« Aspects émotionnels de la visioconférence » : différence entre les versions
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Par exemple, telle personne transpirera par crainte, telle autre aura ses pupilles dilatées par amour, ou une autre aura un cœur qui bat rapidement par colère. Ces fonctions ne sont pas prises en charge par les régions corticales, qui sont entre autres le siège de la raison, du calcul et du langage verbal. Les influx nerveux s’y propagent par quantas d’information déclenchés par des potentiels d’action, selon le principe du tout ou rien. La transmission de l’information biologique dans le corps se fait donc analogiquement (ex les hormones) ou digitalement (les influx neuronaux). | |||
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Par analogie, dans la communication, tout comme dans les médias informatiques, on peut désigner des objets de deux façons différentes : soit par quelque chose qui ressemble à un dessin ou une image (l’analogique), soit par un nom (le digital). Les émotions étant de l’ordre neurovégétatif se transmettent par le canal visuel et par l’intonation de la voix. Elles concernent donc la communication analogique ou non-verbale, comme le dénote Watzlawick (1972) ; et elles peuvent aussi être véhiculées par la visioconférence. | |||
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D’autre part, tout comme le système neurovégétatif est en interaction avec le système cortical, ou tout comme les émotions le sont aussi avec la cognition, la communication non-verbale l’est également avec ce qui est dit par la parole. Dans ce contexte, elle rempli les fonctions suivantes de complémentarité avec la communication verbale, comme l’illustre ci-dessous Knapp (1978) : | |||
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Version du 22 décembre 2010 à 08:46
HISTOIRE ET CONTEXTE
Comme le remarque Birrien (1992) dans son ouvrage moderne d'histoire, à partir des années quatre-vingt, l’outil informatique est devenu plus accessible aux profanes avec l'arrivée des micro-processeurs. Dans les années nonante un tournant arrive avec la convergence de l'informatique, de l'Internet et des télécommunications d'où émergent les technologies de l'information et de la communication. Aujourd’hui, grâce à la miniaturisation poussée des microprocesseurs, certains moyens de communication à distance se rapprochent de plus en plus de la communication face à face. La visioconférence est par exemple un moyen médiatique qui se caractérise par la transmission à distance, interactive et synchronique, d’informations visuelles et auditives (les images et le son) d'un site vers un ou plusieurs autres.
Elle permet donc aux utilisateurs d’exprimer leurs émotions par le biais du multimédia. C’est un plus. L’utilisateur prend en effet mieux conscience par ce biais de la présence sociale de l’autre. C’est pourquoi, il est pertinent de se pencher plus en détails sur l’aspect émotionnel de la visioconférence, d’en définir les concepts principaux et d’en mettre en évidence les enjeux, notamment ceux pédagogiques.
DEFINITION ET CONTEXTE
La visioconférence
La visionconférence est une situation de communication médiatisée essentiellement par des moyens informatiques ou technologiques regroupant la vidéo et l’audio, ceci synchroniquement et par le multimédia. On peut la différencier ainsi de la communication face à face, comme schématisé ci-dessous.
Elle permet donc aux utilisateurs d’exprimer leurs émotions par le biais du multimédia. C’est un plus. L’utilisateur prend en effet mieux conscience par ce biais de la présence sociale de l’autre. C’est pourquoi, il est pertinent de se pencher plus en détails sur l’aspect émotionnel de la visioconférence, d’en définir les concepts principaux et d’en mettre en évidence les enjeux, notamment ceux pédagogiques.
En comparant ces deux schémas on observe que la situation de communication médiatisée par visioconférence s’approche de plus en plus de la situation naturelle en face en face, avec toutefois des différences notoires répertoriées ci-dessous :
VISIOCONFERENCE
- L’émetteur et le récepteur ne sont pas tout deux immergés dans un environnement physique commun. L’émetteur et le récepteur peuvent par contre partager un même contexte de type verbal (contextes des mots).
- La syncrhonicité des échanges dépend des possibilités technologiques.
- La vision de l’autre est limitée par la taille de l’écran.
- La perception de l’autre a lieu par le biais d’un écran plat. De ce fait, la perception dans l’espace en 3D impliquant des mécanismes d’orientation et de localisation est fortement limitée.
- La netteté et les détails perçus dans l’écran dépendent de la technologie. Ils sont normalement moins clairs et détaillés qu’en situation face à face.
- Le sentiment de présence de l’autre est moins prégnant, même s’il existe vraiment.
- La communication est multimodale et synchronique, on peut y adjoindre des processus assynchrones
- Les échanges verbaux sont plus formels et fréquents de part la formalisation informatique.
- Le contexte et l’environnement physique sont communs à l’émetteur et au desintaire. Ils sont tous deux immergés complètement dedans.
FACE A FACE
- Le contexte et l’environnement physique sont communs à l’émetteur et au desintaire. Ils sont tous deux immergés complètement dedans.* Les interactions se font naturellement en temps réel.
- La vision de l’autre est limitée à la perception physiologique de chacun.
- La perception de l’autre se fait dans un espace en trois dimensions, impliquant des mécanismes d’orientation et de localisation dans l’espace. Les sont perçus, les gestes et les mimiques ont ainsi plus de profondeur.
- En situation face à face, la vision des choses et des êtres vivants est habituellement claire, détaillée et poignante.
- Le sentiment de présence de l’autre est très prégnant.
- La communication est multimodale et synchronique.
- Les échanges verbaux sont moins formels et fréquents. Souvent les émotions peuvent prendre le dessus sur la cognition.
Le côté émotionnel de la visioconférence
Vu ce qui précède, on peut conclcure que la visioconférence permet d’exprimer et de percevoir des émotions plus facilement, que d’autres moyens de communciation basés uniquement sur l’audio, l’image statique ou le texte sur écran.
Pour David et Myers (2004) l’émotion est pertinemment une « réponse de l’ensemble de l’organisme qui met en jeu : " réponse de l’ensemble de l’organisme qui met en jeu :
- une activation physiologique
- des comportements expressifs et
- des expériences conscientes."
Les émotions ont donc une dimension physiologique (ex. sueurs, larmes, grimaces, battements du cœurs, respirations courtes, rires, pupilles dilatées, etc.), mais aussi une dimention cognitive dans biens des cas. De plus, elles impliquent souvent des interprétations subjectives liées à la situation et au contexte. Par exemple, si quelqu’un entend un dimanche soir des bruits anormaux dans sa maison, cela peut l’effrayer. Cependant, une autre personne pourrait avoir une tout autre réaction, même pas d’émotions en fait, sachant que c’est habituellement son chat qui entreà la maison à ce moment précis de la journée. L’émotion dépend donc souvent du cadre d’interprétation du sujet et de la situation dans laquelle il se trouve. Trancher qui vient avant, l’émotion ou la cognition, n’est pas l’objet du présent développement. Il est pertinent par contre d’avancer, comme le notent Polkar et Kistler (2003), que les émotions sont reconnaissables et communicables universellement par l’intermédiaire des expressions faciales. Matsumoto et Ekman (1989) en dénotent six essentielles et universellement reconnaissables, soit positives, soit négatives, c’est-à-dire le dégoût, la colère, la peur, le bohneur, la tristesse et la surprise :
Il y tout de même une part de subjectivité dans la perception des émotions, puisque Pollak et Kistler (2003) ont observé que les enfants ayant subis des sévices corporels perçoivent plus intensément la colère sur des photos d’hommes. Pour conclure, on peut déduire que puisqu’il est possible de percevoir des émotions sur des photos, ceci l’est également par l’intermédiaire de la visioconférence. Guichon (2009) s’est par exemple penché sur les émotions et leur expression dans des séquences pédagogiques utilisant justement la visioconférence. Il est donc pertinent également d’appréhender dans ce qui suit comment les émotions se communiquent par ce biais.
Les fonctions communicatives de l’émotion dans la visioconférence
Premièrement, comme le note Watzlawick (1972), les émotions concernent principalement le système neurovégétatif. En effet, dans le corps humain, les noyaux végétatifs communiquent en envoyant dans la circulation sanguine des quantités discrètes de substances spécifiques, comme des hormones, qui modulent l’expression des émotions. En voici les différents centres et leurs rôles dans la modulation des émotions schématisés dans ce tableau de David et Meyer (2004) :
Par exemple, telle personne transpirera par crainte, telle autre aura ses pupilles dilatées par amour, ou une autre aura un cœur qui bat rapidement par colère. Ces fonctions ne sont pas prises en charge par les régions corticales, qui sont entre autres le siège de la raison, du calcul et du langage verbal. Les influx nerveux s’y propagent par quantas d’information déclenchés par des potentiels d’action, selon le principe du tout ou rien. La transmission de l’information biologique dans le corps se fait donc analogiquement (ex les hormones) ou digitalement (les influx neuronaux).
Par analogie, dans la communication, tout comme dans les médias informatiques, on peut désigner des objets de deux façons différentes : soit par quelque chose qui ressemble à un dessin ou une image (l’analogique), soit par un nom (le digital). Les émotions étant de l’ordre neurovégétatif se transmettent par le canal visuel et par l’intonation de la voix. Elles concernent donc la communication analogique ou non-verbale, comme le dénote Watzlawick (1972) ; et elles peuvent aussi être véhiculées par la visioconférence.
D’autre part, tout comme le système neurovégétatif est en interaction avec le système cortical, ou tout comme les émotions le sont aussi avec la cognition, la communication non-verbale l’est également avec ce qui est dit par la parole. Dans ce contexte, elle rempli les fonctions suivantes de complémentarité avec la communication verbale, comme l’illustre ci-dessous Knapp (1978) :
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