La pédagogie par le jeu

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L’histoire de la pédagogie par le jeu

La pédagogie par le jeu (en allemand « Spielpädagogik ») est un terme apparu avec Friedrich Fröbel dans la première moitié du 19ème siècle. Toutefois, dès la Renaissance, il est déjà question de « pédagogie du jeu » dont les précurseurs sont aussi bien des penseurs connus tels que John Locke et, plus tard, Friedrich Schiller que des philanthropes comme Pestalozzi (Heimlich, 1999).

La rétrospective historique sur la pédagogie par le jeu démontre que la signification du jeu au sens pédagogique dépend fortement des époques et de leur société. Déjà à l’Antiquité, l’Homme s’est penché sur la notion de « jeu ». Nous n’avons en effet aucune preuve que l’homme s’en soit préoccupé auparavant, durant la préhistoire par exemple. Néanmoins, Heimlich (1999) soutient l’idée que l’Homme a toujours joué. Pour lui, la pédagogie par le jeu n’a pas de point zéro. Il explique cependant que le jeu ne peut débuter que lorsque l’Homme peut se détacher des problèmes du quotidien, tels que ceux de survie, et les vivre en arrière plan.

Les premiers écrits portant sur le jeu et l’éducation sont apparus en Grèce antique avec Platon et son livre « La République » (Schröder, 1980). En effet, il y reconnaissait la nécessité du jeu dans le développement de l’enfant (Platon, cité par Heimlich, 1999). Cette idée a ensuite été partiellement reprise par les Romains, en introduisant des jeux (en particulier de nature sportive) dans l’enseignement. Ainsi, Platon avait déjà réfléchi à l’importance du jeu dans l’éducation. Cependant, selon Heimlich (1999), ses considérations ne furent pas concrètement appliquées dans l’éducation des enfants à l’époque athénienne.

Au début du Moyen Âge, la société était fortement influencée par l'Église, qui tentait d'interdire le jeu, non seulement dans les institutions chrétiennes, mais également dans la société en général. Comme cette interdiction s’est finalement révélée inefficace, le jeu a été inclus dans l'éducation (Heimlich, 1999). Au début du XVe siècle, Vittorino da Feltre développa un pensionnat appelé "casa giocosa" (école joyeuse), dans lequel le jeu jouait un rôle important dans l'éducation scolaire (Heimlich, 1999). Selon Schröder (1980), le jeu est intégré à l’éducation à partir de la Renaissance. Plus tard, au 17ème siècle, des penseurs comme le philosophe John Locke commencent à intervenir dans les jeux d’enfants voire même à créer des jeux avec des objectifs d’apprentissage spécifiques.

Entre le 18ème et le 19ème siècle, de nombreuses théories à propos du jeu de l’enfant se sont développées. La plus marquante est certainement celle de Friedrich Fröbel qui place le jeu au centre de sa pédagogie. Fröbel est également considéré comme le fondateur du premier jardin d’enfants et développa de nouveaux moyens de jeux qui, encore aujourd’hui, sont la base de nos jeux de construction (Heimlich, 1999).

A la fin du 19ème siècle un nouvel élan est insufflé à la pédagogie grâce à Maria Montessori et Rudolf Steiner qui ont laissé une place de choix au jeu dans leurs propres écoles. Même si la pédagogie par le jeu n’est pas au centre de leur théorie, il s’agit à ce moment d’une première institutionnalisation de ce concept en milieu éducatif (Heimlich, 1999). Depuis le 20ème siècle, de nombreux théoriciens comme Wolfgang Einsiedler, Urlich Heimlich, Karl Jospeh Kreuzer et d’autres se sont intensivement intéressés au sujet de la pédagogie par le jeu. Comme le démontre les nouveaux plans d’études et moyens d’enseignement scolaire, la pédagogie par le jeu devient de plus en plus importante dans notre société.

Le développement du jeu chez l’enfant

Selon Tücke (2007), le jeu, à côté du sommeil, est non seulement l'activité la plus fréquente de l'enfant, mais également la plus importante pour son développement. Depuis sa naissance, l'enfant est en contact permanent avec son environnement, que ce soit des objets ou des personnes. Ainsi, en grandissant, ce contact offre de plus en plus de situations d’apprentissage et de jeu. Au cours de sa vie, l’enfant va donc développer différentes formes de jeu décrites ci-dessous.

Les formes de jeux

Les formes de jeux est une thématique abordées par différents théoriciens tels que Piaget, Bronfenbrenner, Schmidtchen & Erb[1] ou encore Charlotte et Karl Bühler. Malgré des différences dans la structure des modèles, le contenu se chevauche sur les points les plus importants. Les théoriciens s'accordent à dire que les différentes formes de jeu apparaissent en parallèle sans que l’une ne remplace l’autre. Au contraire, elles se développent côte à côte voire même découlent l’une de l’autre. Les premières formes de jeu pour enfants sont également des éléments de base importants pour le développement de formes plus complexes. Ainsi, un jeu de construction sans phase préalable d'exploration serait inconcevable (Heimlich, 1999).

La description des formes de jeu proposée ci-dessous se réfère principalement à celles énumérées dans le magazine suisse-allemand "4 bis 8". Celle-ci représente une approche suisse utilisées dans les écoles et s'appuie sur la théorie d'Oerter (2008, citée dans Wannack, Arnaldi et Schütz, 2009). Cette théorie propose cinq formes de jeu.

Jeux exploratoires

Les jeux exploratoires sont aussi appelés moteurs ou sensorioteurs (Wannack et al., 2009). Il s'agit de l'exploration par le mouvement de son propre corps, d'objets et de leurs propriétés. Un bébé par exemple découvre par exemple que son doigt devient mouillé lorsqu'il 'insère dans sa bouche. Plus âgé, un enfant remarquera, en explorant son environnement, qu'une balle en mousse est différente d'une balle en bois de la même taille par exemple.

Jeux de construction

Les jeux de construction sont des activités dans lesquelles l'aspect créatif et le processus sont au premier plan (Heimlich, 1999). Selon Wannack et al. (2009), ces jeux font référence à des produits finis fabriqués à l'aide d'objets. Dans un jeu de construction, l'enfant s'intéresse au matériel et aux outils en les manipulant. Les Kappla (blocs de construction plats en bois rectangulaires) ou encore les parcours de billes sont des exemples de jeux de construction.

Jeux symboliques

Les jeux symboliques sont des jeux de fiction, de faire semblant. Leur caractéristique réside dans le fait que les objets sont détachés de leur rôle principal et reçoivent un nouveau sens. Un morceau de papier par exemple devient un bateau, ou des branches sont transformée en personnage (Tücke, 2007). Selon Wannack et al. (2009), il s'agit également d'une représentation des actions de l'environnement social de l'enfant comme dans les jeux d'imitation et de monde imaginaire (playmobile par exemple).

Jeux de rôles

Les jeux de rôle représentent la continuité du jeu de symboliques. Ils nécessitent nécessitent des compétences sociales et cognitives plus élevées car les enfants doivent davantage collaborer (Wannack et al, 2009). D'une part, il est important de prendre des rôles, d'autre part, il est également nécessaire qu'un cadre de jeu soit mis en place de telle sorte à ce que les objets et les camarades assument également une fonction bien définie (Tücke, 2007). Un exemple est le célèbre coin de poupée, où les enfants jouent à papa et à maman.

Jeux de règles

Dans cette forme de jeu, le respect des règles est essentiel. Il s'agit par exemple de jeux de société, de jeu de carte ou encore de sport. La caractéristique des jeux de règles est la comparaison des performances grâce à une dynamique compétitive (Tücke, 2007, Wannack et al., 2009). Cela mène à développer des stratégies qui parfois sont en dehors des règles et considérée alors comme de la triche (Heimlich 1999).

La notion de « jeu »

Le jeu et l’école

Bibliographie

Heimlich, U. (1999). Einführung in die Spielpädagogik. Bad Heilbrunn: Klinkhardt.

Schröder, B. (1980). Kinderspiel und Spiel mit Kindern: eine Dokumentation. München:Deutsches Jugendinstitut.

Tücke, M. (2007). Entwicklungspsychologie des Kindes- und Jugendalters für (zukünftige) Lehrer (3. Aufl.). Berlin ;Münster: Lit.

Wannack, E., Arnaldi, U., & Schütz, A. (2009). Das freie Spiel im Kindergarten. 4 bis 8, (11).

Références

  1. Schmidtchen, S., & Erb, A. (1976). Analyse des Kinderspiels : E. Überblick über neuere psycholog. Untersuchungen. Köln: Kiepenheuer und Witsch.