« Atouts et limites de l'apprentissage collaboratif » : différence entre les versions
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Version du 16 octobre 2020 à 17:38
Yorick Bays - Volée Aegir
Résumé
Cette page met en lien trois lectures ;
- "The evolution of research on collaborative learning." (Dillenbourg, 1996)
- "L'apprentissage autorégulé: perspectives en formation d'adultes" (Cosnefroy, 2010)
- "Quels apports de la théorie de la charge cognitive à la différenciation pédagogique? Quelques pistes concrètes pour adapter des situations d'apprentissage." (Tricot, 2017)
en soulignant les différents atouts que propose l’apprentissage collaboratif, mais également les limites de cet apprentissage.
Introduction
Dillenbourg définit l’apprentissage collaboratif comme “une situation dans laquelle des formes particulières d'interaction entre les personnes sont censées se produire, ce qui déclencherait des mécanismes d'apprentissage, mais il n'y a aucune garantie que les interactions attendues se produiront réellement.” (Dillenbourg 1995). Il s’agit donc plus simplement d’un travail de groupe où l’on s’attend à voir les participants collaborer et coopérer en vue de la réalisation d’une tâche. Dillenbourg définit cependant une différence en coopération et collaboration ; la collaboration est un travail en commun là où la coopération est une répartition des tâches entre les membres d’un groupe.
Développement
Dans son texte Dillenbourg propose deux approches principales ; l’approche socio-constructiviste et l’approche socio-culturelle.
Dans l’approche socio-constructiviste on constate une mise en avant du rôle des interactions, les conflits et la coordination des différents points de vue. On note également la présence d’un “cercle vertueux” ; où des individus de niveaux différents interagissent entre eux ce qui va produire des états nouveaux états individuels. Ces nouveaux états individuels vont permettre eux de nouvelles interactions plus sophistiquées entre les membres d’un groupe.
Dans cette approche il explique également que deux sujets au même niveau de compréhension sur une tâche mais avec des approches différentes du problème peuvent s’entraider pour atteindre l’objectif demandé, d’où la citation ; "two wrongs can make a right" (Glachan & Light, 1981)
Dans la seconde approche, l’approche socio-culturelle, l’analyse des interactions sociales entre apprenants est davantage orientée sur l'interaction sociale et le changement cognitif individuel. Dans cette approche il est également question de deux discours, celui où l’on interagit avec les autres et celui de la réflexion. Ce deuxième discours, celui où l’on parle à soi-même, amène à l’auto-régulation.
Il y a donc dans cette approche deux plans de développement un plan dit inter-psychologique et intra-psychologique.
Un autre avantage du travail de groupe cette fois-ci abordé par Cosnefroy, est le principe d’auto-régulation.
En effet l’autorégulation nécessite initialement une motivation individuelle suffisante, un objectif à accomplir, des stratégies d'autorégulations ainsi qu'une observation de soi et des autres apprenants. Cependant dans le cadre d’un travail collaboratif l’auto-régulation est bien plus aisée à être maintenu car tous les apprenants participent individuellement à l’autorégulation collective ce qui implique une répartition des processus métacognitifs de contrôle entre les différents membres.
Dans son article Tricot propose 14 “effets” pour réduire la charge cognitive. Dans le 13ème, ”l’effet de mémoire de travail collectif”, il explique que lors d’un travail de groupes l’apprentissage sera plus aisé si la tâche est complexe. En effet, les apprenants d’un groupe seront plus efficaces s’ils réalisent une tâche qui est plus difficile individuellement plutôt qu’en groupe. Ce qui nous mène aux limites de l’apprentissage collaboratif amené avec “l’effet de renversement de l’expertise”. il est préférable de proposer des travaux de groupes seulement si les participants ont peu de connaissances dans le domaine.
Pour continuer sur les limites du travail collaboratif, le phénomène de comparaison social peut être néfaste à la réalisation de la tâche. Les participants sont menés à se comparer aux autres membres du groupe, leur attention est donc captée par l'interrogation de la valeur que leur implication amène au groupe plutôt que sur la réalisation du travail. Dans ce genre de situation, la régulation de la charge cognitive sera affaiblie au profit d’une régulation relationnelle. (Cosnefroy)
Conclusion
Le travail collaboratif est un outil à utiliser en connaissance des avantages et des limites de celui-ci. Il peut être très néfaste de proposer un travail collaboratif à des apprenants dans certaines situations, ce qui pourrait conduire à l’opposé de l'objectif pédagogique visé par l’enseignant. Le travail collaboratif est un domaine relativement proche de la sagesse des foules et des productions participatives (crowdsourcing). Aristote a écrit dans la Politique “La majorité, dont chaque membre pris à part n’est pas un homme remarquable, est cependant au-dessus des hommes supérieurs.”.
Bibliographie
- Cosnefroy, L. (2010). L'apprentissage autorégulé: perspectives en formation d'adultes.
- Dillenbourg, P., Baker, M., Blaye A.& O'Malley, C. (1996). The evolution of research on collaborative learning. In E. Spada & P. Reiman. Elsevier (Ed.), Learning in Humans and Machine: Towards an interdisciplinary learning science. (pp. 189-211)
- Tricot, A. (2017). Quels apports de la théorie de la charge cognitive à la différenciation pédagogique? Quelques pistes concrètes pour adapter des situations d'apprentissage. Conférence de consensus: différenciation pédagogique.
- Dillenbourg, P. (1999). What do you mean by collaborative learning?.