Cinq paradigmes de la motivation

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Introduction

La motivation joue un rôle important dans l'éducation et la formation, influençant directement l'engagement et la persévérance des adultes dans leur parcours d'apprentissage. Comprendre les paradigmes sous-jacents à la motivation permet de concevoir des stratégies pédagogiques efficaces qui répondent aux besoins variés des apprenants. Voici la liste proposée par Carré et Fenouillet (2011).

Les cinq paradigmes de la motivation

Le béhaviorisme

Le paradigme béhavioriste de la motivation, qui a prévalu au début du XXe siècle, s'appuie sur les travaux de chercheurs tels que B.F. Skinner. Selon cette approche, la motivation est étroitement liée aux stimuli et aux réponses observables. Elle rejette l'idée de conscience et se concentre sur l'observation des comportements pour comprendre pourquoi les individus agissent de certaines manières. Les besoins physiologiques primaires, comme la faim, la soif et la chaleur corporelle, génèrent des états de déséquilibre, appelés "drive", qui motivent les individus à agir pour réduire ces tensions. L'apprentissage par association et renforcement est considéré comme le mécanisme clé par lequel les besoins primaires entraînent le développement de besoins secondaires de niveau supérieur, tels que l'apprentissage.

L'application majeure de cette perspective en éducation est l'enseignement programmé, où les contingences de renforcement sont utilisées pour modifier le comportement des apprenants. Cette approche a également influencé de nombreuses méthodes pédagogiques qui cherchent à susciter l'intérêt des apprenants en utilisant des stimuli externes, tels que des outils pédagogiques attrayants ou des méthodes d'enseignement engageantes.

La psychanalyse

Le paradigme psychanalytique, dont Sigmund Freud est l'auteur le plus célèbre, se concentre sur les aspects psychodynamiques de la motivation. Selon cette approche, chaque acte psychique a une signification intentionnelle, bien que cette intention reste souvent inaccessible à la conscience du sujet. Les motivations sont souvent interprétées comme des expressions d'aspects inconscients En effet, les motivations derrière nos actions et nos pensées sont souvent profondément enracinées et échappent à notre conscience quotidienne. Cela signifie que nos actes ont souvent des significations cachées qui ne sont pas immédiatement évidentes pour nous. La psychanalyse s'intéresse à découvrir ces motivations cachées en examinant notre passé, nos expériences et nos émotions refoulées. Elle aide à comprendre pourquoi nous agissons de certaines manières, même lorsque ces raisons ne sont pas évidentes à première vue.

En éducation, la psychanalyse a contribué à la reconnaissance de l'importance des facteurs biographiques dans le rapport au savoir et a souligné l'existence d'aspects inconscients dans l'acte éducatif. Cependant, cette approche est critiquée pour sa tendance déterministe, où l'individu est souvent considéré comme l'objet de ses pulsions et désirs inconscients, limitant ainsi son rôle actif dans la maîtrise de son propre apprentissage.

La sociologie

En sociologie, le terme "motivation" est moins fréquemment utilisé, mais les sociologues s'intéressent à la dynamique de l'action individuelle dans un contexte social. Les sociologues ont examiné les facteurs sociaux et les conditions sociales qui influencent les motivations. Par exemple, les sociologues ont exploré les motivations sociales partagées par des groupes de même catégorie sociale. Ils ont également étudié les variations individuelles dans la motivation une fois que les déterminants sociaux majeurs sont pris en compte.

Au fil des années, la sociologie a évolué vers une compréhension plus nuancée de la dynamique de l'action individuelle, en intégrant des concepts tels que la "stratégie de l'acteur" de Michel Crozier, l'"habitus" de Pierre Bourdieu, la "logique d'action" de François Dubet et la "construction identitaire" de Claude Dubar. Cette sociologie du sujet apprenant complémente naturellement une psychologie des motivations dans l'analyse du rapport à la formation.

La psychologie cognitive

La psychologie cognitive, qui a été largement occultée par les paradigmes précédents jusqu'au milieu du siècle, se concentre sur les mécanismes de traitement de l'information. Dans cette perspective, les aspects motivationnels de l'action sont souvent négligés, et les dynamiques de la conduite sont souvent considérées comme automatiques. Les processus cognitifs, tels que l'évaluation de la nouveauté de l'information, sont traités comme des éléments parmi d'autres.

Cependant, certaines recherches en psychologie cognitive ont examiné l'évaluation automatique de la nouveauté de l'information comme un déterminant de la motivation cognitive. Par exemple, dans la théorie de la dissonance cognitive de Leon Festinger, la présence simultanée de cognitions contradictoires crée une tension qui motive le sujet à agir pour restaurer son équilibre cognitif. Cela montre que la psychologie cognitive a également abordé les aspects motivationnels de l'action, bien que d'une manière souvent considérée comme automatique.

Vers une psychologie "chaude" des processus conatifs

Enfin, le paradigme émergent d'une psychologie "chaude" des processus conatifs cherche à intégrer les aspects dynamiques de l'action et de la motivation dans l'étude du comportement et de la cognition. Cette approche considère l'individu comme un acteur actif dans son propre destin, capable d'arbitrer entre ses émotions, ses désirs et les exigences de son environnement. Weiner (1992, cité dans Carré & Fenouillet, 2011) souligne que les anciennes conceptions de l'homme comme une machine soumise à des forces extérieures sont remplacées par la vision d'un individu conscient et rationnel qui joue un rôle actif en arbitrant ses actions. Bandura (2003, cité dans Carré & Fenouillet, 2011), de son côté, met en avant l'intégration de la motivation et de la cognition, montrant que la motivation joue un rôle crucial dans la manière dont les individus pensent, apprennent et agissent.

Selon cette perspective, la gestion de l'action est cruciale, et le terme "conation" est utilisé pour décrire le choix et l'orientation des activités finalisées. Cette approche offre un cadre pour comprendre la motivation dans l'apprentissage et la formation des adultes. Dans ce nouveau paradigme, la gestion de l'action devient essentielle, et la motivation occupe une place centrale entre les registres traditionnels de la cognition et de l'affect, remodelant ainsi notre compréhension de la dynamique de la motivation dans le contexte de la formation des adultes.

Conclusion

Ces paradigmes offrent une vision élargie de la complexité et de la dynamique motivationnelle, soulignant que la motivation est influencée par divers facteurs. De plus, les motifs d'engagement en formation des adultes illustrent la diversité et l'évolution des raisons qui poussent les individus à s'engager dans un apprentissage tout au long de leur vie. Ces motifs, qu'ils soient intrinsèques, tels que le désir de connaissance, ou extrinsèques, comme les avantages professionnels ou économiques, jouent un rôle crucial dans l'engagement et la persistance dans la formation. Reconnaître et comprendre ces motifs est fondamental pour concevoir des stratégies pédagogiques efficaces et pour encourager une participation active et soutenue à l'apprentissage.

Bibliographie

Carré, P., & Fenouillet, F. (2011). Motivation et rapport à la formation. Dans Traité des sciences et des techniques de la formation (p. 269 289). https://doi.org/10.3917/dunod.carre.2011.01.0269