Big five

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Introduction

(Paul T. Costa et Robert R. McCrae)

Figure 12. Modèle en cinq facteurs. Chaque facteur comprend six facettes.

Le modèle dominant dans l'approche de la psychologie différentielle est le modèle des cinq grands facteurs de la personnalité. Les inventaires de la personnalité, qu'on tendance à utiliser aujourd'hui, utilisent ce modèle comme cadre de référence. Ces instruments vont évaluer un facteur qui s'appelle le névrosisme (composante que l'on retrouve chez Eysenck et qu'on a également dans le modèle de Cattell). On a la facteur extraversion. Ce sont les deux facteurs du modèle d'Eysenck vu ci-dessus. Un facteur appelé ouverture à l'expérience, un facteur d'agréabilité, longtemps traduit comme facteur d'altruisme et un caractère consciencieux (qui n'était pas exactement le sens de la traduction américaine et on trouve maintenant le terme de consciencieusité comme élément traduisant ce caractère consciencieux).


Dans le cadre de cette approche, décrire la personnalité d'un individu, c'est décrire la position d'un individu sur chacun des ces cinq facteur de la personnalité, avec deux moyens mnémotechnique pour essayer de se souvenir au moins de la première lettre de ces cinq facteurs, soit à travers le mot OCEAN, soit CANOE.


La première étape est qu'on va décrire cinq grands facteurs de la personnalité. Le deuxième élément important par rapport à ce modèle (on y reviendra plus loin) est que chaque facteur va être décomposé en 6 sous-éléments et ces sous-éléments vont être appelés des facettes. Cela veut dire qu'à l'intérieur du névrosisme on trouvera six facette, à l'intérieur de l'extraversion, on retrouvera six facettes et ainsi de suite.


Description du modèle

Le «Big Five» est le modèle dominant depuis les années 1990. Ce qui fait que si on travaille dans le cadre de l'approche différentielle de la personnalité, on est quasiment obligé de faire référence à ce modèle et utiliser les questionnaires issus de cette perspective théorique, c'est devenu quasiment incontournable et les autres modèles (ceux de Cattell et Eysenck, par exemple, sont utilisés beaucoup plus rarement).


Ce modèle s'inscrit dans la perspective [¿nomothétique], c'est-à-dire qu'il vise à expliquer les différences individuelles. Le but n'est pas de comprendre la particularité d'un individu, mais d'organiser les différences interindividuelles, c'est à partir de cet objectif qui vise à étudier ces différences individuelles, que les auteurs, Costa et McCrae, vont arriver à l'idée qu'il y a cinq facteur permettant de différencier les individus les uns des autres.


Nous revenons sur les particules élémentaires, ici les éléments de base qui permettent de décrire un individu que sont ces cinq grands facteurs. Si on veut une lecture plus précise, on va descendre au niveau des facettes. Ce qui nous ramène sur un point important où on fait l'hypothèse que tout individu peut être qualifié/caractérisé sur ces cinq facteurs de personnalité (ou dimensions).


L'hypothèse est que ces cinq facteurs sont nécessairement présents chez tous les individus.


Cela nous permet de voir qu'on s'est «beaucoup» éloigné de la perspective d'Allport puisqu'il considérait que tous les facteurs n'étaient pas nécessairement présents chez les individus.


Dans la continuité de la perspective d'Eysenck, nous sommes définitivement dans une résolution dimensionnelle. La lecture typologique a été abandonnée: nous ne sommes pas introverti ou extraverti, nous ne sommes pas agréable vs désagréable, en fait à chaque fois on va avoir une perspective s'inscrivant sur une dimension continue et pour chacun de ces facteurs, l'objectif va être de situer l'individu par rapport à la distribution normale. À la suite de cela, à chaque ouverture, il sera dit au sujet que par rapport à ouverture, «tel est votre position par rapport à la distribution normale» et ce pour toutes les dimensions psychologiques.


Si ce modèle est devenu incontournable et dominant aujourd'hui, c'est aussi parce que quasiment tous les questionnaires et inventaires de personnalités utilisés finissent par arriver sur ces cinq facteurs. On verra que même Cattell avec ces 16 facteurs va s'approcher d'une perspective en cinq facteurs.


L'arguments de Costa et McCrae est de dire qu'ils ont raison de considérer que le modèle à cinq facteur est dominant, parce que quelque soit l'instrument (le questionnaire) utilisé, on arrive sur ces cinq facteurs. Ils sont donc réels dans ce sens qu'ils sont observés à partir de n'importe quel questionnaire de personnalité. Ce n'est donc pas lié à un seul questionnaire avec des biais éventuels qui pourrait y être associé.


Ce qui va finir de solidifier ce modèle et de let rendre incontournable est l'idée que ces cinq grands facteurs de la personnalité représenteraient une structure universelle. Ils seraient présent chez tous les individus de la planète. Pour eux, ces facteurs, reposent sur des bases biologiques et ils cherchent à définir quelles sont les bases biologiques, mais donc si nos comportements, si notre position sur un facteur dépend de structures biologiques, à partir du moment où la structure biologique est la même pour tous les individus, il est logique, pour eux, que tous les individus puissent être définis par rapport à ces cinq grands facteurs de la personnalité.


L'universalité de la structure viendrait en premier lieu du fait qu'elle se fait très tôt dans le développement, puisqu'à partir de l'âge de 10-11 ans, l'analyse des résultats factorielles aboutissent à l'existence de ces cinq grands facteurs de la personnalité. Pour eux le fait de mettre cela en évidence à partir de 10-11 ans et d'être stable jusqu'à la fin de la vie des individus, est un argument qui montre que ça représente bien l'organisation des différences interindividuelles et que ça le représente tout au long de la vie.


Ils ont bien entendu travaillé sur les groupes et le premier groupe est la distinction hommes/femmes, puisqu'il y a des variations sur la performance, mais ce qu'ils vont montrer c'est qu'indépendamment des niveaux hommes/femmes qui peuvent varier la structure, ce qui permet d'expliquer les différences individuelles, est exactement la même pour les hommes que pour les femmes. Donc ces cinq grands facteurs, on les observe aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Ce qui pour eux est cohérent puisque derrière il y a cette base biologique et que l'aspect biologique est similaire entre les deux sexes.


Ceci ne veut pas dire que les niveaux sont les mêmes chez les hommes que chez les femmes. Il y a des différences et le facteurs qui est souvent montré, est celui de névrosisme (d'instabilité émotionnelle) ou pour le facteur névrosisme on observe des différences pour les sexes. La conséquence est que lorsqu'on fait passer des questionnaires, on va avoir des barèmes différents entre hommes et femmes au niveau de la personnalité. On n'aura jamais ça sur tests d'intelligence.


Il y a eu un éclatement de l'échantillon hommes/femmes parce qu'il y a des différences de performances, de résultats sur les cinq grands facteurs.


L'étude à été étendus sur différentes populations (US, GB, puis francophones) et la conclusion est que c'est universel. Mais les critiques ont été immédiates, avec l'argument que ce sont des structures valable pour les pays industrialisés, les pays occidentalisés et que cela pourrait ne pas survenir pour d'autres pays. Depuis les études ont été étendues sur des populations africaines, asiatiques et océanique et quelque soit les pays et les continents on retrouve de manière systématique ces cinq grands facteurs. Pour Costa et McCrae c'est un argument de l'universalité de ces cinq facteurs de la personnalité.


Le dernier point à ce sujet sont les groupes cliniques. Il faut en effet démontrer, parce que ce n'est pas garanti à l'avance, que ces cinq grands facteurs de la personnalité sont aussi valable pour les différentes psychopathologies. La pertinence de ces cinq grands facteurs existe également chez les individus présentant une psychopathologie particulière.


En résumé:

  • Approche nomothétique: référence depuis les années 90
  • Perspective dimensionnelle
  • Mis en évidence à partir de différents instruments
  • Structure «universelle»:
    • Tout âge (à partir de 10-11ans)
    • Hommes - femmes
    • Différents groupes ethniques
    • Différents groupes cliniques
  • Base biologique


Caractéristiques

Ce qui explique l'utilisation de ces inventaires de personnalité dans les procédures de sélection dans les aspects de diagnostic ou de pronostic, c'est le fait que comme les tests d'intelligence, les résultats sur les inventaires de personnalité et donc la position des individus sur les cinq facteurs corrèle avec certaines activités tels que la réussite scolaire ou la sélection au niveau professionnel.


Ce qui va être fait est la chose suivante:

  • une entreprise a un poste à pourvoir
  • il faut définir le profile de personnalité souhaité
    • par exemple quelqu'un de plutôt extraverti, stable sur le plan émotionnel
  • la sélection consistant à trouver la personne qui «colle» le mieux au profil souhaité.


Les données montrent qu'il y a des relation et qu'il est possible de faire des prédiction à relativement long terme sur la base des résultats des inventaires de personnalité.


Finalement, parce que jusqu'à maintenant cela avait été séparé, on a de plus en plus de relation entre ces cinq grands facteurs et les troubles de la personnalité. Pour montrer en fait que le côté psychopathologique ne représente que la partie extrême de la normalité. On s'inscrit donc de plus en plus dans une vision considérant le côté pathologique comme n'étant que l'extrême de la normalité. Tandis qu'avant, normalité et pathologie étaient deux choses différentes qu'on ne pouvait pas mélanger.


En résumé:

  • Validité critérielle (prédiction) avec réussite et performance professionnelle
  • Relations entre Big five et troubles de la personnalité (axe II)


Névrosisme

(vs. stabilité émotionnelle)

  • Exemple d’items du [¿NEO-PI-R]:
    • Je me sens souvent inférieur aux autres
    • Lorsque je vis une période intense de stress, j’ai parfois l’impression que je vais m’effondrer
    • Je me sens souvent tendu(e) et agité(e)
    • Trop souvent, lorsque les choses vont mal, je me décourage et j’ai envie de tout laisser tomber
  • Scores élevés: hypervigilance, hypersensibilité, cognitions négatives sur soi, vulnérabilité au stress, perception de la menace


Figure 13. Propension à faire l’expérience d’émotions négatives.

Extraversion

(vs. Introversion)

  • Exemples d’items:
    • J’aime être entouré(e) de beaucoup de gens
    • Je suis une personne enjouée, pleine d’entrain
    • Je ris facilement
    • Je suis une personne très active
  • Comportement d’approche, hypersensibilité et réactivité aux stimuli agréables, éprouver des émotions positives, sensibilité à la récompense «affective»


Figure 14. Approche énergique face au monde social et matériel.


Ouverture à l'expérience

  • Exemples d’items :
    • Je suis intrigué(e) par les formes que je trouve dans l’art et la nature
    • Je goûte souvent des mets nouveaux ou étrangers
    • Je démontre une très grande curiosité intellectuelle
  • Intérêts ouverts, larges, rechercher et vivre des expériences nouvelles, curiosité, réactions à la nouveauté
  • Conformisme-conventionnel vs. Ouverture-curiosité


Fichier:Big-Five Ouverture à l-experience.gif
Figure 15. Étendue, profondeur, originalité et complexité de l’expérience et de la vie mentale.


Définitions:

  • assertivité, affirmation de soi, ce que l'individu est capable de montrer de soi
  • grégarité: aimer être entouré d'une foule de monde

Agréabilité

  • Exemple d’items :
    • J’essaie d’être courtois(e) envers tous ceux que je rencontre
    • Je préfère coopérer avec les gens plutôt que de rivaliser avec eux
    • La plupart des gens que je connais m’aiment bien
    • En général, j’essaie d’être attentionné(e) et respectueux(se)
  • Échanges interpersonnelles, relation avec autrui, altruisme, empathique, coopération (vs. personne indifférente ou insensible à autrui)


Figure 16. Orientation prosociale envers les autres.

Caractère consciencieux

(vs. impulsivité)

  • Exemple d’items :
    • Je garde propres et en ordre mes effets personnels
    • Je suis capable de me discipliner afin de m’acquitter de mes tâches à temps
    • Je vise la perfection dans tout ce que j’entreprends
  • Motivation, inhiber les impulsions ; organisation et persévérance dans les conduites dirigées vers 1 but lointain ; contrôle, planification, tenace, persévérante


Figure 17. Contrôle des impulsions socialement prescrites qui facilitent la tâche et le comportement dirigé vers un but.

Questionnaires

Le modèle de base est donc celui avec ses cinq grands facteurs et ses six facettes. Il existe un certain nombre d'instruments d'inventaire de personnalité et notamment celui qui est le plus utilisé est le NEO-PI-R. PI voulant dire «Personnality Inventory» (inventaire de personnalité) et R pour «Revised» (révisé) et il contient 240 questions. Il en existe une version française. Elle a été élaborée en 1998.


Il y a une évaluation des cinq facteurs (OCEAN) et il y a une évaluation de chacune des 30 facettes. Ceci permet de situer une personne ayant subit le test non seulement sur chacun des cinq facteurs, mais également.

Les réponses sont données sous forme d'échelle passant par «Fortement en désaccord», «En désaccord», «Neutre», «En accord» et «Fortement en accord». Pour l'analyse, les réponses sont transformées en points (forme numérique) correspondants allant de 5 à 1[1]. Ces notes vont être transformées, non pas sur les moyennes QI qui sont sur une moyenne de 100 avec un écart-type de 15[2], mais des «Notes T» ayant une moyenne de 50 et un écart-type de 10[3][4].

Ce qu'il faut retenir c'est qu'on ne garde pas les valeurs brutes, mais il y a une transformation pour créer un nouveau barème. Dans ce sens, le QI est un barème particulier et le questionnaire de personnalité a son propre barème.

  1. À ce sujet, voir le cours IMAD...
  2. Noté (100, 15).
  3. Noté (50, 10).
  4. À ce sujet voir le cours IMAD...