Les micromondes, un EIAH dans les écoles primaires ?
Daniel Casas - Volée Concordia
Introduction
Les EIAH (Environnements informatiques pour l’apprentissage humain) sont encore quelque chose d’assez récent historiquement, à l’échelle humaine. Il s’agit de l’apprentissage humain qui se définit de façon générale comme une modification (positive) de la capacité à réaliser une tâche sous l’effet d’une interaction avec l’environnement (Tchounikine et Tricot, 2011) en ajoutant à cela un environnement informatique.
À partir de ces EIAH, un concept a émergé : celui du “micromonde”. Il définit un environnement informatique dans lequel un utilisateur se retrouve dans des situations de grande autonomie. Ces programmes concernent surtout les enfants. Squeak (https://fr.wikipedia.org/wiki/Squeak) est un exemple de micromonde. Comme ces programmes dépendent de l’autonomie et de la motivation de l’apprenant, la théorie pédagogique qui s’en dégage est constructiviste.
En Suisse, nous n’avons pas énormément d’informations concernant une possible intégration des micromondes dans les écoles primaires.
Développement
Pour développer les besoins et les implications d’une telle mise en place, nous mettrons en lien 3 capsules vidéo issues d’un MOOC d’EIAH. Elles traitent, respectivement, de l’introduction à la conception des EIAH, de l’analyse de traces : les objectifs de traçages et d’analyser l’appropriation pour analyse l’adaptation.
La conception d’un micromonde
Pour commencer, pour concevoir un micromonde comme un EIAH, beaucoup de paramètres sont à prendre en compte : il faut se positionner sur un fondement théorique, prévoir les connaissances et les compétences des utilisateurs de base et fixer un objectif. Pour un micromonde, un bon nombre de paramètres semblent déjà déterminé : ce programme se base sur le constructivisme, se fait seul et sur la durée. Les interactions semblent se limiter à l’apprenant-outil.
Cependant, c’est à l’enseignant et à une tout autre équipe de mettre en place tout ce système. En effet, la conception d’un micromonde requiert énormément de compétences diverses : développeurs, ingénieurs en formation et chercheurs, pour ne citer qu’eux, sont indispensables pour donner naissance à un tel outil.
Le retour sur activité du micromonde
Ensuite, il est tout à fait possible d’obtenir un retour sur l’activité, dans le cadre de l’école. Les enfants peuvent être directement interviewés ou même observé dans leurs activités. Une autre manière de percevoir l’efficacité du micromonde serait par une évaluation ou un test pour les élèves. Il ne semble d’ailleurs pas impossible de sauvegarder des traces, directement depuis le micromonde, sans gêner l’utilisateur.
Toutefois, la force du micromonde, dans le domaine du traçage, est également son point faible. Le potentiel de récolte de données, qui peuvent être très variées, est énorme. Non seulement, il faut faire attention à ce que l’on récolte afin de veiller au respect de la vie privée des utilisateurs, il ne faut pas non plus que leur traitement soit trop chronophage (Georges, 2013). En effet, le potentiel de récolte de donnés sur un EIAH est énorme, parfois même trop importante pour les traiter convenablement. Donc, si cela n’est pas possible, il faudrait donc veiller à sélectionner et trier les données voulues.
L’appropriation du micromonde
Enfin, en ce qui concerne l’adaptabilité et l’appropriation, le micromonde semble plutôt bien placé. En effet, non seulement la conception du micromonde offre un champ de possibilité énorme pour toute l’équipe qui y travaille, mais l’utilisateur aussi possède un degré de liberté important en son sein. Cette liberté lui permet de garder un rythme personnalisable, qui lui convient, ce qui est peut être bénéfique pour son apprentissage. Cela rappelle la recherche de Richard E. Mayer (2018) avec les vidéos segmentées du phénomène de la foudre, qui marchaient qu’une vidéo non-segmentée.
Conclusion
Le micromonde est encore sujet à beaucoup de débats et il aura contribué à sa manière dans le monde l’éducation. Il représente, dans la pédagogie en informatique, un pilier des théories de l’éducation nouvelle. Le concept de la pédagogie où l’enfant est le vecteur principal du fondement de ses connaissances à travers ses différentes expérimentations est fortement ancré dans le micromonde. Toutefois, ces limites sont loin d’être négligeables et ne permettent pas un déploiement aisé, puisque le micromonde ne serait pas efficace pour tous, en plus d’être trop chère en ressources à mettre en place.
Références bibliographiques
Sanchez, E. ATIEF : Ressources sur les EIAH (2018, 14 décembre). Méthodes de conception : Recherche orientée par la conception [Vidéo]. Youtube. https://www.youtube.com/watch?v=iiN3Axy5a9c
Caron, T. ATIEF : Ressources sur les EIAH (2018, 18 décembre). Analyse de Traces : Objectifs de traçage [Vidéo]. Youtube. https://www.youtube.com/watch?v=aQMnhcq4HBM
Michel, C. ATIEF : Ressources sur les EIAH (2018, 15 décembre). Adaptation : Analyser l'appropriation pour analyser l'adaptation [Vidéo]. Youtube. https://www.youtube.com/watch?v=9soVe48UClo
George, S., Michel, C. et Ollangier-Beldame M. (2013). Usages réflexifs des traces dans les environnements informatiques pour l’apprentissage humain. Intellectica, 59, 205-241. 10.3406/intel.2013.1091
Mayer, R. E. (2010). Apprentissage et technologie. Dans Dumont, H., D. Istance et F. Benavides (dir.), Comment apprend-on ? La recherche au service de la pratique. OCDE. https://doi.org/10.1787/9789264086944-10-fr