La relation homme-machine : Utilisation des technologies et réflexions éthiques

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Résumé

L'objectif de cet article est de mettre en lumière comment la relation homme-machine remet en question l'utilisation des technologies et les enjeux éthiques qui en découlent. La mise en relation de ces trois articles permet une lecture transversale, réunissant trois concepts complémentaires :

  • L'interaction homme-machine
  • La technologie en tant qu'objet social
  • La technologie et le pouvoir d'agir

Introduction

L'évolution technologique rapproche l'homme de la machine, soulevant des questions éthiques pressantes alors que les machines acquièrent des capacités autonomes. Il est essentiel de réfléchir à l'impact de cette autonomie sur nos activités, cherchant un équilibre entre les ressources technologiques et humaines sans compromettre nos valeurs fondamentales.

Développement

I- L’interaction homme-machine

L'interaction entre l'homme et la technologie représente un aspect essentiel de la vie en société, façonnant nos expériences quotidiennes et redéfinissant notre manière d'interagir avec le monde qui nous entoure.

Laurence Devillers explore l'émergence des intelligences artificielles et des agents conversationnels capables d'interagir avec les individus au quotidien, se rapprochant du langage humain. Son article met en lumière les biais cognitifs potentiels induits par ces machines et souligne l'importance d'évaluer leur capacité à influencer les individus émotionnellement. Elle estime que la responsabilité de définir les règles et les limites des interactions homme-machine revient aux individus.

Viviane Folcher définit l'interaction homme-machine comme le processus de confrontation entre l'homme et la machine, avec l'interface désignant la partie matérielle et logicielle de la machine pour les échanges d'informations. Elle aborde cette interaction dans le contexte d'une tâche spécifique, visant à améliorer la qualité de l'interaction. L'analyse se concentre sur la facilité d'apprentissage, l'adaptation aux différences individuelles et la protection contre les erreurs de l'utilisateur. Les théories utilisées explorent les caractéristiques mentales propres à la pensée humaine, couvrant la physiologie, la psychophysiologie et la psychologie cognitive.

Marc-Eric Bobillier Chaumon souligne l'ancrage croissant des technologies dans les activités professionnelles, influençant la réflexion, l'action et la collaboration des individus. Il introduit la notion d'acceptabilité pratique, qui cherche à concevoir des dispositifs ergonomiques alignés sur les besoins individuels et les spécificités de l'activité. Une expérience utilisateur positive favorise l'acceptabilité et l'adoption du dispositif. Pour cela, il faut considérer les divers aspects de la personnalité de l'individu (cognition, attitudes, émotions) ainsi que les caractéristiques des produits et des systèmes techniques influençant ces aspects. C'est cette adaptation à l'expérience vécue de l'utilisateur, combinée à des émotions positives, appelée confort émotionnel, qui favorisera l'acceptation de la technologie et son utilisation continue.

II- La technologie comme objet social

Devillers explique que des intelligences artificielles comme Alexa peuvent affecter nos émotions et notre comportement en utilisant une technique appelée "nudge", qui guide doucement nos actions sans nous forcer ni nous culpabiliser. Ces technologies sont conçues pour surveiller notre santé et encourager de meilleurs choix de vie de manière subtile. Par exemple, une voix émise par ces dispositifs pourrait nous encourager à faire plus d'exercice ou manger plus sainement. En améliorant leur compréhension de nos habitudes et de nos préférences, ces machines peuvent influencer nos décisions en exploitant les aspects sociaux, culturels et les erreurs de raisonnement, parfois à notre détriment.

Marc-Eric Bobillier Chaumon insiste sur la nécessité de comprendre la technologie dans son contexte social complexe. Il souligne que l'acceptabilité de la technologie dépend de son intégration dans le système global, plutôt que de la considérer comme indépendante de l'utilisateur et de son environnement. La technologie prend vie dans des pratiques, des habitudes et des communautés sociales, façonnant ses usages et modifiant ses caractéristiques. Il affirme que la technologie est un objet social avec des enjeux économiques, sociologiques, culturels et psychologiques qui dépassent ses aspects techniques. Pour être accepté, un système technique doit avoir du sens et de la valeur dans le contexte de travail des individus, reflétant leurs expériences, aspirations, et activités quotidiennes.

Selon Viviane Folcher, les outils technologiques, en tant que médiateurs, transforment notre manière d'interagir avec le monde, influençant le développement de nos fonctions psychologiques. Ces outils culturels jouent le rôle de médiateurs dans notre action quotidienne, modifiant les tâches et les activités humaines. Ils se transmettent, s'adoptent et évoluent au sein de la vie quotidienne et du monde professionnel. Cette approche de l'activité médiatisée par les outils technologiques considère l'homme comme un individu socialement situé, porteur de significations et héritiers d'une culture qu'il contribue à enrichir, s'engageant intentionnellement dans des activités significatives pour lui.

III- Technologies, pouvoir d’agir et liberté

Laurence Devillers soutient que les IA peuvent d'influencer les individus en remettant en question leur capacité d'action et, par conséquent, leur liberté. Pour garantir le contrôle individuel sur ces machines intelligentes, elle soulève quatre points cruciaux, soulignant la nécessité de rendre les IA aussi transparentes que possible afin d'expliquer leur comportement aux utilisateurs, leur permettant ainsi une utilisation éclairée :

  • Éduquer sur l’éthique des machines
  • Expliciter des règles éthiques
  • Écrire des outils de vérification des règles éthiques concernant la coévolution humain-machine et l’évaluation des machines
  • Établir des règles juridiques

Marc-Eric Bobillier Chaumon démontre que la technologie agit comme un médiateur de l'acceptation dans l'activité professionnelle, influençant le pouvoir d'agir de l'individu. L'acceptabilité sociale met en lumière l'importance des cognitions sociales, considérant que la plupart des actions sont sous le contrôle individuel. Les choix comportementaux sont perçus comme réfléchis, motivés par la raison et la volonté. Les modèles prédictifs lient l'intention à l'engagement de l'individu envers ses comportements futurs, permettant de prévoir ses conduites envers les technologies. Contrairement à une simple utilisation de la technologie, celle-ci est vue comme un artefact sur lequel l'individu peut agir, transformer et se développer. Ainsi, l'importance réside non pas dans ce que l'on fait avec la technologie, mais dans ce que l'on devient grâce à son utilisation, influençant la construction de soi au contact de ces dispositifs.

Selon Viviane Folcher, le pouvoir d'agir, intrinsèquement lié aux éléments constitutifs de l'activité, se manifeste à travers les transformations qu'un individu peut apporter au monde. L'activité productive vise à atteindre des objectifs et à configurer des situations pour optimiser le pouvoir d'agir, répondant à des critères tels que l'efficacité, l'efficience, la justesse, la beauté et l'authenticité, alignées sur les valeurs et les systèmes dans lesquels l'activité s'inscrit. L'individu développe son pouvoir d'agir en assimilant les prés construits sociaux de la société et des groupes auxquels il appartient.

Conclusion

En conclusion, les interrogations sur l'intégration des technologies dans la vie quotidienne persistent. La relation entre les individus et les machines est le résultat de choix politiques et sociaux, les intelligences artificielles étant le reflet de nos besoins. La technologie n'est plus subie, mais considérée comme un domaine d'action pour l'individu, conditionné par les ressources disponibles. Maintenir ce pouvoir d'agir demeure essentiel pour la santé et le bien-être des humains.

Références bibliographiques

  • Chaumon Bobiller, M. (2015). L’acceptation située des technologies dans et par l’activité : premiers étayages pour une clinique de l’usage. Psychologie du travail et des organisations, 22 (1).
  • Devillers, L. (2019). Le dialogue homme-machine Intelligence artificielle / intelligence humaine : manipulation et évaluation. Futuribles, 433(6), 51‑61.
  • Folcher, V. (2004). Hommes, artefacts, activités: perspective instrumentale. L‘ergonomie, PUF, 251-268.



Page rédigée par Nouria Da Ros (MALTT) - Drakkar, le 22.12.2023.

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