« L'entretien phénoménographique » : différence entre les versions

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Ainsi, De Ketele (De Ketele 2005), présente l'interview selon les caractéristiques présentées dans le schéma suivant.
Ainsi, De Ketele (De Ketele 2005), présente l'interview selon les caractéristiques présentées dans le schéma suivant.
[[Fichier:Etvd1.jpg|thumb|none|Schématisation des étapes de l'entretien évoquées par De Ketele (DeKetele, 2015)]]
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De Ketele (De Ketele, 2015) indique que l'interview peut être réalisé individuellement ou en groupe. Les interactions et le gain de temps étant assurés dans le cas des entretiens en groupe. Mais naturellement tout dépend de la nature de l'entretien, des objectifs.  
De Ketele (De Ketele, 2015) indique que l'interview peut être réalisé individuellement ou en groupe. Les interactions et le gain de temps étant assurés dans le cas des entretiens en groupe. Mais naturellement tout dépend de la nature de l'entretien, des objectifs.  

Version du 15 novembre 2016 à 11:16


L'Interview

Qu'est ce qu'un interview?

Dans les années 80, les définitions données à "interview" étaient essentiellement relatives à l'action d'interroger une personne. Ainsi dans le Petit Larousse, version 1988, on trouvait comme définition pour interview : "Entretien avec une personne pour l'interroger sur ses actes, ses idées, ses projets, afin soit d'en publier ou d'en diffuser le contenu, soit de l'utiliser à des fins d'analyse (enquête d'opinion)", tandis que dans le Petit Robert, version 1984 on pouvait trouver :"Entrevue au cours de laquelle un journaliste interroge une personne sur sa vie, ses projets, ses opinions, dans l' intention de publier une relation de l'entretien. »

Ainsi, comme le souligne De Ketele (De Ketele, 2009 ou 2015) de part ses définitions, l'interview semble être un dialogue dont seul l'intervieweur profite. Or l'interview tout au moins en sociologie a une portée beaucoup plus large. Il permet à l'intervieweur d'obtenir certes des informations, mais permet à l'interviewé de faire un travail implicite sur ses actions, ses concepts, ses opinions. L'interview n'est donc pas uniquement une "extraction d'informations" de l'intervieweur à un participant. Dans ce sens, à ce jour, les définitions du mot interview ont quelque peu évoluées.

On trouve ainsi dans le Larousse en ligne: "Méthode d'enquête sociologique qui a pour but d'établir un rapport de communication verbale entre l'interviewé et l'intervieweur." ou bien encore sur le site les Définitions: "Pour un journaliste, l’interview est une ressource et une technique qu’il met en place dans son travail. Il n’est pas question d’un dialogue casuel, étant donné que l’interview n’a lieu que suivant un accord préalable et des intérêts et attentes entre les deux parties."

L’interview n'est pas un acte "gratuit", le participant s'engage dans une démarche ne serait ce qu'en donnant son consentement à participer à un interview. D'ailleurs, comme le souligne de Vermersch (Vermersch 2004), interview entraîne un travail cognitif, une "prise de conscience" du participant.


Quel type d'interview?

On distingue trois types d'interview/entretien.

  • L'entretien non directif: L'interviewé parle librement suite à une première question d'ouverture de l'intervieweur sur une thématique.
  • L'entretien directif: A l'inverse de l'entretien non directif, l intervieweur dirige l'entretien. Il suit un ensemble de questions bien précises.
  • L'interview semi directif: Cet interview est comme son non l'indique " semi" directif. L’intervieweur interroge le participant mais dans un ordre aléatoire aux questions qu'il peut avoir prévues. Fluidité, flexibilité et mise en confiance du participant étant les éléments fondamentaux pour ce type d'entretien.

Ainsi, De Ketele (De Ketele 2005), présente l'interview selon les caractéristiques présentées dans le schéma suivant.

Schématisation des étapes de l'entretien évoquées par De Ketele (2015)

De Ketele (De Ketele, 2015) indique que l'interview peut être réalisé individuellement ou en groupe. Les interactions et le gain de temps étant assurés dans le cas des entretiens en groupe. Mais naturellement tout dépend de la nature de l'entretien, des objectifs.

Ces entretiens peuvent être réalisés une unique fois, ou au contraire plusieurs fois. Dans le cadre notamment du projet MALTT sur les [file:///C:/Users/Veronique/Downloads/P1_Act1_PistesReflexivesApprentissageMethodoRecherche%20(7).pdf " Pistes réflexives sur l’apprentissage de la méthodologie de la recherche en technologie éducative"]. Une première série d'entretiens a été réalisée, par la volée 2015-2017 MALTT sur un ensemble de participants avant que ces derniers n’entreprennent un travail de Recherche en technologie éducative. Ces premiers entretiens ont permis de recueillir des informations sur leur conception de la Recherche avant leurs travaux de Recherche. Une seconde série d'entretiens sera prochainement réalisée par la volée 2016-2018, afin de connaitre la conception de la Recherche de ces mêmes participants après une année de Recherche; permettant ainsi de connaitre l’évolution de leur conception de la Recherche par leur expérience dans le temps. Un autre interview pourrait d’ailleurs être envisagée en fin de thèse .

De Ketele (De Ketele, 2015) met par ailleurs, l'accent sur le fait que les interviews, sont des recueils d'informations oraux, sur des faits objectifs ou sur des représentations. Le but étant de faire émerger des hypothèses ou vérifier des hypothèses.

En amont de l'interview

L'interview, un recueil d'informations, nécessite donc une préparation antérieure soignée de la part de l intervieweur.

L'intervieweur doit définir les objectifs de l'interview. Tant sur les questions en établissant un questionnaire, que sur la façon dont sera mené l'entretien (chez le participant, sur son lieu de travail, le but étant de ne pas "manipuler" l'interview, mais de la rendre le plus naturel possible afin de mettre en confiance le participant.

Le type de recueil d'informations est lui aussi important : prise de notes, enregistrement audio, caméra... Autant de questions que doit se poser et préparer l'intervieweur en amont de l’entretien.


En aval de l'interview

Le travail en amont de l'entretien doit être réalisé de façon rigoureuse et réfléchie, de même que le travail en aval.

Effectivement les informations recueillies doivent être traitées et analysées de façon la plus objective possible. Ceci quelque soit la nature de l’entretien. Plus particulièrement la phénoménographie s’intéresse aux meilleurs méthodes et moyens pur l'usage de ces interviews dans le cade de travaux de recherche phénoménographique.


La phénoménographie

Qu'est ce que la phénoménographie?

Piette (Piette, 2009) décrit la phénoménographie comme ayant [ http://phenoanthropo.canalblog.com/archives/2010/01/09/6219102.html "pour ambition d’observer et de décrire le plus précisément possible les êtres humains, en évitant cette mise en perspective socio culturaliste. [...] Un autre élément du regard phénoménographique consiste dans la description référentielle des données observées et sélectionnées."]

L’étude phénoménographique, une étude qualitative, est apparue dans les années 70-80, en recherche éducationnelle (Marton, 1981) , afin d'investiguer sur la compréhension des concepts disciplinaires près d'étudiants. Depuis, nombreuses études ont été réalisées près d'étudiants (Trigwell, 1994), ou bien encore sur le personnel enseignant (Bruce, 1997).

Marton décrit d'ailleurs la phénoménographie comme l’«étude empirique des différentes manières qu’ont les gens d’expérimenter, percevoir, appréhender, comprendre et conceptualiser différents phénomènes et aspects du monde qui nous entoure» (Marton, 1994), ce qui ne cantonne donc pas la phénoménographie au domaine de l'éducation, mais au monde qui nous entoure (Marton, 1981).

Ces études se réalisent à l'aide de divers outils, mais l'interview est souvent privilégié, plus précisément un interview semi-dirigé, favorisant ainsi la compréhension empathique de l'intervieweur.


Etude Phénoménographique

Préparation de l'interview

Comme tout travail de Recherche mais aussi tout entretien, la préparation d'interviews dans le cadre de projet phénoménographique requiert une préparation rigoureuse. Le schéma ci-dessous illustre les éléments clés détaillés par la suite.

Etapes de l'entretien

Le chercheur doit identifier l'objectif de son étude, le phénomène étudié, et ainsi pouvoir répondre à deux question essentielles(Ashworth, 2000):

  • La méthode de recherche adoptée, mais aussi s'interroger sur les outils .participants, mode d'interview...etc sont ils appropriés à l'objet de l'enquête?
  • La méthode adoptée est elle adaptée pour atteindre l’objectif ?

Avant de mener un entretien il est donc nécessaire de connaitre les expériences antérieures "pertinentes". Comme le mentionne Marton (Marton 1994), le chercheur doit préférentiellement se baser sur un support de présuppositions, ceci permettant d'éviter tout jugement. La nature de ses supports est très diverse:

  • Utilisation de travaux de recherches antérieures
  • Interprétation ou théorie antérieures
  • Croyance et Connaissances personnelles du chercheur

Le chercheur doit ensuite s'interroger sur le choix des étudiants, les recruter et les moyens d'entrer dans leur monde :Interroger les participants dans leur université est privilégié. L’échantillon doit être suffisamment représentatif, en terme de variété d' étudiants afin de ne pas biaiser les résultats. En parallèle, le chercheur doit préparer un canevas de guide d’entretien, se basant sur ses supports, en veillant à utiliser des questions ouvertes.

Pendant l'interview

Lors de l'interview, l'intervieweur doit faire preuve d'une très grande empathie. Tel qu’indiqué ce sont souvent des entretiens semi-diriges qui sont explorés en phénoménographie. L'intervieweur doit donc introduire son sujet par une question ouverte et laisser parler l'interviewé en le guidant au besoin. Arshwor(Ashworth, 2000) souligne que les questions sans réponse, ont tout autant d'importance que les autres questions.

Le chercheur doit s’intéresser à l'expérience du participant. Il doit veiller à considérer le cas de l'interview comme unique et ne pas chercher à faire des comparaisons avec des interviews antérieurs, faute de quoi les questions peuvent être inappropriées et/ou l'étudiant peut être réticent à participer. Le chercheur doit prêter attention à ne pas sa focaliser sur une question, si elle n'a pas de sens pour le participant; à l'inverse, le chercheur ne doit pas négliger une réponse même si elle ne répond pas à son objectif initial.

En fin d’interview, il est important que l'intervieweur récapitule de façon synthétique les points abordés lors de l'entretien. Effectivement, la subjectivité du chercheur ou une mauvaise formulation peuvent biaiser la compréhension. L'étudiant peut alors confirmer, rectifier ou donner des informations complémentaires.


Analyse de l'interview

Apres l'interview, les informations recueillies doivent être analysées afin de les synthétiser sous forme de résultats. Ce travail d'analyse se réalise en plusieurs étapes:

  • transcription de l interview
  • codage,
  • comparaison entre notes des chercheurs

La qualité de résultats phénoménographiques, se démarque selon Marton et Booth (1997) par trois principaux critères

  • Chaque catégorie des résultats révèle une information assurant la compréhension de l'objet d 'étude.
  • Les catégories doivent être logiquement liées.
  • Les résultats doivent être présentés avec parcimonie.


Transcription

Après l'interview, le chercheur doit retranscrire l'entretien. Une étape fondamentale pour étudier l'ensemble des interviews.La transcription de l'entrevue doit être la plus précise et fidèle possible: les silences, les émotions (rires, les changements d'intonation) doivent être mentionnés (Ashworth, 2000).


Analyse

L'analyse est une étape cruciale de la recherche phénoménologique, et déterminante pour les conclusions du projet. Un travail qui nécessite minutie et objectivée. Bien souvent, ce travail doit être réalisé par un ensemble de chercheurs, le but étant que quelle que soit la personne qui fait l’analyse, le conclusions soient les mêmes. Le travail collaboratif assure ainsi une plus grande ouverture d'esprit et permet aussi d utiliser les connaissances et expériences antérieures des chercheurs.


Lectures et codages

Après transcription du travail le chercheur doit se concentrer sur la lecture des entretiens. Toutes les perspectives, tous les anspects doivent être explorés d'ou la nécessite de multiples re-lectures.

Comme le souligne Akerlind (Akerlind), chaque nouvelle lecture est une nouvelle expérience. Aucune information ne doit être négligées.

En recherche phénomenographique , le codage des verbatims est un outil important pour analyser des interviews. Ayache et Dumez (Ayach et Dumez, 2011) font du codage une définition très intéressante : "L’idée centrale de la théorisation ancrée consiste à faire émerger les cadres théoriques du matériau. Le codage est le moyen par lequel ce processus de théorisation à partir du matériau s’élabore. A priori donc, la théorisation ancrée dans sa forme originelle exclut tout idée de codage théorique : le codage est là pour éviter que la théorie ne vienne polluer l’analyse du matériau."

Le codage consiste à relever les idées qui se dégagent de l’entretien. Chaque idée est classée dans des catégories, qui sont ensuite regroupées en thèmes. De ces catégories résultent des concepts. L’intéret étant d’utiliser ses catégories sur l’ensemble des interviews, de relever le nombre de fois qu’ils apparaissent dans l’ensemble des interviews, afin d’en calculer leur fréquence et ainsi définir les concepts les plus récurrents évolués par la population étudiée.

Le codage permet ainsi d'assurer la qualité et la cohérence des interprétations de données. Ce travail de codage est d autant plus fiable que le nombre de chercheurs ayant codé les interviews est grand. En comparant les codes relevés dans les interviews, les erreurs d'interprétations sont minimisées. Discussion et critiques permettent d'assurer la fiabilité de l analyses.


Gestion des données

Afin d'établir son codage, mais également après avoir réalisé ce dernier, le chercheur se retrouve face à de nombreuses informations, nombreux interviews codés, parfois avec des codages différents selon les chercheurs. Le chercheur doit donc gérer l'ensemble de ces données. Un ensemble d'outils de gestions utilisés par les chercheurs en analyse phénoménographique peut ainsi être listé:

  • se concentrer sur le référentiel et/ou les composants des catégories structurelles de la description;
  • se concentrer sur le «comment» ou «quoi» des aspects du phénomène;
  • se concentrer sur les similitudes et les différences au sein et entre les catégories et transcriptions
  • tenter de résoudre ou de comprendre l'inadéquation et les incohérences entre les interprétations des différents chercheurs impliqués dans le projet;

Conclusion

L interview est un outil très intéressant de recueil d informations: de faits objectifs ou de représentation.

En phénomenographie, cet outil est largement utilisé.Une méthode certes intéressante mais qui requiert une préparation rigoureuse. Le chercheur doit effectivement faire usage de supports (recherche antérieures, expériences). Il doit garder à l'esprit tout le long de son travail l' objet d'études, ses objectifs, et donc choisir rigoureusement ses participants,le cadre, ses questions. Lors de l'interview, il doit faire preuve d'une grande empathie, le but étant de recueillir le maximum d'informations sur l’expérience du participant.

Une fois l'interview réalisé, le travail d'analyse doit être le plus fiable possible . Ce qui requiert plusieurs lectures des interviews pour dégager le maximum d'informations, l'utilisation d'outils tel que le codage.

Il est important tout au long de ce travail que le chercheur garde toujours à l’esprit l objectif de son travail. Notamment en phénoménographie : Comprendre la manière dont les étudiants perçoivent le contenu et le processus (quoi et comment) de l’apprentissage.


Références

Åkerlind, G.S., 2005. Variation and commonality in phenomenographic research methods. Higher Education Research & Development 24, 321–334.

Ashworth, P., Lucas, U., 2000. Achieving Empathy and Engagement: A practical approach to the design, conduct and reporting of phenomenographic research. Studies in Higher Education 25, 295–308.

De Ketele JM, Roegiers X (2009), Méthodologie du recueil d'informations: Fondements des méthodes d'observation, de questionnaires, d'interviews et d'études de documents- De Boeck Supérieur

Marton, F., 1981. Phenomenography ? Describing conceptions of the world around us. Instructional Science 10, 177–200.

Marton, F. (1994) Phenomenography, in: T. HUSEN & T.N. POSTLETHWAITE (eds) International Encyclopedia of Education, vol. 8, 2nd edn (London, Pergamon)

Scott, S.G., Bruce, R.A., 1994. DETERMINANTS OF INNOVATIVE BEHAVIOR: A PATH MODEL OF INDIVIDUAL INNOVATION IN THE WORKPLACE. Academy of Management Journal 37, 580–607.

Trigwell, K., Prosser, M., Taylor, P., 1994. Qualitative differences in approaches to teaching first year university science. Higher Education 27, 75–84.