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Description

La recherche collaborative implique bon nombre d’acteurs issus de différents milieux en lien avec le sujet traité. Il en découle alors autant de points de vue, d’analyses et d’interprétations propres en fonction de son expérience et du contexte professionnel dans lequel on travaille. Les participants se retrouvent inévitablement confrontés à une dissonance entre les apports de chacun-e au sein de la recherche qui, d’une part, résulte en la création d’un espace interprétatif partagé, une forme de communication co-construite par les personnes qui collaborent pour se comprendre autour du même sujet. D’autre part, cette diversité initiale de discours invite à la mise en place, tôt dans la collaboration, d’une zone de discussion sécurisée dans laquelle une cohésion se crée entre les différents corps professionnels représentés et où tous les acteurs se sentent libres d’exprimer leurs idées.

Trois étapes

Zone sécurisée

La première étape de mise en œuvre consiste à établir une zone sécurisée et sécurisante pour les intervenant-e-s afin de promouvoir l’échange interdisciplinaire de connaissances métiers, d’expériences vécues, de contraintes ou d’ambitions. Cette zone permet aux participant-e-s de s’exprimer sans contraintes vis-à-vis de leur domaine de compétence, d’oser essayer de nouvelles approches méthodologiques (Ligozat et Marlot, 2016) et de contenir les discussions réalisées en son sein.

Zone d'intercompréhension

Au fil du temps et des réunions, la zone sécurisée va évoluer en une zone d’intercompréhension (Ligozat et Marlot, 2016), également appelée zone d’écotone (Vinatier, Morrissette, 2015), où les savoirs divergents des participant-e-s sont détaillés afin de partager l’opinion, la méthodologie ou les expériences de chaque corps de métier. L’objectif visé est que chaque acteur-rice puisse visualiser le point de vue des autres acteur-rice-s pour pouvoir participer en connaissance de cause à la collaboration issue de la prochaine étape.

Espace interprétatif partagé

Finalement, la résultante des étapes précédentes créé ce que que Ligozat et Marlot (2016) appellent l’espace interprétatif partagé où les intervenants, ayant pris connaissance et accepté leurs différences de savoirs, de cultures ou d’expériences collaborent à la coproduction et à la formalisation d’une nouvelle méthodologie, d’une nouvelle pratique ou d’un nouveau processus et son usage (Sennett, 2014).

Limites et désavantages

Ses espaces d’échange ne sont pas pour autant dépourvus de limites. On retrouve alors certaines questions qui pourraient se poser plus généralement à l’activité de la recherche collaborative. Se penchant plus particulièrement sur la communication au sein d’un groupe hétérogène, Lyet et Molina (2018) se demandent si les modes de socialisation différenciés des chercheurs-es influencent la régulation des débats dans le cadre de la recherche. Ce pourrait être le cas, par exemple, lorsqu’une personne détentrice d’un doctorat sur le sujet de recherche exprime une idée, souvent considérée implicitement plus légitime par le reste du groupe. Les espaces interprétatifs, aussi partagés soient-ils, peuvent encore présenter quelques formes de biais influençant les échanges.

Références

Ligozat, F. et Marlot, C. (2016). Un "espace interprétatif partagé" entre l'enseignant et le didacticien est-il possible? Etude de cas à propos du développement de séquences d'enseignement scientifique en France et à Genève. Dans Le partage des savoirs dans les processus de recherche en éducation. Raisons Éducatives (20), 143-164.

Lyet, P. & Molina, Y. (2018). Épistémologie éthique dans un espace interprétatif partagé et négocié. Le cas d'une recherche conjointe québéco-française. Recherches sociographiques, 59(1-2), 225–241. https://doi.org/10.7202/1051432ar

Sennett, R. (2014). Pour une éthique de la coopération. Paris: Albin Michel

Vinatier, I. et Morissette, J. (2015). Les recherches collaboratives : enjeux et perspectives. Carrefours de l’Education, (39), 137-170. https://doi.org/10.3917/cdle.039.0137