Mémoire, émotions, apprentissage collaboratif : optimiser les processus d'apprentissage

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Résumé :

Cet article tente de répondre à la problématique suivante : comment améliorer les méthodes d'enseignement en prenant en considération les contraintes imposées par la capacité limitée de la mémoire, les émotions éprouvées par les apprenants, et en intégrant le travail collaboratif ?


Mots-clés : Mémoire de travail, émotions, l’apprentissage collaboratif, apprentissages scolaires.

Introduction :

Les domaines des Sciences de l’éducation et de la psychologie sont riches en apports sur les théories de l’apprentissage.

L'adaptation de nos méthodes d'enseignement peut parfois s'avérer complexe, étant donné les diverses contraintes liées à la mémoire, la théorie de la charge cognitive, les réflexions sur le travail collaboratif, ou encore le rôle des émotions dans le processus d'apprentissage.

Nous allons donc tenter, à travers ce cours article, d’offrir des pistes de suggestions pour optimiser les apprentissages des apprenants.

Développement :

La mémoire

Les nombreuses recherches sur la mémoire ont fait ressortir un constat : celui d’une mémoire de travail (MdT) à capacité limitée.  

Dans cet article, nous allons particulièrement nous intéresser au modèle de MdT à long terme (Ericsson & Kintsch,1995). Ce modèle consiste à percevoir la MdT comme un processus dans lequel les informations mobilisées en MLT sont activées par des mécanismes attentionnels. Ainsi, ce modèle démontre que la capacité limitée de la MdT est en lien direct avec le niveau d’expertise de l’apprenant. En effet plus une personne est experte, moins rapidement le niveau d'activation des informations décroît. En revanche, pour les novices, le niveau d'activation de ces mêmes informations diminue plus rapidement à mesure que leur niveau d'expertise est moindre ; c’est ce que l’on nomme l’hypothèse du déclin temporel (Puma & Tricot, 2021). Ainsi, un expert peut conserver des quantités d'informations plus importantes pendant des durées plus longues, tout en demandant moins d'efforts par rapport à un novice. C’est pourquoi, dans un processus d’apprentissage, il est primordial de tenir compte du profil et du niveau d’expertise de l’apprenant.


Cela peut nous faire écho à des principes présentés dans la théorie de la charge cognitive(Sweller, 1988). En effet, certains principes de cette théorie tiennent compte de l’expertise de l’apprenant. C’est notamment le cas pour le principe de renversement lié à l’expertise en lien avec l’effet du problème résolu ou encore le principe du rythme de présentation


Au-delà de ce niveau d’expertise, nous allons voir en quoi il est également essentiel de prendre compte les émotions de l’apprenant dans les processus d’apprentissage.

Émotions et apprentissages scolaires

De nombreuses recherches ont pu montrer la corrélation entre les émotions des élèves et leurs performances scolaires.

En effet, les chercheurs ont pu constater une association positive entre les émotions dites plaisantes et la réussite scolaire et inversement (Cuisinier, 2018).


Cela met en évidence que les émotions jouent un rôle variable dans le processus d'apprentissage. Par conséquent, il est crucial de comprendre les émotions ressenties par l'apprenant, ce qui nécessite la possibilité de les évaluer.

Ainsi, la question est de savoir comment identifier les émotions vécues par les apprenants ?

Dans son ouvrage Cuisinier (2018) a établi une distinction entre le ressenti de l'apprenant au moment de l'activité et ce qu'il décrit comme les "émotions-trait". Selon l'auteur, les émotions-trait se forment à distance de l'activité et sont ainsi influencées par nos propres évaluations, ce qui altère notre mémoire émotionnelle. L'une des influences notables sur les émotions est le sentiment de compétence, car il a un impact direct sur notre perception de succès ou d'échec, et ces perceptions sont étroitement liées aux émotions.

Ainsi, il est nécessaire de mesurer les émotions au fur et à mesure de l’activité et non à distance afin de limiter l’influence de l’évaluation subjective. Pekrun a conçu en 2005 un questionnaire (à l’Achievement Emotion Questionnaire ) pour évaluer les émotions liées aux accomplissements et aux performances scolaires.


Par ailleurs, les émotions négatives peuvent avoir un impact positif sur les apprentissages notamment par le biais du conflit cognitif.

L’apprentissage collaboratif

L’apprentissage collaboratif peut être abordé sous diverses approches telles que les approches cognitives ou encore socio-culturelles.

De manière générale, il est essentiel de noter que l'apprentissage a une dimension individuelle, particulièrement lorsqu'il s'agit de construire de nouvelles connaissances. Cependant, il est tout aussi important de reconnaître que ces connaissances peuvent être enrichies grâce à des interactions sociales. L'apprentissage collaboratif repose sur un échange mutuel, où l'individu contribue au groupe, tout en bénéficiant des apports du groupe. Ces interactions entre le système cognitif d'un côté et le système social de l'autre sont rendus possibles grâce à l'utilisation du langage.


C’est le conflit socio-cognitif qui va rendre la collaboration riche d’apprentissage.

Effectivement, lors d’un apprentissage en groupe, trois phases se succèdent :

  1.  La phase dite initiale consistant pour chaque individu à externaliser leur point de vue, leurs connaissances ;
  2. À la suite de cette première phase, un déséquilibre cognitif va se créer – en effet, les différents points de vue externalisés vont forcément diverger ce qui va donner naissance à ce fameux conflit socio-cognitif : c’est la phase de divergence ;
  3. Il est alors nécessaire de réguler ce conflit en trouvant une convergence entre les idées des interlocuteurs : c’est la phase de convergence.

Précédemment, nous avons évoqué la place des émotions dans les apprentissages.

Lors d’un conflit cognitif, des tensions peuvent apparaitre donnant naissance à des émotions négatives telles que la confusion, la frustration ou encore la colère.


Il ne faut pas croire que émotions négatives – ou déplaisantes – riment avec échec scolaire. Bien que communément, les émotions plaisantes sont associées à la réussite – et inversement – (Cuisinier, 2018) nous a montré que certaines de ces émotions négatives pouvaient être favorables à l’apprentissage. Effectivement, les émotions déplaisantes comme la confusion qui alimentent le conflit socio-cognitif peuvent permettre un apprentissage plus profond à condition qu’un consensus soit trouvé . A contrario, une émotion telle que la frustration ou l’ennui peut entrainer désengagement dans l’apprentissage.


L'apprentissage en collaboration peut apporter des avantages significatifs dans les processus d'enseignement. Cependant, il est essentiel de prendre des précautions lors de la phase de convergence et d'éviter l'émergence de certaines émotions négatives.

Conclusion :

En résumé, il est indispensable de prendre en considération le profil de l'apprenant, qu'il s'agisse de son degré d'expertise ou de ses états émotionnels, afin d'améliorer l'efficacité de l'apprentissage.

Bibliographie :

Cuisinier, F. (2018). Émotions et apprentissages scolaires : que nous apprend l’étude des émotions déclarées ? A.N.A.E 155. 4-21.


Molinari, G., Muller Mirza, N., et Tartas, V. (2021). Regards croisés des approches cognitives et socioculturelles sur l’apprentissage collaboratif : Quelles contributions dans le domaine de l’éducation ?: Raisons éducatives, N° 25(1) 41‑64. https://doi.org/10.3917/raised.025.0041


Puma, S., & Tricot, A. (2021). Prendre en compte la mémoire de travail lors de la conception de situations d’apprentissage scolaire. Hal open science 171. 217-225.


Page créée par Chloé Gerard volée Drakkar.