Apprentissage collaboratif : l’importance de l’autorégulation de ses émotions

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Liu Cong - Volée Drakkar

Résumé

Ce texte présente la place des émotions dans le domaine de l’apprentissage, et ce plus précisément dans un contexte d’apprentissage collaboratif. Je cherche à montrer l’importance de l'impact que les émotions peuvent avoir sur l’apprentissage, et l’importance de pouvoir les réguler, surtout en milieu collaboratif. Pour ce faire, je vais m’appuyer sur plusieurs textes préexistants (voir références bibliographiques).

Introduction

Dans le contexte de l’apprentissage collaboratif, la nécessité de réguler ses émotions est un aspect important à prendre en compte lorsque l’on souhaite avoir un environnement de travail sain et optimal. De nombreuses études ont déjà été menées sur l’influence des émotions sur l’apprentissage scolaire, et l’impact qu’elles peuvent avoir sur la performance académique. Dans un cadre d’apprentissage collaboratif, les interactions sociales ajoutent une dimension supplémentaire qui complexifie le rôle que joue les émotions dans l’apprentissage. C’est pourquoi il est pertinent de se poser la question suivante : “Comment est-ce que la compréhension et la création de stratégies de régulation des émotions peuvent bénéficier à l’apprentissage collaboratif ?”

Développement

Le rôle des émotions dans l'apprentissage

D'après le texte de Cuisinier (2018), les émotions ressenties sont étroitement liées à la situation dans laquelle elles se trouvent, ce qui inclut une composante d’évaluation subjective à la recherche. De nombreux facteurs peuvent influencer le ressenti vis-à-vis d’un apprentissage, tels que l’âge, le genre, la discipline, l’enseignant, etc. Cependant, il est possible d’isoler certains facteurs qui induisent les mêmes réponses émotionnelles. Les émotions sont généralement séparées en deux catégories. Les émotions positives regroupent les ressentis considérés comme étant agréables, et les négatives englobent les ressentis déplaisants. Selon les études sur lesquelles s’appuie l’article de Cuisinier, les émotions positives interviennent favorablement à la réussite, tandis que les émotions négatives ont tendance à avoir une influence défavorable. Lors d’une activité, il y a un ressenti basé sur le sentiment de compétence et de réussite vis-à-vis de la réalisation du but, la réussite se traduisant généralement des émotions positives (joie, fierté), tandis que les difficultés rencontrés et l’échec amènent à des émotions négatives (frustration, colère, honte). Il est intéressant de noter que la confrontation aux difficultés engendre généralement des émotions négatives, et ce indépendamment de la compétence ou du sentiment de compétence de la personne. La variable qui modifie cette réponse face aux obstacles est l’attitude de l’apprenant face à l’erreur, ceux ayant une attitude ouverte face aux erreurs présentant souvent un profil émotionnel positif. Les résultats de ces recherches pointent vers l’importance de la régulation émotionnelle, ou autrement dit à la capacité à maintenir ou à modifier consciemment son propre ressenti sur une activité.

L'autorégulation de ses émotions

Selon la théorie de Boekaerts, mentionnée dans le texte de Cosnefroy (2011), les émotions sont fortement influencées par la manière dont est évaluée la situation d’apprentissage dans laquelle les apprenants se trouvent. L’apparition d’un nouvel élément, ou un en contradiction avec leurs connaissances antérieures, va générer un déséquilibre cognitif chez l’apprenant, qui va l’amener à développer de nouvelles stratégies mentales et comportementales pour transformer ses représentations afin de rétablir un nouvel équilibre (Briswalter & Mehlinger). Les émotions engendrées alors sont pour le plus souvent négatives, mais la nature du ressenti peut néanmoins être bénéfique. Les émotions négatives ont tendance à induire un mécanisme de défense, qui va privilégier le maintien ou la restauration du bien-être avant la réussite. Cependant, si l’apprenant est convaincu que les gains liés à l’acquisition de connaissance l’emporte sur les inconvénients, il lui sera alors possible de focaliser son attention sur surmonter les difficultés, bien que l’effet contraire soit lui aussi possible à tout moment. L’autorégulation consiste donc à balancer le désir d’acquérir de nouvelles connaissances avec le maintien du bien-être.

La régulation de ses émotions dans un milieu d'apprentissage collaboratif

L’apprentissage collaboratif, comme son nom l’indique, implique que plusieurs personnes se rassemblent pour apprendre quelque chose ensemble. Cependant, selon Molinari, Muller et Tartas (2021), les émotions ressenties sont, elles, le résultat d’un processus individuel d’évaluation cognitive de la situation de collaboration. La nature des émotions ressenties par un individu peut aussi impacter la performance du groupe. Les émotions positives, comme négatives, peuvent influencer les émotions d’autres membres de l’équipe dans un sens comme dans l’autre. Il est normal qu’il y ait des moments de tension lorsqu’un membre ou plusieurs est face à des difficultés, mais ces tensions, si mal gérés peuvent amener à des émotions comme la frustration ou l’ennui qui peuvent faire diminuer le niveau d’engagement. Cependant, une bonne collaboration où l’apprenant se sent soutenu et aidé par ses pairs lors de moments difficiles, va lui permettre de maintenir sa motivation à travailler et va bénéficier à sa performance au sein du groupe. C’est pourquoi il est encore plus important de mobiliser un processus de régulation de ses émotions afin d’établir un équilibre cognitif et émotionnel au sein du groupe pour améliorer la performance générale.

Conclusion

En conclusion, nous pouvons constater que les émotions jouent un rôle décisif dans l’apprentissage, et peuvent fortement influencer l’engagement et la motivation de l’apprenant. L’autorégulation est donc nécessaire afin de maintenir un équilibre entre l'acquisition de connaissances et le bien-être émotionnel. La régulation émotionnelle est d’autant plus nécessaire dans l’apprentissage collaboratif, les émotions individuelles pouvant influencer la performance générale du groupe. Ces émotions, dépendant de leur nature, peuvent favoriser la réussite, tout comme elles peuvent l’entraver. C’est pourquoi, une gestion adéquate de ses émotions favorise l’engagement et la réussite collective.

Références bibliographiques

  • Briswalter, M., & Mehlinger, M. Les théories de l’apprentissage : Fiche de synthèse. https://sup.univ-lorraine.fr/
  • Cosnefroy, L. (2011). L’apprentissage autorégulé : Perspective en formation d’adultes. Savoirs, n° 23(2), 9-50. https://doi.org/10.3917/savo.023.0009
  • Cuisinier, F. (2018). Emotions et apprentissages scolaires : que nous apprend l’étude des émotions déclarées. ANAE, N°155(001-008), 5-46.
  • Molinari, G., Muller Mirza, N., & Tartas, V. (2021). Regards croisés des approches cognitives et socioculturelles sur l’apprentissage collaboratif : Quelles contributions dans le domaine de l’éducation ?. Raisons éducatives, N°25(1), 41-64. https://doi.org/10.3917/raised.025.0041