Autonomie

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Introduction

De nos jours, la formation à distance est largement utilisée dans le domaine de l'éducation, résultant de la conjonction des besoins de développement professionnel continu sur le marché du travail et des avancées technologiques.

D'un point de vue pédagogique, la flexibilité inhérente à la formation à distance la place dans le cadre de l'autoformation. Cette approche répond aux besoins contemporains en fournissant des connaissances collaboratives et en réseau, sans contraintes de temps ou d'espace. Elle est perçue comme un moyen de résoudre certains problèmes éducatifs, permettant aux étudiants et aux enseignants de mener des activités éducatives dans divers contextes spatio-temporels.

Du fait de la distance physique entre enseignant et élève, la motivation et la discipline sont essentielles. Selon Zimmerman (2008), dans ce nouveau contexte, l'étudiant doit assumer la responsabilité de son propre apprentissage, en faisant preuve de discipline et surtout d'autonomie pour suivre les engagements de son parcours éducatif.

La relation entre l'élève et l'enseignant-tuteur est influencée par cette séparation physique et transactionnelle, exigeant maîtrise de soi et autodirection des élèves, ainsi qu'une certaine indépendance et autonomie dans les actions liées aux activités proposées.

Ainsi, la notion d'autonomie est intimement liée à l'autoformation et représente une compétence essentielle pour progresser et réussir dans une formation à distance.

Définition

Selon Linard (2003), "l'autonomie au sens large définit le mode plus ou moins indépendant de fonctionnement et d'action d'une entité en relation avec son environnement." Ce concept réflexif renvoie à soi et donc relève d'une complexité importante. Linard distingue deux niveaux d'autonomie:

  • Le premier est celui du réflexe. En effet, on peut le considérer sous l'aspect d'un niveau élémentaire et il relève d'automatismes communs à tous. De plus, il permet le maintien de l'identité et de l'activité en lien avec l'extérieur par ses propres moyens.
  • Le second est celui de la réflexion. Celui-ci peut être considéré sous l'aspect du niveau supérieur et relève d'une liberté individuelle. Par conséquent, il est à l'origine de la décision d'une action volontaire, réfléchie, intelligente et émotionnellement pensée. On peut également ajouter que ce niveau apporte une ouverture sur des choix et initiatives en lien avec ses valeurs et buts poursuivis.

Ce concept d'autonomie présuppose des compétences que tout apprenant n'a pas ou n'a pas forcément envie d'acquérir. C'est une capacité cognitive et psycho-sociale n'ayant rien d'innée. Le développement de l'autonomie se construit et doit donc s'apprendre. Comment cet apprentissage peut-il être facilité? Un dispositif d'autoformation peut aider à la construction de cette autonomie tout en imposant des contraintes qui peuvent être perçues comme paradoxales dans l'élaboration de ce processus. La discussion qui suit tentera d'aborder certains de ces questionnements.

Comme l’explique  Cosnefroy (2010), le concept de formation à distance  se réfère à « […] une forme organisée d'apprentissage qui se caractérise principalement par la séparation physique entre l'enseignant et l'élève et l'existence d'une sorte de technologie pour établir une interaction. »

En d'autres termes, l'enseignant et l'élève n'ont pas besoin de partager le même espace ou temps, de sorte que les processus d'enseignement-apprentissage peuvent être écartés par une « distance  transactionnelle »,  qui d’après Moore (2007), représente une opportunité dans le processus d'enseignement et d'apprentissage lié à l'autonomie, car  selon eux, plus la distance transactionnelle entre la fonction du dialogue et la composition des variables des agents est importante, plus l'élève a de chances d’effectuer ses études de manière autonome. 

Ainsi, l'autonomie est est le modèle absolu que les étudiants devraient atteindre, dans la mesure où elle est considérée comme étant un indicateur de maturité d'apprentissage. 

Autoformation et TIC

Les TIC impliquent une modification du rapport espace/temps. Les limites s'estompent et les instruments permettent un accès rapide et permanents à la connaissance, à la résolution des problèmes. Les actions deviennent de plus en plus efficaces et rapides mais ce rythme imposé devient alors difficile à suivre. Pour pouvoir continuer à évoluer dans ce monde, il faut développer de nouvelles compétences comme l'autonomie définie ainsi par Prigogine et Stengers (1979), "c'est seulement la latitude de réaliser au mieux son parcours dans un chaos de déterminismes".

Cette nécessité de s'adapter constamment aux changements permanents devient un critère central tant dans le monde du travail que dans celui de la formation. L'autonomie des acteurs devient alors une compétence incontournable pour s'orienter entre réalités institutionnelles et actions individuelles. Toute démarche de formation est définie par une transformation de soi touchant l'intelligence, l'affect et la relation sociale.

Dans les dispositifs de formation à distance, ce n'est plus l'enseignant qui impose mais bien l'apprenant qui au travers de son orientation décide de son parcours en fonction de ses motivations et de son mode d'apprendre. Comme le rappelle Linard (2002), "il faut instrumenter l'autonomie" pour accepter que cette injonction paradoxale du "sois autonome!" devienne un moteur pour l'apprentissage. L'individu autonome sera capable d'affronter des situations imprévues, instables et sera à même de décider les axes qu'il désire ou qu'il doit privilégier ceci dans un contexte donné.

Cet aspect prend particulièrement écho dans le cadre des formations professionnelles du domaine de la santé (auxquelles j'appartiens) face à des professionnels devant de plus en plus répondre à des situations complexes, variées, multiples et individuelles dont aucune solution n'existe réellement. Dans un dispositif d'autoformation, ce sont les individus les plus autonomes, motivés et indépendants qui s'y retrouvent le mieux et ceux pour lequel le dispositif offre une accompagnement humain important permettant de soutenir, accompagner, aider l'apprenant à développer sa capacité d'être autonome (lire à ce sujet les pages sur le Tutorat).

La digitalisation marque une modification de paradigme dans le domaine de la formation, puisqu’elle fait en sorte que les informations soient accessibles, afin que tous les apprenants puissent désormais prétendre à des démarches simplifiées, à  un enseignement plus  intelligible et contextualisé en toute autonomie.

Le fait d’intégrer les TIC au processus de formation  s’inscrit justement dans la promotion, la facilitation et la mise en valeur de la culture pédagogique. Ils apportent de nouveaux instruments permettant l’apprentissage et qui viennent se substituer aux anciens.

Aujourd’hui, l’intervention de l’enseignant n’est pas obligatoire. Grâce à internet, il est possible pour les apprenants d’apprendre en étant autonomes, quel que soit le moment, et quel que soit le lieu.

Avec le progrès des NTIC, les formations sont proposées en réalité virtuelle. Dans l'environnement d'apprentissage virtuel, les élèves développent la capacité de déterminer leur rythme. Ils ont accès au contenu en permanence, en tout temps et en tout lieu, dans la poursuite de la compréhension de ce qui suscite l'intérêt et le désir d'apprendre.  Pour accompagner la construction de ce nouvel exercice d'autonomie dans la formation  à distance, les élèves se servent des outils spécifiques leur permettant d'avoir accès à l'information et d'établir des interactions avec les acteurs du processus éducatif.

Références

  • Cosnefroy (2010), L’apprentissage autorégulé : perpectives en formation d’adulte », Savoir, n°23, p.9-50
  • Education Permanente. (2002). Les TIC au service des nouveaux dispositifs de formation, 152.
  • Fuchs P. & Arnaldi B.b (2003) « Tisseau J. La réalité virtuelle et ses applications  » In Fuchs P. (éd.)& Moreau G. (coord.) Le traité de la réalité virtuelle. Volume 1 : fondements et interfaces comportementales. Presse de l’Ecole des Mines de Paris, (pp. 3- 52.)
  • Linard, M.(2003). Autoformation, éthique et technologies: enjeux et paradoxes de l'autonomie. In Albero, B. (Ed.). Autoformation et enseignement supérieur (pp.241-263). Paris: Hermes.
  • Moore, M.G., Théorie de la distance transactionnelle, in KEEGAN, D.(1993) Theoretical Principles of distance Education, London : Routledge, p22-38
  • Zimmerman B. (2008), Motivation and self-regulated learning, New York, Lawrence Erlbaum, p267-295


BrigitteCh 21 juillet 2007 à 10:58