« L'évolution récente de la définition de la maltraitance des personnes âgées » : différence entre les versions

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===== Retour sur la problématiques, les questions de recherche =====
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D'après notre recherche on peut tirer des conclusions pas de tout exaustives, car il nous aurait fallu plus de temps pour satisfaire pleinement notre objectif. La négligence peut être pris comme synonime d'abus. Elle est, si on peut le dire, un sous chapitre du grand phénoméne de la maltraitance. La négligence a été toujours prensent dans notre société, notre realité, qui ferme les yeux devant le problème des personnes âgées. Nos hypothèse ont été en grand partie verifiée soit par l'évolution de notre article soit par l'eterview avec le professeur Rapin (mercredi, 31 mai 2006. La canicule du 2003 a été effectivement le moyen pour en parler plus. Ce phénoméne a permis de briser petit à petit le silence autour d'une problèmatique societale si grande.
D'après notre recherche on peut tirer des conclusions pas de tout exaustives, car il nous aurait fallu plus de temps pour satisfaire pleinement notre objectif. La négligence peut être pris comme synonime d'abus. Elle est, si on peut le dire, un sous chapitre du grand phénoméne de la maltraitance. La négligence a été toujours present dans notre société, notre réalité, laquelle avait les yeux fermé devant le problème des personnes âgées. Nos hypothèse ont été en grand partie verifiée soit par l'évolution de notre article soit par l'eterview avec le professeur Rapin (mercredi, 31 mai 2006). La canicule du 2003 a été effectivement le moyen pour en parler plus. Ce phénoméne a permis de briser petit à petit le silence autour d'une problèmatique societale si grande.


Peut-être que la négligence n'est pas une évolution du terme de maltraitance mais plutôt la conséquence de l'augmentation du nombre de fois où l'on aborde la question de la maltraitance. Peut-être pourrait-on dire que du fait de cette reprise incessante de ce thème, nous sommes plus attentifs aux faits et gestes qui pourraient s'inscrire dans la maltraitance. En étant plus attentifs à cela, on en vient à parler de négligence et à l'inscrire dans la maltraitance.
Peut-être que la négligence n'est pas une évolution du terme de maltraitance mais plutôt la conséquence de l'augmentation du nombre de fois où l'on aborde la question de la maltraitance. Peut-être pourrait-on dire que du fait de cette reprise incessante de ce thème, nous sommes plus attentifs aux faits et gestes qui pourraient s'inscrire dans la maltraitance. En étant plus attentifs à cela, on en vient à parler de négligence et à l'inscrire dans la maltraitance.

Version du 6 juin 2006 à 10:01

Ont écrit cet article...

Tatiana CAVAGLIANI - Sarah GROSSNIKLAUS - Stefania RODRIGUEZ - Mélanie SAVOY - Germain VON DER MUEHL - Valérie SCHAUDER

A propos des concepts de maltraitance et de négligence

Nous avons choisi de traiter de la maltraitance des Personnes âgées car ce thème est bien trop souvent laissé pour compte. On entend souvent parler d'enfants maltraités, de femmes battues, mais rarement de personnes âgées maltraitées. De plus, lorsque nous pensons à Maltraitance, notre sens commun a tendance à nous renvoyer directement au sens de la maltraitance physique. Coups, blessures, séquestration...mais aujourd'hui, lorsque l'on rencontre le monde insitutionnel c'est la Négligence qui semble être devenue une forme perfide de la maltraitance.

Nous avons choisi de nous baser sur la canicule de 2003 pour cibler notre recherche. En effet, lors de cet été 2003, environ 1000 personnnes âgées sont décédées en Suisse par suite de la chaleur, du manque d'hydratation, etc. On a alors reproché aux proches et aux insitutions de ne pas avoir suffisament su être à l'écoute et préter attention au nombre de verres d'eau que chaque personne devait boire par jour.

Nous avons décidé de nous pencher sur la période entre 1998 et 2006. Nous avons utilisé plusieurs articles de journaux romands (avant et après l'été 2003), deux éditions (1998 et 2005) de la charte de la Fédération genevoise des établissements médicaux-sociaux (FEGEMS) ainsi que des téléjournaux diffusés durant la canicule (juillet et août 2003).

Notre recherche se limite au niveau du canton de Genève. On parlera particulièrement de la négligence comme maltraitance. Nous allons commencer par donner un panel d'informations sur les recherches et les réflexions menées (principalement sur la France) sur le sujet. Puis, nous comparerons les articles et les deux chartes afin de retirer un maximum d'informations. Ces dernières se porteront sur leurs nombres avant et après la canicule, sur leurs formes, leurs précisions, le vocabulaire employé, etc. Ensuite nous tenterons de faire des liens entre ces différents niveaux d'analyse et ces différentes informations. Nous essaierons ensuite de voir comment les téléjournaux présenté lors de la canicule nous décrivent la situation et la norme à adopter pour ne pas être taxé de maltraitance ou de négligence. Comment ils ont contribué à l'évolution de ce terme de maltraitance...jusqu'à la négligence. Enfin, nous rencontrerons le Dr. Rapin, médecin chef et organisateur du colloque canicule ayant eu lieu en juin 2004.

Il nous apparait également important de mentionner deux autres limites: tout d'abord le fait que nous ne pouvons lire tout ce qui a été écrit sur le sujet, et que les articles que nous avons choisi pour l'analyse ne sont pas les seuls et uniques pièces que nous avons trouvés. De plus, et c'est là la troisième limite d'un travail portant sur le thème de la maltraitance, s'appuyer sur des statistiques représente une grande difficulté. En effet, il est très difficile de recenser les victimes de violence. Celles-ci ne sont pas toujours prêtes à en parler que cela soit par peur de représailles ou pour d'autres raisons (telles que peur de l'abandon, peur de briser un lien familial, etc.).

En ce qui concerne la prévalence de la maltraitance envers les personnes âgées au sein des institutions, Hugonot (1990) relève la difficulté d'obtenir des statistiques précises. Il souligne qu'il faut dans tous les cas prendre en compte que les cas décelés ne représentent qu'un cinquième de la réalité: il y a donc une sous-estimation importante. Une raison de ce manque de données est que les observations de violences restent souvent à l'intérieur d'une institution. Le manque de témoignages, la dédramatisation par le personnel et la crainte pour la famille de dénoncer la maltraitance rendent l'estimation de la fréquence réelle, difficile. Selon Hugonot, la violence envers les personnes âgées est masquée car elle est liée aux tabous et à la honte.

Une étude effectuée aux Etats-Unis montre que 4,7 % de 2020 personnes de plus de 65 ans sont victimes de sévices (en famille et en institution). En Finlande et en Norvège, 2 à 5% des personnes âgées seraient brutalisées par leur famille. Selon une étude en Suède, des soignants sont désignés comme auteurs de sévices dans 25% des cas dénoncés. Il faut donc s'intéresser à la maltraitance au sein des institutions!

Ce qu'en disent les auteurs que nous avons lus

Définitions


Avant de poursuivre notre réflexion, il nous parait important de donner plusieurs définitions nécessaires à la compréhension du terme de maltraitance.

D'après le Conseil de l'Europe (1990), la maltraitance envers les personnes âgées est définie ainsi: "tout acte ou omission commis dans le cadre de la famille par un des membres, lequel porte atteinte à la vie, à l'intégrité corporelle ou psychique, ou à la liberté d'un autre membre de la famille ou qui compromet gravement le développement de sa personnalité et/ou nuit à sa sécurité financière".

D'après le Petit Larousse Illustré (1992), la maltraitance est "l'action de traiter un être vivant avec violence, dureté; lui faire subir de mauvais traitements".

Selon la classification de l'association ALMA, l'on peut distinguer deux formes de maltraitance : - les maltraitance par action délibérée de nuire : d'ordre financièr, psychologique, physique.

- les maltraitances par omission : elles sont plus dissimulées et méconnues que les précédentes.

Les différents auteurs que nous avons lus s'accordent pour distinguer plusieurs catégories de maltraitance dont la négligence fait parti:

  • Physique (douleurs provoquées, privation d'aliments et de boissons)
  • Sexuelle
  • Psychologique: entraînant des dépressions, confusions, insomnies, une mauvaise image de soi(à travers la dévalorisation de sa personne. Cela peut se caractériser par l'émission de jugements de valeur négatif à son encontre) et peurs (menaces, insultes, privation de sécurité, de visites...). Selon Hugonot (1990), le langage insultant (langage injurieux et appellation de manière impersonnelle) est le sévices le plus souvent dénoncé.
  • Matérielle ou financière
  • Médicale (privation de médicaments ou augmentation de somnifères)
  • Sociale ou civique
  • Négligence active
  • Négligence passive

Dans tous les ouvrages que nous avons parcourus de nombreux termes sont associés à la maltraitance:

La violence: la Violence et souvent synonyme de maltraitance. En effet, selon Bernard Marc la violence peut être: physique, psychologique,financière ou médicamenteuse.

L'abus: Pour Hugonot (1990), cette catégorie concerne des contraintes physiques ou chimiques, des abus sexuels, des violences verbales et des exploitations financières.

Le sévice: D'après Hugonot (1990), ce terme désigne un acte de violence (dommages physiques et psychiques) ou une négligence grave (réduction de la santé) envers une personne de plus de 65 ans par son entourage proche. Ce terme serait proche de celui de violence et il engloberait donc tous les autres mots.

La négligence: Hugonot (1990) fait une différence entre la négligence passive et la négligence active. La première concerne la non-satisfaction des besoins quotidiens, le manque de soins et l'attitude psychologique négative (affective et spirituelle). La deuxième est selon lui comparable aux abus (voir paragraphe "abus"). La négligence est considérée comme une forme de maltraitance.

C'est spécifiquement sur ce dernier point que nous allons nous attarder.

Revue de littérature

Hugonot (1990) remarque notamment que l'âge des personnes considérées comme vieillards a augmenté au fil du temps. En effet, dans l'Antiquité les vieillards étaient ceux qui atteignaient l'âge de 40 ans. Aujourd'hui, un vieillard est quelqu'un de plus de 70-80 ans, qui devient dépendant. Selon la psychanalyste Evelyne Bertin (1999), notre société occidentale contemporaine n'accorde pas de place à la vieillesse. La société refuse de penser à la vieillesse, cette dernière est tabou. L'être humain a du mal à imaginer qu'il va vieillir, c'est quelque chose dont on ne parle pas, que l'on ne veut pas imaginer, particulièrement dans notre société qui valorise la jeunesse. Selon elle, nous vivons dans un monde en perte de références. La famille en tant qu'institution vit actuellement de grands changements, et nous vivons une époque de confusion des âges et des places dans la famille. L'on ne pourrait penser la vieillesse qu'en se situant dans une lignée, faite de générations ayant chacune leurs rôles. Autrefois la vieillesse faisait partie de la société, elle avait une place dans l'univers symbolique de la vie, mais l'on vit actuellement dans une société où les rôles symboliques ont disparus, et où la Vieillesse est dévalorisée. En outre, selon Christian de Saussure, il n'est plus rare de voir des familles qui s'étendent sur quatre générations, les tensions et les conflits au sein de ces familles s'en trouvent accrus et la génération des aînés en fait en quelque sorte les frais puisque bien souvent la famille s'en désengage petit à petit. Tous ces éléments pourraient expliquer les raisons qui font que les sociétés occidentales gèrent une partie des personnes âgées sur le mode de l'exclusion à travers le placement.

Pour ce qui est du problème de la maltraitances des personnes âgées, E. Bertin (1999) relève deux axes de réflexion Le déni de la mort dans les sociétés occidentales ainsi que L'augmentation de la banalisation du mal. Hugonot (1990) remarque que le phénomène de maltraitance n'est pas nouveau dans sa nature, mais par sa fréquence (augmentation des victimes et des agresseurs). Il montre par exemple des prières d'un vieillard abandonné et d'un vieillard qui ne peut pas s'enfuir dans des situations difficiles de 1689.

C'est dès les années 1980 que dans les pays francophones la question du tabou de la maltraitance des personnes âgées fût soulevée. On commence à parler de certains comportements, de certaines gestes et de certains propos profondément maltraitants pour la personne âgée bien souvent complètement dépendante de l'autre. Le sujet commençait à peine à être traité que les milieux de professionnels concernés essayaient de faire taire ce qui était soulevé, chacun essayant de préserver son institution de toutes accusations.

D'autre part, dans le livre Touche pas à tes vieux, un autre point est soulevé. Alors que de nombreuses personnes s'attèlent à dénoncer la maltraitance des personnes âgées, celles-ci commencent à se rendre compte que les gestes, les propos et les comportements qu'ils dénoncent ne sont pas les faits de monstres et qu'eux-mêmes commettent ce genre d'actes. Dénoncer ces gestes revient à se dénoncer soi-même, cette constatation va faire diminuer la volonté de parler de ce problème. Pour ces deux raisons, le sujet fut donc un peu moins traité. Hugonot souligne notamment l'ignorance en France concernant ce sujet et, en rapport avec cela, le manque d'intérêt des médias. E. Bertin (1999), également, reproche à la société et au monde politique de faire comme si la maltraitance des personnes âgées n'existait pas. Elle dénonce aussi cette habitude de montrer une vitrine parfaite: "Les images que les médias nous présentent sur la vieillesse sont le plus souvent des images d'exception. Les sujets âgés maltraités ou déshumanisés sont interdits de cité dans le monde médiatique."(p.14)

Notons également, comme le souligne E.Bertin, que notre société actuelle est celle de l'image. Pour qu'une cause soit entendue, elle doit être médiatisée. Ce qui peut poser problème dans le cas de violence touchant des personnes âgées quant leurs conditions physiques et psychiques les prédisposent plus à l'isolement qu'à la protestation.

Cependant, parallèlement à ces condamnations, de nombreux témoignages voient le jours. Des personnes âgées trouvent la force de raconter les violences qu'ils subissent...et ils ne baissent pas les bras.De plus, dans son livre, Hugonot nomme plusieurs congrès européens sur le sujet de la maltraitance des personnes âgées. Aussi, cette problématique ne disparaît-elle pas. La question de la maltraitance des personnes âgées apparaît dès lors comme un nouveau problème social.

Objectif de la recherche

Définir les facteurs impliquant l’évolution récente (entre 1998 et 2006) de la définition de la maltraitance des personnes âgées et plus particulièrement la question de la négligence. - Hypothèse de recherche: Les effets de la canicule de l'été 2003 et leurs médiatisations aurait eu un impact impotant dans ce tournant de définition de la maltraitance

Méthode

Afin de vérifier notre hypothèse, soit l'effet de la canicule 2003 sur la définition de la maltraitance, nous allons analyser et comparer le contenu de deux chartes d'instituitions, d'articles de presse et d'extraits de téléjournaux. En ce qui concerne les chartes, nous allons vérifier s'il y a eu des modifications au niveau des articles de loi au sein des institutions et des modifications au niveau de la terminologie employée. Le but de la comparaison des articles de presse est de voir s'il y a eu des changements dans la manière d'informer la population sur le problème de la maltraitance. Enfin, l'analyse des téléjournaux devra nous permettre d'analyser le type de langage utilisé en lien avec la canicule.

Limites de la méthode

En ce qui concerne la comparaison des articles de presse, nous nous sommes rendus compte qu'il est très difficile d'accéder aux articles pertinents pour cette démarche. Il est possible que les articles choisis ne soient pas tout à fait représentatifs de la manière dont la presse traite de la problématique de la maltraitance.

Analyse

Exploration de la question de recherche sur la base de comparaisons de divers documents

De manière générale, tant lors de nos recherches dans les archives de la TSR que dans la base de données Swissdox, nous avons constaté que le nombre de documents (TJ, émissions, reportages spéciaux, articles, dossiers, etc.) abordant le problème du sort des personnes âgées avait augementé suite à la canicule. Nous pouvons émettre l'hypothèse que la canicule fut un tremplin, voire un très bon "fait divers" pour parler de la situation des personnes âgées dans notre société. Ce sujet fut traité plus qu'abondament durant la canicule et juste après, puis régulièrement à l'arrivée de l'été les années suivantes. Il nous parait intéressant de relever la manière dont les médias s'empare d'un sujet d'actualité pour en faire un problème social. Il faut peut-être garder à l'esprit qu'un des buts premiers des médias, comme développé dans les cours du professeur Payet (Introduction à la sociologie de l'éducation)et hormis l'aspect d'information, est de faire le plus possible d'audimat ou de lecteurs en accrochant les téléspectateurs par des évènements "chocs". Les médias ont tendance à s'emparer d'un problème social (ici la condition des personnes âgées et la maltraitance) pour en faire un fait médiatique. Ce processus est facilité dès lors qu'un problème concerne un grand nombre de personnes. Ce qui est le cas avec les personnes âgées puisque chacun en a au moins une dans son entourage ou dans sa famille.

Aspect quantitatif

D'un point de vue quantitatif nous avons pu constater que le nombre d'articles paru dans la presse romande (24 heures, Tribune de Genève, le Matin, le Temps, L'Hebdo) avant la canicule a doublé après ce phénomène. Nous avons trouvé environ onze articles dans la période de 1998 à 2003 et vingt de 2003 à 2006. On constate de même pour les téléjournaux.

L'apparition d'un réglement d'application dans la charte de 2005 est un ajout montrant l'importance donnée à la problématique de la maltraitance. apporte une définition beaucoup plus stricte des droits et des compétences du conseil éthique. Cela pourrait refléter le soucis de la fegems de lutter contre le problème de la maltraitance en institution en donnant un pouvoir de contrôle plus grand au conseil éthique.

Evolution des termes employés

Dans les trois types de documents que nous avons analysés nous n'avons pas constaté de différence entre les deux périodes. Dans tous les articles comportant une définition, les maltraitances psychologiques, physiques et matérielles (ou financières) sont décrites. Dans certains articles, on parle aussi de maltraitance sociale ou verbale. Dans aucun de nos documents le terme de Négligence est employé.

Pour donné un exemple , dans l'article du Matin Dimanche du 6.11.2005, il est précisé que la maltraitance physique pouvait aussi consister dans le fait de ne pas donner à boire. Mais est-ce que cette précision est une conséquence de la canicule?


Eléments relevés de la comparaison d'articles de journaux romands

Dans les articles avant 2003, il n'y a pas de données statistiques sur la fréquence de la maltraitance (les seuls chiffres montrent la distribution selon les différentes formes de maltraitance). L'article de 24 Heures du 27.2.2002 montre que selon M.Brun (député socialiste vaudois) il n'y a pas de statistique "qui permettent de faire le point sur les 150 EMS vaudois et leurs 6000 résidents". Les articles après 2003 montrent des statistiques selon lesquelles il y aurait entre 5 et 20% de personnes âgées victimes de maltraitance en Suisse (env. 60'000 cas par an).

Dans deux articles de la première période, le manque de personnel dans les structures de prise en charge et les formations insuffisantes de certains employés sont montrés comme origine de la maltraitance. En ce qui concerne la maltraitance en institution, le Matin du 8.6.2000 montre aussi qu'il y a une augmentation de cas lourds dans les EMS (ce qui aurait une conséquence sur la prise en charge). Dans les articles de la deuxième période, les problèmes liés au manque d'effectif ne sont pas pris en compte. Les facteurs décrits comme favorables à la maltraitance sont l'allongement de la vie, le stress vécu par des adultes, la dépendance et les symptômes liés au vieillissement et le fait que les soins demandés par la personne âgée peuvent compliquer la vie de ceux qui les donnent. Mais ce changement dans la désignation des origines de la maltraitance peut cependant être lié au choix des articles.

L'article de 24 Heures du 6.10.1999 évoque le souhait de spécialistes et d'associations (lors d'un débat) de créer une ligne téléphonique pour donner aux personnes âgées la possibilité de se confier. Cette ligne téléphonique devrait s'orienter à celle organisée en France par ALMA. Il est intéressant de voir que le journal 24 Heures de 2004 évoque la création d'une telle permanence téléphonique par l'association Alter Ego. De la même manière, on voit qu'une brochure (de prévention) existante au Canada est évoquée dans l'article de 24 Heures du 6.10.1999. Dans le Matin Dimanche du 6.11.2005, la publication d'une telle brochure (pour faciliter l'identification de cas de maltraitance) par l'association Alter Ego est annoncée. Seraient ces créations une conséquence de la canicule?

L'importance accordée à la thématique de la maltraitance de personnes âgées semble avoir augmentée dans les articles parus après 2003. Ceci se montre dans le fait que la manière d'aborder la thématique se base beaucoup plus sur les manques des systèmes mis en place. Ainsi, 24 Heures du 12.2.2004 remarque que ce problème était "encore largement oublié par les études scientifiques". Le Matin Dimanche du 6.11.2005 évoque l'"appel à la mobilisation mondiale pour lutter contre les graves violations des droits des personnes âgées" du secrétaire général des Nations Unies: appel qui a été fait en février 2002!!! (Est-ce que la canicule peut être une explication pour cet intérêt tardif?). Dans ce même article, le Matin Dimanche souligne l'importance d'investir dans des recherches concernant "la prévention des maladies du vieillissement et le maintien d'une santé physique, mentale et sociale optimale" des personnes âgées (ce n'est cependant pas une prévention de la maltraitance). L'Hebdo du 20.4.2006 évoque l'élaboration d'un outil de dépistage par Alter Ego et l'OMS et dénonce le manque de structures dans les cantons romands. Deux phrases de cet article peuvent être révélatrices des problèmes liés à la maltraitance de personnes âgées: la première, d'Alexandre Kalache, met l'accent sut le fait qu'on préfère pousser le problème de la maltraitance des personnes âgées sous "le tapis plutôt que de l'affronter". La deuxième, d'Angeline Fankhauser, dénonce l'idée répandue qu'aurait la société par rapport aux personnes âgées: elles ne sont qu'une lourde "charge". Il est aussi intéressant de constater que nous n'avons pas pu trouver d'article sur la maltraitance des personnes âgées dans l'Hebo avant 2003.

Les articles après 2003 montrent donc des lacunes du système romand, tandis qu'un des articles avant 2003 (24 Heures de 2002) donne l'avis d'un conseiller d'Etat vaudois (Ch.-L. Rochat) qui estime que les structures mises en place sont suffisantes et que la moitié des cas de maltraitance sont infondés.

Nous avons comparé trois articles de la Tribune de Genève: le premier date du 8.4.2003, le deuxième du 21.2.2004 et le troisième du 1.12.2005. Les deux premiers articles sont basés sur la même interview du 4.4.2003 avec Maria Casares (sociologue). La maltraitance des personnes âgées est vue comme un tabou (article de 2003) qui viendrait de se briser (article de 2004), mais qui est de nouveau décrit comme étant très fort dans l'article de 2005. On peut se demander si ce changement est lié à l'effet de la canicule, qui serait de parler davantage de la maltraitance de personnes âgées? Les articles de 2003 et de 2004 exposent les mêmes statistiques, en accentuant le fait que celle-ci serait plus présente à domicile que dans les EMS. L'article de 2005 donne une estimation du nombre de personnes âgées qui seraient maltraitées à domicile. Entre les trois article on peut surtout remarquer une différence par rapport à la démarche à prendre pour combattre la maltraitance des personnes âgées. Dans le premier article, on commence à parler d'un support de prévention organisé avec l'association Alter Ego, qui consiste en un antenne téléphonique. Le deuxième article montre la nécessité d'un projet au niveau mondial pour combattre ce phénomène. L'article de 2005 montre finalement l'actualisation de ce projet qui a les bases d'un programme mis en place au Canada. Une comparaison des trois articles au sens stricte a été difficile, car les trois parlent de la même chose, des mêmes statistiques, en citant les même specialistes (comme le professeur Charles-Henri Rapin).

Au niveau du contenu des articles, nous avons constaté que les changements suite à la canicule n'ont pas été très importants. Nous émettons donc l'hypothèse que la problématique de la maltraitance, quoiqu'elle ait suscité plus d'intérêt par la presse après la canicule (nombre d'articles), est traité de la même façon avant et après l'été 2003. Les associations et les spécialistes qui s'intéressent au sujet de la maltraitance des personnes âgées ne semblent pas avoir changé leur discours. Le seul changement pourrait être que les journaux mettent plus d'importance sur les moyens de prévention. Il est cependant difficile de tirer des conclusions sur la base de ces observations, car les articles choisis ne représentent pas forcément la manière de laquelle la presse traite de ce phénomène.

Eléments relevés de la comparaison des 2 éditions de la charte de la Fegems

La charte éthique a été adoptée en 1998 par les membres de la Fegems (Fédération genevoise des établissements médicaux sociaux), afin de garantir la qualité des prestations offertes en EMS. Elle comporte trois points principaux : des engagements auprès des personnes âgées ; des engagement auprès de la famille, des proches, de la société ; des engagements auprès des établissements et de leur personnel. Concernant le premier de ces trois points, la charte relève plus particulièrement les aspects suivants:

Veiller à ce que le choix de vie dans un lieu institutionnel leur préserve, dans toute la mesure du possible, les mêmes garanties qu'un domicile privé.

S'efforcer de préserver son autonomie, de favoriser l'expression de son libre arbitre, de respecter ses choix, au prix d'un certain risque pour elle-même.

Développer son bien-être, son confort et sa sécurité, à les améliorer en permanence et réduire les inévitables contraintes de la vie en collectivité.

Reconnaître son droit à la propriété personnelle. Même dépendante, la personne âgée dispose de ses ressources et de son patrimoine conformément à ses désirs, sous réserve d'une protection légale.

Intervenir pour qu'elle dispose de ressources décentes et suffisantes, quel que soit son niveau d'autonomie et qu'elle puisse les gérer aussi longtemps que possible.

A noter que concernant les engagements auprès des établissement et de leur personnel, une grande importance est donnée à la formation. Ceci est peut-être un soucis de lutter contre la maltraitance, puisque l'on sait que les actes maltraitants en institutions trouvent parfois leurs origines dans le manque de formation du personnel (c'est une supposition..).

La comparaison des deux éditions de la charte ne nous a pas amené à constater de grands changements ; que cela soit dans le vocabulaire utilisé, les buts fixés, les engagements, etc. Seul aspect nouveau dans l'édition adoptée en janvier 2005, l'ajout d'un réglement d'application qui "régit les modalités d'application de la Charte éthique de la Fegems, à savoir l'organisation de l'autorité compétente pour veiller à l'application de la Charte et examiner les requêtes". C'est le "Conseil éthique" (constitué de membres élus par l'assemblée générale de la Fegems) qui veillera à la bonne application de la Charte. Ce conseil est déjà présent dans la première édition de la charte et les buts qui lui sont attribués dans cette première édition sont les même que dans celle datant de 2005. Toutefois, l'apparition d'un "réglement d'application" dans cette dernière

Eléments retirés des téléjournaux

Nous nous sommes centrés sur les téléjournaux de la télévision suisse romande (TSR) datés des 12, 14 et 26 août 2003 et du 9 juin 2004. Les émissions que nous avons traité pour notre analyse datent de l'été 2003, pendant et après la canicule. puis le dernier a été réalisé au début de l'été suivent, ce qui nous permet de voir l'évolution du discours.

Dans les émissions de l'été 2003, période de la canicule où les températures avoisinaient les 35C° et plus, il est intéressant de noter que la situation en Suisse n'est quasiment pas abordée. On parle des effets désastreux de la canicule et du grand nombre de décès lui incombant, en France mais pas en Suisse. Par ailleurs, les images que l'on montre sur la prise en charge des personnes âgées en Suisse durant ces grosses chaleurs illustre la prise en charge quasiment irréprochable de nos institutions. En effet comme le soulève E. Bertin dans son livre Gérontologie, Psychanalyse, Déshumanisation: silence, vieillesse... "Les images clés que les médias nous présentent sur la vieillesse sont le plus souvent des images d'exception". Dans ce reportage datant du 12 août 2003, on voit des personnes âgées en bonne forme, souffrant de la chaleur mais avec le sourire. Ils savent qu'il faut boire. Du côté des soignants, on nous montre des professionnels à l'écoute des personnes âgées et de leurs besoins. Le reportage nous donne à entendre très fréquemment la phrase: "Buvez, buvez, buvez". Il semble que c'est le mot d'ordre et la principale prévention qui est mise en place. D'autres conseils sont également énoncés: "Courants d'air, ventilateur et rideaux tirés!"

On insiste également sur le fait d'un redoublement de vigilance de la part du personnel soignant. L'infirmière en chefe nous parle même de complément sous forme de perfusion sous cutanée pour les personnes incapables de s'hydrater correctement. Cette émission met également la prévention faite auprès des professionnels concernant la prise en charge des personnes âgées et de leurs besoins relatifs aux grandes chaleurs. De plus, il fait mention de la nécessité de formation du personnel soignant. Le TJ du 9 juin 2004 nous informe qu'un colloque sur le thème de la canicule a été organisé, dans un but d'information et de prévention, par le Professeur Rapin à Genève en juin 2004.

De manière plus générale, en août 2003, pour ce qui est de la Suisse on parle de la situation comme étant "moins dramatique qu'en France", en effet tout se passe pour le mieux, on ne fait pas de liens entre les décès à cette période et les grandes chaleurs. Le problème de la canicule est présenté comme une contrainte pour les personnes âgées. Il nous parait intéressant de soulever le fait que la difficulté pour le personnel soignant d'encadrer et d'être vigilant quant à l'hydratation de leurs pensionnaires n'est pas du tout mentionné.

Dans les 2 autres TJ d'août 2003 (les 14 et 26) la situation en Suisse n'est même pas énoncée et l'on met en évidence la gravité de la situation dans nos pays voisins, comme si la Suisse n'était pas concernée par ce problème. Nous ne nous pencherons pas plus sur ces 2 émissions, puisque celles-ci ne concernent pas directement la Suisse.

Enfin, puisque dans les archives datant de l'été 2003 la situation en Suisse n'est pas clairement décrite, nous avons choisi de voir ce qu'on en disait en 2004, un an après et juste avant l'été, afin de voir si le problème était abordé de manière différente. A la comparaison on ne peut ignorer la première phrase de chacune des deux émissions (du 12 août 2003 et du 09 juin 2004). Dans la première le journaliste Darius Rochebin, nous dit que "la situation en Suisse est nettement moins dramatique qu'en France" alors que à peine un an plus tard, on lance le sujet par "L'été 2003 était plus meurtrier qu'on l'a cru". D'emblée le ton est donné. Il semble tout au long de ce sujet que la Suisse a sous estimé les conséquences de la canicule pour ses personnes âgées. Le journaliste du reportage lance: "La canicule tue en Suisse, comme ailleurs!" continuant: "convaincus que l'année dernière on n'a pas voulu le voir!". Paradoxalement au tout début du reportage on parle de la canicule comme une routine: "Ici, la canicule on y fait face comme d'habitude!". Peut-on avancer qu'en une année un fait, unique en son genre et non constaté auparavant, puisse devenir une habitude? Ou plutôt sous entend-t-on que c'est la vigilance qui devient désormais une habitude?

C'est un an plus tard que l'on avance les premiers chiffres concernant la Suisse. De plus, on voit une infirmière ne s'étant absolument pas inquiété des effets de la canicule et découvrant pour la première fois à la demande des journalistes l'augmentation relativement marquée du nombre de décès pour le mois d'août 2003 en comparaison avec les chiffres d'août 2002. C'est bien 10% d'augmentation que l'on peut constater.

La conclusion de ce reportage nous parait résumer en une seule phrase la différence de terminologie et d'approche de la situation entre 2003 et 2004, lorsque le journaliste parle de l'été 2003 en disant: "Lever le voile sur la canicule n'était pas encore de saison!".

Lors de nos recherches dans les archives de la TSR nous avons tout d'abord constaté que le nombre de TJ abordant le problème du sort des personnes agées a triplé suite à la canicule. nous pouvons émettre l'hypothèse que la canicule fut un tremplin, voire un bon fait divers pour parler de la situation des personnes agées dans notre société. ce sujet fut traité plus qu'abondament durant la canicule et juste près, puis régulièrement à l'arrivée de l'été les années suivantes.

Dans tous les TJ que nous avons visionnés, il n'est jamais fait mention du terme de "négligence" ou de "maltraitance". Pourrait-on aller jusqu'à dire que c'est bien là une forme de tabou? En effet, et nous avons également pu constater ce point lorsque nous avons parlé de notre recherche à des proches travaillant dans le milieu des EMS, ceux-ci nous ont répondu: "Ah mais tu sais, où je travaille il n'y a pas de maltraitance, ni de négligence", comme pour se dédouaner ou se laver de tous soupçons.

MINI-CONCLUSIONS

Nous n'avons donc pas constaté d'évolution dans les termes. Cependant, une évolution marquée peut être relevée au niveau quantitatif. La forte médiatisation qu'a suscité la canicule et les problèmes qu'elle a soulevé sont vraissemblablement à l'origine de cet accroissement des articles traitant du sujet de la maltraitance.

Questionnements et redéfinitions

Que dire de l'évolution des notions?

Si dans les documents que nous avons analysés nous ne sommes pas parvenus à retirer d'évolutions marquantes de la terminologie employée, ceci nous a permis d'émettre de nouvelles hypothèses et de nous repositionner par rapport à notre question de départ.

Le point que l'on peut relever en terme d'évolution est sans doute ce passage d'une approche anecdodtique de la maltraitance des personnes âgées dans les années précédant la canicule (quelques cas extrêmes d'EMS particuliers) à l'approche atuelle, plus systématique (formations et conférences organisées sur le thème).

Il nous parait peut être donc plus judicieux de parler d'une évolution des mentalités plus que de la terminologies, dans le sens où il est devenu possible de parler des notions de maltraitances, de négligences et d'abus. Depuis plusieurs dizaines d'années quelques professionnels tels que le Professeur Rapin oeuvrent pour faire passer les informations néccessaires à la prévention et à la dénonciation de ces actes. Après énormément de patience, un Temps Présent fu tourné sur la question, plusieurs articles paraissent ensuite dans différents journaux "tout publics".

Enfin, avec l'arrivée de la canicule, les médias s'emparent d'un réel fait médiatique et traite de la question lors de tous les TJ (ou presque) lors (et à l'approche) de l'été. Il est intéressant de revenir sur l'angle d'approche de notre hypothèse de recherche dans le sens où ce lien entre négligence et canicule n'a pas réellement été fait (propos du Professeur Rapin). Un des phénomènes que nous avons vu apparaître lors de la canicule était une sorte de fatalisme quant à la situation. "Il faisait trop chaud, mais tout le monde avait trop chaud. De toutes manières on ne pouvait rien faire de plus que de constater" (Rapin, mercredi 31 mai 2006). Il nous semble qu'en effet le lien le plus important que nous pouvons faire en terme de négligence est bien un lien avec le déni. En effet, tant le discours des professionnels jugeant que tout allait très bien en Suisse, que celui des médias (dénonçant ce qui se passait chez nos voisins) montre bien un déni du problème qui apparaissait pourtant sous leurs yeux. Ne pas reconnaître qu'il y a un problème est bien le dénier. Le déni est donc une forme de négligence.

Revenons sur la question de la négligence. Si ce terme nous est apparu comme une évolution de définition de la maltraitance et comme cette hypothèse n'a pu être vérifée dans le cadre de notre recherche, nous avons été amené à une nouvelle hypothèse: le terme de négligence a peut-être effectivement évolué lui-même dans sa définition. Nous avançons l'idée que la définition de la maltraitance aurait subie un élargissement de définition. Par ce fait, beaucoup plus d'actions ou de "non-actions" entreraient sous ce concept de négligence. Ainsi on pourrait effectivement constater une augmentation de la négligence. Malheureusement notre recherche ne nous permet pas de vérifier cette hypothèse. Cependant, si l'on regarde les chiffres donnés par RIFVEL (Réseau Internet Francophone Vieillir En Liberté)en 2002 quant à la répartition des différentes catégories de maltraitance, on note 8% de cas de négligence. Par ailleurs, en regardant les chiffres avancés par ALMA France en 2003 on constate une augmentation des cas de négligences avec 23,2%. Si les 2 sources ne sont pas les mêmes, il est toutefois possible de les comparer dans le sens où en 2003 la négligence apparait très clairement comme catégorie principale de la maltraitance, alors qu'en 2002 la négligence est la plus petite catégorie de la maltraitance. Est-ce là une marque de l'évolution de cette catégorie qu'est la négligence, la question reste ouverte puisque nous ne pouvons que constater ce phénomène.

Les médias: promotteurs d'un problème social

Lors de notre rencontre avec le professeur Rapin, nous avons également échangé sur la question des médias et de leurs effets. M. Rapin relève un évènement marquant et déclencheur: la pénurie de cercueil à Paris en août 2003. Il parle d'un "effet télégénique" que nous avons pu relever dans les téléjournaux datant de la période de la canicule.

Nous pensons qu'il est intéressant de voir sous 2 aspects les médias. Tout d'abord, comme non intéressés d'un problème social sérieux et important: le bien être et la santé des personnes âgées. Pendant de nombreuses années le Professeur Rapin et ses collègues tantèrent de les faire parler de cette question. Il apprait clair que les médias touchent une énorme partie de la population. Le journal télévisé est suivi par des milliers de téléspectateurs sans compter les lecteurs des divers quotidiens. Lors de la canicule, les médias se sont appropriés un problème de société et l'on dénoncé. Cependant il est intéressant de rappeler que la "prise de conscience" de la part de tous ne fût qu'en 2004 lorsque les chiffres de la "heat wave" parurent. 1000 décès furent recensés durant l'été 2003. Donc, si l'on parle de négligence, on peut relever la négligence des divers médias ne faisant pas état d'une "dramatique réalité" (Professeur Rapin) qu'est la maltraitance. En effet, refuser de passer l'information concernant les conseils et les recommandations l'été arrivant est une forme de négligence.

D'autres part, on peut voir les médias comme promoteurs d'un problème social. Les analyser relèvent donc un intérêt particulier dans le sens où ils sont révélateurs de l'évolution de la perception d'un problème. Nous pourrions relever de nombreux écrits sur la problématique de la construction d'un problème social par les médias et des mécanismes mis en oeuvres pour se faire, mais ce n'est pas ici le sujet de notre travail.

Situation actuelle

Si la canicule a participé à la mise en place de certaines structures d'aides, ce n'est pas réellement elle qui les a initiées. Ces structures sont extrêmement importantes et un suivi des personnes portant plainte est nécessaire. Certains "plan canicule" ont été mis en place, des fonds ont été débloqués pour ces fins là...cependant dans de nombreux établissements personne n'est venu demander ce financement pourtant disponible! A nouveau c'est le déni qui prédomine..."Rien ne s'est passé ici", "Comment s'est passé la canicule dans mon établissement? Sans problème!" voici le genre d'échanges que nous a rapporté le Professeur Rapin auxquels il répond clairement: "Si on ne regarde pas, on ne peut pas voir"! Pour pouvoir relever et lutter contre un problème il faut avant tout le voir, et pour le voir il faut regarder. Il est extrêmement difficile d'accepter et d'avouer la réelle catastrophe qu'est la maltraitance des personnes âgées. Pourtant il y aurait de quoi dire...

Dans la nouvelle charte de la FEGEMS un accent est mis sur la formation du personnel. Ce point est essentiel et pourtant, quasiment aucune formation n'a lieu dans les différents EMS de Genève sur la question de la maltraitance des personnes âgées. D'autre part, il est important de relever une réelle différence entre les "résidents" des EMS d'il y a quelques années et ceux d'aujourd'hui. Auparavant on venait dans les EMS de son plein gré, pour finir tranquillement sa vie entourée. Aujourd'hui, les personnes entrant dans les maisons de retraite arrivent en général de l'hôpital et ont des traitements médicaux à suivre. Ceci nécessite également une formation sur le traitement de la douleur. Là également la question de la négligence reste pertinente: "laisser avoir mal une personne c'est la négliger, surtout lorsque des médicaments et autres remèdes existent" (Rapin, 2006).

Aujourd'hui, il est important de mentionner également que certains établissements ont fait énormément dans le sens de la prévention et de la formation. Les choses ont un peu bougées de manière générale. On peut dénoncer le problème de la maltraitance des personnes âgées sans risquer de perdre sa place (comme De Saussure - après son livre De Saussure, Christian (1999) Vieillards martyrs tirelires : maltraitances des personnes âgées. Chêne-Bourg : Médecine et hygiène). Cependant: "il ne faut pas faire peur aux vieux" est une phrase à laquelle le Professeur Rapin se heurte régulièrement.

Conclusion

Retour sur la problématiques, les questions de recherche

D'après notre recherche on peut tirer des conclusions pas de tout exaustives, car il nous aurait fallu plus de temps pour satisfaire pleinement notre objectif. La négligence peut être pris comme synonime d'abus. Elle est, si on peut le dire, un sous chapitre du grand phénoméne de la maltraitance. La négligence a été toujours present dans notre société, notre réalité, laquelle avait les yeux fermé devant le problème des personnes âgées. Nos hypothèse ont été en grand partie verifiée soit par l'évolution de notre article soit par l'eterview avec le professeur Rapin (mercredi, 31 mai 2006). La canicule du 2003 a été effectivement le moyen pour en parler plus. Ce phénoméne a permis de briser petit à petit le silence autour d'une problèmatique societale si grande.

Peut-être que la négligence n'est pas une évolution du terme de maltraitance mais plutôt la conséquence de l'augmentation du nombre de fois où l'on aborde la question de la maltraitance. Peut-être pourrait-on dire que du fait de cette reprise incessante de ce thème, nous sommes plus attentifs aux faits et gestes qui pourraient s'inscrire dans la maltraitance. En étant plus attentifs à cela, on en vient à parler de négligence et à l'inscrire dans la maltraitance.

Rappel des principaux résultats de recherche
Autocritiques et perspectives

Dans cette perspective de la négligence comme maltraitance, il nous faut tout de même soulever les abus et les dérives de cette terminologie. Il nous semble que par cette association de terme, tout acte est devient potentiellement négligent... Par exemple: ne pas donner à boire à une personne âgée est une forme de négligence/maltraitance, mais la forcée à boire l'est également car ceci va à l'encontre de sa propre volonté. Il serait important, à notre avis, de faire des nuances entre les différences formes de maltraitance et de négligence (ce qui a commencé à être fait dans les associations telles que ALMA France ou Alter Ego)et d'être clair avec les professionnels par rapport à leurs devoirs et obligations professionnelles. Il ne faut oublier qu'ils doivent prendre soin de ces personnes, qu'un code de déontologie existe et que'une grande question reste à être abordée et clarifiée: Qu'est-ce qui doit primer lorsque ces 2 points s'opposent; le choix et la volonté de la personne âgée ou le devoir professionnel face à une personne qui met sa vie en danger?


Remerciements

Nous remercions le Professeur Charles-Henri Rapin pour sa précieuse aide.

Bibliographie

Livre
Articles
  • Avant la canicule

24 Heures (06.10.1999). MALTRAITANCE : LES PERSONNES ÂGÉES SE REBIFFENT: Dépasser les clichés pour mieux combattre la violence.

Le Matin (8.6.2000). EMS: un bilan alarmant - une étude entreprise à Genève montre que les conditions de vie se dégradent rapidement pour les résidents. La faute, d'abord, au manque de personnel.

24 Heures (27.2.2002). MAISONS DE RETRAITE : GROSSE COLÈRE DU SSP ET DES USAGERS: «La maltraitance continue dans les EMS»

Tribune de Genève (8.4.2003). La maltraitance envers les aînés existe. Reste à en parler.

  • Après la canicule

Tribune de Genève (21.2.2004). Les aînés maltraités préoccupent Genève.

24 Heures (2.12.2004). La maltraitance des seniors en question.

Le Matin Dimanche (6.11.2005). Humiliations, injures, coups...le 3e âge relève parfois du calvaire.

Tribune de Genève (1.12.2005). Personnes âgées maltraitées: un tabou à briser.

L'Hebdo (20.04.2006). Maltraitance des personnes âgées: les lacunes romandes

Téléjournaux

Mardi 12 août 2003, 19h30

Jeudi 14 août 2003, TJ nuit (22h)

Mardi 26 août 2003, TJ nuit (22h)

Mercredi 09 juin 2004, 19h30


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