« Serendipité » : différence entre les versions
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* Philippe Quéau (1986) : L'art de trouver ce que l'on ne cherche pas en cherchant ce que l'on ne trouve pas. | * Philippe Quéau (1986) : L'art de trouver ce que l'on ne cherche pas en cherchant ce que l'on ne trouve pas. | ||
* Yves-Michel Marti (circa. 1995) : L'art de trouver la bonne information par hasard. | * Yves-Michel Marti (circa. 1995) : L'art de trouver la bonne information par hasard. | ||
* Pek Van Andel & Danièle Bourcier (2001) : La capacité à découvrir, inventer, créer ou imaginer quelque chose de nouveau sans l’avoir cherché, à l’occasion d’une observation surprenante qui a été expliquée correctement. | * Pek Van Andel & Danièle Bourcier (2001) : La capacité à découvrir, inventer, créer ou imaginer quelque chose de nouveau sans l’avoir cherché, à l’occasion d’une observation surprenante qui a été expliquée correctement. <ref> Bourcier et Pek van Andel p11 </ref> | ||
* Mark Raison (2002) : L'art de faire des découvertes heureuses, inattendues et utiles par hasard. | * Mark Raison (2002) : L'art de faire des découvertes heureuses, inattendues et utiles par hasard. | ||
* Pek van Andel (2005) : L'art de faire des trouvailles. | * Pek van Andel (2005) : L'art de faire des trouvailles. | ||
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L’abduction permet de remonter des effets aux causes, c’est le processus d’une hypothèse explicative. « | L’abduction permet de remonter des effets aux causes, c’est le processus d’une hypothèse explicative. « | ||
C’est la seule opération logique qui introduit une quelconque idée neuve ; parce que l’induction détermine une valeur et la déduction produit seulement les conséquences inévitables d’une pure hypothèse. La déduction prouve que quelque chose doit être ; l’induction que quelque chose marche de facto ; l’abduction suggère seulement que cela est possible » <ref>Pierce cité par Bourcier et | C’est la seule opération logique qui introduit une quelconque idée neuve ; parce que l’induction détermine une valeur et la déduction produit seulement les conséquences inévitables d’une pure hypothèse. La déduction prouve que quelque chose doit être ; l’induction que quelque chose marche de facto ; l’abduction suggère seulement que cela est possible » <ref>Pierce cité par Bourcier et Pek van Andel p 56</ref> | ||
===Les degrés de sérendipité=== | ===Les degrés de sérendipité=== | ||
Danièle Bourcier et | Danièle Bourcier et Pek Van Andel distinguent différents degrés dans la sérendipité : | ||
*La sérendipité positive | *La sérendipité positive | ||
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*La pseudo-sérendipité | *La pseudo-sérendipité | ||
R.M Roberts dira en 1989 : "J’ai forgé ce terme de pseudo-serendipité pour décrire dans les découvertes accidentelles, différentes manières d’arriver à un but recherché, en contraste avec la signification de la (vraie) sérendipité qui décrit la découverte accidentelle de choses non cherchées." <ref> cité par Bourcier et Pek van Andel, p102 </ref> Dans la pseudo-sérendipité, on trouve ce que l’on cherchait mais par une route imprévue. Par exemple Charles Goodyear qui cherchait depuis des années comment faire en sorte que le latex soit insensible aux hausses de température, en fît la découverte par hasard, en laissant tomber un mélange de gomme et de souffre sur le poêle. Il découvrit alors le procédé de vulcanisation. | |||
===Les domaines de la sérendipité=== | ===Les domaines de la sérendipité=== |
Version du 17 janvier 2010 à 21:54
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Resumé - Abstract
ici résumé français et anglais . mots clé : sérendipité, serendipity,... |
Historique et contexte
C’est à partir d’un conte persan publié en 1557 que le terme anglais de serendipity a été crée en 1754 par Horace Walpole dans une lettre qu’il écrivit à Horace Mann, ambassadeur à Florence. Il raconte comment il a fait une découverte importante et tout à fait inattendue sur sa famille et à cette occasion il fait le lien avec le conte de Serendip.
Le roi de Serendip avait trois fils. Un jour il leur propose de prendre le pouvoir mais aucun des trois n'en veut. Le roi les expulse du royaume et s’ensuit alors un long voyage pour les trois princes (sur le mode de la peregrinatio). Sur leur route, ils croisent les traces d’un chameau. L’aîné observe que l’herbe est broutée mais seulement d’un coté, il en déduit que le chameau est borgne. Le cadet remarque de l’herbe restante non broutée a la taille d’une dent, il en déduit que le chameau a perdu une dent. Le benjamin, lui, note que les empreintes sont inégales, il pense donc que le chameau boite. Ensuite ils remarquent des colonnes de fourmis d’un coté de la route et de l’autre coté des colonnes d’abeilles. Ils pensent alors que sur l’un de ses flancs, le chameau transporte du beurre et sur l’autre du miel. Et enfin ils observent que quelqu’un s’est accroupi et ils voient l’empreinte d’un petit pied près d’une flaque humide. Ils se disent que c’était probablement une femme qui conduisait le chameau et qu’elle était enceinte car elle avait utilisé ses mains pour se relever. Sur leur route, les 3 frères rencontrent un conducteur de chameaux qui justement a perdu une de ses bêtes. Les trois princes en font une description tellement minutieuse qu’ils sont accusés de vol puis jetés en prison par le roi persan Vahram. Ils sont sauvés de l’exécution par un voyageur qui témoigne avoir vu le chameau errer dans le désert. Ils sont alors graciés et couverts de somptueux présents.
En 1748, Voltaire reprendra cette histoire dans Zadig ou la destinée. A la manière des trois princes, Zadig décrit avec précision un chien et un cheval disparus. Il est accusé de vol puis réhabilité. Le conte de Voltaire donnera naissance à un synonyme de sérendipité, très peu usité et pratiquement méconnu : la zadicité.
Mais ce n’est qu’en 1833 que le mot serendipity sera imprimé pour la première fois et c’est seulement en 1875 que le mot sera repris. L’observation du caractère sérendipiteux de certaines situations existait bien avant que le mot ne soit construit, notamment à travers l’étude des découvertes scientifiques. Le concept de sérendipité est ensuite sorti du champ littéraire pour s’étendre dans le champ des sciences exactes, des sciences sociales et arriver jusqu’à notre époque où il couvre maintenant le champ des usages de l’Internet.
Définition et enjeux
Walpole définit ainsi la sérendipité en s’appuyant sur le conte : « quand ses Altesses voyageait, elles faisaient toujours des découvertes, par accidents et par sagacité, des choses qu’elles ne cherchaient pas ».
Ce n’est pas le raisonnement déductif des personnages qui caractérise la sérendipité mais le résultat de leur sagacité, en l’occurrence dans le conte les récompenses non recherchées et obtenues. La sérendipité c’est l’art de trouver ce que l’on ne cherche pas, c’est le hasard créatif, l’inattendu fertile.
Dans les dictionnaires de langue anglaise, le mot serendipity est décrit selon deux modalités différentes : - soit il s’agit d’une aptitude personnelle : une faculté, un talent, une capacité naturelle ou fruit d’un apprentissage. - soit il s'agit d’un phénomène objectif mis en œuvre par des processus cognitifs : observation, interprétation, raisonnement, explication Danielle Bourcier et Peck van Andel s'interrogent et constatent : « S’agit-il d’une intuition forte, de recherches délibérées, d’attention flottante ? Toutes sortes d’hypothèses se cristallisent autour de ce terme forgé au XVIIIe par un érudit qui, dans ses lettres exprimait sa passion pour les collections et les découvertes magiques ».
Pour mieux comprendre l'étendue du terme, voici quelques définitions de 1754 à nos jours :
- Walpole (1754) : Le fait de découvrir quelque chose par accident et sagacité alors que l'on est à la recherche de quelque chose d'autre. Des découvertes inattendues, faites grâce au hasard et à l’intelligence
- Merton (1945) : La découverte par chance ou sagacité de résultats pertinents que l'on ne cherchait pas. La sérendipité se rapporte au fait assez courant d'observer une donnée inattendue, aberrante et capitale qui donne l'occasion de développer une nouvelle théorie ou d'étendre une théorie existante.
- Merton (1949) : Le processus par lequel une découverte inattendue et aberrante éveille la curiosité d'un chercheur et le conduit à un raccourci imprévu qui mène à une nouvelle hypothèse.
- Charles Darwin (1953) : Qualité qui consiste à chercher quelque chose et, ayant trouvé autre chose, à reconnaître que ce qu'on a trouvé a plus d'importance que ce qu'on cherchait.
- Philippe Quéau (1986) : L'art de trouver ce que l'on ne cherche pas en cherchant ce que l'on ne trouve pas.
- Yves-Michel Marti (circa. 1995) : L'art de trouver la bonne information par hasard.
- Pek Van Andel & Danièle Bourcier (2001) : La capacité à découvrir, inventer, créer ou imaginer quelque chose de nouveau sans l’avoir cherché, à l’occasion d’une observation surprenante qui a été expliquée correctement. [1]
- Mark Raison (2002) : L'art de faire des découvertes heureuses, inattendues et utiles par hasard.
- Pek van Andel (2005) : L'art de faire des trouvailles.
- Christian Vanden Berghen (2005) : Art de se mettre en condition de découvrir quelque chose (une information, un médicament, une technique) alors que l'on ne travaille pas directement sur ce sujet.
- Lionel Bellenger (2005) : Capacité, à la suite d'un concours de circonstances particulier, à trouver quelque chose que l'on ne cherchait pas, d'en comprendre l'intérêt et de décider de l'exploiter immédiatement.
Les conditions de la sérendipité
Le hasard
Le hasard occupe une place prépondérante dans les phénomènes de sérendipité. En effet, il n’y a pas de sérendipité planifiée et décidée ! « Les idées expérimentales naissent très souvent par hasard et à l’occasion d’une observation fortuite. Rien n’est plus ordinaire et c’est même le procédé le plus simple pour commencer un travail scientifique. On se promène, comme l’on dit, dans le domaine de la science, et l’on poursuit ce qui se présente par hasard devant les yeux. Bacon compare l’investigation scientifique à une chasse ; les observations qui se présentent sont le gibier. Et continuant la même comparaison, on peut ajouter que si le gibier se présente quand on le cherche, il arrive aussi qu’il se présente quand on ne le cherche pas, ou bien quand on en cherche un d’une autre espèce » [2]
La curiosité
Mais comme l’écrivait Pasteur en 1854, « Le hasard ne favorise que les esprits préparés » : le hasard nous interpelle parfois mais nous passons à coté. Ainsi Fleming a découvert la pénicilline en oubliant une préparation sur le rebord d’une fenêtre mais c’est bien parce que ce qu’il observait l’intriguait qu’il a décidé d’investiguer. Il aurait pu simplement jeter la préparation abîmée. C’est pourquoi dans le phénomène de sérendipité, le hasard bien qu’essentiel est inopérant s’il n’y a pas une solide curiosité et une capacité à comprendre les phénomènes surgissants.
L'abduction
La sérendipité est rattachée à un mode de raisonnement peu connu et mal aimé, souvent appelé « raisonnement de la meilleure explication possible » : l’abduction En épistémologie, l’abduction est un procédé consistant à introduire une règle à titre d’hypothèse afin de considérer ce résultat comme un cas particulier tombant sous cette règle. En psychologie cognitive l’abduction est une forme de raisonnement intuitif qui consiste à supprimer les solutions improbables. Cette notion s’oppose à une logique d’exploration systématique.
L’abduction permet de remonter des effets aux causes, c’est le processus d’une hypothèse explicative. « C’est la seule opération logique qui introduit une quelconque idée neuve ; parce que l’induction détermine une valeur et la déduction produit seulement les conséquences inévitables d’une pure hypothèse. La déduction prouve que quelque chose doit être ; l’induction que quelque chose marche de facto ; l’abduction suggère seulement que cela est possible » [3]
Les degrés de sérendipité
Danièle Bourcier et Pek Van Andel distinguent différents degrés dans la sérendipité :
- La sérendipité positive
Une observation surprenante est faite et elle est interprétée correctement, puis vérifiée et confirmée par des expériences scientifiques.
- La sérendipité négative
Une observation surprenante est faite mais elle n’est pas correctement interprétée. Parfois elle sera correctement expliquée bien plus tard.
- La pseudo-sérendipité
R.M Roberts dira en 1989 : "J’ai forgé ce terme de pseudo-serendipité pour décrire dans les découvertes accidentelles, différentes manières d’arriver à un but recherché, en contraste avec la signification de la (vraie) sérendipité qui décrit la découverte accidentelle de choses non cherchées." [4] Dans la pseudo-sérendipité, on trouve ce que l’on cherchait mais par une route imprévue. Par exemple Charles Goodyear qui cherchait depuis des années comment faire en sorte que le latex soit insensible aux hausses de température, en fît la découverte par hasard, en laissant tomber un mélange de gomme et de souffre sur le poêle. Il découvrit alors le procédé de vulcanisation.
Les domaines de la sérendipité
- Sciences expérimentales
- Sciences humaines
- Technique
- Art
- Vie quotidienne
Enjeux