« Smart Debate » : différence entre les versions
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Version du 7 décembre 2019 à 21:31
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Smart Debate est une technologie de pointe, développée par des chercheur.e.s du très réputé TECFA de l'Université de Genève afin de proposer un dispositif engageant pour palier à un manque d’intérêt et d’échanges chez les étudiant.e.s. lors de lecture d’articles à distance. Smart Debate offre un espace de débat aux étudiant.e.s pour confronter leurs idées et construire ensemble un savoir partagé. Il se veut résolument pratique, orienté sur l’échange et l’autonomisation de l’étudiant.e dans son apprentissage, tout en étant un outil de première utilité aux enseignant.e.s pour suivre la progression d’un.e étudiant.e en particulier, comme celle du groupe dans son ensemble.
Pensé comme un simple add-on de Google Docs, facile d’acquisition et d’utilisation, Smart Debate va révolutionner votre façon de lire un texte! Smart Debate : The Future of Learning - You think you can debate? Think again!
Description
Le dispositif Smart Debate est une technologie qui permet de structurer des débats autour d'idées issues de la lecture collaborative d'articles en ligne. Il se concentre sur la mise en commun de réflexions et questionnements lors de lecture de textes dans un cursus académique ou scolaire.
Actuellement, lorsque les étudiants doivent lire des textes qu’ils sont tenus de commenter avec d'autres étudiants (par exemple pour en faire une synthèse), ils le font souvent de manière individuelle et n’ont que peu de moyens les soutenant dans l’échange avec leurs pairs. Certaines questions sont posées sur des forums, s’ils existent, ou sont échangées sur des plateformes annexes (type whatsapp ou Slack). Ces modes de fonctionnement génèrent plusieurs freins : asynchronicité, nécessité de sortir de l’espace de lecture du texte pour se connecter sur un dispositif de communication, et association de leurs noms à des questions qui seront potentiellement visibles par l’équipe enseignante. Tout ceci peut conduire à une diminution d’intérêt envers la réalisation de la tâche.
Avec le dispositif que nous proposons, nous tentons de répondre au besoin de stimulation et d’adhésion pour la tâche de lecture collaborative, par la création d’un espace d’échange avec pour objectif le débat d’idées. Sur la base des travaux sur le conflit socio-cognitif et tous les travaux qui ont suivi depuis sa définition, l’outil offre la possibilité de le rendre concret, par la mise en parallèle des réflexions des étudiants et d’échanges directs et en différé sur un point de discussion.
Principes
Initialement conçu pour favoriser l’engagement et l’adhésion des étudiants lors d’activités collaboratives à distance, ce dispositif soutient le processus d’apprentissage à plusieurs niveaux :
En premier lieu, la lecture d’article en mode collaboratif contribue à renforcer la motivation des étudiants pour une activité, sachant qu’ils font partie d’un groupe et qu’ils auront un espace de discussion à disposition en cas de doute et d’envie de discussion. Le design de Smart Debate aide également à rendre l’exercice plus ludique, par la présence d’avatars et d’une arène de débat (mode battle). Cette espace de débat participe également à la cohésion du groupe et permet une mise en pratique concrète d’un conflit socio-cognitif.
Smart Debate se distingue de dispositifs existants en proposant une structuration des débats. De nombreux outils de travail collaboratif sur des textes existent, notamment Google Docs, qui proposent aussi des outils de chats et de commentaires sur le texte. Cependant, le design de Google Docs n’est pas pensé pour faire un suivi des échanges et n’est pas organisé selon des règles spécifiques de débats qui sécurisent et structures les discussions. De même, des outils de lecture collaboratifs tel Emoviz, offrent déjà des possibilités de commenter et échanger sur des segments de texte, et partager une émotion liée à la lecture, mais le dispositif se concentre sur le partage d'émotions alors que Smart Debate est conçu pour favoriser l’émergence de débat et l'organiser.
Smart Debat est donc dispositif qui renforce la communication, l’échange et l’écoute dans le groupe. Il offre un environnement sécurisé et structuré pour soutenir les apprenants dans leur développement en privilégiant la co-construction de savoir entre pairs.
Revue de la littérature
Du point de vue du design, ce dispositif est se base sur une approche centrée sur l’apprenant sur la base des travaux de Mayer (2010). L’auteur y démontre l’efficacité des outils dont l’objectif est d’adapter la technologie au service de l’apprentissage, en partant de l’apprenant, de ses besoins et des mécanismes d’apprentissage, et non pas des possibilités de la technologie. Dans cette perspective, Smart Debate n’utilise que des techniques déjà éprouvées et bien connues des utilisateurs, comme les chats, les plateformes de partage de documents et les avatars. En ce sens, la technologie n’est utilisée que pour privilégier les échanges et l’apprentissage. A ce stade de développement du prototype, il n’intègre pas de technologies plus avancées, comme l’intelligence artificielle, qui pourrait, par exemple, intervenir dans l’arbitrage des débats.
On peut compléter ces observations par l’article de Margarida Romero (2015) sur l’efficacité sur l’apprentissage des TIC lorsque celles-ci sont élaborées en vue d’une co-construction active des connaissances par les étudiants eux-mêmes, dans une situation pédagogique précise, avec une médiation par l’équipe enseignante. Le partage de connaissance et le processus de négociation qui s’ensuit, visant à la production d’un rapport majoritaire ou minoritaire, seraient difficilement réalisables sans l’aide des technologies qui permettent de garder les traces des échanges, sécuriser les débats, avec plusieurs modalités temporelles dans le débat, synchrone et asynchrone.
En ce qui concerne l’apprentissage collaboratif, nous pouvons apporter un éclairage en nous basant sur les travaux de Jorsack (2011). Son article présente des résultats importants à prendre en compte dans la phase de conception d’un outil collaboratif. D’une part, il soulève que la collaboration entre pairs est plus efficace qu’un échange entre enseignants (experts) et étudiants, grâce à la similarité de terminologie, contexte et complexité partagées par les apprenants. La gestion du débat par les étudiants eux-mêmes semblent un aspect essentiel de l’efficacité du dispositif. En outre, un des facteurs essentiels pour faire émerger un débat constructif est la sécurisation du cadre. Les théories de comparaison sociale (par exemple Festinger, 1954 ; Lemaine, 1960; Codol, 1975) et d’attribution sociale (notamment Weiner, 1971), qui sous-tendent les relations dans les groupes montrent combien il est facile pour les étudiants de dévier vers une régulation relationnelle dans l’échange au lieu de se concentrer sur la régulation cognitive. Pour palier à ce risque, l’utilisation d’avatars, d’émoticons pour transmettre ses émotions et la possibilité de stopper le débat par l’usage des cartons jaune et rouge participent à protéger l’estime de soi de tous les participants.
D’autre part, Jorzack revisite les théories autour du conflit socio-cognitif en modélisant le processus en trois phases, indispensables à l’apprentissage : phase initiale, phase de divergence et phase de convergence. La phase initiale permet à chaque étudiant de mobiliser ses représentations. La phase de divergence est l’étape de débat, où les représentations sont externalisées et confrontées les unes aux autres. La résolution du conflit se produit durant la phase de convergence, seule phase à laquelle il est possible de parler d’apprentissage, car un savoir commun a été construit. Smart Debate reproduit ces trois phases, par la présentation d’un texte, suivi d’un débat (divergence) et la production d’un rapport (convergence).
Mesurer la plus-value pédagogique de l'outil
Nous pensons que cet outil révolutionnaire aura des plus-values pédagogiques au niveau cognitif et métacognitif. En effet, nous supposons que les deux dimensions les plus importantes que cet outil améliorera sera la capacité des apprenants à argumenter ainsi que leur compréhension de texte. Nous avons pensé à un design expérimental afin d’investiguer cet effet. L’idée serait de comparer ces deux dimensions (i.e. la capacité à argumenter et la compréhension de test) avant, puis après l’utilisation de l’outil. Pour être sûrs de la plus-value de l’outil, nous allons le comparer avec l’outil google docs seul.
Notre expérience sera donc constituée de deux variables indépendantes et d’une variable dépendante Notre variable indépendante sera le choix de l’outil: les gens utiliseront soit l’outil google docs, soit l’outil google docs agrémenté de l’add-on smart debate. Nous avons choisi ces facteurs avec l’idée de la value-added method en tête. Les variables dépendantes seront la compréhension de texte et la capacité à argumenter MESUREES AVEC QUOI?
Le design de l'expérience sera donc le suivant: dans un premier temps, un questionnaires mesurant les deux variables indépendantes sera distribué aux participants. Ils seront ensuite assignés aléatoirement au groupe google docs ou au groupe smart debate. Ils devront lire les textes et produire des débats. Finalement
Figure X: Schéma illustrant le déroulement de l’expérience
Sur la base de ce design, nous allons formuler les quatre hypothèses suivantes:
- H1: Les personnes assignées au groupe smart debate auront un score supérieur au post-test par rapport au pré-test pour la variable dépendante “comrpéhension des textes”
- H2: Les participants assignée au groupe smart debate auront un score supérieur au post-test par rapport au pré-test pour la variable dépendante “capacité à argumenter”
- H3: Les participants du groupe smart debate auront un score de compréhension des textes au post-test supérieur aux participants du groupe google docs
- H4: Au post-test, les participants du groupe smart debate auront un score de capacité à argumenter supérieur aux participants du groupe google docs
Pour tester les hypothèses H1 et H2, nous utiliserons un Test de Student à mesures répétées. Pour tester les hypothèses H3 et H4, nous utiliserons une ANOVA à 1 facteur (le facteur étant l’outil utilisé).