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== 1.  Introduction : les trois approches théoriques de la mémoire ==
== Introduction : les trois approches théoriques de la mémoire ==
[[Fichier:Cognition-incarnée.png|alt=Cognition incarnée|vignette|408x408px|Représentation visuelle de la cognition incarnée selon Hummels, Caroline & Dijk, Jelle. (2015).]]
[[Fichier:Cognition-incarnée.png|alt=Cognition incarnée|vignette|408x408px|Représentation visuelle de la cognition incarnée selon Hummels, Caroline & Dijk, Jelle. (2015).]]
La théorie de la cognition incarnée, ou embodiment (embodied cognition), se réfère à une des trois approches théoriques principales permettant d’appréhender le fonctionnement de la mémoire, et la place de cette dernière au centre des interactions entre pensées, affects et comportements au sein d’un environnement physique.
La théorie de la cognition incarnée, ou embodiment (embodied cognition), se réfère à une des trois approches théoriques principales permettant d’appréhender le fonctionnement de la mémoire, et la place de cette dernière au centre des interactions entre pensées, affects et comportements au sein d’un environnement physique.


Ces trois approches principales étant, à titre informatif :
Ces trois approches principales étant, à titre informatif :
* Approche '''cognitiviste''' ou plutôt '''modulaire / structuro-fonctionnelle''' :
* Approche [[cognitivisme|'''cognitiviste''']] ou plutôt '''modulaire / structuro-fonctionnelle''' :
* Approche '''connexionniste''' (émanation directe de l’'''IA''' pour approcher la mémoire).
* Approche '''connexionniste''' (émanation directe de l’'''IA''' pour approcher la mémoire).
* Approche '''cognition incarnée'''
* Approche '''cognition incarnée'''
Dans le cadre théorique de la cognition incarnée, on peut y observer un '''rejet''' de l’idée que la cognition équivaut à la '''computation''' ('''calcul, transformation''') de '''symboles amodaux''' traités dans un '''système modulaire''' (v'''oir : « [[wp_fr:Modularité_de_l'esprit|La modularité de l’esprit]] » de [[wp_fr:Jerry_Fodor|Jerry Fodor]]).'''
Dans le cadre théorique de la cognition incarnée, on peut y observer un '''rejet''' de l’idée que la cognition équivaut à la '''computation''' ('''calcul, transformation''') de '''symboles amodaux''' traités dans un '''système modulaire''' (v'''oir : « [[wp_fr:Modularité_de_l'esprit|La modularité de l’esprit]] » de [[wp_fr:Jerry_Fodor|Jerry Fodor]]).'''


Pour rappel, dans l’approche cognitiviste, l’esprit n’est pas '''unitaire''', il est '''modulaire'''. Il y a différentes '''boîtes''', qui renvoient à des '''fonctions différentes''' de l’esprit en question. La '''cognition incarnée''' va complètement '''rejeter''' cette idée. Le cerveau est, selon cette approche, '''opposé''' à cette conception '''unitaire''' et '''modulaire'''. On a un '''environnement endogène''' qui est loin d’être ignoré par notre système.
Pour rappel, dans l’approche cognitiviste, l’esprit n’est pas unitaire, il est modulaire. Il y a différentes boîtes, qui renvoient à des fonctions différentes de l’esprit en question. La cognition incarnée va complètement rejeter cette idée. Le cerveau est, selon cette approche, opposé à cette conception unitaire et modulaire. On a un environnement endogène qui est loin d’être ignoré par notre système.


En tant que cognitiviste, la '''nature''' de '''l’environnement''' a finalement peu d’importance, on va extraire de l’environnement des '''informations''', on va les '''transformer'''. On saisit des '''informations''' (visuelles, auditives…), et ces '''informations''' sont '''transformées''', elles perdent leur '''aspect primaire'''. La '''cognition incarnée''' s’y oppose et considère que cette approche n’est pas très '''écologique'''. On a un système de capteurs sensorimoteurs très perfectionné.  
En tant que cognitiviste, la '''nature''' de '''l’environnement''' a finalement peu d’importance, on va extraire de l’environnement des informations, on va les transformer. On saisit des informations (visuelles, auditives…), et ces informations sont transformées, elles perdent leur aspect primaire. La cognition incarnée s’y oppose et considère que cette approche n’est pas très écologique. On a un système de capteurs sensorimoteurs très perfectionné.  


'''''Pourquoi prendrait-on ces informations pour en faire un code ?'''''
'''''Pourquoi prendrait-on ces informations pour en faire un code ?'''''


== 2.  Pourquoi la cognition incarnée se met en opposition ? ==
== Pourquoi la cognition incarnée se met en opposition ? ==
Si on a des '''connaissances''' qui n’ont '''plus de lien''' avec les '''modalités''' par lesquelles elles ont été acquises ('''amodales'''), cette façon de faire amène à considérer que les '''connaissances''' telles qu’elles sont, sont '''abstraites''', '''indépendantes''' de nos '''organes sensorimoteurs'''.
Si on a des connaissances qui n’ont plus de lien avec les modalités par lesquelles elles ont été acquises (amodales), cette façon de faire amène à considérer que les connaissances telles qu’elles sont, sont abstraites, indépendantes de nos organes sensorimoteurs.


C’est l’idée principale de '''l’approche cognitiviste''', les '''connaissances''' ne sont plus reliées à leurs '''modalités d’appréhension.'''
C’est l’idée principale de l’approche cognitiviste, les connaissances ne sont plus reliées à leurs modalités d’appréhension.  


Cela suscite un certain nombre de questions. Une de ces questions pourrait notamment être :
Cela suscite un certain nombre de questions. Une de ces questions pourrait notamment être :
* ''Acceptons l’idée d’abstraction. Nous détenons donc un '''processus''' qui '''coupe''' la connaissance de la '''modalité d’acquisition'''. Mais quel serait ce '''mécanisme''' ?''  
* ''Acceptons l’idée d’abstraction. Nous détenons donc un '''processus''' qui '''coupe''' la connaissance de la '''modalité d’acquisition'''. Mais quel serait ce '''mécanisme''' ?''  
Non seulement il faudrait un '''mécanisme responsable de l’abstraction''' : Faire ceci te sera utile, fera cela non, etc. Ainsi, on '''abstrait''' des '''connaissances''', donc elles deviennent '''amodales''' et '''intégrées''' de façon '''abstraite'''. Il y a forcément un '''aspect dynamique,''' une '''remise à jour des connaissances'''.
Non seulement il faudrait un mécanisme responsable de l’abstraction : Faire ceci te sera utile, fera cela non, etc. Ainsi, on abstrait des connaissances, donc elles deviennent amodales et intégrées de façon abstraite. Il y a forcément un aspect dynamique, une remise à jour des connaissances.


Cette histoire de '''modularité''' de l’esprit pose donc tout un tas de '''problème''' et la '''cognition incarnée''' '''rejette''' cette idée-là de '''modularité'''. La '''cognition incarnée''' dit finalement que la '''cognition''' repose sur les '''systèmes neuronaux''' dédiés à la '''perception''', '''l’action''', '''l’introspection'''. La '''cognition''' est sous tendue par '''simulations''', '''états corporels''' et '''actions situées'''.
Cette histoire de modularité de l’esprit pose donc tout un tas de problème et la cognition incarnée rejette cette idée-là de modularité. La cognition incarnée dit finalement que la cognition repose sur les systèmes neuronaux dédiés à la perception, l’action, l’introspection. La cognition est sous tendue par simulations, états corporels et actions situées.
[[Fichier:Embodied-cognition.png|alt=Cognition incarnée selon Castilho et al. 2020. |vignette|430x430px|
[[Fichier:Embodied-cognition.png|alt=Cognition incarnée selon Castilho et al. 2020. |vignette|430x430px|
Représentation visuelle de la cognition incarnée selon :  
Représentation visuelle de la cognition incarnée selon :  
Castilho V., Henriques D., Correia W., de Melo Souza L., de Barros Melo S. (2020) Embodied Cognition and Tactile Interaction.
Castilho V., Henriques D., Correia W., de Melo Souza L., de Barros Melo S. (2020) Embodied Cognition and Tactile Interaction.
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La '''cognition''' c’est '''l’environnement'''. La façon dont on a d’agir sur '''l’environnement''', va avoir une ''influence sur notre environnement''. Que l’on soit grand ou petit, droitier ou gaucher, va complètement avoir une '''influence sur notre cognition'''<ref name=":0">Castilho V., Henriques D., Correia W., de Melo Souza L., de Barros Melo S. (2020) Embodied Cognition and Tactile Interaction</ref>'''.'''
La '<nowiki/>''cognition''' c’est '''l’environnement'''. La façon dont on a d’agir sur '''l’environnement''', va avoir une '''''<nowiki/>'''influence sur notre environnement''. Que l’on soit grand ou petit, droitier ou gaucher, va complètement avoir une '''''<nowiki/>''influence sur notre cognition'<nowiki/>'''''.'''


'''La façon dont on interagit avec l’environnement modifie dont la cognition va se manifester.'''
La façon dont on interagit avec l’environnement modifie dont la cognition va se manifester.


La cognition est sous tendue par '''simulations''', '''états corporels''' et '''actions situées''' ('''Barsalou''', 2003)<ref name=":1">Barsalou, Lawrence. (2003). Situated simulation in the human conceptual system. </ref>. '''En somme, si on veut comprendre notre monde on doit être capable de simuler nos interactions avec ce monde.'''
La cognition est sous tendue par '''simulations''', '''états corporels''' et '''actions situées''' ('''Barsalou''', 2003). '''En somme, si on veut comprendre notre monde on doit être capable de simuler nos interactions avec ce monde.'''


Quand on s’intéresse à des personnes souffrant d’autisme, ces personnes ont des problèmes dans '''l’appréhension des émotions'''. Et, jusqu’à présent, les pistes à explorer étaient relativement limitée. Une hypothèse émane de la '''cognition incarnée''' : Si les personnes '''autistes'''<ref name=":2">Eigsti I. M. (2013). A review of embodiment in autism spectrum disorders. ''Frontiers in psychology'', ''4'', 224. </ref> ont du mal avec ces émotions, c’est peut-être parce qu’elles sont '''incapables de simuler'''<ref name=":2" /> ces '''émotions'''.
Quand on s’intéresse à des personnes souffrant d’autisme, ces personnes ont des problèmes dans l’appréhension des émotions. Et, jusqu’à présent, les pistes à explorer étaient relativement limitée. Une hypothèse émane de la cognition incarnée : Si les personnes autistes ont du mal avec ces émotions, c’est peut-être parce qu’elles sont incapables de simuler ces émotions.


'''On reconnaît une émotion'''<ref>Gangopadhyay, N. (2014). “Introduction: Embodiment and Empathy: Current Debates in Social Cognition”.</ref> '''chez autrui parce qu’on est capable de simuler cette émotion'''. On reconnaît quelqu’un en colère c’est parce que nous-mêmes à un moment donné, on '''réinstanciait''' cette émotion. On '''reproduirait''' des '''états émotionnels''', '''moteurs''', '''introspectifs'''.
On reconnaît une émotion chez autrui parce qu’on est capable de simuler cette émotion. On reconnaît quelqu’un en colère c’est parce que nous-mêmes à un moment donné, on réinstanciait cette émotion. On reproduirait des états émotionnels, moteurs, introspectifs.


On a '''appris''' ces '''émotions''' parce qu’on les a '''vécus''', et on est capable de les '''réinstancier'''. Cette idée de '''réinstanciation''' c’est de la '''simulation'''.
On a appris ces émotions parce qu’on les a vécus, et on est capable de les réinstancier. Cette idée de réinstanciation c’est de la simulation.


== 3.     La réinstanciation ==
== La réinstanciation ==


=== 1.    Comment ça marche ? ===
=== Comment ça marche ? ===
Dans '''l’approche modulaire''' on a vu que quand il y a '''encodage''', il y a '''transformation''' de l’information issue de notre environnement en un '''code''' qu’on va pouvoir '''stocker'''. En '''cognition incarnée''', le '''stockage''' en mémoire se fait de manière à '''stocker des états multimodaux'''. Cela signifie que '''différents capteurs sont activés en même temps'''. Et tout cela constitue un état. C’est cet état des capteurs, '''global''', qui est '''enregistré, stocké'''.
Dans l’approche modulaire on a vu que quand il y a encodage, il y a transformation de l’information issue de notre environnement en un code qu’on va pouvoir stocker. En cognition incarnée, le stockage en mémoire se fait de manière à stocker des états multimodaux. Cela signifie que différents capteurs sont activés en même temps. Et tout cela constitue un état. C’est cet état des capteurs, global, qui est enregistré, stocké.


Notre '''état actuel''' est '''enregistré''' '''tout le temps''', il est tout le temps '''rafraîchi'''. Certains de ces états vont amener à des changements très importants, mais la majorité ne va rien changer ou peu. Lorsqu’une situation est '''expérimentée''', il y a une '''activation des détecteurs''', et donc une '''activation des différentes aires cérébrales'''. Et à un moment donné, l’ensemble de ces états des capteurs, in fine, va '''constituer''' une forme '''d’épisode'''.
Notre état actuel est enregistré tout le temps, il est tout le temps rafraîchi. Certains de ces états vont amener à des changements très importants, mais la majorité ne va rien changer ou peu. Lorsqu’une situation est expérimentée, il y a une activation des détecteurs, et donc une activation des différentes aires cérébrales. Et à un moment donné, l’ensemble de ces états des capteurs, in fine, va constituer une forme d’épisode.


=== 2.    L’épisode ===
=== L’épisode ===
Imaginons qu’un '''épisode''' commence quand on entre dans l’amphithéâtre et se termine quand on en sort. Il y a un '''changement suffisamment important''' pour que le système détecte qu’il y a une '''transition'''.
Imaginons qu’un épisode commence quand on entre dans l’amphithéâtre et se termine quand on en sort. Il y a un changement suffisamment important pour que le système détecte qu’il y a une transition.


Du coup tout cet '''épisode''' va être '''intégré'''. Cela va donner une '''expérience unifiée'''.
Du coup tout cet épisode va être intégré. Cela va donner une expérience unifiée.


La '''réinstanciation''' c’est le fait de se '''recréer''' cette '''situation'''. On va la '''recréer''' en partant des '''zones associatives''' et on va '''recréer''' les mêmes '''sensations''' que celles qu’on a vécu lors de cet '''épisode'''. Il n’y a jamais de '''réinstanciation''' '''totale''' de l’évènement et la '''réinstanciation''' peut être consciente ([[wp_en:Mental_image|imagerie mentale]]<ref>Albert, J.-M. ‘’Mental Image and Representation. (French text by Jean-Max Albert and translation by H. Arnold) Paris: Mercier & Associés, 2018</ref>) ou pas.
La '''réinstanciation''' c’est le fait de se '''recréer''' cette '''situation'''. On va la '''recréer''' en partant des '''zones associatives''' et on va '''recréer''' les mêmes '''sensations''' que celles qu’on a vécu lors de cet '''épisode'''. Il n’y a jamais de '''réinstanciation''' '''totale''' de l’évènement et la '''réinstanciation''' peut être consciente ([[wp_en:Mental_image|imagerie mentale]]) ou pas.


Lorsqu’un objet ou une situation est expérimenté, on a des '''détecteurs de propriétés''' qui sont activés dans des '''systèmes neuronaux dédiés'''. Il a une capture d’un '''pattern d’activation'''<ref name=":3">Castel, Bertrand du. « Pattern activation/recognition theory of mind ». ''Frontiers in Computational Neuroscience'' 9 (2015): 90.</ref>. Il va y avoir une capture de cette '''coactivation de capteurs''' (visuels, auditifs…). '''Ce qui est enregistré, c’est ça'''. La notion de '''réinstanciation''', qui est toujours '''partielle''' et n’est '''jamais parfaite''', c’est cette idée que ce qui a pu être enregistré, on va pouvoir le '''réinstancier''', le '''reconstruire'''. On est censé pouvoir revivre les mêmes '''états sensoriels et perceptifs''' qu’on a vécu au moment de '''l’instanciation'''.
Lorsqu’un objet ou une situation est expérimenté, on a des détecteurs de propriétés qui sont activés dans des systèmes neuronaux dédiés. Il a une capture d’un pattern d’activation. Il va y avoir une capture de cette coactivation de capteurs (visuels, auditifs…). Ce qui est enregistré, c’est ça. La notion de réinstanciation, qui est toujours partielle et n’est jamais parfaite, c’est cette idée que ce qui a pu être enregistré, on va pouvoir le réinstancier, le reconstruire. On est censé pouvoir revivre les mêmes états sensoriels et perceptifs qu’on a vécu au moment de l’instanciation.


Cette '''réinstanciation''' peut être '''consciente'''. On peut vouloir ramener à la conscience des connaissances. Et cela peut aussi être '''involontaire'''. A chaque instant on peut avoir à l’esprit des connaissances qui nous viennent.
Cette réinstanciation peut être consciente. On peut vouloir ramener à la conscience des connaissances. Et cela peut aussi être involontaire. A chaque instant on peut avoir à l’esprit des connaissances qui nous viennent.


Aussi, un même évènement n’est jamais '''réinstancié''' de la même façon. On sait aujourd’hui que tout un tas de données empiriques vont dans ce sens-là. '''''Chaque rappel de souvenir se fait en intégrant le [[Mémoire#Le r.C3.B4le du contexte|contexte]] dans lequel le rappel est réalisé.''''' <blockquote>''"There is no abstract knower of an experience that is separate from the experience itself".''<ref>Francisco J. Varela, Evan Thompson, and Eleanor Rosch, ''The Embodied Mind;  Cognitive Science and Human Experience,'' MIT Press ''1991''</ref> </blockquote>
Aussi, un même évènement n’est jamais '''réinstancié''' de la même façon. On sait aujourd’hui que tout un tas de données empiriques vont dans ce sens-là. '''''Chaque rappel de souvenir se fait en intégrant le [[Mémoire#Le r.C3.B4le du contexte|contexte]] dans lequel le rappel est réalisé.''''' <blockquote>''"There is no abstract knower of an experience that is separate from the experience itself".'' </blockquote>


=== 3.    L’intégration ===
=== L’intégration ===
A chaque souvenir il y a une sorte '''d’incrémentation''' qui est faite par l’instant dans lequel le souvenir est rappelé / reconstruit.
A chaque souvenir il y a une sorte d’incrémentation qui est faite par l’instant dans lequel le souvenir est rappelé / reconstruit.


Tout un tas d’aspects peuvent être '''enregistrés''', par exemple quand on vit une expérience avec un téléphone portable. On a des '''traits sensoriels''' (couleurs, arrêtes, contours, forme…), des '''traits moteurs''' (fonction, mouvements, préhension…), des '''traits introspectifs''' (caractéristiques émotionnelles, affects…).  
Tout un tas d’aspects peuvent être enregistrés, par exemple quand on vit une expérience avec un téléphone portable. On a des traits sensoriels (couleurs, arrêtes, contours, forme…), des traits moteurs (fonction, mouvements, préhension…), des traits introspectifs (caractéristiques émotionnelles, affects…).  


Pour qu’il y ait '''intégration''', il faut qu’il y ait une '''intégration intermodale'''. Il faut qu’il y ait une intégration des '''traits sensoriels''', des '''traits moteurs''' et des '''traits introspectifs''', en '''intercommunication'''. On peut symboliser les aires qui sont impliquer dans cette intégration multimodale :
Pour qu’il y ait intégration, il faut qu’il y ait une intégration intermodale. Il faut qu’il y ait une intégration des traits sensoriels, des traits moteurs et des traits introspectifs, en intercommunication. On peut symboliser les aires qui sont impliquer dans cette intégration multimodale :


Tout un ensemble d’aires cérébrales sont impliquées dans cette intégration :  
Tout un ensemble d’aires cérébrales sont impliquées dans cette intégration :  
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Et ensuite on a des '''aires associatives''' qui vont faire que ces informations vont être traduites en souvenir.
Et ensuite on a des '''aires associatives''' qui vont faire que ces informations vont être traduites en souvenir.


== 4.  La cognition incarnée et la mémoire à long terme (MLT) ==
== La cognition incarnée et la mémoire à long terme (MLT) ==
Dans cette approche théorique de la cognition incarnée, il y a cette idée que la mémoire est un '''système unitaire'''. Il n’y a qu’un système, il n’y a pas de système séparé. Les différentes manifestations mnésiques sont sous-tendues par un '''stock commun de connaissances''' (épisodique).
Dans cette approche théorique de la cognition incarnée, il y a cette idée que la mémoire est un '''système unitaire'''. Il n’y a qu’un système, il n’y a pas de système séparé. Les différentes manifestations mnésiques sont sous-tendues par un '''stock commun de connaissances''' (épisodique).


L’approche '''cognition incarnée''' suppose que '''''les systèmes de mémoire et de perception ne sont pas indifférenciés, c’est la même chose. Perception et mémoire c’est la même chose'''''. Il n’y a pas '''ré-accession''' à des connaissances stockées, mais '''recréation'''. La connaissance émerge à un moment donné. On a simplement le matériau qui permet de construire des connaissances en fonction des demandes de l’environnement. Le '''souvenir''', quel qu’il soit, '''est une''' '''construction''' (momentanée, transitoire). On considère également que le système de mémoire est un système qui va '''s’ajuster par transformation globale'''. On va parler de '''mémoire''' dès l’instant où le '''système''' va être '''modifié''' suite à son '''interaction avec son environnement'''.
L’approche cognition incarnée suppose que ''les systèmes de mémoire et de perception ne sont pas indifférenciés, c’est la même chose. Perception et mémoire c’est la même chose''. Il n’y a pas ré-accession à des connaissances stockées, mais recréation. La connaissance émerge à un moment donné. On a simplement le matériau qui permet de construire des connaissances en fonction des demandes de l’environnement. Le souvenir, quel qu’il soit, est une construction (momentanée, transitoire). On considère également que le système de mémoire est un système qui va s’ajuster par transformation globale. On va parler de mémoire dès l’instant où le système va être modifié suite à son interaction avec son environnement.


'''''Parce que le système a été modifié, on peut considérer qu’il y a eu mémorisation.'''''
''Parce que le système a été modifié, on peut considérer qu’il y a eu mémorisation.''


'''L’unité de base''' c’est un '''épisode''' ou une '''trace épisodique'''. Cela sous-entend que cette '''unité de base''' à des '''frontières''', un début et une fin. '''L’épisode''', tel que défini par la cognition incarnée c’est un '''évènement''' vécu par un individu à un moment donné (interaction entre un individu et son environnement).
L’unité de base c’est un épisode ou une trace épisodique. Cela sous-entend que cette unité de base à des frontières, un début et une fin. L’épisode, tel que défini par la cognition incarnée c’est un évènement vécu par un individu à un moment donné (interaction entre un individu et son environnement).


Un '''épisode''' c’est aussi un état particulier de l’ensemble des '''''capteurs sensoriels, moteurs, affectifs, émotionnels d’un individu en interaction avec son environnement.''''' La composante d’un épisode c’est
Un épisode c’est aussi un état particulier de l’ensemble des ''capteurs sensoriels, moteurs, affectifs, émotionnels d’un individu en interaction avec son environnement.'' La composante d’un épisode c’est
* Le '''contexte''' environnemental '''externe''',  
* Le contexte environnemental externe,  
* L’objet central de la situation (s’il y en a un),
* L’objet central de la situation (s’il y en a un),
* L’'''état interne''' d’un individu.
* L’état interne d’un individu.
Ces traces, ces épisodes, on considère qu’ils vont être '''stockés de façon distribuée''' (ils ne sont pas localisés quelque part). Ces traces ne sont pas indépendantes les unes des autres.
Ces traces, ces épisodes, on considère qu’ils vont être '''stockés de façon distribuée''' (ils ne sont pas localisés quelque part). Ces traces ne sont pas indépendantes les unes des autres.


Les connaissances n’ont '''pas d’existence''' '''réelle''' en mémoire. '''''Ces connaissances c’est le produit, l’émergence de son interaction avec l’environnement.'''''  Les traits codés ne sont pas des invariants. Ainsi, si on prend la '''conception classique''' de la mémoire, et les connaissances sémantiques on a tendance à considérer qu’on acquiert une vision prototypique des objets. On a en tête une '''représentation amodale''' de ce qu’est une voiture. Or il ne semblerait pas que ce soit le cas. Quand on définit une voiture, ''on le fait par rapport à notre voiture ou par rapport à une voiture qu’on voit très régulièrement.''
Les connaissances n’ont pas d’existence réelle en mémoire. ''Ces connaissances c’est le produit, l’émergence de son interaction avec l’environnement.''  Les traits codés ne sont pas des invariants. Ainsi, si on prend la conception classique de la mémoire, et les connaissances sémantiques on a tendance à considérer qu’on acquiert une vision prototypique des objets. On a en tête une représentation amodale de ce qu’est une voiture. Or il ne semblerait pas que ce soit le cas. Quand on définit une voiture, ''on le fait par rapport à notre voiture ou par rapport à une voiture qu’on voit très régulièrement.''


Il n’y a pas d’élément invariant dans les traces qu’on peut enregistrer.
Il n’y a pas d’élément invariant dans les traces qu’on peut enregistrer.


Ces traces d’expérience, on a vu qu’elles sont '''enregistrées de façon distribuée'''. La '''réactivation''' fait appel à une '''synchronisation d’activation''' au sein de '''différents composants'''. La trace n’est pas une copie d’une expérience mais plutôt une sorte de '''schématisation''' de cette expérience. De cette manière, si j’ai trois neurones impliqués dans l’expérience d’un téléphone portable. Un neurone pour la forme, un neurone pour la prise en main et un neurone pour l’aspect affectif. L'''''e rappel de cette expérience nécessite la réactivation de ces trois neurones.'''''  
Ces traces d’expérience, on a vu qu’elles sont enregistrées de façon distribuée. La réactivation fait appel à une synchronisation d’activation au sein de différents composants. La trace n’est pas une copie d’une expérience mais plutôt une sorte de schématisation de cette expérience. De cette manière, si j’ai trois neurones impliqués dans l’expérience d’un téléphone portable. Un neurone pour la forme, un neurone pour la prise en main et un neurone pour l’aspect affectif. L''e rappel de cette expérience nécessite la réactivation de ces trois neurones.''  


Parmi ces trois neurones, il y en a peut-être un qui n’est pas réactivé avec le même niveau qu’au moment de l’expérience, ce qui peut expliquer le fait que la '''réinstanciation ne soit jamais totale'''<ref name=":4">Ianì, Francesco. « Embodied Memories: Reviewing the Role of the Body in Memory Processes ». ''Psychonomic Bulletin & Review'' 26, n<sup>o</sup> 6 (1 décembre 2019)</ref>.
Parmi ces trois neurones, il y en a peut-être un qui n’est pas réactivé avec le même niveau qu’au moment de l’expérience, ce qui peut expliquer le fait que la '''réinstanciation ne soit jamais totale'''.


Les connaissances émergent des '''états d’activation du système''' (construction transitoire). L’émergence d’un état antérieur spécifique, ou la récupération d’un souvenir, peut être facilité par des '''marqueurs de traces''' (ex. marqueurs somatiques).
Les connaissances émergent des '''états d’activation du système''' (construction transitoire). L’émergence d’un état antérieur spécifique, ou la récupération d’un souvenir, peut être facilité par des '''marqueurs de traces''' (ex. marqueurs somatiques).


=== 1.    Interaction entre cognition et émotions (en cours de construction) ===
=== Interaction entre cognition et émotions (en cours de construction) ===
'''L’émotion''' joue également un '''rôle''' dans '''l’intégration des multiples dimensions élémentaires''' des objets au seins des '''traces'''. Depuis de nombreuses années, de nombreuses recherches nous ont montré cette intercommunication constante entre émotion et cognition, l’influence notamment des affects sur la l’assimilation de nouvelles connaissances ou plus largement le traitement de nouvelles informations.
'''L’émotion''' joue également un rôle dans l’intégration des multiples dimensions élémentaires des objets au seins des traces. Depuis de nombreuses années, de nombreuses recherches nous ont montré cette intercommunication constante entre émotion et cognition, l’influence notamment des affects sur la l’assimilation de nouvelles connaissances ou plus largement le traitement de nouvelles informations.


Dans cette veine, (Colombetti & Thompson, 2008; Johnson, 2007)<ref name=":5">Colombetti, Giovanna. « The feeling body: Affective science meets the enactive mind »</ref> montrent notamment que tous la cognition de manière générale, est influencée, modulée ou initiée par les affects (émotions ou sentiments).
Dans cette veine, (Colombetti & Thompson, 2008; Johnson, 2007) montrent notamment que toute la cognition de manière générale, est influencée, modulée ou initiée par les affects (émotions ou sentiments).


== 5.  L’énaction (en cours de construction) ==
== L’énaction (en cours de construction) ==
Le concept d’énaction nous permet de découvrir ce qui constitue « la motivation à agir » d’un individu. En effet, l’énaction défend l’idée que la cognition (le processus de l’intelligence) est d’abord incarnée, c’est-à-dire qu’elle prend en compte le fait que chaque individu évolue dans son propre milieu, avec ses propres règles, dans son propre monde.


== 6.  Intérêts de l’approche incarnée de la cognition ==
'''L'énaction''' est ainsi une façon de concevoir la cognition sous l'angle d'une [[wp_fr:Épistémologie_complexe|épistémologie complexe]] en mettant l'accent sur la manière dont les organismes et les esprits humains s'organisent eux-mêmes en interaction avec leur environnement.
Cette approche de cognition incarnée est intéressante parce qu’elle '''répond à des contraintes biologiques de plasticité et de connectivité.'''


Énormément de données empiriques plaident pour une approche incarnée de la cognition, notamment : '''Barsalou en 2014'''<ref name=":6">Barsalou, Lawrence, Cynthia Breazeal, et Linda Smith. « Cognition as coordinated non-cognition ». ''Cognitive processing'' 8 (1 juillet 2007)</ref>''', Wilson en 2002'''<ref name=":7">Wilson, Margaret. « Six Views of Embodied Cognition ». ''Psychonomic Bulletin & Review'' 9, n<sup>o</sup> 4 (1 décembre 2002)</ref>'''.''' En accord avec les données sur le fonctionnement cérébral.
L'approche théorique de la cognition selon la notion d'énaction, fut proposée par [[wp_fr:Gregory_Bateson|Gregory Bateson]], [[wp_fr:Humberto_Maturana|Humberto Maturana]] et [[wp_fr:Francisco_Varela|Francisco Varela]]. Elle est proche de la cognition située et de la cognition incarnée et est conçue comme une alternative au [[wp_fr:Cognitivisme|cognitivisme]], au [[wp_fr:Computationnalisme|computationnalisme]] et au [[wp_fr:Dualisme_(philosophie_de_l'esprit)|dualisme]] de [[wp_fr:René_Descartes|Descartes]].


A l’heure actuelle on a énormément de données empiriques qui semblent nous montrer que '''la cognition est au service de l’action'''. La cognition ne sert à rien si on n’a pas des moyens d’agir sur le monde. '''On vient d’inverser cette pensée selon laquelle c’est la cognition qui pilote l’action.'''
Sous l'angle de vue de l'énaction, la perception « n'est pas conçue comme la transmission d'informations mais plutôt comme une exploration du monde par divers moyens. La cognition n'est pas liée au fonctionnement d'un « esprit intérieur », un noyau cognitif, mais se produit dans une interaction dirigée. entre le corps et le monde qu'il habite ». (McGann & Torrance, 2005)


Toutes les grandes lois physiques '''contraignent''' notre façon '''d’interagir''' avec notre environnement. Ces grandes lois régulent notre environnement et donc nos mouvements. De même, deuxième niveau de contrainte, ce sont les '''contraintes corporelles'''. Que l’on soit droitier ou gaucher fait que la cognition ne fonctionne pas de la même façon. Dernier niveau de contrainte, c’est le '''contexte''', la situation dans laquelle on se trouve à un moment donné.
Dans le cadre de l'éducation, la première définition de l'énaction a été introduite par le psychologue [[wp_en:Jerome_Bruner|Jerome Bruner]], qui a présenté l'énaction comme « l'apprentissage par la pratique » dans sa discussion sur la façon dont les enfants apprennent et sur la meilleure façon de les aider à apprendre. <blockquote>« Tout domaine de connaissance (ou tout problème dans ce domaine de connaissance) peut être représenté de trois manières : par un ensemble d'actions appropriées pour atteindre un certain résultat (représentation énactive) ; par un ensemble d'images ou de graphiques récapitulatifs qui représentent un concept sans le définir pleinement (représentation iconique) ; et par un ensemble de propositions symboliques ou logiques tirées d'un système symbolique qui est régi par des règles ou des lois pour former et transformer des propositions (représentation symbolique) » (Bruner, 2004)</blockquote>De cette manière chaque individu peut être traduit comme un système complexe interagissant avec son environnement, interactions régit et subordonnées à des lois s'inspirant du monde de la biologie et de la physique.


== 7.  Limites de l’approche incarnée de la cognition ==
== Intérêts de l’approche incarnée de la cognition ==
On a aujourd’hui énormément de données, mais on n’a '''pas de modèle théorique''' qui permet d’agréger ces données. Autre problème soulevé, c’est celui de la '''falsification'''. Difficile à mettre à l’épreuve des faits. Cette approche est considérée encore aujourd’hui comme '''inadaptée et inutilisable sur le plan clinique'''.
Cette approche de cognition incarnée est intéressante parce qu’elle répond à des contraintes biologiques de plasticité et de connectivité.
 
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Énormément de données empiriques plaident pour une approche incarnée de la cognition, notamment : '''Barsalou en 2014''''', Wilson en 2002'<nowiki/>'''''.''' En accord avec les données sur le fonctionnement cérébral.
 
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A l’heure actuelle on a énormément de données empiriques qui semblent nous montrer que la cognition est au service de l’action. La cognition ne sert à rien si on n’a pas des moyens d’agir sur le monde. On vient d’inverser cette pensée selon laquelle c’est la cognition qui pilote l’action.
 
Toutes les grandes lois physiques contraignent notre façon d’interagir avec notre environnement. Ces grandes lois régulent notre environnement et donc nos mouvements. De même, deuxième niveau de contrainte, ce sont les contraintes corporelles. Que l’on soit droitier ou gaucher fait que la cognition ne fonctionne pas de la même façon. Dernier niveau de contrainte, c’est le contexte, la situation dans laquelle on se trouve à un moment donné.
 
== Limites de l’approche incarnée de la cognition ==
On a aujourd’hui énormément de données, mais on n’a pas de modèle théorique qui permet d’agréger ces données. Autre problème soulevé, c’est celui de la falsification. Difficile à mettre à l’épreuve des faits. Cette approche est considérée encore aujourd’hui comme inadaptée et inutilisable sur le plan clinique.
 
== Portées technopedagogiques de la cognition incarnée (en cours de construction) ==
Pull Education into Metaverse : "be in the experience, not just looking at it.”
 
https://www.edsurge.com/news/2021-10-29-as-facebook-changes-name-to-meta-education-is-part-of-new-vision


== 8.  Portées technopedagogiques de la cognition incarnée (en cours de construction) ==
Migration and evaluation of a framework for developing embodied cognition learning games
Migration and evaluation of a framework for developing embodied cognition learning games


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https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1877042814022472
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1877042814022472


== Références ==
Embodied Cognition and Its Implications in Education: An Overview of Recent Literature
<references />


== 9. Bibliographie ==
https://www.researchgate.net/publication/326668706_Embodied_Cognition_and_Its_Implications_in_Education_An_Overview_of_Recent_Literature
''Cet article a pu être élaboré en partie grâce à une présentation du sujet par [https://www.researchgate.net/profile/Thierry-Atzeni Thierry Atzeni], maître de conférence en psychologie à l'[https://www.univ-smb.fr/en/ université savoie mont-blanc] de Chambéry.''  
 
== Bibliographie ==
''Cet article a pu être élaboré en partie grâce à une présentation du sujet par [https://www.researchgate.net/profile/Thierry-Atzeni Thierry Atzeni], maître de conférence en psychologie à l'[https://www.univ-smb.fr/en/ université Savoie mont-blanc] de Chambéry.''  


Baddeley, Alan D., et Graham J. Hitch. « Developments in the Concept of Working Memory. » ''Neuropsychology'' 8, n<sup>o</sup> 4 (1994): 485‑93. <nowiki>https://doi.org/10.1037/0894-4105.8.4.485</nowiki>.
Baddeley, Alan D., et Graham J. Hitch. « Developments in the Concept of Working Memory. » ''Neuropsychology'' 8, n<sup>o</sup> 4 (1994): 485‑93. <nowiki>https://doi.org/10.1037/0894-4105.8.4.485</nowiki>.


<ref name=":1" />Barsalou, Lawrence. « Situated Simulation in the Human Conceptual System ». ''Language and Cognitive Processes'' 18, n<sup>o</sup> 5‑6 (octobre 2003): 513‑62. <nowiki>https://doi.org/10.1080/01690960344000026</nowiki>.
Barsalou, Lawrence. « Situated Simulation in the Human Conceptual System ». ''Language and Cognitive Processes'' 18, n<sup>o</sup> 5‑6 (octobre 2003): 513‑62. <nowiki>https://doi.org/10.1080/01690960344000026</nowiki>.


<ref name=":6" />Barsalou, Lawrence, Cynthia Breazeal, et Linda Smith. « Cognition as coordinated non-cognition ». ''Cognitive processing'' 8 (1 juillet 2007): 79‑91. <nowiki>https://doi.org/10.1007/s10339-007-0163-1</nowiki>.
Barsalou, Lawrence, Cynthia Breazeal, et Linda Smith. « Cognition as coordinated non-cognition ». ''Cognitive processing'' 8 (1 juillet 2007): 79‑91. <nowiki>https://doi.org/10.1007/s10339-007-0163-1</nowiki>.


Casano, Jonathan, Hannah Tee, Jen Agapito, Ivon Arroyo, et Ma. Mercedes T. Rodrigo. « Migration and evaluation of a framework for developing embodied cognition learning games ». In ''Proceedings of the 3rd Asia-Europe Symposium on Simulation & Serious Gaming'', 199‑203. VRCAI ’16. New York, NY, USA: Association for Computing Machinery, 2016. <nowiki>https://doi.org/10.1145/3014033.3014035</nowiki>.
Casano, Jonathan, Hannah Tee, Jen Agapito, Ivon Arroyo, et Ma. Mercedes T. Rodrigo. « Migration and evaluation of a framework for developing embodied cognition learning games ». In ''Proceedings of the 3rd Asia-Europe Symposium on Simulation & Serious Gaming'', 199‑203. VRCAI ’16. New York, NY, USA: Association for Computing Machinery, 2016. <nowiki>https://doi.org/10.1145/3014033.3014035</nowiki>.


<ref name=":3" />Castel, Bertrand du. « Pattern activation/recognition theory of mind ». ''Frontiers in Computational Neuroscience'' 9 (2015): 90. <nowiki>https://doi.org/10.3389/fncom.2015.00090</nowiki>.
Castel, Bertrand du. « Pattern activation/recognition theory of mind ». ''Frontiers in Computational Neuroscience'' 9 (2015): 90. <nowiki>https://doi.org/10.3389/fncom.2015.00090</nowiki>.


<ref name=":0" />Castilho, Vinicius, Diogo Henriques, Walter Correia, Lucas de Melo Souza, et Silvio de Barros Melo. « Embodied Cognition and Tactile Interaction: A Review on How Multi-Sensorimotor Experiences Assisted by 3D Printing Can Shape the General Perception of Daily Activities ». In ''Design, User Experience, and Usability. Interaction Design'', édité par Aaron Marcus et Elizabeth Rosenzweig, 324‑38. Lecture Notes in Computer Science. Cham: Springer International Publishing, 2020. <nowiki>https://doi.org/10.1007/978-3-030-49713-2_23</nowiki>.
Castilho, Vinicius, Diogo Henriques, Walter Correia, Lucas de Melo Souza, et Silvio de Barros Melo. « Embodied Cognition and Tactile Interaction: A Review on How Multi-Sensorimotor Experiences Assisted by 3D Printing Can Shape the General Perception of Daily Activities ». In ''Design, User Experience, and Usability. Interaction Design'', édité par Aaron Marcus et Elizabeth Rosenzweig, 324‑38. Lecture Notes in Computer Science. Cham: Springer International Publishing, 2020. <nowiki>https://doi.org/10.1007/978-3-030-49713-2_23</nowiki>.


<ref name=":5" />Colombetti, Giovanna. « The feeling body: Affective science meets the enactive mind ». ''The Feeling Body: Affective Science Meets the Enactive Mind'', 1 janvier 2013, 1‑270.
Colombetti, Giovanna. « The feeling body: Affective science meets the enactive mind ». ''The Feeling Body: Affective Science Meets the Enactive Mind'', 1 janvier 2013, 1‑270.


Dutriaux, Léo, et Valérie Gyselinck. « Cognition incarnée : un point de vue sur les représentations spatiales ». ''L’Année psychologique'' 116, n<sup>o</sup> 3 (2016): 419‑65. <nowiki>https://doi.org/10.4074/S0003503316000373</nowiki>.
Dutriaux, Léo, et Valérie Gyselinck. « Cognition incarnée : un point de vue sur les représentations spatiales ». ''L’Année psychologique'' 116, n<sup>o</sup> 3 (2016): 419‑65. <nowiki>https://doi.org/10.4074/S0003503316000373</nowiki>.
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« Frontiers | A Review of Embodiment in Autism Spectrum Disorders | Psychology ». <nowiki>https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2013.00224/full</nowiki>.
« Frontiers | A Review of Embodiment in Autism Spectrum Disorders | Psychology ». <nowiki>https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2013.00224/full</nowiki>.


<ref name=":4" />Ianì, Francesco. « Embodied Memories: Reviewing the Role of the Body in Memory Processes ». ''Psychonomic Bulletin & Review'' 26, n<sup>o</sup> 6 (1 décembre 2019): 1747‑66. <nowiki>https://doi.org/10.3758/s13423-019-01674-x</nowiki>.
Ianì, Francesco. « Embodied Memories: Reviewing the Role of the Body in Memory Processes ». ''Psychonomic Bulletin & Review'' 26, n<sup>o</sup> 6 (1 décembre 2019): 1747‑66. <nowiki>https://doi.org/10.3758/s13423-019-01674-x</nowiki>.


« Jerry Fodor ». In ''Wikipédia'', 8 janvier 2021. <nowiki>https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Jerry_Fodor&oldid=178560972</nowiki>.
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Jerome Bruner (2004). Fundamental Constructs in Mathematics Education (Paperback ed.). Taylor & Francis. p. 260. <nowiki>ISBN 978-0415326988</nowiki>.
Marek McGann; Steve Torrance (2005). "Doing It and Meaning It: And the relation between the two". In Ralph D. Ellis; Natika Newton (eds.). Consciousness & Emotion: Agency, conscious choice, and selective perception. John Benjamins Publishing. p. 184. <nowiki>ISBN 9789027294616</nowiki>.


« Mental Image ». In ''Wikipedia'', 20 septembre 2021. <nowiki>https://en.wikipedia.org/w/index.php?title=Mental_image&oldid=1045349030</nowiki>.
« Mental Image ». In ''Wikipedia'', 20 septembre 2021. <nowiki>https://en.wikipedia.org/w/index.php?title=Mental_image&oldid=1045349030</nowiki>.
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Francisco J. Varela, Evan Thompson, and Eleanor Rosch, ''The Embodied Mind;  Cognitive Science and Human Experience,'' MIT Press ''1991''
Francisco J. Varela, Evan Thompson, and Eleanor Rosch, ''The Embodied Mind;  Cognitive Science and Human Experience,'' MIT Press ''1991''


<ref name=":7" />Wilson, Margaret. « Six Views of Embodied Cognition ». ''Psychonomic Bulletin & Review'' 9, n<sup>o</sup> 4 (1 décembre 2002): 625‑36. <nowiki>https://doi.org/10.3758/BF03196322</nowiki>.
Wilson, Margaret. « Six Views of Embodied Cognition ». ''Psychonomic Bulletin & Review'' 9, n<sup>o</sup> 4 (1 décembre 2002): 625‑36. <nowiki>https://doi.org/10.3758/BF03196322</nowiki>.<span class="Z3988" title="url_ver=Z39.88-2004&ctx_ver=Z39.88-2004&rfr_id=info%3Asid%2Fzotero.org%3A2&rft_val_fmt=info%3Aofi%2Ffmt%3Akev%3Amtx%3Adc&rft.type=webpage&rft.title=(PDF)%20Seven%20Principles%20to%20Design%20for%20Embodied%20Sensemaking&rft.identifier=https%3A%2F%2Fwww.researchgate.net%2Fpublication%2F270794876_Seven_Principles_to_Design_for_Embodied_Sensemaking"></span>
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[[Category:Cognition]]
[[Category:Théories pédagogiques]]

Dernière version du 12 décembre 2021 à 10:17

Introduction : les trois approches théoriques de la mémoire

Cognition incarnée
Représentation visuelle de la cognition incarnée selon Hummels, Caroline & Dijk, Jelle. (2015).

La théorie de la cognition incarnée, ou embodiment (embodied cognition), se réfère à une des trois approches théoriques principales permettant d’appréhender le fonctionnement de la mémoire, et la place de cette dernière au centre des interactions entre pensées, affects et comportements au sein d’un environnement physique.

Ces trois approches principales étant, à titre informatif :

  • Approche cognitiviste ou plutôt modulaire / structuro-fonctionnelle :
  • Approche connexionniste (émanation directe de l’IA pour approcher la mémoire).
  • Approche cognition incarnée

Dans le cadre théorique de la cognition incarnée, on peut y observer un rejet de l’idée que la cognition équivaut à la computation (calcul, transformation) de symboles amodaux traités dans un système modulaire (voir : « La modularité de l’esprit » de Jerry Fodor).

Pour rappel, dans l’approche cognitiviste, l’esprit n’est pas unitaire, il est modulaire. Il y a différentes boîtes, qui renvoient à des fonctions différentes de l’esprit en question. La cognition incarnée va complètement rejeter cette idée. Le cerveau est, selon cette approche, opposé à cette conception unitaire et modulaire. On a un environnement endogène qui est loin d’être ignoré par notre système.

En tant que cognitiviste, la nature de l’environnement a finalement peu d’importance, on va extraire de l’environnement des informations, on va les transformer. On saisit des informations (visuelles, auditives…), et ces informations sont transformées, elles perdent leur aspect primaire. La cognition incarnée s’y oppose et considère que cette approche n’est pas très écologique. On a un système de capteurs sensorimoteurs très perfectionné.

Pourquoi prendrait-on ces informations pour en faire un code ?

Pourquoi la cognition incarnée se met en opposition ?

Si on a des connaissances qui n’ont plus de lien avec les modalités par lesquelles elles ont été acquises (amodales), cette façon de faire amène à considérer que les connaissances telles qu’elles sont, sont abstraites, indépendantes de nos organes sensorimoteurs.

C’est l’idée principale de l’approche cognitiviste, les connaissances ne sont plus reliées à leurs modalités d’appréhension.

Cela suscite un certain nombre de questions. Une de ces questions pourrait notamment être :

  • Acceptons l’idée d’abstraction. Nous détenons donc un processus qui coupe la connaissance de la modalité d’acquisition. Mais quel serait ce mécanisme ?

Non seulement il faudrait un mécanisme responsable de l’abstraction : Faire ceci te sera utile, fera cela non, etc. Ainsi, on abstrait des connaissances, donc elles deviennent amodales et intégrées de façon abstraite. Il y a forcément un aspect dynamique, une remise à jour des connaissances.

Cette histoire de modularité de l’esprit pose donc tout un tas de problème et la cognition incarnée rejette cette idée-là de modularité. La cognition incarnée dit finalement que la cognition repose sur les systèmes neuronaux dédiés à la perception, l’action, l’introspection. La cognition est sous tendue par simulations, états corporels et actions situées.

Cognition incarnée selon Castilho et al. 2020.
Représentation visuelle de la cognition incarnée selon : Castilho V., Henriques D., Correia W., de Melo Souza L., de Barros Melo S. (2020) Embodied Cognition and Tactile Interaction.

La 'cognition c’est l’environnement. La façon dont on a d’agir sur l’environnement, va avoir une influence sur notre environnement. Que l’on soit grand ou petit, droitier ou gaucher, va complètement avoir une influence sur notre cognition'.

La façon dont on interagit avec l’environnement modifie dont la cognition va se manifester.

La cognition est sous tendue par simulations, états corporels et actions situées (Barsalou, 2003). En somme, si on veut comprendre notre monde on doit être capable de simuler nos interactions avec ce monde.

Quand on s’intéresse à des personnes souffrant d’autisme, ces personnes ont des problèmes dans l’appréhension des émotions. Et, jusqu’à présent, les pistes à explorer étaient relativement limitée. Une hypothèse émane de la cognition incarnée : Si les personnes autistes ont du mal avec ces émotions, c’est peut-être parce qu’elles sont incapables de simuler ces émotions.

On reconnaît une émotion chez autrui parce qu’on est capable de simuler cette émotion. On reconnaît quelqu’un en colère c’est parce que nous-mêmes à un moment donné, on réinstanciait cette émotion. On reproduirait des états émotionnels, moteurs, introspectifs.

On a appris ces émotions parce qu’on les a vécus, et on est capable de les réinstancier. Cette idée de réinstanciation c’est de la simulation.

La réinstanciation

Comment ça marche ?

Dans l’approche modulaire on a vu que quand il y a encodage, il y a transformation de l’information issue de notre environnement en un code qu’on va pouvoir stocker. En cognition incarnée, le stockage en mémoire se fait de manière à stocker des états multimodaux. Cela signifie que différents capteurs sont activés en même temps. Et tout cela constitue un état. C’est cet état des capteurs, global, qui est enregistré, stocké.

Notre état actuel est enregistré tout le temps, il est tout le temps rafraîchi. Certains de ces états vont amener à des changements très importants, mais la majorité ne va rien changer ou peu. Lorsqu’une situation est expérimentée, il y a une activation des détecteurs, et donc une activation des différentes aires cérébrales. Et à un moment donné, l’ensemble de ces états des capteurs, in fine, va constituer une forme d’épisode.

L’épisode

Imaginons qu’un épisode commence quand on entre dans l’amphithéâtre et se termine quand on en sort. Il y a un changement suffisamment important pour que le système détecte qu’il y a une transition.

Du coup tout cet épisode va être intégré. Cela va donner une expérience unifiée.

La réinstanciation c’est le fait de se recréer cette situation. On va la recréer en partant des zones associatives et on va recréer les mêmes sensations que celles qu’on a vécu lors de cet épisode. Il n’y a jamais de réinstanciation totale de l’évènement et la réinstanciation peut être consciente (imagerie mentale) ou pas.

Lorsqu’un objet ou une situation est expérimenté, on a des détecteurs de propriétés qui sont activés dans des systèmes neuronaux dédiés. Il a une capture d’un pattern d’activation. Il va y avoir une capture de cette coactivation de capteurs (visuels, auditifs…). Ce qui est enregistré, c’est ça. La notion de réinstanciation, qui est toujours partielle et n’est jamais parfaite, c’est cette idée que ce qui a pu être enregistré, on va pouvoir le réinstancier, le reconstruire. On est censé pouvoir revivre les mêmes états sensoriels et perceptifs qu’on a vécu au moment de l’instanciation.

Cette réinstanciation peut être consciente. On peut vouloir ramener à la conscience des connaissances. Et cela peut aussi être involontaire. A chaque instant on peut avoir à l’esprit des connaissances qui nous viennent.

Aussi, un même évènement n’est jamais réinstancié de la même façon. On sait aujourd’hui que tout un tas de données empiriques vont dans ce sens-là. Chaque rappel de souvenir se fait en intégrant le contexte dans lequel le rappel est réalisé.

"There is no abstract knower of an experience that is separate from the experience itself".

L’intégration

A chaque souvenir il y a une sorte d’incrémentation qui est faite par l’instant dans lequel le souvenir est rappelé / reconstruit.

Tout un tas d’aspects peuvent être enregistrés, par exemple quand on vit une expérience avec un téléphone portable. On a des traits sensoriels (couleurs, arrêtes, contours, forme…), des traits moteurs (fonction, mouvements, préhension…), des traits introspectifs (caractéristiques émotionnelles, affects…).

Pour qu’il y ait intégration, il faut qu’il y ait une intégration intermodale. Il faut qu’il y ait une intégration des traits sensoriels, des traits moteurs et des traits introspectifs, en intercommunication. On peut symboliser les aires qui sont impliquer dans cette intégration multimodale :

Tout un ensemble d’aires cérébrales sont impliquées dans cette intégration :

  • Les aires motrices primaires
  • Les aires visuelles
  • Les aires prémotrices
  • Les aires somesthésiques…

Et ensuite on a des aires associatives qui vont faire que ces informations vont être traduites en souvenir.

La cognition incarnée et la mémoire à long terme (MLT)

Dans cette approche théorique de la cognition incarnée, il y a cette idée que la mémoire est un système unitaire. Il n’y a qu’un système, il n’y a pas de système séparé. Les différentes manifestations mnésiques sont sous-tendues par un stock commun de connaissances (épisodique).

L’approche cognition incarnée suppose que les systèmes de mémoire et de perception ne sont pas indifférenciés, c’est la même chose. Perception et mémoire c’est la même chose. Il n’y a pas ré-accession à des connaissances stockées, mais recréation. La connaissance émerge à un moment donné. On a simplement le matériau qui permet de construire des connaissances en fonction des demandes de l’environnement. Le souvenir, quel qu’il soit, est une construction (momentanée, transitoire). On considère également que le système de mémoire est un système qui va s’ajuster par transformation globale. On va parler de mémoire dès l’instant où le système va être modifié suite à son interaction avec son environnement.

Parce que le système a été modifié, on peut considérer qu’il y a eu mémorisation.

L’unité de base c’est un épisode ou une trace épisodique. Cela sous-entend que cette unité de base à des frontières, un début et une fin. L’épisode, tel que défini par la cognition incarnée c’est un évènement vécu par un individu à un moment donné (interaction entre un individu et son environnement).

Un épisode c’est aussi un état particulier de l’ensemble des capteurs sensoriels, moteurs, affectifs, émotionnels d’un individu en interaction avec son environnement. La composante d’un épisode c’est

  • Le contexte environnemental externe,
  • L’objet central de la situation (s’il y en a un),
  • L’état interne d’un individu.

Ces traces, ces épisodes, on considère qu’ils vont être stockés de façon distribuée (ils ne sont pas localisés quelque part). Ces traces ne sont pas indépendantes les unes des autres.

Les connaissances n’ont pas d’existence réelle en mémoire. Ces connaissances c’est le produit, l’émergence de son interaction avec l’environnement. Les traits codés ne sont pas des invariants. Ainsi, si on prend la conception classique de la mémoire, et les connaissances sémantiques on a tendance à considérer qu’on acquiert une vision prototypique des objets. On a en tête une représentation amodale de ce qu’est une voiture. Or il ne semblerait pas que ce soit le cas. Quand on définit une voiture, on le fait par rapport à notre voiture ou par rapport à une voiture qu’on voit très régulièrement.

Il n’y a pas d’élément invariant dans les traces qu’on peut enregistrer.

Ces traces d’expérience, on a vu qu’elles sont enregistrées de façon distribuée. La réactivation fait appel à une synchronisation d’activation au sein de différents composants. La trace n’est pas une copie d’une expérience mais plutôt une sorte de schématisation de cette expérience. De cette manière, si j’ai trois neurones impliqués dans l’expérience d’un téléphone portable. Un neurone pour la forme, un neurone pour la prise en main et un neurone pour l’aspect affectif. Le rappel de cette expérience nécessite la réactivation de ces trois neurones.

Parmi ces trois neurones, il y en a peut-être un qui n’est pas réactivé avec le même niveau qu’au moment de l’expérience, ce qui peut expliquer le fait que la réinstanciation ne soit jamais totale.

Les connaissances émergent des états d’activation du système (construction transitoire). L’émergence d’un état antérieur spécifique, ou la récupération d’un souvenir, peut être facilité par des marqueurs de traces (ex. marqueurs somatiques).

Interaction entre cognition et émotions (en cours de construction)

L’émotion joue également un rôle dans l’intégration des multiples dimensions élémentaires des objets au seins des traces. Depuis de nombreuses années, de nombreuses recherches nous ont montré cette intercommunication constante entre émotion et cognition, l’influence notamment des affects sur la l’assimilation de nouvelles connaissances ou plus largement le traitement de nouvelles informations.

Dans cette veine, (Colombetti & Thompson, 2008; Johnson, 2007) montrent notamment que toute la cognition de manière générale, est influencée, modulée ou initiée par les affects (émotions ou sentiments).

L’énaction (en cours de construction)

Le concept d’énaction nous permet de découvrir ce qui constitue « la motivation à agir » d’un individu. En effet, l’énaction défend l’idée que la cognition (le processus de l’intelligence) est d’abord incarnée, c’est-à-dire qu’elle prend en compte le fait que chaque individu évolue dans son propre milieu, avec ses propres règles, dans son propre monde.

L'énaction est ainsi une façon de concevoir la cognition sous l'angle d'une épistémologie complexe en mettant l'accent sur la manière dont les organismes et les esprits humains s'organisent eux-mêmes en interaction avec leur environnement.

L'approche théorique de la cognition selon la notion d'énaction, fut proposée par Gregory Bateson, Humberto Maturana et Francisco Varela. Elle est proche de la cognition située et de la cognition incarnée et est conçue comme une alternative au cognitivisme, au computationnalisme et au dualisme de Descartes.

Sous l'angle de vue de l'énaction, la perception « n'est pas conçue comme la transmission d'informations mais plutôt comme une exploration du monde par divers moyens. La cognition n'est pas liée au fonctionnement d'un « esprit intérieur », un noyau cognitif, mais se produit dans une interaction dirigée. entre le corps et le monde qu'il habite ». (McGann & Torrance, 2005)

Dans le cadre de l'éducation, la première définition de l'énaction a été introduite par le psychologue Jerome Bruner, qui a présenté l'énaction comme « l'apprentissage par la pratique » dans sa discussion sur la façon dont les enfants apprennent et sur la meilleure façon de les aider à apprendre.

« Tout domaine de connaissance (ou tout problème dans ce domaine de connaissance) peut être représenté de trois manières : par un ensemble d'actions appropriées pour atteindre un certain résultat (représentation énactive) ; par un ensemble d'images ou de graphiques récapitulatifs qui représentent un concept sans le définir pleinement (représentation iconique) ; et par un ensemble de propositions symboliques ou logiques tirées d'un système symbolique qui est régi par des règles ou des lois pour former et transformer des propositions (représentation symbolique) » (Bruner, 2004)

De cette manière chaque individu peut être traduit comme un système complexe interagissant avec son environnement, interactions régit et subordonnées à des lois s'inspirant du monde de la biologie et de la physique.

Intérêts de l’approche incarnée de la cognition

Cette approche de cognition incarnée est intéressante parce qu’elle répond à des contraintes biologiques de plasticité et de connectivité.

Énormément de données empiriques plaident pour une approche incarnée de la cognition, notamment : Barsalou en 2014, Wilson en 2002'. En accord avec les données sur le fonctionnement cérébral.

A l’heure actuelle on a énormément de données empiriques qui semblent nous montrer que la cognition est au service de l’action. La cognition ne sert à rien si on n’a pas des moyens d’agir sur le monde. On vient d’inverser cette pensée selon laquelle c’est la cognition qui pilote l’action.

Toutes les grandes lois physiques contraignent notre façon d’interagir avec notre environnement. Ces grandes lois régulent notre environnement et donc nos mouvements. De même, deuxième niveau de contrainte, ce sont les contraintes corporelles. Que l’on soit droitier ou gaucher fait que la cognition ne fonctionne pas de la même façon. Dernier niveau de contrainte, c’est le contexte, la situation dans laquelle on se trouve à un moment donné.

Limites de l’approche incarnée de la cognition

On a aujourd’hui énormément de données, mais on n’a pas de modèle théorique qui permet d’agréger ces données. Autre problème soulevé, c’est celui de la falsification. Difficile à mettre à l’épreuve des faits. Cette approche est considérée encore aujourd’hui comme inadaptée et inutilisable sur le plan clinique.

Portées technopedagogiques de la cognition incarnée (en cours de construction)

Pull Education into Metaverse : "be in the experience, not just looking at it.”

https://www.edsurge.com/news/2021-10-29-as-facebook-changes-name-to-meta-education-is-part-of-new-vision

Migration and evaluation of a framework for developing embodied cognition learning games

https://dl.acm.org/doi/abs/10.1145/3014033.3014035

Embodied Cognition: Challenges for Psychology and Education

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1877042814022472

Embodied Cognition and Its Implications in Education: An Overview of Recent Literature

https://www.researchgate.net/publication/326668706_Embodied_Cognition_and_Its_Implications_in_Education_An_Overview_of_Recent_Literature

Bibliographie

Cet article a pu être élaboré en partie grâce à une présentation du sujet par Thierry Atzeni, maître de conférence en psychologie à l'université Savoie mont-blanc de Chambéry.

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