L’usage de la technologie numérique dans l’éducation et la formation, une plus-value ?

De EduTech Wiki
Aller à la navigation Aller à la recherche

Résumé

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du cours ADID dans le but d’explorer les avis de différents auteur sur l’usage du numérique.

Introduction

L’intégration du numérique dans l’éducation suscite des débats et est très controversé. Nous allons tenter d'observer si, pour différents auteurs, l’usage du numérique dans l’éducation et la formation représente une plus-value.

Développement

Les usages du numérique en éducation et formation sont sujets à des controverses pour plusieurs raisons. En effet, « (…) les discours sur les usages du numérique en formation fonctionnent sur quelques évidences apparentes, qui sont le plus souvent des présupposés, voire des mythes : les technologies numériques permettraient un enseignement plus efficace ; elles auraient un pouvoir transformatif des systèmes éducatifs. » (Fluckiger, 2019). Selon Fluckiger (2019), il est essentiel de porter une réflexion critique sur différents mythes liés au numérique afin d’éviter de prendre des décisions éducatives basées sur des concepts qui sont erronés. Il critique l’idée que les technologies éducatives aient des effets mesurables et positifs sur les apprentissages (mythe). En effet, la vision simpliste selon laquelle, les technologies ont des effets déterministes sur les apprentissages est posée par l’auteur. Il affirme que les résultats des études concernant cet aspect sont décevants et que par conséquent il est difficile d’évaluer de manière fiable l’impact des technologies sur les apprentissages. Penser que la technologie a des effets déterministe sur les apprentissages peut négliger l’importance de son utilisation, pouvant mener à une surévaluation de son rôle comme solution clé pour l’éducation. De plus, il n’est pas évident d’attribuer les résultats scolaires à la seule utilisation des technologies car d’autres facteurs sont présents. Il met en avant un paradoxe en questionnant : « Si vraiment le numérique développait des capacités nouvelles chez les apprenants, comment alors les comparer sans les rabattre sur des capacités anciennes ? ». Effectivement, il serait contradictoire, d’évaluer les nouvelles compétences développées grâce au numérique, en utilisant les critères des modèles classiques. Par conséquent cela remet en question les indicateurs de mesure des effets du numérique sur l’éducation.

Enfin, concernant le mythe de la transformation des formations par le numérique, l’article dénonce les discours institutionnels et ministériels qui présentent le numérique comme un « moteur de transformation profonde du système éducatif. » (Fluckiger, 2019). Cette pensée repose sur l’idée que le numérique favorise l’innovation pédagogique et contribue à une réorganisation de l’éducation. Selon Fluckiger (2019) et les auteurs cités dans l’article, cette vision est basée sur des présupposés qui ne sont pas fondés scientifiquement et peut conduire à un surestimation de sa capacité à résoudre les problèmes éducatifs, alors qu’elle ne peut être qu’un outil parmi d’autres. (Fluckiger, 2019). En outre, l’article critique l’idée selon laquelle l’innovation pédagogique découle de l’innovation technologique en exposant le fait que plusieurs usages du numérique dans l’éducation se basent sur des approches pédagogiques traditionnelles et non sur des pratiques innovantes. L’auteur affirme en citant d’autres références, « (…) Au contraire, les chercheurs ont montré de longue date que les innovations pédagogiques restent marginales, dépendantes d’individus exceptionnels, tolérées en formation permanente (…) que les situations d’innovations ne sont pas toujours porteuses de changement. » (Fluckiger, 2019). Finalement, il apparaît clairement pour cet auteur, qu’il faut être conscient de la présence de mythes pour éviter un usage inapproprié de la technologie en éducation. La compréhension des limites est cruciale pour les enseignants. Cependant, un usage judicieux de ces outils, en prenant en compte la réalité et non les mythes, peut favoriser le bien-être des étudiants, en l’occurrence dans des contextes d’enseignement à distance (Tricot, 2021). Selon Tricot, L’utilisation du numérique en éducation apporte également des bénéfices. En effet, « la révolution numérique a laissé entrevoir une nouvelle possibilité d’exercer moins de contraintes sur les élèves, leur permettant des apprentissages scolaires moins subis et plus heureux. » (Tricot, 2021). De plus, cela permet de faciliter l’adaptation de l’apprentissage en fonction des besoins individuels de chaque élève et encourage la collaboration entre les pairs et entre les étudiants et les enseignants. « Le numérique, en proposant de nouveaux outils, permet d’envisager de nouvelles mises en œuvre de ces tâches scolaires. Lire un document sur écran (…) ou simplement résoudre un problème mathématique en faisant les calculs avec une machine autant d’exemples de tâches scolaires bouleversées par le numérique. » (Tricot, 2021)

Le numérique allège trois contraintes :

  • 1. De temps : « il semble que le numérique permette d’assouplir la contrainte temporelle car chaque élève peut apprendre à un moment de son choix et non en même temps que les 30 élèves de sa classe. » (Tricot, 2021).
  • 2. De lieu : « l’enseignement à distance fait sauter la contrainte de lieu. Grâce au numérique, l’enseignant ou l’enseignante et ses élèves peuvent aujourd’hui communiquer par courrier électronique (…) » (Tricot, 2021).
  • 3. Des savoirs à apprendre : « le numérique pourrait permettre à chacun d’apprendre ce dont il a besoin au moment où̀ il en a besoin. » (Tricot, 2021).

Cependant, l’auteur nuance un peu ces propos. En effet, malgré le fait que le numérique puisse alléger certaines contraintes, il en introduit de nouvelles, tel que l’autorégulation de l’élève, qui était régulées par les enseignants dans le cadre des méthodes d’apprentissage classiques. Ces nouvelles contraintes impliquent une demande accrue en termes d’attention, d’effort et d’autonomie de la part des élèves. Ceci peut avoir des répercussions sur leurs apprentissages. (Tricot, 2021) Nous allons observer à travers deux études de cas, concrètement les avantages et inconvénients de l’utilisation du numérique. Dans la première étude de cas, il s’agit d’une séquence de production de l’écrit, où les élèves ont utilisé des ordinateurs portables et un traitement de texte pour créer des textes humoristiques (en collaboration). L’utilisation de l’ordinateur favorise plusieurs éléments dans cette étude. En effet, il permet d’éviter les ratures, de partager des fichiers entre les élèves et ainsi de favoriser la collaboration. L’utilisation du traitement de texte facilite la production de l’écrit, la correction d’erreur, plus particulièrement pour des élèves ayant de difficultés. Ainsi, « Cette transformation pourrait avoir des incidences sur l’apprentissage. » (Nogry et al., 2013). Cependant, l’utilisation du traitement de texte engendre un amoindrissement de traces matérielles intermédiaires de la construction du texte. Il en ressort également que l’emploi de l’ordinateur joue un rôle différent de celui du partage à l’oral (caractère ludique). L’organisation des séances s’est vue modifiée, en comparaison à une séance de référence sans ordinateur (allongement, disparition de mise en commun). La seconde étude de cas porte sur une séquence de calcul mental dans laquelle les élèves ont utilisé un logiciel pour pratiquer cela individuellement. L’utilisation du logiciel fait ressortir divers avantages. En effet, il permet une individualisation du travail, avec les différents niveaux de difficultés adaptés aux besoins des élèves. De plus, le logiciel fournit des feed-back instantanés qui favorisent l’engagement dans la tâche des élèves. L’utilisation de l’ordinateur à la place des feuilles papiers d’exercices permet également une flexibilité dans le suivi de chaque élève qui est personnalisé. Cependant, cela ne permet pas d’évaluer les techniques opératoires de manière aussi détaillée que sur la feuille d’exercice papier. En outre, l’évaluation est plus centrée sur le niveau atteint par les élèves (selon le feedback du logiciel) que sur l’évaluation des techniques utilisées pour les opérations. Par ailleurs, dans la séquence du calcul mental, la mise en place de la classe mobile conduit à la construction d’une nouvelle ressource, un tableau de suivi des élèves, en complément de la classe mobile. Ceci demande à l’enseignante un travail en plus. Ainsi, nous constatons que « l’introduction des artéfacts mobiles favorise une individualisation des activités proposées et, dans le second cas présenté́, un travail en autonomie. » (Nogry et al., 2013). Mais, également que « si l’artéfact se substitue à certains instruments de l’enseignant et des élèves, il est loin de remplacer l’ensemble des ressources qu’ils mobilisent dans l’activité́. ». Donc, bien que l’utilisation du numérique procurent des avantages, nous constatons à travers ces deux études que certaines pratiques peuvent être modifiées et que l’intégration de la technologie peut avoir des implications sur l’organisation et la nature des activités d’apprentissage. La plus-value de cette utilisation n’est pas certaine dans ces deux exemples car les avantages de cet apport sont accompagnés d’inconvénients.

Conclusion

Pour conclure, nous constatons à travers ces différents articles que la plus-value de l’utilisation du numérique dans l’éducation et la formation n’est pas démontrée et que l’intégration du numérique nécessite une approche réfléchie pour maximiser ses bénéfices et atténuer les nouveaux défis qu’il engendre, tel que l’accroissement de l’autonomie des élèves.

Références bibliographiques

  • Fluckiger, C. (2019). Numérique en formation : des mythes aux approches critiques. Éducation Permanente, 219, 19-30. https://doi.org/10.3917/edpe.219.0019
  • Nogry, S., Decortis, F., Sort, C. et Heurtier, S. (2013). Apports de la théorie instrumentale à l’étude des usages et de l’appropriation des artefacts mobiles tactiles à l’école. Sticef, 20, 413 – 443. DOI : https://doi.org/10.3406/stice.2013.1077
  • Tricot, A. (2021). Le numérique permet-il des apprentissages scolaires moins contraints ? Une revue de la littérature: Éducation et sociétés, n° 45(1), 37 56. https://doi.org/10.3917/es.045.0037

Liens

Cette page fait référence à la page ADID1, les productions des étudiant.es


Page rédigée par Anissa Nasri, volée Drakkar, le 10.12.2023.