Compétences individuelles, collaboration, environnements numériques et émotions: quelques facteurs clés de l'apprentissage

De EduTech Wiki
Aller à la navigation Aller à la recherche

Résumé

Dans la littérature, un grand nombre de modèles et de théories variés cherchent à expliquer les facteurs qui influencent l’apprentissage et la performance scolaire. Dans ce texte, nous allons explorer et mettre en lien des notions évoquées par des articles de trois domaines différents: celui des émotions, de l'apprentissage collaboratif et de l'engagement. En effet, même s'il se focalisent sur des aspects différents, nous pouvons relever quelques concepts clés récurrents tels que l'importance des compétences individuelles, de l’interaction sociale, du rôle des outils et environnements informatiques, ainsi que des émotions.

Introduction

Au fil des années, de nombreux auteurs se sont intéressés à l'apprentissage et aux facteurs qui peuvent l'influencer. Il existe une multitude de cadres théoriques qui se focalisent sur des domaines différents et qui apportent chacun leurs points de vue sur le sujet.

Dans cette fiche, nous allons nous baser sur trois articles: celui de Cuisinier (2018) qui recueil différentes études affirmant le rôle des émotions dans l'apprentissage, celui de Molinari et al. (2021) qui traite des interactions sociales, ainsi que l'hypothèse ICAP de Chi et Wylie (2014). Même s'ils se concentrent sur différents aspects, ils relèvent plusieurs concepts clés similaires que nous allons explorer par la suite.

Développement

Capacités et compétences personnelles

Un premier thème récurrent que nous pouvons relever est l'importance des capacités et compétences propres à l'apprenant. En fonction de ce dont est capable l'élève, son apprentissage sera plus ou moins efficace.

Dans l'article de Molinari et al. (2021), les auteurs décrivent l'apprentissage collaboratif du point de vue des modèles cognitifs comme "un processus social associé à deux cycles de traitement de l'information: un cycle individuel de compréhension et d’acquisition de connaissances, et un cycle social de construction de connaissances". L'apprenant doit donc d'abord se servir de compétences cognitives individuelles avant de pouvoir les partager avec autrui.

Dans l'hypothèse ICAP de Chi et Wylie (2014), les différents modes d'engagements sous-tendent différents processus: stocker pour le mode passif, intégrer pour l'actif, inférer/déduire pour le constructiviste et co-inférer pour l'interactif. Pour atteindre le niveau d'engagement supérieur, l'apprenant doit être capable d'utiliser les processus des niveaux antécédents.

Cuisinier (2018) relève dans son article plusieurs études qui indiquent que la capacité de régulation émotionnelle de l'apprenant est un "facteur important de l'adaptation scolaire".

Interactions sociales

Un deuxième aspect qui influence l'apprentissage sont les interactions avec autrui. En effet, l'article de Molinari et al. (2021) fait référence à un grand nombre d'études d'approches cognitives et socioculturelles qui affirment l'importance de travailler en collaboration ou de confronter ses points de vue avec autrui pour construire ses propres connaissances.

L'hypothèse ICAP renforce aussi ce point de vue. Le mode d'engagement interactif, que les auteurs considèrent comme étant celui qui permet un meilleur apprentissage, propose comme activité d'apprentissage le dialogue. Pour qu'il soit considéré comme interactif, les propos des deux apprenants doivent être prioritairement constructifs et prendre la parole à tour de rôle suffisamment fréquemment.

Les interactions sociales jouent aussi une part importante sur les expériences émotionnelles des étudiants. Cuisinier (2018) mentionne l'étude de Goetz, Frenzel, Lüdtke, & Hall (2010) qui trouve que les interactions entre l'enseignant et la classe impacte le ressenti associé à la discipline.

Interactions avec l'environnement et les dispositifs numériques

En plus des interactions interpersonnelles, les auteurs relèvent l'impact des interactions entre l'apprenant et des systèmes ou environnements numériques. Chi et Wylie (2014) soulignent que les "human-computer systems" peuvent aller d'un engagement passif (par exemple, si l'apprenant ne fait que regarder des instructions), à interactif si le système informatique attend une réponse de l'utilisateur et fournit un feedback en fonction de cette réponse.

L'apprentissage médiatisé par ordinateur est aussi utilisée dans des contextes collaboratifs (Computer-Supported Collaborative Learning). Des outils comme les scripts collaboratifs de (Fischer et al., 2013), les outils d'awareness (Bodemer, Janssen, & Schnaubert, 2018) ou le logiciel Dialgo (Schwarz & De Groot, 2007) peuvent favoriser la coordination et des interactions sociales comme l'argumentation.

Rôle des émotions

Un dernier facteur que les auteurs prennent en compte est le rôle des émotions dans l'apprentissage. L'article de Cuisinier (2018) mentionne plusieurs études et théories entièrement consacrés à ce sujet-ci. Il affirme que les émotions sont essentielles dans le sens où elles peuvent "accompagner et orienter l'activité cognitive" (Cuisinier, 2018).

Molinari et al. (2021) dédient aussi un chapitre entier sur les dimensions affectives et le rôle des émotions notamment dans la gestion de relations interpersonnelles.

Nous pouvons noter que même si le modèle ICAP ne traite pas des émotions, les auteurs reconnaissent la perspective émotionnelle de la motivation. Cela dit, pour leur hypothèse, ils se sont concentrés davantage sur l'engagement cognitif.

Conclusion

Comme nous l'avons vu au fil de cette mise en lien, l'apprentissage est un processus complexe qui prend en compte beaucoup d'éléments tel que les compétences individuelles, les interactions interpersonnelles, celles avec des systèmes informatiques, ainsi que les émotions. Ces facteurs sont perçus comme pertinents dans de multiples études et théories.

Pour aller plus loin, il serait intéressant de voir ce que des modèles et des théories d'autres domaines (comme ceux concernant la mémoire, l'autorégulation, le bien-être, etc.) ont à offrir.

Bibliographie

Bodemer, D., Janssen, J., & Schnaubert, L. (2018). Group awareness tools for computer- supported collaborative learning. In F. Fischer, C. E. Hmelo-Silver, S. R. Goldman, & P. Reimann (Eds.), International Handbook of the Learning Sciences (pp. 351-358). New York, NY: Routledge/Taylor & Francis.

Chi, M. T. H., & Wylie, R. (2014). The ICAP Framework: Linking Cognitive Engagement to Active Learning Outcomes. Educational Psychologist, 49(4), 219–243. https://doi.org/10.1080/00461520.2014.965823

Cuisinier, F. (2018). Emotions et apprentissages scolaires : que nous apprend l’étude des émotions déclarées ?. Approche neuropsychologie des apprentissages chez l’enfant, 155, 391-398. https://emotischool.com/Cuisinier(2018)_Anaé_fichier_auteure.pdf

Fischer, F., Kollar, I., Stegmann, K., & Wecker, C. (2013). Toward a script theory of guidance in computer-supported collaborative learning. Educational psychologist, 48(1), 56- 66.

Goetz, T., Frenzel, A. C., Lüdtke, O., & Hall, N. C. (2010). Between-Domain Relations of Academic Emotions: Does Having the Same Instructor Make a Difference? The Journal of Experimental Education, 79(1), 84-101. https://doi.org/10.1080/00220970903292967

Molinari, G., Muller Mirza, N., & Tartas, V. (2021). Regards croisés des approches cognitives et socioculturelles sur l’apprentissage collaboratif: Quelles contributions dans le domaine de l’éducation ?: Raisons Éducatives, N° 25(1), 41–64. https://doi.org/10.3917/raised.025.0041

Schwarz, B., & De Groot, R. (2007). Argumentation in a changing world. The International Journal of Computer-Supported Collaborative Learning, 2(2–3), 297–313.

Liens

Cette page fait référence à la page ADID1, les productions des étudiant.es


Page rédigée par Sharleen Olanka (volée Drakkar)