Le numérique : favorable aux apprentissages scolaires ?

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Résumé

L'intégration du numérique dans le domaine de l'éducation constitue une transformation majeure qui redéfinit la manière dont les enseignants dispensent les cours et dont les apprenants acquièrent des connaissances. Cette évolution s'inscrit dans un contexte où les avancées technologiques ont radicalement modifié notre façon d'interagir avec l'information et de communiquer. L'avènement du numérique offre un potentiel considérable pour améliorer l'accessibilité, la personnalisation et l'efficacité de l'enseignement.

Cependant, cette transition ne se fait pas sans questionnements ni débats. Des mythes persistent quant aux réels impacts du numérique sur les apprentissages, laissant place à des interrogations sur la véritable nature de son influence pédagogique. Des tensions émergent entre l'innovation pédagogique prônée par certains et les critiques qui considèrent le numérique comme un simple prolongement de modèles éducatifs traditionnels. De plus, des questionnements apparaissent sur la réelle capacité du numérique à soulager les contraintes de temps, de lieu ou encore des savoirs à apprendre.

Enfin, le numérique fait face à un véritable défi, celui de répondre aux besoins de présence sociale et à l’importance du bien-être.

Introduction

Ce cours article propose d’explorer les différentes dimensions de la révolution numérique dans l'éducation, mettant en lumière les avantages potentiels, les défis à relever et les questionnements persistants quant à la façon dont le numérique façonne nos approches éducatives.

Nous tenterons alors de répondre à la problématique du rôle du numérique en tant que levier favorable aux apprentissages scolaires à travers les perspectives de différents auteurs.

Développement

Dans une perspective où les apprentissages scolaires s’avèrent davantage contraignants en termes de temps, de lieu, des savoirs à apprendre ou encore de la manière d’apprendre (Tricot, 2021), il semblerait que le numérique permette d’alléger ces diverses contraintes.

En effet, « la révolution numérique a laissé entrevoir une nouvelle possibilité d’exercer moins de contraintes sur les élèves, leur permettant des apprentissages scolaires moins subis et plus heureux » (Tricot, 2021, p.38).

En somme, il paraitrait que le numérique permette de réaliser des apprentissages à n’importe quel moment allégeant ainsi la contrainte de temps engendré par les apprentissages scolaires classiques. Bien que cet effet ait montrer des résultats positifs sur la satisfaction des élèves il n'apparaitrait aucun résultat significatif sur les apprentissages des élèves.

Par ailleurs, il s’avère qu’il soit complexe d’évaluer les impacts du numérique sur les apprentissages. Effectivement, Fluckiger (2019), a démontré un « paradoxe consistant à affirmer que les modalités d’apprentissages seraient fondamentalement nouvelles et cependant comparables « avec des indicateurs en cohérence avec les modèles traditionnels » (p. 22).

De plus, le numérique permet également d’apprendre de n’importe où mais aussi d’apprendre ce dont on a besoin au moment où on en a besoin engendrant donc un rapport bénéfice/coût positif (Tricot, 2021).

Toutefois, bien que le numérique allège certaines contraintes, il s’avère qu’en réalité, ce dernier engendre que ces contraintes temporelles, de lieu et des savoirs à apprendre soit autorégulées par l’élève lui-même – là où elles étaient régulées par les enseignants dans les apprentissages classiques. Cela demande donc davantage d’attention, d’effort et d’autonomie de la part des élèves ce qui peut impacter leurs apprentissages notamment pour les « étudiants traditionnels » (Tricot, 2021, p.39).

Ainsi, bien que les apprentissages à distance présentent des avantages tels qu’un gain de temps, d’argent ou encore procurant un certain confort, il semblerait qu’un certain nombre d’inconvénients l’accompagne. En effet, Héritier et Blocquaux (2021) se sont penchés sur la question du « care » et il apparaîtrait que les étudiants à distance mentionnent un regret de l’ambiance de cours en présentiel, un manque de contact et de convivialité pouvant engendrer une perte de motivation voire un décrochage scolaire. Ces deux auteurs ont démontré l’importance de répondre à certains besoins essentiels chez les étudiants, notamment le besoin de sécurité caractérisé par le lieu de vie, le besoin d’estime de soi comblé par la présence physique et les feedback reçus, le besoin de discipline imposé par le cadre de l’université ou encore le besoin d’appartenance. Toutefois, ils suggèrent que le numérique peut également répondre à ses besoins et porter attention au care :

  • L’exigence éducative et formatrice se double manifestement d’une exigence éthique peu mise en évidence en temps normal. Cette exigence est celle d’une présence, qui se charge tout à la fois de relation, d’attention, de partage et d’une forme de contenance protectrice. À distance, ces dimensions peuvent ne pas disparaître complètement, pourvu que les enseignants investissent dans les outils numériques et veillent à s’enquérir explicitement de la situation des étudiants, en manifestant donc une grande attention, et un véritable care. (Héritier et Blocquaux, 2021, p. 23).

Enfin, pour certains auteurs tel que Fluckiger (2019), les effets positifs du numérique sur l’éducation ne serait que de simples mythes. Comme évoqué précédemment, il semblerait dans un premier temps difficile d’évaluer l’efficacité supposé des technologies sur les apprentissages étant donné le paradoxe que cette question suggère mais également car « la question de l’efficacité, […] est typiquement une question plus morale et politique que scientifique » (p.28). Cela pouvant nous faire écho à ce qu’Héritier et Blocquaux (2021) qualifient de « capitalisme numérique » contribuant à la destruction de l’esprit critique valorisé par l’éducation. Dans un second temps, le numérique ne transformerait pas réellement les apprentissages dans la mesure où il n’est en rien propice à une innovation pédagogique puisqu’il est apparu à l’époque des approches béhavioristes avec l’invention de la machine à enseigner. Malgré toutes les recherches, les discours des scientifiques peinent à se faire entendre face aux discours des politiques.

Conclusion

En synthèse, la question de savoir si le numérique favorise les apprentissages scolaires révèle un paysage complexe. Les avantages du numérique, tels que l'allégement des contraintes, sont contrebalancés par des défis, notamment le déplacement de l’autorégulation de ces contraintes par les élèves et le risque d'isolement. La présence du capitalisme numérique souligne les tensions entre les discours des scientifiques face à celui des politiques. Ainsi, le rôle du numérique dans les apprentissages scolaires dépend de la manière dont ces défis sont abordés, des choix pédagogiques qui sont faits et de la place accordé au bien-être des apprenants.


Comme le dit Fluckiger (2019), « ce qui compte, ce n’est pas la technologie, c’est ce que l’on en fait » (p.21).

Bibliographie

Fluckiger, C. (2019). Numérique en formation : Des mythes aux approches critiques: Éducation Permanente, N° 219(2), 19‑30. https://doi.org/10.3917/edpe.219.0019

Hétier, R., & Blocquaux, S. (2021). Vulnérabilité et éthique de la présence à l’ère numérique. Éthique en éducation et en formation: Les Dossiers du GREE, 11, 8. https://doi.org/10.7202/1084194ar


Tricot, A. (2021). Le numérique permet-il des apprentissages scolaires moins contraints ? Une revue de la littérature: Éducation et sociétés, n° 45(1), 37‑56. https://doi.org/10.3917/es.045.0037



Page créée par Chloé Gerard volée Drakkar.

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