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Les causalités entre des variables théoriques n’ «existent» pas en soi, elles peuvent uniquement ''être observées indirectement''. Les hypothèses théoriques doivent être opérationnalisées, comme nous pouvons le voir dans l’exemple suivant. | Les causalités entre des variables théoriques n’ «existent» pas en soi, elles peuvent uniquement ''être observées indirectement''. Les hypothèses théoriques doivent être opérationnalisées, comme nous pouvons le voir dans l’exemple suivant. | ||
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Imaginez une question de recherche dont le but est de déterminer s’il existe un lien de causalité entre la formation d’un enseignant et la qualité de son enseignement. Dans le domaine de la recherche empirique, une telle question de recherche serait formulée comme une hypothèse qui peut alors être testée. | Imaginez une question de recherche dont le but est de déterminer s’il existe un lien de causalité entre la formation d’un enseignant et la qualité de son enseignement. Dans le domaine de la recherche empirique, une telle question de recherche serait formulée comme une hypothèse qui peut alors être testée. | ||
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* Toutefois, cette opérationnalisation est insuffisante. A un certain stade, nous devons être plus précis. Par exemple, la «quantité de formation» sera mesurée en «nombre de jours de formation suivis en l’espace d’une année». | * Toutefois, cette opérationnalisation est insuffisante. A un certain stade, nous devons être plus précis. Par exemple, la «quantité de formation» sera mesurée en «nombre de jours de formation suivis en l’espace d’une année». | ||
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Version du 1 avril 2015 à 19:34
Manuel de recherche en technologie éducative | |
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⚐ à améliorer | ☸ débutant |
⚒ 2015/04/01 | ⚒⚒ 2015/03/27 |
Introduction
«L’élaboration et la présentation de la problématique constituent le premier point d’une recherche. Le deuxième point portera, d’une part, sur la définition du sens particulier des mots essentiels ou concepts clés contenus dans la formulation du problème ou de la question générale de recherche et, d’autre part, sur la présentation critique des principales théories, des résultats de recherches menées par d’autres auteurs qui permettront de défendre, d’illustrer et d’apprécier les réponses auxquelles la recherche aboutit ou pense aboutir.
Le deuxième point d’une recherche porte donc sur deux dimensions :
- la définition des mots essentiels ou concepts clés ;
- la présentation critique des principales théories et des résultats de recherches menées par d’autres auteurs sur le même thème ou sur des thèmes voisins.
La définition des concepts clés et la revue critique de la littérature doivent être conçues et présentées de manière à constituer un ensemble cohérent, un système de référence théorique propre à la recherche et sur laquelle elle s’appuiera surtout lors de l’appréciation et de l’interprétation des réponses ou éléments de réponse apportés aux questions posées. Concevoir ces deux dimensions comme un système, un ensemble cohérent, nécessite une construction progressive et non une simple juxtaposition de définitions, de théories et d’auteurs.
L’objectif principal de la définition des mots clés, concepts clés ou analyse sémantique est de dégager leurs sens précis, de constituer et exposer le lexique ou dictionnaire propre servant de base de langage de la recherche entreprise. En effet, l’expérience prouve que les mots prennent un sens et des significations particuliers en fonction des contextes dans lesquels ils sont utilisés. D’o la nécessité de clairement délimiter le sens des concepts clés ou le sens qu’ils ne prennent pas dans le contexte de la recherche entreprise.
La définition des concepts clés
L’effort de précision, de choix de définition ou de redéfinition du sens particulier que les mots clés prennent dans la recherche en cours impose de consulter plusieurs sources. Cet effort de précision se fonde principalement sur la comparaison des significations qu’un mot ou un concept prennent dans ces sources différentes consultées. Les dictionnaires, les vocabulaires ou dictionnaires spécialisés, les définitions ou redéfinitions opérées par d’autres auteurs dans le compte-rendu de leur recherche sont habituellement les principales sources d’inspiration et de référence à partir desquelles peuvent être définis ou redéfinis les concepts centraux d’une recherche. La consultation de ces sources est donc déjà en soi une occasion de procéder à une revue critique de la littérature ou recension critique de la littérature.
Si des dictionnaires comme le Larousse encyclopédique, le Littré, le Robert, etc., peuvent servir de sources d’amorçage, il est indispensable de confronter les définitions qu’ils proposent à celles des dictionnaires et vocabulaires spécialisés. Par exemple: le Dictionnaire actuel de l’éducation de Renald Legendre (Montréal : Editions Guérin / Paris : Editions Eska, 3ème édition 2005). S’ils ne se rangent pas réellement dans la catégorie des dictionnaires ou vocabulaires spécialisés, certaines sources et certains auteurs n’en constituent pas moins des sources de référence lexicale dont la consultation est nécessaire pour mieux circonscrire le sens particulier ou actuel de certaines notions dans un domaine comme l’éducation. L’Introduction à la recherche en éducation de Thierry Karsenti et Lorraine Savoie-Zajc (Sherbrooke : Editions du CRP, 2000) contient un glossaire inséré après la conclusion. Certaines publications des institutions de coopération internationale comme l’OCDE, le PNUD, la Banque Mondiale, l’UNESCO contiennent généralement des lexiques dont la consultation est souvent utile.
Il s’avère généralement indispensable de confronter les définitions proposées dans ces dictionnaires usuels, vocabulaires spécialisés, lexiques ou glossaires annexés à des ouvrages par les définitions proposées directement dans des comptes rendus ou publications de recherche ou d’ouvrages généraux sur la recherche ou la méthodologie de la recherche. Les thèses de doctorat et les mémoires de maîtrise peuvent être rangés dans cette catégorie de sources à consulter pour définir ou redéfinir le sens des mots-clés d’une recherche entreprise.
En aucun cas, les définitions rencontrées dans ces différentes sources pour séduisantes qu’elles puissent être ne doivent être présentées les unes à la suite des autres, juxtaposées sans lien, sans critique et sans prise de position. Le souci constant de la définition des concepts clés doit être d’une part d’élaborer ou d’adopter une définition personnelle spécifique à la recherche entreprise, en la justifiant et, de l’autre, de proposer un ensemble lexical comprenant certes plusieurs entrées ou mot clés mais dont les définitions s’articulent les unes aux autres pour constituer un ensemble cohérent».
Cet extrait est tiré du cours Ingénierie de la formation rédigé par Prof. Hamidou Nacuzon SALL, Chaire UNESCO Sciences de l'éducation CUSE/FASTEF/UCAD-Dakar et équipe Labo CUSE, pp. 9-10.
La revue de littérature
«Un domaine de recherche renvoie souvent à une discipline. Une recherche peut avoir une orientation psychologique, sociologique, économique, historique, pédagogique, didactique, etc. D’o l’utilité, en fonction de l’envergure et de l’objectif de la recherche entreprise, de consulter les travaux les plus récents dans le domaine ou dans des domaines connexes.
Le principal objectif de la revue critique de la littérature est de situer, d’insérer, d’affilier une recherche dans un courant théorique élaboré par d’autres recherches et de prendre position de manière critique par rapport à leurs conclusions. Comme pour les concepts clés, la recension critique de la littérature rapproche et compare les sources (ouvrages) consultées, en vue d’élaborer et adopter un cadre de référence cohérent et, si possible, exhaustif. Elargissement critique ou restriction également critique d’idées avancées par d’autres auteurs, le cadre de référence théorique campe la position du chercheur sur le sujet ou thème abordé. Le chercheur y expose ses idées, conceptions et points de vue personnels en les argumentant à partir des sources consultées, de l’adhésion aux idées qui y sont défendues, des réserves qu’elles suscitent en lui et des dépassements qui lui paraissent nécessaires. Cette opération complexe de prise de position peut être entraînée par le fait que les auteurs cités n’ont pas pris connaissance de certains résultats de recherches disponibles ou les ont peu ou mal exploités, ou que ces résultats n’étaient pas disponibles. La critique des sources consultées et l’appel à leur dépassement, élargissement ou restriction peuvent aussi être liés au contexte spécifique de la recherche entreprise et dont certaines dimensions sont absentes ou ne sont pas présentes ou prises en compte dans ces sources». Cet extrait est tiré du cours Ingénierie de la formation rédigé par Prof. Hamidou Nacuzon SALL, Chaire UNESCO Sciences de l'éducation CUSE/FASTEF/UCAD-Dakar et équipe Labo CUSE, p. 11.
Les fonctions de la revue de littérature
La revue de la littérature remplit plusieurs fonctions, selon les moments de la recherche.
Moment | Fonction de la revue de littérature |
Au tout début, lorsque le chercheur a un intérêt de départ |
Comprendre comment le sujet a été abordé par le passé Comprendre les méthodologies de recherche privilégiées pour traiter le sujet Prospecter pour trouver des cadres analytiques qui pourraient convenir à la nouvelle recherche Affiner son intérêt de départ et le développer en problématique |
Une fois la problématique et les questions de recherche plus ou moins définies Exemple: projet de recherche / canevas de thèse |
Positionner sa problématique dans le champ de l’existant Identifier les cadres analytiques Choisir et justifier la méthodologie de recherche |
Dans le travail de recherche lui-même, la dissertation Exemple: thèse |
Choisir une stratégie pour donner forme à la revue de littérature et la justifier Partager avec les lecteurs ce que les autres chercheurs ont fait sur ce sujet de recherche Relier la présente recherche au dialogue qui a lieu dans la littérature sur le sujet en comblant les aspects inexplorés et en poursuivant les études déjà débutées Donner un cadre pour montrer l’importance de mener cette étude Donner des repères utiles pour une comparaison des résultats |
Après la thèse, lorsque l’on dissémine les résultats de l’étude Exemple: article dans un journal scientifique |
Forme condensée de l’étape précédente avec les mêmes fonctions |
«Autrement dit, au niveau du projet de recherche, la revue critique de la littérature sert à éclairer selon différentes perspectives le problème et la question générale de recherche formulés dans la problématique. En soulevant des questions, soit sur les résultats dont font état les ouvrages consultés soit sur des aspects, dimensions ou perspectives qu’ils n’ont pas abordés de manière explicite, l’éclairage théorique délimite une dimension ou une facette particulière du problème ou de la question générale dont traitera la recherche entreprise. En même temps qu’il précise l’aspect ou la dimension du problème ou de la question générale qui sera au centre de la recherche, l’éclairage théorique anticipe sur les résultats attendus et les explications possibles en leur formulant un cadre théorique propice à leur compréhension.
La revue critique de la littérature revient finalement à une analyse de contenu : analyse de contenu d’ouvrages, d’articles, de cassettes audio et vidéo, d’images et de films, d’affiches, de panneaux publicitaires, etc. Ces contenus sont actuellement de plus en plus disponibles sous format électronique sur Internet. L’analyse de contenu des sources auxquelles le chercheur se réfère a pour fonction principale de produire du sens pour circonscrire les limites à l’intérieur desquelles la recherche et les résultats qu’elle vise trouveront tous leurs fondements théoriques».
Cet extrait est tiré du cours Ingénierie de la formation rédigé par Prof. Hamidou Nacuzon SALL, Chaire UNESCO Sciences de l'éducation CUSE/FASTEF/UCAD-Dakar et équipe Labo CUSE, p. 11.
Formes typiques de revue de littérature
Cooper (2010) cité par Creswell (2014, p. 28) identifie quatre formes différentes de revue de littérature:
- Une intégration des travaux des autres chercheurs en les organisant de manière thématique et en mettant en avant les problèmes principaux;
- Une critique des travaux académiques antérieurs;
- Un pont entre différents sujets reliés;
- Une identification de questions et problèmes centraux dans un domaine donné.
Etapes
Selon la méthodologie de recherche, la revue de la littérature aura une place et une fonction différente dans l’étude. Indépendamment de ces différences, les étapes pour localiser et résumer les études existantes sur un sujet donné, peuvent se résumer comme suit. En effet, il s’agit de développer une stratégie pour accéder, évaluer et résumer la littérature qui comporte à la fois des articles de recherche sur le sujet et des articles conceptuels pour penser les sujets de recherche:
1) Identifier des mots clés. Ces mots clés peuvent émerger à la suite de lectures préalables et/ou durant l’identification d’un intérêt de départ;
2) A l’aide de ces mots clés, faire une recherche dans les bases de données (e.g. en bibliothèque, à l’aide de Google Scholar, dans des bases de données spécialisées, etc.). Pour l’aspect pratique, utilisez des opérateurs booléens pour effectuer une recherche fine: http://eduscol.education.fr/numerique/dossier/competences/rechercher/methodologie/syntaxe/interrogation-base ;
3) Identifier une cinquantaine d’articles et de livre traitant de votre sujet de recherche. Vérifiez que vous pouvez accéder à ce matériel et procurez-vous le;
4) Parcourir ce matériel initial dans le but de savoir si l’article en question contribuera de manière utile à votre compréhension de la littérature;
5) Durant ce processus d’identification de matériel utile, commencer à concevoir une carte de littérature ou un tableau à double entrée. Cette représentation visuelle permet de commencer à positionner votre recherche dans la littérature existante;
6) En parallèle de la conception de la représentation visuelle, commencer à écrire des résumés des articles les plus pertinents. Pour écrire ces résumés, pensez déjà à la forme de la revue de littérature que vous allez retenir. Pour l’aspect pratique, utilisez un traitement de texte pour rédiger ces résumés (e.g. open office, word, etc.) et constituez votre base de données d’articles pertinents dans un logiciel approprié (e.g. Endnote). Cela aura le mérite de vous générer une bibliographie automatiquement en fin de document et de vous permettre un accès facile à vos articles.
7) Assembler la revue de littérature en la structurant de manière thématique ou en fonction de concepts prépondérants. Finaliser en résumant les thèmes principaux et en indiquant en quoi votre recherche comble un vide, apporte une nouvelle réponse à une question déjà abordée, poursuit une étude, etc.
Comment sélectionner le matériel?
Il est important d’établir des priorités dans la recherche de littérature et de se demander quelle type de littérature doit être examinée et avec quel ordre de priorité. Pour établir ces priorités, voici quelques astuces:
- Si vous examinez un sujet pour la première fois et n’êtes pas du tout au courant de la recherche y relative, débutez avec de grandes synthèses telles qu’on les trouve dans les encyclopédies. Exemples:
- Karsenti, Savoie Zajc (2011). La Recherche en éducation: étapes et Approches. ERPI
- Depover, Karsenti, Khomis (2007). Enseigner Avec les Technologies: Favoriser les Apprentissages, Développer des compétences. Presses de l'Université du Québec
- Identifier les revues scientifiques qui traitent de votre sujet de recherche et 1) regarder la composition du comité éditorial pour positionner le caractère national ou international de la revue; 2) parcourir les articles les plus récents qui traitent de votre sujet de recherche. Se baser sur la bibliographie des articles ainsi que sur les numéros moins récents pour identifier d’autres articles d’intérêt.
- Identifier les livres reliés à votre sujet. Commencer par des monographies qui résument la littérature scientifique puis considérer des ouvrages entiers qui traitent d’un sujet spécifique (exemple: Henri, F. et Lundgren-Cayrol, K. (2001). Apprentissage collaboratif à distance: pour comprendre et concevoir les environnements d'apprentissage virtuels. Presses de l’Université du Québec).
- Continuer la recherche en regardant les actes de conférences récents sur votre sujet. Cela implique tout d’abord d’identifier les conférences qui traitent de votre sujet de recherche. Exemples:
- EIAH: Environnements Informatiques pour l'Apprentissage Humain
- EARLI: European Association for Research on Learning and Instruction
- EAPRIL: European Association for Practitioner Research on Improving Learning
En effet, c’est aux conférences que vous verrez les développements les plus récents de la recherche dans un domaine donné et dans les actes de conférence que vous les retrouverez consignés.
- Vous pouvez aussi consulter les thèses de doctorat qui ont été réalisées dans le domaine de votre sujet de recherche mais faites attention à la qualité de ces dernières qui varie énormément. En général, les résumés ou l’entièreté des thèses sont disponibles en ligne sur les archives ouvertes des universités respectives ou d’entités regroupantes.
Exemples:
- Archives Ouvertes de l’Agence Universitaire Francophone: https://www.archives-ouvertes.fr/
- Archives Ouvertes de l’Université de Genève: https://archive-ouverte.unige.ch/
Pour résumer, les articles de revues scientifiques sont un matériel facilement accessible (pour autant que vous ayez accès aux revues électroniques via une institution) et fiable. En effet, il est important de bien identifier la fiabilité de ses sources avant de se baser dessus (e.g. un article trouvé sur internet peut être intéressant mais s’il n’a pas été publié, il est plus sage de le considérer comme du matériel secondaire).
Réaliser une carte de la littérature
Lorsqu’un chercheur se penche sur un nouveau sujet de recherche, une des premières tâches qu’il doit accomplir est l’organisation de la littérature. Cette organisation permet de positionner la recherche qui va être entreprise: est-ce une prolongation d’une recherche existante? la réplication d’une recherche existante? l’exploration d’un nouvel aspect d’un sujet déjà traité? l’exploration d’une question déjà traitée avec d’autres méthodes? etc.
La carte de la littérature est un artefact visuel qui synthétise les recherches conduites par d’autres chercheurs sur le sujet. Pour réaliser cette carte, qui peut prendre des formes multiples, les règles de conceptions utilisées pour l’élaboration de cartes conceptuelles sont applicables.
Si vous vous lancez dans la réalisation de telles cartes, plusieurs cartes seront nécessaires, au fur et à mesure que vous affinerez votre sujet de recherche.
Dans le cadre de votre projet de recherche, il est important d’écrire un résumé décrivant le processus que vous avez mis en place pour effectuer la revue de littérature et réaliser votre carte de littérature. Concevoir cette carte est un défi qui prend du temps et demande de faire des choix importants (e.g. catégories et sous catégories). A titre indicatif, pour une thèse, la carte devrait comporter un minimum de 100 études. Pour un projet de recherche et l’élaboration d’une carte préliminaire, il faut compter avec une trentaine d’études étroitement liées au sujet de recherche.
Dans le même temps, il est important de faire un résumé de chaque étude en spécifiant:
- Le problème étudié;
- L’objectif principal de l’étude;
- La méthodologie utilisée, y compris brièvement l’échantillon, etc.
- Les résultats clés;
- S’il s’agit d’un article critique ou de revue méthodologique, relever les points faibles au niveau méthodologique.
Développer une lecture efficace des articles scientifiques implique une lecture non linéaire. Les étapes ci-dessous sont éliminatoires (e.g. si vous vous rendez compte, en lisant le résumé que finalement l’article n’aborde pas le sujet que vous traitez, vous le laissez de côté et passez au suivant):
- Lire le résumé et décider si la recherche tombe dans le sujet ou non;
- Lire les parties méthodologie et conclusion;
- Lire la partie résultat;
- Lire l’entièreté de l’article.
«Exemple de revue de littérature:
Dans sa recherche sur le thème ‘Efficacité et équité de l’enseignement supérieur. Quels étudiants réussissent à l’Université de Dakar’, Sall (1996) propose au chapitre III ‘Le cadre scientifique’ général qu’il lui semble indispensable de camper pour bien dégager la tonalité dans laquelle il tente de s’inscrire. Il procède ensuite à l’analyse des concepts clés et à la revue critique de la littérature dans six chapitres. Il développe progressivement ses idées en consacrant respectivement trois chapitres à chacun des deux concepts centraux de sa recherche : l’efficacité et l’équité. Le chapitre IV présente et discute ‘Le concept d’efficacité. Sous l’éclairage des éléments de définition avancés, le chapitre V circonscrit ‘Les types d’efficacité. Le chapitre VI dresse un panorama critique de l’Evaluation de l’efficacité. La même démarche est reconduite pour l’équité. Le chapitre VII examine ‘Le concept d’équité’ ; le chapitre VIII dresse un tableau critique des différents ‘Types d’équité’ ; le chapitre IX propose un ensemble de démarches propices à l’Evaluation de l’équité’, évaluation fondée sur la revue critique de la littérature consacrée à cette notion.
Dans la recherche de Sall (1996) ; les six chapitres consacrés aux concepts clés (efficacité et équité) et à la revue critique de la littérature forment avec les trois premiers chapitres le cadre de référence scientifique général de sa recherche sur l’efficacité dans l’enseignement supérieur.
Pour cet exemple voir :
http://www.fastef-portedu.ucad.sn/cuse/cr/cuzon.htm > chapitres 3 à 8»
Cet extrait est tiré du cours Ingénierie de la formation rédigé par Prof. Hamidou Nacuzon SALL, Chaire UNESCO Sciences de l'éducation CUSE/FASTEF/UCAD-Dakar et équipe Labo CUSE, p. 12.
Pour pratiquer:
Faites la liste des mots / concepts clés de votre projet de recherche et identifiez le domaine dans lequel s’inscrit cette recherche.
1) Faites une recherche de manière à localiser un article aussi proche que possible de votre problématique. Décrivez comment vous avez procédé, les problèmes rencontrés, comment vous les avez résolu, etc.
2) A partir de l’article identifié au point 1, en vous basant sur sa bibliographie et sur ses caractéristiques (mots clés, méthodologie, etc.), identifiez 10 articles en rapport étroit avec votre sujet de recherche.
3) Faites un résumé de chacun des 11 articles identifiés ci-dessus.
4) Elaborez une carte de littérature ou un tableau de littérature à l’aide de ces 11 articles. Décrivez comment vous avez procédé, les problèmes rencontrés, comment vous les avez résolu, etc.
Question d’organisation, nous vous conseillons d’utiliser un logiciel de gestion de références bibliographiques pour 1) constituer votre base de données de références, 2) y accéder facilement depuis votre traitement de texte, 3) générer une bibliographie selon la norme de votre choix. Exemples de logiciel: Endnote, CiteSeer.
Conceptualisations et artéfacts
Après ces considérations sur l’élaboration d’une revue de littérature, nous allons parler de conceptualisations et d’artefacts (Figure 12). Ces outils intellectuels vous permettent d’organiser votre travail. Nous parlerons ensuite d’hypothèses et de modèles formels car, dans la recherche de type vérification de théorie, ces derniers occupent une place prépondérante notamment dans les dispositifs expérimentaux et quasi-expérimentaux. Ce qui nous permettra de passer, enfin, de manière détaillée, à la notion d’opérationnalisation de concepts.
Par le terme générique «conceptualisations», nous définissons un ensemble d’outils intellectuels qui vous aideront à organiser vos questions de recherche et les connaissances sur un sujet donné.
L’une de vos premières tâches consiste à trouver, à élaborer et à adapter des concepts nécessaires pour étudier des phénomènes observables. Certains de ces concepts et cadres d’analyse peuvent globalement déterminer votre façon de voir les choses; d’autres permettent de définir et d’affiner vos variables explicatives (celles qui sont supposées être la cause) ou vos variables expliquées (celles qui sont supposées être l’effet).
Les cadres d’analyse
Les cadres d’analyse (cadres analytiques) vous permettent de regarder votre objet de recherche à partir d’un point de vue donné. La théorie de l’activité (Figure 13), qui s’appuie sur ce que l’on pourrait appeler la micro-sociologie soviétique, est un cadre d’analyse et de travail très utilisé en technologie éducative.
Le modèle de la théorie de l’activité, représenté visuellement par un triangle, représente les différents éléments d’un système d’activités dans un tout. Les participants d’une activité sont décrits comme des sujets qui interagissent avec des objets pour atteindre des buts. Les outils, les règles et la division du travail médiatisent les interactions entre les participants d’une part et entre les participants et les objets de l’environnement d’autre part. Ces médiateurs représentent la nature des relations entre les participants d’une activité dans une communauté de pratiques donnée. Ce modèle de représentation de différents aspects de l’activité humaine permet au chercheur de se focaliser sur les facteurs à prendre en considération lors du développement d’un système d’apprentissage. Cependant, la théorie de l’activité ne comprend pas une théorie de l’apprentissage (Daisy Mwanza & Yrj Engestrm, 2003).
Autrement dit: le cadre d’analyse de la théorie de l’activité nous aide à réfléchir au fonctionnement d’une organisation (notamment à ses acteurs, à ses artéfacts et à ses processus), et donc à savoir comment l’étudier.
Un tel cadre d’analyse et de travail n’est pas juste ou faux, il est simplement utile (ou inutile) pour une tâche intellectuelle donnée! Il est important de trouver de bons cadres analytiques, et la meilleure méthode pour y parvenir est de les identifier lors de la revue de littérature.
Les cadres analytiques sont des éléments clés dans la pensée académique. Il est important que vous parveniez à identifier des cadres utiles dès les premières étapes de votre recherche, car ils permettent d’organiser des concepts, de structurer l’analyse, d’établir des liens entre la théorie et les questions de recherche, et de définir des relations entre les concepts principaux.
Nous pouvons aisément distinguer quatre types de cadres conceptuels.
- Cadres théoriques
- fournissent un aperçu du phénomène (éléments et relations)
- permettent de combler l’écart entre la théorie et la recherche empirique
- Cadres d’analyse
- facilitent l’analyse et la formulation de questions de recherche (par exemple les causalités à étudier, les éléments utiles)
- Listes de dimensions
- aident à déterminer tous les aspects d’un concept
- aident à trouver des instruments empiriques pour mesurer un concept
- Grilles d’analyse et d’évaluation
- aident à rassembler et à recueillir des données
- comblent l’écart entre des concepts généraux théoriques (par exemple vos questions de recherche) et des indicateurs mesurables
Pour consulter de tels cadres et grille d’analyse, vous pouvez regarder cet inventaire sur EduTechWiki Anglais.
Hypothèses et modèles
Dans le domaine de la recherche de type vérification de théorie, les modèles et les hypothèses occupent une place importante, e.g. théorie expérimentale de l’apprentissage, implémentation quasi expérimentale ou recherche évaluation.
- Les hypothèses (et les modèles formels comme le Technology Acceptance Model) mettent en relation des variables (concepts) et postulent des liens de causalité sous forme de règles.
- Typiquement, une simple hypothèse part du principe qu’un phénomène peut être expliqué par un autre phénomène. D’un point de vue plus technique: la variable indépendante X explique la variable dépendante Y.
- Exemples: «une augmentation de X provoque une augmentation de Y», ou «une augmentation de X provoque une diminution de Y».
Les causalités entre des variables théoriques n’ «existent» pas en soi, elles peuvent uniquement être observées indirectement. Les hypothèses théoriques doivent être opérationnalisées, comme nous pouvons le voir dans l’exemple suivant.
Exemple: La formation d’un enseignant et la qualité de l’enseignement (Figure 14)
Imaginez une question de recherche dont le but est de déterminer s’il existe un lien de causalité entre la formation d’un enseignant et la qualité de son enseignement. Dans le domaine de la recherche empirique, une telle question de recherche serait formulée comme une hypothèse qui peut alors être testée.
Voici une hypothèse fréquente:
- La formation continue des enseignants (cause X) améliore l’enseignement (effetY)
Dans la Figure 14, on observe les principes suivants:
- Comme point de départ (en haut), il nous faut une hypothèse théorique causale (le postulat).
- Nous devons ensuite réfléchir à la façon de mesurer chacun des deux concepts à l’aide de données observables. Par exemple, la formation de l’enseignant peut être mesurée par la «quantité de formation» et la qualité de l’enseignement par les «notes des élèves».
- Toutefois, cette opérationnalisation est insuffisante. A un certain stade, nous devons être plus précis. Par exemple, la «quantité de formation» sera mesurée en «nombre de jours de formation suivis en l’espace d’une année».
Nous reviendrons plus tard sur ce concept central d’opérationnalisation. Le but à ce stade est de montrer que les hypothèses doivent être formulées en premier lieu à un niveau conceptuel. Elles doivent ensuite être reformulées pour devenir opérationnelles, c’est-à-dire applicables à des données réelles.
Importance de la différence (variance) pour les explications
Avant de nous intéresser de plus près à la question de l’opérationnalisation, nous devons présenter le concept de la «variance». La variance signifie que des données relatives à un concept peuvent avoir différentes valeurs. Par exemple, les enseignants peuvent être {nullement, peu, passablement, bien} formés. Au niveau empirique, la variable «quantité de formationde l’enseignant» pourrait avoir différentes valeurs (inexistante, faible, etc.). Si l’on trouve cette variété de valeurs dans les observations, nous avons de la variance. Si tous les enseignants sont décrits comme étant «passablement formés», nous n’avons pas de variance. La variance est indispensable en recherche. Sans variance (aucune différence), nous ne pouvons rien expliquer.
La co-variance nous est également indispensable. Le but de la recherche empirique est de savoir pourquoi les choses existent. Nous devons observer des variables explicatives qui font preuve de variance puis déterminer comment elles affectent les variables à expliquer qui n’ont pas de variance. En d’autres termes, sans co-variance, nous ne pouvons rien expliquer.
Voici deux exemples pour illustrer le principe de co-variance:
Exemple 2. Exemple quantitatif bivarié
Imaginons que nous souhaitions évaluer l’hypothèse suivante: «des formations plus longues produisent de meilleurs enseignants». Nous allons nous intéresser à deux variables empiriques:
- Jours de formation pour les enseignants
- Moyennes obtenues par les apprenants dans les cours de ces enseignants
Ce graphique (Figure 15) montre que les deux variables que nous avons choisies ont de la variance: nous avons différentes moyennes au niveau des notes ainsi qu’une différence de formation pour les trois enseignants. Nous pouvons à présent tester l’hypothèse. Selon ces données hypothétiques, une augmentation du nombre de jours de formation des enseignants a pour conséquence des notes moyennes plus basses. Par conséquent, l’hypothèse de base, «des formations plus longues produisent de meilleurs enseignants», doit être rejetée. (Veuillez s’il-vous-plaît considérer cet exemple hypothétique comme faux!)
Exemple 3. Exemple qualitatif bivarié
Imaginons que nous souhaitions savoir pourquoi certaines écoles privées adoptent la technologie plus rapidement que d’autres. Une hypothèse à évaluer pourrait être: «des réformes ont lieu lorsque le système scolaire est soumis à une pression externe». Cette hypothèse suppose deux variables (et leurs valeurs correspondantes):
- Variable Y = réformes (n’ont jamais lieu, ont parfois lieu, ont lieu régulièrement)
* Variable X = pression (interne, externe)
Afin d’opérationnaliser ces variables, nous utilisons des traces écrites pour la «pression» et des stratégies observables adoptées par l’école pour les «réformes».
Stratégies d’une école (réformes) | ||||
Type de pression | Stratégie 1: aucune réaction | Stratégie 2: création d’une task force | Stratégie 3: création de programmes de formation | Stratégie 4: réaffectation des ressources |
Lettres écrites par les parents | (N=8) (p=0.8) | (N=2) (p=0.2) | ||
Lettres écrites par l’encadrement | (N=4) (p=0.4) | (N=5) (p=0.5) | (N=1) (p=0.1) | |
Articles de journaux | (N=1) (p=20%) | (N=4) (p=80%) |
N = nombre d’observations, p = probabilité
Le résultat de la recherche (fictive) est le suivant: une augmentation de la pression a pour conséquence de multiplier les mesures entreprises. Par exemple, les données indiquent que:
- Si les lettres sont écrites par des parents (pression interne), les probabilités que rien ne change sont de 80%.
- Si un article de journal est écrit, les probabilités que les ressources soient réaffectées sont de 80%.
Par conséquent, notre hypothèse «des réformes ont lieu lorsque le système scolaire est soumis à une pression externe» se confirme. Bien entendu, il convient d’interpréter ces résultats prudemment et nous en viendrons aux questions de validité ultérieurement.