STIC:STIC IV (2017)/Brode-moi un mouton
Broderie machine | |
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Module: STIC:STIC IV (2017)/Projets ◀▬ | |
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⚐ à finaliser | ☸ débutant |
⚒ 2018/04/03 | |
Objectifs | |
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Catégorie: Broderie machine |
Un projet de Azmira Bajra, Andréa et Tristan Jaquier
Introduction
Nous sommes trois étudiants qui fréquentons le Master MALTT (Master of Science in Learning and Teaching Technologies) du TECFA (Technologies de Formation et Apprentissage), un département de la FPSE (Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Education).
Dans le cadre du cours à option Sciences et technologies de l’information et de la communication IV (STIC IV) de ce Master, nous devions concevoir et réaliser un projet pédagogique en rapport avec une activité de broderie assistée par ordinateur (BAO). Le thème d’étude de ce cours était “Embroidery for change !”. Les étudiants fréquentant ce cours devaient mener un projet de broderie de façon individuelle ou en groupe.
Pour développer notre projet sur le thème de la broderie, notre groupe s’est inspiré de la célèbre phrase de Saint-Exupéry tirée de son livre Le Petit Prince : "Dessine-moi un mouton."
"Comme le Petit Prince n’était jamais satisfait de la broderie du mouton que lui faisait Saint-Exupéry, ce dernier, en désespoir de cause, finit par lui broder une caisse à l’intérieur de laquelle se trouvait le mouton du Petit Prince. À sa grande surprise, cela correspondait le mieux à la représentation que se faisait le Petit Prince de son mouton. Cet exemple illustre bien qu’une représentation dans la tête de celui qui l’a construite est souvent très différente de celle de la personne qui essaie de la comprendre."[1]
Effectivement, les diverses illustrations d’un mouton réalisées par le protagoniste du livre à la demande du Petit Prince divergent totalement. Elles se complémentent peut-être, mais surtout ne lui donnent pas satisfaction.[2]
Objectifs de notre projet
Les différences de représentations sont souvent source d'incompréhension entre individus et/ou communautés. Beaucoup trop souvent, des influences liées à l'âge, au sexe, à l'origine ou encore au milieu social de chacun nous poussent à “vivre entre semblables”, restreignant ainsi le contact entre les communautés différentes. Faire collaborer autour d'un projet de broderie des personnes issues de communautés rarement en contact, voici le fil conducteur de notre projet, qui se situe bien dans la thématique “Embroidery for change !” expliqué en introduction.
Les buts de notre projet sont :
- Faire collaborer des personnes issues de différents milieux sociaux à travers une démarche de création d’une illustration, avec l'aide du dessin vectoriel et de la broderie digitale.
- Observer et analyser les effets de l'utilisation d’un outil numérique destiné à la broderie assistée par l’ordinateur (BAO) en tant que médium pour :
- la rencontre de personnes issues de communautés différentes,
- la coopération autour d’un projet commun et
- l’apprentissage de nouveaux programmes informatiques.
- Mettre en œuvre des scénarios pédagogiques ou d'intervention coopératifs qui permettent à des participants de réaliser des broderies les faisant réfléchir, échanger et apprendre des nouveaux thèmes.
- Mesurer la motivation, l'utilité du cours, la satisfaction et la coopération des participants durant l’atelier.
Pour cela nous avons décidé de réunir un groupe de participants hétérogènes autour d’un atelier de fabrication digitale. Cet atelier a été précédé par une introduction sur la broderie, et de manière plus spécifique la BAO. A travers les observations et les enquêtes effectuées, nous avons tenté d’évaluer l'impact de la fabrication digitale sur la motivation à apprendre, la coopération et la satisfaction générale des participants.
N. B. 1 : Pour alléger la lecture du texte, la forme masculine a été employée. A notre sens elle englobe la forme féminine et masculine avec le même niveau de considération pour les deux genres.
N. B. 2 : Dans le contexte de ce rapport, nous nous référerons à nous-mêmes comme “étudiants”, “animateurs” ou "organisateurs".
Cadre Théorique
De nos jours, l’utilisation de machines automatisées est de plus en plus fréquente dans nos tâches quotidiennes. Il ne s’agit pas seulement de faciliter le travail et la productivité, mais de permettre de passer plus de temps sur l’aspect créatif, en simplifiant les tâches redondantes.
Dans ce contexte, la fabrication digitale est un nouveau domaine qui apporte son lot de possibilités créatives. Ainsi, certains auteurs mettent en avant l’idée que ces machines automatisées permettent non seulement de dynamiser la productivité et la créativité, mais aussi de matérialiser assez rapidement une vision mentale. Selon Papert (1980, cité par Blikstein, 2013, p. 6), le processus d’apprentissage sera facilité si “the product can be shown, discussed, examined, probed, and admired”. En effet, en matérialisant un processus mental de façon assez rapide, grâce à la machine, le produit peut être visualisé et adapté rapidement. L’apprentissage à travers la fabrication digitale est ainsi une bonne entrée en matière, comme le soutient Schneider (Computerized embroidery in education) en prenant le cas de la broderie : “Computerized embroidery could be an interesting entry point for learning how to deal with complex software, analyzing a problem, etc. and at the end there are tangible results that could be further used as we already argued. For example, learners could express their own ideas through embroidery instead of getting hooked to expensive brands”. Ainsi, avec le but d’obtenir un résultat concret, le créateur devient par ce processus apprenant, souvent de façon inconsciente.
La machine ne demande plus seulement des connaissances manuelles, mais un engagement intellectuel autant liés aux connaissances techniques qu’aux connaissances créatives. Effectivement, son utilisation engage nécessairement une maîtrise de toute la chaîne, allant de la créativité artistique à la logique mathématique. Notre projet s’inscrit ainsi dans la catégorie d’une « arts-based action research » (une recherche-action artistique), une fois que nous faisons le « merging of the conventions of ‘traditional’ qualitative methodologies with those of the arts to allow for deeper research insight, intepretations, meaning making and creative expression and alternative knowledges and ways of knowing. ». Effectivement, la recherche-action artistique est considérée comme une méthode facilitant « l’engagement de communautés dans un processus qui transcende l’âge, l’éducation, le langage et les barrières culturelles. » (Wilson et Flicker, p. 58).
Toujours selon Wilson et Flicker (2014, p. 58), la recherche-action artistique a l’avantage de susciter des échanges et des connections émotionnelles, en plus d’être un outil intéressant pour mobiliser des communautés. Dans cette optique de « community building », nous explorons les apports d’un groupe, plus précisément d’une communauté hétérogène, dans le but de promouvoir un support communautaire lors de l’apprentissage.
Ainsi, nous visons, à travers un atelier de fabrication digitale bien scénarisé, à faciliter et à explorer la convivialité et l’échange entre les communautés et la diversité culturelle. A cette fin, nous avons prévu des « Speed Dating » pour les présentations, une collation entre les deux phases de travail et une disposition des tables/ordinateurs favorisant le contact et l’échange entre les personnes. La recherche-action artistique se prête bien à notre objectif cela car elle a l’avantage d’être engageante, amusante et de valoriser les talents et l’expertise. L’art peut facilement faire partager des expériences et valeurs culturelles diverses, pouvant également toucher des publics diversifiés, en grande partie car le produit final est plus accessible qu'un texte (Wilson et Flicker, p. 58-59).
Parmi les stratégies de la méthodologie de la recherche-action artistique, nous utiliseront deux formes d’expression artistique, dont le dessin et le collage : « Collage is a methodological tool where participants are provided an opportunity to intuitively select, sort, connect, relocate and arrange found materials, images and text in representation of their opinions, experiences and/or concerns. » (Wilson et Flicker, p. 59). En effet, lors de la première phase, soit durant la prise en main du programme Design Era, les participants seront amenés à explorer une base de données d'un site web contenant des dessins SVG pour choisir une image « quelconque », sans autre consigne particulière, qu’ils vont importer (coller), puis modifier et adapter avec le logiciel.
Dans la deuxième phase, par contre, les participants devront chercher et transformer des images SVG en lien avec le thème donné : « Comment rendre la Suisse meilleure ». La recherche d’illustration sera effectuée non plus pour trouver une image quelconque, mais pour sélectionner une image pouvant identifier la représentation personnelle que l’apprenant se fait du thème en question. Wilson et Flicker (p. 58) soulèvent l’opportunité qu’offre cette méthode pour « sélectionner intuitivement, choisir, connecter et repositionner » un matériel existant afin de « représenter ses opinions, expériences et soucis ». Ainsi, les résultats de ce travail seront des témoignages métaphoriques des participants sur leurs représentions d’une action pour une Suisse meilleure.
A noter que dans la recherche-action artistique il y a encore une phase importante : celle de l’édition, de la modification et transformation de l’objet artistique (Wilson et Flicker, 61). Dans le cas de nos participants, il aurait été digne d’intérêt de nous pencher plus en détails sur les opérations de modification qu'ils ont réalisé après l’importation des images.
Dans cette expérience de partage, l’art sera utilisé comme « un moyen d’expression » et comme une force motrice. L’apprentissage des compétences techniques sur la fabrication digitale sera motivé à travers l’élan créatif des participants, puisque, selon Scruton (cité par Barwell, p. 175), « works of art can be said to express 'thought, attitude, character, in fact, anything that can be expressed at all' ». De plus, dans une stratégie d'apprentissage coopérative, l'art est utilisé comme unificateur d'un groupe hétérogène, comme le soulignent Wilson et Flicker (p. 58) : « Arts-based methods can be employed on a continuum as a tool to engage people in highly participatory and community-oriented, solitary or professional settings, making these approaches dynamic research tools ».
Dans ce contexte théorique et pratique, nous nous interrogeons sur l’impact de la fabrication digitale et plus précisément de la broderie assisté par ordinateur (BAO) sur différentes attitudes des apprenants, notamment en ce qui concerne la motivation et la satisfaction durant l’apprentissage, ainsi que la coopération dans un contexte pratique.
Méthode
Pour la réalisation du projet il était nécessaire d’organiser un atelier. De ce fait, notre procédure s’est scindée en plusieurs étapes.
Définition du périmètre et du cadre de travail
Tout d’abord un design pédagogique a été créé afin de planifier le déroulement des activités et le périmètre d’apprentissage. Ainsi, l'atelier a été planifié pour, d’une part, fournir aux participants un nouveau savoir et, de l’autre, observer leur investissement dans un cadre d’apprentissage. Finalement, des entretiens ont été prévus à la fin pour mesurer leur perception sur ce processus d’apprentissage.
Organisation des activités
Les différentes activités ont été pensées par rapport à trois axes. Le premier axe était social, dans la mesure où il fallait créer une atmosphère de travail suscitant la coopération entre les participants. C’est pour cela qu’une série de rencontres courtes entre tous les participants, une sorte de « Speed Dating », a été organisée afin que chacun puisse apprendre à connaître les autres en quelques minutes. Pour le second axe, touchant à la théorie et visant à sensibiliser les participants aux concepts basiques de la broderie, une courte présentation a été effectuée oralement. Le fil rouge de cette introduction a été préparé dans le diaporama en annexe. Finalement, le troisième axe se basait sur l’apprentissage pratique, à savoir la prise en main du logiciel et la création de dessins vectoriels.
Choix du sujet
Le thème devant guider la création de l'illustration et sa transformation en élément de broderie serait : “Rendre la Suisse meilleure avec une broderie”.
Recrutement des participants
Durant le recrutement des participants, le paramètre le plus important était que ces derniers n’aient pas d’expérience préalable dans le domaine de la BAO. De plus, il fallait que le groupe soit hétérogène, afin d’observer l’apprentissage et la coopération entre différents profils. Nous avons ciblé trois groupes : des migrants, des jeunes et des seniors.
Six migrants, contactés personnellement par un des membres de notre groupe, avaient annoncé leur présence, mais seulement deux ont finalement pu venir.
La communauté des jeunes a été la mieux représentée. Une fois de plus, certaines personnes n’étaient pas disponibles à la dernière minute et nous avons dû solliciter nos réseaux personnels pour combler cette lacune. Résultat, sept jeunes gens ont pu participer à l’atelier. Parmi eux il y avait une seule femme.
Quant au public des seniors, leur mode de recrutement a été différent. Le flyer d’information sur l’atelier a été divulgué par messagerie électronique à six associations regroupant des seniors afin de leur demander de l’aide pour recruter des volontaires. Malheureusement, aucune de ces démarches n’a abouti, raison pour laquelle nous n’avons finalement pas pu compter sur ce public dans notre atelier.
Préparation du matériel
Premièrement, il était nécessaire de trouver un lieu pour mener l’atelier. Une salle nous a été prêtée par la maison de quartier des Eaux-vives pour cette occasion.
Pour la réalisation du projet, nous avons préparé un équipement spécifique :
- Ordinateurs avec le logiciel Stitch Era, chargeurs et souris (empruntés au TECFA)
- Vidéo-projecteur
- Des rallonges électriques
- Un haut parleur
- Des exemplaires de broderies réalisées au préalable par nous-mêmes
Par conséquent, chacun des participants avait à sa disposition un ordinateur avec les logiciels nécessaires, ainsi que l'accès à une connexion wifi disponible dans le local.
Finalement une petite collation était prévue. A cette fin, nous avons acheté quelques boissons et de la nourriture.
Observations durant l’atelier
Pendant l’atelier, en plus d’aider les participants à avancer dans leurs projets respectifs, une partie des organisateurs s'est s'occupée à observer les processus d’apprentissages, les réactions et les interactions, ainsi que les difficultés rencontrées par les participants. Pour cela, nous avions créé une grille d'observation.
Entretiens compréhensifs semi-dirigés
Basé sur une liste de questions que nous avions élaborée, un interview a été effectué avec chaque participant à la fin de l’exercice.
Public
Le public présent était composé de personnes entre 15 et 30 ans, sans expérience dans le domaine de la broderie digitale et avec peu ou quelques notions basiques dans le domaine du graphisme. En somme, neuf personnes avec des profils différents (genre, âge, degré d’instruction, parcours professionnel, nationalité) ont participé à cet atelier d’une durée de quatre heures.
Pour organiser et animer cet atelier, nous étions trois étudiants du cours STIC IV.
Organisation et déroulement de l'atelier
Une fois la date de l’atelier fixée au samedi 13 janvier 2018, nous avons effectué plusieurs démarches pour la recherche d’une salle et pour le recrutement des participants. À cette fin, nous avons créé un flyer expliquant le but de notre atelier.
Nous avons ainsi obtenu gratuitement le prêt d’une salle (cf. la photo ci-après) pouvant accueillir douze personnes, avec une grande table unique et des chaises disposées les unes à côté des autres, très rapprochées. Nous disposions encore d'un flip chart et d'un accès au wifi de l’établissement. La configuration de ce lieu et du mobilier présent répondait parfaitement à notre besoin d’un espace favorisant la convivialité et les échanges.
Dans notre planification du déroulement de l’après-midi, nous avions envisagé de partager temporellement l’atelier en deux parties et d’offrir une collation pendant cet intervalle. Celui-ci avait pour but de permettre aux participants et aux animateurs de se retrouver autour d’une table de façon conviviale, en dehors des écrans des ordinateurs.
Déroulement
14h00 - 14h15 → Bienvenue et introduction à notre projet
Durant cette 1re partie, nous avons présenté notre projet de création de travaux de broderie avec le logiciel Stich Era. Pour ce faire, nous avons projeté avec le beamer un diaporama contenant toutes les informations nécessaires. Nous leur avons demandé de signer individuellement une lettre de consentement de participation à une recherche. En outre, nous avons présenté une vidéo (3’25”) sur le fonctionnement de la machine à broder réalisée à partir d’un travail élaboré par une des organisatrices avec la brodeuse disponible au TECFA. En l’absence de la machine réelle, ce film avait pour but de leur montrer son fonctionnement, les bobines de fil des couleurs disponibles, le mouvement des bras et des aiguilles et le résultat final obtenu. Nous avons aussi fait circuler deux de nos exemplaires de broderie, pour qu’ils puissent voir à quoi ressemble un produit fini.
14h15 - 14h30 → Présentation du groupe
Pour créer des conditions favorisant l’échange entre les participants, nous avons conçu une activité de présentation entre pairs, ce que nous avons appelé notre "Speed Dating". Chaque personne présente a reçu une grille de présentation contenant les prénoms de toutes les autres personnes, participants et organisateurs confondus. Deux à deux, nous devions discuter brièvement et trouver un point en commun entre nous, et ce en moins de 1 minute.
14h30 - 15h30 → Introduction au logiciel
L’un des étudiants a effectué une introduction au programme Stich Era. En utilisant son propre ordinateur et le projecteur, il a fait des démonstrations nécessaires à l’apprentissage des trois étapes ci-dessous :
- Recherche web d’une image SVG
- Importation de l’image dans Stich Era
- Travail de dessin vectoriel sur cette image en tant que broderie
A cette fin, nous avons créé un tutoriel de l'atelier décrivant toutes les étape. Ce document a été imprimé en trois exemplaires et distribué uniquement aux étudiants animateurs. Lors de cette introduction, un étudiant faisait la démonstration tandis que les deux autres tournaient autour des participants pour aider ceux qui étaient en difficulté.
15h30 – 16h00 → Pause
Nous avions prévu un moment de pause dans l’atelier pour deux raisons principales : créer un espace de convivialité entre les participants autour de la table où se trouvait une collation et couper l’activité informatique en deux parties. Dans la 1re moitié, nous avons donc effectué l’introduction à l’atelier, les présentations entre les pairs et le tutoriel de présentation du logiciel.
16h00 - 18h00 → Reprise des activités
En 2e partie, faisant suite à l’initiation préalable sur l’utilisation du logiciel, nous avons laissé les participants créer eux-mêmes leurs illustrations et les transformer en élément de broderie sur un thème imposé.
Cette partie a commencé avec une vidéo (2’55’’) d’un reportage de la RTS montrant le nouvel essor de la broderie assistée par ordinateur (BAO) au Sénégal.
Après cela, les participants ont reçu la consigne de l’activité attendue : dans le logiciel Stich Era, réaliser une illustration configurée pour la machine à broder avec le thème “Rendre la Suisse meilleure avec une broderie”.
Les neuf participants ont donc commencé à travailler sur ce thème. Certains se sont mis spontanément en duo sur un seul ordinateur pour faire ce travail. D’autres ont opté pour travailler individuellement. Les trois étudiants tournaient autour des participants pour les aider et répondre à leurs questions si nécessaire.
Cette partie n’était pas limitée dans le temps. Les participants seraient libérés une fois leurs travaux terminés. En l'occurrence, tous les participants ont fini leurs travaux dans un laps de temps allant de 1h00 à 1h40 de travail.
Fin du travail (participantes)
Lorsque les participants terminaient leur tâche, ils étaient conviés à répondre à un questionnaire qui clôturait l’activité. Il s’agit d’un questionnaire compréhensif semi-directif contenant neuf questions leur permettant d’évaluer l’activité et leur participation à l'atelier. Parmi les neuf participants, huit ont été interviewés. Le 9e a souhaité être exempté de cette tâche car il avait mal à la gorge.
Ces interviews ont une durée entre 3’30” et 6’30”. Selon l’étudiant qui menait les entretiens, ceux-ci ont été enregistrés avec un dictaphone numérique ou une application spécifique sur smartphone. Ces interviews ont été transcrits ultérieurement.
Fin du travail (étudiants)
Une fois les participants partis, les étudiants se sont occupés du rangement et du nettoyage de la salle et du rangement de l'équipement devant être repris par les étudiants. Cette étape s’est clôturée à 18h00.
Analyse de l'observation des activités
Durant les activités de l’atelier, des observations ont été effectuées sur les axes suivants : réussites, difficultés rencontrées et commentaires globaux. L’objectif était de recueillir des données pouvant servir à déterminer l’expérience d’apprentissage des participants et évaluer les performances ou les acquis de ces derniers par rapport aux différents aspects du processus. Une grille d’observation, créée au préalable, a guidé ce travail.
Pendant la première partie, soit l'introduction théorique et la prise en main du logiciel, certains participants décrochait et n’arrivaient pas à suivre les explications et/ou reproduire les manipulations. Dans ce cas de figure se trouvaient particulièrement les participants n’ayant pas d’expérience préalable avec des logiciels de dessin vectoriel. Toutefois, au fur et à mesure du déroulement des activités, les étudiants se sentaient plus à l’aise avec l’outil et posaient des questions aux animateurs ou aux camarades pour pouvoir continuer leurs travaux. Certains, plus curieux sur le plan du logiciel, essayaient de l’explorer par eux-mêmes, en testant par initiative personnelle différentes fonctionnalités.
Nous avons aussi remarqué que l'introduction au logiciel, bien que basée sur un tutoriel préparé et testé à l’avance, n’a pas fonctionné comme escompté. Un étudiant a effectué la démonstration des étapes à l’aide du projecteur, pendant que les participants étaient censés les reproduire sur leur ordinateur. En raison des difficultés individuelles et du fait que le groupe était hétérogène en termes de maîtrise d’outils informatiques, la démonstration était souvent entrecoupée pour donner du temps aux retardataires de rattraper l’étape en question du tutoriel. Deux étudiantes restaient à disposition des participants pour les aider dans cette démarche, ce qui a fait que presque tous en sont arrivés au même point.
D’autre part, au vu de ces difficultés, nous n’avons pas pu couvrir tout ce qui était prévu dans le tutoriel. Ceci n’a pourtant point affecté la suite de l’atelier, car les fonctionnalités principales étaient prévues en début du tutoriel, et celles-là ont été abordées.
Puis, en 2e partie de l’atelier, le focus a été mis sur la réalisation d’une illustration sur le thème proposé aux participants : "Rendre la Suisse meilleure avec une broderie". Dans cette phase, les participants étaient libres d’entamer leurs travaux sous forme individuelle ou en coopération. Parmi les 9 participants, 4 ont travaillé individuellement et 5 ont échangé spontanément des idées, des avis ou des pratiques. Nous avons vu surgir notamment 2 binômes travaillant chacun sur une seule image. Un de binômes s’est formé rapidement parce qu’un ordinateur présentait des problèmes et les 2 participants se connaissaient déjà. L’autre binôme s’est formé avec 2 participants qui ne se connaissaient pas préalablement.
Durant l’atelier, nous avons également observé une montée de prise d’initiative lorsqu’il s’agissait de demander de l’aide pour une quelconque problématique, soit technique, soit créative. Ainsi, la coopération a été souvent initiée par les participants eux-mêmes, comme cela a été le cas de certains participants qui ont voulu partager leur idée afin de permettre aux autres d’y trouver de l’inspiration.
En ce qui concerne les difficultés rencontrées, il s’avère que la grande complexité résidait dans la manipulation des vecteurs dans le programme Stitch Era. Et ce, sans oublier les nombreuses fermetures inopinées du logiciel, survenues d'ailleurs aussi en raison d’une mauvaise qualité de la diffusion du réseau par le wifi. Avec certains participants, nous avons dû revoir leurs ambitions à la baisse, en optant pour des dessins plus simples.
Malgré les difficultés techniques et les « plantages » du programme, les participants sont tous allés au bout de leur projet, avec une plus grande ou plus petite assistance des étudiants, selon le cas. Nous avons décelé alors une motivation certaine de découvrir leur dessin sous la forme d’une broderie, comme l’a souligné un participant lors de l’entretien final : « La transformation d’un dessin vectoriel en une image de broderie, ou qui va potentiellement devenir de la broderie, c’est vraiment très intéressant ! »
Somme toute, d’une manière générale les participants ont plutôt bien réussi les activités demandées. Surtout si nous prenons en compte le fait que certains n’avaient aucune expérience dans ce domaine. Cette réussite a été confirmée par le beau résultat des produits une fois brodés. Bien qu’ayant été réalisés avec l’aide des animateurs, leurs illustrations sont d’un niveau très correct. Et tous sont arrivés au bout de leur projet.
La dernière partie, qui a consisté à transmettre aux participants leur produit brodé, a aussi fait l’objet d’une analyse subjective. Pour les trois d’entre eux qui n’ont pas souhaité que l’on brode directement sur un habit, nous avons réalisé la broderie sur des lingettes. Leurs réactions n’ont pas été spécialement enthousiastes au moment du rendu, et nous pensons qu’ils ne voyaient pas un grand intérêt d’avoir un produit brodé selon leur propre création. Ou du moins pas dans ce cadre-là. Concernant les autres, nous avons pu constater un engouement le jour de l’atelier, lorsqu’ils ont souhaité avoir leur broderie sur un habit spécifique. Deux nous ont même directement laissé des vêtements qu’ils portaient ce jour-là - une veste et un bonnet - et trois autres ont demandé que l’on brode leurs dessins sur des habits - deux t-shirts et un bonnet - que nous avons été acheter le lundi qui a suivi l’atelier. Il peut aussi être intéressant de relever que ce sont les quatre plus jeunes participants qui ont été les plus contents de recevoir leur exemplaire brodé. À ce propos, il aurait été pertinent de réaliser un deuxième entretien avec chaque participant après leur avoir remis les broderies, car certaines réactions nous laissent croire que, maintenant qu’ils ont pu voir le résultat concret de leur travail, ils s’appliqueraient plus la prochaine fois.
Observations pendant l'atelier
Partant d'une grille d'observation élaborée pour l'occasion, nous avons inscrit nos remarques concernant les étapes principales de la prise en main du logiciel de broderie (1re phase) et du travail autonome de création d'une illustration dans le programe Stich Era (2e phase).
Recherche d’image sur le site openclipart.org
(Durant le tutoriel)
- Réussi/ Pas réussi
Réussi par tout les participants, mais certains ont eu besoin d’aide pour le faire.
- Difficultés
Utiliser les bons mots en tant que référence pour trouver les bonnes images. Par exemple, un participant qui ne parlait pas bien le français a effectué sa recherche en anglais.
- Commentaires globaux
Cette étape n’a pas été particulièrement compliquée, cependant certains ont passé pas mal de temps à rechercher des images. On se prend vite au jeu de découvrir l’image qui nous plaît le plus.
Prise en main du logiciel
(Durant le tutoriel et en phase de création autonome de l’illustration)
- Réussi/ Pas réussi
Pour une partie des participants, la prise en main du logiciel était relativement rapide. Toutefois, pour quatre d’entre eux, cette partie a été relativement compliquée, et nous étions très souvent sollicités pour les aider. Dans l’ensemble, la présentation sur beamer qui a précédé cette activité a servi à guider les participants vers l'autonomie.
- Difficultés
Fermetures inopinées du logiciel, navigation pas évidente entre broderie et vecteur, touche “retour/annuler” ne fonctionnant pas toujours correctement, certains participants n’avaient presque jamais utilisé de souris.
- Commentaires globaux
En général, chacun des participants a pu prendre en main, selon ses compétences, le logiciel Stitch Era. Ainsi, chacun est parvenu à un résultat final satisfaisant.
Importation de fichiers
(Durant le tutoriel et en phase de création autonome de l’illustration)
- Réussi/ Pas réussi
Tous les participants ont effectué au moins une importation d’image. Certains ont dû s’y prendre à plusieurs reprises, selon la complexité de l’image svg.
- Difficultés
Certains participants ont choisi des dessins svg trop complexes. Ceci a provoqué un échec lors de l’ouverture dans le programme ou de l’utilisation de quelques fonctionnalités, comme « Art to Stitch », ainsi que des ralentissements assez conséquents dans le travail avec l’image. Ils ont ainsi compris qu’une image moins complexe était plus facilement manipulable dans Stitch Era.
- Commentaires globaux
Pour les participants les moins à l’aise avec ce type de logiciel, c’est dans ce domaine qu’il y a eu le plus de difficultés. Toutefois, dès qu’ils ont compris les limites et le fonctionnement du programme, ils ont commencé à chercher des images plus adaptées.
Procédure de vectorisation
(Durant le tutoriel et en phase de création autonome de l’illustration)
- Réussi/ Pas réussi
Tous les participants ont réussi à vectoriser et à transformer leur dessin en broderie.
- Difficultés
Une des difficultés était la manipulation des vecteurs dans Stitch Era.
- Commentaires globaux
Le terme “vectorisation” portait à confusion pour certains participants, qui n’ont pas réussi à faire la distinction entre les termes "vector" et "broderie".
Travail collaboratif
(Pendant la phase de création autonome de l’illustration)
- Réussi/ Pas réussi
Le travail collaboratif a été d’abord incité par les organisateurs à travers une activité sociale, la présentation du style "Speed Dating". Cela a poussé les participants à communiquer davantage entre eux lors des activités. Certains participants ont par exemple exposé leur idée autour du thème donné, afin d’aider les autres à trouver de l’inspiration.
- Difficultés
Aucune difficulté n’a été remarquée dans la coopération, simplement certains participants étaient plus enclins à le faire que d’autres.
- Commentaires globaux
En général, les participants s’entraidaient lorsqu’il s’agissait de résoudre des problématiques, de demander une information ou encore de partager une idée. Une atmosphère positive a permis un travail collaboratif naturel et de qualité.
Création des produits finaux
(Pendant la phase de création autonome de l’illustration)
- Réussi/ Pas réussi
Ce sont les étudiants qui ont réalisé les broderies finales. Chacun des participants, parfois en groupe, a pu produire un visuel prêt à être brodé.
- Difficultés
Etant donné qu’il n’y avait pas de machine à broder sur place, c’était difficile pour certains participants de visualiser leur travail. Pour cette raison, une vidéographie sur le fonctionnement de la machine à broder du TECFA a été présentée.
- Commentaires globaux
En général, tous les participants ont été très intéressés de découvrir le résultat final : leurs illustrations brodées. A cette fin, certains ont remis un de leurs éléments vestimentaires afin d’y voir imprimer leur travail.
Produits finaux
Voici les illustrations et les produits brodés résultant de cet atelier.
Analyse d’entretiens
Nous avons mené 8 entretiens individuels avec les participants. Ils ont fait l'objet d’une transcription afin de faciliter l’analyse des données. Cette dernière a été organisée selon les thématiques suivantes :
- La motivation des étudiants à apprendre la broderie
- La coopération des étudiants pendant l’atelier de broderie
- La satisfaction des étudiants sur leur apprentissage et sur le résultat de leur broderie
- L’utilité de l’atelier
De plus, une question initiale a servi à définir le niveau d’expérience des participants dans le domaine de la broderie. Les résultats montrent que les participants n’avaient aucune ou très peu d’expérience dans ce domaine : « Alors la broderie je ne connais pas. En tout cas pas l’application de ce genre. ». Et encore mois dans le domaine de la fabrication digitale : « Quand on disait broderie je pensais surtout à broderie à la main. Et je ne pensais pas à tout l’aspect technologie qu’on pouvait y apporter avec les ordinateurs et tout ça. ».
Par contre, certains ont évoqué avoir eu des grand-mères qui en faisaient, qu’ils avaient vu faire : “Après, j’ai ma grand-mère, quand j’étais tout petit, qui en faisait, qui brodait, qui avait la machine à la maison, qui faisait de petites choses quand on était petits. Mais je ne me suis jamais amusé avec tout ça.” Finalement, un participant avait une petite notion sur le sujet : “Juste que j'ai travaillé dans une fondation, et au rez-de-chaussée il y avait une tisserande. Donc elle faisait du tissage et puis elle m'a expliqué la différence entre le tissage, qui se fait de soi-même, et la broderie, qui doit se calquer sur un autre tissu.”
La suite des analyses a été axée sur les attitudes et les perceptions de l’apprentissage vis-à-vis de cette matière.
Motivation
En général, la plupart des participants ont répondu positivement lorsqu’il leur a été demandé s’ils referaient une expérience de la sorte. Cela nous indique qu’il existe une certaine attitude positive vis-à-vis de ce type d’apprentissage. Un des participants a mis en avant les différents aspects qui l’ont motivé lors de ce cours : « C’est un travail en groupe. On peut s'entraider. C'est très convivial et du coup je pense qu'on apprend beaucoup mieux de cette façon que si on le faisait tout seul chez soi ou à travers un cours. ». L’organisation du cours, sous forme d’atelier interactif, est donc un paramètre qui influe sur l’intérêt des participants vis-à-vis d’une telle activité et sur leur motivation à apprendre.
Un autre participant a considéré l’atelier et la manière dont il s’est déroulé « comme une sorte de petite aventure, de découverte », dans la mesure où plusieurs axes d’apprentissage ont été abordés, « la technique, la discussion». Le fait que l’atelier a permis d’aborder autant l’aspect théorique que l’aspect pratique, puis d’obtenir avec la broderie un résultat de cet apprentissage, a peut-être participé à cette évaluation. Cela est aussi confirmé par un troisième participant, qui a mis en avant la dynamique du cours et l’idée qu’il n’y a pas eu d’attente : « Il n’y a pas vraiment eu de moment ennuyant…. Il n’y a pas eu de moment où on a dû attendre ou quoi que ce soit, tout le monde avance à son rythme un peu. »
D’autres ont évoqués des motivations plus personnelles, comme la possibilité de fabriquer la broderie pour leurs enfants. Ainsi, ils visualisaient déjà comment utiliser le savoir acquis dans la vie quotidienne.
Pour finir, les difficultés liées à l’utilisation du logiciel ont été soulevées. Nous pouvons tout a fait imaginer que le fait de perdre son travail en devant “switcher entre plusieurs ordinateurs”, comme l’explique l'un des participants, a pu engendrer une baisse de motivation.
Coopération
En ce qui concerne les interactions entre les participants, il s’avère que, dans notre contexte, la coopération a été facilitée par les organisateurs à travers l’activité dite de « Speed Dating » : « Le travail de groupe était bien réfléchi dans le sens où il y avait des activités déjà pour que nous on fasse connaissance avec les autres qui font les mêmes travaux que nous ». Cela a ainsi permis aux étudiants de briser la glace.
Un autre paramètre qui a aidé l’aspect collaboratif, c’est le fait que certains participants se connaissaient avant le cours.
Finalement pour ceux qui ne se connaissaient pas, un des participants a mis en avant que l’environnement de travail organisé sous telle forme était aussi un facteur positif de coopération « vu que c’est une salle comme ça, où on est les un en face des autres, ça permet vraiment d’avancer ensemble au cas où on bloque, c’est toujours un gain de temps qui permet d’aller plus loin dans la créativité».
Satisfaction
La satisfaction a été mesurée à travers, d’une part, la question portant sur la satisfaction du résultat fini - plus précisément de l’objet simulé sur le logiciel -, et de l’autre, à travers une observation menée lorsque le résultat brodé a été délivré aux participants.
Les participants ont généralement été satisfaits de l’atelier, plus particulièrement sur le laps de temps qu’ils avaient à disposition : « Je trouve qu'il est plutôt bien abouti en quelques heures », « C’est sympa pour le temps qu’on a eu ». Cela suggère que la fabrication digitale permet en peu de temps d’obtenir un résultat abouti, influençant positivement le facteur de la satisfaction. De plus, ils ont pu se projeter sur les possibilités créatives de ce type de broderie : « Je pense qu’on peut faire des choses beaucoup plus complexes encore, mais ça nécessite plus de temps. »
La convivialité a aussi été soulignée par certains : “Très...très convivial ça s’est bien passé. Chouette j’ai eu des collègues intéressants et puis euh c’est une bonne expérience je pense.”
L’alternance entre théorie et pratique a aussi globalement été apprécié : “L’atelier s’est très bien déroulé, c’était très bien organisé, j’ai appris plein de choses. C’était très intéressant dans la mesure où il y a autant de théorie que de pratique.”
Finalement, leurs opinions sur leur dessin ont témoigné, en général, d’un haut degré de satisfaction C’est pas mal (rire) ! Ouais, c’est pas mal. C’est assez simple, mais je trouve que c’est assez percutant, on va dire.”, “Enfin, je trouve qu'il est plutôt bien abouti en quelques heures. (...) Je pense qu’on peut faire des choses beaucoup plus complexes encore, mais ça nécessite plus de temps.”, “Du coup maintenant j’ai finalisé. Je suis assez content du résultat.”
Utilité
Deux types d’utilités ont été remarquées lors des entretiens, le « savoir travailler avec un logiciel » et l’« utilité pragmatique » – la possibilité d’imprimer les dessins sur les vêtements, la concrétisation des savoirs dans la vie réelle. Nous remarquons, à travers les entretiens, que l’apprentissage de Stitch Era a été plus valorisé que la broderie elle-même.
Conclusion
Dans cette expérience, nous avons utilisé le design et la fabrication - plus précisément la broderie assistées par ordinateur (BAO) - comme médium pour l'enseignement du dessin vectoriel. L’objectif principal était de mesurer la motivation des participants, partant de l'hypothèse que le fait de pouvoir obtenir un produit final, ici une broderie, augmenterait leur motivation, leur perception concernant l'utilité du cours, influerait sur leur satisfaction et sur leur volonté à coopérer avec les autres participants.
Dans cette optique, nous avons conçu puis mené un atelier dont l'ambition était de faire coopérer des personnes issues de différents milieux sociaux selon la démarche suivante : créer une illustration sur un logiciel, puis les broder sur des produits (t-shirts, lingettes, etc.) qui leur seront ensuite donnés. À la fin de l’atelier, nous avons mené des entretiens visant à mesurer la motivation, la perception de l'utilité du cours, la satisfaction et la coopération des participants durant l’activité. Ainsi, la méthodologie utilisée était une approche basée sur l'observation et les entretiens, à savoir sur une perception subjective des participants.
Tout d’abord, il ne semble pas que les apprenants aient vraiment développé de nouvelles compétences face au logiciel, dans le sens ou ceux qui avaient déjà des bases en dessin vectoriel ont été très autonomes, et les autres sont restés assez dépendants de notre aide, ce qui paraît normal au vu de la courte durée de l’opération. Par contre, sans pouvoir le mesurer précisément, nous pensons que l’obtention d’un produit tangible qui découle de la phase créative augmente l’engagement de l’apprenant, mais seulement si ce produit fait du sens pour lui. Des facteurs comme la convivialité, le temps à disposition et la disponibilité des encadrants sont aussi importants pour la satisfaction des apprenants. Et pour la coopération, il est à noter qu'une activité initiale scénarisée, permettant de faciliter le contact entre les participants apporte de meilleures résultats quant à la dynamique coopérative.
Un dernier point constaté est l’impact positif que la BAO semble avoir eu sur la représentation de l’articulation entre théorie et pratique chez les apprenants. Élément crucial pour une appréhension correcte du savoir.
Cette première expérience nous a permis d’avoir une vision plus concrète des possibilités offertes par la fabrication digitale dans l’apprentissage. Il serait intéressant de mener d'autres travaux similaires pour approfondir certains aspects qui y ont été soulevés. Notamment les liens entre création et dynamique de groupe - l’un favorisant l’autre, selon nous - et les effets motivationnels que peuvent avoir la production d’un objet tangible qui fait sens aux yeux des participants. D’ailleurs, il serait intéressant d'explorer si l'impact aurait été différent ou amplifié dans un contexte où les machines sont accessibles aux participants, car nous supposons que cela aurait eu un effet favorable sur les attitudes motivationnelles.
Plusieurs scénarisations différentes pourraient permettre d’approfondir les aspects que nous avons relevés. Une idée serait de mener une expérience avec des groupes de contrôle, où certains verraient leurs créations brodées, et d’autres pas. Nous pourrions également évaluer l'effet de la coopération, avec un groupe où les participants doivent choisir un sujet personnel pour élaborer leur illustration et un autre avec un sujet plutôt neutre et une scénarisation qui pousse aux échanges, comme dans notre cas.
Ainsi, nous constatons qu'il reste encore de nombreux éléments à clarifier concernant l'utilisation de la fabrication digitale dans un contexte pédagogique. De plus, il s'avère qu'il existe une certaine méconnaissance vis-à-vis de l'utilité de la fabrication digitale dans un processus d'apprentissage, sachant qu'elle a déjà un impact sur les compétences pratiques et créatives. De ce fait, existe-il un avenir de la fabrication digitale dans le système éducatif ?
Remerciements
Nous tenons à remercier la Maison de quartier des Eaux-Vives, qui nous a gracieusement prêté la salle ayant accueilli l'atelier; Monsieur Stéphane Morand, qui a préparé les ordinateurs du TECFA pour notre atelier et nous a assistés avec bienveillance lors de la longue séance de brodage des produits de l'atelier, et le Prof. Daniel Schneider, qui nous a accompagnés dans ce projet et nous a donné des conseils précieux.
Annexes
La présentation PowerPoint d’introduction à notre projet et à la broderie assistée par ordinateur (BAO)
La grille d'observation ayant guidé l'observation des participants durant l'atelier
La liste des questions créée pour la conduite des interviews après l'atelier
Le flyer présentant notre projet et l'atelier
La lettre de consentement de participation à une recherche, signée par les participants
La vidéo sur le fonctionnement de la machine à broder du TECFA
La grille de présentation des personnes présentes à l'atelier
Le tutoriel des étapes informatiques prévues pour l'atelier
La vidéo de la RTS montrant la BAO au Sénégal
Le recueil des transcriptions des 8 interviews
Sitographie
- ↑ https://didapro.me/2010/06/24/s%E2%80%99il-te-plait-dessine-moi-un-mouton/
- ↑ Pour (re)voir les images et le texte de cette rencontre insolite entre le Petit Prince et l’aviateur échoué dans le désert, consulter cette page web.
Bibliographie
- Blikstein, P. (2013). Digital Fabrication and ’Making’ in Education: The Democratization of Invention. In J. Walter-Herrmann & C. Büching (Eds.), FabLabs: Of Machines, Makers and Inventors. Bielefeld: Transcript Publishers.
- Computerized embroidery in education. (s. d.). Dans Edutech Wiki. Consulté le 10 janvier 2017 sur https://edutechwiki.unige.ch/en/Computerized_embroidery_in_education
- Lallemand, C. (2016). Observation, consulté le 08.12.2017 sur http://tecfa.unige.ch/tecfa/maltt/ergo/articles/P1/observation_(Lallemand2016).pdf
- Lallemand, C. (2016). Entretien, consulté le 08.12.2017 sur http://tecfa.unige.ch/tecfa/maltt/ergo/articles/P1/entretien_(Lallemand2016).pdf
- Wilson, C & Flicker, S (2014) Arts-based action-research. In Coghlan, D. & Brydon-Miller, M. (2014). The SAGE encyclopedia of action research (Vols. 1-2). London, : SAGE Publications Ltd doi: 10.4135/9781446294406, p. 58-61.
- Barwell. I (1986). How Does Art Express Emotion?. The Journal of Aesthetics and Art Criticism, Vol. 45, No. 2, p. 175-181.