« Identité numérique » : différence entre les versions
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Version du 14 décembre 2012 à 20:07
http://tecfa.unige.ch/tecfa/teaching/bachelor_74111/ressources_glossaire/coutant_2011.pdf
Historique
Depuis l'invention de la langue française, certains mots disparaissent naturellement avec le temps pour laisser place à de nouveaux termes plus actuels. Dans les dernières décennies, de nombreux mots sont apparus. C'en est d'ailleurs le cas pour tous les termes en lien avec les Technologies de l'Information et de la Communication (TIC). En effet, puisque ces technologies sont récentes et datent de notre siècle, plusieurs termes, en lien avec elles, viennent de faire leur apparition dans notre lexique. Par exemple, le terme «identité numérique», pour ne parler que de celui-là, fait partie de ces nouveautés langagières, apparues au cours du XXI ème siècle.
Ce mot a émergé grâce à l'apparition des réseaux sociaux (Facebook, Twitter, ...) et du web collaboratif, c'est-à-dire la constitution du contenu d'un site par ses utilisateurs (Wikipédia et autres), qui sont des technologies récentes. L'émergence de ces nouveaux sites, sociaux et collaboratifs, explique ainsi l'arrivée de ce nouveau terme. En effet, ils mettent en forme une interaction sociale propre à notre époque.
Ainsi, l'"identité numérique" est issue du "Web 2.0", expression datant de 2003, désignant l'évolution de la forme originelle du web, ne nécessitant plus de connaissances techniques et informatiques spécifiques pour être utilisé et permettant des échanges, des collaborations, des contributions, des partages sous de multiples formes pour les utilisateurs, donnant ainsi naissance au "Web social" (réseaux sociaux, blogs, wikis, etc.). En quelques mots, le Web 2.0 est plus simple d'utilisation et plus interactif.
Cette activité glossaire a donc pour but de comprendre davantage le terme d'identité numérique, en le définissant et témoignant des enjeux relatifs à ce dernier.
Définition
L'identité numérique est le lien entre une entité réelle (un individu) et une entité virtuelle (ses représentations numériques) : c'est l'ensemble de tout ce qui se rapporte à un individu sur Internet; ses renseignements personnels, ses contributions informationnelles, ... En quelques sortes, toutes ses traces, laissées sur le Web. L'identité numérique, ou "cyberidentité", est particulièrement apprécié des usagers du web dans la mesure où elle nécessite une présentation de l'individu, ou "self-presentation", et lui donne une réputation, ou "e-reputation", en fonction des jugements positifs et négatifs des usagers.
La création d'une identité numérique relève d'un désir de rencontrer des individus ayant les mêmes compétences, les mêmes centres d'intérêts, ainsi que d'une volonté de se présenter soi-même pour mieux communiquer via Internet avec les autres utilisateurs.
Cette "identité" se compose de différents éléments relevant de quatre catégories spécifiques. Tout d'abord, les éléments d'authentification, c'est-à-dire le numéro d'identification, l'adresse courriel, le nom d'usager, le mot de passe, le nom et le prénom de l'individu, son pseudonyme, etc. Vient ensuite la catégorie des données personnelles, administratives, bancaires, professionnelles, sociales, etc. Puis, on y retrouve les signes de reconnaissance, c'est-à-dire les photos, l'avatar, les logos, les images, etc. Enfin, l'identité numérique regroupe également différentes traces numériques, que ce soit les contributions à des blogs ou à d'autres systèmes de gestion de contenu, des liens divers, etc.
L'identité numérique d'une personne est donc composée de toutes les informations présentes sur celle-ci dans le grand monde de l'Internet.
Cette "identité" est utile pour l'individu lui-même, mais également pour les autres. Elle permet de témoigner de qui nous sommes et permet aux autres de savoir qui nous sommes, ce qui est très différent. En effet, puisque l'identité numérique peut être perçue différemment d'un individu à l'autre. Nous disposons donc de données personnelles, c'est-à-dire des informations propre à un individu qui ne sont pas liées entre elles, ainsi que des traces laissées par cette identité.
L’identité numérique est donc constituée des informations, des contributions, des traces laissées sur le Web, sur les réseaux sociaux, les blogs, les sites, etc., et ce, par l'individu.
Une empreinte numérique est formée de quoi ? Voici une image qui résume bien les éléments qui composent l'identité numérique d'un utilisateur.
Enjeux
Malgré son utilité, la question de l'identité numérique est importante sur le plan politique. En effet, l'individu s'investit dans une publication extime, c'est-à-dire qu'il met à la disposition de tous des informations personnelles. Celles-ci étant en ligne, les individus peuvent en prendre connaissance par les réseaux sociaux. Cette activité occasionne ainsi deux différents comportements entre l'auteur et le lecteur. D'une part, celle-ci entraîne un narcissisme très présent chez l'auteur, une volonté d'être visible et d'attirer l'attention, issu d'un besoin de reconnaissance par les pairs gonflant ainsi l'estime de soi et augmentant le capital social. D'autre part, cette activité crée un effet de surveillance transversale, toujours chez l'auteur. Ce qu'il juge correct de montrer en public peut être interprété d'une toute autre façon par le lecteur, celui-ci se situant à l'extérieur du contexte entourant la divulgation des informations en question.
De plus, la disponibilité des informations personnelles invite des lecteurs non souhaités à consulter ces informations, que ce soit des recruteurs, des embaucheurs ou encore des proches que l’on veut maintenir à distance tels les parents, les collègues, les amis, etc. En effet, avec l'évolution d'Internet, la protection de ces traces laissées sur le web par l'individu n'est pas garantie. Les individus possédant une identité numérique sont ainsi sujets à de nombreuses usurpations, deux fois plus présentes sur le net mais désormais pénalisables. Les sites de réseaux sociaux font également partie de l’arsenal d’investigation et les autorités se réjouissent du temps sauvé grâce à ces réseaux sociaux.
Par ailleurs, si l'identité numérique s'avère non-protégée et accessible à tous, celle-ci avantage parfois l'individu qu'elle définit. En effet, les utilisateurs sont libres de s'approprier l'identité qu'ils souhaitent, ce qui les avantage, les favorise. De plus, il existe de nombreuses agences, aux Etats-Unis en particuliers, permettant l'amélioration de l'identité numérique de l'individu en lui vendant, par exemple, de faux amis, afin d'augmenter son capital social et d'améliorer sa "e-réputation". Ainsi, il est possible d'acquérir quelques 1000 "fans" ou "likes" sur le réseau social Facebook pour environ 18 dollars, soit à peu près 14 CHF. Or cette identité "améliorée", qui est donc fausse, n'est pas la réalité et sépare ainsi les individus du monde réel.
Si certains utilisateurs des réseaux sociaux sont conscients et consentants à ce que leurs informations soient exposées au grand public, d'autres ne sont tout simplement pas au courant de cette réalité. En effet, certaines personnes croient que les traces qu'elles laissent sur Internet ne seront accessibles qu'aux personnes désirées alors que, bien souvent, ces traces sont accessibles pour un plus grand nombre de personnes et les moteurs de recherches conservent chacune de ces traces pendant de nombreuses années.
Les principaux enjeux, issus de l'identité numérique, sont donc de faire rentrer la vie affective dans une base de données, d'industrialiser l'intime et de relier les identités.
Techniques, outils de protection et gestion de son image numérique
Face aux problèmes posés par l'identité numérique, quelques solutions émergent et se concrétisent.
De nombreuses institutions se créent pour améliorer et favoriser la protection de la "cyberidentité" de tous. Tel en est le cas, en France, de la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés, de l'association PRESAJE et de l'association francophone des spécialistes de l'investigation numérique.
De plus, multiples technologies permettent aux utilisateurs d'établir une relation de confiance avec les créateurs de sites sociaux et contributifs, parmi lesquelles nous pouvons retrouver les technologies d'authentification (signature numérique, mot de passe, pseudonymes). Ces outils informatiques permettent de vérifier l'identité de la personne, afin de lui autorisé l'accès à des comptes, des sites internet. Cette mesure permet donc de confirmer l'authenticité de l'utilisateur, et ce, par le fait que celui-ci est le seul à connaître l'information qu'il utilise pour confirmer son identité.
À cela s'ajoute la résolution de Madrid, votée en 2009, à l'occasion d'une conférence internationale des autorités de protection de la vie privée, qui appelle au renforcement du "caractère universel du droit à la protection de la vie privée et des données personnelle de tous les citoyens". Ainsi que le "droit à l'oubli", permettant à chaque individu de retirer toutes informations personnelles du Web, le concernant, comme présenté par la Commission européenne en janvier 2012. Or cette proposition, récemment émise, reste un sujet fortement controversé et difficile à faire respecter.
Enfin, il est nécessaire d'être conscient de notre empreinte numérique, laissée sur le Web, ainsi que de tous les éléments identitaires, incontrôlables par leur propriétaire. De ce fait, il est impératif de savoir gérer son identité afin d'être un bon administrateur en maîtrisant le contenu que nous décidons de divulguer sur internet. L'utilisateur doit éviter les messages qui pourraient nuire à sa réputation, éviter d'afficher des informations confidentielles ainsi que des renseignements personnels. De plus, le choix des mots de passe est très important, car il doit être sécuritaire et confidentiel. Finalement, l'utilisateur doit vider sa mémoire cache, surtout lors de transactions bancaires, puisque cette mémoire possède un espace sur le disque dur de l'ordinateur, conservant l'historique des pages récemment utilisées.
Déjà trop tard, vous-dites ? Il y a toujours la possibilité de communiquer avec les gestionnaires des sites qui s'occupent de la publication du contenu, pour demander la suppression d'éléments atteignant la réputation. Il faut également s'adresser aux différents moteurs de recherche qui garde souvent ses informations précédemment supprimer, dans leur cache. Or, une sensibilisation à la protection de la vie privée sur Internet peut paraître une solution possible, s'avérant comme réalisable dans notre société malgré un faible impact. Ainsi, l'école joue un rôle important en ce qui concerne cette sensibilisation à la protection de l'identité numérique. En effet, prévenir les enfants à la question de cette "cyberidentité", ses enjeux et conséquences afin qu'ils la protègent et développent un sens critique face à Internet, en leur apprenant à se servir des réseaux sociaux (paramètres de sécurité, définition d'un mot de passe, création d'un pseudonyme, ...), désormais très présents dans notre société, est une nécessité. Les enfants sont nés avec les nouvelles technologies, ils savent s'en servir malgré dès leur plus jeune âge. Aussi, plus tôt ils seront sensibilisés à la protection de leur identité numérique, plus tôt ils seront attentifs au contenu qu'ils transmettent via le Web et pourront, ainsi, protéger leur image personnelle. Chaque enseignant, chaque professeur doit donc prendre le soin et le temps de sensibiliser chacun de ses élèves à la question de cette "cyberidentité", désormais omniprésente dans notre société actuelle.
Bibliographie et webographie
- Identité numérique - Wikipédia
- Les évolutions de l’information : le web collaboratif et la gestion de l’identité numérique, Article de Olivier Ertzscheid, 2008
- Qu’est-ce que l’identité numérique, Article de Julien Pierre, 2009
- www.buschini.com
- 2009 CRIM et Gouvernement du Québec