Bertin, Evelyne (1999) Gérontologie, psychanalyse et déshumanisation : silence vieillesse... Paris : L'Harmattan

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Evelyne, Bertin, (1999), Gérontologie, Psychanalyse, Déshumanisation : Silence, vieillesse…, Paris : L’Harmattan.

(Résumé)


Note sur l’auteur : Evelyne Bertin est psychanalyste à Paris et responsable du séminaire «  Psychanalyse et vieillissement ». Elle est également directrice du Centre de Recherche sur le Psychisme et le vieillissement et présidente de l’institut «  Les penseurs du temps ».

Cette ouvrage, composé de cinq chapitres est une réflexion sur la place des personnes âgées dans notre société occidentale actuelle et les paradoxes qui en découlent. L’auteur tente de dénoncer la souffrance et le silence face au problème de la maltraitance des personnes âgées et la « déshumanisation » d’ont-ils sont victimes dans notre société qui se réfugie dans l’aveuglement et le dénis face à ce problème.


Chapitre I : Une société en changement : des espases en faillites

Dans le premier chapitre, l’auteur nous dit qu’actuellement notre société n’accorde pas de place à la vieillesse, penser la vieillesse c’est penser à la finitude de la vie, pensée très difficile pour l’homme, d’autant plus dans notre société qui valorise la jeunesse.

Dans notre société actuelle de l’image, l’auteur note que : « les images que les médias nous présentent sur la vieillesse sont le plus souvent des images d’exception. Les sujets âgés maltraités ou déshumanisés sont interdits de cité dans le monde médiatique. »p.14

L’auteur nous dit que la société mais également le monde politique fait comme si la maltraitance des personnes âgées n’existait pas et préfère généralement montrer une vitrine parfaite. Elle poursuit en nous expliquant qu’en France, dans le domaine de la gériatrie, existe un espace de non droit où l’interdit du délit et du crime n’existe pas et donc où il n’y a pas de sanction. Le personnelle ferme les yeux et les familles sont découragées dans la poursuite de leurs plaintes.

La société refuse de penser à la vieillesse, elle est « tabou ». L’être humain a du mal à imaginer qu’il va vieillir, c’est quelque chose dont on ne parle pas, que l’on ne veut pas imaginer. C’es une des raisons, pour la quelle, les sociétés occidentales gèrent une partie des personnes âgées sur le mode de l’exclusion à travers le placement.

Evelyne Bertin poursuit en disant que «  nous vivons dans un monde en perte de références ».p22 Références à un univers symbolique indispensable à l’être humain. Elle met également en cause la famille en tant qu’institution qui vit actuellement de grands changements. Selon elle, nous vivons une époque de confusion des âges et des places dans la famille. Cette dernière devient donc impensable en tant qu’institution, et de ce fait, la vieillesse deviendrait aussi impensable car l’on ne pourrait penser la vieillesse qu’en se situant dans une lignée, fait de générations ayant chaque une leur rôle. « Il y a un problème dans la filiation qui fait que nous avons du mal à penser les générations. Les sociétés occidentales sont en état de dérive symbolique. » p.27


Chapitre II : Des vieillesses hors droit

L’auteur nous rappelle que la maltraitance des personnes âgées existe belle et bien et qu’il y a à son sujet un espace de non droit et ce si pas seulement en gériatrie, mais dans toute la société qui fait semblant de ne rien voir. Le Droit et la Loi devraient remédier aux problèmes de notre époque caractérisée par une perte des repères et une confusion des rôles.

L’auteur nous dit qu’il y a quelques années l’existence d’une telle maltraitance était encore niée par les acteurs sociaux. Les histoires de maltraitance sont peut connue du publique du fait que « les victimes âgée n’osent ou ne peuvent se plaindre. La famille est un espace secret. Les soignant, bien que la loi les délie du secret professionnel, préfèrent se taire. » p.35

L’auteur reprend la classification de l’association ALMA et du professeur Hugonot, qui distingue deux formes de maltraitance : - les maltraitances par action délibérée de nuire : d’ordre financier, psychologique, physique. - Les maltraitances par omission : elles sont plus dissimulées (et méconnues) que les précédentes.

Pour E.Bertin la question centrale se situe dans le rapport subjectif de la déshumanisation en lien avec le vieillissement. « Pourquoi les uns consente à subir la déshumanisation cependant que d'autres consentent à déshumaniser ? » p.41 Elle suggère deux axes de réflexion : « 1-le déni de la mort dans les sociétés occidentales. »,« 2-l’augmentation de la banalisation du mal. »


Chapitre III : Le déni de la mort

Pour l’auteur, la problématisation de la mort est liée aujourd’hui à l’essor des sciences et des techniques. Notre société occidentale d’aujourd’hui est dans le mythe de la santé parfaite et les avancées de la science ont changé, bouleversé notre relation à la mort.

L’auteur aborde le problème du droit de mourir face à l’avancement de la technologie médicale qui recule les limites de la mort. « Certains traitement ne font que maintenir l’organisme en marche. D’autres prolongent l’état de souffrance ou l’état minimal existant. », « Le droit à la vie inclut le droit à la mort comme sa propre mort. P. 49 mais parfois une personne âgée n’a plus la force de le revendiquer. L’auteur y voit une impasse « éthico-légale » pour qu’il y aie droit il faut qu’il y aie une personne qui le revendique.

Autrefois la vieillesse faisait parti de la société, elle avait une place dans l’univers symbolique de la vie. Mais l’on vit actuellement une société ou les rôles symboliques ont disparu. Le discours de la science prend la place des institutions en tant que référence. Avec la science à la place d’un ordre symbolique comme référence l’homme perd ses repères et le sens des limites.


Chapitre IV : La hausse de la banalisation du mal

La collectivité devrait réagir avec colère contre la souffrance des personnes âgées, mais la réaction de la société face à l’injustice et la souffrance a vu une hausse d’indifférence, une forme de « passivité collective » p.58

L’auteur note qu’étant donné le déni de la vieillesse, des personnes peuvent ne pas percevoir comme injuste les traitements que certaines personnes âgées subissent. La souffrance subie peut être comparée a un malheur et susciter la compassion et la pitié mais cela ne déclanche pas vraiment une indignation collective n’y de réaction politique. «  Il y a un phénomène de « banalisation du mal ». « On fait passer pour malheur ce qui relève de l’exercice du mal commis par certains sur d’autres. » p. 60

Le rapport au corps d’une personne âgée est difficile et cela peut entraîner une négation de ce corps et de sa souffrance. Voir l’autre comme une chose, un objet, peut être une façon de se protéger face a la difficulté de l’accompagnement d’une personne âgée.

L’auteur propose comme solution, de travailler à redonner de la valeur à la vie. Elle souligne également l’importance de la Loi et de sa médiation à la quelle il faudrait réfléchir, et elle propose une réflexion sur notre façon de regarder l’autre.

E. Bertin aborde le problème de la reconnaissance des professionnels travaillant avec des personnes âgées. Dévaloriser la vieillesse c’est également dévaloriser les professions qui s'y rattachent. Si un individu n’a pas de reconnaissance, il est renvoyé à sa souffrance et si il n’arrive pas à gérer cette souffrance dans le travail il va se réfugier dans des stratégies de défense qui peuvent avoir l’effet de le désensibiliser. Si l’individu ne peut supporter la souffrance d’autrui il peut également se réfugier dans un sentiment d’indifférence. Ces mécanismes de défense peuvent conduire à la violence. Et l’on ne peut vraiment condamner ces stratégies défensives car elles sont nécessaire à la sauve garde de l’intégrité psychique.

Selon l’auteur, Les processus de défenses qui conduisent à la déshumanisation peuvent s’expliquer du point de vue de l’organisation psychique. Elle site le « rétrécissement subjectif » p.74 qui permettrait à l’esprit d’établir inconsciemment une frontière entre deux mondes, un cercle autour de lui qui lui est proche et ou il se sent concerné, et un monde plus éloigné qui ne le touche pas. L’auteur site Hannah Arendt qu nome se phénomène la « normopathie », c’est à dire la banalité du mal. L’homme met en places des stratégies de défense qui ont tout d’abord un but d’adaptation et de lutte contre la souffrance. Mais, ces mécanismes de défenses sont aussi les vecteurs de la banalisation du mal.


Chapitre V : Parler pour témoigner contre la déshumanisation

L’auteur relève deux aspects de notre société contemporaine, la révolution de la communication et l’augmentation de la longévité. Mais cette hausse de l’espérance de vie entraîne également une hausse des personnes âgées dépendantes. Les nouvelles technologies en médecine font miroiter « le mythe de la santé parfaite », mais de par son coût, l’accès a ses nouvelles technologies n’est possible que pour certains.

La confrontation aux machines nous dispense de rencontrer l’autre ce qui brouille notre perception de l’altérité. Les hommes vivants dans notre société occidentale contemporaine n’ont plus de repères pour gérer la confrontation à ce qui est dissemblable comme la vieillesse. De plus le monde médical a tendance à faire du patient un objet de travail. C’est pour cela selon l’auteur que la violence peut surgir dans ce type de relation. « (…) le monde médicale s’éloigne de plus en plus du réel du corps et du discours sur la souffrance. » p.86

Avec les nouvelles techniques que l’on retrouve partout dans notre société actuelle l’on assiste à un phénomène de coupure avec la réalité. La souffrance, la violence s’élimine par un simple « clic » ou il suffit de « zapper ». Les nouvelles générations doivent apprendre à faire la différence entre la fiction, l’image et la réalité. Pour qu’une cause soit entendue, elle doit être médiatisée. Ce qui pose problème dans le cas de violence touchant des personnes âgées en difficultés quand leur condition physique et psychique les prédispose plus à l’isolement qu’à la protestation.

L’auteur propose à la société de faire un travail sur son rapport au temps, à autrui et à la place des générations. Elle nous dit qu’il faut réhabiliter la maladie, le deuil, la mort comme faisant parti de notre destin d’être humain entant qu’éléments constructifs.