« Psychopathologie développementale » : différence entre les versions
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Cette approche est statistique (quantitative) et distingue le normal du pathologique. Elle est essentielle à l'épidémiologie et à la santé publique. | Cette approche est statistique (quantitative) et distingue le normal du pathologique. Elle est essentielle à l'épidémiologie et à la santé publique. | ||
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Cette approche est médicale (qualitative) et met en évidence les différences individuelles. Les problèmes psychologiques sont sur un continuum de fréquence et d'intensité. Elle est essentielle à la description et à l'intervention. | Cette approche est médicale (qualitative) et met en évidence les différences individuelles. Les problèmes psychologiques sont sur un continuum de fréquence et d'intensité. Elle est essentielle à la description et à l'intervention. | ||
Version du 3 août 2015 à 15:46
Introduction
L'étude de la psychopathologie provient du constat simple suivant : dès le plus jeune âge, l'être humain manipule son environnement, classifie et catégorise. Nous structurons le monde que nous habitons. Le normal et le pathologie reflètent donc le fait que les êtres humains sont des classificateurs.
Du normal à l'anormal
Le comportement d'un individu (enfant) est dit anormal si :
- il est excessif ou insuffisant
- il entrave le fonctionnement adaptatif
- il reflète une détresse ou une souffrance psychologique
- il reflète un retard, une rigidité ou un décalage développemental
- il enfreint les normes
Ces critères restent relatifs car les comportements dépendent du contexte.
Perspective psychoanalytique
Les troubles psychopathologiques sont l'expression manifeste de pulsions inconscientes souvent de nature sexuelle ou agressive. Leurs symptômes permettent à l'enfant d'exprimer ces pulsions de manière moins menaçante en les déplaçant d'un objet défendu (mère) à un autre (phobie).
Perspective comportementale
Les troubles psychopathologiques sont le résultat souvent accidentel de processus de conditionnement ou d'imitation au cours desquels l'enfant acquiert différents comportements qui entravent son développement. Ces comportements se maintiennent et souvent s'aggravent parce qu'ils sont régulièrement renforcés (positivement et négativement). Exemple : un enfant anxieux qui va grâce à ces "symptômes" rester à la maison au lieu d'affronter l'école.
Perspective cognitivo-comportementale
Les troubles psychopathologiques sont le résultat souvent accidentel d'interprétations erronées de la réalité qui alimentent et sont alimentées par un niveau élevé d'affectivité négative. Les symptômes se maintiennent et souvent s'aggravent car l'enfant refuse TOUT LE TEMPS d'affronter ce qu'il craint. Il ne peut ainsi jamais réaliser que ses interprétations sont sans fondement. Par exemple : redoutant une catastrophe terrible s'il n'obéit pas exactement à ses obsessions, l'enfant se condamne à répéter les compulsions qui les accompagnent.
Perspective systémique
Les troubles psychopathologiques sont l'expression manifeste de conflits familiaux que l'ensemble de la famille refuse de reconnaître et de chercher à résoudre. Avec le temps, les symptômes de l'enfant persistent et souvent s'aggravent mais restent sans solution tant qu'ils contribuent au maintien du système familial. Exemple : si un enfant a des angoisses de séparation, il va dormir avec ses parents ce qui leur permet d'éviter une intimité qui les menace énormément depuis longtemps.
Perspective relationnelle
Les troubles psychopathologiques viennent de la perturbation souvent précoce de relations majeures (ex : mère-enfant). Avec le temps, les symptômes persistent et s'aggravent car l'enfant continue à entretenir les mêmes relations perturbées et acquiert un habitus relationnel mauvais.
Cadre conceptuel
Les données épidémiologiques
Les troubles psychopathologiques de l'enfance et de l'adolescence :
- sont fréquents mais la plupart ne sont pas diagnostiqués
- sont plus ou moins chroniques : une dépression non traitée durant l'enfance ne sera pas la même à l'adolescence
- ont des répercussions négatives parfois majeures à l'âge adulte (effets importants à long terme)
- entraînent des coûts humains et financiers considérables (en plus des souffrances)
Il vaut donc mieux traiter ces troubles dès l'enfance car les adultes coûtent beaucoup plus cher.
Prévalence des troubles chez les enfants et les adolescents
- Troubles anxieux : 6.9% de la population
- Problèmes de comportement : 3.3% de la population
- Déficit de l'attention : 3.3% de la population
- Troubles dépressifs : 2.1% de la population
Continuité hétérotypique
La continuité hétérotypique signifie qu'un même trouble ne donnera pas les mêmes difficultés à tous les âges puisque le contexte bouge.
- 3-4 ans : opposition et provocation
- 7 ans : bagarre
- 10 ans : mensonge et vol
- 12 ans : vandalisme et cruauté
- 16 ans : viol
- 19 ans : attaque à main armée
Les troubles psychopathologiques qui apparaissent à l'age adulte ont souvent des origines qui remontent à la petite enfance ou à l'enfance, reflètent des souffrances restées pendant des années et entraînent des coûts très importants.
Deux approches complémentaires
Catégorielle
Cette approche est statistique (quantitative) et distingue le normal du pathologique. Elle est essentielle à l'épidémiologie et à la santé publique.
Dimensionnelle
Cette approche est médicale (qualitative) et met en évidence les différences individuelles. Les problèmes psychologiques sont sur un continuum de fréquence et d'intensité. Elle est essentielle à la description et à l'intervention.
La combinaison des deux approches nous mène vers plusieurs niveaux :
- niveau culturel : normes, attentes
- niveau social et familial : famille, relations
- niveau psychologique : sentiments, pensées, actions
- niveau biologique : neurotransmetteurs
- niveau génétique : troubles, facteurs
Epigenèse développementale
Le développement normal et pathologique est probabiliste et non pas prédéterminé. Le développement est plus ou moins limité mais pas déterminé. Plusieurs facteurs de risques et de protection influencent ce développement. Ces facteurs ne sont pas statiques car ils changent sans cesse.
Les facteurs de risque
- Personnels : vulnérabilité tempéramentale, impulsivité, hyperactivité, attachement insécure, déficit verbal, QI verbal faible, biais d'attribution
- Familiaux : discipline incohérente et punitive, surparentage, criminalité, parents jeunes, manquant d'éducation.
- Sociaux : pauvreté, racisme, préjudice, scolarisation inadéquate, rejet, criminalité, violence dans la communauté.
- Culturels : médias, glorification de modèles culturels malsains, socialisation divergente des sexes.
La plupart de ces facteurs de risque ont une influence limitée, sont non spécifiques et s'appliquent à différents troubles.