STIC:STIC IV (2017)/Activité de conversation en langue étrangère

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Auteure

Brigitte Steiner (discussion)

Description du projet

Contexte

Dans le cadre de l'apprentissage et de l'enseignement d'une langue étrangère, la question de la pratique orale est très importante. Il n'est pas toujours facile pour les apprenant de se lancer dans un exercice de pratique de conversation sans avoir un support, que ce soit entre apprenants d'une même langue étrangère, ou en tandem (échange entre deux personne apprenant chacun la langue maternelle de l'autre). Il existe à ce jour grand nombre d'activités, particulièrement au sein de cours de langue, qui permettent de dynamiser et faciliter des moments de conversation. C'est toutefois un domaine qui laisse encore place à de nouvelles idées.

Partie théorique

Description de la solution

Concept

L'idée est de créer des patches que les participants à une activité de conversation peuvent porter sur eux. Chaque patch comporterait une petite illustration évoquant un concept et contenant quelques éléments reconnaissables. Il y aurait une série de patch avec un tour bleu, et une série de patches avec un tour rouge.

Je pense partir sur un prototype de 6 patches, donc deux séries de 3 patches (3 patches tour bleu et 3 patches tour rouge). Les patches de la série bleue représentent chacun une illustration, qui ont leur double dans la série rouge. Il y a donc 3 illustrations différentes, à double.

Croquis rapides d'exemple
Patch "plage" bleu
Patch "plage" rouge

Intérêt de la broderie

Dans l'idée de travailler avec un support d'image, la broderie pouvait devenir une technique intéressante à appliquer dans le cadre de l'apprentissage d'une langue. Le format tissu impliqué par l'utilisation de broderie, ouvre des possibilités d'utilisation supplémentaires. Un objet en tissu brodé peut en premier lieu susciter une plus grande curiosité et un plus grand intérêt qu'une image standard sur papier. De plus, le tissus permet de faire un objet plus resistant, mais aussi plus versatile, permettant peut-être plus de créativité dans son utilisation.

Il a été conclu qu'une bonne solution serait de créer un patch, qui pourrait ainsi être décliné comme patch pour être porté, comme simple carte en tissus, ou encore en objet intéressant à gagner ou collectionner (voir partie ouverture/conclusion ?).

Public cible

Le public cible pour cet objet comprend tous les apprenants d'une langue étrangère, de niveau allant de débutant à intermédiaire, voire plus avancé, en fonction de l'activité dans laquelle s'insère l'objet. Cet objet pourrait être utilisé autant avec des enfants qu'avec des adultes. Cependant, durant ce projet, le public cible a été restreint aux adultes.

Les apprenants tout débutants ne font pas un bon public cible, car pour participer à des activités de conversation, il faut pouvoir échanger quelques phrases ou mots de conversations de base.

Objectifs

  • Faciliter la formation de binômes dans un groupe, de façon aléatoire
  • Donner des idées de sujet pour les conversations
  • Donner un support visuel qui peut être utilisé et intégré dans la conversation
  • Présenter un objet original, suscitant l'intérêt des apprenants

Suggestions de scénario d'utilisation

Activité de conversation en tandem :

  • Participants : 3 locuteurs natifs de la langue cible et 3 apprenants.
  • On distribue les patches rouges aux natifs et les bleus aux apprenants.
  • Les participants se mettent en paire en fonction du dessin qu'ils ont sur leur patch, en retrouvant leur double.
  • Ensuite, ils doivent parler dans la langue cible définie.
  • Ils peuvent s'aider de l'illustration pour démarrer la conversation (décrire l'image, ou parler du sujet qu'elle évoque).
  • Variante : On commence à converser dans la première langue, et à la moitié du temps de conversation, on passe à l'autre langue.

Activité de conversation classique :

  • Participants : 6 apprenants de la langue cible
  • On distribue les patches aléatoirement
  • Mêmes étapes que pour la conversation en tandem (mais ici on ne peut parler que dans la langue cible).

Réalisation

Design visuel

Le design visuel des patches a été réalisé principalement sur Inkscape.

Des premiers croquis rapides ont été faits pour avoir une idée, sur le logiciel procreate sur iPad. À l'origine le design était rond.

Après plus de réflexions sur la réalisation concrète, il a été décidé de ne pas faire un dessin d'une situation, mais plutôt de regrouper trois icônes évoquant ensemble un thème. Il y avait pour cela des raisons d'ordre pratique : les icônes flat design sont faciles à broder, et des raisons conceptuelles : les icônes sont facilement interprétées, représentent facilement des concepts.

Trois patches ont été créés sur Inkscape, en utilisant des icônes issues du site The noun project. Elles ont été modifiées (taille, séparation de parties, changement de couleur) et agencée pour donner un résultat agréable et facile à "lire". Les couleurs des objets ont élé modifiées, pour pouvoir se représenter un peu le résultat possible, bien que les couleurs définitives seraient sélectionnées au moment de broder. Pour des raisons d'efficacité, une seule version de chaque patch a été dessinée, la couleur du contour pouvant être également modifiée au moment de broder pour faire des patches à contour bleus et des patches à contour rouges. Une copie PNG des trois designs réalisés sont affichés ci-dessous. Ils ont été exportés au format svg pour leur importation dans Stitch Era.

Broderie

Pour préparer les fichiers à la broderie, ils ont été importés au format SVG dans Stitch Era. Quelques corrections des vecteurs ont été nécessaires pour réparer des formes qui avaient été un peu déformées par l'importation, et pour s'assurer d'un bon résultat à la broderie. Les fils de la raquette de tennis du patch sport ont par exemple été supprimé, car ils avaient été très endommagés à l'importation. L'idée de créer directement quelques lignes de points de broderie droits pour remplacer l'objet vecteur complexe a été envisagée, mais l'objet était très lisible sans, et cela n'a donc pas été jugé nécessaire.

La décision a été prise de ne pas remplir le fond en blanc, pour éviter des problèmes trop complexes de compensation en raison du "push and pull". (les fils tirent horizontalement et les côtés se ressèrent).

Le cadre carré a été transformé en broderie d'abord, puis les éléments de l'intérieur , tous d'un coup. Les formes ont encore été vérifiées et ajustées à partir de la prévisualisation.

Des lignes de couture ont également été ajoutées dans la partie du cadre, en suivant le tutoriel sur la réalisation de patches (titre). Ces cadres sont la seule véritable difficulté technique qui a été rencontrée pendant la réalisation. Un stabilisateur soluble a été utilisé pour maintenir un carré de tissu blanc très rigide. Une fois les deux coutures pour fixer et pour découper résalisée, la machine a été mise en pause, et l'excédent de tissus a été découpé au plus près. Certaines irrégularités dans le découpage ont parfois consuit à des fins bouts de tissus qui dépassaient de la bordure une fois la broderie terminée. Quelques ajustements ont été apportés, améliorant le résultat. La découpe n'était pas l'origine du problème, il s'agissait de la ligne qui était trop proche du bord. Mais en raison d'une bordure pas très épaisse, cette ligne ne pouvait pas être trop à l'intérieur. La conclusion est donc que pour d'encore meilleurs résltats, il faudrait une bordure encore plus épaisse. Quelques petites irrégularités sont constatées également dans les coins. Pour régler le problème, il serait peut-être souhaitable de faire des cooins un peu plus arrondis. L'image ci-dessous illustre une bordure plutôt bien gérée et une bordure où le tissu dépassait un peu et a dû être découpé après coup.

En haut (bleu) la bordure est assez propre. En bas (rouge), du tissu dépasse presque tout le long de la bordure

Une fois la broderie terminée, l'excédent de stabilisant a été retiré, les bords ont été un peu corrigés si nécessaires, puis les patches ont été lavés et repassés.

Résultats de la broderie : Ci-dessous, les résultats pour les 6 patches produits, ainsi que chaque type de patch individuellement.

Les six badges réalisés, en version bordure rouge et bordure bleue

Adaptation en badges (broches)

À l'origine du projet, il a était prévu de réaliser des badges pouvant être directement portés pendant l'activité. Plusieurs techniques ont été envisagées, comme du scotch double-face ou des bases de broches en métal.

Problème ergonomique Cependant, durant la préparation du test utilisateur, il est devenu manifeste que le fait de porter l'image sur le torse ou une partie du corps pouvait rendre l'activité un peu compliquée et posait un problème ergonomique. Le fait de devoir mettre le badge puis, de devoir regarder l'image sur le corps de l'autre était non seulement moins pratique, mais aurait pu causer une gène (en raison de la pudeur possible des participants ou d'autres facteurs, comme les différences de taille). Il a donc été décidé d'utiliser les patches non pas comme badges, mais comme des cartes en tissus, qui peuvent être directement manipulée par les participants.

Test utilisateurs

Afin de faire une première évaluation des objets créés, de leur utilité et de leur accueil par le public cible, un petit test utilisateur a été réalisé.

Méthode

Ce test a été effectué avec une classe de six personnes adultes apprenant le français. L'activité a été réalisée au début d'un cours d'aphabétisation hebdomadaire. Les participants se connaissaient déjà, puisqu'ils participent régulièrement à ce même cours. Il s'agit de personnes d'origines et situations diverses, de niveau A2 en français.

La méthode utilisée était une méthode classique d'observation. L'activité a été présentée par l'enseignante de la classe, pendant que l'observatrice prenait des notes.

On leur a simplement présenté l'observatrice et conceptrice en leur expliquant rapidement qu'il s'agissait d'un test dans le cadre d'un projet d'un cours de master en technologies pédagogiques. On leur a expliqué qu'un objet avait été créé et allait être testé avec eux, sans leur montrer les objets avant l'activité.

Déroulement

L'enseignante a donné des consignes brèves, en disant qu'ils allaient chacun tirer à l'aveugle un objet dans un petit sac. Elle a également expliqué qu'en aucun cas l'observatrice n'était là pour évaluer leur niveau de français, et que les prises de notes ne concernaient pas leurs performances. Tous les participants ont été assurés que leur annonymat serait garanti.

L'enseignante a ensuite fait piocher un patch en tissus à chaque personne. Une fois qu'ils en avaient tous un, elle leur a demandé de se mettre en binôme avec la personne qui avait la même image qu'eux. Elle leur a ensuite simplement indiqué qu'il s'agissait d'une activité de conversation, et qu'ils allaient devoir discuter avec leur binôme sur la base le l'image qu'ils avaient reçue.

Les conversations ont duré environ 10 minutes, avec quelques relances de l'enseignantes. Les relances étaient du type "à quoi vous font penser ces images ?" "quel thème cela vous évoque?" "quelle question pourriez vous poser à l'autre personne à ce sujet ?"

Suite à la partie conversation, la deuxième partie consistait à demander à chaque groupe de dire un peu de quoi ils avaient parlé. FInalement, on a demandé leur retour aux utilisateurs, de façon semi dirigée. Une première question a été posée et quelques questions de relance ont été utilisées.


Résultats

Compréhension des consignes : Sur les trois binômes, un binôme a redemandé à entendre les consignes, un a démarré tout de suite, et le troisième n'avait pas du tout compris et a eu besoin d'explications supplémentaires de la part de l'enseignante.

Déroulement de l'activité : Dans l'ensemble, un groupe a réussi à discuter facilement, en partant des éléments pour arriver sur le thème des vacances. Un autre groupe est resté un peu bloqué sur les images mais a réussi à discuter un peu, et un troisième a eu beaucoup de peine à trouver des choses à dire.

Certaines personnes sont restées très concentrés sur l'image, tandis que d'autres ont parlé plus librement. De manière générale chacun revenait à l'image quand il ou elle ne savait plus quoi dire.

Après observation, il semble que les thèmes sont plus ou moins rapidement identifiables en fonciton des personnes. Il est important de noter qu'il s'agit d'une classe dite d'alphabétisation, c'est à dire que ce sont des personnes qui n'ont pas appris à lire et à écrire avant l'âge adulte, et qui pour certaines ne sont presque pas allé à des vrai cours d'école. Certaines activités assez scolaires comme le fait dûtiliser une image comme base "artificielle" de conversation était donc plus naturelle pour les participants qui étaient allés à l'école.


Debriefing des conversations : finalement deux groupes dur trois ont réussi à échanger plusieurs questions et réponses, malgré quelques difficultés.

Evalutation des utilisateurs : Tous les participants ont donné un retour très positif à l'objet du patch en tissus. Une participante a spontanément parlé de l'avantage du support tissus, qui en fait un objet très joli et plus résistant qu'une carte en papier. Tous les participants ont relevé l'aspect esthétique de la broderie.

L'activité a été jugée assez semblable à d'autres activités de dialogue. Ils l'ont toutefois jugé comme plus intéressant que d'autres activités qu'ils ont parfois faites dans ce cours ou d'autres. Il comporte l'inconvénient des thèmes "imposés" : si le thème n'inspire pas grand chose, c'est peut-être plus difficile d'en parler.

Les participants ont toutefois apprécié le côté libre de l'activité, qui permettait de découvrir de nouveaux mots ou de mettre le doigts sur des mots qui manquaient. Certains ont regretté qu'il n'y ait pas de suite à l'activité, comme par exemple une partie écrite où les deux personnes d'un binômes travailleraient ensemble par écrit sur un court exposé de ce qui avait été dit, pour pouvoir fixer les mots et s'en souvenir.

Discussion

Quelques conclusions apparaîssent de façon claire après ce premier test :

  • Le rôle de l'enseignant-e est essentiel. Le patche constitue un outil qui peut être utilisé pour réaliser des activités de conversations, mais c'est la pédagogiqe et même l'ingéniosité et l'imagination de l'enseignant-e qui peut permettre d'utiliser le patch de façon intéressante et de stimuler les conversations
  • Le patch peut et devrait s'inscrire dans des activités plus complexes ou de plus longue durée. Voir les possibilités de développement
  • L'expérience des utilisateurs avec des activités similaires semble pouvoir influencer le succès de l'activité
  • Le patch reste une façon relativement artificielle de lancer des conversations. Il permet plus de liberté qu'un script écrit ou des questions précises mais peut par conséquent déstabiliser les participants, qui auront parfois du mal à trouver quoi dire.

Conclusion

Le test utilisateur ainsi que les retours des apprenants et de l'enseignante ont permis d'identifier quelques pistes d'améliorations et de développement du concept.

  1. faire suivre l'activité d'une activité écrite en lien
  2. utiliser les patches comme éléments de récompense

Bibliographie

Ressources

Cette liste contient le nom des éléments graphiques originaux que j'ai utilisés pour réaliser les patches, ainsi que de leurs créateurs. Toutes les images sont issues du site issus du site The Noun Project.

  • palm by Daniela Baptista from the Noun Project
  • Luggage by jon trillana from the Noun Projectc
  • Takeoff by Gregor Cresnar from the Noun Project
  • Burger by Anusha Narvekar from the Noun Project
  • Apple by Melissa Schmitt from the Noun Project
  • Restaurant by Adrien Coquet from the Noun Project
  • Basketball by Melissa Holterman from the Noun Project
  • Tennis by Krisada from the Noun Project
  • Gym by Oksana Latysheva from the Noun Project