Réforme de l'orthographe
Introduction
La question de la langue est souvent sujette à de nombreux débats. En 1990, le Conseil Supérieur de la langue française a essayé d’instaurer une réforme de l’orthographe qui avait été, par ailleurs, validée par l’Académie française. Cette réforme avait pour but de simplifier l’orthographe de certains mots pour« alléger » les difficultés d’apprentissage, être plus fidèle à la prononciation ou bien corriger certaines anomalies. Elle a été appliquée pour de bon en septembre 2016 dans les manuels scolaires, en même temps que la réforme des collèges.
Ce sujet fait couler beaucoup d’encre : il divise tant les personnes qui sont chargées de l’enseignement de l’orthographe que, au grand étonnement de tous, ceux même qui l’ont approuvée : l’Académie française. Nous dressons ici un inventaire des changements acceptés en 2016 des mots qui sont touchés par cette réforme .
Les changements dans les grandes lignes
- Avant de débuter cet inventaire, il faut préciser que, contrairement à ce que la majorité des gens pensent, l’acception de la nouvelle orthographe de certains mots due à la réforme n’exclue pas l’autre : on pourra continuer à écrire « nénuphar » avec ph, tout comme « nénufar » avec f, qui sera désormais aussi accepté. Le changement instauré par la réforme pour ce mot, par ailleurs, est dû à une erreur étymologique des anciens : ils ont cru que le mot « nénuphar » venait du latin nymphea (nom donné à diverses plantes d’eau), mais nénuphar (selon les étymologistes d’aujourd’hui) serait en réalité emprunté de l’arable nainufar issu du sanskrit nilotpala (« lotus bleu »). *Outre les rectifications étymologiques, la réforme de l’orthographe permet aussi, pour certains mots, d’être plus fidèles à la prononciation : ainsi, « oignon » peut maintenant s’écrire sans le i, devenant ainsi « ognon ».
- Afin de régulariser leur orthographe, certains mots s’écrivant avec un accent grave peuvent désormais s’écrire avec un accent aigu. En réalité, une réforme de l’orthographe datée de 1878 avait déjà remis en question l’usage des accents aigus et graves. Le mot « avénement », par exemple, qui était autrefois orthographié avec l’accent aigüe, s’est transformé en « avènement » avec l’accent grave. *D’autres mots ont ainsi suivi le mouvement : « siége » est ainsi devenu « siège », « collége » s’est transformé en « collège », et ainsi de suite. Le mot « événement » a quant a lui réussi à échapper à la réforme de 1878 : voilà pourquoi la 2ème orthographe « évènement » est aujourd’hui acceptée. Le remplacement de l’accent grave par l’accent aigüe s’applique aussi aux verbes au futur et au conditionnel, selon le modèle du verbe « céder ».
- Les numéros composés s’écrivent quant à eux désormais toujours avec le trait d’union ; cela afin de rendre la graphie des numéros homogène. Le problème du trait d’union a été beaucoup allégé avec cette réforme : on soude les mots composés qui commencent par des mots comme extra,intra,infra,ultra, contr(e), ou encore entr(e). *Les mots composés contenant des éléments « savants » comme hydro, socio, sont eux aussi soudés. *Enfin, des mots d’origine étrangère qui s’écrivaient jusqu’ici en deux mots comme « week-end » peuvent désormais s’écrire sans espace (weekend). Il en est de même pour les onomatopées : « tic-tac » pourra ainsi s’écrire « tictac ».
- Toujours sur le même point, l’accord des mots composés a lui aussi été modifié. Désormais, dès qu’un mot composé est au pluriel, le second mot peut aussi s’écrire au pluriel. Ainsi, un « après-midi » devient au pluriel « des après-midis », un « compte-goutte » des « compte-gouttes », et ainsi de suite. Cette rectification permet de supprimer des incohérences : la logique n’explique pas pourquoi dans l’orthographe actuelle, par exemple, on écrit un « cure-dent » mais « un cure-ongles ».
- Un autre changement qui a offusqué bon nombre de personne est celui de l’accent circonflexe : des rumeurs disaient que celui-ci allait être définitivement supprimé. Or, il n’en est rien : il est bien maintenu sur les voyelles « a », « e » et « o » et devient facultatif sur le « i » et le « u », sauf lorsqu’il marque une distinction de sens. Ainsi, on peut désormais écrire « s’entrainer » ou « croute » sans accent circonflexe, mais on doit le laisser sur les mots « jeûne », « dû », « mûr », « sûr » afin de les différencier des homonymes jeune, du, mur et sur.
- Le tréma subit lui aussi un changement : il est déplacé sur le « u » dans certains mots et est ajouté dans d’autres (lorsqu’il y la graphie –güe ). « Aiguë » peut maintenant s’écrire « aigüe », ambiguë devient « ambiguë », et arguer s’est changé en « argüer ». Ajouter le tréma permet de prononcer correctement le mot, tandis que le déplacer facilite la lecture.
- La seule règle grammaticale modifiée dans cette réforme est celle du participe passé du verbe laisser : comme celui du verbe faire, il devient désormais invariable. Ainsi, « elle s’est laissée mourir » devient « elle s’est laissé mourir ». D’autres modifications sont appliquées (en tout 2400 mots sont touchés, soit 4% du lexique) : « boursoufler », par exemple, devient ainsi « boursouffler ».
Précisions autour du changement
La réforme de 1990 appliquée - pour de bon - en 2016 a pour but d'améliorer la performance de certains écoliers en dictée. Par ailleurs, des sondages effectués auprès de la population montrent clairement une opposition à cette réforme car, pour bon nombre des personnes, la réforme de l’orthographe conduit à un véritable appauvrissement du français. L’accent circonflexe, par exemple, est la plupart du temps un vestige étymologique du « s » qui a disparu avec l’évolution de notre langue. Un professeur de lettres classique fait aussi le parallèle avec les dates de l’histoire de France : est-ce qu’on les suppriment sous prétexte qu’elles sont difficiles à retenir ? Non, et il devrait en être de même pour l’orthographe. Concernant un des buts de cette réforme (simplifier la langue), certains s’exclament même en disant qu’au lieu de surmonter un obstacle, on l’élimine. D’autres encore dénoncent l’illusion de cette réforme de l’orthographe : elle ne va pas pallier la véritable source du problème. Mais quelle est-elle justement ? Le langage SMS et les fautes que nous lisons tous les jours, comme mentionnés dans l’introduction dans ce travail, y contribuent certainement. Les avis divergent, mais on sait en tout cas que cette réforme pose quelques soucis. Outre l’appauvrissement du français ou le relâchement face à la difficulté se pose aussi le problème de l’enseignement : on met les écoliers encore plus en difficulté en émettant deux possibilité d’orthographier tel ou tel mot, car cette réforme n’est pas appliquée par tous. Une enseignante peut, par exemple, choisir d’accepter les deux tandis qu’une autre – qui serait réfractaire à la réforme - pourrait rester accrochée à la graphie dite « classique ». Enfin, si cette réforme touche les manuels scolaires en France, il faudrait aussi que la nouvelle orthographe des mots soit mentionnée dans ceux des autres pays francophones, au risque de causer une discordance dans l’enseignement de l’orthographe de la langue française qui fragiliserait l’apprentissage de la langue de Molière pour les jeunes écoliers. Une chose est sûre : les rectificateurs d’orthographe, eux, acceptent – pour le moment – encore les deux graphies pour les mots touchés par la réforme.
Références
• CHERVEL André, L’orthographe en crise à l’école, Paris, Retz, 2008.
• Conseil supérieur de la langue française (1990). Les rectifications de l’orthographe. Journal officiel de la République Française, édition des documents administratifs. Revue électronique. Disponible sur : [1]. Consulté le 6 octobre 2016.
• DEBORDE, Juliette (2016). Réforme de l’orthographe : ce qui change vraiment. Libération. Disponible sur : [2]. Consulté le 8 octobre 2016.
• DEVELY Alice, Que cache la réforme de l’orthographe. Le Figaro. URL : [3]. Consulté le 4 octobre 2016.
• MEYLAN, Odile (2001). La réforme de l’orthographe fait un tollé sur le Web. Tribune de Genève. Disponible sur : [4]. Consulté le 6 octobre 2016.
• MEYLAN Odile, « Ognon » et « nénufar » : des profs genevois réagissent. Tribune de Genève Disponible sur : [5]. Consulté le 8 octobre 2016.