Classe inversée

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Introduction

Définition

La classe inversée (Angl. flipped classroom) comme son nom l'indique consiste à inverser les activités d'enseignement habituellement réparties entre la classe et le travail personnel des élèves à la maison. Ainsi, dans une classe inversée, les activités et exercices d'application sont réalisés en classe. Ces activités visent à approfondir des compétences spécifiques. Le cours dit magistral, les leçons sont exportés à la maison par l’apport de connaissances pures au travers de ressources variées. Ces ressources sont le plus souvent composées de vidéos faites par l’enseignant qui se filme lui-même ou bien au travers d’extraits de documentaires.

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Origines

Pour certains, cette méthode aurait été initiée et développée par Jonathan Bergmann et d’Aaron Sams tous deux enseignants de chimie à l’école secondaire Woodland Park (Colorado). En 2011, Salman Khan, fondateur de la Khan Academy, l'a fortement popularisé lors d’une « conférence TED » (Technology, Entertainment and Design) où il proposait l’utilisation de ses vidéos éducatives pour « inverser » les classes (SSFUS, 2011).

Pour d'autres, la création reviendrait à Eric Mazur, professeur de physique appliquée à l'Université de Harvard avec sa méthode d’enseignement par les pair-es sans aucun cours magistral ni même d'examens (No lectures, no exams).

Philosophie

Le modèle de la classe inversée permet une translation d’un modèle centré sur l'enseignant vers un modèle centré sur l’apprenant afin de répondre aux besoins individuels de chaque élève. L’idée de base est la suivante : « Il vaut mieux utiliser le temps de regroupement en classe pour interagir et travailler ensemble que de laisser une seule personne exposer, en l’occurrence le professeur » (Roussel, Aoun, Jacob, Teyssie, Galindo, 2014).

Ainsi, la transmission des connaissances peut s’appuyer fortement sur les outils technologiques et multimédias. Les plateformes d'enseignement à distance et les NTIC permettent à l’apprenant d’acquérir les connaissances de manière asynchrone et en autonomie. Le temps de classe favorisera et développera l'interaction et les échanges.

Fonctionnement

Un concept modulable

Il n'existe pas de modèle unique de classe inversée. Le concept est assez souple pour que chaque enseignant puisse l'adapter à ses besoins (par exemple pour certains cours spécifiques ou encore à certaines périodes clés de l'année scolaire).

Les éléments communs

Assimilation des connaissances hors de la classe :

  • Cela suppose un travail autonome de la part de l'élève pour acquérir des connaissances qui seront mobilisées par la suite en classe. L'enseignant doit donc mettre à disposition de l'élève des ressources qu'il consultera chez lui. Ces ressources peuvent prendre différentes formes (texte, présentation sous forme de slides, vidéo...).

Vérification de l'assimilation des ressources:

  • Elle peut se faire en classe ou à distance à l'aide de questionnaires ou exercices. Avant de commencer le cours, l'enseignant peut grâce à ce type de contrôle détecter les points qui sont source d'ambiguïté ou d'incompréhension pour les élèves.

La mise en pratique des connaissances en classe:

  • Les connaissances acquises hors du temps scolaire sont mises en pratiques en classe par des exercices, la résolution de problèmes.

Les apports des TICE

La mise en place d'un fonctionnement par classe inversée peut se passer de toute médiatisation. Cependant, l'enseignant peut mettre à disposition de ses élèves des vidéos traitant des concepts fondamentaux du cours ou pour faire une démonstration technique par exemple. Pour s'assurer de la bonne compréhension du matériel pédagogique, il peut soumettre aux élèves un questionnaire en ligne qui l'informera sur les points à reprendre en classe. L'élève a immédiatement un feedback sur son niveau de compréhension.

Ce qu'en disent les recherches académiques

Comme l’indique Roberge (2012) : « Si vous fréquentez les sites américains de pédagogie, vous aurez sans doute été surpris de constater l’engouement des enseignants pour le flipped learning, que l’on traduit par “apprentissage inversé”. La tendance est lourde et les articles sur le sujet attirent de nombreuses visites et presque autant de commentaires. » Jacob Bishop de la Utah State University et Matthew Verleger de la Embry-Riddle Aeronautical University en Floride ont mené une méta-analyse (24 études portant sur la classe inversée). Leur étude met en évidence que "la classe inversée combine les caractéristiques de plusieurs approches pédagogiques : la pédagogie active, la différenciation pédagogique, l’auto-apprentissage, l’apprentissage par les pairs, l’approche par résolution de problème ou l’apprentissage coopératif". Certes, le concept de classe inversée séduit bon nombre d'enseignants, mais les études portant sur son efficacité ne sont pas unanimes. Certaines études empiriques ne démontrent pas de "différence significative entre une approche traditionnelle et une approche inversée, comme le montre par exemple James Glynn de la Montana State University, qui a analysé une expérimentation de classe inversée en chimie au secondaire en 2013, d’autres données suggèrent que la classe inversée contribue de manière significative à l’amélioration des résultats des élèves. C’est du moins ce qu’affirme Katleen Fulton dans une expérience menée en mathématiques dans une école secondaire du Minnesota, en 2009". De plus, Eric Brunsell, professeur en sciences de l’éducation à l’Université du Wisconsin d’Oshkosh et Martin Horejsi professeur en technologie éducative et en sciences de l’éducation à l’Université du Montana de Missoula, indiquent que "20 à 30 % des élèves seulement visionneraient spontanément les vidéos proposées ; selon James Glynn, les élèves souhaiteraient même que leur classe de chimie ne soit que partiellement inversée. Autrement dit, si la classe inversée permet à l’enseignant d’être davantage en prise directe avec les éventuelles difficultés d’apprentissage de ses élèves pendant le temps de classe, il n’est pas dit que les élèves soient tous d’accord pour s’investir dans une démarche d’apprentissage en profondeur".

Les avantages constatés par les enseignants qui l'ont mis en place

Du point de vue des enseignants qui l'ont mis en place, la classe inversée semble offrir de nombreux avantages tant pour l'enseignant que pour l'élève. Cependant, il faut prendre en compte que certains facteurs peuvent accentuer ces effets positifs.

  • Un enseignement différencié: travaillant les cours magistraux à la maison, chaque élève peut donc progresser à son rythme. En classe, l'enseignant, s'il privilégie le travail en groupe, pourra aider les élèves individuellement. Multipliant les évaluations formatives, il procède à des remédiations au cas par cas et prépare ainsi mieux les élèves aux évaluations finales.
  • Meilleure gestion du temps: le temps d'habitude consacré aux cours magistraux sera dégagé pour les activités en classe. De plus les cours magistraux sont généralement "lassants" aussi bien pour l'enseignant que pour l'élève. Le temps de classe est donc plus dynamique et plus axé sur la compréhension et les approfondissements.

Les limites et critiques

Dans leur revue de littérature, Bissonnette et Gauthier (2012) avancent "qu’il est préférable de recourir à l’enseignement explicite auprès des élèves du primaire et du secondaire pour lequel nous disposons de nombreuses données probantes . Ainsi, à l’heure actuelle, il nous semble qu’il faille plutôt faire la classe à l’endroit qu’à l’envers!". Ces auteurs mettent en garde contre l'enthousiasme pour la méthode qui ne saurait être gage d'efficacité ainsi que ses limites. En voici quelques-unes :

  • Un marché avant tout: le développement de la classe inversée profite principalement à des sociétés éditrices de contenus numériques (MOOCS, capsules vidéo...).
  • Une distinction caricaturale du niveau des connaissances, ainsi qu'une dichotomie classe et hors classe. En effet, le fait de distinguer des connaissances de bas niveau et de haut niveau cognitif peut être assez caricatural, tout comme la répartition des tâches en classe et hors classe. L'objectif principal de l'enseignant est de faire réussir et progresser l'ensemble des élèves. L'inversion de la classe ne résout pas cette problématique.
  • Enseignement par capsule vidéo ou PowerPoint très magistral. En effet les cours sont tout de même présentés de manière très magistrale, parfois bien plus qu'en classe puisque la classe autorise l'échange et bénéficie de la dynamique de groupe. Comment s'assurer que les élèves s'imprègnent avec assiduité du contenu d'apprentissage mis à disposition par l'enseignant?
  • L'habileté numérique n'est pas synonyme d'efficacité. Certes, les élèves ont l'habitude d'utiliser les TICE mais pas forcement à bon escient pour apprendre.
  • Les élèves ne sont pas forcément autonomes. Les élèves n'ont pas toujours un ordinateur personnel ou accès à internet directement et en tout temps. Dans un contexte familial, il est possible de se demander en quoi les conditions seraient-elles plus favorables qu'en classe pour acquérir les connaissances...
  • Les limites de l'outil numérique: l'outil numérique peut être très pertinent pour un cours de géographie ou un cours de chimie par exemple. Cela peut toutefois être plus complexe pour un contenu comme la grammaire.

Exemples

Bibliographie