« Objets frontière » : différence entre les versions
Ligne 55 : | Ligne 55 : | ||
L’auteur nous explique que la coopération entre les parties prenantes d’un dispositif de formation à distance (stagiaires, intervenants, tuteurs, administratifs, direction académique, entreprises ..) ne sera possible que s’il y a « traduction » des points de vue divergents pour permettre un intéressement des acteurs et ce à travers la mise en place d’une standardisation des méthodes et le développement d’objets-frontière. | L’auteur nous explique que la coopération entre les parties prenantes d’un dispositif de formation à distance (stagiaires, intervenants, tuteurs, administratifs, direction académique, entreprises ..) ne sera possible que s’il y a « traduction » des points de vue divergents pour permettre un intéressement des acteurs et ce à travers la mise en place d’une standardisation des méthodes et le développement d’objets-frontière. | ||
Dans ce contexte, le campus virtuel va se révéler être l’objet capable d’intéresser les différents acteurs, objet suffisamment flexible pour s’adapter aux besoins de chacun, et suffisamment robuste pour garder son identité propre. Mais il y aura des points de passage obligés, qui structureront cet objet-frontière : format de document unique, charte pédagogique, nomenclatures, scenario standardisé etc. (standardisation des méthodes). L’auteur conclut qu’ « une démarche de structuration et de scénarisation va obliger les acteurs à mieux « traduire » leurs intérêts, les passages obligés vont participer à l’élaboration d’une négociation acceptable par tous, et le porte-parole émergeant va concilier les parties : Ainsi l’«objet-frontière», concept robuste, concourt à la mise en place réussie d’un acte innovant en contexte éducatif. » | Dans ce contexte, le campus virtuel va se révéler être l’objet capable d’intéresser les différents acteurs, objet suffisamment flexible pour s’adapter aux besoins de chacun, et suffisamment robuste pour garder son identité propre. Mais il y aura des points de passage obligés, qui structureront cet objet-frontière : format de document unique, charte pédagogique, nomenclatures, scenario standardisé etc. (standardisation des méthodes). L’auteur conclut qu’ « ''une démarche de structuration et de scénarisation va obliger les acteurs à mieux « traduire » leurs intérêts, les passages obligés vont participer à l’élaboration d’une négociation acceptable par tous, et le porte-parole émergeant va concilier les parties : Ainsi l’«objet-frontière», concept robuste, concourt à la mise en place réussie d’un acte innovant en contexte éducatif.'' » | ||
==Critique de la littérature== | ==Critique de la littérature== |
Version du 30 novembre 2009 à 08:39
Cet article est en construction: un auteur est en train de le modifier.
En principe, le ou les auteurs en question devraient bientôt présenter une meilleure version.
Resumé - Abstract
Les objets frontières, qu’ils soient matériels ou conceptuels, sont des espaces permettant la communication entre mondes très différents, afin de servir un objectif commun. Cet article se propose d’explorer plus en profondeur ce concept, à travers sa genèse, son évolution, son actualité et d’examiner cette notion dans un contexte plus précis : celui de l’échange de connaissances entre générations. Boundary objects, whether material or conceptional, allow communication between different worlds, to serve as a common objective. This article invites you to explore the notion in depth, with its genesis, its evolution, with its capacity to examine the idea in a more precise context by which we can exchange knowledge between generations. mots clé : objet, objet-frontière, boundary object, seniors |
Historique et contexte
Le terme d’objet-frontière est apparu pour la première fois dans une étude de Suzan Leigh Star et de James Griesemer, publiée en 1989, qui traitait des mécanismes de coordination du travail scientifique. Dans cette recherche ils montrèrent comment un chercheur, en l’occurrence Joseph Grinnel, avait pu faire coopérer des acteurs d’horizons disparates autour de la création du Musée de Zoologie Vertébrée de l'Université de Californie à Berkeley. Les acteurs impliqués étaient les administrateurs de l'université voulant un musée de portée nationale, les collectionneurs amateurs soucieux de la flore et faune de Californie, les trappeurs à la recherche de fourrures et chargés de capturer des animaux dans des conditions déterminées, les fermiers chargés de recueillir dans des formulaires préétablis les informations sur le milieu de vie des animaux, Annie Alexander intéressée dans l'éducation et la conservation du patrimoine et bien sûr Joseph Grinnell voulant démontrer sa théorie sur la sélection naturelle. Il était parvenu à intéresser tous ces différents acteurs à ses travaux, et ceux-ci contribuèrent à ses recherches tout en servant leurs propres intérêts. Pour les convaincre il a su respecter et intégrer leurs représentations.
Les auteurs de l’étude, en observant comment ces différents mondes sociaux hétérogènes collaboraient et communiquaient, ont montré que cette coopération se réalisait autour d’ « objets » communs, qu’ils ont appelé les « objets frontière ». Elle n’a pu être efficiente qu’au prix d’une « réconciliation » autour de la signification d’une même chose dans des mondes différents. Star et Griesemer distingueront dans ce travail quatre types d'objets- frontière : les dépôts d'objets standardisés (bibliothèques, musées), les idéaux-type (une espèce animale ou un diagramme schématisé par exemple), les frontières coïncidentes (ce qui permet de partager un réfèrent commun pour un travail réparti sur un espace géographique sans que le contenu soit nécessairement identique pour tous - l'exemple de la carte par rapport au territoire illustre un tel travail de symbolisation utilisable par tous) et enfin les formes standardisées.
Ainsi, ce que démontre cette étude, c’est que le travail scientifique mobilisant des acteurs ayant des intérêts divergents requiert une importante, inévitable et indispensable coopération qui sera l’objet d’une « tension centrale entre les points de vue divergents et le besoin de découvertes généralisables » et que cette coopération n’existera que si un travail de « traduction » des divergences est réalisé. Ce travail s’effectuera à travers une standardisation des méthodes (une sorte de langage commun minimal) et le développement d’objets frontière.
L’étude de Star et Griesemer, s’inscrit dans le courant interactionniste symbolique, fondé par Mead et Simmel puis développé par Bateson et Goffman. Ce courant postule que l’interaction est au centre des phénomènes sociaux et que le langage et les représentations symboliques en sont les outils. Ainsi lorsque nous sommes en interaction avec quelqu’un nous orientons notre conversation en fonction de ce que nous nous représentons de cette personne et non en fonction de ce que les choses sont réellement. On comprend donc à la lumière de cette théorie, l’importance, notamment dans le champ d’études ou de projets interdisciplimaires, d’avoir des objets ayant des significations stables et partagées, servant de base à la poursuite d’un objectif commun.
Ce concept d’objets-frontière est à replacer dans un contexte théorique plus large faisant référence à la théorie des acteurs réseaux (ANT) qui prend en compte dans son analyse, au-delà des humains, les objets (« non-humains ») et les discours, permettant ainsi de sortir d’un dichotomie social/technique ou humain/non humain. Dans cette proposition, le « réseau » est pensé comme une « méta-organisation » rassemblant des humains et des « non-humains » lesquels agissent comme médiateurs ou intermédiaires les uns avec les autres.
Définition et enjeux
L’objet-frontière revêt des caractéristiques diverses, il peut être abstrait ou concret, matériel ou conceptuel, général ou spécifique. Même s’il est très spécifique à une discipline, il aura suffisamment de caractéristiques reconnaissables par d’autres groupes, ce qui présuppose que les différents groupes l’utilisant auront un socle minimum de connaissances communes, de manière à donner la même interprétation à l’objet. Il est à la fois suffisamment « plastique » pour s’adapter aux besoins et aux contraintes des acteurs qui les emploient et suffisamment « robuste » pour maintenir une signification commune de l’objet pour tous les acteurs.
L’objet-frontière devient alors un outil d’intercompréhension et de coopération permettant d’éviter ou de minimiser les conflits étant donné qu’il pose un socle commun irréductible entre les différentes parties. En France, c’est Patrice Flichy qui a fait connaître cette notion dans le cadre de sa théorie de l’innovation où il explore la diversité des relations entre technique et social. Flichy a élaboré l’idée d’un passage de l’objet-valise à l’objet-frontière : « L’objet-valise correspond à une phase d’indétermination dans les choix technologiques. Une large gamme de possibles reste ouverte, tant au niveau du cadre de fonctionnement qu’à celui du cadre d’usage. Il s’agit alors de lever les ambiguïtés, de dissiper les confusions, de définir un objet au contour plus précis, de passer de l’utopie à la réalité, de l’abstraction à la concrétisation, de construire un objet frontière (…). Les objets frontières replacent la décision dans des mondes réduits, simplifiés, ils listent les points sur lesquels la décision peut porter ou s’appuyer ». Ce passage d’objet valise à objet frontière se fait, selon lui, sur un mode imaginaire dont témoigne un discours idéologique l’accompagnant (exemple les "autoroutes" de l’information ) alors que l’objet n’est encore qu’en construction.
Actuellement tout l’intérêt de ce concept d’objet-frontière réside dans le fait qu’il permet de mieux analyser les obligations de négociation et d’organisation entre des acteurs différents travaillant sur des dispositifs communs mais ayant chacun leurs représentations. L’observation de ces situations apporte des connaissances qui peuvent être transférées dans d’autres domaines. A mon sens, il est intéressant d’examiner l’objet frontière sous deux angles différents :
- soit un objet frontière est intentionnellement mis en place car l’on a déjà expérimenté dans une autre situation et on a vu qu’il fonctionnait, et on peut alors examiner s’il est optimal dans ce nouveau contexte et peut être l’améliorer.
- soit un objet frontière naît spontanément dans une situation donnée et l’on peut alors s’interroger sur la genèse de cet objet, sa mise en place, l’adhésion des participants, son transfert à d’autres contextes etc.
Dans tous les cas, le concept d’objet-frontière est intéressant en tant que révélateur de la collaboration de mondes très différents autour d’une situation donnée. Qu’il y ait ou qu’il n’y ait pas d’objet frontière, le concept reste pertinent pour examiner les pratiques collaboratives. Il se peut que les personnes amenées à collaborer ne travaillent pas ensemble parce qu’il n’y a justement pas d’objet frontière ou que celui-ci est inadapté.
En éducation, ce concept est particulièrement approprié en amont dans la conception de dispositifs pédagogiques de formation à distance, puisque ceux-ci nécessitent l'intervention de professionnels aux métiers très différents tels que informaticiens, graphistes, développeurs, pédagogues, tuteurs, enseignants, administratifs, mais aussi en aval, directement au sein de la communauté des apprenants adultes. En effet, la problématique du chômage combinée à la formation tout au long de la vie et aux nouvelles dispositions concernant la VAE et VAP, amène dans les formations d’adultes des gens d’horizons très diverses. D’après les sociologues, dans le contexte économique actuel, les salariés devront changer au minimum 3 fois de métier dans leur vie. On retrouve donc ces salariés dans des formations parfois très éloignées de leur formation initiale. De la même manière sur certaines formations à distance, on observe un vaste mélange de catégories socio-professionnelles : âge très différents, cursus très disparates, professions et projets variés. (C’est le cas du master Maltt). Dans ces conditions, il est primordial de trouver des espaces, objets ou artefacts communs qui permettent aux apprenants de collaborer, la collaboration étant un des piliers de la persévérance.
Recherches récentes
La sociologue et critique d'art, Kathryn Henderson, fût la première à travailler cette notion, en anthropologie de l’activité de conception, en 1991. Dans cette étude elle examine la place des représentations visuelles (schémas et dessins) dans les discussions entre les concepteurs.[1]
Depuis, la notion d’objet-frontière est utilisée dans bien des domaines et se décline en multiples sous-concepts : boundary work, boundary spanning, boundary spanning individual, boundary organisation. Dans un article pour la Revue d'anthropologie des connaissances, Pascale Trompette et Dominique Vinck établissent une longue liste (non exhaustive) des recherches autour de ce concept. Les domaines étudiés vont de l’urbanisme au secteur médical en passant par le management en entreprise.
Dans l’enseignement, le terme d’objet frontière apparaît en 1998 dans un ouvrage de Wenger[2] traitant des communautés de pratique, puis en 2003 à propos de l’écart entre l’apprentissage de l’enseignement à l’université et les pratiques d’enseignement au contact des élèves[3], en 2006 à propos des campus virtuels [4], en 2008, sur le rôle des artefacts dans l’apprentissage des mathématiques [5]. Puis, sans toutefois être centrale, on retrouve cette occurrence dans divers textes traitant de dispositifs innovants en technologies éducatives.
À titre d’illustration, je retiendrai ici une recherche intéressante de Jean-Pierre Noblet (2006), qui montre comment, dans un processus d’innovation, un e-campus peut passer du statut objet-valise à celui d’objet-frontière. Un "objet-valise" au sens de Flichy, est un objet « dans lequel chacun des acteurs investit ses propres utopies, et qui devient le sujet de représentations disjointes ». C’est le stade de « fascination » devant un artefact, dont en témoigne bien souvent le langage. L’artefact devient alors le réceptacle des meilleures et des pires suppositions (« la technologie va nous sauver ou au contraire nous asservir », voir les premiers discours autour de la FOAD). Petit à petit, les illusions et les craintes se dégonfleront et laisseront place à des discours plus « réalistes ». L’auteur nous explique que la coopération entre les parties prenantes d’un dispositif de formation à distance (stagiaires, intervenants, tuteurs, administratifs, direction académique, entreprises ..) ne sera possible que s’il y a « traduction » des points de vue divergents pour permettre un intéressement des acteurs et ce à travers la mise en place d’une standardisation des méthodes et le développement d’objets-frontière.
Dans ce contexte, le campus virtuel va se révéler être l’objet capable d’intéresser les différents acteurs, objet suffisamment flexible pour s’adapter aux besoins de chacun, et suffisamment robuste pour garder son identité propre. Mais il y aura des points de passage obligés, qui structureront cet objet-frontière : format de document unique, charte pédagogique, nomenclatures, scenario standardisé etc. (standardisation des méthodes). L’auteur conclut qu’ « une démarche de structuration et de scénarisation va obliger les acteurs à mieux « traduire » leurs intérêts, les passages obligés vont participer à l’élaboration d’une négociation acceptable par tous, et le porte-parole émergeant va concilier les parties : Ainsi l’«objet-frontière», concept robuste, concourt à la mise en place réussie d’un acte innovant en contexte éducatif. »
Critique de la littérature
On peut regretter une approche parfois erronée du concept qui s’éloigne trop du texte fondateur et confond objet « frontière » et objet « intermédiaire ». Il me semble que pour qu’un objet devienne un objet frontière, il faut qu’il y ait à la base une intention qui enclenche un processus de construction et/ou de reconnaissance, de désignation d’un objet comme étant un objet frontière. Comme le rappelle Vinck [6], tous les objets intermédiaires ne sont pas des objets frontière, même si pour Wenger, tous les objets et artefacts qui appartiennent à plusieurs pratiques sont susceptibles de jouer le rôle d’objet-frontière. Pour le devenir, il faut que l’objet réponde aux caractéristiques suivantes :
- la modularité. L’objet est constitué de plusieurs parties pouvant être mobilisées dans différentes situations, comme un journal composé de plusieurs articles s’adressant à différents lecteurs ;
- l’abstraction. Le caractère général de l’objet frontière oblige à un certain niveau d’abstraction, comme une carte qui ne représente que certaines caractéristiques du terrain ;
- la polyvalence. L’objet doit pouvoir servir à plusieurs activités, donc plusieurs pratiques ;
- la standardisation. L’information contenue dans un objet frontière doit être sous une forme directement interprétable pour être utilisée localement.
D’autre part, Meyer [7] pointe trois caractéristiques qui n’ont pas été étudiées en profondeur dans la littérature :
- la construction parfois difficile de ces objets-frontière. Certains se font « chemin faisant » comme le montrent Granjou et Mauz[8].
- la façon dont les acteurs les utilisent et y sont attachés
- l’imbrication de ces objets dans des projets identitaires : comment à travers et par ces objets s’articulent les identités, les pratiques, les manières d’agir sur le monde.
Je rajoute à cela qu’il n’y a pas -à ma connaissance- d’articles relatant l’échec d’un objet-frontière et qu’aucun texte ne fait état de l’incidence du cadre parfois restrictif de l’objet-frontière sur l’émergence de nouveaux savoirs, du moment que cet objet frontière atteint son but, c'est à dire la collaboration de différents acteurs autour d'un objectif précis. Quelle place pour la serendipité dans cet espace collaboratif ?
Objet-frontière et seniors
Étant formatrice informatique auprès de retraités, ce concept me parait intéressant car il éclaire les propos que me tiennent les seniors sur leurs relations intrafamiliales autour de l'objet ordinateur et de la transmission des savoirs.
Dans un article paru dans la revue Gérontologie et Société en 2001, le sociologue Vincent Caradec explique « on constate que c’est souvent par la médiation d’un tiers qu’ils [les seniors] accèdent à l’usage, et que ce sont souvent les enfants –davantage que les petits-enfants– qui jouent ce rôle de tiers : les technologies apparaissent à la fois comme un lien et un fossé entre les générations. ».
Il me paraissait donc intéressant d’explorer comment l’ordinateur peut être –ou ne pas être- un objet frontière intergénérationnel, notamment entre ceux que l’on nomme parfois « les natifs de l’informatique » qui sont nés avec l’ordinateur et ceux qui y sont venus à l’heure de la retraite. Cette « médiation informatique » entre générations se fait par le biais des cadeaux technologiques (dans les deux sens), d’informations qui circulent (notamment dans l’explication des termes liés à Internet et qu’on retrouve dans d’autres média, TV, journaux), et par l’assistance informatique que proposent les enfants ou petits enfants à leurs aînés.
Si mon hypothèse de départ était de penser que l’objet ordinateur semblait être un objet-frontière entre générations, à l’issue de mes différentes lectures, ma proposition serait plutôt « comment faire en sorte que l’ordinateur devienne un objet-frontière intergénérationnel ? ». En effet, si on s’en réfère au texte fondateur et non aux déviances vers un terme-valise, pour que l’ordinateur soit désigné objet-frontière, il faudrait qu’il y ait une négociation d’un terrain commun autour de l’outil, d’un terrain sur lequel chacune des parties peuvent se retrouver mais aussi s’y retrouver. Or il n’en est rien : le senior est en général subordonné au "supposé" savoir informatique (réel ou imaginaire) de son fils ou de sa fille. Différentes études ont montré que les personnes âgées ont une confiance moins grande dans leurs propres connaissances lorsqu’il s’agit des TIC et leur sentiment d’auto-efficacité est d’autant plus mis à mal que le descendant formateur a des difficultés à expliquer des procédures que lui-même a découvert « sur le mode de l’évidence » (c’est le cas des petits-enfants, nés avec). C’est ainsi que les seniors se plaignent que leur initiateur va trop vite, « il allait tellement vite avec la souris que je n’avais jamais le temps de voir ce qu’il faisait », emploie des termes parfois abscons « il me parlait de « fils rss » et ça avait l'air tellement évident mais franchement moi je ne comprenais rien du tout », ou « elle me reprenait toujours lorsque je disais « site » pour parler de son « blog », comme si j’avais dit quelque chose d’injurieux » et parfois s’énerve « je ne lui demande plus de m’aider parce que je sens bien qu’il manque de patience ».
Pourtant l’enjeu est d’importance, car comme nous le rappelle Jean-François Rouet, « la coexistence harmonieuse des générations dépend entre autres de leur capacité à partager les activités et les technologies »[9]. Ainsi sachant que différents tests montrent que les seniors sont rapidement en surcharge cognitive si leur mémoire de travail (MDT) est trop sollicitée mais qu’ils sont performants sur des tâches qui demandent un savoir-faire ("le paradoxe du vieillissement" selon Jean-Claude Marquié) [10], il serait intéressant de voir comment l’apprentissage intrafamilial de l’ordinateur pourrait se construire autour d’une situation mettant aussi en valeur les compétences des aînés et permettant de ce fait un réel échange entre les générations.
L'avis d'un chercheur
Conclusion
Références
- ↑ Henderson K. (1998a), “The Role of Material Objects in the Design Process: A Comparison of Two Design Cultures and How They Contend with Automation”, Science Technology Human Values
- ↑ Wenger, Etienne, 1998 Communities of Practice : Learning, Meaning and Identity, New York, Cambridge University Press
- ↑ Anagnostopoulos D., Smith E. R., Basmadjian K. G. (2007), “Bridging the University-School Divide: Horizontal Expertise and the ‘Two-Worlds Pitfall’”, Journal of Teacher Education
- ↑ Noblet J.P. (2006), "L’enrôlement des parties prenantes dans un processus d’innovation technologique en contexte éducatif : un campus virtuel comme « objet frontière »
- ↑ Kazemi E., Hubbard A. (2008), “New Directions for the Design and Study of Professional Development: Attending to the Coevolution of Teachers’ Participation Across Contexts”, Journal of Teacher Education
- ↑ Vinck D., De l’objet intermédiaire à l’objet-frontière. Vers la prise en compte du travail d’équipement, Revue d'anthropologie des connaissances 2009/1, Vol. 3, n° 1, p. 51-72.
- ↑ Meyer M., Objet-frontière ou Projet-frontière ?. Construction, (non-)utilisation et politique d’une banque de données, Revue d'anthropologie des connaissances 2009/1, Vol. 3, n° 1, p. 127-148.
- ↑ Quand l’identité de l’objet-frontière se construit chemin faisant : le cas de l’estimation de l’effectif de la population de loups en France, Revue d'anthropologie des connaissances, Vol. 3, n° 1 2009/1
- ↑ Rouet J.F.(2005), "Cent fenêtres sur Internet - Représentation et construction des usages dans le grand public"
- ↑ Chevalier, A., Dommes, A., & Marquié, J. C. (2009). Les Seniors et les Technologies de l'Information et de la Communication : le cas d'Internet. In J. Dinet (Ed). Usages, usagers et compétences informationnelles au XXIème siècle. Éditions Hermès, pp. 225-256.
Weblio-Biblio
- Star S.L., Griesemer J. (1989), “Institutionnal ecology, ‘Translations’, and Boundary objects: amateurs and professionals on Berkeley’s museum of vertrebate zoologie”, Social Studies of Science
- Trompette P. et Vinck D., Retour sur la notion d’objet-frontière, Revue d'anthropologie des connaissances 2009/1, Vol. 3, n° 1, p. 5-27.
- Flichy P. L'innovation technique. Récents développements en sciences sociales - vers une nouvelle théorie de l'innovation p 298
- Noblet J.P. (2006), L’enrôlement des parties prenantes dans un processus d’innovation technologique en contexte éducatif : un campus virtuel comme « objet frontière », Actes de la Conférence de l'Association de Sciences Administratives du Canada (ASAC), 3-6 juin 2006, Banff, Canada (CD-ROM).