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La mémoire fut considérée dans un premier temps comme un magasin de stockage et étudiée indirectement par l’oubli. Ebbinghaus (1885) reste le pionnier de l’étude scientifique | La mémoire fut considérée dans un premier temps comme un magasin de stockage et étudiée indirectement par l’oubli. Ebbinghaus (1885) reste le pionnier de l’étude scientifique de la mémoire. Il adapte pour évaluer cette dernière les méthodologies déjà employées pour investiguer la perception. Son travail permet la mise en évidence de différents facteurs qui influencent la rétention comme la taille du matériel à retenir, le temps nécessaire pour l’apprendre, le délai jusqu’au rappel, la capacité limitée de la mémoire immédiate et le moment où l’apprentissage est effectué dans la journée. | ||
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Historique
Approche philosophique de la mémoire
L’Antiquité nous propose une des premières abstractions du concept de mémoire en Mnémosyne, une Titanide, déesse de la mémoire vénérée par les Grecs. Cette divinité montre l’importance que l’on attribuait déjà à cette époque au concept de mémoire. L’intérêt porté à la mémoire résidera exclusivement dans le domaine de la philosophie jusqu’à la fin du XIXème siècle, qui marquera le début de son étude scientifique (Ebbinghaus, 1885).
Avant cette date, de nombreux philosophes se sont intéressés à la mémoire. Aristote par exemple, dans De Memoria et Reminiscencia en 350 av. JC, définit la mémoire comme un intermédiaire entre la pensée et le sens, tout en appartenant au sens. La métaphore de l’empreinte permet d’illustrer sa définition, la perception réalise une peinture dans l’âme, la mémoire étant la permanence de cette peinture. Rapprochons nous d’Ebbinghaus en faisant un bond d’une vingtaine de siècle avec Francis Bacon (1561-1626). Il propose un arbre des connaissances qui organise le savoir et sera repris par Diderot et d’Alembert en 1732, pourindexer l’Encyclopédie. L’« arbre de la connaissance » - ainsi décrit - fonde l’entendement sur la mémoire, la raison et l’imagination. Bacon dégage de cette façon les trois fonctions intellectuelles de l’être humain. La conception et l’œuvre de Bacon permettent de distinguer la science de la théologie.
La mémoire a occupé - et occupe toujours - une place centrale dans la plupart des réflexions philosophiques faites sur l’être humain. L’approche scientifique n’a rien enlevé à son importance. Depuis maintenant plus d’un siècle, un grand nombre de chercheurs l’étudie. Si la notion de mémoire reste simple, son étude scientifique met en évidence quelques-unes de ses nombreuses facettes.
Les débuts de l’étude scientifique de la mémoire
La mémoire fut considérée dans un premier temps comme un magasin de stockage et étudiée indirectement par l’oubli. Ebbinghaus (1885) reste le pionnier de l’étude scientifique de la mémoire. Il adapte pour évaluer cette dernière les méthodologies déjà employées pour investiguer la perception. Son travail permet la mise en évidence de différents facteurs qui influencent la rétention comme la taille du matériel à retenir, le temps nécessaire pour l’apprendre, le délai jusqu’au rappel, la capacité limitée de la mémoire immédiate et le moment où l’apprentissage est effectué dans la journée.
À la même époque, Jacobs (1887) ébauche le concept d’empan mnésique pour la mémoire immédiate et James (1890) propose une distinction entre la mémoire primaire (rapide mais limitée) et la mémoire secondaire (illimitée), traduisant ainsi la notion de systèmes de mémoire multiples. Le début du XXème siècle marque un tournant dans l’étude du fonctionnement humain, l’introspection laisse place aux mesures dites objectives du comportement. Le concept de mémoire est écarté, le terme même «mémoire» est proscrit des notions psychologiques car associé à l’introspection. La mémoire s’assimile à l’habitude et s’étudie au travers des conditionnements opérant et répondant. La domination béhavioriste s’étend jusqu’au début des années 1960 où l’on assiste à la lente émergence de la psychologie cognitive. Dès lors, de nombreux chercheurs s’intéressent à la distinction entre la mémoire à court terme (MCT) et la mémoire à long terme (MLT), reprenant la distinction proposée par James (1890). Atkinson et Shiffrin (1968) formalisent un premier modèle général de la mémoire.
Le modèle modal d’Atkinson et Shiffrin (1968)
Sur la base d’expériences antérieures (Brown, 1958; Miller, 1956; Sperling, 1960), ils proposent d’organiser la mémoire en trois modules de traitement.
Le modèle modal divise la mémoire en trois sous-systèmes principaux. Ce modèle est une synthèse de nombreux résultats expérimentaux et représente la conception dominante de la mémoire humaine dans la psychologie cognitive de la fin des années 1960. Une formulation classique de ce modèle a été proposée par Atkinson et Schiffrin (1968).
Les trois composantes de la mémoire dans le modèle modal sont :
- Le registre sensoriel : il peut retenir une grande quantité d'informations sous forme visuelle pendant un temps extrêmement court (quelques millisecondes). Ce processus est différent du phénomène de rémanence visuelle.
- La mémoire à court terme (MCT) : elle contient un nombre limité d'éléments, stockés sous forme verbale pendant quelques secondes.
- La mémoire à long terme (MLT) correspond à notre conception intuitive de la mémoire. Les informations en MLT sont de nature sémantique. La MLT ne connait pas en pratique de limites de capacité ou de durée de mémorisation.
Dans un premier temps, l’organisme traite en parallèle l’information en provenance du monde extérieur grâce aux différents registres sensoriels. L’information des différentes modalités sensorielles est maintenue, dans ces registres sensoriels, pendant un court laps de temps. Ces registres fournissent des informations à la seconde composante du modèle, la MCT. La capacité de la MCT est limitée, l’information est codée sous forme phonologique et la durée de stockage est brève.
L’information stockée en MCT peut être transférée en MLT, ce transfert est envisagé comme une copie et non comme un passage de l’une à l’autre. La MLT n’est pas censée avoir de limite en terme de temps ou de capacité, le codage de l’information se fait sous forme sémantique. Les processus de contrôle, comme l’autorépétition, sont dirigés par le sujet. Des études neuropsychologiques suggèrent également une distinction entre MLT et MCT qui repose sur l’observation d’une double dissociation. On observe chez les malades atteints du syndrome de Korsakoff une intégrité de la MCT alors que la MLT est sévèrement perturbée.
Shallice et Warrington (1970) rapportent la dissociation inverse chez le patient KF, à savoir une intégrité de la MLT et une perturbation de la MCT. Cette double dissociation conforte la distinction MCT/MLT. Les conceptions actuelles sur la mémoire sont assez éloignées du modèle d’Atkinson et Shiffrin, même si nous pouvons toujours en retrouver l’essence. Ce modèle reste néanmoins le point de départ de très nombreux travaux dans le domaine de la mémoire et plus particulièrement en psychologie cognitive. Nous ne rentrerons pas dans les détails en ce qui concerne la MCT, pour nous focaliser sur la MLT.
Bibliographie
Wikipédia
http://leadserv.u-bourgogne.fr/~yannick/PDF/Chapitre1