Mémoire, motivation et émotions: enjeux pour les apprentissages
Page créée par Jenny Freimüller, volée Drakkar, le 29 octobre 2023.
Résumé
Cet article succinct a pour objectif de répondre à la question suivante : « Quel rôle la motivation, la volition, les émotions et la mémoire de travail joue-t-elles dans les processus d’apprentissage et en quoi sont-elles liées ? »
Mots clés
émotions, motivation, volition, mémoire de travail, processus d'apprentissage
Introduction
Les textes de Cuisinier (2018), Houart (2017) et Puma et Tricot (2021), bien qu’abordant à première vue des thématiques bien distinctes, exposent tous trois des aspects liés à l’apprentissage et ses processus. Si la motivation, les émotions et la mémoire de travail (MdT) semblent appartenir à des domaines d’études différents, c’est précisément le lien qu’entretiennent ces aspects qui donne à ce texte tout son intérêt. En effet, lorsque l’on parle d’apprentissage et surtout lorsqu’on réfléchit aux stratégies d’apprentissage et aux processus d’apprentissage, il est particulièrement important de prendre en compte ces éléments.
Développement
Les émotions dans l'apprentissage:
Afin de comprendre en profondeur l’impact des émotions sur les processus d’apprentissage, Cuisinier (2018) émet une distinction des contextes où sont ressenties les émotions (avant, pendant, après une tâche), ainsi que la valence, « c’est-à-dire leur caractère plaisant ou déplaisant» (Cuisinier, 2018) qu’elles portent. Cette distinction permet de cristalliser les caractéristiques des émotions dans le contexte des apprentissages. Comprendre ce qui provoque une émotion, c’est-à-dire son origine ainsi que le contexte auquel elle est rattachée est une piste importante pour comprendre en quoi elle interfère potentiellement dans le processus d’apprentissage. Par exemple, les filles ressentent généralement d’avantage de la honte ou du désespoir face à un problème de mathématiques que les garçons. Ce phénomène est lié non pas à leur compétence effective, mais à leur sentiment de compétence, lui-même influencé par les croyances sociales (que les garçons sont meilleurs en mathématiques que les filles)(Cuisinier, 2018). Ce sentiment a pour effet qu’une fille, à l’annonce d’un problème de mathématiques, risque (par anticipation et par sentiment de compétence) de se sentir anxieuse et, de ce fait, de ne pas réussir l’exercice. Comprendre ces ramifications permet d’entrevoir à quel point les émotions peuvent être causées par l’apprentissage et à quel point elles peuvent l’influencer.
La motivation et la volition dans l'apprentissage:
En plus des émotions, la motivation, la volition et la cognition portent, elles aussi, des éléments pouvant influer sur nos apprentissages. En effet, Mireille Houart (2017) nous expose dans son article l’importance, notamment dans le cadre d’apprentissage auto-régulé, de comprendre les mécanismes de la motivation et de la volition afin de mettre en place des stratégies d’apprentissages efficaces. Elle démontre notamment le lien déjà existant entre la motivation, la volition, la cognition et la métacognition. En effet, elle exprime que la motivation seule ne détermine pas la capacité d’un individu à se mettre à une tâche et à la compléter. Elle aborde l’importance de la métacognition, soit la connaissance de soi, de ses compétences et de ses fonctionnements afin de pouvoir les adapter à la tâche fixée. Cette capacité à prendre du recul sur la situation et sur son mode de fonctionnement permet d’en faire une analyse qui aide à réguler la volition (Houart, 2018). Ainsi, un apprenant qui connaît son fonctionnement, qui est capable de mettre en place une planification de résolution d’une tâche qui s’appuie sur son fonctionnement, augmente grandement sa volition. En augmentant sa volition, il augment de se fait également son sentiment de compétence et donc également sa motivation. C’est là que nous pouvons entrevoir des lien entre motivation et émotion. Un apprenant ayant un sentiment de compétence important ressentira des émotions positives face à la tâche à accomplir et sera automatiquement plus motivé et entrera plus facilement dans la tâche. Dans le cas contraire où le sentiment de compétence est faible, les émotions ressenties sont négatives et affectent la motivation ainsi que la volition.
La mémoire de travail dans l'apprentissage:
En plus de comprendre l’impact des émotions et de la motivation sur l’apprentissage, il est particulièrement intéressant de se pencher sur le fonctionnement de la mémoire de travail, afin d’ « améliorer la compatibilité cognitive entre les situations d’apprentissage scolaire et les contraintes exercées par la MdT » (Puma et Tricot, 2021). Élément capital de l’apprentissage, la MdT permet à tout individu d’appréhender des informations et leurs relations afin de les consolider et de les stocker en mémoire à long terme. Si la MdT occupe un rôle d’importance majeure dans l’apprentissage, il est alors tout indiquer de comprendre son fonctionnement et ses limites afin d’y adapter les apprentissages. Puma et Tricot (2021) mettent en avant l’importance de la charge cognitive qui, bien qu’inévitable et nécessaire, ne doit pas surcharger la MdT, sans quoi les apprentissages ne se font pas dans des conditions optimales. Pour créer de bonnes conditions, il faut selon eux, présenter l’information qu’une seule fois par modalité, user de modalités diverses afin de maximiser la capacité d’attention et de répartir les apports sur le temps pour éviter une surcharge. Ici encore un lien est observable avec la motivation et les émotions. Si les supports de cours ne sont pas adaptés au fonctionnement de notre MdT, les tâches a accomplir demande des efforts trop importants. L’apprenant se retrouvera submergé et pourra ressentir une émotion négative, telle que le découragement ou le désespoir et ce sentiment impactera sur sa motivation à réaliser la tâche qui fera à son tour baisser sa volition
Conclusion
Les liens que nous avons tissés entre la motivation, la volition, les émotions et la MdT entre elles et avec les processus d’apprentissage permettent de réaliser à quel point tous ces éléments sont extrêmement liés et que pour faciliter les apprentissages, tous doivent être pris en compte. Ces éléments donnent des pistes considérables pour améliorer et adapter les dispositifs pédagogiques actuels ainsi que pour armer les enseignants et les apprenants des meilleurs outils possibles pour leur parcours dans le domaine de la formation.
Bibliographie
Cuisinier, F. (2018). Émotions et apprentissages scolaires : que nous apprend l’étude des émotions déclarées ? A.N.A.E 155. 4-21.
Houart, M. (2017). L’apprentissage autorégulé : quand la métacognition orchestre motivation, volition et cognition. Revue internationale de pédagogie de l’enseignement supérieur.
Puma, S. et Tricot, A. (2021). Prendre en compte la mémoire de travail lors de conception de situations d'apprentissage scolaire. Approche neuropsychologique des apprentissages chez l'enfant. 171. 217-225.