La médiation par autrui

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Emma Schenkenberg van Mierop - Volée Concordia

Résumé

La médiation par autrui, comme défini par Vygotsky, permet, grâce à un individu externe, d’intérioriser le savoir. Cela permet l'autorégulation qui est un des buts de l’apprentissage. Ce texte met en lien plusieurs concepts décrits dans les articles suivants avec la médiation par autrui.

  1. Tricot, A. (2017). Quels apports de la théorie de la charge cognitive à la différenciation pédagogique ? Quelques pistes concrètes pour adapter les situations d'apprentissage.
  2. Cosnefroy, L. (2010). L'apprentissage autorégulé : perspectives en formation d'adultes.
  3. Dillenbourg, P., Baker, M., Blaye, A. & O'Malley, C. (1995). The evolution of research on collaborative learning.

Introduction

Pour Vygotski, les savoirs ne se découvrent pas, ils sont transmis à l'école et sont construits historiquement et culturellement. C'est autrui qui va montrer comment faire usage des savoirs. La médiation par autrui est ainsi un concept clé de la perspective historico-culturelle de Vygotski. On définit un médiateur comme étant un intermédiaire entre le savoir et l’apprenant. Il existe deux types majeurs de médiation : la médiation par autrui et la médiation par les outils sémiotiques. L'appropriation, la maîtrise et l'intériorisation des outils médiateurs sous forme d'outils psychologiques internes sont des moteurs essentiels au développement cognitif.

Développement

Dans l'approche historico-culturelle, les échanges asymétriques avec un expert (un enseignant, un parent ou un camarade avec un meilleur niveau) tiennent un rôle primordial dans le développement cognitif. Le savoir est transmis par un expert et son appropriation ne peut uniquement se faire grâce à l'aide de celui qui le maitrise déjà. Vygotski introduira la notion de zone proximale de développement. Il peut se définir comme étant “la disparité entre le niveau de développement présent, qui est déterminé à l’aide des problèmes résolus de manière autonome, et le niveau qu'atteint l’enfant quand il résout des problèmes non plus tout seul mais en collaboration” (Vygotski, 1985, p.270). La collaboration joue ici un rôle central, car il permet à l’apprenant d’atteindre des buts qu’il n’est pas capable d’atteindre seul. Un expert va ainsi prendre le rôle de médiateur entre le savoir et l’apprenant. Il aide l’apprenant avec ce qu'il n’est pas encore capable de faire seul. Il peut, grâce à l’étayage, faire disparaître progressivement le guidage ce qui permet de réduire la charge cognitive (Tricot, 2017). Cela permet la différenciation pédagogique, car certains apprenants auront besoin de plus d’étayage alors que d’autres en auront moins besoin, voire pas du tout (ibid.).

L’expert peut être un adulte, dans ce cas-là il s’agira selon Bruner (1983) d’un étayage par l’interaction de tutelle, qui est une interaction entre un adulte et un enfant grâce à laquelle l’adulte essaie d’amener l’enfant à résoudre un problème qu’il ne sait pas résoudre seul (cela correspond à la zone proximale de développement de Vygotski). L’étayage permet selon Bruner (cité dans Molinari, 2022) :

  • un soutien affectif, car il permet de contrôler la frustration et d’engager l’intérêt,
  • un soutien cognitif, car il permet de simplifier la tâche et de présenter des modèles de solutions,
  • et un soutien régulatif, car il permet de maintenir l’apprenant dans un objectif et de signaler les caractéristiques pertinentes.

L’expert peut aussi être un pair, ou un groupe de pairs, dans ce cas-là, l'hétérogénéité du groupe permettra à l’apprenant de s’auto-réguler et de, grâce au langage et au conflit cognitif qui en surgit, de dépasser des difficultés qu’il avait auparavant. Dillenbourg et al. (1996) montrent ainsi que pour certaines tâches qui exigent la discussion de problèmes, les pairs sont souvent plus adaptés que les adultes. Ils ajoutent que le degré de différence de connaissances et de compétences entre les apprenants est important.

Pour Cosnefroy (2010), l’autorégulation peut se faire en groupe ou individuellement. Il indique que les formations d’adultes permettent souvent des travaux de groupes, ce qui implique que l’apprenant contribue à l’autorégulation du groupe. Or, un des buts de l’apprentissage pour Vygotski (1985) est l’auto-régulation qui se construit par l'appropriation de l'hétéro-régulation. Ainsi, grâce à l’enseignement de la régulation par autrui, l’apprenant peut se réguler soi-même.

Conclusion

Finalement, la médiation par autrui permet à un apprenant d’accéder à l’apprentissage. Ce dernier est un acte social et se fait en collaboration avec un expert. Il lui permet d'atteindre des objectifs qu'il n'aurait pas pu faire seul et de s'auto-réguler. La médiation est donc essentielle dans l'apprentissage. L'apprenant apprend avec autrui. Il va l'imiter, faire avec lui, lui fixer un but et le guider dans l'apprentissage.

Références bibliographiques

  • Bruner, J. S. (1983). Le développement de l’enfant: Savoir faire, savoir dire, Paris, Puf.
  • Cosnefroy, L. (2010). L'apprentissage autorégulé : perspectives en formation d'adultes.
  • Dillenbourg, P., Baker, M., Blaye, A. & O'Malley, C. (1995) The evolution of research on collaborative learning. In E. Spada & P. Reiman (Eds) Learning in Humans and Machine: Towards an interdisciplinary learning science. (Pp. 189-211) Oxford: Elsevier
  • Molinari, G. (2022). Principes pédagogiques. Mais quels sont les principes issus des grands courants à exploiter lorsqu'on conçoit ? [notes de cours]. Département de FAPSE, Université de Genève. Moodle.
  • Tricot, A. (2017). Quels apports de la théorie de la charge cognitive à la différenciation pédagogique ? Quelques pistes concrètes pour adapter les situations d'apprentissage. Conférence de Consensus. Différenciation Pédagogique. Comment Adapter l’enseignement Pour La Réussite de Tours Les Élèves ?
  • Vygotski, L. (1985). Pensée et Langage (Trad. F. Sève). Paris : Éditions Sociales.