs facteurs mais la capacité de ressortir l’information à un moment ultérieur et d’agir sur cette information, sont des capacités vitales dans l’apprentissage vicariant.


Comme cette situation est trop complexe à mettre en œuvre sur le terrain, une extraction de la situation naturelle est faite où la structure du processus est conservée. Dans le cas de l'expérience de Milgram, il s'agit:
===Reproduction===
#de l'autorité (figure 1, E);
#*là, en l'occurrence, l'autorité est symbolique; c'est une autorité scientifique reconnue,
#du collaborateur (aussi appelé compère, figure 1, A);
#le sujet (figure 1, S).


Le processus fondamental est étudié en reconstituant en laboratoire une situation d'autorité.
Une fois qu’on a fait attention au modèle et que l’information a été retenue, le moment est venu de se comporter comme le modèle. La pratique du comportement appris mène, selon Bandura,  à son amélioration et au perfectionnement des compétences.


<b>Quelle critique a-t-on adressé à l'égard de l'approche de Milgram?</b>
===Motivation===
*Les sources d'autorité non [http://www.cnrtl.fr/definition/coercitives coercitives], c'est-à-dire non armées, sont omniprésentes.
*On ne peut pas comparer ces sources d'autorité aux [http://www.cnrtl.fr/definition/Nazis Nazis].
*:<b>Mais</b>
*Ce n'est pas un problème, puisque Milgram étudie l'obéissance volontaire, pas celle obtenue sous la contrainte.


<b>À noter:</b>
Afin que l’apprentissage vicariant soit couronné de succès, il faut être motivé à imiter le comportement du modèle. Le renforcement et les punitions jouent un rôle important dans la motivation. S’il est vrai que l’expérience des motivations propres peut être hautement efficace, il est aussi vrai que l’observation du renforcement ou de la punition peut aussi être efficace. Par exemple, si on voit qu’un autre étudiant reçoit des points quand il arrive à l’heure en classe, il est possible qu’on commence à venir aussi avec quelques minutes d’avance.
*Cette façon de procéder n'explique pas tout; elle permet de mettre en évidence un des éléments, facteurs explicatifs.
*1. On part d'une situation de terrain, 2. on suppose un phénomène à l’œuvre: «À mon avis, le processus en œuvre est..et 3. on tente de mettre en œuvre ce processus en laboratoire en reconstituant la structure de la situation.
*On n'étudie pas la situation, on étudie un processus qu'on pense être à l’œuvre dans cette situation. Pour cette raison, les études en laboratoire peuvent sembler être déconnectées de la réalité.


= Notes & Références =
== Autres références==
<references/>
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*Milgram, Stanley (1963). ''[http://web.ebscohost.com/ehost/pdfviewer/pdfviewer?sid=5b5c9c4c-a955-4e2c-868e-97e50c554dde%40sessionmgr15&vid=4&hid=25 Behavioral Study of Obedience]''. Journal of Abnormal and Social Psychology 67 (4): 371–8. doi:10.1037/h0040525
*Asch, S. (1955). ''[http://www.panarchy.org/asch/social.pressure.1955.html Opinions and social pressure]''. Scientific American, 193, 31-35. '''Lien vers un site externe, probablement pas stable. Revue originale introuvable.'''


* page de Richard Monvoisin sur la ''[http://cortecs.org/cours/510-psychologie-sociale-derives-sectaires-utilisation-de-celebres-experiences-de-psychologie-sociale/ Psychologie sociale, dérives sectaires – utilisation de célèbres expériences de psychologie sociale]'' (notamment avec des vidéos sur l'expérience de Zimbardo sur la simulation de milieu carcéral)


== Bibliographie ==
= Bibliographie =
Références bibliographiques
*Bailly, Nathalie (2008). Vieillissement, religion et spiritualité, ''in'' Nicolas Roussiau (dir.) ''Psychologie sociale de la religion''. Rennes: Presses Universitaires de Rennes, p.173-188.
*Bailly, Nathalie (2008). Vieillissement, religion et spiritualité, ''in'' Nicolas Roussiau (dir.) ''Psychologie sociale de la religion''. Rennes: Presses Universitaires de Rennes, p.173-188.
*Bailly, Nathalie, Roussiau, Nicolas, & Fleury-Bahi, Ghozlane (2011). Etude des liens entre les croyances religieuses et spirituelles, la santé et l’âge, ''Bulletin de Psychologie'' 64, n°512, p.149-154.
*Bailly, Nathalie, Roussiau, Nicolas, & Fleury-Bahi, Ghozlane (2011). Etude des liens entre les croyances religieuses et spirituelles, la santé et l’âge, ''Bulletin de Psychologie'' 64, n°512, p.149-154.
*Deconchy, Jean-Pierre (2011). La psychologie sociale expérimentale de la religion: état des lieux, ''Bulletin de Psychologie'' 64, n°512, p.117-132.
*Deconchy, Jean-Pierre (2011). La psychologie sociale expérimentale de la religion: état des lieux, ''Bulletin de Psychologie'' 64, n°512, p.117-132.
*Moscovici, S., Lage, E., & Naffrechoux, M. (1969). Influence of a Consistent Minority on the Responses of a Majority in a Color Perception Task. Sociometry, 32(4), 365.
*Psychologie de la religion, perspectives psychosociales: dossier (2011). ''Bulletin de Psychologie'' n°512, p.99-168.
*Psychologie de la religion, perspectives psychosociales: dossier (2011). ''Bulletin de Psychologie'' n°512, p.99-168.
*Py, Yves & Roussiau, Nicolas (2008). Conformisme, radicalisations idéologiques et phénomènes religieux, in Nicolas Roussiau (dir.) ''Psychologie sociale de la religion''. Rennes: Presses Universitaires de Rennes, p.137-155.
*Py, Yves & Roussiau, Nicolas (2008). Conformisme, radicalisations idéologiques et phénomènes religieux, in Nicolas Roussiau (dir.) ''Psychologie sociale de la religion''. Rennes: Presses Universitaires de Rennes, p.137-155.
*Roussiau, Nicolas (dir.) (2008). ''Psychologie sociale de la religion''. Rennes: Presses Universitaires de Rennes.
*Roussiau, Nicolas (dir.) (2008). ''Psychologie sociale de la religion''. Rennes: Presses Universitaires de Rennes.
*Saroglou, Vassilis & Crommelynck, Delphine (2011). De la dangerosité sectaire: perceptions et déterminants, ''Bulletin de Psychologie'' 64, n°512, p.155-168.
*Saroglou, Vassilis & Crommelynck, Delphine (2011). De la dangerosité sectaire: perceptions et déterminants, ''Bulletin de Psychologie'' 64, n°512, p.155-168.
*[http://www.psychologie-sociale.com/index.php?option=com_content&task=view&id=60&Itemid=2 Psychologie sociale]
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Milgram Page Wikipedia sur l'experience de Migram]
*[https://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Asch Page Wikipedia sur l'experience de Asch]
=Droits d'auteur=
*Les textes sont disponibles sous [http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.fr licence Creative Commons, paternité partage à l’identique 3.0, non transcrit (CC-BY-SA 3.0)]
*Une partie de cet article est une synthèse provenant de Wikipédia. Article original:
**[http://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Milgram Page wikipedia sur l'expérience de Milgram]
**[https://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Asch Page wikipedia sur l'expérience de Solomon Asch]
*Une partie de cet article est une synthèses d'articles disponibles sur [http://deliriumstudens.org/wiki/index.php Delirium student]
*Une partie de cet article a été créée par les auteurs de cette page
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Définition

Selon Brown (1965), "La psychologie sociale étudie les processus mentaux (ou les comportements) des individus déterminés par les interactions actuelles ou passées que ces derniers entretiennent avec d'autres personnes".

Ainsi, la psychologie sociale cherche à comprendre le comportement humain au travers des interactions entre les individus. En d'autres termes, il s'agit d'une orientation psychologique qui cherche à prendre en considération le rôle du contexte social sur les comportements des individus et des groupes.

Conformisme et soumission

Les thématiques du conformisme et de la soumission constituent l'un des principaux champs d'étude de la psychologie sociale. Les deux expériences présentées ici ont des implications qui vont bien au-delà du laboratoire et permettent, par exemple, d'interpréter certains comportements religieux.

L'expérience de Asch

Dans l'expérience réalisée en 1951 par Asch (1907-1996), on présente à des sujets (dits "naïfs") une ligne, puis il leur est demandé de comparer cette ligne à trois lignes dont une seule a la même longueur que la ligne originale (l'étalon) afin de déterminer laquelle est de la même taille. Deux lignes n'ont clairement pas la même longueur que l'étalon, une ligne a la même taille. Aussi, la réponse devrait être évidente (voir figure1).

image issue de la page Wikipedia sur l'expérience de Asch: Figure1. La ligne de gauche est la ligne de référence ; les trois lignes de droite sont les lignes de comparaison.

Cependant, il se trouve que le sujet n'est pas seul à répondre, mais, tout comme dans un certain nombre d'autres recherches en psychologie sociale où l'on cherche à tester l'influence, le sujet naïf est mis dans une situation de groupe, dans laquelle les autres sujets de l'expérience sont en fait des complices de l'expérimentateur, des "compères". Les compères sont des «acteurs», des gens au courant du but véritable de l'expérience et qui jouent un rôle prédéterminé. Les sujets naïfs ne savent pas, eux, qu'ils participent à une expérience de psychologie sociale (dans un cas comme celui-là, on les informe qu'ils vont participer à une expérience sur la perception des longueurs). C'est sur ces sujets naïfs que se construit, en général, la recherche.

Dans l'expérience de Asch, les complices de l'expérimentateur ont reçu la consigne de donner 12 fois sur 18 une estimation fausse de la longueur de la ligne en désignant une ligne, systématiquement la même, de longueur différente de celle de l'étalon. Le sujet naïf est l'avant-dernier à répondre. Il entend ainsi les compères donner de mauvaises réponses. Le sujet naïf, quand vient son tour, doit donc choisir s'il va dire ce qu'il voit (à savoir qu'il va désigner la ligne qui, de toute évidence est de même longueur que l'étalon) ou dire ce qu'il a entendu (à savoir qu'il va désigner la même ligne que les compères). L'expérience est répétée plusieurs fois (on demande aux sujets d'évaluer la taille de plusieurs lignes à la suite). Les expérimentateurs considèrent qu'une seule erreur de la part du sujet sur l'ensemble des estimations est déjà à considérer comme étant le résultat de l'influence des autres sujets. La raison de cette faible tolérance à l'erreur est que dans la condition "contrôle" (la condition contrôle est une condition dans laquelle les compères disent ce qu'ils voient réellement. Cette condition est essentielle pour déterminer s'il y a une différence avec la condition dans laquelle les compères "mentent".) les sujets ne font presque aucune erreur.

Carte conceptuelle

Lien vers la vidéo sur l'expérience de Asch

Solomon Asch a décidé d'aller plus loin encore et a modifié certaines variables pour expérimenter l'influence sur le taux de conformisme. Il a donc joué sur les variables suivantes:

  • La taille du groupe influence le taux de manière significative à partir de 3 à 4 personnes complices. Par contre, lorsque la personne est face à une seule autre personne, elle garde son indépendance d'opinion.
  • L'unanimité du groupe. Lorsqu'on introduit une personne partenaire au courant de l'expérience ou non qui ne répond pas comme l'unanimité des complices, le taux de conformisme diminue. C'est également le cas lorsque le complice répond une autre réponse (fausse) que le groupe de complice et que la personne.
  • Retrait d'un vrai partenaire. Lorsque la personne partenaire complice qui répondait correctement se met à répondre comme le groupe, à savoir faux, le taux de conformisme augmente. La personne ne tient plus la position d'indépendance.

Pour des explications détaillées notamment sur les recherches antérieures de l'expérience de Solomon Asch:

Résultats

Sur les 50 sujets, 37 se trompent au moins une fois. Ainsi, au moins une fois, ils sont influencés de manière trompeuse par les autres sujets. Certains sujets se trompent même plusieurs fois. En considérant l'ensemble des réponses, on constate que 32% des estimations sont erronées (contre 0.4% en condition de contrôle).

Interprétation

A la lumière de ces résultats, on comprend que, lorsque tout le monde porte une affirmation fausse de façon consistante, un certain nombre de personnes se conforment à cette affirmation erronée, même s'ils n'y adhèrent pas. La majorité des personnes à l'intérieur d'un groupe tient le même discours que le groupe, bien qu'elle n'y croie pas, afin de ne pas se mettre en porte-à-faux de l'ensemble. Cela permet à ces personnes de se sentir acceptées. Ainsi, cette recherche montre que les réponses d'un individu peuvent être modifiées par le conformisme (donc par le groupe), là où il n'y a pas de contrainte directe, d'obligation de répondre d'une manière précise. La contrainte ressentie par le sujet vient du fait que tout le monde répond différemment de ce qu'il voit.

Soumission à l'autorité

Un autre aspect important de la psychologie sociale est la question de la soumission à l'autorité. Le paradigme le plus important et le plus célèbre traitant de soumission est l'expérience de Milgram. Le but de l'expérience est de savoir à partir de quand les sujets refusent l'autorité et refusent d'obéir à des ordres qui violent la morale. Il faut être conscient que cette expérience est contraire à un certain nombre de règles éthiques qui régissent l'expérimentation psychologique, et ne serait plus réalisable aujourd'hui.

Voir la vidéo (dailymotion)


L'expérience de Milgram

L'onde de choc dans la société américaine après la deuxième guerre mondiale face aux horreurs des camps de concentration a été conséquente et a eu un retentissement fondamental pour la recherche en psychologie sociale. Comment expliquer le comportement de million de personnes ordinaires sous l'occupation nazie? L'expérience qui consiste à administrer une décharge électrique plus intense à une personne répondant de manière incorrecte à une série de questions a été réalisée par le psychologue Américain Stanley Milgram, en 1960. Par celle-ci, il a voulu expliquer comment des individus quelconques ont été amenés à conduire les atrocités qui ont caractérisé la deuxième guerre mondiale (extermination en masse des juifs, des homosexuels, des handicapés, etc).


Expérience de Milgram


Pour une explication de l'expérience de Milgram, ci-dessous, une vidéo proposée dans le cadre du cours Bases psychopédagogiques des technologies éducatives:

Vidéo proposée par User:Anne-Sophie. Plus d'informations sur ce travail: Expérience de Milgram

Les résultats sont alarmants et montrent que même si la personne n'a pas de mauvaises intentions, lorsqu'elle est placée dans un contexte particulier (soumission à l'autorité), cela la pousse à commettre des actes de torture.

Paradigme de l'expérience :

Les personnages de l'expérience:

  • l'expérimentateur (en réalité un comédien)
  • l'apprenant (un autre comédien)
  • l'enseignant (le sujet naïf de l'expérience sur lequel, de fait, l'expérience est réalisée)

On dit au sujet (l'enseignant) qu'il va participer à une expérience sur la mémorisation. Pour cela, il devra appliquer des chocs électriques gradués à un apprenant lorsque ce dernier se trompera (en réalité, les chocs électriques sont fictifs, mais le sujet ne le sait pas. L'apprenant est un comédien qui simule la douleur). Le sujet est placé devant une console avec différentes manettes sensées envoyer des décharges de plus en plus fortes. L'apprenant est placé sur une fausse chaise électrique et est séparé du sujet par une fine cloison. La souffrance apparente de l'apprenant évolue au cours de la séance : à partir de 75 V il gémit, à 120 V il se plaint à l'expérimentateur du fait qu'il souffre, à 135 V il hurle, à 150 V il supplie d'être libéré, à 270 V il lance un cri violent, à 300 V il annonce qu'il ne répondra plus. Lorsque l'apprenant ne répond plus, l'expérimentateur indique qu'une absence de réponse est considérée comme une erreur. Au seuil de 150 volts, la majorité des sujets manifestent des doutes et interrogent l'expérimentateur qui est à leur côté. Celui-ci est chargé de les rassurer en leur affirmant qu'ils ne seront pas tenus pour responsables des conséquences. Si un sujet hésite, l'expérimentateur lui demande d'agir. Si un sujet exprime le désir d'arrêter l'expérience, l'expérimentateur lui adresse, dans l'ordre, ces réponses :

   « Veuillez continuer s'il vous plaît. »
   « L'expérience exige que vous continuiez. »
   « Il est absolument indispensable que vous continuiez. »
   « Vous n'avez pas le choix, vous devez continuer. »

Si le sujet souhaite toujours s'arrêter après ces quatre interventions, l'expérience est interrompue. Sinon, elle prend fin quand le sujet a administré trois décharges maximales (450 volts) à l'aide des manettes intitulées "XXX" situées après celles où il est écrit: "Attention, choc dangereux".

À l'issue de chaque expérience, un questionnaire et un entretien avec le sujet permettent de recueillir ses sentiments et d'écouter les explications qu'il donne sur son comportement. Cet entretien vise aussi à le réconforter en lui affirmant qu'aucune décharge électrique n'a été appliquée, en le réconciliant avec l'apprenant et en lui disant que son comportement n'avait rien de sadique et était tout à fait normal.

Résultats

Dans cette expérience, plusieurs conditions d'expérimentation concernant la proximité de la victime, ont été créées.

  • Condition 1, rétroaction à distance:

La victime n'est pas dans la même pièce que le sujet. A partir des chocs électriques de 315 volts, la victime, qui est en fait un enregistrement, ne répond plus (simule un évanouissement). Le résultat principal de cette expérience, qui a beaucoup choqué à l'époque, est que 65% des sujets sont allés jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'au choc administré à l'aide des manettes sur lesquelles il était écrit XXX. Même après que la personne qui reçoit les chocs ne donnent plus de signes de vie, 65% d'entre eux continuent d'administrer des chocs électriques jusqu'au bout. La moyenne des chocs électriques distribués est de 405 volts.

  • Condition 2, rétroaction vocale :

Cette condition est similaire à la précédente, sauf que les cris de douleurs s'entendent mieux. Le taux de sujet allant jusqu'au bout est de 62,5% avec une moyenne de chocs électriques de 370 volts.

  • Condition 3, proximité :

La victime se trouve dans la même pièce que le sujet qui administre les chocs. Il peut donc entendre ces cris mais aussi la voir. 40% des sujets sont allés jusqu'au bout et délivrent le choc de 450 volts. La moyenne des chocs distribués est de 310 volts.

  • Condition 4, contact :

Il y a un contact physique entre le sujet et la victime puisque celle-ci l'empêche par la force de lui administrer les chocs. Ici, 30% des sujets vont jusqu'à administrer 450 volts et la moyenne des chocs est de 265 volts.

D'autres variantes ont été créés sur l'importance de l'autorité, les sujets féminins, le rôle du groupe, les limitations de l'élève et la personnalité du sujet, le changement de statut et finalement les troubles au sein de l'autorité. Vous pouvez accéder au tableau des variantes ici

Interprétation

Milgram (1933-1984) essayait de comprendre ce qui pouvait se passer dans certains régimes totalitaires, où une grande partie de la population est prête à exécuter des actions immorales pour autant que l'autorité soit suffisamment bien établie et convaincante. Milgram pense que, la personne étant soumise, elle se déresponsabilise de ses actions en se présentant comme un simple acteur (la personne se trouverait dans un "état agentique") d'un dispositif dans lequel elle est engagée mais dans lequel la responsabilité est placée du côté de l'autorité à laquelle elle est soumise.

Dans la question de la soumission, une personne a un statut d'autorité et pousse à agir le sujet d'une manière contraire à ce qu'il souhaiterait faire. Les questions posées après le test pour comprendre comment les sujets ont perçu ce qu'ils ont fait montrent que deux tiers des sujets disent être conscients de ne pas adhérer à ce qu'il font et pourtant le font (dans le paradigme précédent de Asch, cette proportion est d'un tiers).

Ces résultats peuvent aussi s'expliquer par l'habitude que l'on a à obéir à l'autorité depuis notre plus jeune âge. Les normes qui régissent notre société, nous pousse à obéir à nos parents, nos professeurs, nos patrons. Ce conditionnement rend d'autant plus difficile le fait d'oser aller à l'encontre de l'autorité et de désobéir.

Réflexion

L'expérience de Milgram a été reproduite plus récemment à la télé, dans un faux quiz (vidéo ici). Une réflexion intéressante sur le conformisme a aussi été menée par le réalisateur Dennis Gansel dans le film "La Vague" (vidéo bande annonce ici, vidéo film intégral ici) qui se base sur l'expérience de l'enseignant Ron Jones que ce dernier a décrit dans son article "la troisième vague".

Soumission et influence minoritaire

Une interprétation possible de l'expérience de Asch (l'expérience sur l'estimation de longueur de lignes) serait que le sujet est poussé à modifier son jugement parce qu'il se trouve en minorité. C'est ce type d'interprétation qui était donné habituellement. Willem Doise (professeur de Psychologie sociale à l'Université de Genève) fait remarquer que, dans l'expérience de Asch, le groupe de complices de l'expérimentateur qui répond de façon erronée soutient en fait une position déviante et minoritaire si on la situe dans un contexte culturel plus large (même si le groupe est majoritaire au cours de l'expérience). Ainsi, au moment de l'expérimentation, par rapport au référant culturel global, le sujet devrait être capable de penser que la position du groupe est une position minoritaire et que, s'il se trouvait avec d'autres personnes, ces dernières estimeraient la longueur de la ligne de la même manière que lui.

Influence minoritaire: le paradigme

Dans le but d'explorer l'influence minoritaire, d'autres expériences ont été menées, en particulier par Moscovici. On montre des jetons avec six intensités lumineuses différentes, du plus clair au plus foncé. Ces jetons sont toujours bleus, de façon non ambigüe. Dans des groupes composés de huit personnes (dont six sujets naïfs), deux compères font exprès de se tromper de temps à autre (en disant que les jetons sont verts, par exemple). Quand ils le font, il disent tous deux la même chose. Ils sont ce qu'on appelle une «minorité consistante». La question est de savoir si le sujet naïf suivra, par moments, le groupe minoritaire. Les résultats montrent que, de temps en temps, le sujet naïf donne effectivement la réponse "vert" au lieu de "bleu".

Interprétation

Dans l'influence minoritaire, une minorité (des compères de l'expérimentateur) soutient une position différente de la majorité. Les sujets, à force d'être confrontés à cette position minoritaire, sont parfois influencés, même si ce que dit la minorité ne correspond pas à la réalité. Il y aurait une sorte de doute s'établissant dans l'esprit du sujet qui le pousserait à suivre finalement l'avis de la minorité. On peut également comprendre ce ralliement à l'opinion minoritaire comme une volonté d'essayer d'intégrer la minorité, même si cela ne correspond pas à l'avis du sujet.

Gestion des conflits majoritaire et minoritaire

Dans le cas de l'influence majoritaire, les sujets ont une tendance à se conformer par suivisme, parce qu'il est désagréable d'être différent, exclu, non intégré. En revanche, lorsque les sujets sont confrontés à une source minoritaire consistante (qui affirme une chose, même fausse, avec constance), les sujets changent d'attitude essayent d'intégrer les avis alternatifs sans se sentir contraints. Cette ouverture à l'opinion d'une minorité consistante est appelée «conversion» parce qu'elle constitue une réélaboration d'une opinion.

Conformisme

D'autres travaux ont essayé d'expliquer le conformisme (à savoir le ralliement à une position). Kelman distingue trois types de conformisme:

  1. Celui allant jusqu'à l'intériorisation. Ce n'est plus simplement par convention, pour faire comme les autres, pour ne pas être différent de l'ensemble du groupe que le sujet se conforme. Le sujet intériorise, fait sien le système de valeur, et adopte la façon d'agir du groupe.
  2. L'identification : le sujet adopte les opinions de ceux qu'il aime, de ceux à qui il veut ressembler.
  3. Le suivisme est la situation dans laquelle pour ne pas être rejeté, pour éviter les inconvénients, la personne fait comme tout le monde.

Conformisme et soumission en contexte religieux

Les mécanismes de conformisme et de soumission sont utilisés pour expliquer les phénomènes idéologiques vécus par les membres de groupes religieux. Une personne qui intègre un groupe religieux par mariage, par amitié, par convention, ou lors d'un changement d'environnement culturel subit de fait une influence.

Influence du milieu

Les opinions religieuses peuvent être nuancées par l'influence de l'environnement culturel et religieux. Ainsi, les convictions des catholiques dans un canton suisse à minorité protestante ressemblent plus aux convictions des protestants de ce canton qu'aux convictions des catholiques polonais. Un environnement à tradition religieuse mixte influencera différemment les croyants qu'un environnement monoreligieux.

Soumission

La soumission nous permet d'expliquer la dépendance vis-à-vis d'un gourou, ou d'un chef de groupe religieux. En effet, dans un groupe religieux, plus particulièrement dans un groupe sectaire, les membres du groupe sont soumis à une personne présentée comme ayant l'autorité et la capacité d'interpréter, de savoir ce qui est légitime et ce qui ne l'est pas.

Lien avec Milgram

Cette situation est similaire à la situation rencontrée dans l'expérience de Milgram (chocs électriques). Dans le cas d'un groupe religieux ou sectaire, vu que les membres du groupe prêtent de la légitimité et de l'autorité au gourou, ce dernier a la possibilité de leur enjoindre de se comporter de la manière qu'il souhaite, réduisant les membres du groupe à un "état agentique". Aussi, les personnes ayant adhéré à la religion pourraient être amenées à faire un certain nombre de choses contraires à l'éthique. En effet, les individus se considérant comme des agents adhérant à une autorité, il se peut qu'ils considèrent qu'il n'est pas de leur ressort de déterminer si leur conduite est légitime ou pas.

Figure 1. L’expérimentateur (E) amène le sujet (S) à infliger des chocs électriques à un autre participant, l’apprenant (A), qui est en fait un acteur. La majorité des participants continuent à infliger les chocs jusqu'au maximum prévu (450 V) en dépit des plaintes de l'acteur.

Milgram et le théologien

Dans l'expérience de Milgram il y avait, entre autres, un professeur de théologie enseignant l'Ancien Testament. Cette personne est l'un des sujets ayant refusé de poursuivre l'expérience, en disant que c'était contraire à ses convictions et que l'autorité de Dieu était supérieure à celle de l'expérimentateur. Nous trouvons ici le même type de "raisonnement" que celui des sujets ayant continué à administrer les chocs, à savoir la soumission à l'autorité, transférée cette fois vers une entité plus légitime que l'expérimentateur (Dieu). La soumission à l'autorité rend certaines opinions indiscutables. Dans ce cas, il y a un conflit d'autorité. L'autorité attribuée à Dieu est placée au-dessus de l'autorité de l'expérimentateur et la personne se sent ainsi capable de résister aux demandes parce qu'elle se soumet à une autorité plus haute.

Soumission à Dieu et politique

L'autorité de Dieu permet de résister à des autorités humaines. C'est la revendication d'un certain nombre de groupes qui ont défendu la liberté de conscience à certains moments de l'histoire. il est possible d'expliquer de cette façon que, peu avant la chute du mur de Berlin, les églises en Allemagne de l'Est ont été, pour les gens souhaitant résister au régime, un lieu pour revendiquer au nom d'une autorité spirituelle supérieure la liberté de ne pas suivre les injonctions de l'autorité officielle. Cependant, cette même référence à une autorité supérieure peut être, dans d'autres cas, la raison d'actes terroristes au nom de Dieu.

Autorité et capacité critique

Dans ce type de situation, la difficulté consiste pour la personne à conserver sa capacité critique à l'égard de l'autorité sous laquelle elle se place. Ainsi, dans le cas du professeur de théologie, ce dernier se contente de se référer au religieux afin de critiquer une autorité humaine qu'il juge immorale. Ce type d'argument peut se révéler problématique lorsque la personne ne se contente plus seulement d'être critique, mais qu'elle se met à agir afin de modifier le réel parce qu'elle en aurait reçu l'injonction de la part d'une autorité supérieure, dont elle serait l'interprète légitime sans regard critique face à cette soumission.

Spécificité de l'influence religieuse

Il faut être attentif au fait que nous sommes devant des processus d'influence non spécifiques au champ religieux. Ainsi, la soumission à un chef peut être d'ordres politique, ethnique, syndical, social, ou autres. Cela nous éclaire quant à ce qui peut se passer dans un groupe religieux, mais ce n'est pas propre au champ religieux.

Dissonance cognitive

Le père fondateur de la théorie de la dissonance cognitive est Léon Festinger qui, en 1957, a publié le livre intitulé "A Theory of Cognitive Dissonance". Son ouvrage contribue à éclairer les dimensions de la motivation humaine et de la psychologie sociale.

Définition

En psychologie sociale, la dissonance cognitive est une tension entre deux cognitions qui se contredisent entre elles. La cognition étant tout processus mental dont la fonction est la connaissance. Lorsque l'être humain est en état de dissonance cognitive, il se retrouve en état de tension qui peut être très intense. Pour réguler son état cognitif interne, il va faire appel à différents processus de régulation tels que la rationalisation comportementale et cognitive, la trivialisation et le support social. Ainsi, l'être humain pour pouvoir soulager cette tension va recourir à différentes stratégies pour retrouver un équilibre mental. Cela peut l'amener à adopter des opinions plus nuancées sur un sujet dont il avait un idée catégorique avant l'apparition de la dissonance cognitive.

Qu'est-ce que la dissonance cognitive et comment la réduire? - créée par Pedro de Freitas

Pour une explication en vidéo de la carte conceptuelle avec des exemples concrets que l'on rencontre ou a rencontré toutes et tous dans notre existence.

Qu'est-ce que la dissonance cognitive et comment la réduire?

Apprentissage vicariant (observational Learning)

L'apprentissage vicariant s'éloigne quelque peu de la psychologie sociale classique. En effet, il s'intéresse à l'influence sociale sous l'angle de l'apprentissage et a, dans cette optique, de nombreuses applications pour la pédagogie. Cette théorie a été créée, comme d'autres théories en psychologie, en réaction au béhaviorisme dominant à l'époque. En effet, comme d'autres, Bandura pensait que le renforcement ne pouvait pas expliquer tous les comportements.

Concepts de base de l'apprentissage social

Albert Bandura est connu pour sa théorie de l'apprentissage social. Tout en se basant sur les concepts des théories traditionnelles de l'apprentissage, Bandura soutient que le renforcement direct ne peut pas rendre compte de tous les divers types d'apprentissage. Sa théorie ajoute un élément social en argumentant que les personnes peuvent aussi apprendre de nouvelles informations et comportements en observant d'autres personnes. Connu sous le terme d'apprentissage par observation ou apprentissage vicariant, ce type d'apprentissage peut être utilisé pour expliquer une large variété de comportements.

Trois concepts de base sont au cœur de la théorie de l’apprentissage social : en premier lieu, l’idée que des personnes peuvent apprendre à travers l’observation. Suit l’idée que les états mentaux internes sont une part essentielle de ce processus. Enfin, la théorie affirme qu’il est possible d’apprendre sans que cet apprentissage influe nécessairement sur le comportement. Explorons chacun de ces concepts.

L’apprentissage vicariant

1. « Les gens peuvent apprendre par observation »"

Dans sa fameuse expérience de la poupée Bobo, (vidéo youtube de l'expérience) Bandura montre que les enfants apprennent et imitent le comportement qu’ils ont observé chez d’autres personnes. Les enfants, dans son étude, observent un adulte qui agit d’une manière violente envers la poupée Bobo. Quand les enfants sont ensuite autorisés à jouer avec la poupée Bobo, ils imitent le comportement agressif qu’ils avaient antérieurement observés. Bandura a identifié trois modèles de base dans l’apprentissage vicariant :

• Un modèle vivant qui soit montre un comportement, soit est l’acteur d’un comportement • Un modèle verbal d’instruction qui donne une description ou une explication de comportement • Un modèle symbolique qui engage des acteurs réels ou fictifs qui montrent des comportements dans des livres, films, programmes de télévision ou des médias sur internet.

Renforcement intrinsèque

2. « Les états mentaux sont importants dans le processus d’apprentissage »

Bandura notait que les renforcements externes et environnementaux n’étaient pas les seuls facteurs qui influencent d’apprentissage et le comportement. Il a décrit le renforcement intrinsèque comme la fierté, la satisfaction et un sentiment d’accomplissement comme une forme de récompense interne. L’accent mis sur les états internes de pensées et cognitions aide à lier des théories d’apprentissage à des théories du développement cognitif. Même si beaucoup de manuels placent la théorie de l’apprentissage social avec des théories béhavioristes, Bandura définit son approche comme une théorie socio-cognitiviste.

Le changement du comportement

3. « L’apprentissage ne mène pas forcément à un changement de comportement »

Si les comportementalistes strictes (béhavioristes) pensent qu’apprendre mène à un changement permanent de comportement, l’apprentissage vicariant montre que des personnes peuvent apprendre des informations nouvelles sans que cela ne mène forcément à un changement de comportement.

Le processus de modélisation

Tous les comportements observés ne sont pas appris. Des facteurs qui engagent à la fois le modèle et aussi l’apprenant, peuvent jouer un rôle dans le succès de l'apprentissage vicariant. Quelques exigences doivent être suivies. Les étapes suivantes sont nécessaires dans le processus de modélisation et l’apprentissage vicariant.

Attention

Afin d’apprendre, il faut faire attention et rester concentré. Tous ce qui distrait l’attention aura un effet négatif sur l’apprentissage vicariant. Si le modèle est intéressant ou s’il y a un aspect nouveau dans une situation, alors il est beaucoup plus probable qu’on reste attentif à la situation d’apprentissage.

Mémorisation

la capacité d’engranger des informations est aussi un facteur important dans le processus d’apprentissage. La mémorisation peut être affectée par plusieurs facteurs mais la capacité de ressortir l’information à un moment ultérieur et d’agir sur cette information, sont des capacités vitales dans l’apprentissage vicariant.

Reproduction

Une fois qu’on a fait attention au modèle et que l’information a été retenue, le moment est venu de se comporter comme le modèle. La pratique du comportement appris mène, selon Bandura, à son amélioration et au perfectionnement des compétences.

Motivation

Afin que l’apprentissage vicariant soit couronné de succès, il faut être motivé à imiter le comportement du modèle. Le renforcement et les punitions jouent un rôle important dans la motivation. S’il est vrai que l’expérience des motivations propres peut être hautement efficace, il est aussi vrai que l’observation du renforcement ou de la punition peut aussi être efficace. Par exemple, si on voit qu’un autre étudiant reçoit des points quand il arrive à l’heure en classe, il est possible qu’on commence à venir aussi avec quelques minutes d’avance.

Autres références

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  • Milgram, Stanley (1963). Behavioral Study of Obedience. Journal of Abnormal and Social Psychology 67 (4): 371–8. doi:10.1037/h0040525
  • Asch, S. (1955). Opinions and social pressure. Scientific American, 193, 31-35. Lien vers un site externe, probablement pas stable. Revue originale introuvable.

Bibliographie

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  • Bailly, Nathalie, Roussiau, Nicolas, & Fleury-Bahi, Ghozlane (2011). Etude des liens entre les croyances religieuses et spirituelles, la santé et l’âge, Bulletin de Psychologie 64, n°512, p.149-154.
  • Deconchy, Jean-Pierre (2011). La psychologie sociale expérimentale de la religion: état des lieux, Bulletin de Psychologie 64, n°512, p.117-132.
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  • Psychologie de la religion, perspectives psychosociales: dossier (2011). Bulletin de Psychologie n°512, p.99-168.
  • Py, Yves & Roussiau, Nicolas (2008). Conformisme, radicalisations idéologiques et phénomènes religieux, in Nicolas Roussiau (dir.) Psychologie sociale de la religion. Rennes: Presses Universitaires de Rennes, p.137-155.
  • Roussiau, Nicolas (dir.) (2008). Psychologie sociale de la religion. Rennes: Presses Universitaires de Rennes.
  • Saroglou, Vassilis & Crommelynck, Delphine (2011). De la dangerosité sectaire: perceptions et déterminants, Bulletin de Psychologie 64, n°512, p.155-168.
  • Psychologie sociale
  • Page Wikipedia sur l'experience de Migram
  • Page Wikipedia sur l'experience de Asch

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