« Développement moral et psychosocial » : différence entre les versions

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===Espoir : Confiance versus Méfiance (0-18 mois)===
===Espoir : Confiance versus Méfiance (0-18 mois)===


Crise identitaire : Confiance versus Méfiance
*Crise identitaire : Confiance versus Méfiance
Vertu : Espoir
*Vertu : Espoir
Formulation de l’identité acquise : « Je suis ce qu'on me donne »
*Formulation de l’identité acquise : « Je suis ce qu'on me donne »


Le premier stade de la théorie d’Erik Erikson est centré sur les besoins basiques de l’enfant et des échanges avec ses parents. L’enfant dépend de ses parents, spécialement de sa mère, pour s’alimenter, se sentir bien, etc. Erikson établit un parallèle entre ce stade et le stade oral de la théorie psychanalytique. Sa relative compréhension du monde et de la société lui vient des parents et des interactions qu’ils peuvent avoir avec lui. Si ces parents lui apportent chaleur et une affection régulière et constante, l’enfant verra le monde où il vit comme un monde où règne la confiance. Si ces mêmes parents échouent à lui procurer un environnement sécurisant et une satisfaction pleine à ses besoins premiers, l’enfant le verra comme un monde de méfiance. Dans cette théorie, la tâche majeure du développement de l’enfant est d’apprendre comment, les autres, spécialement son entourage proche, satisfont, ou non, ses besoins premiers. S’ils se montrent fiables et constants, l'enfant apprendra la confiance (« les autres sont fiables et constants »). S’il en vient à être négligé, voire abusé, il apprendra la méfiance (« les autres sont non fiables et inconstants »).
Le premier stade de la théorie d’Erik Erikson est centré sur les besoins basiques de l’enfant et des échanges avec ses parents. L’enfant dépend de ses parents, spécialement de sa mère, pour s’alimenter, se sentir bien, etc. Erikson établit un parallèle entre ce stade et le stade oral de la théorie psychanalytique. Sa relative compréhension du monde et de la société lui vient des parents et des interactions qu’ils peuvent avoir avec lui. Si ces parents lui apportent chaleur et une affection régulière et constante, l’enfant verra le monde où il vit comme un monde où règne la confiance. Si ces mêmes parents échouent à lui procurer un environnement sécurisant et une satisfaction pleine à ses besoins premiers, l’enfant le verra comme un monde de méfiance. Dans cette théorie, la tâche majeure du développement de l’enfant est d’apprendre comment, les autres, spécialement son entourage proche, satisfont, ou non, ses besoins premiers. S’ils se montrent fiables et constants, l'enfant apprendra la confiance (« les autres sont fiables et constants »). S’il en vient à être négligé, voire abusé, il apprendra la méfiance (« les autres sont non fiables et inconstants »).
Volonté : Autonomie versus Honte et Doute (18 mois-3 ans)
Volonté : Autonomie versus Honte et Doute (18 mois-3 ans)


    ===Crise identitaire : Autonomie versus Honte et Doute===
===Crise identitaire : Autonomie versus Honte et Doute===
Question principale : « Puis-je accomplir des choses seul ou devrais-je toujours dépendre des autres ? »
 
Vertu : Volonté
*Question principale : « Puis-je accomplir des choses seul ou devrais-je toujours dépendre des autres ? »
Formulation de l’identité acquise : « Je suis ce que je puis vouloir librement »
*Vertu : Volonté
*Formulation de l’identité acquise : « Je suis ce que je puis vouloir librement »


Alors que l’enfant acquiert le contrôle de diverses fonctions (d’élimination - Erikson établit un parallèle entre ce stade et le stade anal de la théorie psychanalytique -, de locomotion), il commence à explorer son environnement proche. Les parents continuent à apporter de solides bases de sécurité à ce dernier afin que l’enfant puisse expérimenter et se lancer. La patience des parents et leurs encouragements aident à renforcer l’autonomie de l’enfant. des parents trop restrictifs ou pas assez encourageants instilleront le doute chez l’enfant qui arrêtera ses explorations. Les progrès des enfants (développement physique et musculaire, gain d’autonomie), leur permettent de satisfaire eux-mêmes certaines de leurs envies. Ils commencent à se nourrir, à s’habiller, à se laver eux-mêmes, à utiliser les toilettes. Si l’entourage proche encourage ce comportement, l’enfant développe son sens de l’autonomie et à se sentir capable d’affronter des difficultés. Mais, si les parents en demandent trop et trop tôt ou s’ils refusent de laisser l’enfant tenter de faire ces choses, ou encore se moquent de ses échecs, il pourra développer un sentiment de honte de lui-même et de doute en ses capacités à affronter la difficulté.
Alors que l’enfant acquiert le contrôle de diverses fonctions (d’élimination - Erikson établit un parallèle entre ce stade et le stade anal de la théorie psychanalytique -, de locomotion), il commence à explorer son environnement proche. Les parents continuent à apporter de solides bases de sécurité à ce dernier afin que l’enfant puisse expérimenter et se lancer. La patience des parents et leurs encouragements aident à renforcer l’autonomie de l’enfant. des parents trop restrictifs ou pas assez encourageants instilleront le doute chez l’enfant qui arrêtera ses explorations. Les progrès des enfants (développement physique et musculaire, gain d’autonomie), leur permettent de satisfaire eux-mêmes certaines de leurs envies. Ils commencent à se nourrir, à s’habiller, à se laver eux-mêmes, à utiliser les toilettes. Si l’entourage proche encourage ce comportement, l’enfant développe son sens de l’autonomie et à se sentir capable d’affronter des difficultés. Mais, si les parents en demandent trop et trop tôt ou s’ils refusent de laisser l’enfant tenter de faire ces choses, ou encore se moquent de ses échecs, il pourra développer un sentiment de honte de lui-même et de doute en ses capacités à affronter la difficulté.
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===Conviction : Initiative versus Culpabilité (3-6 ans)===
===Conviction : Initiative versus Culpabilité (3-6 ans)===


Crise identitaire : Initiative versus Culpabilité
*Crise identitaire : Initiative versus Culpabilité
Question principale : « Suis-je bon ou mauvais ? »
*Question principale : « Suis-je bon ou mauvais ? »
Vertu : Conviction
*Vertu : Conviction
Éléments sociétaux en relation : les prototypes
*Éléments sociétaux en relation : les prototypes
Formulation de l’identité acquise : « Je suis ce que j’imagine que je serai »
*Formulation de l’identité acquise : « Je suis ce que j’imagine que je serai »


L’initiative apporte la possibilité d’anticiper, de planifier et d’entreprendre une tâche en vue de la santé mentale. L’enfant apprend à maîtriser le monde qui l’entoure, à être curieux de tout, à étendre sa maîtrise du langage et les principes de base de la physique (« les choses tombent vers le bas et non vers le haut », « les choses rondes roulent »). Il commence à faire des actions dans un but. La culpabilité fait aussi son apparition en tant que nouvelle émotion qui apporte de la confusion. Il peut se sentir coupable de choses qui logiquement ne le devraient pas. Il peut ainsi ressentir de la culpabilité à n’avoir pas pu réussir quelque chose. Il se prépare à prendre des initiatives qui le mèneraient vers des rôles sociaux (leadership, etc.) au travers de conduites « à risque » où il teste ses propres limites : traverser une rue seul, faire du vélo sans casque. Durant ce stade, l’enfant peut aussi développer son acceptation, ou non, de la frustration et donc, parfois, des comportements « négatifs » : jeter des objets, frapper, crier. Erikson parle d’un mode pénétrant qu’il met en parallèle avec le stade phallique de la théorie psychanalytique. L’enfant devient donc de plus en plus capable d’accomplir des tâches dans un but précis et donc de pouvoir établir des choix sur des activités à poursuivre. Si les parents et l’école l’encouragent, tout en le guidant et en l’aidant, l’enfant développera son sens de l’initiative. Dans le cas contraire, il développera un sentiment de culpabilité envers ses besoins et ses désirs.
L’initiative apporte la possibilité d’anticiper, de planifier et d’entreprendre une tâche en vue de la santé mentale. L’enfant apprend à maîtriser le monde qui l’entoure, à être curieux de tout, à étendre sa maîtrise du langage et les principes de base de la physique (« les choses tombent vers le bas et non vers le haut », « les choses rondes roulent »). Il commence à faire des actions dans un but. La culpabilité fait aussi son apparition en tant que nouvelle émotion qui apporte de la confusion. Il peut se sentir coupable de choses qui logiquement ne le devraient pas. Il peut ainsi ressentir de la culpabilité à n’avoir pas pu réussir quelque chose. Il se prépare à prendre des initiatives qui le mèneraient vers des rôles sociaux (leadership, etc.) au travers de conduites « à risque » où il teste ses propres limites : traverser une rue seul, faire du vélo sans casque. Durant ce stade, l’enfant peut aussi développer son acceptation, ou non, de la frustration et donc, parfois, des comportements « négatifs » : jeter des objets, frapper, crier. Erikson parle d’un mode pénétrant qu’il met en parallèle avec le stade phallique de la théorie psychanalytique. L’enfant devient donc de plus en plus capable d’accomplir des tâches dans un but précis et donc de pouvoir établir des choix sur des activités à poursuivre. Si les parents et l’école l’encouragent, tout en le guidant et en l’aidant, l’enfant développera son sens de l’initiative. Dans le cas contraire, il développera un sentiment de culpabilité envers ses besoins et ses désirs.
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===Compétence : Travail versus Infériorité (6-12 ans)===
===Compétence : Travail versus Infériorité (6-12 ans)===


Crise identitaire : entreprenant versus Infériorité
*Crise identitaire : entreprenant versus Infériorité
Question principale : « Suis-je capable ou incapable ? »
*Question principale : « Suis-je capable ou incapable ? »
Vertu : Compétence
*Vertu : Compétence
Éléments sociétaux en relation : la division du travail
*Éléments sociétaux en relation : la division du travail
Formulation de l’identité acquise : « Je suis ce que je peux apprendre à faire marcher »
*Formulation de l’identité acquise : « Je suis ce que je peux apprendre à faire marcher »


La volonté d’atteindre un but « professionnel » via une réussite scolaire prend le pas sur les volontés de jouer. Les fondamentaux sont développés. Il considère son entourage comme individus. Il veut se montrer bon, raisonnable, coopératif et travailleur. Il comprend les concepts d’espace et de temps, devient plus logique, commence à comprendre les liens de cause à effet. Il peut accomplir des tâches complexes : lire, écrire… Il commence à donner forme à certaines valeurs morales et reconnaît les différences individuelles et/ou culturelles. Il veut démontrer son indépendance en se montrant désobéissant, en parlant par derrière ou en se rebellant. Erikson perçoit l’école élémentaire comme un seuil critique dans le développement de la confiance en soi. Dans l’idéal, elle doit apporter de nombreuses opportunités pour l’enfant d’obtenir la reconnaissance de ses parents, de ses maîtres et de ses pairs par l’accomplissement de tâches : dessins, résolutions mathématiques, rédaction et autres. Erikson établit là aussi un parallèle avec la psychanalyse : pour lui, c’est le stade de latence. Si l’enfant est encouragé à faire et à accomplir des choses et félicité pour celles-ci, il devient « industrieux » et devient plus rapide, plus persévérant et se met au travail avec plaisir. Au contraire, s’il est moqué ou puni, il deviendra inapte à assouvir les attentes de ses maîtres et de ses parents : il développera un sentiment d’infériorité et aura tendance à s’isoler.
La volonté d’atteindre un but « professionnel » via une réussite scolaire prend le pas sur les volontés de jouer. Les fondamentaux sont développés. Il considère son entourage comme individus. Il veut se montrer bon, raisonnable, coopératif et travailleur. Il comprend les concepts d’espace et de temps, devient plus logique, commence à comprendre les liens de cause à effet. Il peut accomplir des tâches complexes : lire, écrire… Il commence à donner forme à certaines valeurs morales et reconnaît les différences individuelles et/ou culturelles. Il veut démontrer son indépendance en se montrant désobéissant, en parlant par derrière ou en se rebellant. Erikson perçoit l’école élémentaire comme un seuil critique dans le développement de la confiance en soi. Dans l’idéal, elle doit apporter de nombreuses opportunités pour l’enfant d’obtenir la reconnaissance de ses parents, de ses maîtres et de ses pairs par l’accomplissement de tâches : dessins, résolutions mathématiques, rédaction et autres. Erikson établit là aussi un parallèle avec la psychanalyse : pour lui, c’est le stade de latence. Si l’enfant est encouragé à faire et à accomplir des choses et félicité pour celles-ci, il devient « industrieux » et devient plus rapide, plus persévérant et se met au travail avec plaisir. Au contraire, s’il est moqué ou puni, il deviendra inapte à assouvir les attentes de ses maîtres et de ses parents : il développera un sentiment d’infériorité et aura tendance à s’isoler.
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===Fidélité : Identité versus Confusion des rôles (12-20 ans)===
===Fidélité : Identité versus Confusion des rôles (12-20 ans)===


Crise identitaire : Identité versus Confusion des rôles
*Crise identitaire : Identité versus Confusion des rôles
Question principale : « Qui suis-je et où vais-je ? »
*Question principale : « Qui suis-je et où vais-je ? »
Vertu : Fidélité
*Vertu : Fidélité
Éléments sociétaux en relation : l’idéologie
*Éléments sociétaux en relation : l’idéologie


L’adolescent est préoccupé de la manière dont les autres le perçoivent. Il change beaucoup physiquement. Son ego surdimensionné accroît la confiance en soi et en un avenir prometteur. Le sens de l’identité sexuelle se développe également vers la fin de l’adolescence. Dans cette transition entre enfance et monde adulte, l’adolescent pèse le pour et le contre dans les rôles qu’il pourrait jouer plus tard. Au départ, il rencontre de la confusion et il est porté à tenter diverses expériences dans les tâches et les comportements (baby-sitting, affiliation à des groupes politiques ou religieux…). Ce point névralgique de l’identification ressemble à une sorte de réconciliation entre « la personne à être » et « la personne dont la société espère la venue ». Ce sens émergeant de l’identité se forge au travers de la synthèse des expériences passées et les anticipations du futur. Dans cette recherche personnelle, Erikson parle d’un « moratoire » donné par la société aux adolescents qui peuvent alors se livrer à diverses expériences. Comme pour les autres stades, les forces bio-psycho-sociales entrent en jeu. Parfois les adolescents entrent en conflit avec leurs parents quant à leurs orientations politiques ou religieuses. Parfois, les adolescents peuvent choisir leur orientation professionnelle et d’autres fois, ce sont les parents qui ont un rôle décisif. D’autres fois, les adolescents subissent des pressions et acceptent « au forceps » d’expérimenter une voie alors que d’autres le tenteront d’eux-mêmes. Peu importe comment surgissent les choix du moment qu’ils sont ou deviennent personnels. Selon Erikson : quand un adolescent balance entre « Qu’est-ce que je veux ? » et « Qu’est-ce ce que je vais faire avec ? », il construit son identité. C’est là qu’intervient la fidélité en tant que moyen de soutenir une certaine loyauté dans un moment de contradictions et de confusions inévitables au sein d’un système propre de valeurs. Même si l’on donne 20 ans comme âge de « fin » de ce stade, celle-ci est fréquemment dépassée. Erikson donne deux exemples de « retard » dans deux de ses ouvrages (Young Man Luther et Gandhi’s Truth) : 25 et 30 ans.
L’adolescent est préoccupé de la manière dont les autres le perçoivent. Il change beaucoup physiquement. Son ego surdimensionné accroît la confiance en soi et en un avenir prometteur. Le sens de l’identité sexuelle se développe également vers la fin de l’adolescence. Dans cette transition entre enfance et monde adulte, l’adolescent pèse le pour et le contre dans les rôles qu’il pourrait jouer plus tard. Au départ, il rencontre de la confusion et il est porté à tenter diverses expériences dans les tâches et les comportements (baby-sitting, affiliation à des groupes politiques ou religieux…). Ce point névralgique de l’identification ressemble à une sorte de réconciliation entre « la personne à être » et « la personne dont la société espère la venue ». Ce sens émergeant de l’identité se forge au travers de la synthèse des expériences passées et les anticipations du futur. Dans cette recherche personnelle, Erikson parle d’un « moratoire » donné par la société aux adolescents qui peuvent alors se livrer à diverses expériences. Comme pour les autres stades, les forces bio-psycho-sociales entrent en jeu. Parfois les adolescents entrent en conflit avec leurs parents quant à leurs orientations politiques ou religieuses. Parfois, les adolescents peuvent choisir leur orientation professionnelle et d’autres fois, ce sont les parents qui ont un rôle décisif. D’autres fois, les adolescents subissent des pressions et acceptent « au forceps » d’expérimenter une voie alors que d’autres le tenteront d’eux-mêmes. Peu importe comment surgissent les choix du moment qu’ils sont ou deviennent personnels. Selon Erikson : quand un adolescent balance entre « Qu’est-ce que je veux ? » et « Qu’est-ce ce que je vais faire avec ? », il construit son identité. C’est là qu’intervient la fidélité en tant que moyen de soutenir une certaine loyauté dans un moment de contradictions et de confusions inévitables au sein d’un système propre de valeurs. Même si l’on donne 20 ans comme âge de « fin » de ce stade, celle-ci est fréquemment dépassée. Erikson donne deux exemples de « retard » dans deux de ses ouvrages (Young Man Luther et Gandhi’s Truth) : 25 et 30 ans.
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===Amour : Intimité versus Isolement (20-34 ans)===
===Amour : Intimité versus Isolement (20-34 ans)===


Crise identitaire : Intimité versus Isolement
*Crise identitaire : Intimité versus Isolement
Question principale : « Est-ce que je veux partager ma vie avec quelqu'un ou vivre seul ? »
*Question principale : « Est-ce que je veux partager ma vie avec quelqu'un ou vivre seul ? »
Vertu : Amour
*Vertu : Amour
Éléments sociétaux en relation : modalités de coopération (voire mariage)
*Éléments sociétaux en relation : modalités de coopération (voire mariage)


Ce stade débute lorsque le précédent est en bonne voie. Il y est donc fortement lié. Les jeunes adultes continuent de brasser leur identité avec celles d’amis. ils s’y confrontent. Ils sont effrayés par les possibilités de rejet ou de ruptures. Parfois, leur ego ne peut le supporter. Ceux qui ont bien établi leur identité peuvent alors se lancer dans des relations d’intimité réciproque (et avec leurs propres ressources intérieures). Ces relations peuvent être durables (amitié proche, mariage…) et ils peuvent faire preuve des sacrifices et des compromis nécessaires à ce type de relation. Au cas où ces mêmes personnes ne pourraient pas s’ouvrir à de telles relations, un sentiment d’isolation peut en résulter.
Ce stade débute lorsque le précédent est en bonne voie. Il y est donc fortement lié. Les jeunes adultes continuent de brasser leur identité avec celles d’amis. ils s’y confrontent. Ils sont effrayés par les possibilités de rejet ou de ruptures. Parfois, leur ego ne peut le supporter. Ceux qui ont bien établi leur identité peuvent alors se lancer dans des relations d’intimité réciproque (et avec leurs propres ressources intérieures). Ces relations peuvent être durables (amitié proche, mariage…) et ils peuvent faire preuve des sacrifices et des compromis nécessaires à ce type de relation. Au cas où ces mêmes personnes ne pourraient pas s’ouvrir à de telles relations, un sentiment d’isolation peut en résulter.
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===Attention : Régénération versus Stagnation (35-65 ans)===
===Attention : Régénération versus Stagnation (35-65 ans)===


Crise identitaire : Régénération versus Stagnation
*Crise identitaire : Régénération versus Stagnation
Question principale : « Ai-je produit quelque chose d’une réelle valeur ? »
*Question principale : « Ai-je produit quelque chose d’une réelle valeur ? »
Vertu : Attention
*Vertu : Attention
Éléments sociétaux en relation : parentalité, éducation ou tout autre implication sociale
*Éléments sociétaux en relation : parentalité, éducation ou tout autre implication sociale


Le souci de génération est le questionnement du stade suivant. La valeur sociale de la production et du travail y est associée, avoir ou vouloir des enfants n’est pas le seul profil de cette générativité. Durant cet âge adulte médian, la principale tâche du développement est d’apporter sa contribution à la société et d’aider la génération future. Lorsque les personnes apportent de telles contributions, en agrandissant leur famille, en travaillant à l’amélioration de la vie de la société, il développe leur sens générationnel, un sens de productivité et d’accomplissement. À l’opposé, une personne trop autocentrée, qui ne voudrait ou ne pourrait aider la société développe un sentiment de stagnation et d’insatisfaction.
Le souci de génération est le questionnement du stade suivant. La valeur sociale de la production et du travail y est associée, avoir ou vouloir des enfants n’est pas le seul profil de cette générativité. Durant cet âge adulte médian, la principale tâche du développement est d’apporter sa contribution à la société et d’aider la génération future. Lorsque les personnes apportent de telles contributions, en agrandissant leur famille, en travaillant à l’amélioration de la vie de la société, il développe leur sens générationnel, un sens de productivité et d’accomplissement. À l’opposé, une personne trop autocentrée, qui ne voudrait ou ne pourrait aider la société développe un sentiment de stagnation et d’insatisfaction.
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Questions centrales posées à ce stade :
Questions centrales posées à ce stade :


Exprimer de l’amour vrai plus que des actes sexuels ;
*Exprimer de l’amour vrai plus que des actes sexuels ;
Développer l’unité avec son partenaire ;
*Développer l’unité avec son partenaire ;
Aider à faire grandir les enfants afin qu’ils deviennent des adultes responsables ;
*Aider à faire grandir les enfants afin qu’ils deviennent des adultes responsables ;
Jouer un rôle central dans l’éducation des enfants ;
*Jouer un rôle central dans l’éducation des enfants ;
Accepter les enfants de son partenaire et de ses amis ;
*Accepter les enfants de son partenaire et de ses amis ;
Fonder un foyer confortable ;
*Fonder un foyer confortable ;
Être fier de ses actes et de ceux de son partenaire ;
*Être fier de ses actes et de ceux de son partenaire ;
Inverser les rôles avec ses parents âgés ;
*Inverser les rôles avec ses parents âgés ;
Parfaire sa responsabilité civique et sociale ;
*Parfaire sa responsabilité civique et sociale ;
S’ajuster aux changements physiques ;
*S’ajuster aux changements physiques ;
Utiliser son temps libre pour la création ;
*Utiliser son temps libre pour la création ;
Aimer les autres.
*Aimer les autres.


===Sagesse : Intégrité versus Désespoir (> 65 ans)===
===Sagesse : Intégrité versus Désespoir (> 65 ans)===


Crise identitaire : Intégrité versus Désespoir
*Crise identitaire : Intégrité versus Désespoir
Question principale : « Ai-je vécu une vie bien remplie ? »
*Question principale : « Ai-je vécu une vie bien remplie ? »
Vertu : Sagesse
*Vertu : Sagesse


Ce stade final est celui de la rétrospection. À mesure que nous vieillissons et devenons des seniors, nous avons tendance à baisser dans notre productivité et regardons la vie du point de vue du retraité. C’est durant ce laps de temps que nous pouvons contempler nos aboutissements et sommes capables de développer un sentiment d’intégrité si nous estimons avoir une vie riche et remplie. Dans le cas contraire, nous développons un sentiment de désespoir menant à la dépression face à une vie ressentie comme inachevée.
Ce stade final est celui de la rétrospection. À mesure que nous vieillissons et devenons des seniors, nous avons tendance à baisser dans notre productivité et regardons la vie du point de vue du retraité. C’est durant ce laps de temps que nous pouvons contempler nos aboutissements et sommes capables de développer un sentiment d’intégrité si nous estimons avoir une vie riche et remplie. Dans le cas contraire, nous développons un sentiment de désespoir menant à la dépression face à une vie ressentie comme inachevée.


==Rapport à la théorie freudienne==
==Rapport à la théorie freudienne==
Erikson a été un étudiant de Sigmund Freud et a été analysé par Anna Freud, ce qui a donné une trame psychanalytique à sa théorie des stades de développement psychosocial. Les premiers stades de cette théorie ont été mis en regard de celle de Freud : les quatre premiers stades d’Erikson sont rapportés directement dans son ouvrage à ceux de Freud (stades oral, anal, phallique, de latence). De plus, le 5e stade d’Erikson est relié au stade génital de Freud.
Erikson a été un étudiant de Sigmund Freud et a été analysé par Anna Freud, ce qui a donné une trame psychanalytique à sa théorie des stades de développement psychosocial. Les premiers stades de cette théorie ont été mis en regard de celle de Freud : les quatre premiers stades d’Erikson sont rapportés directement dans son ouvrage à ceux de Freud (stades oral, anal, phallique, de latence). De plus, le 5e stade d’Erikson est relié au stade génital de Freud.



Version du 28 août 2013 à 15:14

La théorie du développement psychosocial d'Erikson, bien que relativement datée, est l'une des rares théories à proposer une taxonomie psychologique de l'âge adulte. C'est pour cette raison que nous pensons qu'il est intéressant de la connaître. En effet la psychologie va, pour de nombreux auteurs, de l'étude de la psychologie du bébé à l'étude de la psychologie des adolescents. Après cet âge, les travaux se font plus rares. Néanmoins, il semble utile pour les personnes qui s'intéressent à la pédagogie de connaître les processus psychologiques que vivent les personnes adultes. La théorie de Kohlberg va également dans ce sens, bien qu'elle ne traite pas de développement psychosocial, mais de développement moral.

Développement moral

Méthode

Pour déterminer le stade maximal de développement moral atteint par un enfant, Kohlberg pose des dilemmes moraux, dont le but est d'amener le sujet à son maximum de réflexion éthique. Voici le plus célèbre de ces dilemmes, le dilemme de Heinz :

«  La femme de Heinz est très malade. Elle peut mourir d’un instant à l’autre si elle ne prend pas un médicament X. Celui-ci est hors de prix et Heinz ne peut le payer. Il se rend néanmoins chez le pharmacien et lui demande le médicament, ne fût-ce qu’à crédit. Le pharmacien refuse. Que devrait faire Heinz ? Laisser mourir sa femme ou voler le médicament ? »

Ce qui importe pour déterminer le stade moral atteint ce n'est pas la réponse donnée mais le type de justification. Il est important de noter que les tests de Kohlberg ne sont pas des tests conçus à des fins de diagnostic. Ils ont pour fin de mesurer la relation statistique entre différentes variables (notamment l'âge, mais aussi le sexe, la délinquance,...) et le niveau de développement moral.

Caractéristiques du développement moral

Après avoir administré ses tests à un large échantillon d'enfants, Kohlberg et ses élèves en ont conclu que le développement moral est :

  • Séquentiel, c'est-à-dire qu'il se développe par étapes successives qui ne peuvent être devancées.
  • Irréversible, sauf dans le cas de dégénérescences telles que la maladie d'Alzheimer, une fois l'un des stades acquis, une personne ne peut régresser à un stade antérieur
  • Intégratif, une personne ayant acquis un stade supérieur étant à même de comprendre les raisonnements des individus ayant atteint les stades inférieurs.
  • Transculturel, c'est-à-dire que dans toutes les cultures, le développement moral suit les mêmes étapes.

La stagnation est possible, tout le monde n'atteint pas nécessairement le stade suivant.

L'irréversibilité est cependant à nuancer, il existe des variations intra-individuelles, c'est-à-dire qu'un même individu peut dans différentes situations émettre des jugements moraux appartenant à des stades distincts.

Stades de développement moral

Les âges indiqués sont les valeurs dans lesquels la grande majorité des sujets sont compris, ce qui explique le chevauchement. Certaines personnes peuvent être précoces ou au contraire en retard par rapport à ces valeurs indiquées.

Stades préconventionnels

Ce niveau se caractérise par l'égocentrisme, c'est-à-dire que l'enfant ne se soucie que de son intérêt propre, les règles lui sont extérieures et l'enfant ne les perçoit qu'à travers la punition et la récompense.

Stade 1 - Obéissance et punition (2-6 ans)

L'enfant adapte son comportement pour fuir les punitions. Les normes morales ne sont pas intégrées. Réponse possibles au dilemme de Heinz :

"Heinz ne doit pas voler car s'il le fait il ira en prison" "Heinz doit voler car sinon Dieu le punira d'avoir laissé sa femme mourir."

Stade 2 - Intérêt personnel (5-7 ans)

À ce stade, l'enfant intègre les récompenses en plus des punitions. Réponse possibles au dilemme de Heinz :

"Heinz doit voler car sa femme l'aimera d'autant plus par la suite" "Heinz ne doit pas voler car c'est bien pire d'être envoyé en prison par le juge que d'être détesté par sa femme"

Stades conventionnels

L'altérité prend de l'importance. L'individu apprend à satisfaire des attentes, obéir à des lois, des règles générales

Stade 3 - Relations interpersonnelles et conformité (7-12 ans)

L'enfant intègre les règles du groupe restreint auquel il appartient. Sa principale interrogation est : que va-t-on penser de moi ?

Stade 4 - Autorité et maintien de l'ordre social (10-15 ans)

L'enfant intègre les normes sociales. Il respecte les lois même si cela va contre son intérêt et qu'il sait pouvoir échapper à la sanction. On peut parler d'amour des lois ou de souci pour le bien commun.

Réponses possibles au dilemme de Heinz:

"Heinz ne doit pas voler car c'est interdit par la loi." "Heinz doit voler car les tribunaux ne condamnent pas le vol s'il est justifié alors que la non-assistance à personne en danger est condamnable."

Stades post-conventionnels

L'individu fonde son jugement moral sur sa propre évaluation des valeurs morales. Il est prêt à enfreindre une loi s'il juge celle-ci mauvaise ou à l'inverse est prêt à condamner moralement certaines activités et à se les interdire alors même que la loi les autorise. Un certain nombre d'individus n'atteignent pas ces stades, pour preuve la défense d'Adolf Eichmann (tortionnaire nazi) a consisté à dire qu'il avait scrupuleusement agi de manière morale, ne faisant pas le moindre écart à la loi et aux ordres de ses supérieurs, y compris lorsqu'il aurait voulu épargner une de ses victimes. C'est un raisonnement typique du stade conventionnel, on pense ne pas être en tort moral dès lors que l'on respecte la loi. L'individu est incapable de former son propre jugement.

Stade 5 - Contrat social

L'individu se sent engagé vis-à-vis de ses proches. Il se soucie de leur bien-être et agit pour concilier ses intérêts aux leurs.

Stade 6 - Principes éthiques universels

Le jugement moral se fonde sur des valeurs morales à portée universelle et est adopté personnellement par le sujet à la suite d'une réflexion éthique (égalité des droits, courage, honnêteté, respect du consentement, non-violence, etc). Ces valeurs morales que se donne le sujet priment sur le respect des lois. Ainsi, la personne est prête à défendre un jugement moral minoritaire. Elle est capable de juger bonne une action illicite ou au contraire de juger mauvaise une action licite.

D'après Kohlberg, seul 13% de la population adulte atteindrait le stade 6.

Stades du développement psychosocial

Les stades du développement psychosocial d’Erik Erikson s’articulent autour de huit stades permettant un développement psychologique humain sain depuis la petite enfance jusque la vieillesse. À chaque stade, la personne est confrontée à, et peut maîtriser, de nouveaux défis. Chaque stade se construit sur les bases construites lors des stades précédents. Les défis peu ou non relevés sont susceptibles de réapparaître sous forme de problèmes dans l’avenir.

Les stades

Espoir : Confiance versus Méfiance (0-18 mois)

  • Crise identitaire : Confiance versus Méfiance
  • Vertu : Espoir
  • Formulation de l’identité acquise : « Je suis ce qu'on me donne »

Le premier stade de la théorie d’Erik Erikson est centré sur les besoins basiques de l’enfant et des échanges avec ses parents. L’enfant dépend de ses parents, spécialement de sa mère, pour s’alimenter, se sentir bien, etc. Erikson établit un parallèle entre ce stade et le stade oral de la théorie psychanalytique. Sa relative compréhension du monde et de la société lui vient des parents et des interactions qu’ils peuvent avoir avec lui. Si ces parents lui apportent chaleur et une affection régulière et constante, l’enfant verra le monde où il vit comme un monde où règne la confiance. Si ces mêmes parents échouent à lui procurer un environnement sécurisant et une satisfaction pleine à ses besoins premiers, l’enfant le verra comme un monde de méfiance. Dans cette théorie, la tâche majeure du développement de l’enfant est d’apprendre comment, les autres, spécialement son entourage proche, satisfont, ou non, ses besoins premiers. S’ils se montrent fiables et constants, l'enfant apprendra la confiance (« les autres sont fiables et constants »). S’il en vient à être négligé, voire abusé, il apprendra la méfiance (« les autres sont non fiables et inconstants »). Volonté : Autonomie versus Honte et Doute (18 mois-3 ans)

Crise identitaire : Autonomie versus Honte et Doute

  • Question principale : « Puis-je accomplir des choses seul ou devrais-je toujours dépendre des autres ? »
  • Vertu : Volonté
  • Formulation de l’identité acquise : « Je suis ce que je puis vouloir librement »

Alors que l’enfant acquiert le contrôle de diverses fonctions (d’élimination - Erikson établit un parallèle entre ce stade et le stade anal de la théorie psychanalytique -, de locomotion), il commence à explorer son environnement proche. Les parents continuent à apporter de solides bases de sécurité à ce dernier afin que l’enfant puisse expérimenter et se lancer. La patience des parents et leurs encouragements aident à renforcer l’autonomie de l’enfant. des parents trop restrictifs ou pas assez encourageants instilleront le doute chez l’enfant qui arrêtera ses explorations. Les progrès des enfants (développement physique et musculaire, gain d’autonomie), leur permettent de satisfaire eux-mêmes certaines de leurs envies. Ils commencent à se nourrir, à s’habiller, à se laver eux-mêmes, à utiliser les toilettes. Si l’entourage proche encourage ce comportement, l’enfant développe son sens de l’autonomie et à se sentir capable d’affronter des difficultés. Mais, si les parents en demandent trop et trop tôt ou s’ils refusent de laisser l’enfant tenter de faire ces choses, ou encore se moquent de ses échecs, il pourra développer un sentiment de honte de lui-même et de doute en ses capacités à affronter la difficulté.

Conviction : Initiative versus Culpabilité (3-6 ans)

  • Crise identitaire : Initiative versus Culpabilité
  • Question principale : « Suis-je bon ou mauvais ? »
  • Vertu : Conviction
  • Éléments sociétaux en relation : les prototypes
  • Formulation de l’identité acquise : « Je suis ce que j’imagine que je serai »

L’initiative apporte la possibilité d’anticiper, de planifier et d’entreprendre une tâche en vue de la santé mentale. L’enfant apprend à maîtriser le monde qui l’entoure, à être curieux de tout, à étendre sa maîtrise du langage et les principes de base de la physique (« les choses tombent vers le bas et non vers le haut », « les choses rondes roulent »). Il commence à faire des actions dans un but. La culpabilité fait aussi son apparition en tant que nouvelle émotion qui apporte de la confusion. Il peut se sentir coupable de choses qui logiquement ne le devraient pas. Il peut ainsi ressentir de la culpabilité à n’avoir pas pu réussir quelque chose. Il se prépare à prendre des initiatives qui le mèneraient vers des rôles sociaux (leadership, etc.) au travers de conduites « à risque » où il teste ses propres limites : traverser une rue seul, faire du vélo sans casque. Durant ce stade, l’enfant peut aussi développer son acceptation, ou non, de la frustration et donc, parfois, des comportements « négatifs » : jeter des objets, frapper, crier. Erikson parle d’un mode pénétrant qu’il met en parallèle avec le stade phallique de la théorie psychanalytique. L’enfant devient donc de plus en plus capable d’accomplir des tâches dans un but précis et donc de pouvoir établir des choix sur des activités à poursuivre. Si les parents et l’école l’encouragent, tout en le guidant et en l’aidant, l’enfant développera son sens de l’initiative. Dans le cas contraire, il développera un sentiment de culpabilité envers ses besoins et ses désirs.

Compétence : Travail versus Infériorité (6-12 ans)

  • Crise identitaire : entreprenant versus Infériorité
  • Question principale : « Suis-je capable ou incapable ? »
  • Vertu : Compétence
  • Éléments sociétaux en relation : la division du travail
  • Formulation de l’identité acquise : « Je suis ce que je peux apprendre à faire marcher »

La volonté d’atteindre un but « professionnel » via une réussite scolaire prend le pas sur les volontés de jouer. Les fondamentaux sont développés. Il considère son entourage comme individus. Il veut se montrer bon, raisonnable, coopératif et travailleur. Il comprend les concepts d’espace et de temps, devient plus logique, commence à comprendre les liens de cause à effet. Il peut accomplir des tâches complexes : lire, écrire… Il commence à donner forme à certaines valeurs morales et reconnaît les différences individuelles et/ou culturelles. Il veut démontrer son indépendance en se montrant désobéissant, en parlant par derrière ou en se rebellant. Erikson perçoit l’école élémentaire comme un seuil critique dans le développement de la confiance en soi. Dans l’idéal, elle doit apporter de nombreuses opportunités pour l’enfant d’obtenir la reconnaissance de ses parents, de ses maîtres et de ses pairs par l’accomplissement de tâches : dessins, résolutions mathématiques, rédaction et autres. Erikson établit là aussi un parallèle avec la psychanalyse : pour lui, c’est le stade de latence. Si l’enfant est encouragé à faire et à accomplir des choses et félicité pour celles-ci, il devient « industrieux » et devient plus rapide, plus persévérant et se met au travail avec plaisir. Au contraire, s’il est moqué ou puni, il deviendra inapte à assouvir les attentes de ses maîtres et de ses parents : il développera un sentiment d’infériorité et aura tendance à s’isoler.

Fidélité : Identité versus Confusion des rôles (12-20 ans)

  • Crise identitaire : Identité versus Confusion des rôles
  • Question principale : « Qui suis-je et où vais-je ? »
  • Vertu : Fidélité
  • Éléments sociétaux en relation : l’idéologie

L’adolescent est préoccupé de la manière dont les autres le perçoivent. Il change beaucoup physiquement. Son ego surdimensionné accroît la confiance en soi et en un avenir prometteur. Le sens de l’identité sexuelle se développe également vers la fin de l’adolescence. Dans cette transition entre enfance et monde adulte, l’adolescent pèse le pour et le contre dans les rôles qu’il pourrait jouer plus tard. Au départ, il rencontre de la confusion et il est porté à tenter diverses expériences dans les tâches et les comportements (baby-sitting, affiliation à des groupes politiques ou religieux…). Ce point névralgique de l’identification ressemble à une sorte de réconciliation entre « la personne à être » et « la personne dont la société espère la venue ». Ce sens émergeant de l’identité se forge au travers de la synthèse des expériences passées et les anticipations du futur. Dans cette recherche personnelle, Erikson parle d’un « moratoire » donné par la société aux adolescents qui peuvent alors se livrer à diverses expériences. Comme pour les autres stades, les forces bio-psycho-sociales entrent en jeu. Parfois les adolescents entrent en conflit avec leurs parents quant à leurs orientations politiques ou religieuses. Parfois, les adolescents peuvent choisir leur orientation professionnelle et d’autres fois, ce sont les parents qui ont un rôle décisif. D’autres fois, les adolescents subissent des pressions et acceptent « au forceps » d’expérimenter une voie alors que d’autres le tenteront d’eux-mêmes. Peu importe comment surgissent les choix du moment qu’ils sont ou deviennent personnels. Selon Erikson : quand un adolescent balance entre « Qu’est-ce que je veux ? » et « Qu’est-ce ce que je vais faire avec ? », il construit son identité. C’est là qu’intervient la fidélité en tant que moyen de soutenir une certaine loyauté dans un moment de contradictions et de confusions inévitables au sein d’un système propre de valeurs. Même si l’on donne 20 ans comme âge de « fin » de ce stade, celle-ci est fréquemment dépassée. Erikson donne deux exemples de « retard » dans deux de ses ouvrages (Young Man Luther et Gandhi’s Truth) : 25 et 30 ans.

Amour : Intimité versus Isolement (20-34 ans)

  • Crise identitaire : Intimité versus Isolement
  • Question principale : « Est-ce que je veux partager ma vie avec quelqu'un ou vivre seul ? »
  • Vertu : Amour
  • Éléments sociétaux en relation : modalités de coopération (voire mariage)

Ce stade débute lorsque le précédent est en bonne voie. Il y est donc fortement lié. Les jeunes adultes continuent de brasser leur identité avec celles d’amis. ils s’y confrontent. Ils sont effrayés par les possibilités de rejet ou de ruptures. Parfois, leur ego ne peut le supporter. Ceux qui ont bien établi leur identité peuvent alors se lancer dans des relations d’intimité réciproque (et avec leurs propres ressources intérieures). Ces relations peuvent être durables (amitié proche, mariage…) et ils peuvent faire preuve des sacrifices et des compromis nécessaires à ce type de relation. Au cas où ces mêmes personnes ne pourraient pas s’ouvrir à de telles relations, un sentiment d’isolation peut en résulter.

Attention : Régénération versus Stagnation (35-65 ans)

  • Crise identitaire : Régénération versus Stagnation
  • Question principale : « Ai-je produit quelque chose d’une réelle valeur ? »
  • Vertu : Attention
  • Éléments sociétaux en relation : parentalité, éducation ou tout autre implication sociale

Le souci de génération est le questionnement du stade suivant. La valeur sociale de la production et du travail y est associée, avoir ou vouloir des enfants n’est pas le seul profil de cette générativité. Durant cet âge adulte médian, la principale tâche du développement est d’apporter sa contribution à la société et d’aider la génération future. Lorsque les personnes apportent de telles contributions, en agrandissant leur famille, en travaillant à l’amélioration de la vie de la société, il développe leur sens générationnel, un sens de productivité et d’accomplissement. À l’opposé, une personne trop autocentrée, qui ne voudrait ou ne pourrait aider la société développe un sentiment de stagnation et d’insatisfaction.

Questions centrales posées à ce stade :

  • Exprimer de l’amour vrai plus que des actes sexuels ;
  • Développer l’unité avec son partenaire ;
  • Aider à faire grandir les enfants afin qu’ils deviennent des adultes responsables ;
  • Jouer un rôle central dans l’éducation des enfants ;
  • Accepter les enfants de son partenaire et de ses amis ;
  • Fonder un foyer confortable ;
  • Être fier de ses actes et de ceux de son partenaire ;
  • Inverser les rôles avec ses parents âgés ;
  • Parfaire sa responsabilité civique et sociale ;
  • S’ajuster aux changements physiques ;
  • Utiliser son temps libre pour la création ;
  • Aimer les autres.

Sagesse : Intégrité versus Désespoir (> 65 ans)

  • Crise identitaire : Intégrité versus Désespoir
  • Question principale : « Ai-je vécu une vie bien remplie ? »
  • Vertu : Sagesse

Ce stade final est celui de la rétrospection. À mesure que nous vieillissons et devenons des seniors, nous avons tendance à baisser dans notre productivité et regardons la vie du point de vue du retraité. C’est durant ce laps de temps que nous pouvons contempler nos aboutissements et sommes capables de développer un sentiment d’intégrité si nous estimons avoir une vie riche et remplie. Dans le cas contraire, nous développons un sentiment de désespoir menant à la dépression face à une vie ressentie comme inachevée.

Rapport à la théorie freudienne

Erikson a été un étudiant de Sigmund Freud et a été analysé par Anna Freud, ce qui a donné une trame psychanalytique à sa théorie des stades de développement psychosocial. Les premiers stades de cette théorie ont été mis en regard de celle de Freud : les quatre premiers stades d’Erikson sont rapportés directement dans son ouvrage à ceux de Freud (stades oral, anal, phallique, de latence). De plus, le 5e stade d’Erikson est relié au stade génital de Freud.

Erikson voit la dynamique à l’œuvre durant toute une vie, le développement ne s’arrête pas avec l’adolescence (comme cela peut être vu par la théorie psychanalytique). Il voit également les stades de la vie comme un cycle : la fin d’une génération voit l’apparition de la suivante. Du point de vue sociétal, les stades de la vie ne sont plus linéaires comme pour un individu mais font partie du développement cyclique d’une société.

Conclusion

Les théories présentées dans cet article ont en commun la notion de stade, et donc d'évolution d'un stade vers le suivant. De nombreuses autres théories en psychologie se basent également sur la notion de stade. Qu'il s'agisse de développement moral, psychosocial, ou de la connaissance, la personne gravit les échelons, et améliore ses capacités à chaque échelon. Dans ces théories, un stade n'est atteignable que si l'on passe par les précédents, et il est impossible de parcourir ces stades différemment. Néanmoins, d'autres domaines de la psychologie, telles que la psychologie différentielle ont remis en question la linéarité des stades du développement.

Références

Droits d'auteur