Encyclopédie Mémolab de la mémoire
Cette encyclopédie de la mémoire a été produit pour le projet de recherche Mémlolab au début des années 1990, un environnement intelligent pour l'apprentissage de l'expérimentation. Il s'agit d'une présentation de principaux articles en relation avec les expériences simulables dans Memolab ou cités dans cet hypertexte. (à récupérer un jour pour le cours Bases - Daniel K. Schneider (discussion) 19 novembre 2013 à 20:08 (CET)
La méthode expérimentale en psychologie
Approche historique et épistémologique de la méthode expérimentale en psychologie.
Fondements de l'approche scientifique de la mémoire humaine
Depuis au moins 2000 ans, les philosophes ont fait toute sorte d'hypothèses sur la nature de la mémoire humaine. Les véritables investigations scientifiques ne datent, quant à elles, que d'une centaine d'années.
Un scientifique allemand, Hermann Ebbinghaus (1850-1909) a été le premier à appliquer à des processus mentaux de haut niveau, comme la mémoire, la méthode mise au point pour l'étude de la perception. Il publie dès 1985 un ouvrage intitulé "De la mémoire" où il rend compte d'expériences sur l'apprentissage .
Afin d'éviter la complexité de l'étude de la mémoire dans son contexte naturel, H. Ebbinghaus choisit d'étudier sur un seul sujet, lui-même, et de manière rigoureuse, les conditions dans lesquelles s'effectuent l'apprentissage et l'oubli de listes de syllabes dépourvues de sens. Par cette méthode, il a découvert d'importantes propriétés à la mémoire humaine, propriétés qui étaient inconnues jusqu'alors des spécialistes.
L'importance de la contribution d'Ebbinghaus tient surtout à ce qu'il a démontré que la méthode expérimentale pouvait être utilisée avec succès dans un domaine aussi complexe que les processus mnésiques et l'apprentissage. Ce thème de recherche a d'ailleurs dominé pendant de longues décennies toute la psychologie scientifique.
Définitions
Expérimenter consiste à faire varier les éléments constitutifs d'une situation dans le but de provoquer un phénomène et de mesurer ses effets sur certaines variables. Pour ce faire, l'expérimentateur construit des situations permettant de recueillir des données qui confirmeront ou invalideront les prédictions qu'il aura pu faire en fonction de sa représentation des processus étudiés.
Par exemple, on peut étudier l'effet de l'alcool sur la conduite automobile en comparant, sur une épreuve d'habileté motrice, deux groupes de sujets ayant les mêmes caractéristiques (âge, expérience, etc.) et dont l'un a absorbé une certaine quantité d'alcool et l'autre pas.
L'expérimentation doit être distinguée de l'enquête et de l'ensemble des méthodes comparatives ou quasi-expérimentales appliquées aux situations dans lesquelles on ne peut pas, pour des raisons matérielles ou éthiques, manipuler toutes les variables d'une situation.
Limites de la méthode expérimentale
Les caractéristiques les plus riches et les plus passionantes du fonctionnement de la mémoire humaine sont difficilement voire impossibles à mettre en évidence avec des situations de laboratoire. Les théories et modèles développés à partir de ces situations artificielles, souvent trop simplifiées, ne sont parfois pas applicables dans notre monde quotidien.
Un des critiques les plus virulent des méthodes traditionnelles de recherche en laboratoire est Ulrich Neisser. Il suggère avec une pointe d'humour la "loi" suivante : "Si X est un trait important du comportement humain, alors X a été rarement étudié par les psychologues (Neisser, 1978).
On reproche souvent à la psychologie scientifique de reproduire à l'infini et à quelques détails près les expériences réalisées par d'autres scientifiques. Ces dernières étant elles mêmes déjà des reproductions d'expériences antérieures. Cette critique ne tient pas compte du fait qu'il est difficile, voire impossible de construire une seule expérience qui résoudrait une fois pour toute un problème donné. Pour être efficace, une expérience doit pouvoir contrôler un grand nombre de facteurs et il est souvent bien commode de pouvoir utiliser les résultats d'autres scientifiques pour s'economiser des contrôles fastidieux.
La psychologie cognitive
Le terme "psychologie cognitive" est une expression plutôt large que l'on applique volontiers aujourd'hui pour désigner une approche souple des phénomènes liés à la perception du monde extérieur et au traitement des informations issues de ces activités perceptives: mémorisation, raisonnement, décision, etc. Dans le cas de la mémoire, cette approche est souvent associée aux théories du traitement de l'information artificiel qui offrent à la psychologie de nouveaux concepts et un nouveau langage pour aborder les problèmes de la cognition.
Des termes informatiques comme "mémoire tampon", "Rétroaction", "processeur", "encodage" et "recherche" ont été très rapidement adoptés par les psychologues spécialistes des problèmes de mémoire. Il ne fait aucun doute que cette nouvelle terminologie a enrichi les modèles du fonctionnement mnésique au point que certains concepts plus anciens disparaissent progressivement du vocabulaire des chercheurs (par exemple les notions de mémoire primaire et secondaire).
Théorie de la mémoire humaine
La mémoire humaine est un système pour stocker et retrouver des informations acquises à travers nos sens par l'expérience. L'usage du singulier peut suggérer que la mémoire est un système unitaire même si nous pouvos imaginer que c'est probablement un système à l'organisation fort complexe. Il vous deviendra vite évident, en parcourant cet hypertexte, qu'il n'existe pas "une" mémoire mais "des" mémoires. C'est d'ailleurs un des objectifs de Memolab que de vous faire découvrir les propriétés de ces différents systèmes
Une des manières les plus efficace de se faire une idée d'ensemble du fonctionnement de la mémoire humaine est de suivre pas à pas les différentes étapes du traitement de l'information. On commence avec l'étude de la perception des stimulus visuels ou auditifs, pour continuer avec les traitements que subissent ces informations en mémoire à court terme pour y être maintenues le temps que des opérations plus complexes leur permettent d'être stockées de manière permanente en mémoire à long terme. L'ensemble de ces opérations ont été abondament étudiées ces trente dernières années à travers des paradigmes plus ou moins classiques qui font ressortir les propriétées de chacune de ces étapes du traitement. Nous découperons la présentation de ces travaux en trois grandes catégories.
Mise en garde
Les expériences citées dans cette encyclopédie mettent en évidence les différentes propriétés des sous-systèmes de la mémoire comme si chaque propriété était attachée à un module indépendant du cerveau humain. Cela ne veut bien sûr pas dire que les psychologues pensent réellement que la mémoire fonctionne sur ces modèles de façon purement modulaire. Ces différents modules doivent être compris comme un moyen pour représenter la pertinence des faits découverts et non comme une modélisation réaliste du cerveau humain.
Vue d'ensemble
Les travaux présentés dans cet hypertexte sont regroupés en trois grand parties:
- Premièrement nous explorerons la mémoire à travers les faits expérimentaux qui fondent les distinctions évoquées à propos des différentes étapes du traitement de l'information. En particulier, nous aborderons tout ce qui est relatif à la différenciation entre Mémoire à Court Terme (MCT) et Mémoire à Long Terme (MLT);
- en second lieu, nous examinerons le rôle que peuvent avoir ces différents sous-systèmes de la mémoire dans des activités de la vie quotidienne. En particulier nous insisterons sur la rôle joué par la mémoire de travail dans les activités de résolution de problèmes;
Le rôle de la mémoire de travail dans la cognition
- enfin, nous nous intéresserons plus particulièrement au stockage à long terme de l'information à travers les paradigmes de recherche et de reconnaissance, ainis qu'au problème de l'oubli.
Recherche, reconnaissance et oubli en mémoire à long terme
Combien de types de mémoire ?
En termes scientifique, on peut dire que les psychologues ont établi que la durée la plus brêve de stockage de l'information dure seulement une fraction de seconde (environ 250 ms). Cette mémoire sensorielle est souvent considérée comme faisant partie intégrante des processus de perception proprement-dits. Ils ne seront donc pas traités ici. Dans un second temps, les stimulus visuels et auditifs semblent être soumis à un stockage temporaire de quelques secondes dans une mémoire qui conserve les propriétés auditives ou visuelles des informations perçues (mémoire primaire de James). En plus de ces deux modes de stockage volatile, nous possédons une mémoire permanente pour les images et les sons. Nous pouvons reconnaître une photo de Marilyn Monroe ou d'Albert Einstein, identifier les voix de nos amis ou encore se rappeler d'une scène visuelle particulière. Tous ces faits impliquent l'existence d'une forme de stockage de l'information à long terme.
Ces distinctions intuitives entre différents modes de stockage ont conduit progressivement les psychologues à distinguer deux registres distincts: la Mémoire à Court Terme (MCT) et la Mémoire à Long Terme (LCT). Memolab va nous permettre d'explorer quels sont les faits expérimentaux qui ont contribué à introduire cette distinction.
Combien de temps dure un instant?
C'est par cette interrogation paradoxale que Baddeley attire notre attention sur le fait que notre conscience semble s'étendre dans le temps; la longueur d'un instant n'est pas nulle mais elle apparaît aussi comme clairement limitée. William James (1885) utilisait le terme de mémoire primaire pour désigner la durée subjective qui caractérise la conscience du moment présent. Quelques années plus tôt, Galton en donnait la description suivante: " Il semble que mon esprit est comme une chambre dans laquelle se tiennent des audiences, avec deux ou trois idées précises actives à un moment donné. En dessous de ce niveau de conscience, se trouve une antichambre pleines d'idées reliées à celles de la chambre d'audience."
Paradigmes expérimentaux
Quels sont les faits expérimentaux qui ont contribué à fonder la distinction entre Mémoire à Court Terme (MCT) et Mémoire à Long Terme (LCT)? Ces faits reposent essentiellement sur des dispositifs expérimentaux originaux qui se sont avérés être suffisament sensibles aux phénomènes mnésiques pour capter l'attention et la perspicacité des chercheurs. Les plus utilisés parmi ces dispositifs forment ce que l'on appelle des paradigmes expérimentaux. L'avantage historique que l'on peut retirer à étudier ces paradigmes vient du fait que de nombreuses expériences mettant en jeu les mêmes dispositifs nous fournissent un cadre commode pour expérimenter le rôle des différentes variables expérimentales manipulées par les auteurs.
Nous classerons ces paradigmes en quatre groupes:
- Empan Mnésique en anglais "Memory Span"
- cette classe de paradigmes regroupe toutes les procédures expérimentales qui évaluent quantitativement les limites de la mémoire à court terme
- Oubli à court terme en anglais "Short-term forgetting"
- ce groupe de paradigmes comprend tous les dispositifs expérimentaux dérivés de celui mis au point par Brown et Peterson. Ceux-ci ont mis en évidence l'existence d'un oubli rapide à court terme quand un sujet est distrait par une tâche annexe
- Rappel libre en anglais "Free Recall"
- Ce paradigme a été abondament utilisé en psychologie. Il permet l'étude différentielle d'un grand nombre de variables sur les processus d'apprentissage à court terme et à long terme. C'est celui que nous avons choisi d'illustrer dans Memolab
- Le modèle modal en anglais Modal Model
- Les faits justifiant la séparation entre MCT et MLT s'avérant suffisament convergents, de nombreux psycholgues ont élaboré des modèles de flux de circulation des informations dans le système de traitement de l'information humain. Le plus connu est celui élaboré par Atkinson et Shiffrin et s'appelle le modèle modal
Empan mnésique
La première personne qui a tenté de mesurer directement les capacités de rappel immédiat du sujet humain est le maître d'école londonien Joseph Jacobs en 1887. A l'époque, il était surtout intéressé par la mesure de la capacité intellectuelle de ses élèves. Pour cela, il a mis au point une procédure qui consiste à présenter à un sujet une liste d'éléments (en général des chiffres) et à lui demander de répéter correctement la liste dans le même ordre que celui de la présentation. La taille de la liste pour laquelle on obtient du sujet une répétition correcte dans la moitié des cas est définie comme l'empan mnésique du sujet.
L'empan mnésique a un certain nombre de propriétés remarquables:
Effet de présentation auditive des stimulus sur l'empan mnésique
En situation de rappel immédiat, une présentation sonore des stimulus donne des résultats meilleur qu'une présentation visuelle de ces mêmes stimulus. Par exemple, si vous venez juste d'entendre un numéro de téléphone, vous êtes succeptible de mieux vous en rappeler que si vous le lisez Baddeley, 1966
Voir aussi Effet similarité acoustique
Voir aussi Empan mnésique
Effet de groupement des items sur l'empan mnésique
Le rappel en mémoire à court terme est amélioré si les items à mémoriser (par exemple des chiffres) sont groupés par l'insertion d'une brêve pause entre chaque séquence Ryan, 1969. Systématiquement, le premier et le dernier items de chaque groupe sont mieux retenus que ceux du milieu, avec un optimum de performance pour des groupes de trois éléments Wickelgren, 1964.
Par exemple, 791 862 est mieux retenu que 79 18 62. Même une durée de la pause très brêve est suffisante pour produire cet effet de groupement. Cet effet est probablement un sous-produit du système auditif sous-jacent aux processus de maintien de l'information en MCT. Ce système est spécialisé dans la détection et l'utilisation des aspects rythmique et prosodique du langage humain. En conséquence, si vous donnez à quelqu'un votre numéro de téléphone, il est préférable de le découper en séquence de trois chiffres !
Le cas des sujets très spéciaux
Si les valeurs de l'empan ne semblent pas varier beaucoup d'une personne à l'autre, certains sujets remarquables ont fait preuve de performances exceptionnelles. Les psychologues se sont bien sûr intéressés de très près à leur cas.
Un effet particulier du regoupement rythmique des éléments d'une liste à mémoriser a été rapporté par Hunter, 1962 dans sa description du cas du Professeur Aitken d'Edimburg (UK). Aitken était fasciné par les nombres et faisait preuve de capacités remarquables en calcul mental. Une fois, il réussit à mémoriser les mille premières décimales de Pi. Hunter découvrit que pour réaliser cette performance, le Professeur Aitken avait diposé les nombres en rangées de 50 comprenant chacune dix groupes de cinq et qu'il les lisait rythmiquement à la vitesse de 5 par seconde. En testant son empan mnésique avec la procédure classique (à la vitesse de 1 par seconde), la performance d'Aitken n'avait rien de remarquable. Il se plaignait que l'épreuve devenait trop difficile "comme quand on roule à bicyclette trop lentement". Par contre, quand la vitesse de présentation atteignait 5 chiffres à la seconde, il n'avait pas de difficulté à répéter une séquence de 15 chiffres dans l'ordre ou en ordre inverse.
On peut aussi mentionner le cas d'un sujet dont l'empan pouvait dépasser 80 chiffres. Ce sujet accepta de participer à une expérience organisée par Ericsson and Chase, 1982 qui étudiaient à l'époque les effets d'une pratique intensive des épreuves d'empan mnésique sur leur performance. Le sujet commença avec un empan normal de 8 items, augmenta un peu ses performances les premiers jours d'entrainement pour atteindre une sorte de plateau. Ensuite, son empan se mit à croître de jour en jour pour atteindre à certains moments 80 items. Comment une telle performance est-elle possible ? Il se trouve que ce sujet était un coureur amateur et qu'il était féru de preformances d'athlétisme. Il a ainsi progressivement appris à interpréter les suites de chiffres comme des temps de course à pied: par exemple, "ce serait un bon temps pour un 1500 mètres", "juste en dessous du record mondial du 400 mètres", etc. Il rassemblait ces différents temps en séquences et pouvait ainsi les répéter facilement. En fait le sujet décrit par ces auteurs, utilisait une stratégie de mémorisation à long terme pour effectuer une tâche de mémoire à court terme.
Le phénomène de "chunking"
Dans son article classique " Le chiffre magique 7 plus ou moins 2" Miller, 1956 indique que l'empan de la mémoire immédiate à court terme est déterminé davantage par le nombre de "groupements" composant les séquences d'items à apprendre que par le nombre d'items proprement-dit. Miller décida de donner à ces groupements le nom de "chunks" (terme intraduisible en français). Il est désormais utilisé par tous les psychologues du monde entier pour désigner une entité formée à partir d'un regroupement d'éléments de même nature. Un chunk est un ensemble intégré d'informations pour lequel la seule évocation d'une sous-partie permet d'avoir accès à l'information globale. Par exemple, la séquence de chiffre 1492 fonctionne comme une date significative alors que la séquence 1358 ne produit pas le même effet.
L'empan mesuré en terme d'items peut être accru en augmentant le nombre d'items par chunk. Ainsi, l'empan pour des lettres est classiquement de 6 ou 7 lorsque celles-ci sont selectionnées aléatoirement, il est de 9 quand les séquences comprennent une alternance consonne-voyelle-consonne et peut grimper jusqu'à 50 et plus lorsque les lettres selectionnées forment des mots et/ ou des phrases significatives. Dans chaque cas le nombre de chunks reste, quant à lui, égal à 7.
Oubli à court term
Le paradigme de Brown-Peterson
A la fin des années 50, John Brown en Angleterre et les Peterson aux USA mettent au point une technique expérimentale qui montre la possibilité de provoquer un oubli extrêmement rapide de petites quantités d'informations, pour peu que l'on distraie briêvement le sujet par une tâche concourante sitôt la présentation de la séquence à mémoriser.
La technique consiste à présenter au sujet des groupes de trois consonnes (par exemple HGM) suivi immédiatement par un nombre tel que 492. On demande ensuite au sujet de répéter le nombre et de compter à rebours de trois en trois à partir de ce nombre jusqu'à un signal auquel il leur sera demandé de donner les trois consonnes initiales. Avec une telle procédure, les sujets oublient extrêmement rapidement la séquence de lettres présentée au départ.
Les résultats d'une étude ultérieure réalisée par Murdock, 1961 montre que ce phénomène d'oubli rapide peut être obtenu aussi bien avec des trigrams de lettres (syllabes sans signification) qu'avec des mots. Il montre ainsi que c'est le nombre de chunks qui est crucial et non le nombre de lettres. Se rappeler trois mots non reliés entre eux est aussi difficile que de se rappeler trois lettres sans signification.
Les résultats obtenus par Brown et Peterson suggèrent qu'il existe des systèmes de mémoire séparés qui n'ont pas les mêmes propriétés: d'une part, un système de stockage à court terme dans lequel l'oubli provient du déclin en intensité de la trace mnésique et, d'autre part, un système de stockage à long terme dans lequel l'oubli est le résultat de phénomènes d'interférence.
Déclin de la trace ou interférence L'hypothèse de discrimination
Déclin de la trace ou interférence
Une théorie du déclin suppose que l'oubli à court terme, comme obtenu dans le paradigme de Brown et Peterson, est directement lié à un estompage automatique de la trace dû au mode de stockage des informations. A l'inverse, une théorie de l'interférence présuppose que l'oubli reflète plutôt un effacement de la trace mnésique par d'autres informations concurrentes, le degré d'interférence dépendant de la similarité phonologique ou sémantique entre les traces mnésiques.
La théorie du déclin de la trace avait plutôt la faveur de roadbent, 1958 dans son ouvrage Perception and Communication qui a été une référence en la matière pendant de longues années. Il présente dans cet ouvrage une des première tentative systématique pour appliquer les théories du traitement de l'information artificiel à l'étude de la perception, de l'attention et de la rétention de l'information à court terme.
En réaction à la position de Broadbent, Melton, 1963 affirme qu'il n'est pas nécessaire de faire l'hypothèse du déclin de la trace pour expliquer l'oubli à court terme dans la mesure où la théorie de l'interférence permet de rendre compte à elle seule de ces phénomènes en MCT comme en MLT. Il a aussi montré que bon nombre d'effets caractéristiques des paradigmes d'apprentissage à long terme pouvaient être aussi trouvé pour les tâches de mémoire à court terme. Ces faits militent en faveur d'une continuité plutôt que d'une dichotomie entre processus de stockage.
L'hypothèse de discrimination
La théorie du déclin comme celle de l'interférence donnèrent lieu à un grand nombre d'expériences sophistiquées mais elles furent incapables de prouver la validité de l'un ou de l'autre modèle. A un certain niveau, on pourrait conclure que ni l'une ni l'autre n'offre, à elle seule, une explication complète du phénomène. Une autre manière de considérer le probléme serait de prendre en compte simultanément ces deux types d'interprétation pour essayer de produire une meilleure explication. Une tentative de cette nature a été apportée par l'hypothèse de la discrimination (Baddeley, 1976). Cet auteur suggère que, dans un premier temps, une certaine forme de déclin s'opère spontanément. Ce n'est que dans un deuxième temps que la recherche d'une information en mémoire implique une certaine forme de discrimination entre items. Une interprétation similaire a été donné à l'"effet recence" en situation de rappel libre.
Rappel libre
Les développements et les débats autour du paradigme de l'oubli à court terme n'ont pas vraiment résolu la contreverse des années 1960 quant à l'existence de deux systèmes de stockage de l'information séparés (MCT et MLT). Les théoriciens de la trace soutenaient une conception dichotomique de l'approche des mécanismes de stockage, ceux qui étaient partisant des modèles de l'interférence penchaient plutôt pour une vision unitaire de la mémoire. Un des arguments les plus forts contre cette vision unitaire provient de la demonstration irréfutable que certaines tâches montrent une réactivité différentielle à certains paramètres et supposent de facto l'existence de deux systèmes séparés. La plus étudiée parmi ces tâches est celle connue sous le nom de "rappel libre" Glanzer, 1972
Dans une tâche de rappel libre, on présente visuellement ou auditivement à des sujets expérimentaux une liste de mots, généralement non reliés entre eux sémantiquement. On demande à ces mêmes sujets, dans un deuxième temps, d'évoquer le plus grand nombre possible de mots qu'ils ont retenu de la liste initiale et ce dans n'importe quel ordre. Memolab permet d'apprendre la méthodologie expérimentale en testant le rôle des différentes variables expérimentales dans les situations de rappel libre. Les effets de ces variables sont étudiés à partir de la courbe de positions sérielle qui présente plusieurs caractéristiques remarquables. Les deux plus connues sont l'Effet de récence et l'Effet primauté
Pour une revue de questions voir Liste des effets en rappel libre
Effet de récence
Quand le rappel est immédiat, c'est-à-dire sans délai entre la phase d'encodage et de rappel, les sujets ont tendance systématiquement à mieux se rappeler des derniers mots de la liste. Ce résultat est nettement visible sur la courbe de position sérielle et l'on appelle l'effet de récence. Si on intercale un bref délai rempli par une tâche secondaire entre la présentation de la liste et la restitution des items, l'effet récence disparaît sans affecter la performance aux autres items de la liste. Une interprétation possible de cet effet de récence est de supposer que les derniers items sont maintenus dans une sorte de registre temporaire et fragile de stockage, alors que les premiers items seraient quant à eux rappelés depuis la mémoire à long terme.
Effet primauté
La courbe de position sérielle obtenue en Rappel libre présente un pic particulier pour les premiers items de la liste. Ceux-ci sont en effet d'autant mieux retenus qu'ils se trouvent en début de liste. On nomme ce phénomène l'l'effet primauté. Les recherches expérimentales ont montré que ce phénomène est du au fait que la mémorisation des premiers items relèvent principalement des mécanismes de MLT.
Liste des effets en rappel libre
Les résultats issus de la technique de rappel libre ont été systématiquement recensés par Glanzer, 1972 . Il a pu ainsi montrer que la partie de la liste responsable de l'effet de récence n'est pas affectée par un grand nombre de variables expérimentales comme le degré de familiarité des mots, leur vitesse de présentation, l'âge des sujets ou la présence d'une tâche concurrente pendant l'apprentissage. Par opposition, toutes ces variables affectent l'apprentissage en mémoire à long terme et par voie de conséquence la rétention des items situés sur la première partie de la liste.
Effet tâche concurrente
Murdock, 1965 a étudié les effets liés à la combinaison d'une tâche distractive sur les performances de sujets en situation de rappel libre. On demande aux sujets de trier des cartes suivant plusieurs critères (un tas, deux couleurs, quatre ou huits catégories) pendant qu'ils entendent une séquence de mots qu'ils doivent mémoriser dans le but d'en restituer le maximum. La contrainte attentionnelle induite par le tri des cartes augmente linéairement avec le nombre de catégories et provoque une baisse sensible de performance sur la première partie de la courbe de rappel libre. A l'opposé, l'effet récence n'est pas affecté par cette tâche concurrente suggérant par là que le système de stockage à court terme requiert moins de charge attentionnelle que l'apprentissage en MLT.
Effet similarité acoustique
Conrad, 1960 a montré que le pattern d'erreurs produit par la présentation d'une séquence de consonnes présentées visuellement était très proche de celui que réalisaient des sujets chargés de discriminer les mêmes lettres quand on les leur présentait auditivement sur fond sonore perturbateur. Sur la base de ce phénomène, il a suggéré que les mots sont stockés sous une forme acoustique en mémoire à court terme.
Une étude de Conrad and Hull, 1964 rapporte des faits en accord avec cette hypothèse. Il montre que des séquences d'items phonologiquement analogues en anglais (par exemple, P,D,V,C,T) sont plus difficiles à mémoriser que des séquences d'items dissemblables sur le plan sonore (par exemple, K,Y,Z,W,R). Wickelgren, 1965 apporte la preuve que cet effet provient principalement de la difficulté de se rappeler l'ordre des items..
Afin d'apporter des preuves décisives au fait que la mémoire immédiate repose sur un codage dépendant du langage, Baddeley, 1966 explore cette hypothèse en utilisant des mots à la place des lettres et en contrastant similarité phonologique et similarité sémantique. Les ensembles de mots similaires sur le plan phonologique apparaissent comme plus difficiles à mémoriser que ceux qui sont dissemblables. La similarité sémantique a, par contre, peu d'effet sur des tâches de mémoire immédiate.
Effet longueur de liste
En rappel libre de listes de mots, les sujets se souviennent plus facilement des mots présentés en début ou en fin de liste que de ceux du milieu. Il y a cependant une série d'effets expérimentaux systématiques qui peuvent affecter cette courbe standard dénomée "courbe de position sérielle". Les effets liés à l'allongements de la liste à mémoriser sont parmi les plus spectaculaires.
Un de ces effets est que les performances sur la première partie de la liste baissent quand on l'allonge. Un autre effet remarquable, étudié pour la première fois par Murdock, 1962, est que, plus la liste de mots à apprendre s'allonge, plus les pics du début et de fin de liste se trouvent nettement séparés. A un certain stade, la courbe des mots rappelés en position centrale forment une ligne horizontale plate et uniforme. Ces effets d'interaction aux deux extrémités de la courbe suggèrent que la position sérielle sur la courbe sont les révélateurs de la mise en oeuvre de deux mécanismes bien différenciés:
- Tous les items, exceptés les derniers de la liste, sont retenus par le sujets en mémoire à long terme.
- La mémorisation des derniers items met en jeu des mécanismes qui relèvent à la fois de la mémoire à court terme et des processus de mémorisation à long terme.
Effet délai
Un des résultat suggéré par la littérature sur l'oubli à court terme
Peterson and Peterson, 1959 est que le délai entre encodage et rappel, délai occupé par une tâche annexe, affecte seulement la fin du pic de la courbe de position sérielle. Effectivement, quand on introduit un tel délai, un effet spectaculaire se produit.
Dans une expérience particulièrement célèbre, Glanzer and Cunitz,1966 proposent à des sujets expérimentaux de mémoriser des listes de mots en situation de rappel libre et d'atttendre 0, 10 ou 30 secondes avant de leur laisser donner leurs réponses (pendant les 10 ou 30 secondes de délai les sujets ont à réaliser une simple tâche de comptage). Dans la conditions où le délai est de 30 secondes, la courbe de position sérielle s'aplatit complétement sur sa partie terminale. Toute les informations supposées être stockées en MCT sont effacées.
Le même effet a été mis en évidence par Postman and Phillips, 1965
Effet vitesse de présentation
Des variations dans la vitesse de présentation des items en rappel libre donnent des courbes qui montrent une interaction entre la position sérielle sur la courbe et le rythme de présentation des mots de la liste. Des taux élevés abaissent les performances de tous les éléments de la liste exceptés les derniers.
Raymond, 1969 proposa des listes de mots avec des rythmes de présentation élevés ou bas (1 et 3 secondes) entre chaque mots successifs. Elle appliqua ensuite les mêmes taux avec un délai entre la phase d'encodage et de rappel. La courbe de position sérielle obtenue montre que l'effet "vitesse de présentation des items" est toujours présent en fin de liste alors que cette portion de la courbe est généralement soumise au contrainte de la mémoire à court terme quand il n'y a pas de délai entre encodage et rappel.
Les effets du rythme sur la MLT suggèrent que le transfert d'information en mémoire permanente suppose que le sujet dispose d'un certain temps entre chaque item pour réaliser ce transfert. Une réduction de ce temps diminue d'autant cette capacité.
Les expériences conduites par Raymond comprenaient l'étude de deux autres variables qui toutes deux produisent des effets similaires à celle du rythme de présentation et ce sous les mêmes conditions de délais entre encodage et rappel (mots versus non-mots et familiarité élevée ou faible). Ces variables génèrent des courbes de position sérielle qui sont séparées sur toutes les positions de la liste exceptées les dernières.
Pour plus d'information sur ces deux effets:
Voir aussi Jahnke, 1968 ; Glanzer and Cunitz, 1966 et Murdock, 1962
Effet type de matériel
On reproche souvent aux expérimentalistes d'être fascinés par les situations artificielles. Il peut en résulter des trouvailles qui sur le plan de la recherche ne sont pas inintéressantes. Le cas des "non-mots" fait partie de celles-ci. Un "non-mot" a l'apparence d'un mot, la sonorité d'un mot, mais, comme le Canada Dry n'est pas un mot. Ce facteur "mot" versus "non-mot" permet d'étudier l'influence de la mémoire sémantique sur la mémorisation de listes de mots sans affecter directement les processus associés aux dimensions phonologiques du maintien de ces information en mémoire à court terme. Raymond, 1969 a ainsi pu montrer que l'apprentissage de syllabes sans signification, dans les situations de rappel libre, affectait plus particulièrement la première partie de la curbe de position sérielle sans modifier notablement la dernière partie de cette même liste.
Ce facteur concerne aussi l'opposition nombre et mots non traité dans le cadre de Memolab.
Effet familiarité
Il existe un certain nombre de variables qui classiquement affectent l'apprentissage par coeur (rote learning). Parmi celles-ci figure en bon rang la variable "familiarité" qui désigne, dans le cas où l'on s'intéresse aux mots, la fréquence avec laquelle on rencontre tel ou tel mot dans une langue donnée. Il existe des dictionnaires spécialisés qui donnent cette information avec une très grande précision. Pour les besoins de la recherche, on utilise plus fréquement deux catégories contrastées (mots fréquents et mots rares). Dans le maniement de cette variable, une des principales difficulté réside dans le fait que les mots courts sont généralement aussi des mots fréquents et les mots rares sont aussi souvent des mots longs. Pour fabriquer des listes de mots différents sur la plan de la familiarité mais identiques sur les autres variables, il est donc préférable de travailler avec des mots de longueur moyenne (deux ou trois syllabes).
Les mots familier en rappel libre ont généralement comme effet d'améliorer la performance des sujets sur tous les items de la liste exceptés les derniers. Par opposition, les mots rares abaissent la performance des sujets sur cette même partie de la liste. Cet effet a été étudié en particulier par Sumby, 1963 et aussi par Raymond, 1969
Effet similarité sémantique
Afin d'apporter des preuves décisives au fait que la mémoire immédiate repose sur un codage dépendant du langage, Baddeley, 1966 explore cette hypothèse en utilisant des mots à la place des lettres et en contrastant similarité phonologique et similarité sémantique. Les ensembles de mots similaires sur le plan phonologique apparaissent comme plus difficiles à mémoriser que ceux qui sont dissemblables. La similarité sémantique a, par contre, peu d'effet sur des tâches de mémoire immédiate.
Ce facteur a surtout été étudié pour les paires associées de mots et leur position dans la liste présentée. Voir à ce sujet Glanzer and Schwartz, 1971
Effet mode de présentation
Le rôle important joué par les facteurs phonologiques et
articulatoires en mémoire à court terme a inspiré à Murdock and Walker, 1969
une recherche sur le mode de présentation des items dans
les épreuves de rappel libre. Ils ont ainsi comparé la performance de
sujets à qui on présente des listes de mots à apprendre, ces mots
étant donnés auditivement ou visuellement. Cette seule différence dans
la procédure suffit à provoquer des effets sensibles et significatifs
sur la dernière partie de la courbe de position sérielle (celle
concernée par l'effet de récence). La présentation auditive donne des
résultats nettement supérieur à la présentation visuelle. Ce mode de
présentation est d'ailleurs celui qui est choisi en situation
canonique.
Le modèle modal
A la fin des années 60, il semblait y avoir assez de preuves convergentes pour justifier de séparer les processus associés au maintien de l'information en MCT et de ceux responsables du stockage en MLT. Un certain nombre de modèles visant à décrire comment circule le flux des informations entre les différents modules de la mémoire virent donc le jour. Le plus caractéristique, et celui qui connu le plus de succès, fut sans conteste celui de Atkinson and Shiffrin, 1968. Il porte le nom de "modèle modal" en raison de son caractère intégrateur des différents modèles produits à cette époque.
Le modèle modal postule que l'information en provenance du monde extérieur est tout d'abord traitée en parallèle par un ensemble de processeurs sensoriels attachés aux différentes modalités perceptives. Ces modules transmettent ensuite l'information à un registre de stockage à court terme qui, à son tour, transmet l'information à un registre à long terme. Outre le stockage de l'information, le registre à court terme est censé effectuer un certain nombre d'autres fonctions qu'Atkinson et Shiffrin appellent des processus de contrôle:
- la répétition qui assure le maintien temporaire d'une information
- le codage des informations
- la prise de décision
- la mise en oeuvre des stratégies de recherche en mémoire
Le modèle d'Atkinson et Shiffrin représente sûrement le modèle le plus achevé de la famille des modèles de la mémoire à deux composantes. Il offre une interprétation simple et cohérente de l'ensemble des faits expérimentaux mis en évidence par les recherches à partir du paradigme de rappel libre. Néanmoins, comme on pourra le voir, la mémoire est un ensemble plus complexe (et aussi plus intéressant) que ces premiers modèles ne le laissaient croire.
Le rôle de la mémoire de travail dans la cognition
Les recherches sur la Mémoire à Court Terme (MCT) sont issues de l'intérêt suscité pour un certain nombre de problèmes pratiques comme par exemple, la tentative de Jacobs visant à mesurer la capacité intellectuelle de ses élèves. De manière similaire, d'autres auteurs comme Broadbent se sont intéressés à l'attention partagée et son application à certains métiers comme celui d'aiguilleur du ciel, ou enfin, comme Conrad, à la faculté de mémorisation des numéros de téléphone et des codes postaux.
Cependant, vers la fin des années 60, l'étude de la MCT est devenue très liée aux études de laboratoire. Ce qui amène les chercheurs à produire une pléthore de nouvelles techniques d'expérimentation, de modèles détaillés et de théories souvent exprimées sous forme mathématique. Bien que fondé presque entièrement sur ce type de résultats, le modèle d' Atkinson et Shiffrin, 1968 met en avant l'importance générale du stockage à court terme de l'information en mémoire. Dans ce modèle, l'unité de stockage à court terme fonctionne comme une "mémoire de travail", c'est-à-dire un système servant à retenir temporairement et à manipuler les informations pour toute une gamme importante de tâches cognitives telles que l'apprentissage, le raisonnement et la compréhension.
Mémoire à cour terme ou mémoire de travail ?
Pour sortir des situations artificielles crées par la recherche de laboratoire, il fallait étudier le rôle de l'unité de stockage à court terme dans une série de tâches et de situations et se poser la question suivante: l'unité de stockage à court terme sert-elle vraiment de mémoire de travail générale? En effet, le concept de mémoire de travail tend à mettre en valeur le rôle du stockage temporaire de l'information dans des tâches cognitives plus complexes que celles traitées en laboratoire à l'époque telles que le raisonnement, la compréhension et l'apprentissage.
Dans le cadre de leurs explications exprimées par le modèle des "niveaux de traitement", Craik et Lockhart, (1972) ont continué d'admettre que la mémoire primaire jouait un rôle important dans la cognition, mais était-ce vraiment nécessaire? Leur modèle prenait en compte l'absence d'apprentissage à long terme à la suite d'une auto-répétition de maintien. Considérant les incertitudes au sujet de l'explication des effets de récence, doit-on vraiment admettre l'existence d'une unité de stockage à court terme? Pour être encore plus direct, si les patients qui présentent un grave déficit de leur mémoire à court terme ne semblent par ailleurs pas affectés et sont capables de vivre une vie bien remplie et riche, l'étude de la MCT n'est-elle rien d'autre, comme le souligne Baddeley, qu'un cul de sac dans l'histoire courte mais tortueuse de la psychologie expérimentale humaine?
Une hypothèse largement répandue laissait penser que l'unité de stockage à court terme sert de mémoire de travail provisoire en nous aidant à accomplir une variété d'autres tâches cognitives (Atkinson & Shiffrin, 1967; Hunter, 1957; Newell & Simon, 1972); l'argument expérimental en faveur d'un tel point de vue était extrêmement inconsistant. Pour cette raison, Baddeley et Hitch (1974) décidèrent de tester cette hypothèse en utilisant une technique de double tâche par laquelle on demande au sujet d'accomplir un travail absorbant la majeure partie de sa mémoire de travail tout en accomplissant des tâches d'apprentissage, de raisonnement et de compréhension, considérées comme dépendantes des capacités de la mémoire de travail. Si cette hypothèse est correcte, le fait d'accomplir simultanément une tâche faisant intervenir la MCT devrait provoquer un affaiblissement considérable des performances à ces épreuves.
Baddeley et Hitch (1974) ont demandé à des sujets de se souvenir de suites de nombres d'une longueur allant de 0 à 8 chiffres, tout en effectuant un test de raisonnement. Ce test consistait à vérifier une série de phrases dont chacune prétend décrire l'ordre dans lequel deux lettres successives, A et B sont présentées. Le travail du sujet est de décider si la phrase décrit cet ordre correctement ou non. Les exemples vont de simples phrases affirmatives telles que "A suit B - BA " (vrai), à des phrases plus complexes comprenant des phrases à la forme négative ou passive telles que "B n'est pas précédé de A - AB" (faux). Les résultats à ces expériences amènent deux remarques. Tout d'abord, le temps de raisonnement augmente nettement et de façon systématique lorsque la charge de la mémoire simultanée augmente, tout comme le laisserait prévoir l'hypothèse de l'existence de la mémoire de travail. Deuxièmement, il faut noter que cet effet est loin d'être catastrophique. Demander à un sujet de répéter simultanément huit éléments, ce qui dans de nombreux cas dépasse ce qui peut être retenu avec précision, ne provoque une augmentation de la latence du temps de réponse que d'environ 35%. Le plus surprenant est que l'on remarque que le taux d'erreur reste constant à environ 5%. Il n'est pas facile d'expliquer ces résultats si l'on admet que la mémoire de travail fait intervenir une seule unité de stockage dont la capacité limitée est susceptible d'être entièrement absorbée lorsque la valeur de l'empan est atteint. En partant de cette hypothèse, une charge simultanée de 8 chiffres devrait provoquer un effondrement des performances de raisonnement. Ce qui n'est absolument pas le cas.
C'est pour expliquer de tels phénomènes que Baddeley a construit son modèle de la mémoire de travail.
Le modèle de Baddeley
A partir des résultats de ses recherches avec Hitch sur les capacités de stockage de la mémoire à court terme, Baddeley a proposé un modèle de mémoire de travail dans lequel un système de contrôle de l'attention supervise et coordonne un certain nombre de systèmes esclaves auxiliaires. Le premier a été appelé le contrôleur d'attention ou "processeur central" et les deux systèmes esclaves, la boucle articulatoire ou phonologique que l'on tient responsable de la manipulation des informations provenant du langage, et le bloc-note ou l'ardoise visuo-spatiale que l'on pense être responsable de l'établissement et de la manipulation des images visuelles.
La boucle phonologique
On admet que la boucle phonologique comporte deux composantes, une unité de stockage phonologique capable de contenir les informations provenant du langage, et un processus de contrôle articulatoire reposant sur le langage interieur. Les traces mnésiques contenues dans l'unité de stockage phonologique sont supposées s'effacer et devenir irrécupérables au bout d'une seconde et demi à deux secondes. On peut cependant rafraîchir ces traces par un procédé de lecture fourni le processus de contrôle articulatoire qui le renvoie alors dans l'unité de stockage. Ce processus est à la base de l'auto-répétition subvocale. Le processus de contrôle articulatoire est aussi capable de prendre un élément écrit, de le convertir en un code phonologique et de l'enregistrer dans l'unité de stockage phonologique. Ce modèle simple d'unité de stockage phonologique servi par un processus de contrôle articulatoire peut donner une explication cohérente du phénomène suivant
Recherche, reconnaissance et oubli en mémoire à long terme
\emph{Ce chapitre est en cours de rédaction}
Références bibliographiques
Présentation des principaux articles en relation avec les expériences simulables dans Memolab ou cités dans cet hypertexte.
Atkinson and Shiffrin, 1968
Human memory: a proposed system and its control processes. In K.W. Spence (Ed), The psychology of learning and motivation: advances in research and theory, Vol 2 New York: Academic Press
Baddeley, 1966
Short-Term Memory for Word Sequences as a Function of Acoustic, Semantic and Formal Similarity. Quaterly Journal of Experimental Psychology, 18, 362-365
Résumé:
L'expérience 1 étudie la mémoire à court terme pour des séquences de cinq mots présentés auditivement en fonction de leur similarité accoustique ou sémantique (par exemple man, mad, cap, can, map et pen, rig, day, bar, sup). Les résultats font apparaître un important effet de dégradation des performances de la similarité accoustique sur la mémoire à court terme (72,5 %). Cet effet est sensiblement plus élévé (p < 0.001) que l'effet faible (6.3 %) mais efficace (p < 0.05) de la similarité sémantique.
L'expérience II compare les performances de sujet adultes sur une épreuve de mémoire à court terme pour des séquences de mots qui ont une structure "de lettre" similaire (similarité de forme), mais qui sont prononcés différemment, contre des mots similaires accoustiquement mais de formes différentes. On remarque un effet significatif de la similarité accoustique mais pas de la similarité de forme.
L'expérience III reproduit l'effet de similarité accoustique trouvé dans l'expérience I en remplaçant la représentation auditive par une représentation visuelle. De nouveau, un effet significatif et important de similarité accoustique a été observé.
Voir aussi Rappel libre
Baddeley, 1967
he influence of acoustic and semantic similarit on long-term memory for word sequences. Quaterly Journal of Experimental Psychology, 18, 302-309.
Résumé:
On a pu montrer (Baddeley, 1966) que la mémorisation à court terme de mots est sensiblement diminuée lorsque l'on utilise des mots accoustiquement similaires. Celle-ci n'est, par contre, relativement pas affectée par la similarité sémantique. Létude présenteé ici part de l'hypothèse que la mémoire à long terme pourrait être affectée de la même manière.
Dans l'expérience I, les sujets apprennent une liste de 10 mots sous une des quatre conditions suivantes: les listes comprennent des mots soit sémantiquement similaires soit accoustiquement similaires ou des mots "contrôle" de fréquence équivalente. Les listes sont apprises pendant 4 essais, à la suite desquels les sujets passent 20 min. sur une tâche de mémorisation de chiffres implicant la mémoire immédiate. On demande ensuite aux sujets de se rappeler la liste de mots initiale. La liste comprenant les mots similaires sur le plan accoustique est apprise relativement lentement, mais contrairement aux trois autres listes, elle est apprise sans oubli.
L'expérience II montre que le résultat paradoxal de l'expérience 1 peut être expliqué en admettant que le score d'apprentissage dépend à la fois des processus de mémorisation à court terme et de mémorisation à long terme tandis que le test ultérieur dépend uniquement de la mémoire à long terme.
L'expérience III repète l'expérience I mais tente de minimiser les effets liés à la mémorisation à court terme durant l'apprentissage en interposant, entre la présentation et les tests des séquences de mots, une tâche pour éviter les répétitions. Contrairement à la mémoire à court terme, la mémoire à long terme s'avère être diminuée par la similarité sémantique mais pas par la similarité accoustique. On en conclut que la mémoire à court terme et la mémoire à long terme emploient des systèmes de codage différents.
Voir aussi Rappel libre
Baddeley, 1976
The Psychology of Memory New York: Basic Books
Broadbent, 1958
Perception and Communication London: Pergammon Press
Brown, 1958
Some tests of the decay theory of immediate memory.Quaterly Journal of Experimental Psychology, 10, 12-2
Conrad, 1960
Very brief delay of immediate delay. Quaterly Journal of Experimental Psychology, 12, 45-47
Conrad and Hull, 1964
Information, acoustic confusion and memory span . British Journal of Psychology, 55, 429-432.
Ericsson and Chase, 1982
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Glanzer, 1972
Storage Mechanisms in Recall. In G.H. Bower (Ed.) The psychology of learning and motivation: Advances in research and theory, Vol V. New York: Academic Press.
Résumé:
Les données des recherches sur la ,mémorisation de listes de mots ont été décrites à partir de plusieurs points de vue. Le point de vue de Glanzer repose sur le principe que le rappel est un processus impliquant au moins deux mécanismes de stockage distincts.
Dans le cas du rappel libre, la raison qui permet d'admettre ces deux mécanismes peut être trouvée dans une caractéristique remarquable du paradigme: la fonction de position sérielle. Dans le rappel libre des listes, en effet, les sujets sont susceptibles de se rappeler d'avantage des premiers et des derniers items de la liste présentée que de ceux du milieu. Il y a, de plus, une variété d'effets expérimentaux systématiques qui peuvent être analysés sur cette courbe: dans la plupart des cas, la courbe augmente ou diminue dans toutes les positions sauf les dernières. Cet effet représente l'interaction entre une variable expérimentale et une position dans la série.
Ces effets d'interaction aux deux extrêmités de la courbe résultent de deux mécanismes différents: Glanzer présume que toutes les positions sérielle, à l'exception des dernières, resultent principalement du stockage à long terme alors que les dernières résultent à la fois du stockage à court terme et du stockage à long terme avec une dominance du stockage à court terme.
Voir aussi Rappel libre
Glanzer and Cunitz, 1966
Two Storage Mechanisms in Free Recall, Journal of Verbal Learning and Verbal Behavior, 5, 351-360.
Résumé:
Deux expériences ont été conduites pour tester l'hypothèse que la courbe de position sériel bimodale en rappel libre est le produit de deux mécanismes de stockage bien différencié, l'un à court terme et l'autre à long terme. Les expériences rapportées ici ont comme objectif de prouver qu'il est possible de produire ces effets sous différentes contraintes.
Dans la première expérience, seuls les taux de présentation et de répétition des mots seuls sont manipulés. Ceci afin de pouvoir apprécier leur effet sur le stockage à long terme, c'est-à-dire sur le début de la courbe de position sérielle. Le taux de présentation a l'effet escompté. Il augmente différemment la section initiale de la courbe de position de série et il n'a pas d'effet sur la section finale de la courbe. Néanmoins, la répétition des items n'a aucun effet qui ne puisse être en même temps attribuable au taux de présentation. Ce facteur ne peut donc pas être utilisée pour démontrer à lui seul l'effet differentiel escompté.
Dans la seconde expérience, le délai entre la fin de la liste et le rappel est modifié jusqu'à avoir un effet sur le stockage à court terme et par conséquent, sur la fin de la courbe de position sérielle. L'effet prévu est clairement démontré. Les résultats rendent possible la systématisation de certaines conclusions de la littérature.
Voir aussi Rappel libre
Glanzer and Schwartz, 1971
A Mnemonic Structure in Free Recall. Differential Effects on STS and LTS. Journal of Verbal Learning and Verbal Behavior, 10, 194-198.
Résumé:
Cette recherche étudie l'effet de la structure associative de la mémoire sur le paradigme de rappel libre (en particulier, l'effet de cette variable sur le stockage à long terme par opposition au stockage à court terme). Les effets sur le stockage à long terme et sur le stockage à court terme sont mis en évidence par l'utilisation de tâches concurrentes entre l'encodage et le rappel (effet délai). On observe que cet effet n'est présent que sur les parties de la courbe affectées classiquement par les processus de stockage à long terme.
Voir aussi Rappel libre
Hunter, 1962
An exceptional talent for for calculative thinking. British Journal of Psychology, 53,243-258
Jacobs, 1887
Review of "The Psychology of Memory" by H. Ebbinghaus. Mind, 10 {{mots clefs|mémoire primaire; mémoire secondaire
Jahnke, 1965
Primacy and Recency Effects in Serial Position curves of Immediate Recall. Journal of Experimental Psychology, 70,1, 130-132.
Résumé:
Des listes de 6, 10 et 15 mots anglais sont lues dans un ordre "contrebalancé" à 48 lycéens. La moitié des sujets a reçu des instructions de rappel sériel immédiat des listes ; l'autre moitié devant procéder au rappel libre. Le pourcentage moyen de rappel est plus élévé pour des conditions en rappel libre que pour le rappel sériel et pour les listes courtes que longues. Les courbes de position sérielle montrent que l'effet "récence" relatif à la primauté sont plus forts pour le rappel libre que pour le rappel sériel et pour les listes plutôt longues que courtes. La fréquence des rappels apparaît comme étant plus liée à l'ordre d'emission d'un item pendant le rappel qu'à son ordre lors de présentation.
Voir aussi rappel libre
Jahnke, 1968
Presentation Rate and Serial-Position Effect on Immediate Serial Recall. Journal of Verbal Learning and Verbal Behavior, 7, 608-612.
Résumé:
Cette recherche étudie les effets des taux de présentation d'items sur l'organisation sérielle des listes de mots autour et au delà de la longueur de l'empan(7 ou 8). On donne aux sujets des instructions comme pour le rappel sériel (ordonné) de listes de mots. Le rappel est meilleur à des taux plus lents de présentation, mais l'amélioration dans le rappel à taux plus lents ne va pas jusqu'aux derniers items d'une liste. On observe que les taux plus lents augmentent la taille de l'empan initial et facilitent l'ordonnancement des items dans le rappel. Dans l'interprétation, l'accent est mis à la fois sur les effets liés à l'ordre de présentation et l'ordre de rappel comme déterminants des effets de position sériel.
Levy and Murdock, 1968
The Effects of Delayed Auditory Feedback and Intralist Similarity in Short-Term Memory. Journal of Verbal Learning and Verbal Behavior, 7, 887-894.
Résumé:
Trois études sont rapportées dans lesquelles les sujets entendent les items (mots appartenant à une liste) avec feedback auditif immediat ou retardé.
Dans l'expérience I, on utilise des listes similaires associativement pour tenter de limiter l'utilisation d'indices associatifs. On force ainsi les sujets à ne compter que sur les indices accoustiques. La diminution hypothétique du rappel avec feedback auditif retardé par comparaison avec le feedback auditif immédiat n'a pas être mis en évidence.
Dans l'expérience II, des listes accoustiquement similaires de mots sont utilisées avec deux taux de présentation. La similarité accoustique a un effet négatif sur la rappel en mémoire primaire. Le taux de présentation n'est une variable significative que pour la mémoire secondaire (MLT).
L'expérience III contraste la similarité accoustique de la similarité visuelle en utilisant des lettres. De nouveau, on observe la diminution de la performance dûe aux phénomènes acoustiques sur le rappel. La similarité visuelle n'a pas d'effet. On n'observe pas d'effet de feedback auditif retardé dans l'expérience II et III. Les résultats sont discutés en terme de perte des indices articulatoires comme étant le facteur crucial déterminant de l'effet accoustique. De plus ce sont les critères de changement de catégories plutôt le declin de la trace qui compte pour expliquer l'effet de similarité accoustique.
Voir aussi rappel libre
Loess, 1968
Short-term memory and item similarity. Journal of Verbal Learning and Verbal Behavior, 7, 87-92.
Résumé:
La mémorisation de triades de mots homogènes quant à leur catégorie taxinomique (ex. ROUGE-GORGE, ROITELET,GRIVE) est mesurée individuellement par la méthode Peterson pour quatre groupes de 30 sujets. Les triades sont présentées successivement par catégorie ou sont alternées parmi deux ou quatre catégories.
Les résultats montrent que (a) la mémorisation est maximale pour le premier item de chaque catégorie; (b) la mémorisation décroît de façon significative pour le deuxième item de chaque catégorie; (c) la majorité des intrusions déclarées sont attribuables aux items précédents de la même catégorie; et (d) les erreurs de transpositions sont plus fréquentes que dans les études utilisant des items non homogènes. Les résultats sont interprétés comme indiquant que l'inhibition proactive est une fonction de la similarité sémantique et de l'effet de recence en mémoire à court terme.
Voir aussi rappel libre
Melton, 1963
Implications of short-term memory for a general theory of memory. Journal of Verbal Learning and Verbal Behavior, 2, 1-21.
Miller, 1956
The Magic Number seven, plus or minus two: Some limits on our capacity for processing information. Psychological Review, 63, 81-97.
Murdock, 1961
The retention of individual items. Journal of Experimental Psychology, 62, 618-625
Murdock, 1962
The serial position Effect of Free Recall Journal of Verbal Learning and Verbal Behavior, 5, 351-360.
Résumé:
Cette expérience est une étude de l'effet de la position sérielle des mots en rappel libre. Des courbes de résultats sont obtenues pour des listes au format 10-2, 20-1, 15-2, 30-1, 20-2, et 40-1 pour lesquelles le premier chiffre indique la longueur de la liste et le second, le temps de présentation par mot. Sur la base des faits disponibles dans la littérature, on conclut que, sous ces conditions, la courbe de position sérielle sera caractérisée (1) par un effet primauté qui s'étendra au delà des premiers trois ou quatre mots dans la liste, (2) par un effet de recence en S qui s'étendra au delà des derniers huit mots dans la liste et (3) par une asymptote horizontale mesurant l´effet recence et primauté. En dernier lieu, on suggère que la forme de la courbe peut résulter d´effets d´inhibition retroactif et proactif se produisant au sein même de la liste.
Voir aussi rappel libre
Murdock, 1965
Effects of a subsidiary task on short-term memory. British Journal of Psychology, 56, 413-419
Résumé:
Si le mécanisme à capacité limité de la mémoire à court terme existe, alors le fait d´introduire une tâche subsidiaire concurrente doit affecter le rappel négativement. Deux expériences sur le rappel libre sont ici conduites avec, comme tâche subsidiaire, le tri de cartes.
Dans la première expérience, les sujets distribuent des cartes sur une pile, sur deux en les triant par couleur, ou sur quatre piles en faisant des suites. Pendant ce temp, des listes de mots anglais familiers leur sont lues. Les sujets ne trient les cartes que pendant la présentation des listes. Le nombre de mots rappelés correctement décroît avec l´augmentation de l´attention demandée par la tâche subsidiaire.
Dans la seconde expérience, le tri par suite est combiné avec le rappel libre et tous les compromis possibles (importance relative des deux tâches) sont présentés aux sujets. La performance portant sur les tâches de rappel et de tri des cartes se détériore lorsque l´autre tâche est sollicitée. Les différences dans le rappel ne peuvent pas être facilement attribuées aux différences dans l´apprentissage et les résultats suggèrent que la tâche subsidiaire interfère avec la répétition et/ou la diminution du temps total de présentation pour le rappel libre.
Voir aussi rappel libre
Murdock and Walker, 1969
Modality Effects in Free Recall Journal of Verbal Learning and Verbal Behavior, 8, 665-676
Résumé:
Ces expériences comparent la présentation visuelle et auditive dans le rappel libre de série unique. L´expérience I utilise des listes de 20 mots présentées visuellement ou auditivement . L´expérience II utilise des listes mélangées comme 10-10, 2-10-8, 5-5-5-5, ou choisies au hasard. L´expérience III utilise des listes de 10 mots présentées soit visuellement, soit auditivement, soit construites au hasard. La modalité de présentation affecte la partie de la courbe de position sérielle relative à la recence mais pas l´asymptote. La présentation de liste mélangée amplifie énormement la supériorité auditive et l´ordre de rappel est organisé par mode de présentation. On réaffirme qu´il existe des stockages visuels et auditifs prélinguistiques séparés qui peuvent durer jusqu´à 5-10 secondes au moins.
Voir aussi rappel libre
Neisser, 1978
Memory: What are the important questions ? In M.M Gruneberg, P.E. Morris and R.N. Sykes (Eds), Practical aspects of memory. London: Academic Press.
Peterson and Peterson, 1959
Short-term retention of individual verbal items. Journal of Experimental Psychology, 58, 193-198.
Postman and Phillips, 1965
Short-Term Temporal Changes in Fre Recall. Quaterly Journal of Experimental Psychology, 17, 132-138.
Résumé:
Cet article rapporte une étude expérimentale sur la mémoire à court terme pour des listes de mots anglais familiers. Des listes de 10, 20 et 30 mots n´ayant pas de rapport entre eux sont présentés à la vitesse de un par seconde. La rétention des items est mesurée en rappel libre après des intervalles de 0,15 et de 30 secondes. Une tâche de calcul est utilisée pour empêcher la répétion durant les intervalles de rétention. Le niveau absolu de rappel augmente avec la longueur des listes alors que les pourcentages des items retenus indiquent la tendance inverse. Les scores de rappel décroîent régulièrement comme une fonction de l´intervalle de rétention, avec des taux d´oublis comparables aux trois longueurs de liste. Le déclin dans la nombre d´éléments rappelés est en grande partie dû à la perte des derniers items dans la liste. Par conséquent, l´effet de recence prononcé, présent sur le test de rappel immédiat est réduit progressivement comme une fonction du temps. Par contre, la retention de la partie initiale de la liste est relativement stable. Ces variations dans le taux d´oubli sont attribuées aux différences de position sérielle et à leur prédisposition à l´inhibition proactive.
Voir aussi rappel libre
Raymond, 1969
Short-Term Storage and Long-Term Storage in Free Recall. Journal of Verbal Learning and Verbal Behavior, 8, 567-574.
Résumé:
Deux expériences sur le rappel libre sont conduites afin d´examiner l´hypothèse des deux mécanismes de stockage dans la mémoire contre l´hypothèse de l'existence d´un seul mécanisme d´interférence. La conclusion principale de l´expérience I est que, en accord avec le modèle à deux registres de stockage, le taux de présentation, la nature du matériel (mots versus trigrammes), et la familiarité affectent le rappel depuis le stockage à long terme mais pas depuis le stockage à court terme alors que les délais affectent le rappel depuis le stockage à court terme mais pas depuis le stockage à long terme. Dans l´expérience II, on examine la forme de l´effet de position sérielle sur des listes successives. Peu de preuves concernant un hypothétique effet d´inhibition proactive systématique ont pu être trouvées. Les résultats sont considérés comme étant plutôt favorables au modèle à deux registres de stockage.
Voir aussi rappel libre
Ryan, 1969
Temporal grouping, rehearsal and short-term memory, Quaterly Journal of Experimental Psychology, 21, 148-155.
Voir aussi empan mnésique
Sumby, 1963
Word Frequency and Serial Position Effects Journal of Verbal Learning and Verbal Behavior, 1, 443-450.
{Résumé:}
L´objet de cette étude est l´influence de la fréquence des mots sur l´apprentissage de série en utilisant la méthode du rappel libre. Les résultats sont les suivants:
- (1) Les sujets ont tendance à apprendre les séries de mots très familiers plus rapidement que les séries peu familiers. Un écart important entre fréquences de mots dans les séries est cependant nécessaire pour produire des différences statistiquement significatives entre les scores de rappel.
- (2) Lorsque les sujets connaissent les groupes de mots, il est plus facile d´apprendre un ordre particulier pour des listes de mots familiers plutôt que pour des listes de mots non-familiers.
- (3) L´ordre de rappel pour les séries de haute fréquence est différent de celui des séries de basse fréquence lorsque que l´on doit apprendre un ordre de mots particulier. Pour les séries de haute fréquence, la première partie de la liste est émise en premier et pour les séries de basse fréquence, les mots de la fin de la liste ou proches de la fin sont émis les premiers.
- (4) La forme inclinée des courbes de position sérielle est plus prononcée pour les séries de haute fréquences que pour les séries de basse fréquence.
- (5) On suggère qu´il existe une tendance pour que les mots de haute fréquence soient associés sémantiquement et que les mots de basse fréquence soient associés phonétiquement.
Voir aussi rappel libre
Wickelgren, 1964
Size of rehearsal group and short-term memory, Journal of Experimental Psychology, 68, 413-419.
Voir aussi empan mnésique
Wickelgren, 1965
Short-term memory for phonemically similar lists. American Journal Psychology, 78, 567-574.