Enjeux individuels et identité numérique

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Les interfaces numériques participent de la construction de l’image de soi et du monde. (Georges, 2008)

Dans cet article je vais aborder deux enjeux individuels lié aux identités numériques. L’enjeu relatif au rapport hommes-machine créant ce que F. Georges appelle « l’hexis numérique » et l’enjeu en rapports à la prise de conscience de l’individu de sa pluralité d’identité dans les échanges avec autrui. L’identité numérique est composée des signes observable à l’écran et qui sont la manifestation volontaire ou non de l’utilisateur. Le modèle identitaire de F. Georges divise en 3 ensembles de signes : l’identité déclarative, l’identité agissante et l’identité calculée. Ce sont ces trois ensembles qui vont être abordé dans la première partie de cet article. Dans la seconde partie je vais aborder la prise de conscience de la représentation de soi à autrui de l’individu dans l’utilisation de différents systèmes. Cet article se base essentiellement sur des articles de F. Georges.

L’hexis numérique (F. Georges 2008)

Les interfaces des réseaux socionumériques modifient notre perception de soi-même. Le rapport créé entre l’être humain et la machine a fait apparaître ce que F. Georges (2008) appelle « l’hexis numérique » qui se définit une sculpture agissante de soi dans le monde virtuel. E. Goffman compare cette existence numérique à une « barbe-à-papa » qu’il définit comme « une substance poisseuse à laquelle se collent sans cesse de nouveaux détails biographiques. » On découvre cette nouvelle représentation de soi qui est composée des signes observables à l’écran qui manifestent l’utilisateur. F. Georges la définit en trois ensembles de signes : l’identité déclarative (ou Représentation de soi), l’identité agissante et l’identité calculée.

L'identité déclarative

L’identité déclarative est cette description renseignée par l’utilisateur qui d’une catégorie de logiciel à une autre va faire varier son réalisme et sa quantité. Sur les sites de communication (rencontre, communautés et de réseautage) celle-ci sera très réaliste. La singularisation de la personne se différencie par son détail. Le web 1.0 est à l’origine de cette différenciation identitaire. C’est autour de celle-ci que vont se construire l’identité agissante et l’identité calculée.

L’identité agissante

Le web 2.0 a fait se développer l’identité agissante qui se définit par les traces temporaire d’une action ou la mention d’activités communautaire ou personnel dans le monde virtuel. Dans les réseaux sociaux ces collections d’actions peuvent parallèlement renseigner l’identité déclarative et l’identité calculée.

L’identité calculée

L’identité calculée est le résultat du traitement informatique de l’identité agissante sur le système. Cette identité à la différence de l’identité déclarative n’est pas créée par l’individu. Elle n’est pas non plus le produit de l’immédiat comme l’est l’identité agissante. Dans le web 2.0 ce n’est plus l’identité déclarative qui est au centre de l’identité mais c’est l’identité « agissante » et son orientation guidée par l’identité calculée. Les identités calculées sont des incitations à générer des dynamiques communautaires. Les individus n’ont plus besoin de définir des identités déclaratives pour être reconnues dans ces mondes virtuelles. Pour être reconnu il faut être actif, et par ces actions les systèmes remplissent les champs descriptifs automatiquement.

La prise de conscience de l’autre et de soi (F. Georges 2003)

Dans tous les échanges informatisés il est nécessaire de créer des profils (représentation de soi) pour établir une connexion avec son interlocuteur. Dans ces différents échanges les utilisateurs créeront différents type de profils : Des profils professionnels, personnels et anonymes. Ces distinctions entre ces différents profils est une chose qui est induite de manière naturelle par les différents systèmes. L’utilisateur expérimente ainsi différentes identités. Ce processus amène l’individu à une prise de conscience existentielle de sa relation à l’autre, et à lui-même. Selon F. Georges (2003) Un utilisateur d’internet créera deux à trois adresse électronique relative à des profils qui soient conformes aux usages pressentis. On aura par exemple une adresse électronique pour ses recherches d’emploi, une autre pour discuter anonymement sur un forum et/ou une autre adresse pour son groupe d’amis. Cette gestion des différentes identités fait prendre conscience à l’individu des enjeux interactionnels de la présentation de lui-même. Dans cette nouvelle perspective il prend conscience que à distance la gestion de ses différentes identité est entièrement contrôlable. Cette gestion de la communication à distance n’est ni naturelle, ni inévitable mais le fruit d’une intention volontaire. L’utilisateur délivre est créé l’ensemble des données qu’il souhaite communiquer. Cette gestion amène l’individu à une prise de conscience de soi en tant qu’être social. Avec ses systèmes l’individu peut gérer de manière totalement artificielle les différents signaux de sa présence sur les systèmes. Dans chacun des contextes différents il utilisera des mécanismes ayant pour objectif de créer des réactions attendues. L’individu rentre dans un processus de construction de soi par le biais de la communication à distance avec autrui.

Conclusion

Ces deux enjeux individuels qui sont généré par l’identité numérique m’amène à me poser des questions de l’ordre de l’impact que ces nouveau mode de construction de soi et de représentation de soi à autrui vont générer sur les profils des jeunes générations naissent et intègrent rapidement ces systèmes. Quel sera l’impact de ce changement lié à l’essence de la représentation qui n’est non plus la sculpture mais l’acte de la modeler continuellement pour maintenir son existence fugace en soi par cette mise en avant de l’action immédiate et temporaire. Le web 2.0 favorise l’identité agissante et l’identité chiffrée qui stimule les comportements compulsifs. Pour exister il est nécessaire de se manifester sans arrêt pour exister et maintenir sa représentation de soi.

Bibliographie

Georges, F. (2003), Jeux d’identités numériquement interfacées, in Annexes des Actes de la 15ème Conférence Francophone sur l’Interaction Homme-Machine, Université de Caen, 25-28 novembre 2003.

Georges, F. (2008), Les composantes de l’identité dans le web 2.0, une étude sémiotique et statistique. Hypostase de l’immédiateté, Actes du 76ème congrès de l’ACFAS : Web participatif : mutation de la communication, Institut national de la recherche scientifique.