Objets frontière

De EduTech Wiki
Aller à la navigation Aller à la recherche


Cet article est en construction: un auteur est en train de le modifier.

En principe, le ou les auteurs en question devraient bientôt présenter une meilleure version.







Resumé - Abstract

à faire

mots clé : objet-frontière, boundary object

Historique et contexte

Le terme d’objet-frontière est apparu pour la première fois dans une étude de Suzan Leigh Star et de James Griesemer, publiée en 1989, qui traitait des mécanismes de coordination du travail scientifique. Dans cette recherche ils montrèrent comment un chercheur, en l’occurrence John Grinnel, avait pu faire coopérer des acteurs d’horizons disparates autour de la création du Musée de Zoologie Vertébrée de l'Université de Californie à Berkeley. Les acteurs impliqués étaient les administrateurs de l'université voulant un musée de portée nationale, les collectionneurs amateurs soucieux de la flore et faune de Californie, les trappeurs à la recherche de fourrures et chargés de capturer des animaux dans des conditions déterminées, les fermiers chargés de recueillir dans des formulaires préétablis les informations sur le milieu de vie des animaux, Annie Alexander intéressée dans l'éducation et la conservation du patrimoine et bien sûr Joseph Grinnel voulant démontrer sa théorie sur la sélection naturelle. Il était parvenu à intéresser tous ces différents acteurs à ses travaux, et ceux-ci contribuèrent à ses recherches tout en servant leurs propres intérêts. Pour les convaincre il a su respecter et intégrer leurs représentations.

Les auteurs de l’étude, en observant comment ces différents mondes sociaux hétérogènes collaboraient et communiquaient, ont montré que cette coopération se réalisait autour d’ « objets » communs, qu’ils ont appelé les « objets frontière ». Elle n’a pu être efficiente qu’au prix d’une « réconciliation » autour de la signification d’une même chose dans des mondes différents. Star et Griesemer distingueront dans ce travail quatre types d'objets- frontière : les dépôts d'objets standardisés (bibliothèques, musées), les idéaux-type (une espèce animale ou un diagramme schématisé par exemple), les frontières coïncidentes (ce qui permet de partager un réfèrent commun pour un travail réparti sur un espace géographique sans que le contenu soit nécessairement identique pour tous - l'exemple de la carte par rapport au territoire illustre un tel travail de symbolisation utilisable par tous) et enfin les formes standardisées.

Ainsi, ce que démontre cette étude, c’est que le travail scientifique mobilisant des acteurs ayant des intérêts divergents requiert une importante, inévitable et indispensable coopération qui sera l’objet d’une « tension centrale entre les points de vue divergents et le besoin de découvertes généralisables » et que cette coopération n’existera que si un travail de « traduction » des divergences est réalisé. Ce travail s’effectuera à travers une standardisation des méthodes (une sorte de langage commun minimal) et le développement d’objets frontière.

L’étude de Star et Griesemer, s’inscrit dans le courant interactionniste symbolique, fondé par Mead et Simmel puis développé par Bateson et Goffman. Ce courant postule que l’interaction est au centre des phénomènes sociaux et que le langage et les représentations symboliques en sont les outils. Ainsi lorsque nous sommes en interaction avec quelqu’un nous orientons notre conversation en fonction de ce que nous nous représentons de cette personne et non en fonction de ce que les choses sont réellement. On comprend donc à la lumière de cette théorie, l’importance, notamment dans le champ d’études ou de projets interdisciplimaires, d’avoir des objets ayant des significations stables et partagées, servant de base à la poursuite d’un objectif commun.

Ce concept d’objets-frontière est à replacer dans un contexte théorique plus large faisant référence à la théorie des acteurs réseaux (ANT) qui prend en compte dans son analyse, au-delà des humains, les objets (« non-humains ») et les discours, permettant ainsi de sortir d’un dichotomie social/technique ou humain/non humain. Dans cette proposition, le « réseau » est pensé comme une « méta-organisation » rassemblant des humains et des « non-humains » lesquels agissent comme médiateurs ou intermédiaires les uns avec les autres.

Définition et enjeux

L’objet-frontière revêt des caractéristiques diverses, il peut être abstrait ou concret, matériel ou conceptuel, général ou spécifique. Même s’il est très spécifique à une discipline, il aura suffisamment de caractéristiques reconnaissables par d’autres groupes, ce qui présuppose que les différents groupes l’utilisant auront un socle minimum de connaissances communes, de manière à donner la même interprétation à l’objet. Il est à la fois suffisamment « plastique » pour s’adapter aux besoins et aux contraintes des acteurs qui les emploient et suffisamment « robuste » pour maintenir une signification commune de l’objet pour tous les acteurs.

L’objet-frontière devient alors un outil d’intercompréhension et de coopération permettant d’éviter ou de minimiser les conflits étant donné qu’il pose un socle commun irréductible entre les différentes parties. En France, c’est P.Flichy qui a fait connaître cette notion dans le cadre de sa théorie de l’innovation où il explore la diversité des relations entre technique et social. Flichy a élaboré l’idée d’un passage de l’objet-valise à l’objet-frontière : « L’objet-valise correspond à une phase d’indétermination dans les choix technologiques. Une large gamme de possibles reste ouverte, tant au niveau du cadre de fonctionnement qu’à celui du cadre d’usage. Il s’agit alors de lever les ambiguïtés, de dissiper les confusions, de définir un objet au contour plus précis, de passer de l’utopie à la réalité, de l’abstraction à la concrétisation, de construire un objet frontière (…). Les objets frontières replacent la décision dans des mondes réduits, simplifiés, ils listent les points sur lesquels la décision peut porter ou s’appuyer ». Ce passage d’objet valise à objet frontière se fait, selon lui, sur un mode imaginaire dont témoigne un discours idéologique l’accompagnant (exemple les "autoroutes" de l’information ) alors que l’objet n’est encore qu’en construction.

Recherches récentes

Critique de la littérature

Objet-frontière et seniors

L'avis d'un chercheur

Conclusion

Biblio-Weblio

  • Star S.L., Griesemer J. (1989), “Institutionnal ecology, ‘Translations’, and Boundary objects: amateurs and professionals on Berkeley’s museum of vertrebate zoologie”, Social Studies of Science
  • Trompette P. et Vinck D., Retour sur la notion d’objet-frontière, Revue d'anthropologie des connaissances 2009/1, Vol. 3, n° 1, p. 5-27.
  • Vinck D., De l’objet intermédiaire à l’objet-frontière. Vers la prise en compte du travail d’équipement, Revue d'anthropologie des connaissances 2009/1, Vol. 3, n° 1, p. 51-72.
  • Granjou C. et Mauz I., Quand l’identité de l’objet-frontière se construit chemin faisant. Le cas de l’estimation de l’effectif de la population de loups en France, Revue d'anthropologie des connaissances 2009/1, Vol. 3, n° 1, p. 29-49.
  • Meyer M., Objet-frontière ou Projet-frontière ?. Construction, (non-)utilisation et politique d’une banque de données, Revue d'anthropologie des connaissances 2009/1, Vol. 3, n° 1, p. 127-148.
  • Flichy P. L'innovation technique. Récents développements en sciences sociales - vers une nouvelle théorie de l'innovation p 298