L'évolution récente de la définition de la maltraitance des personnes âgées

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Introduction

Thème choisi

Nous avons choisi de traiter de la maltraitance des personnes âgées car ce thème est bien trop souvent laissé pour compte. On entend souvent parler d'enfants maltraités, de femmes battues, mais les personnes âgées sont parfois laissées pour compte. De plus, lorsque nous pensons à maltraitance, notre sens communs a tendance à nous renvoyer directement au sens de la maltraitance physique. Coups, blessures, séquestration...mais aujourd'hui, lorsque l'on rencontre le monde insitutionnel c'est la négligence qui semble être devenue une forme perfide de la maltraitance.

Présentation de l'objet

Nous avons choisi de nous baser sur la canicule de 2003 pour cibler notre recherche. En effet, lors de cet été 2003, environ 1000 personnnes âgées sont décédées en Suisse par suite de la chaleur, du manque d'hydratation, etc. On a alors reproché aux proches et aux insitutions de ne pas avoir suffisament su être à l'écoute et préter attention au nombre de verres d'eau que chaque personne devait boire par jour.

Problématique précise, sa structure et ses limites

Nous avons décidé de nous pencher sur la période entre 1998 et 2005. Nous avons utilisé 2 articles tirés de la Tribune de Genève: l'un daté du 08.04.2003 et l'autre du 21.02.2004, 2 chartes de l'???? et de téléjournaux durant la canicule (juillet et août 2003).

Notre recherche se limite au niveau du canton de Genève et particulièrement au niveau de la négligence comme maltraitance. Nous allons commencer par donner un panel d'informations sur les recherches et les réflexions menées (principalement sur la France) sur le sujet. Puis, nous comparerons les 2 articles et les 2 chartes afin de retirer un maximum d'information sur leurs nombres avant et après la canicule, et sur leurs formes, leurs précisions, le vocabulaire employé, etc. Ensuite nous tenterons de faire des liens entre ces différents niveaux et ces différentes informations. Enfin, nous essaierons de voir comment les téléjournaux présenté lors de la canicule nous décrivent la norme à adopter pour ne pas être taxé de maltraitance ou de négligence. Comment ils ont contribués à l'évolution de ce terme de maltraitance...jusqu'à la négligence.

Il nous apparait également important de mentionner 2 autres limites: tout d'abord le fait que nous ne pouvons lire tout ce qui a été écrit sur le sujet, et que les articles que nous avons choisies pour l'analyse ne sont pas les seuls et uniques pièces que nous avons trouvés. De plus, et c'est là la 2ème limite d'un travail sur le thème de la maltraitance comporte une grande difficulté au niveau des statistiques. En effet, il est très difficile de recenser les victimes de violence. Celles-ci ne sont pas toujours prêtes à en parler que cela soit par peur de représailles ou pour d'autres raisons (telles que peur de l'abandon, peur de briser un lien familial, etc.).

En ce qui concerne la prévalence de la maltraitance envers des personnes âgées au sein des institutions, Hugonot (1990) relève la difficulté d'obtenir des statistiques précises. Il souligne qu'il faut dans tous les cas prendre en compte que les cas décelés ne représentent qu'un cinquième de la réalité: il y a donc une sous-estimation importante. Une raison pour ce manque de données est que les observations de violences restent souvent à l'intérieur d'une institution. Le manque de témoignages, la dédramatisation par le personnel et la crainte de la famille de dénoncer la maltraitance rendent l'estimation de la fréquence réelle difficile. Selon Hugonot, la violence contre les personnes âgées est masquée car elle est liée aux tabous et à la honte.

Une étude effectuée aux Etats-Unis montre que 4,7 % de 2020 personnes de plus de 65 ans sont victimes de sévices (en famille et en institution). En Finlande et en Norvège, 2 à 5% des personnes âgées seraient brutalisées par leur famille. Selon une étude en Suède, des soignants sont désignés comme auteurs de sévices dans 25% des cas dénoncés. Il faut donc s'intéresser à la maltraitance au sein des institutions!

Revue de littérature

C'est dès les années 1980 que dans les pays francophones la question du tabou de la maltraitance des personnes âgées fût soulevé. On commence à parler de certains comportements, de certaines gestes et de certains propos profondément maltraitants pour la personne âgée bien souvent complètement dépendante de l'autre. Le sujet commençait à peine à être traîté que les milieux de professionnels concernés essayaient de faire taire ce qui était soulevé. Il ne fallait pas trop en parler, surtout dire que dans son institution ce genre de comportement n'existait pas. D'autre part, dans le livre Touche pas à tes vieux, un aure point est soulevé. Alors que de nombreuses personnes s'atèlent à dénoncer la maltraitance des personnes âgées, celles-ci commencent à se rendre compte que les gestes, les propos et les comportments qu'ils dénoncen ne sont pas affaires de monstre et qu'eux-mêmes commettent ce genre d'actes. A partir de cette constatation, il devient ridicule de dénoncer ces gestes commis par eux-même. Pour ces 2 raisons, le sujet fut un peu moins traité. Cependant, parallèlement à ces condamnations, de nombreux témoignages sont écrits, racontés, etc. Des personnes âgées trouvent la force de raconter les violences qu'ils subissent...et ils ne baissent pas les bras.

Selon la psychanaliste Evelyne Bertin, nore société occidentale contemporaine n'accorde pas de place à la vieillesse. La société refuse de penser à la vieillesse, elle est tabou. L'être humain a du mal à imaginer qu'il va vieillir, c'est quelque chose dont on ne parle pas, que l'on ne veut pas imaginer, particulièrement dans notre société qui valorise la jeunesse.(Selon E. Bertin) Nous vivons dans un monde en perte de références. La famille en tant qu'institution vit actuellement de grands changements, et nous vivons une époque de confusion des âges et des places dans la famille. L'on ne pourait penser la vieillesse qu'en se situant dans une lignée, faite de générations ayant chacune leurs rôles. Autrefois la vieillesse faisait partie de la société, elle avait une place dans l'univers symbolique de la vie, mais l'on vit actuellement dans une société où les rôles symboliques ont disparus, et où la vieillesse est dévalorisée. Cela pourrait expliquer les raisons qui font que les sociétés occidentales gèrent une partie des personnes âgées sur le mode de l'exclusion à travers le placement.

Pour ce qui est du problème de la maltraitances des personnes âgées, E. Bertin relève deux axes de réfléxion Le déni de la mort dans les sociétés occidentales ainsi que L'augmentation de la banalisation du mal.

Notons également que notre société actuelle est celle de l'image. Pour qu'une cause soit entendue, elle doit être médiatisée. Ce qui peut poser problème dans le cas de violence touchant des personnes âgées quant leurs conditions physiques et psychiques les prédisposent plus à l'isolement qu'à la protestation. Hugonot (1990) remarque que le phénomène de maltraitance n'est pas nouveau dans sa nature, mais par sa fréquence (augmentation des victimes et des agresseurs). Il montre par exemple des prières d'un vieillard abandonné et d'un vieillard qui ne peut pas s'enfuir dans des situations difficiles de 1689. Hugonot remarque notamment que l'âge des personnes considérées comme vieillards a augmenté au fil du temps. La question de la maltraitance des personnes âgées apparait dès lors comme un nouveau problème social. En effet, dans l'Antiquité les vieillards étaient ceux qui atteignaient l'âge de 40 ans. Aujourd'hui, un veillard est quelqu'un de plus de 70-80 ans, qui devient dépendant. Dans son livre, il nomme plusieurs congrès européens sur le sujet de la maltraitance des personnes âgées. Il souligne notamment l'ignorance en France concernant ce sujet et, en rapport avec cela, le manque d'intérêt des médias. Cet intérêt s'est, selon lui, révéillé suite à une lecture de lui à l'Académie nationale de médecine sur le thème des Abus et violences contre les personnes âgées. E. Bertin lui, reproche à la société et au monde politique de faire comme si la maltraitance des personnes âgées n'existait pas. Il dénonce aussi cette habitude de montrer une vitrine parfaite: "Les images que les médias nous présentent sur la vieillesse sont le plus souvent des images d'exception. Les sujets âgés maltraités ou déshumanisés sont interdits de cité dans le monde médiatique."(p.14)....

Avant de poursuivre notre réflexion, il nous parait important de rappeler (ou de donner) plusieurs définitions nécessaires à la compréhension du terme de maltraitance. D'après le Conseil de l'Europe (1990), la maltraitance envers des personnes âgées est "tout acte ou omission commis dans le cadre de la famille par un des membres, lequel porte atteinte à la vie, à l'intégrité corporelle ou psychique, ou à la liberté d'un autre membre de la famille ou qui compromet gravement le développement de sa personnalité et/ou nuit à sa sécurité financière". D'après le Petit Larousse Illustré (1992), la maltraitance est "l'action de traiter un être vivant avec violence, dureté; lui faire subir de mauvais traitements". Les différents auteurs que nous avons lus s'accordent pour distinguer plusieurs catégories de maltraitance:

  • Physique (douleurs provoquées, privation d'aliments et de boissons)
  • Sexuelle
  • Psychologique: entraînant des dépressions, confusions, insomnies, une mauvaise image de soi(à travers la dévalorisation de sa personne. Cela peut se caractériser par l'émission de jugements de valeur négatif à son encontre) et peurs (menaces, insultes, privation de sécurité, de visites...). Selon Hugonot (1990), le langage insultant (langage injurieux et appellation de manière impersonnelle) est le sévice le plus souvent dénoncé.
  • Matérielle ou fiancière
  • Médicale (privation de médicaments ou augmentation de somnifères)
  • Sociale ou civique
  • Négligence active
  • Négligence passive

Selon la classification de l'association ALMA, l'on peut distinguer deux formes de maltraitance : - les maltraitance par acton délibérée de nuire : d'ordre financier, psychologique, physique.

- les maltraitances par omission : elles sont plus dissimulées et méconnues que les précédentes.

Dans tous les ouvrages que nous avons parcourus de nombreux termes sont associés à la maltraitance:

La violence: la violence et souvent synonime de maltraitance. En effet, selon Bernard Marc la violence peut être: physique, psychologique,financière ou médicamenteuse.

L'abus: Pour Hugonot (1990), cette catégorie concerne des contraintes physiques ou chimiques, des abus sexuels, des violences verbales et des exploitations financières.

Le sévice: D'après Hugonot (1990), ce terme désigne un acte de violence (dommages physiques et psychiques) ou une négligence grave (réduction de la santé) envers une personne de plus de 65 ans par son entourage proche. Ce terme serait proche de celui de violence et il engloberait donc tous les autres mots.

La négligence: Hugonot (1990) fait une différence entre la négligence passive et la négligence active. La première concerne la non-satisfaction des besoins quotidiens, le manque de soins et l'attitude psychologique négative (affective et spirituelle). La deuxième est selon lui comparable aux abus, comme: oublier de fornir l'aide nécessaire à la toilette, à la pris des repas, ne plus se soucier de l'image de la personne, et ainsi de suite.

C'est spécifiquement sur ce dernier point que nous allons nous attarder.

Questions de recherche

Développement de la problématique autout des questions de recherche

Qu'est ce qui a contribué à l'évolution récente (entre 1998 et 2006) de la définition du problème social de la maltraitance des personnes âgées, et plus particulièrement de la négligence? - Hypothèse de recherche: Les effets de la canicule de l'été 2003 et leurs médiatisations aurait eu un impact impotant dans ce tournant de définition de la maltraitance


Méthode

Afin de vérifier notre hypothèse, soit l'effet de la canicule 2003 sur la définition de la maltraitance, nous allons analyser et comparer le contenu de deux chartes d'instituitions, deux articles de presse et des extraits de téléjournaux. En ce qui concerne les chartes, nous allons vérifier s'il y a eu des modifications au niveau des articles de loi au sein des institutions et des modifications au niveau de la terminologie employée. Le but de la comparaison des deux articles de presse est de voir s'il y a eu des changements dans la manière d'informer la population sur le problème de la maltraitance. Enfin, l'analyse du téléjournal devra nous permettre d'analyser le type de langage utilisé en lien avec la canicule.


Limites de la méthode

En ce qui concerne la comparaison des articles de presse, nous nous sommes rendus compte qu'il est très difficile d'accéder aux articles pertinents pour cette démarche. La recherche d'articles dans des bibiothèques (p.ex. la BPU) est trop difficile, car il n'est pas possible de faire une recherche par thème sur plusieurs années. Pour faire notre recherche, nous nous sommes donc basés dur le site swissdox (archive de journaux). Puisque nous n'avons pas la possibilité de consulter tous les articles (coût trop élevé), nous devons nous baser sur les titres des articles, qui ne rendent pas toujours compte de ce qui est décrit dans l'article lui-même. Il est donc possible que les articles choisis ne ne soient pas tout à fait représentatifs de la manière dont la presse traite la problématique de la maltraitance.

Analyse

Eléments relevés de la comparaison des 2 articles

Afin de voir les effets de la canicule sur la presse romande, nous avons premièrement fait une recherche quantitative dans les archives de journaux romands (swissdox.ch). Deuxièmement, nous avons comparé au niveau du contenu deux articles de la Tribune de Genève.

Au niveau quantitatif, nous avons pu constater qu'en gros, le nombre d'articles paru dans la presse (24 heures, Tribune de Genève, le Matin, le Temps, L'Hebdo, L'illustré) avant la canicule a doublé après ce phénomène. Nous avons trouvé environ neuf articles avant et 20 après l'été 2003.

Eléments relevés de la comparaison des 2 chartes
Eléments retirés des téléjournaux

Lors de nos recherches dans les archives de la TSR nous avons tout d'abord constaté que le nombre de TJ abordant le problème du sort des personnes âgées a triplé suite à la canicule. Nous pouvons émettre l'hypothèse que la canicule fut un tremplin, voire un très bon "fait divers" pour parler de la situation des personnes âgées dans notre société. En effet, ce sujet fut traité plus qu'abondament durant la canicule et juste après, puis régulièrement à l'arrivée de l'été les années qui ont suivies. Il nous parait intéressant de relever la manière dont les médias s'empare d'un sujet d'actualité pour en faire un problème social. Il faut peut-être garder à l'esprit qu'un des buts premiers des médias, comme développé dans les cours du professeur Payet (Introduction à la sociologie de l'éducation)et hormis l'aspect d'information, est de faire le plus possible d'audimat en accrochant les téléspectateurs par des évènements "chocs". Les médias ont tendance à s'emparer d'un problème social (ici la condition des personnes âgées et la maltraitance) pour en faire un fait médiatique. Ce processus est facilité dès lors qu'un problème concerne un grand nombre de personnes. Ce qui est le cas avec les personnes âgées puisque chacun en a au moins une dans son entourage ou dans sa famille.

Les émissions que nous avons choisies de traiter pour notre analyse datent toutes de la période durant la canicule de 2003 et juste après. Nous nous sommes centrés sur les téléljournaux de la télévision suisse romande (TSR)datés des ... , ... , ... .

Conclusion

Retour sur la problématiques, les questions de recherche

Peut-être que la négligence n'est pas une évolution du terme de maltraitance mais plutôt la conséquence de l'augmentation du nombre de fois où l'on aborde la question de la maltraitance. Peut-être pourrait-on dire que du fait de cette reprise incessante de ce thème, nous sommes plus attentifs aux faits et gestes qui pourraient s'inscrire dans la maltraitance. En étant plus attentifs à cela, on en vient à parler de négligence et à l'inscrire dans la maltraitance.

Rappel des principaux résultats de recherche
Autocritiques et perspectives

Dans cette perspective de la négligence comme maltraitance, il nous faut tout de même soulever les abus et les dérives de cette terminologie. Il nous semble que par cette association de terme, tout acte est devient potentiellement négligent... Par exemple: ne pas donner à boire à une personne âgée est une forme de négligence/maltraitance, mais la forcée à boire l'est également car ceci va à l'encontre de sa propre volonté. Il serait important, à notre avis, de faire des nuances entre les différences formes de maltraitance et de négligence (ce qui a commencé à être fait dans les associations telles que ALMA France ou Alter Ego)et d'être clair avec les professionnels par rapport à leurs devoirs et obligations professionnelles. Il ne faut oublier qu'ils doivent prendre soin de ces personnes, qu'un code de déontologie existe et que'une grande question reste à être abordée et clarifiée: Qu'est-ce qui doit primer lorsque ces 2 points s'opposent; le choix et la volonté de la personne âgée ou le devoir professionnel face à une personne qui met sa vie en danger?

Bibliographie

Livre
Articles
Téléjournaux

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