Diversification des situations d’utilisation du numérique à l’école primaire

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Résumé

Étant enseignant primaire, je me suis tourné vers le master MALTT en partie pour participer à une plus grande intégration du numérique dans l’enseignement primaire genevois. En effet le numérique reste actuellement en marge des classes du primaire, alors qu’il pourrait être utilisé avec plus de variété en termes de modalités. Je propose deux critères pour élargir cette utilisation.

Introduction

Dans les classes du primaire genevois, la place de l’apprentissage par des médias numériques n’est pas fréquent. Le matériel à disposition des enseignants n’est pas encore le reflet des usages sociétaux, et les outils et environnements numériques d’apprentissage ne sont pas fréquents. Les tablettes ou ordinateurs sont peu présents, comme les Tableaux Blancs Interactifs (TBI), car dépendent des budgets accordés par les communes.

En termes d’objectifs pédagogiques, le numérique pénètre lentement le curriculum officiel (via le Plan d’Étude Romand, PER). Bien que des objectifs d’apprentissage détaillés ont été spécifiés, ils ne sont pas encore nombreux, ne font pas l'objet d’évaluation (ni formative ni certificative), et ne sont pas accompagnés de ressources pédagogiques variées.

Le numérique n’a donc actuellement pas une place importante à l’école, ni comme moyen d’éducation, ni comme finalité d’enseignement /apprentissage.

«La littérature empirique dans le domaine du numérique pour l’enseignement montre que ces nouvelles manières d’apprendre constituent très souvent non des solutions de facilité, mais de nouvelles exigences» (Tricot, 2021, p. 51). Les téléphones sont interdits à l’école, sans que l’on apprenne leurs dangers ou leurs enjeux. L’éducation numérique des élèves ne se fait donc pas encore majoritairement dans le cadre scolaire. L’école primaire, dont les programmes évoluent pourtant rapidement, ne semblent pas encore s’adapter à l’évolution sociétale en termes d’usage du numérique.

Développement

Une pratique du numérique centrée sur l’individu

Les modalités sociales de travail varient d’une classe à l’autre, selon les situations d’apprentissage que prévoit l’enseignant.e. Mais le travail de groupe reste une modalité à laquelle les enseignant.e.s ont fréquemment recours, surtout au deuxième cycle (élèves de 7 à 12 ans). En effet celles-ci apportent d’innombrables intérêts pédagogiques auprès des élèves, au travers du conflit socio-cognitif qui en résulte. Pourtant les usages du numériques en classe semblent rarement profiter de cette modalité organisationnelle, et principalement recourir à des travaux individuels, ou dont le niveau de collaboration consiste uniquement en l’utilisation d’un seul poste informatique ou tablette pour plusieurs élèves (recherche sur internet, rédaction d’un texte déjà écrit, etc.).

Or, au travers de l’étude de certains genre textuels, les élèves sont habitués à produire en équipe des affiches (comme support de présentation), des textes narratifs, ou encore résoudre à plusieurs des problèmes mathématiques. De la même manière, pourquoi ne pas introduire de la collaboration via le numérique, comme l’édition de documents à tour de rôle, ou du travail synchrone sur un même document ?

Une pratique du numérique centrée sur des tâches simples

Pour atteindre les objectifs d’apprentissage prescrits, différents types de tâches peuvent être proposées aux élèves : les tâches simples ; et les tâches complexes. Les premières permettent d’aborder des nouvelles connaissances, ou des connaissances plutôt du type procédural, tandis que les deuxièmes permettent d’approfondir les connaissances et les renforcer, en créant des tâches qui suscite une charge cognitive plus élevée.

Actuellement, il est peu courant de demander aux élèves d’utiliser le numérique pour compléter des tâches complexes. Il est le plus souvent question de recherches internet, de mise en page de rédactions, ou de pointage sur TBI. Il semble que le numérique ne soit alors qu’une étape du travail global, qui parfois même, peut être effectué à la maison (avec l’aide des parents).

Les usages actuels du numérique ne s’arrêtent pas à de simples étapes, et ce n’est pas non plus le cas des tâches réalisées à l’école. Mayer (2010, p. 195) nous rappelle que «la technologie doit s’adapter aux besoins de l’apprenant et de l’enseignant, une exigence souvent absente des esprits lorsque l’objectif est avant tout d’offrir aux apprenants un accès aux nouvelles technologies.» Il ne faudrait pas s’arrêter à l’inclusion a posteriori du numérique dans les situations d’apprentissage, mais de réel ajouts pédagogiques.

Conclusion

Le numérique n’est pas utilisé selon les mêmes modalités sociales ni les mêmes types de tâches que le reste du travail effectué par les élèves du primaire genevois. Il pourrait pourtant en profiter, pour mieux préparer aux usages courants du numérique, que les élèves seront notamment amenés à vivre durant la suite de leur parcours de formation après l’école primaire.

Bibliographie

Mayer, R. E. (2010). Apprentissage et technologie. In H. Dumont, D.Istance, & F. Benavides (Éds.), Comment apprend-on ?(p. 191‑211). OECD.https://doi.org/10.1787/9789264086944-10-fr

Tricot, A. (2021). Le numérique permet-il des apprentissages scolaires moins contraints ? Une revue de la littérature:Éducation et sociétés, 45(1), 37‑56.https://doi.org/10.3917/es.045.0037