Le numérique dans la formation: limites et avantages.

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Page créée par Jenny Freimüller, volée Drakkar, le 10 décembre 2023.

Résumé

Ce court texte a pour but d’explorer les possibilités et contraintes que pose le recours au technologies numériques dans le cadre de l’enseignement et de la formation. Ce bref texte basé sur les articles de Tricot (2021), Soller & al. (2005) et Tchounikine et Tricot (2011) répondra à la question suivante : Quelles sont les limites et avantages du numérique dans l’apprantissage et quelles sont les pistes pour en faire l’usage le plus efficient ?

Mots-clés

EIAH, CSCL , apprentissage, outils numériques, formation

Introduction

Depuis l’avènement des technologies numériques et suite à la pandémie du Covid, les outils numériques ont gagné une place considérable dans les dispositifs de formation et d’enseignement. La question demeure cependant d’attester de leur réel apports et bénéfices. Or, le sujet est encore peu étudié et ne bénéficie que de peu d’années de recherches. Si intégrer les outils numériques dans les moyens d’enseignement semble à priori une véritable aubaine et révolution, il semble tout indiqué d’étudier le phénomène de plus près et d’en percevoir ses limites et contraintes.

Développement

Si les différents dispositifs numériques à disposition semblent révolutionnaires, ils sont sujets à de nombreuses contraintes. Dans son texte Tricot (2021) pose le constat que le recours au numérique et au travail à distance permet de rendre plus flexibles les contraintes liées au temps, au lieu et aux manières d’apprendre. Toutefois, la contrainte des savoirs à enseigner reste la même, peu importe la modalité. De plus, si l’enseignement à distance permet une plus grande flexibilité, celle-ci porte un coût cognitif pour l’apprenant.e. En effet, la contrainte n’est pas annulée mais c’est sa responsabilité qui est déplacée « elle ne relève plus de l’enseignant.e, mais de l’élève, or l’assumer et la mettre en œuvre est difficile ». Ainsi, les apprenant.e.s se voient porter la charge de l’organisation et de l’auto-gestion de leur apprentissage peut poser de grandes difficultés que le présentiel ne pose pas. À cela s’ajoute la difficulté de la prise en main et de la compréhension des EIAH (environnement informatiques pour l’apprentissage humain) qui « peut être tellement coûteuse qu’elle gêne les élèves au lieu de les aider. » (Tricot, 2021).

Bien que l’usage d’outils numériques dans l’enseignement semble encore controversé, il représente une réelle source d’évolution possible. Si la mise en œuvre de formation à distance demande des recherches plus approfondies, elle n’en demeure pas moins une opportunité énorme d’évolution et de flexibilité de l’enseignement. Si Tricot (2021) met en avant le charge cognitive supplémentaire qu’impose l’utilisation de ces outils -notamment dans le contexte de travaux collaboratifs à distance- l’utilisation et l’étude des CSCL (Computer suported cooperative learning) comme présentées par Soller & al. (2005) montre des possibilités de réponse à ce problème. En effet, les auteur.e.s présentent les CSCL, soit des environnements et outils permettant d’analyser les échanges, les actions et l’organisation réalisés et mis en place par les élèves lors de travaux collaboratifs à distance. Ces CSCL représentent un véritable outil de guidage lors des ces travaux. Basés sur trois approches, les CSCL peuvent prendre la forme de mirroring tool, metacognitive tool ou guiding system. (Soller &al., 2005) Ces trois approches proposent des données permettant aux apprenant.e.s de constater de leur méthode d’organisation, de répartition, de participation et de les utiliser afin d’optimiser leur manière de collaborer. Selon l’approche, l’outil peut simplement transmettre des données quantitatives ou peut également analyser et comparer les comportements et schémas réels avec des standards attendus et proposer des pistes d’amélioration. Cet outil, dans les mains des apprenant.e.s aux-mêmes, des enseignant.e.s ou de coachs (humains ou machines) offre la possibilité de rendre les interactions et la collaborations à distance optimale et bien moins coûteuse cognitivement.

Toutefois, si ces divers outils et environnements numériques et informatiques représentent une réelle source de possibilité d’amélioration et de diversification des manières d’enseigner et de concevoir les formations, il faut encore développer une base théorique solide sur laquelle s’appuyer. C’est cet aspect-là que discutent Tchounikine et Tricot (2011) dans leur texte. En effet, les auteurs soulignent le peu de recherches effectuées sur le sujet et le manque de base théorique propre au sujet. Si les EIAH touchent à la fois au domaine de l’informatique et celui des sciences cognitives, il n’existe à ce jour pas de « processus de conception des EIAH plus ou moins normalisé faisant l’objet d’un consensus. » (Tchounikine et Tricot, 2011). Les auteurs expliquent également que les théories sur lesquelles sont basées les conceptions actuelles des EIAH, permettent « d’interpréter et de comprendre, et non […] de construire. » (Tchounikine et Tricot, 2011) Cette nuance met en avant l’importance de créer un cadre théorique propre au domaine permettant la conception d’EIAH performants, mais surtout adaptés.

Conclusion

Dans le cadre de l’usage des outils numériques et des EIAH dans l’apprentissage, la question n’est pas de savoir s’ils devraient être utilisés ou non, mais plutôt comment en faire l’usage le plus adéquat. Les auteurs mentionnées, aux travers de leur articles, apportent quelques pistes concernant la manière d’utiliser ces outils. S’ils trouvent des contraintes et limites à ces outils, tel que leur coût cognitif et leur difficulté de prise main, ils soulignent également des clés d’amélioration. En effet, en déterminant d’une part un cadre théorique et des notions propres au domaine des EIAH, en exploitant l’aide des CSCL et en conceptualisant des outils adaptés à la pratique et reposant sur l’analyse de leurs limites actuelles, l’intégration de ces outils informatiques semblent une réelle opportunité d’évolution pour le domaine de l’éducation. Il ne s’agit alors plus de débattre de leur usage ou non-usage, mais bien d’explorer les pistes d’amélioration possibles et d’investir d’avantage dans la recherche sur ce domaine précis.

Bibliographie

Tricot, A. (2021). Le numérique permet-il des apprentissages scolaires moins contraints ? Une revue de la littérature: Éducation et sociétés, n° 45(1), 37‑56. https://doi.org/10.3917/es.045.0037

Tchounikine, P., & Tricot, A. (2011). Environnements informatiques et apprentissages humains. In C. Garbay & D. Kayser (Éds.), Informatique et sciences cognitives. 153‑186. Éditions de la Maison des sciences de l’homme. https://doi.org/10.4000/books.editionsmsh.13926

Amy Soller, Alejandra Martinez, Patrick Jermann, Martin Muehlenbrock. (2005). From Mirroring to Guiding: A Review of State of the Art Technology for Supporting Collaborative Learning. International Journal of Artificial Intelligence in Education. 15, 261-290. hal-00197378