Les enjeux de l'interaction en lien avec la problématique des outils d’awareness

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Cet article a été rédigé dans le cadre du cours Semactu 2011-2012

Resumé - Abstract

Cet article tente de traiter de la problématique liée à l’influence des outils d’awareness (ATs) sur les comportements (des apprenants d’un groupe d’awareness) relatifs aux enjeux de l'interaction. La question qui m’intéresse est de définir les principaux enjeux de l’interaction tels que le sentiment d’appartenance, la distribution des rôles, la gestion des conflits ainsi que la négociation, et de voir comment ces derniers se traduisent dans la réalisation d’une activité d’apprentissage collaboratif médiatisé, autrement dit lorsqu’on les confronte à la problématique des ATs. L’objectif poursuivi est de comprendre d’une part dans quelle mesure ce type d’outils peut répondre à certains de ces enjeux, et d’autre part comment un ou plusieurs outils existants pourraient être « améliorés » pour y répondre plus efficacement et faciliter ainsi davantage la collaboration dans un contexte de formation à distance. C’est donc une contribution sur les aspects opérationnels plus qu’informationnels concernant les outils d’awareness que j’aimerais développer dans cet article.

Mots-clés : enjeux d'interaction, cycle perception-action, outils d'awareness, synchrone vs asynchrone.


Contexte

Les recherches traitant des ATs dans un contexte de travail collaboratif à distance relèvent bien leurs bénéfices pour les apprenants amenés à interagir dans un environnement virtuel qui réclament le besoin d’être avisés de l’activité de leurs partenaires engagés autour de la même tâche. Ainsi, les ATs en tant qu’outils d’information semblent être confirmés et avoir fait leurs preuves. Ils permettent d’informer les sujets sur l’état des actions du groupe de travail et de leurs interactions à travers une série d’indicateurs tels que les connaissances (préalables) de leur(s) partenaire(s) ou encore la contribution de chacun à la résolution d’un problème qui a été soumis au groupe (Jermann, 2004). Par conséquent, si l’on reprend le modèle cognitif "Cycle perception – action" (Neisser) qui explique comment l’awareness est maintenue pendant la collaboration, nous comprenons que les outils d’awareness jouent, au sein d’une collaboration médiatisée, deux rôles essentiels à savoir :

  • fournir aux apprenants des indices (informations) sur leur(s) partenaire(s) ;
  • être des « lieux » où se construisent et s’organisent leurs comportements (actions).

La prise en compte de ce couplage entre perception et action nous permet de comprendre que les outils d’awareness influencent – par leur dimension informationnelle – les comportements (dimension opérationnelle) des apprenants et réciproquement. Partant donc de l’analyse que la dynamique de l’awareness peut être associée à une activité métacognitive où l’apprenant a la possibilité d’objectiver sa démarche d’apprentissage en vue de prendre des décisions qui l’amènent ensuite à la réguler (Temperman G., De Lièvre B., Depover C., 2007), j’aimerais alors comprendre comment collectivement le groupe négocie ses interactions et prend des décisions, autrement dit comment le comportement de chacun se régule au travers des outils d’awareness.

Les enjeux de l'interaction

Lorsque, dans un contexte de formation, nous introduisons des activités d'apprentissage collaboratif, nous augmentons les enjeux psychosociaux de l'interaction sociale entre les participants. Ces derniers sont amenés à passer par différentes phases dans leur collaboration telle que, par exemple, la confrontation, la négociation, le consensus, la prise de décision, etc... De cette manière, nous constatons que le travail en équipe implique une habileté et une capacité à maintenir ces processus et ce, autant en situation de face à face qu’à distance. Par conséquent, je souhaite dans cet article parler des ATs comme des outils soutenant les processus (enjeux) interactionnels du processus collaboratif médiatisé. Pour les comprendre, il me faut tout d’abord les définir avant de m’intéresser à l’impact de ces outils sur les processus collaboratifs mis en œuvre par les apprenants.

Le sentiment d'appartenance

Définitions

J’ai conscience que loin d’être un comportement, le sentiment d’appartenance est un enjeu psychosocial d’une situation de collaboration. Sans lui, une activité collaborative médiatisée ou non à peu de chance de fonctionner. Je reprends ici la définition de Guertin (1987) qui dit que " Le sentiment d’appartenance est un processus interactif par lequel les individus sont inter-reliés et se définissent en rapport les uns avec les autres en fonction de champs d’intérêts et d’affinités ". A défaut d’un besoin de se sentir appartenir à un groupe cultuel, social, politique ou même religieux, cet aspect de l’interaction demeure surtout important pour tout être humain qui a besoin de s'associer à autrui, de sentir qu'il est rattaché à un réseau relationnel. Le sentiment d'appartenance nourrit l'estime de soi sociale (ou valeur que l'on se donne dans un groupe). Dans un contexte de formation, l’apprenant se sent alors impliqué dans un réseau relationnel auquel il s'identifie, dans lequel il va se sentir en confiance et en sécurité. Ainsi, le sentiment d'appartenance comble le sentiment de solitude qui rend difficile une collaboration à distance.

Impact

Dans le prolongement du développement commencé ci-dessus, Faerber (2001) dit de l’AT que davantage d’être un outil collaboratif, il serait un moyen pour pallier l'isolement des apprenants. Dans cette perspective, il constitue un facteur motivationnel pour pallier au concept de solitude. J’observe donc que l’outil d’awareness a un impact bien plus psychologique qu'en apparence, qu'on rattache surtout au gain communicationnel, mais qui selon l’auteur serait plus un « antidote à l’inquiétude que ressent l’apprenant esseulé ». En effet, les outils d’awareness constituent des outils d'encouragement. Ils modifient l'activité des acteurs impliqués dans une situation d’apprentissage collaboratif. Cependant, est-ce que le fait de modifier l’activité agit directement sur le gain d'apprentissage ou est-ce cette idée de facteur psychologique lié au fait de pallier l'isolement dans l'apprentissage qui a un impact sur le gain réalisé ? Je ne pense pas car bien qu’ils permettent (temporairement) de faire oublier la distance, les ATs augmentent également la visibilité et requiert ainsi un engagement plus conséquent à fournir de la part des apprenants. Cette analyse va dans le sens des travaux de Faerber (2001) qui dit qu'en implémentant des outils de coordination et de partage, on rétablit du lien social et on augmente ainsi la volonté de l'apprenant « isolé » dans son sentiment d’appartenance à un groupe, et par le partage d’objectifs, de tâches, aussi son sens des responsabilités face à la réussite du groupe. Donc, la notion de présence continue à faire sens à travers les ATs et donne du sens à l'activité collective demandée.

La négociation

Définitions

Alors que ci-dessus, je fais une distinction entre la répartition des rôles, la gestion des conflits et la négociation, j’en viens à me dire au fil de mon analyse que les deux premières font partie intégrante de la troisième. En effet, la négociation représente pour citer un auteur expert en marketing nommé Lehu " L’ensemble des démarches et des processus de communication et de collaboration ayant pour but de confronter les positions, points de vue, intérêts et attentes, dans le but de parvenir à un accord entre les parties concernées ". La négociation est alors à appréhender comme un mode de résolution des conflits ayant pour l’un de ses objectifs principaux, dans la résolution d’une activité collaborative, la répartition et distribution des rôles entre les différents membres du groupe. La négociation est donc utilisée pendant toutes les phases de l’activité, du développement et l’accord d’une stratégie collective à sa finalisation qui passe inévitablement par l’anticipation et la gestion des réclamations et réactions des autres.

Impact

La négociation est selon moi l’enjeu d’interaction qui demande le plus de temps. Fixer les règles, se répartir les rôles, gérer les oppositions de points de vue, réguler l’interaction suggère d’entretenir le plus longtemps et efficacement possible l’awareness du groupe. La priorité apparaît donc à ce niveau, bien que toujours en faveur du but principal qui est de réaliser la tâche. Fixer les règles et se répartir les rôles ont surtout l’intérêt de créer une situation d’apprentissage équilibrée ou sinon acceptée par les acteurs concernés, et c’est d’après moi la condition sine qua none pour que la collaboration conserve ses qualités. Cela ne signifie pas pour autant que les partenaires de l’interaction sont à égalité dans leur contribution, ou qu’ils ont un niveau d’action égale sur les conditions de la collaboration, mais sert à poser les bases (conditions) qui font que celle-ci puisse avoir lieu. Par ailleurs, en plus de la notion de répartition, la participation et le succès dans une démarche d’apprentissage collaboratif en ligne requiert également celle du consensus ou sinon du compromis. Cette notion implique que le groupe puisse trouver un accord sur des aspects relationnels, mais aussi cognitifs en donnant une signification commune aux tâches et sous-tâches de l’activité. Celui-ci a des chances d’être atteint en régulant continuellement l’activité de collaboration, et ceci passe aussi bien par l’autorégulation de chaque apprenant (démarche intrapersonnelle) qu’une régulation des idées et comportements des apprenants entre eux (démarche interpersonnelle). Par conséquent, dans la négociation, il faut prendre en compte le partage d'objectifs, de tâches, le sens des responsabilités de chacun face à la réussite de tous, afin de voir l’interaction sous formes d'aide réciproques, d’où le besoin incontournable d’ATs dans le cas de situations médiatisées.

Interdépendance entre information et action

Outils d'awareness synchrones vs asynchrones

Un tableau de bord interactif

Références bibliographiques