Article 2014-15
Introduction
La prison reste, hier comme aujourd'hui, l'objet de discours réformateurs, mais aussi abolitionnistes. Dans les décennies 70-80, et sous l'influence de certains événements, un discours critique s'énonce, en particulier grâce à la pensée originale du philosophe Michel Foucault. A l'époque celle-ci s'exerce non seulement dans des ouvrages, mais aussi dans des actions militantes notamment par la création, en France, du "groupe d'information" sur les prisons (GIP) et en Suisse romande le groupe action prison (GAP), ainsi que dans des manifestations de rue. La prison fait partie des revendications post-soisante-huitardes visant des idéaux sociétaux: une société plus libre, moins hiérarchisée, plus égalitaire, mais aussi donnant la parole aux populations opprimées. La prison est prise dans le collimateur de ces revendications portées par des groupes politiques.
Même si la prison a toujours fait parler d'elle, depuis une dizaine d'années, elle est sous les feux, non seulement des médias, mais aussi de "nouveaux" militant/e/s qui veulent informer des problèmes qui la traversent. Le collectif Infoprison répertorie les événements qui sont en lien autant avec la politique pénitentiaire que des événements liés au quotidien carcéral. Les thématiques évoquées dans ces bulletins (au nombre de 13 jusqu'à aujourd'hui) foisonnent. La surpopulation (en particulier à Champ-Dollon 780 détenus alors qu'elle avait été prévue pour 360!), les conditions de détention, la prise en charge médicale, les populations-cibles (notamment les Roms), les mineurs en prison, la formation en prison en font partie.
L'article proposé dans le cadre de la communauté de travail pour le cours du semestre d'hiver 2014, veut en particulier amener une réflexion sur deux thèmes qui se prêtent plus que d'autres au questionnement proposé d'un rôle éventuel joué par les sciences de l'éducation dans le champ pénitentiaire, étant entendu que dans son histoire la prison du 19e siècle avait été présentée comme un lieu de rééducation (transformation de l'individu, amendement); soit: la santé et l'incarcération des mineurs.
La santé est un sujet essentiel autant en ce qui concerne la vie quotidienne que la maladie à proprement parler. On peut autant évoquer la santé au sens large de la vie en prison, mais aussi au sens de la maladie y compris celles transisse en prison et "produite" par la prison et ce jusqu'au suicide. La question de la transmission des maladies que celle de la médication (et son excès), autant celle du rôle des médecins (médecin psychiatre notamment en lien ou non avec l'art.64), que la question de la prévention du suicides, des tentative de suicide et des suicides. Mais plus largement la santé comprend le vivre ensemble en prison (les relations entre détenus, entre gardiens et détenus, ainsi qu'avec les différentes professions qui sont représentées), la sexualité (parlois intimes, trvaailleuses du sexe), l'usage du cannabis. Aujourd'hui la recherche d'alternative est nécessaire (voir l'article de Manzanera et Senon (2004).
Sur l'incarcération des jeunes en "prison" beaucoup de questions traversent le temps: celle des terminologie: de quoi parle-t-on exactement? (= centre fermé, centre d'éducation, centre), les articles du Code pénal ( changement en éducation et répression), à Genève la Clairière fait périodiquement parler d'elle (l'affaire Dominique Roulin, etc.). Il reste toujours à trouver le meilleur moyen d'en sortir! Est-ce la formation en prison, le rôle des acteurs/trices qui y interviennent et ce qu'ils font, les traitements?
La grande question restant l'alternative à la prison voire sa suppression (posture abolitionniste): bracelet, la conditionnelle, la (re)socialisation, la formation, culture, thérapie par les animaux, par le jardinage, etc.
Après avoir décrit la manière dont la prison a été "problématisée" dans les années 1970, puis dans les années 2010, nous tenterons d'initié une réflexion sur l'apport des sciences de l'éducation. Quelles sont les propositions de la communauté de travail une fois l'analyse faite des critiques des années 1970 et 2010 qui pourraient d'un point de vue des sciences de l'éducation? En quoi et dans quelles mesures les Sciences de l'Education peuvent contribuer à l'évolution du système.
Les sources d'archives des mouvements
Outre le témoignage de Muriel Testuz entendu le 22 octobre dans le cadre du cours Les institutions d'éducation spéciale: entre archives, mémoire et histoire [[1]], un certain nombre d'archives des années 1970 permettent d'entrer dans cette époque pendant laquelle est née une contestation de la prison. Une recherche plus ample serait nécessaire (notamment auprès des acteur/trice/s) de l'époque), mais déjà quelques documents ont pu être repérer. Il s'agit de la collection (incomplète) du bulletin du Groupe action prison, "Le Passe-muraille, les témoignages retranscrits intégré dans l'ouvrage Guide touristique des plus belles prisons romandes, 1977), le rapport Rouiller, iconographie, films, littérature (témoignage), les quotidiens, les revues, les témoignages oraux, les statistiques officielles fédérales (exemple: statistiques fédérales sur la délinquance), etc. Pour aujourd'hui, le bulletin [[2]]
Les groupes information prison en France et le groupe action prison en Suisse romande
Le GIP, est un groupe d’intervention qui revendique les faits qu’ils qualifient d’intolérables se passant en prison et ce en donnant la parole aux principaux intéressés, à savoir, les détenus. À travers des entretiens de prisonniers et diverses publications, le GIP met en exergue leurs conditions de vie: la promiscuité, l’insalubrité ou encore le manque de soins médicaux contraignent les détenus à vivre dans des conditions parfois inhumaines. Le GIP possède donc la mission de faire valoir la parole des détenus et de porter leur doléances en dénonçant publiquement les mauvais traitements, les mauvaises conditions de vie et l'absence de réel justice à l'intérieur du milieu pénitencier. Tout abus est dénoncé et mène à des luttes.
Les événements marquants à en France et en Suisse romande 1971-1990: une chronologie
- Début des années 1970 Les critiques s’élèvent contre le système pénitentiaire. En effet, de nombreux journalistes et détenus relatent les conditions de vie intolérables en prison. Plusieurs livres sur ces conditions commencent à être publiés. On commence à s'intéresser à ce que vivent les prisonniers.
- 1971: Lancement d’une campagne pour l’abolition du casier judiciaire, mais parallèlement le gouvernement lance une politique de renforcement sécuritaire de la surveillance individuelle en prison. Ainsi les prisonniers se sentent non écoutés et ils se lancent dans diverses mutineries, revendiquant leurs droits notamment en raison des conditions de vie jugées intolérables.
- 8 février 1971 : Création de la GIP (Groupement d'Information Prison. ce groupe se crée autour du philosophe Michel Foucault et des intellectuels de l'époque. L'objectif de la GIP "est d'informer, de faire sortir les prisons du silence, de donner la parole à ceux qui ne peuvent pas la prendre, de témoigner devant le monde de ceux qu'eux-mêmes appellent l'intolérable" (Histoire des prisons en France, 1789 - 2000, Editions Privat).
- Septembre 1971: «drame de Clairvaux». Deux détenus prennent en otages une infirmière et un surveillant qui vont être tués suite à l’assaut des forces de l’ordre. Dès lors, le contrôle des détenus se renforce, certains surveillants utilisent cet événement pour demander une répression renforcée envers les prisonniers. S’en suit une alors diverses demandes notamment celle de la suppression des colis de Noël qui sera la source des révoltes futures (grèves de la faim, refus d’obéir, etc.).
- Décembre 1971 jusqu’en 1972, début de nombreuses mutineries ayant pour but l’amélioration des conditions de détention (Mutinerie de Nancy, de Tul). De nombreux sujets tels que l’amélioration de la nourriture, celle des conditions sanitaires ou encore de la dignité de l’homme sont au débat.
Suite à ces éléments, le GIP modifie ses actions. Il se lance ainsi dans un soutien et un appel à la lutte en faveur des droits des prisonniers en se tournant du côté des anciens détenus et des familles de détenus. Le but est donc de donner la parole aux détenus par le biais de questionnaires et de récits. Les mutineries dénoncent les non droits des prisonniers : La prison est un lieu qui rompt avec tout contact avec la société. L’entassement, l’ennui et la sous-alimentation sont des fléaux qui la dominent le milieu carcérale et qui renvoient à une forme d’injustice ressentie par les prisonniers.
- En 1972, un prisonnier en Suisse Romande, Louis Gaillard mène une longue grève de la faim pour dénoncer le manque de prise en charge vivant la réintégration des détenus. Plusieurs mouvements de solidarité se forment alors dans les prisons suisses.
Plusieurs journaux commencent également à publier des articles sur la détention et la prison. A Genève, le journal mensuel de contre information et de lutte "Tout va bien" publie des lettres de détenus, des articles de groupes de soutien et des articles sur les prisons Suisses. "Le groupe information sur les prisons" de Genève est actif à ce moment là et publie un périodique "Prison".
- 1974-1975: Naissance du Groupe Action Prison (GAP)
Ce groupe ce crée à la suite d'un évènement tragique. Une jeune détenue de 18 ans, Patrick Moll est enfermé dans une prison pour adulte (Etablissements de la Plaine de l’Orbe). Le 30 juillet 1974, il tente de s'échapper et est abattu de balles dans le dos. Le GAP mène plusieurs manifestations, des groupes de soutiens aux familles de détenus, des permanences dans des bistrots... Les différentes revendications du GAP sont les suivantes: -Suppression de l'isolement - Des conditions HUMAINES de détention - D'avantage de dignité - Un statut de travailleurs - La possibilité de se créer une situation sociale
- 1976-1979: Le GAP informe !
- Eté 1976 : première pétition nationale des prisonniers. - Juillet 1976 : lancement du périodique "le Passe-Muraille Journal des prisonniers" - Janvier 1977 : Un livre symbolique et plein d'informations est publié pas le GAP. Ce dernier s'intitule "La Suisse à l'ombre, Guide touristique des plus belles prisons romandes" élaboré par Roger Gaillard. - Septembre 1977 : lors d'une conférence de presse le GAP annonce le dépôt d'une pétition " Briser l’isolement » pour un véritable changement dans la détention préventive. Celle-ci est adressée aux Grands Conseils romands et du Tessin. Elle rassemble 7239 signatures de détenus. - 1979 : Avec l'aide d'un jeune avocat, le GAP publie un petit guide sur les droits de la personne arrêtée.
- 1977-1978 Champ-Dollon
Cette prison, située hors agglomération, ouvre en 1977 et remplace celle de Sainte Antoine en vieille ville. Les détenus expriment alors leur crainte d'être transféré dans cette prison isolé et isolante. Un comité contre Champ-Dollon voit le jour est créée en collaboration avec le centre femme et le GAP. Les détenus supportent très mal ce nouveau lieu d'incarcération. De nombreux suicides s'accumulent au sein de cette prison-bunker". En juin 1979 la tension monte et une soixantaine de détenus se mutines et montent sur le toit de la tour de Champ-Dollon.
- 1977 L’isolement carcéral et les quartiers de haute sécurité́ QHS
- 1979
- En juillet 1979 un détenu maintenu à l'isolement en régime strict se suicide. Le GAP publie alors un dossier sur les quartiers de haute sécurité. - la publication des Passe-Murailles cesse à la fin 1979, après 17 numéros. Quelques dossiers paraîtront encore. - le journal "Tout va bien" prendra le "relais".
- 1980-1983 L'affaire Strüm - GAP
Walter Strüm est placé en cellule d'isolement fin novembre 1979 à la prison du Bois-Mermet. Il est soumis durant 36 jours au secret. Le comité d'isolement de Zurich et le GAP commencent alors une bataille.
- 1981-1982 Morts sur ordonnance dans les prisons vaudoises
Six morts en prison en six mois surviennent en Vaud en 1981. Pour le GAP c'en est trop. Une manifestation est donc organisée rue de Lausanne pour dénoncer les conditions de détentions et la responsabilité des autorités dans ces décès. L'Etat réagit sans vraiment s'expliquer mais reconnait que la prévention du suicide en prison est très faible. Des fonds sont alors libérés pour renforcer la sécurité. En 1982, le GAP n'a as abandonné son enquête pour connaître les circonstances des 6 décès. Le journal "Tout-Va-Bien et l'Association vaudoise des médecins progressistes publient, avec le soutien du GAP, un document sur ces 6 décès et les conditions du drame.
- 1986
- Après des années de luttes, le GAP décide d'arrêter. Il estime avoir fait son travail et ne se sent plus aussi vaillant qu'il y a 10 ans. - Création de l'ADPS (association des prisonniers de Suisse), constituée de détenus de l'intérieur. Passage de témoin réussi puisqu'il donne la parole aux détenus: objectif voulu par le GAP.
- 1990
- Une partie des anciens membres du GAP réinvestiront la Ligue des droits de l'homme.
La question de la santé en prison: 1970-2010
A la suite de la lecture d’Infoprisons, notre intérêt s’est particulièrement orienté sur le sujet de la santé en prison, car il s’agit d’un sujet largement débattu durant ces dernières années. Nous avons décidé de nous intéresser à 2 thématiques étant en lien direct avec la santé, à savoir le rôle du médecin carcéral et la question des médicaments. Ces deux thématiques nous ont semblé être particulièrement intéressantes à investiguer car elles permettent de mettre en lumière des problématiques et particularités concernant la santé dans le milieu carcéral. La première mission de ses établissements pénitentiaires a été de tenir des personnes en détention, la question des soins a pris du temps à se développer. Notamment, par la réforme du code de procédure pénale de 1945 la médecine pénitentiaire se créer mais reste insuffisante.
Il y a quelques années, les prisons n’avaient pas la fonction de prendre en charge la santé des prisonniers. De ce fait, il y avait un taux de mortalité élevé qui peut aussi être lié à la faible espérance de vie de la population à l’époque. De plus, le fait que la prison ne doit pas porter atteinte aux droits de la personne sauf celui de la liberté est une idée nouvelle. Nous observons donc une émergence de la fonction des soins.
A l’époque l’organisation et la prise en charge des détenus étaient de la responsabilité de l’administration pénitentiaire. Même avec des efforts la qualité des soins était inférieure à la population à l’extérieur. L’augmentation des pathologies devient un grand problème. Par conséquent, les pouvoirs publics ont pris en considération l’insuffisance des moyens existants pour assurer cette mission de soins. Par cette urgence, en 1994, Simone Veil (ministre des affaires sociales de la santé) parle d’état d’urgence. Du coup, la loi de janvier 94, transfert la prise en charge médicale des détenus aux établissements publics.
Une enquête par les ministères de l’emploi et de la solidarité et de la justice a montré que 1/3 des détenus présentent différents facteurs de risque (alcool, tabacs, drogue…) et que 1/10 ont besoin de prise en charge psychiatrique. De plus, la surpopulation est une cause de l’aggravation de l’état de santé des détenus. Le fait de concentrer trop de personnes dans une cellule ne respecte pas les règles d’hygiène et favorise la propagation de pathologies.
Le rôle du médecin est déjà en soi un rôle complexe mais s'il se situe dans un contexte carcéral cela en accentue d’autant plus la complexité. En débutant dans les années 70 avec peu ou pas de médecin en prison, le rôle de ce dernier a passablement changé durant ces dernières années. Il est devenu plus réglementé, plus spécialisé. Ce qui semble ressortir davantage de nos jours est ce paradoxe avec lequel doit vivre le médecin pénitentiaire, de se comporter de la même manière dans ce milieu fermé qu’à l’extérieur, avec la population tout venant. Afin de respecter le droit et l’égalité de tous, les médecins pénitentiaires aspirent à délivrer les mêmes soins à tous et sont encadrés par des associations telles que l’ASSM qui édite des directives pour encadrer leur profession, comme, par exemple, les directives médico-éthiques pour « l’exercice de la médecine auprès de personnes détenues. » (2002, mise à jour 2012, ASSM). Cependant, en arrière plan, cette médecine particulière semble difficilement se séparer de la justice qui se trouve systématiquement en fond ainsi que du problème de la sécurité à assurer. Le médecin se sent une pression sur les épaules de devoir assurer son rôle auprès des deux pôles qui « s’opposent » : l’incarcéré et la justice.
Concernant la méthodologie, nous avons décidé d’aborder ces thématiques de manière comparative dans le temps. En effet, nous allons recueillir diverses sources ( articles scientifiques, livres, entretiens, articles de journaux) dans les années 70-80 et plus récentes afin de pouvoir saisir l’évolution de ces thématiques. C’est ce que nous allons essayer d’approfondir en investissant diverses sources et en débutant chronologiquement dans le temps.
La critiques des années 1970-1980
- Le rôle du médecin: Un article des années 70 Questions sur la médecine pénitentiaire(D. Gonin, 1979, vol.3, n°2, pp. 161-168, Déviance et société) nous permet d’avoir une première idée de ce que représente le rôle du médecin en milieu carcéral dans ces années-là.
La médecine pénitentiaire est une médecine particulière, non de par sa pratique mais tout d’abord au travers du lieu dans lequel elle s’exerce, c’est-à-dire la prison. Le médecin pénitentiaire est un médecin particulier qui doit répondre autant à des exigences formelles (en effet, il doit passer un certificat ou diplôme particulier) que des exigences personnelles (il doit avoir certaines qualités, notamment d’écoute et d’empathie envers les personnes incarcérées).
Ce médecin a donc une vision particulière des « patients prisonniers » puisqu’il peut effectuer une comparaison constante avec les patients tous venant, de l’extérieur. Les prisonniers ont des caractéristiques propres qui finissent par devenir des signes distinctifs des patients « libres », comme par exemple certaines affections qui seraient récurrentes ou encore des signes visibles comme de nombreux tatouages sur la peau. Ces patients se trouvent en position d’infériorité en rapport à des patients tout venant. En effet, les prisonniers sont soignés gratuitement mais ont l’obligation d’être soigné. Ils le sont à la fois dans un espace clos mais toujours sous le regard de quelqu’un d’autre : surveillant, autre prisonnier…
Le médecin pénitentiaire est donc un médecin particulier qui endosse de nombreux rôles et est sujet à des paradoxes quant à sa manière d’agir. Il fait office de médecin conseil, d’hygiéniste, de médecin légiste (notamment car il est en relation constante avec la loi, il doit par exemple se charger de rédiger les rapports et doit donc compléter sa formation par une formation en médecine légale). Sa position au sein de la prison n’est pas quelque chose de facile notamment en ce qui concerne la question du pouvoir. Il est en effet sans cesse pris entre son patient et les autorités. Patients qui doivent lui obéir et autorité qui lui donne des ordres ou à qui il doit écrire pour prendre des décisions concernant les patients. Il s’agit donc là d’une lourde charge pour ces médecins. En effet, ils ont d’une certaine manière le sort des prisonniers dans leurs mains. Ils préféreraient parfois être « observateur extérieur » mais ils sont au final toujours pris à parti pour les sanctions… Un des rôles les plus importants de ces médecins, même si pas forcément considéré de manière formelle, est leur apport de reconnaissance aux prisonniers. En effet, dans l’univers carcéral les prisonniers ont tendance à ne plus vouloir parler et s’ils le font ce sont pour les seules fois ou l’autorité le leur exige… Ils se sentent dévalorisés et sans identité aucune. Avec le médecin pénitentiaire, ils peuvent parler plus librement. Ce dernier peut permettre aux détenus de se sentir unique dans le sens ou moins perdu au milieu d’une foule d’individu indifférencié.
Encore faut-il qu’un médecin se trouve dans la prison. Le Passe-muraille, journal des prisonniers n°9 de décembre 77, ( groupe Action prison), nous parle d’un dossier santé. Il dénonce les conditions sanitaires et expose plus particulièrement les situations médicales dans les prisons préventives de Neuchâtel et Genève. Comme nous pouvons le lire dans les premières pages, il n’y pas de poste officiel de médecin de prison à Neuchâtel et à la Chaux de fond. Par contre, le poste est déjà officiel à Genève. A Neuchâtel, les médecins se déplacent si le personnel de la prison le demande ( géôliers). A Genève, les incarcérés peuvent faire une demande en s’inscrivant sur une liste, sans intermédiaire. Il n y a qu’un médecin à Neuchâtel et par conséquent pas vraiment d’équipe de santé. Les géôliers s’occupent de dispenser les médicaments le reste du temps. A Genève, il y a une équipe de professionnels de la santé comme psychiatre, dentiste… Les géôliers ne peuvent pas distribuer les médicaments ; ce sont les infirmiers qui en sont chargés.
Nous pouvons déjà observer là de grandes différences entre deux cantons distincts de la Suisse… Comme à Neuchâtel il n’y a pas de poste officiel de médecin carcéral, il s’en suit évidemment que ces médecins n’ont pas de cahiers des charges contrairement à Genève.
Un autre problème souligné est celui de l’assurance maladie. En effet, dans certains cantons suisses, des assurances prévoient dans leurs statuts jusqu’à l’exclusion du droit aux prestations pour les détenus et se repose donc sur l’Etat pour le financement (passe-muraille n°77, p.10)
- Les médicaments:
Le suicide dans les années 70
Durant les années 70, de nombreuses révoltes éclatent en prison. Les prisonniers protestent pour obtenir plus de droits. Par exemple, la question des heures de promenade fait débat. Étant réduite qu’à une seule par jour, les détenus souhaitent en obtenir une supplémentaire, ce qui n’est pas du goût du directeur pénitencier. Ainsi certains choisissent de mener une grève de la faim, grève qui les conduiront vers une mort certaine. Les suicides suites des crèves de la faim sont souvent tus par les prisons. En effet, à cette époque les prisonniers se plaignent des conditions de vie en prison. Ils disent préférer le choix de la mort que de vivre dans ces conditions. Ils n’ont plus l’impression d’êttre considéré comme des individus : “Lorsque l’on na plus le droit d’être un homme, il ne reste plus que la mort.” (p.318) De plus, grand nombre de détenus étant faibles psychologiquement et possédant diverses difficultés d’adaptation au milieu carcéral notamment, finissent par ne plus supporter la prison et choisissent de mettre fin à leurs jours soit par le biais de la pendaison, soit par la prise excessive de barbiturique ou encore par l’usage d’outils (clous, fourchette, etc) qu’ils ingèrent. Le suicide par pendaison peut devenir un fantasme pour ces prisonniers qui cherchent l’orgasme ultime et suprême.
Les mineurs en prison: la position du GIP et du GAP
Dans un ouvrage intitulé La Suisse à l'ombre : guide touristique des plus belles prisons romandes (1977). Dans cette œuvre, les auteurs expliquent le traitement des mineurs dans les prisons, notamment à La Clairière ainsi que le fonctionnement des prisons en fonction des peines décidées. Les rédacteurs nous rapportent également des interviews menées à l'époque auprès d'ex-détenus et d'éducateurs dans le but de nous éclairer sur ce système pour mineurs.
Position du GIP
Dans le livre Intolérable du GIP présenté par Artières, P. (2013) qui reprend les cinq brochures du GIP, il y est fait peu mention de la question des mineurs.
Quelques repères chronologiques
- 5 février 1970: fermeture de la prison de mineurs de Rambouillet.
- 24 juin 1971: la police expulse les jeunes du foyer des Epinettes. Ceux-ci et certains éducateurs prennent alors contact avec le GIP, estimant que l'éducation surveillée est passible des mêmes critiques que les prisons.
- 5-13 décembre 1971: un mouvement de dévolte éclate à la centrale Ney de Toul contre le régime très dur imposé par le directeur Galiana: le 5, une première révolte éclate à 17h dans les quartiers des jeunes détenus; grève de travail, révolte, saccage des locaux. cultes suspendus, accès interdit aux aumôniers et à la psychiatre, maintien du directeur dans ses fonctions et nouvelle révolte durement réprimée. Le lendemain intervient le transfert des jeunes mutins de Toul vers Ecrouves.
- 7 décembre 1971: René Pleven déclare à la télévision qu'il autorise les colis de Noël pour les détenues et les emprisonnés de moins de 18 ans.
- 20 mai 1972: six jeunes détenus tentent de s'évader à Nîmes, en perçant un trou dans le plafond de leur cellule.
- 24 mai 1972: dans le quartier no4 de la prison Saint-Michel de Toulouse réservé aux jeunes délinquants, un mouvement de révolte éclate dans la soirée.
La liste des suicides dans les prisons françaises en 1972 (connus du GIP, donc pas exhaustif). Sur les 32 personnes recensées, il y en a 10 dont on ne sait pas leur âge. Donc sur les 22, une personne est mineur, sept ont 20 ans ou moins, quatorze ont mois de 25 ans.
Deuxième brochure: parole de jeunes
A d'autres reprises le thème des mineurs ou des jeunes détenus est abordé. Plusieurs fois, lors des différentes enquêtes faites par les prisonniers, il est fait référence à de conditions sensiblement plus favorable pour les jeunes comme l'accès au sport par exemple.
Dans la deuxième brochure, il y est fait notamment référence d'aménagements spéciaux faits pour ces jeunes: notamment le renfort d'éducateurs. Voici ce que rapporte un détenu (qui semble au vu de son discours être considéré comme jeune) de Fleury:
Ils ont mis plein d'éducateurs pour les jeunes. (...) Les éducateurs, quel bobard! A l'entrée, c'est l'éducateur qui fait ton estimation et qui te recommande à la commission de classement. Ils veulent tout savoir, et si tu leur racontes ta vie, ils t'ont à la bonne. Mais beaucoup refusent de parler. Au début je me méfiais du mien, finalement, il faisait le bon père, je me suis rendu compte qu'il n'était pas un mauvais bougre, il ne reprenait pas à son compte tout le système des prisons, il essayait de faire de son mieux, je crois que lui aussi aurait préféré être ailleurs. Dans l'ensemble, ce sont des types qui croient effectivement pouvoir faire quelque chose, l'activité qu'on leur demande, ils la critiquent, mais enfin ils ne la refusent pas: ils disent qu'ils voudraient t'aider, te réinsérer dans la vie sociale. (...) Et avec le casier, c'est encore plus dur. Mais qu'est-ce qu'ils peuvent faire, à part distribuer des bonnes paroles? Ca sert, c'est vrai, les bonnes paroles (...) Parfois ça te soutient le moral, de parler à quelqu'un qui qui ne te donne pas ordres comme un maton. Bien sûr, tu te fais bourrer le mou, mais ça aide quand même.A part ça, il y a des éducateurs qui ne se différencient absolument pas des surveillants. (...) Il y a des types qui refusent de parler à l'éducateur. Il laisse tomber assez vite. Il y en a d'autres qui ne jurent que par lui, qui lui demandent de voir leur famille, qui veulent le revoir après. La plupart sont comme moi ils prennent ce qu'on leur donne (...). De toute façon, une fois qu'on est en cellule, on ne le voit pas beaucoup.<ref>Groupe d'information sur les prisons. Intolérable (2013), présenté par Philippe Artières, Verticale, pp 116-117</ref>
Fatalisme, défaitisme semblent refléter et la position du jeune, mais aussi celle de l'éducateur. Celui-ci semble être le faire-valoir de l'administration pénitentiaire de Fleury qui se prévaut d'engager un personnel spécialisé pour s'occuper des jeunes. Mais dans les faits, il semblerait que ces éducateurs n'aient que peu de marge de manœuvre. Ils sont présent au début, mais plus beaucoup ensuite: manque de temps? Il est aussi à souligner la capacité de ce détenu à se mettre en empathie, à la place de ces éducateurs: à reconnaître à eux aussi leurs difficultés, comme si tout le monde, prisonnier comme personnel pénitentiaire seraient victimes d'un fonctionnement.
Ensuite le même détenu parle d'autres aménagements faits. D'abord les instituteurs, sympas, pas trop autoritaires mais tout ça c'est complètement symbolique car Fleury reste une maison d'arrêt, et tu ne peux pas vraiment y apprendre quelque chose. Ensuite les instructeurs techniques des ateliers, puis pour finir les aménagements sportifs dont la gymnastique ne servirait en somme qu'à discipliner les corps.<ref>Groupe d'information sur les prisons. Intolérable (2013), présenté par Philippe Artières, Verticale, pp 117-118.</ref>
Le discours d'un autre détenu rejoint le premier. Il parle de l'école et de la préformation professionnelle comme des mirages. Il souligne que l'occupation des jeunes est le grand sujet qui mobilise la direction de Fleury. Les éducateurs avaient mis en place des séances de projection mais ont dû abandonner faute de temps. Il relaie une demande de ceux-ci, être plus nombreux, mais il se demande si cela changerait vraiment les choses. <ref>Groupe d'information sur les prisons. Intolérable (2013), présenté par Philippe Artières, Verticale, pp 118-119</ref>
Autres brochures
écriture à suivre
L'esprit des années 70
Dans un ouvrage paru en 1978, Didier Pingeon fait une critique de la détention en prison énumérant différents éléments (voir résumé). A l'évidence la prison apparaît comme un carcan (camisole physique) qui ne peut être compatible ni avec l'éducation (anti-éducative et anti-thérapeutique, augmentation des récidives) ni avec une conception de la justice et de l'individu (perte des droits, dépersonnalisation, violence). Les termes sont forts Pingeon par de "bourreaux", de "stigmatisation accrues" et accuse la justice de classe qui permet d'éviter la prison pour ceux qui ont des moyens financiers.
D'autres textes soulignent ...
Or, ces critiques semblent être encore d'actualité, notamment au niveau de la perte de l'intimité (fouilles totales faites à l'entrée), les récidives et la stigmatisation.
Un nouveau questionnement pour quels changement? les années 2000
Dans un premier temps, nous allons évoquer l' état des lieux fait dans les années 90 sur la situation de la santé en prison. D’après le livre La santé en prison. Les enjeux d'une véritable réforme de santé publique de I. Chauvin.
En janvier 1994, une réforme de l’organisation sanitaire des établissements pénitentiaires a été mise en place par la loi n° 94-43 qui prend en compte la santé publique et la protection sociale. L’objectif est d’offrir une même qualité de soins aux personnes incarcérées et à la population. Dès la mise en œuvre de cette réforme, les détenus ne sont plus soignés par un personnel médical de l’administration pénitentiaire mais par des médecins, des infirmiers de l’hôpital public. Dès le début de leur incarcération, les détenus obtiennent une assurance maladie et maternité du régime de la sécurité sociale. Cette réforme est une évolution pour la prison. Elle se développe par des services psychiatriques, des services d’accueil et des soins spécialisés pour les toxicomanes. De plus, elle permet une continuité des soins et assure une prise en charge sanitaire des détenus. Néanmoins, plusieurs questions se pose sur le devenir de cette réforme.
En 1998, en France, nous comptons 57'458 détenus pour 24'786 agents dont 19'727 surveillants. La durée de détention en 1997 était de 8,1 mois. La plupart des détenus avaient un état sanitaire préoccupant notamment à cause de certaines pathologies ou encore pour des raisons d’hygiène et d’absence de prévention d’éducation à la santé. La majorité des détenus sont jeunes et ne bénéficient pas de soins médicaux. 80 % ont besoin de soins dentaires. La fréquence de la tuberculose est très élevée. De plus, 1/5 détenus souffre d’une pathologie psychiatrique qui peut aller jusqu’au suicide. Ce dernier augmente, il était de 24 pour 10'000 détenus. De plus, les phénomènes de dépendance (alcool, stupéfiants) sont en hausse également.
A présent, comme nous pouvons le lire à travers un des articles de la Tribune de Genève du vendredi 28 mars 2014 rapportant une rencontre avec Hans Wolf (nommé à la tête de la médecine pénitentiaire), ce dernier se définit comme un défenseur « d’une médecine indépendante de la justice, de la confidentialité et de l’équivalence des soins entre détenus et personnes libres ». Cette phrase relève bien les problématiques qui concernent nos deux thématiques.
La santé: état de la problématique aujourd'hui
La psychiatrie en milieu pénitencier
D'après le texte de Manzanera, J.L. Senon (2004) <ref>Manzanera, J.L. Senon (2004). Psychiatrie de liaison en milieu pénitentiaire : organisation, moyens, psychopathologies et réponses thérapeutiques. Annales Medico Psychologiques 164, 686-699.</ref>, "les troubles mentaux retrouvés en milieu carcéral sont dénoncés dans tous les pays industrialisés comme étant en contante augmentation (...) (et l'on peut le) relier à un ensemble de facteurs : une désinstitutionnalisation psychiatrique, une crise de l'hébergement social et plus récemment une importation d'un modèle judiciaire de "tolérance zéro" ". Ainsi, c'est le milieu pénitencier et l'environnement juridique qui pourrait faire partie des principaux facteurs générant les troubles mentaux. Mais si la prison créer des personnes "malades psychiquement" qui étaient "saines" en entrant, pourquoi? Qu'est-ce qui peut influencer à ce point les hommes et femmes emprisonnés? Pour répondre à cette question, il semble intéressant de proposer de s'intéresser à la vie des personnes emprisonnées, à ce qui leur reste. Car il semble évident que la prison vise à enlever la liberté (la dignité?); le temps de vie; les relations sociales avec les proches ; les relations intimes : le contact avec le "monde réel", etc. Et lorsque l'on retire tout ça à un homme que lui reste t-il? Principalement deux choses : la perspective de retrouver la liberté et le quotidien - repas, relations sociales, activités, contacts, etc. - dans leur nouveau lieu de vie. Pour ce qui est de retrouver la liberté, c'est la justice qui décide. D'où son importance et l'importance des nouvelles lois qui influencent directement la vie et le mental des prisonniers. Pour le quotidien dans la prison, c'est aux structures d'essayer de préserver la santé mentale de ses "habitants". Et par quels moyens? Le journal info prison (bulletin numéro 7, novembre 2012) parle par exemple d'un "jardin thérapeutique" lancé à Genève. Ce jardin pourrait paraître anecdotique mais en le créant, qu'ont voulu tenter ses créateurs? Quels résultats voulaient-ils obtenir ? Et ont-ils réussi deux ans après? Car le quotidien des prisonniers est fait d'un tas de petites choses, activités, rencontres hebdomadaires avec les médecins, et toutes ces choses, ces moments de vie, d'action, sont importantes, notamment pour la santé mentale des prisonniers. Et en cherchant à obtenir plus d'informations sur cette initiative isolée, le but est de voir quel impact une modification de cette ampleur peut elle avoir.
Le suicide actuellement en prison
La question des mineur/e/s en prison aujourd'hui : régression ou progression?
Les bulletins Infoprisons abordent x fois la question.
Dans le No 9
"Evaluation de l'efficacité du nouveau droit pénal des mineurs" En effet, ces trois infos traitent de manière plus ou moins générale de la question des jeunes et de la délinquance. Le numéro 10 en particulier rend compte d'une baisse de la violence chez les jeunes ....
" Peu à peu les jeunes délaissent la violence" "Réinsertion d'adolescents en grande difficulté par la marche à pied" "En prison, Carlos couterait autant"
Article déjà écrit
il y a un article DEWIKI qui a été fait en 2005/6 sur la question de la délinquance, pour éviter qu'on fasse de la redite: Délinquance juvénile à Genève de 1900 à aujourd'hui
Quelques chiffres statistiques
Un raccourci très fréquent quant il s'agit de délinquance, qui plus est de délinquance des jeunes, et de confondre délinquance et sentiment d'insécurité. Ce sentiment, véhiculé ou exacerbé par des politiques ou par des organes de presse servent différentes fonctions. Pour les premiers. il peut servir à justifier des mesures de plus en plus sécuritaires, de se faire élire et donc servir l'intérêt propre de certaines personnes. Pour les seconds, il est sans doute question de chiffres d'affaire, d'attirer de nouveaux lecteurs par des titres ou des manchettes accrocheurs et vendeurs. Le sentiment d'insécurité reste quelque chose de flou et de non scientifique. Ce n'est pas parce que ce sentiment augmente dans la population que la délinquance croît inexorablement. Il suffit parfois de quelques "affaires" à grand retentissement, comme on en a eu, pour des adultes, en 2013 par exemple. De grandes affaires qui révèlent des dysfonctionnements peut-être d'un système plus global, de croyances qui voudraient que la sécurité soit totale et absolue.
Venons donc aux chiffres de cette délinquance, même si les chiffres peuvent être barbants, il peuvent servir d'indicateurs plus ou moins objectifs d'une situation. Ils renseignent sur une réalité et peuvent faire officie de témoins historiques. Deux sources principales pour nous aider à y voir plus clair: l'ouvrage de Guéniat, O. (2007) et le site de statistiques de la Confédération qui nous fournit des informations sur la délinquance des mineurs depuis 1946. Il existe un document publié par l'Office fédéral de la statistique qui porte un regard sur l'évolution de la délinquance des mineurs de 1946 à 2004. Même si les chiffres ne sont pas de toute dernière actualité ils ont l'avantage et le mérite de porter sur quasiment un demi siècle de chiffres et de statistiques, révélant des tendances que les auteurs ont harmonisés afin de pouvoir comparer les données entre elles. En effet, il serait faux de comparer telle année à telle autre année, car il est su que les systèmes de statistiques diffèrent entre certaines époques. que nous dit cette méta analyse?
- Depuis 1934 il existe une hausse de la délinquance juvénile.
- Par contre au niveau des condamnations pénales chez les adultes, il y a une baisse.
- On peut conclure d'une part que la délinquance des mineurs ne conduit pas à une hausse chez les adultes. On peut dire que "La délinquance des adolescents semble être plutôt un phénomène épisodique lié à une période particulière du développement de l’individu."<ref>Office fédéral de la statistique (2007). Evolution de la délinquance juvénile. Jugements pénaux des adolescents, de 1946 à 2004. Neuchâtel: OFS, p.5</ref>
- Le type d'infraction est considérée comme mineure.
- Cela concerne principalement des garçons.
- Au niveau des sanctions, "on observe que le «placement extra-familial» (maison d’éducation, famille d’accueil, détention), sanction relativement lourde, autrefois prédominante, a été progressivement abandonné au profit de mesures ambulatoires et, depuis le milieu des années 70, d’astreintes au travail."<ref>Office fédéral de la statistique (2007). Evolution de la délinquance juvénile. Jugements pénaux des adolescents, de 1946 à 2004, op. cit., p.5</ref>
- Le nombre de jeunes en situation difficile n'a pas augmenté.
Un point majeur sont à relever concernant ces données et ces constats. Malheureusement, c'est pour l'époque qui nous intéresse essentiellement, soit les années 1970, que certains chiffres font défauts. En effet, ces recueils dépendent aussi des lois et des différentes juridiction. En 1942 le code pénal suisse est entré en vigueur et avec lui, l'obligation d'indiquer les jugements pénaux au casier judiciaire. Par contre en 1974 l'obligation n'est plus de mise, il y a donc un vide entre 1974 et 1984, année depuis laquelle l'Office fédéral de la statistique travaille sur ce recueil de données. <ref>Office fédéral de la statistique (2007). Evolution de la délinquance juvénile. Jugements pénaux des adolescents, de 1946 à 2004. Neuchâtel: OFS, p.10</ref>
Un autre point important concerne le types de mesures ou punitions prises par les juges.
- Au niveau des mesures éducatives: le placement en maison d'éducation qui a vu ses chiffres diminuer pour laisser place à l'assistance éducative.
- Au niveau des punitions disciplinaires: les détentions qui étaient la punition la plus utilisée a largement diminué et ce depuis 1974 où a été mise en place l'astreinte au travail. La part de détentions a diminué de moitié entre 1954 et 2004. <ref>Office fédéral de la statistique (2007). Evolution de la délinquance juvénile. Jugements pénaux des adolescents, de 1946 à 2004. Neuchâtel: OFS, pp.20-21</ref>
Nous allons maintenant croiser ces chiffres avec ceux d'un autre Office, l'Office fédéral de la police cité par Guéniat (2007) qui amènent plusieurs constats <ref>Guéniat, O. (2007). La délinquance des jeunes. L'insécurité en question. Lausanne: Presses polytechniques et universitaires romandes. p..21-35</ref>:
- De moins en moins de mineurs dénoncés à la police.
- Une baisse de dénonciations de vols et de cambriolages.
- Mais une augmentation de la violence.
Le point le plus important que nous pouvons dégager de ces chiffres est sans doute le nombre de détentions qui a chuté. Une raison explicitée par la rapport est l'arrivée dans les années 1970 de l'alternative de l'astreinte au travail. Y a-t-il eu d'autres éléments qui sont à la source de cette diminution" Des réponses sont à chercher notamment dans le livre de Heller (2012) ou dans L'antichambre de la taule par exemple.
Références bibliographiques
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