L'efficacité de l'apprentissage collaboratif : L'équilibre entre l'individualité et la collaboration

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Résumé

Cet article est rédigée dans le cadre du cours Apprentissage digital et formation à distance ADID et met en lien plusieurs concepts afin d'explorer les facteurs qui influence efficacité de l'apprentissage collaboratif.

Introduction

Dans le domaine de l'éducation, l'apprentissage collaboratif est devenu un sujet de grande importance. Cette approche pédagogique qui met l’accent sur les interactions sociales et la coopération entre apprenants, suscite un intérêt croissant. Cependant, au cœur de cette discussion, émerge une question fondamentale : quelle est la place du groupe par rapport à l'individualité dans le processus d'apprentissage ? Cette problématique explore la tension entre l'efficacité de la collaboration au sein d'un groupe et le potentiel de l'individualité dans le processus d'apprentissage.

Développement

L'apprentissage collaboratif

Les approches cognitives et socioculturelles de l'apprentissage collaboratif, abordées par Molinari, Muller Mirza & Tartas (2021), mettent en évidence une dualité essentielle. Elles soulignent que la manière dont les apprenants collaborent, interagissent, et construisent leur compréhension peut être influencée par deux facteurs majeurs : leur perspective individuelle et l'influence de leur environnement social et culturel. En effet, les approches cognitives mettent en avant l'importance des processus mentaux individuels, tandis que les approches socioculturelles mettent en lumière l'influence de l'environnement social et culturel sur la pensée et la collaboration.

Le rôle des émotions et du bien-être

Pour mieux comprendre l’apprentissage collaboratif, il est essentiel de prendre en compte les émotions des apprenants et leur impact sur les processus cognitifs et métacognitifs. Molinari & al. (2021) mettent en avant l'importance de considérer les dimensions cognitives et affectives de l'apprentissage comme interdépendantes.

Dans le domaine de l'apprentissage collaboratif, la collaboration est définie comme un espace à double problème, où les apprenants doivent travailler ensemble pour construire une représentation partagée du problème à résoudre (dimension cognitive) tout en maintenant un climat de travail positif (dimension affective). Ainsi, les émotions jouent un rôle central dans cette dynamique. En effet, les tensions émotionnelles peuvent émerger de la tâche elle-même, des divergences de points de vue ou des conflits conceptuels. Ces tensions peuvent générer des émotions négatives qui ont un impact négatif sur la performance du groupe (Molinari & al., 2021).

Cependant, les comportements positifs, tels que la solidarité, l'expression de la satisfaction et l'humour, peuvent rompre le cycle des interactions négatives, déclencher des émotions positives et améliorer la performance du groupe. Il est donc essentiel de comprendre comment les émotions interviennent dans les différents moments au sein de l'apprentissage collaboratif (Molinari & al., 2021). De plus, les besoins psychologiques fondamentaux des individus, comme le besoin d'autonomie, le besoin de compétence et le besoin de relation à autrui s’avèrent est essentielle pour le bien-être des individus (Laguardia & Ryan, 2000). Dans le contexte de l'apprentissage collaboratif, la satisfaction de ces besoins est importante. Effectivement, lorsque les apprenants se sentent autonomes, compétents et connectés les uns aux autres, ils sont plus motivés, engagés et épanouis dans leur apprentissage.

Efficacité de l'apprentissage collaboratif

L’apprentissage collaborative nous mène alors à réfléchir sur l’efficacité du travail en groupe dans le contexte de tâches complexes où un climat de travail négatif risque de se mettre en place. Selon Tricot (2021), le travail en groupe peut se révéler plus efficace que le travail individuel, car il permet de répartir la charge cognitive. En effet, "Si l'accès aux connaissances d'autrui est nécessaire, alors le travail en groupe est utile. Sinon, le travail individuel peut être mis en œuvre." (Tricot, 2021, p.156). Cela signifie que la mémoire de travail collective peut jouer un rôle essentiel pour alléger la charge cognitive des apprenants lorsque la collaboration est nécessaire pour traiter des tâches complexes. En outre, les processus métacognitifs de contrôle sont répartis entre tous les membres du groupe, notamment dans le cadre de l'autorégulation en groupe (Cosnefroy, 2011). Ainsi, la nécessité d'une volition individuelle diminue, car les apprenants se soutiennent mutuellement.

Toutefois, la constitution de groupes peut s'avérer difficile dans certaines situations. Par exemple, dans le contexte où il n'est pas nécessaire de collaborer, notamment lorsque la tâche est simple, former un groupe ajouterait une charge cognitive supplémentaire sans apporter de bénéfice car les individus pourraient effectuer la tâche individuellement de manière plus efficace (Tricot, 2021). Ensuite, dans le contexte où les individus sont plus préoccupés par leur propre compétence individuelle que par la résolution de la tâche, la performance globale du groupe risque d’être affectée (Cosnefroy, 2011).

La notion de mémoire de travail collective et le concept d'autorégulation en groupe montrent donc que la gestion de la charge cognitive dans un environnement collaboratif repose sur une combinaison complexe de facteurs. En comprenant ces dimensions, il devient possible de mieux optimiser l'apprentissage collaboratif, en tenant compte de la nature de la tâche, du niveau de complexité, et des besoins spécifiques des apprenants.

Conclusion

En conclusion, l'efficacité du travail de groupe dans l'apprentissage repose sur la gestion des aspects cognitifs et émotionnels au sein du groupe dans le but de ne pas compromettre les performances collectives. Comme l’a montré Tricot (2021) et Cosnefroy (2011), les avantages de l’apprentissage collaboratif se manifestent pleinement dans des tâches complexes où la charge cognitive est partagée. Puis, dans des situations plus simples, le travail individuel est plus efficace. De plus, Tricot (2021) note que cette efficacité dépend de plusieurs facteurs tels que la nature de la tâche, les compétences des participants, la taille du groupe, la composition et l'expérience antérieure. Ainsi, il est essentiel de considérer les particularités de chaque situation pour tirer pleinement parti de l'apprentissage collaboratif en gérant adéquatement ces facteurs.

Références bibliographiques

  • Cosnefroy, L. (2011). L’apprentissage autorégulé : perspectives en formation d’adultes. Savoirs, n° 23(2), 9‑50. https://doi.org/10.3917/savo.023.0009
  • Laguardia, J. G., & Ryan, R. M. (2000). Buts personnels, besoins psychologiques fondamentaux et bien-être : Théorie de l’autodétermination et applications. Revue québecoise de psychologie, 21(2), 281‑304.
  • Molinari, G., Mirza, N. M., & Tartas, V. (2021). Regards croisés des approches cognitives et socioculturelles sur l’apprentissage collaboratif : quelles contributions dans le domaine de l’éducation ? Raisons éducatives, N° 25(1), 41‑64. https://doi.org/10.3917/raised.025.0041
  • Tricot, A. (2021). Articuler connaissances en psychologie cognitive et ingénierie pédagogique. Raisons éducatives, N° 25(1), 141‑162. https://doi.org/10.3917/raised.025.0141

Liens

Cette page fait référence à la page ADID1, les productions des étudiant.es


Page rédigée par Warisara Suksamran, volée Drakkar, le 29.10.2023.