« Compétence » : différence entre les versions
Aucun résumé des modifications |
(Ajout définition avec références & changement structure (ajout de titre 2ème niveau)) |
||
(16 versions intermédiaires par 4 utilisateurs non affichées) | |||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
== | ==Evolution des définitions== | ||
La notion de compétence a donné lieu à une pluralité de définitions, chacune évoluant dans un contexte précis. Alors que le [[Béhaviorisme|courant behavioriste]] aurait tendance à réduire la compétence à une performance, les philosophes innéistes, eux, y voient davantage une disposition naturelle, un talent qui peut être amené à se révéler par l’expérience (Coulet, 2011). Dans le monde professionnel, il n’est pas rare d’être confronté au terme de « référentiel de compétence ». De son côté, l’école elle aussi s’est emparé de la notion en nommant des « compétences fondamentales » à atteindre (Plan d’étude Romand, 2010). Ainsi, la littérature abonde autour de ce concept qui se situe notamment au cœur des dispositifs de formations actuels. | |||
===Vision binaire, jugement social et performance=== | |||
Être compétent ou incompétent. Cette première idée autour de la notion de compétence peut être considérée comme instinctive. Il s’agit en effet d’une vision plutôt populaire mettant en avant un besoin de comparaison entre individus. | |||
Pour Florent Chenu (2004), les multiples définitions du concept de compétence recouvrent au moins deux caractéristiques communes. Une compétence constitue un système intégré de savoirs (au sens large, c’est à dire des savoirs, des savoir-faire, des savoir-être, …) : | Selon Jean-Claude Coulet (2011), l’approche consistant à définir un individu comme compétent ou incompétent fait référence au jugement social ainsi qu’à la notion de performance. L’organisation de l’activité n’a ici pas d’importance car la conduite est simplement jugée insatisfaisant. Dans cette approche, la norme de référence est une notion primordiale pour définir si un individu est performant et donc, s’il est compétent. En changeant la norme, le jugement change également et un individu pourrait devenir compétent. | ||
En réponse à cette problématique, il est possible de penser en niveau de compétence, comme le propose par exemple le [https://www.plandetudes.ch/home Plan d’Etude Romand] (PER). Celui-ci propose pour chaque objectif une progression des apprentissages exprimant ainsi chaque compétence en différents niveaux. | |||
---- | |||
'''Exemple''' | |||
[https://www.plandetudes.ch/web/guest/MSN_12/ MSN 12 — Poser et résoudre des problèmes pour construire et structurer des représentations des nombres naturels…] | |||
* ...en associant un nombre à une quantité d’objets et inversement | |||
* ...en utilisant les nombres et les chiffres pour organiser des situations de vie | |||
{| border="1" | |||
| 1ère et 2ème année | |||
| 3ème et 4ème année | |||
|- | |||
| Dénombrement d'une petite collection d'objets, et expression orale de sa quantité (nombres familiers) | |||
| Dénombrement d'une collection d'objets, par comptage organisé, par groupements de 10 | |||
|- | |||
|Comparaison de deux collections ou constitution d'une collection ayant un nombre donné d'objets par correspondance terme à terme (nombres familiers) | |||
|Comparaison de collections ou constitution d'une collection ayant un nombre donné d'objets, par correspondance terme à terme, par dénombrement, par estimation | |||
|} | |||
===Dimension cognitive=== | |||
Un ensemble de définition accorde une importance particulière à la dimension cognitive. Dans cette lignée, Perrenoud (1999) définit les compétences comme des capacités, des habiletés, des savoir-faire permettant de réussir dans l’exécution d’une tâche, grâce à l’assimilation de connaissances pertinentes et grâce à l’expérience qui consiste à résoudre des problèmes. Il ajoute qu'il n'y a de compétence stabilisée que si la mobilisation des connaissances dépasse le tâtonnement réflexif à la portée de chacun et actionne des schèmes constitués (Perrenoud, 1997). Il faut donc que les apprentissages soient véritablement intégrés pour pouvoir être remobilisés. | |||
Pour Boudreault (2002), la compétence "professionnelle" est le point d'intersection des savoir-être, savoir-faire et des savoirs. En d'autres termes, la compétence prend systématiquement en compte des éléments communicationnels et comportementaux (savoir-être), pratiques (savoir-faire) et théoriques (savoirs). Si l'un des trois domaines est manquant, alors il n'y a pas de compétences. | |||
[[Fichier:compétence.png|400px|centre|vignette|Résumé de la notion de compétence professionnelle selon Boudreault (2002)]] | |||
===Dimension sociale=== | |||
D’autres scientifiques se sont attardés sur la dimension sociale en précisant qu’une compétence n’est observable que dans une situation. | |||
Ainsi, pour Florent Chenu (2004), les multiples définitions du concept de compétence recouvrent au moins deux caractéristiques communes. Une compétence constitue un système intégré de savoirs (au sens large, c’est à dire des savoirs, des savoir-faire, des savoir-être, …) : | |||
*qui permet d’aboutir à une performance (résultat en situation réelle de travail répondant aux attentes du milieu professionnel) ; | *qui permet d’aboutir à une performance (résultat en situation réelle de travail répondant aux attentes du milieu professionnel) ; | ||
*mobilisable dans plusieurs contextes professionnels (employabilité, polyvalence, mobilité professionnelle, adaptabilité). | *mobilisable dans plusieurs contextes professionnels (employabilité, polyvalence, mobilité professionnelle, adaptabilité). | ||
La compétence se définit également comme un ensemble intégré de capacités qui permet de manière spontanée d'appréhender une situation et d'y répondre plus ou moins pertinemment. Le concept de compétence devient de cette manière un concept intégrateur puisqu'il prend en compte à la fois les contenus, les activités à exercer et les | La compétence se définit également comme un ensemble intégré de capacités qui permet de manière spontanée d'appréhender une situation et d'y répondre plus ou moins pertinemment. Le concept de compétence devient de cette manière un concept intégrateur puisqu'il prend en compte à la fois les contenus, les activités à exercer et les situations dans lesquelles s'exercent les activités (Roegiers, 2000). | ||
===La notion de ressources=== | |||
Certaines définitions apportent la notion de « ressources à mobiliser », que celles-ci soient internes (connaissances, gestion des émotions) ou externes (médias, aide humaine). | |||
Ainsi, pour De Ketele (2006), la compétence est un ensemble ordonné de capacités (activités) qui s’exerce sur des contenus dans une catégorie donnée de situations pour résoudre des problèmes posés par celles-ci, mais il faut d’abord préciser la famille de situations dans lesquelles doivent s’exercer la compétence. Il s'agit donc de mobiliser des ressources pertinentes permettant ensuite d'identifier, d'activer et de combiner adéquatement des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être dans la perspective d'aboutir à un produit. | |||
===Dans le monde professionnel=== | |||
Guy Le Boterf s’est penché sur la notion de compétence en apportant des réponses pour le monde professionnel. Tout d’abord, il fait la différence entre « être compétent » et « avoir des compétences ». En d’autres termes, il ne suffit pas d’une superposition d’éléments (avoir des compétences) mais d’une action menant à agir avec compétence. | |||
Pour Le Boterf (2006), agir avec compétence est la capacité de combiner et mobiliser un ensemble de ressources pertinentes (connaissances, savoir-faire, qualités, réseaux de ressources...) pour réaliser, dans un contexte particulier, des activités selon certaines modalités d'exercice afin de produire des résultats (produits), satisfaisant à certains critères de performance pour un destinataire. Le Boterf regroupe cet ensemble d'éléments dans le terme de ''savoir-mobiliser''. | |||
De plus, mener une activité avec compétence est personnel car chacun peut s’y prendre différemment. Ceci en revient selon Le Boterf (2017) à différencier les compétences requises et les compétences réelles : | |||
{{citation | La compétence requise est à la partition musicale ce que la compétence réelle est à son interprétation}} (p.83). | |||
Ainsi, il existe plusieurs manières d’interpréter une partition qui elle, est identique pour tous. Cette interprétation est personnelle et propre à chacun. A noter qu’un même individu peut, à différents moments de sa vie, selon son humeur ou le cadre, interpréter une partition de façons différentes (Le Boterf, 2017). | |||
==Application== | ==Application== | ||
===Applications pédagogiques=== | |||
Un ensemble de compétences visées peuvent être utilisées dans l'[[Langage de modélisation pédagogique#L'ingénierie pédagogique |ingénierie pédagogique]] d'un dispositif de formation basé sur une [[approche par compétence]] pour définir ses objectifs et guider sa conception. | |||
===Applications techno-pédagogiques=== | |||
Lorsque les actions sont complexes, abstraites, médiatisées par des technologies et impliquées dans la réalité, elles exigent des connaissances étendues, pointues et fiables. Les outils informatiques peuvent contribuer à l’acquisition de compétences telles que l’organisation des connaissances, la démarche pour la résolution de problèmes, la participation et la gestion de travail en collaboration, le développement de projets personnels s’appuyant sur l’autonomie des apprenants (Lebrun, 1999). | Lorsque les actions sont complexes, abstraites, médiatisées par des technologies et impliquées dans la réalité, elles exigent des connaissances étendues, pointues et fiables. Les outils informatiques peuvent contribuer à l’acquisition de compétences telles que l’organisation des connaissances, la démarche pour la résolution de problèmes, la participation et la gestion de travail en collaboration, le développement de projets personnels s’appuyant sur l’autonomie des apprenants (Lebrun, 1999). | ||
Ligne 18 : | Ligne 66 : | ||
On peut dès lors se demander quelles vont être les compétences visées dans le cadre de l’intégration des TIC en classe ? | On peut dès lors se demander quelles vont être les compétences visées dans le cadre de l’intégration des TIC en classe ? | ||
Les compétences vont être partagées entre des savoirs de base en informatique et des savoir-faire incluant une pratique pédagogique centrée sur un scénario utilisant les technologies. Le développement des TIC implique donc pour les enseignants l’apprentissage de nouveaux outils à maîtriser (compétences techniques), il les oblige surtout à réinventer et à réactualiser leur pratique d’enseignement (compétences pédagogiques). | Les compétences vont être partagées entre des savoirs de base en informatique et des savoir-faire incluant une pratique pédagogique centrée sur un scénario utilisant les technologies. Le développement des TIC implique donc pour les enseignants l’apprentissage de nouveaux outils à maîtriser (compétences techniques), il les oblige surtout à réinventer et à réactualiser leur pratique d’enseignement (compétences pédagogiques). | ||
Dans cette perspective, le C2i2e, Certificat informatique et Internet pour enseignant, vise à attester des compétences professionnelles communes et nécessaires à tous les enseignants pour l’exercice de leur métier dans ses dimensions pédagogique, éducative et citoyenne. Ce certificat a été mis en place en 2004, en France, par la le ministère de l’enseignement et de la recherche. Le référentiel retenu pour la généralisation est composé de 27 compétences réparties en 7 domaines. Il distingue les compétences générales liées à l’exercice du métier des compétences nécessaires à l’intégration des TICE dans la pratique enseignante.Accès : http://www2.c2i.education.fr/sections/c2i2e/referentiel/. Ce référentiel peut se décliner en un [[Intégration des TIC|instrument de mesure]] qui permet d'évaluer le degré d'intégration des TIC dans la pratique professionnelle. | |||
Karsenti (2004) souligne les difficultés qu'ont les enseignants au niveau de leur compétences technopédagogiques. Les enseignants ont certains "savoirs" en ce qui a trait aux TIC, mais qu'ils ont peu ou pas de savoir-faire ou encore d'habiletés "technopédagogiques" à intégrer les TIC dans leur pratique professionnelle. Il s'agirait possiblement de difficultés à transférer les compétences technologiques dans un contexte concret d'enseignement (Karsenti, 2004). | |||
==Références== | ==Références== | ||
CIPP de la Suisse romande et du Tessin. (2010). Plan d’étude romand. Consulté 13 octobre 2019, à l’adresse https://www.plandetudes.ch/web/guest/MSN_12/ | |||
Chenu, F. 2004. ''Vers une définition opérationnelle de la notion de compétence''. [Page Web]. Accès : http://www.mag.ulg.ac.be/pantic/commu/C%2520Competence%2520Educ%2520Perm.doc | Chenu, F. 2004. ''Vers une définition opérationnelle de la notion de compétence''. [Page Web]. Accès : http://www.mag.ulg.ac.be/pantic/commu/C%2520Competence%2520Educ%2520Perm.doc | ||
Coulet, J.-C. (2011). La notion de compétence: un modèle pour décrire, évaluer et développer les compétences. Le travail humain, 74(1), 1 | |||
De Ketele, J.-M. (2006). ''L'approche par compétence : ses fondements''. Bruxelles. [Page Web]. Accès : http://www.itg.be/becausehealth/uploads/index/20061016_375189448_2presentationjmdeketele.pdf | |||
Le Boterf, G. (2006). ''Savoir agir avec compétence''. [Page Web]. Accès : http://parcours-diversifies.scola.ac-paris.fr/PERETTI/leboterf.htm | Le Boterf, G. (2006). ''Savoir agir avec compétence''. [Page Web]. Accès : http://parcours-diversifies.scola.ac-paris.fr/PERETTI/leboterf.htm | ||
Le Boterf, G. (2017). Construire les compétences individuelles et collectives: agir et réussir avec compétences, les réponses à 100 questions. Paris: Eyrolles. | |||
Karsenti, T. (2004). Les TIC et les futurs enseignants : les facteurs qui influencent leur utilisation (pp. 3-16). In D. Biron et M. Cividini (dir.), ''La formation enseignante au temps des réformes''. (pp. 3-16). Sherbrooke : Éditions du CRP. | |||
Lebrun, M. (1999). ''Des technologies pour enseigner et apprendre''. Ed. De Boeck, Bruxelles. | Lebrun, M. (1999). ''Des technologies pour enseigner et apprendre''. Ed. De Boeck, Bruxelles. | ||
Ligne 29 : | Ligne 91 : | ||
McMillan, S. (1996). Literacy and computer literacy. Definitions and comparisons. ''Computers | McMillan, S. (1996). Literacy and computer literacy. Definitions and comparisons. ''Computers | ||
and Education'', 27(3-4), 161-170. | and Education'', 27(3-4), 161-170. | ||
Perrenoud, Ph. (1997). ''Construire des compétences dès l'école''. Paris : ESF. | |||
Perrenoud, Ph. (1999). Construire des compétences, tout un programme ! In ''Vie Pédagogique'', | Perrenoud, Ph. (1999). Construire des compétences, tout un programme ! In ''Vie Pédagogique'', |
Dernière version du 13 octobre 2019 à 18:55
Evolution des définitions
La notion de compétence a donné lieu à une pluralité de définitions, chacune évoluant dans un contexte précis. Alors que le courant behavioriste aurait tendance à réduire la compétence à une performance, les philosophes innéistes, eux, y voient davantage une disposition naturelle, un talent qui peut être amené à se révéler par l’expérience (Coulet, 2011). Dans le monde professionnel, il n’est pas rare d’être confronté au terme de « référentiel de compétence ». De son côté, l’école elle aussi s’est emparé de la notion en nommant des « compétences fondamentales » à atteindre (Plan d’étude Romand, 2010). Ainsi, la littérature abonde autour de ce concept qui se situe notamment au cœur des dispositifs de formations actuels.
Vision binaire, jugement social et performance
Être compétent ou incompétent. Cette première idée autour de la notion de compétence peut être considérée comme instinctive. Il s’agit en effet d’une vision plutôt populaire mettant en avant un besoin de comparaison entre individus.
Selon Jean-Claude Coulet (2011), l’approche consistant à définir un individu comme compétent ou incompétent fait référence au jugement social ainsi qu’à la notion de performance. L’organisation de l’activité n’a ici pas d’importance car la conduite est simplement jugée insatisfaisant. Dans cette approche, la norme de référence est une notion primordiale pour définir si un individu est performant et donc, s’il est compétent. En changeant la norme, le jugement change également et un individu pourrait devenir compétent.
En réponse à cette problématique, il est possible de penser en niveau de compétence, comme le propose par exemple le Plan d’Etude Romand (PER). Celui-ci propose pour chaque objectif une progression des apprentissages exprimant ainsi chaque compétence en différents niveaux.
Exemple
- ...en associant un nombre à une quantité d’objets et inversement
- ...en utilisant les nombres et les chiffres pour organiser des situations de vie
1ère et 2ème année | 3ème et 4ème année |
Dénombrement d'une petite collection d'objets, et expression orale de sa quantité (nombres familiers) | Dénombrement d'une collection d'objets, par comptage organisé, par groupements de 10 |
Comparaison de deux collections ou constitution d'une collection ayant un nombre donné d'objets par correspondance terme à terme (nombres familiers) | Comparaison de collections ou constitution d'une collection ayant un nombre donné d'objets, par correspondance terme à terme, par dénombrement, par estimation |
Dimension cognitive
Un ensemble de définition accorde une importance particulière à la dimension cognitive. Dans cette lignée, Perrenoud (1999) définit les compétences comme des capacités, des habiletés, des savoir-faire permettant de réussir dans l’exécution d’une tâche, grâce à l’assimilation de connaissances pertinentes et grâce à l’expérience qui consiste à résoudre des problèmes. Il ajoute qu'il n'y a de compétence stabilisée que si la mobilisation des connaissances dépasse le tâtonnement réflexif à la portée de chacun et actionne des schèmes constitués (Perrenoud, 1997). Il faut donc que les apprentissages soient véritablement intégrés pour pouvoir être remobilisés.
Pour Boudreault (2002), la compétence "professionnelle" est le point d'intersection des savoir-être, savoir-faire et des savoirs. En d'autres termes, la compétence prend systématiquement en compte des éléments communicationnels et comportementaux (savoir-être), pratiques (savoir-faire) et théoriques (savoirs). Si l'un des trois domaines est manquant, alors il n'y a pas de compétences.
Dimension sociale
D’autres scientifiques se sont attardés sur la dimension sociale en précisant qu’une compétence n’est observable que dans une situation. Ainsi, pour Florent Chenu (2004), les multiples définitions du concept de compétence recouvrent au moins deux caractéristiques communes. Une compétence constitue un système intégré de savoirs (au sens large, c’est à dire des savoirs, des savoir-faire, des savoir-être, …) :
- qui permet d’aboutir à une performance (résultat en situation réelle de travail répondant aux attentes du milieu professionnel) ;
- mobilisable dans plusieurs contextes professionnels (employabilité, polyvalence, mobilité professionnelle, adaptabilité).
La compétence se définit également comme un ensemble intégré de capacités qui permet de manière spontanée d'appréhender une situation et d'y répondre plus ou moins pertinemment. Le concept de compétence devient de cette manière un concept intégrateur puisqu'il prend en compte à la fois les contenus, les activités à exercer et les situations dans lesquelles s'exercent les activités (Roegiers, 2000).
La notion de ressources
Certaines définitions apportent la notion de « ressources à mobiliser », que celles-ci soient internes (connaissances, gestion des émotions) ou externes (médias, aide humaine). Ainsi, pour De Ketele (2006), la compétence est un ensemble ordonné de capacités (activités) qui s’exerce sur des contenus dans une catégorie donnée de situations pour résoudre des problèmes posés par celles-ci, mais il faut d’abord préciser la famille de situations dans lesquelles doivent s’exercer la compétence. Il s'agit donc de mobiliser des ressources pertinentes permettant ensuite d'identifier, d'activer et de combiner adéquatement des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être dans la perspective d'aboutir à un produit.
Dans le monde professionnel
Guy Le Boterf s’est penché sur la notion de compétence en apportant des réponses pour le monde professionnel. Tout d’abord, il fait la différence entre « être compétent » et « avoir des compétences ». En d’autres termes, il ne suffit pas d’une superposition d’éléments (avoir des compétences) mais d’une action menant à agir avec compétence.
Pour Le Boterf (2006), agir avec compétence est la capacité de combiner et mobiliser un ensemble de ressources pertinentes (connaissances, savoir-faire, qualités, réseaux de ressources...) pour réaliser, dans un contexte particulier, des activités selon certaines modalités d'exercice afin de produire des résultats (produits), satisfaisant à certains critères de performance pour un destinataire. Le Boterf regroupe cet ensemble d'éléments dans le terme de savoir-mobiliser.
De plus, mener une activité avec compétence est personnel car chacun peut s’y prendre différemment. Ceci en revient selon Le Boterf (2017) à différencier les compétences requises et les compétences réelles : « La compétence requise est à la partition musicale ce que la compétence réelle est à son interprétation» (p.83).
Ainsi, il existe plusieurs manières d’interpréter une partition qui elle, est identique pour tous. Cette interprétation est personnelle et propre à chacun. A noter qu’un même individu peut, à différents moments de sa vie, selon son humeur ou le cadre, interpréter une partition de façons différentes (Le Boterf, 2017).
Application
Applications pédagogiques
Un ensemble de compétences visées peuvent être utilisées dans l'ingénierie pédagogique d'un dispositif de formation basé sur une approche par compétence pour définir ses objectifs et guider sa conception.
Applications techno-pédagogiques
Lorsque les actions sont complexes, abstraites, médiatisées par des technologies et impliquées dans la réalité, elles exigent des connaissances étendues, pointues et fiables. Les outils informatiques peuvent contribuer à l’acquisition de compétences telles que l’organisation des connaissances, la démarche pour la résolution de problèmes, la participation et la gestion de travail en collaboration, le développement de projets personnels s’appuyant sur l’autonomie des apprenants (Lebrun, 1999).
Les savoirs et savoir-faire en informatique sont souvent regroupés sous le terme générique d’alphabétisation informatique (McMillan, 1996), terme qui restreint quelque peu la question des compétences à sa dimension technique. On peut dès lors se demander quelles vont être les compétences visées dans le cadre de l’intégration des TIC en classe ?
Les compétences vont être partagées entre des savoirs de base en informatique et des savoir-faire incluant une pratique pédagogique centrée sur un scénario utilisant les technologies. Le développement des TIC implique donc pour les enseignants l’apprentissage de nouveaux outils à maîtriser (compétences techniques), il les oblige surtout à réinventer et à réactualiser leur pratique d’enseignement (compétences pédagogiques).
Dans cette perspective, le C2i2e, Certificat informatique et Internet pour enseignant, vise à attester des compétences professionnelles communes et nécessaires à tous les enseignants pour l’exercice de leur métier dans ses dimensions pédagogique, éducative et citoyenne. Ce certificat a été mis en place en 2004, en France, par la le ministère de l’enseignement et de la recherche. Le référentiel retenu pour la généralisation est composé de 27 compétences réparties en 7 domaines. Il distingue les compétences générales liées à l’exercice du métier des compétences nécessaires à l’intégration des TICE dans la pratique enseignante.Accès : http://www2.c2i.education.fr/sections/c2i2e/referentiel/. Ce référentiel peut se décliner en un instrument de mesure qui permet d'évaluer le degré d'intégration des TIC dans la pratique professionnelle.
Karsenti (2004) souligne les difficultés qu'ont les enseignants au niveau de leur compétences technopédagogiques. Les enseignants ont certains "savoirs" en ce qui a trait aux TIC, mais qu'ils ont peu ou pas de savoir-faire ou encore d'habiletés "technopédagogiques" à intégrer les TIC dans leur pratique professionnelle. Il s'agirait possiblement de difficultés à transférer les compétences technologiques dans un contexte concret d'enseignement (Karsenti, 2004).
Références
CIPP de la Suisse romande et du Tessin. (2010). Plan d’étude romand. Consulté 13 octobre 2019, à l’adresse https://www.plandetudes.ch/web/guest/MSN_12/
Chenu, F. 2004. Vers une définition opérationnelle de la notion de compétence. [Page Web]. Accès : http://www.mag.ulg.ac.be/pantic/commu/C%2520Competence%2520Educ%2520Perm.doc
Coulet, J.-C. (2011). La notion de compétence: un modèle pour décrire, évaluer et développer les compétences. Le travail humain, 74(1), 1
De Ketele, J.-M. (2006). L'approche par compétence : ses fondements. Bruxelles. [Page Web]. Accès : http://www.itg.be/becausehealth/uploads/index/20061016_375189448_2presentationjmdeketele.pdf
Le Boterf, G. (2006). Savoir agir avec compétence. [Page Web]. Accès : http://parcours-diversifies.scola.ac-paris.fr/PERETTI/leboterf.htm
Le Boterf, G. (2017). Construire les compétences individuelles et collectives: agir et réussir avec compétences, les réponses à 100 questions. Paris: Eyrolles.
Karsenti, T. (2004). Les TIC et les futurs enseignants : les facteurs qui influencent leur utilisation (pp. 3-16). In D. Biron et M. Cividini (dir.), La formation enseignante au temps des réformes. (pp. 3-16). Sherbrooke : Éditions du CRP.
Lebrun, M. (1999). Des technologies pour enseigner et apprendre. Ed. De Boeck, Bruxelles.
McMillan, S. (1996). Literacy and computer literacy. Definitions and comparisons. Computers and Education, 27(3-4), 161-170.
Perrenoud, Ph. (1997). Construire des compétences dès l'école. Paris : ESF.
Perrenoud, Ph. (1999). Construire des compétences, tout un programme ! In Vie Pédagogique, n°112, (p. 16-20).
Roegiers, X. (2000). Une pédagogie de l'intégration : compétences et intégration des acquis dans l'enseignement. Editions De Boeck, Bruxelles.