« Concevoir un EIAH » : différence entre les versions
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L’évaluation des EIAH est donc une composante importante dès leur conception. L’évaluation se base sur les traces, dont l’objectif est “d’avoir un retour sur une activité, dans le but de l’analyser et éventuellement de la modifier” Carron (2018). Si dans le passé, les traces étaient récoltées surtout sous la forme d’entretiens et de questionnaires, avec les biais et la lenteur inhérente à ces processus, les progrès de l’informatique et des réseaux permettent aujourd’hui de récolter méticuleusement toutes les interactions de l’utilisateur avec le logiciel, et d’analyser les données brutes plutôt que le ressenti des utilisateurs. | |||
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Dernière version du 4 octobre 2023 à 12:27
Résumé
Cette brève note de synthèse s'intéresse aux fondamentaux de la conception et de l'évaluation d'un EIAH, en se basant sur les capsules vidéo de l'ATIEF et des articles de Tricot, Mayer et Tchounikine. Elle souligne l'importance de l'approche centrée sur l'apprenant et sur la place accordée aux finalités par rapport à celle octroyée à la technologie.
Introduction
Selon Tchounikine & Tricot (2011) un EIAH (environnement informatique pour l’apprentissage humain) est “la conjonction d’une intention didactique ou pédagogique et d’un environnement informatique”. Cette définition englobe donc un large registre de logiciels et plateformes, allant de tuteurs intelligents très spécialisés à des plateformes de cours en ligne telles que Moodle, connues pour supporter une large variété d’usages.
La pandémie de Covid-19 a donné un formidable coup d’accélérateur à l’utilisation de l’informatique dans l’enseignement. Cet engouement est plus souvent ancré dans une fascination technologique que dans les connaissances scientifiques sur l’apprentissage. Pour Mayer (2010), “la plupart des prévisions optimistes d’hier sur l’impact de la technologie pédagogique ne se sont jamais concrétisées”. Il semble donc important de rappeler que la conception d’un EIAH repose en premier lieu sur cette intention pédagogique ou didactique, et d’adopter “une approche de l’apprentissage pas la technologie centrée sur l’apprenant” (Mayer).
Finalité, fondements théoriques et utilisateurs
Définir la finalité d’un EIAH est donc un premier pas crucial avant d’entamer sa conception. Lavoué (2018), dans sa capsule video sur la conception d’EIAH, propose des exemples de finalité permettant d’imaginer une grande variété de logiciels : amélioration des performances d’apprentissage, motivation des apprenants, suivi et individualisation par l’enseignant. Dans ces exemples, la question des utilisateurs intervient immédiatement : dans les deux premiers cas, il s’agit principalement des apprenants. Dans le dernier, la part de l’enseignant semble d’emblée plus importante. La prise en compte de ces connaissances du contexte est essentielle (Lavoué).
Un EIAH repose, toujours selon Lavoué, sur un fondement théorique de l’apprentissage. Chez Tchounikine et Tricot (2011), on parle plutôt de point d’entrée, avec une vision plus large incluant aussi bien une théorie de l’apprentissage, une technologie particulière qu’un enseignant dont il s’agit de faciliter la tâche.
Conception
Si “il n’existe pas, actuellement, de processus de conception des EIAH plus ou moins normalisé” (Tchounikine et Tricot, 2011), des approches variées existent. Lavoué (2018) propose quelques exemples, notamment la conception participative et la recherche basée sur la conception. Ces méthodes ont en commun l’articulation de modèles théoriques, l’implication des utilisateurs (à des niveaux variables) et l’intégration de l’évaluation dans un processus itératif.
L’évaluation des EIAH est donc une composante importante dès leur conception. L’évaluation se base sur les traces, dont l’objectif est “d’avoir un retour sur une activité, dans le but de l’analyser et éventuellement de la modifier” Carron (2018). Si dans le passé, les traces étaient récoltées surtout sous la forme d’entretiens et de questionnaires, avec les biais et la lenteur inhérente à ces processus, les progrès de l’informatique et des réseaux permettent aujourd’hui de récolter méticuleusement toutes les interactions de l’utilisateur avec le logiciel, et d’analyser les données brutes plutôt que le ressenti des utilisateurs.
Evaluation
"L’appropriation, c’est la manière dont les usagers évaluent, adoptent, adaptent, intègrent une technologie dans leur pratique quotidienne.” (Michel, 2018). L’evaluation de l’appropriation repose principalement sur les critères que sont, l’utilité, l’utilisabilité et l’acceptabilité.
L’utilité s’intéresse au lien entre la finalité de l’EIAH et le résultat. “Il s’agit d’évaluer s’il y a bien adéquation entre l’objectif d’apprentissage défini par l’enseignant (ou le concepteur) et l’atteinte de cet objectif” (Tricot, 2003).
L’utilisabilité quand a elle, relève de l’ergonomie, à savoir l’adaptation de l’EIAH à l’utilisateur. Les critères de Bastien et Scapin sont souvent mis à contribution (Bastien et Scapin 1996).
Enfin, l’acceptabilité repose sur des facteurs intrinsèques et contextuels. Tricot la défini comme la valeur de la représentation mentale à propos d’un EIAH (2003).
Limites
“Ce sont les méthodes pédagogiques et non les supports, qui permettent l’apprentissage.” (Mayer, 2010). Loin des promesses de révolution de l’enseignement et des fantasmes de politiques qui voient dans le numérique la clé pour supprimer les inégalités face à l’apprentissage à l’école, les résultats étayés par la recherche scientifique sont encore rares. Dans son article de 2021, Tricot s’interroge sur réduction des contraintes que le numérique permet, et conclut que “ces nouvelles manières d’apprendre constituent très souvent non des solutions de facilité, mais de nouvelles exigences”, qui ajoute aux enseignant•e•s la charge de concevoir des ressources de manière bien plus précises et d’être attentifs aux élèves lorsqu’ils s’en servent, et aux élèves, plus d’attention, d’autonomie et d’efforts.
Conclusion
La conception d’un EIAH ne relève finalement que peu de l’informatique, même si elle est présente à chaque étape et en tout point. Il est crucial de lui donner sa juste place, en retrait par rapport à l’attention donnée aux finalités, aux usagers, aux apprenants et aux enseignants, afin de concevoir des EIAH dont l’appropriation pourra être évaluée positivement.
Bibliographie
Caron, T. ATIEF : Ressources sur les EIAH (2018, 18 décembre). Analyse de Traces : Objectifs de traçage [Vidéo]. Youtube. https://www.youtube.com/watch?v=aQMnhcq4HBM
Lavoué, E. ATIEF : Ressources sur les EIAH (2018, 14 décembre). Méthodes de conception : Introduction à la conception des EIAH [Vidéo]. Youtube. https://www.youtube.com/watch?v=mZe0bRwrRzs
Mayer, R. (2010). Apprentissage et technologie. Dans Dumont, H., D. Istance et F. Benavides (dir.), Comment apprend-on ? : La recherche au service de la pratique (p. 191-211). Éditions OCDE.
Michel, C. ATIEF : Ressources sur les EIAH (2018, 15 décembre). Adaptation : Analyser l'appropriation pour analyser l'adaptation [Vidéo]. Youtube. https://www.youtube.com/watch?v=9soVe48UClo
Tchounikine, P. et Tricot, A. (2010). Environnements informatiques et apprentissages humains. Dans Garbay, C., et Kayser, D. (dir.), Informatique et sciences cognitives : Influences ou confluence ? (167-200). Éditions de la Maison des sciences de l’homme.
Tricot, A. et al. (2003). Utilité, utilisabilité, acceptabilité : interpréter les relations entre trois dimensions de l’évaluation des EIAH. Dans C. Desmoulins, P. Marquet et D. Bouhineau (dir.). Environnements informatiques pour l’apprentissage humain (p. 391-402).
Rédigé par Ninn Langel dans le cadre du cours ADID, Volée Concordia, le 20.01.2023