Flow

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Bases psychopédagogiques des technologies éducatives
Module: Introduction aux théories psychologiques
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à finaliser débutant
2016/10/24
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Le flow, littéralement le flux en anglais, est l'état mental atteint par une personne lorsqu'elle est complètement immergée dans ce qu'elle fait, dans un état maximal de concentration. Cette personne éprouve alors un sentiment d'engagement total et de réussite. Ce concept, élaboré par le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi, a été repris dans des domaines variés et nombreux, du sport à la spiritualité en passant par l'éducation et la séduction. Dans les versions françaises des textes de Csikszentmihalyi, on trouve indifféremment les termes de « flux », d’« expérience-flux », d’« expérience optimale » ou de « néguentropie psychique ».

Composants du flow

Csikszentmihalyi a identifié les caractéristiques accompagnant et décrivant l'expérience du flow. Ce sont les suivantes :

  • Objectifs clairs : les attentes et les règles régissant l'activité sont perçues correctement et les objectifs fixés sont atteignables avec les compétences de l'acteur
  • Équilibre entre la difficulté de l'activité et les compétences de l'acteur (l'activité n'est ni trop facile ni trop difficile, elle constitue un défi motivant)
  • L'activité est en soi source de satisfaction (elle n'est donc pas perçue comme une corvée)
  • Haut degré de concentration sur un champ limité de conscience (hyperfocus)
  • Une perte du sentiment de conscience de soi, disparition de la distance entre le sujet et l'objet
  • Distorsion de la perception du temps
  • Rétroaction directe et immédiate. Les réussites et difficultés au cours du processus sont immédiatement repérés et le comportement ajusté en fonction.
  • Sensation de contrôle de soi et de l'environnement

La réunion de tous ces phénomènes n'est pas nécessaire pour conduire au flow. Les trois premiers décrivent des caractéristiques de l'activité propices au flow, les cinq derniers décrivent plutôt l'état de conscience modifié qu'implique le flow. En d'autres termes, les trois premiers sont des variables indépendantes, alors que les cinq dernières des variables dépendantes.

Hypothèses concernant les dimensions du flow

Revisitant l’autotélisme (une activité autotélique est une activité qui n'a d'autre but qu'elle-même), Csikszentmihalyi (2000) ainsi que Voelkl et Ellis (2002) ont présenté un nouveau modèle de compréhension du flow en identifiant plusieurs éléments associés qu’ils ont classés en deux catégories : les conditions d’apparition du Flow, les caractéristiques du flow:

  • Les conditions sont les circonstances qui sont supposées conduire au flow (e.g., équilibre compétences/défi ; clarté des buts et feedback instantanés).
  • Les caractéristiques font référence aux effets et notamment aux perceptions liées à la nature empirique du phénomène lui-même (c’est-à-dire à ce que l’individu ressent lorsqu’il est en état de Flow, e.g., concentration sur l’action en cours, sens du contrôle, perte de conscience de soi).

Selon Demontrond & Gaudreau (2008), cette distinction est importante pour la recherche car elle permet de différencier l’expérience subjective de flow et les antécédents psychosociaux pouvant faciliter son apparition chez les individus. Ainsi, en étudiant ces conditions et caractéristiques, Ellis (2003) montre que l’équilibre entre les compétences personnelles et le défi à relever est sans doute une condition moins importante pour atteindre le flow que ne le sont d’autres éléments (e.g., clarté des buts, feedback clairs).

Le cerveau en état de flow

Les données récemment acquises sur les réseaux attentionnels renseignent sur l’activité d’un cerveau en état de flow, notamment celles s’intéressant à la notion surprenante d’attention « sans effort ».

Les distracteurs de l’attention sont évalués par plusieurs systèmes cérébraux qui déterminent à chaque instant l’intérêt et l’importance de ce qui stimule les sens ou les pensées. Des structures telles que l’amygdale et l’hippocampe traitent ces caractéristiques de façon « rigide », en fonction du passé : ce que l’on a l’habitude de trouver intéressant (lire un magazine, surfer sur Internet) ou désagréable, voire dangereux, et donc important (un visage ayant l’air menaçant). D’autres aires, situées surtout dans le cortex préfrontal, utilisent des critères plus flexibles dépendant des buts que l’on se fixe pour l’avenir, proche ou loin. Chaque système fixe en quelque sorte ses priorités, qui se contredisent souvent dans une lutte incessante pour le contrôle de l’attention ; cette lutte d’influence aboutit à ce que les psychologues nomment des « conflits motivationnels », c’est-à-dire des situations où le cerveau cherche à accomplir en même temps plusieurs objectifs contradictoires.

Sur le plan mental, on dit que deux processus cognitifs sont antagonistes lorsqu’ils mobilisent les mêmes régions cérébrales, en particulier le même réseau de l’attention. C’est pourquoi on ne peut pas réaliser (exactement) en même temps deux activités qui demandent d’être attentif. En conséquence, il n’est pas étonnant que l’état de flow, en tant qu’état d’attention sans effort, ni conflit ni stress, soit si recherché et valorisé.

La mesure du Flow

Plusieurs outils d’autodescription ont été créés afin d’étudier les éléments de nature instable et les phénomènes subjectifs liés au Flow, tels que les entretiens qualitatifs, les questionnaires et la méthode d’échantillonnage des expériences (Experience Sampling Method - ESM). Un grand nombre de chercheurs ont utilisé l’ESM. Cette méthode consiste à répondre à un court questionnaire lorsque la sonnerie d’un télé-avertisseur retentit. Malgré tout son intérêt, cette méthode est à la longue relativement contraignante pour les sujets : le caractère intrusif et le temps nécessaire à l’usage de l’ESM présente l’inconvénient majeur de risquer d’interrompre le Flow. C’est la raison pour laquelle l’élaboration d’échelles de mesure du Flow reste une question d’une vive actualité.

Flow de groupe

Csikszentmihalyi suggère plusieurs façons de travailler collectivement pour que chaque membre d'un groupe atteigne l'état de flux. Les caractéristiques de ce type de travail sont notamment :

  • Un espace pour un travail créatif : des chaises, des tableaux à punaises, des schémas mais pas de tables : le travail se fait principalement debout et en se déplaçant
  • Une séance de travail organisée : des schémas pour les informations de départ, des diagrammes de flux, un résumé du projet, un peu de folie (la folie a sa place ici aussi), un endroit sûr (ici, tout peut être dit à voix haute et pas seulement pensé), un mur affichant les résultats, des sujets ouverts
  • Un travail organisé en parallèle
  • Le groupe est concentré sur les mêmes buts
  • Le travail sur des arrangements spatiaux (dessin, peinture, sculpture, menuiserie, modélisme, etc),
  • Progrès sur les buts existants (prototypage)
  • Augmentation de l'efficacité au travers de la visualisation
  • La modélisation préalable de l'activité (visualisation et prototype)
  • l'existence de différences entre les participants est vue comme une opportunité pour l'activité (et non comme un obstacle)

Applications

Education

Si apprendre est rarement une partie de plaisir, comprendre (être compris/se faire comprendre) peut être totalement jubilatoire (Heutte, 2007): certains enseignant peuvent ainsi être en état de flow lorsqu'ils constatent qu'ils sont compris.

C’est vraisemblablement ce qui fait du métier d’enseignant un des plus beaux métiers du monde, ou en tout cas, un des plus enthousiasmants pour ceux qui ont le bonheur de vivre régulièrement cette expérience optimale. Si les enseignants qui connaissent le flow sont souvent débordants d’activité, toujours prêts à innover ou s’impliquer dans un nouveau projet, c’est tout simplement parce qu’ils cherchent en permanence n’importe quelle occasion de recréer les conditions qui vont leur permettre de le ressentir à nouveau.

Liens vers les productions réalisées dans le cadre du cours Bases psychopédagogiques des technologies éducatives

Pour aller plus loin

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  • Nakamura, J., & Csikszentmihalyi, M. (2002). The concept of flow. Handbook of positive psychology, 89-105.

Références

  • Csíkszentmihályi, Mihály (1996). Creativity: Flow and the Psychology of Discovery and Invention. New York: Harper Perennial.
  • Csíkszentmihályi, Mihály (1998). Finding Flow: The Psychology of Engagement With Everyday Life. Basic Books. (a popular exposition emphasizing technique)
  • Csíkszentmihályi, Mihály (2003). Good Business: Leadership, Flow, and the Making of Meaning. New York: Penguin Books.
  • Demontrond, P., & Gaudreau, P. (2008). Le concept de "flow" ou "état psychologique optimal": État de la question appliquée au sport. Staps, 79(1), 9-21.
  • Demontrond-Behr, P., Gaudreau, P., Visioli, J., & Fournier, J. (2003). Mesurer l’expérience optimale de flow en contexte sportif: Vers une traduction française du Flow State Scale-2. Communication affichée au congrès de l’ACAPS, Toulouse.
  • Heutte, Jean (2010) Mise en évidence du flow perçu par des étudiants au cours d’un travail collectif via les réseaux numériques : Homo sapiens retiolus est-il un épicurien de la connaissance ? Actes du 26e congrès de l’association internationale de pédagogie universitaire (AIPU) « Réformes et changements pédagogiques dans l’enseignement supérieur » (Rabat, 17-21 mai 2010)
  • Heutte, Jean & Fenouillet, Fabien (2010) Propositions pour une mesure de l’expérience optimale (état de Flow) en contexte éducatif. Actes du 8e Congrès international d’actualité de la recherche en éducation et en formation (AREF) 2010, Genève (Suisse), 13 - 16 septembre 2010
  • Jackson, Susan A. & Csíkszentmihályi, Mihály (1999). Flow in Sports: The Keys to Optimal Experiences and Performances. Champaign, Illinois: Human Kinetics Publishers.

Droits d'auteur