« L'évolution récente de la définition de la maltraitance des personnes âgées » : différence entre les versions

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L'article de 24 Heures de 1999 évoque le souhait de spécialistes et d'associations (lors d'un débat)  de créer une ligne téléphonique pour donner aux personnes âgées la possibilité de se confier. Cette ligne téléphonique devrait s'orienter à celle organisée en France par ALMA. Il est intéressant de voir que le journal 24 Heures de 2004 évoque la création d'une telle permanence téléphonique par l'association Alter Ego. De la même manière, on voit qu'une brochure (de prévention) existante au Canada est évoquée dans l'article de 24 Heures en 1999. Dans le Matin Dimanche de 2005, la publication d'une telle brochure (pour faciliter l'identification de cas de maltraitance) par l'association Alter Ego est annoncée. Seraient ces créations une conséquence de la canicule?  
L'article de 24 Heures de 1999 évoque le souhait de spécialistes et d'associations (lors d'un débat)  de créer une ligne téléphonique pour donner aux personnes âgées la possibilité de se confier. Cette ligne téléphonique devrait s'orienter à celle organisée en France par ALMA. Il est intéressant de voir que le journal 24 Heures de 2004 évoque la création d'une telle permanence téléphonique par l'association Alter Ego. De la même manière, on voit qu'une brochure (de prévention) existante au Canada est évoquée dans l'article de 24 Heures en 1999. Dans le Matin Dimanche de 2005, la publication d'une telle brochure (pour faciliter l'identification de cas de maltraitance) par l'association Alter Ego est annoncée. Seraient ces créations une conséquence de la canicule?  


L'importance accordée à la thématique de la maltraitance de personnes âgées semble avoir augmentée dans les articles parus après 2003. Ceci se montre dans le fait que la manière d'aborder la thématique se base beaucoup plus sur les manques des systèmes mis en place. Ainsi, 24 Heures de 2004 remarque que ce problème était "encore largement oublié par les études scientifiques". Le Matin Dimanche de novembre 2005 évoque l'"appel à la mobilisation mondiale pour lutter contre les graves violations des droits des personnes âgées" du secrétaire général des Nations Unies: appel qui a été fait en février 2002!!! (Est-ce que la canicule peut être une explication pour cet intérêt tardif?). Dans ce même article, le Matin Dimanche souligne l'importance d'investir dans des recherches concernant "la prévention des maladies du vieillissement et le maintien d'une santé physique, mentale et sociale optimale" des personnes âgées (ce n'est cependant pas une prévention de la maltraitance). L'Hebdo de 2006 évoque l'élaboration d'un outil de dépistage par Alter Ego et l'OMS et dénonce le manque de structures dans les cantons romands. Il est aussi intéressant de constater que nous n'avons pas pu trouver d'article sur la maltraitance des personnes âgées dans l'Hebo avant 2003.
L'importance accordée à la thématique de la maltraitance de personnes âgées semble avoir augmentée dans les articles parus après 2003. Ceci se montre dans le fait que la manière d'aborder la thématique se base beaucoup plus sur les manques des systèmes mis en place. Ainsi, 24 Heures de 2004 remarque que ce problème était "encore largement oublié par les études scientifiques". Le Matin Dimanche de novembre 2005 évoque l'"appel à la mobilisation mondiale pour lutter contre les graves violations des droits des personnes âgées" du secrétaire général des Nations Unies: appel qui a été fait en février 2002!!! (Est-ce que la canicule peut être une explication pour cet intérêt tardif?). Dans ce même article, le Matin Dimanche souligne l'importance d'investir dans des recherches concernant "la prévention des maladies du vieillissement et le maintien d'une santé physique, mentale et sociale optimale" des personnes âgées (ce n'est cependant pas une prévention de la maltraitance). L'Hebdo de 2006 évoque l'élaboration d'un outil de dépistage par Alter Ego et l'OMS et dénonce le manque de structures dans les cantons romands.En autre on a remarqué deux phrases importantes: la première, cité par Alexandre Kalache, met l'accent sut le fait qu'on préfère pousser le problème de la maltraitance des personnes âgées sous le tapis plutôt que l'affronter. La deuxième, cité par Angeline Fankhauser, point le doigt contre l'idée que la société a par rapport aux personnes âgées: "ils sont qu'un lourde charge à porter". Il est aussi intéressant de constater que nous n'avons pas pu trouver d'article sur la maltraitance des personnes âgées dans l'Hebo avant 2003.
Les articles après 2003 montrent donc des lacunes du système romand, tandis qu'un des articles avant 2003 (24 Heures de 2002) donne l'avis d'un conseiller d'Etat (Ch.-L. Rochat) qui estime que les structures mises en place sont suffisantes et que la moitié des cas de maltraitance sont infondés.
Les articles après 2003 montrent donc des lacunes du système romand, tandis qu'un des articles avant 2003 (24 Heures de 2002) donne l'avis d'un conseiller d'Etat (Ch.-L. Rochat) qui estime que les structures mises en place sont suffisantes et que la moitié des cas de maltraitance sont infondés.



Version du 22 mai 2006 à 07:55

Introduction

Thème choisi

Nous avons choisi de traiter de la maltraitance des personnes âgées car ce thème est bien trop souvent laissé pour compte. On entend souvent parler d'enfants maltraités, de femmes battues, mais rarement de personnes âgées maltraitées. De plus, lorsque nous pensons à maltraitance, notre sens communs a tendance à nous renvoyer directement au sens de la maltraitance physique. Coups, blessures, séquestration...mais aujourd'hui, lorsque l'on rencontre le monde insitutionnel c'est la négligence qui semble être devenue une forme perfide de la maltraitance.

Présentation de l'objet

Nous avons choisi de nous baser sur la canicule de 2003 pour cibler notre recherche. En effet, lors de cet été 2003, environ 1000 personnnes âgées sont décédées en Suisse par suite de la chaleur, du manque d'hydratation, etc. On a alors reproché aux proches et aux insitutions de ne pas avoir suffisament su être à l'écoute et préter attention au nombre de verres d'eau que chaque personne devait boire par jour.

Problématique précise, sa structure et ses limites

Nous avons décidé de nous pencher sur la période entre 1998 et 2006. Nous avons utilisé plusieurs articles de journaux romands (avant et après l'été 2003), 2 éditions (1998 et 2005) de la charte de la Fédération genevoise des établissement médicaux-sociaux (FEGEMS)et de téléjournaux durant la canicule (juillet et août 2003).

Notre recherche se limite au niveau du canton de Genève et particulièrement au niveau de la négligence comme maltraitance. Nous allons commencer par donner un panel d'informations sur les recherches et les réflexions menées (principalement sur la France) sur le sujet. Puis, nous comparerons les articles et les 2 chartes afin de retirer un maximum d'information sur leurs nombres avant et après la canicule, et sur leurs formes, leurs précisions, le vocabulaire employé, etc. Ensuite nous tenterons de faire des liens entre ces différents niveaux et ces différentes informations. Nous essaierons ensuite de voir comment les téléjournaux présenté lors de la canicule nous décrivent la situation et la norme à adopter pour ne pas être taxé de maltraitance ou de négligence. Comment ils ont contribués à l'évolution de ce terme de maltraitance...jusqu'à la négligence. Enfin, nous rencontrerons le Dr. Rapin, médecin chef et organisateur du colloque canicule ayant eu lieu en juin 2004.

Il nous apparait également important de mentionner 2 autres limites: tout d'abord le fait que nous ne pouvons lire tout ce qui a été écrit sur le sujet, et que les articles que nous avons choisies pour l'analyse ne sont pas les seuls et uniques pièces que nous avons trouvés. De plus, et c'est là la 2ème limite d'un travail sur le thème de la maltraitance comporte une grande difficulté au niveau des statistiques. En effet, il est très difficile de recenser les victimes de violence. Celles-ci ne sont pas toujours prêtes à en parler que cela soit par peur de représailles ou pour d'autres raisons (telles que peur de l'abandon, peur de briser un lien familial, etc.).

En ce qui concerne la prévalence de la maltraitance envers des personnes âgées au sein des institutions, Hugonot (1990) relève la difficulté d'obtenir des statistiques précises. Il souligne qu'il faut dans tous les cas prendre en compte que les cas décelés ne représentent qu'un cinquième de la réalité: il y a donc une sous-estimation importante. Une raison pour ce manque de données est que les observations de violences restent souvent à l'intérieur d'une institution. Le manque de témoignages, la dédramatisation par le personnel et la crainte de la famille de dénoncer la maltraitance rendent l'estimation de la fréquence réelle difficile. Selon Hugonot, la violence contre les personnes âgées est masquée car elle est liée aux tabous et à la honte.

Une étude effectuée aux Etats-Unis montre que 4,7 % de 2020 personnes de plus de 65 ans sont victimes de sévices (en famille et en institution). En Finlande et en Norvège, 2 à 5% des personnes âgées seraient brutalisées par leur famille. Selon une étude en Suède, des soignants sont désignés comme auteurs de sévices dans 25% des cas dénoncés. Il faut donc s'intéresser à la maltraitance au sein des institutions!

Revue de littérature

C'est dès les années 1980 que dans les pays francophones la question du tabou de la maltraitance des personnes âgées fût soulevé. On commence à parler de certains comportements, de certaines gestes et de certains propos profondément maltraitants pour la personne âgée bien souvent complètement dépendante de l'autre. Le sujet commençait à peine à être traîté que les milieux de professionnels concernés essayaient de faire taire ce qui était soulevé. Il ne fallait pas trop en parler, surtout dire que dans son institution ce genre de comportement n'existait pas. D'autre part, dans le livre Touche pas à tes vieux, un aure point est soulevé. Alors que de nombreuses personnes s'atèlent à dénoncer la maltraitance des personnes âgées, celles-ci commencent à se rendre compte que les gestes, les propos et les comportments qu'ils dénoncen ne sont pas affaires de monstre et qu'eux-mêmes commettent ce genre d'actes. A partir de cette constatation, il devient ridicule de dénoncer ces gestes commis par eux-même. Pour ces 2 raisons, le sujet fut un peu moins traité. Cependant, parallèlement à ces condamnations, de nombreux témoignages sont écrits, racontés, etc. Des personnes âgées trouvent la force de raconter les violences qu'ils subissent...et ils ne baissent pas les bras.

Selon la psychanaliste Evelyne Bertin, nore société occidentale contemporaine n'accorde pas de place à la vieillesse. La société refuse de penser à la vieillesse, elle est tabou. L'être humain a du mal à imaginer qu'il va vieillir, c'est quelque chose dont on ne parle pas, que l'on ne veut pas imaginer, particulièrement dans notre société qui valorise la jeunesse.(Selon E. Bertin) Nous vivons dans un monde en perte de références. La famille en tant qu'institution vit actuellement de grands changements, et nous vivons une époque de confusion des âges et des places dans la famille. L'on ne pourait penser la vieillesse qu'en se situant dans une lignée, faite de générations ayant chacune leurs rôles. Autrefois la vieillesse faisait partie de la société, elle avait une place dans l'univers symbolique de la vie, mais l'on vit actuellement dans une société où les rôles symboliques ont disparus, et où la vieillesse est dévalorisée. Cela pourrait expliquer les raisons qui font que les sociétés occidentales gèrent une partie des personnes âgées sur le mode de l'exclusion à travers le placement.

Pour ce qui est du problème de la maltraitances des personnes âgées, E. Bertin relève deux axes de réfléxion Le déni de la mort dans les sociétés occidentales ainsi que L'augmentation de la banalisation du mal.

Notons également que notre société actuelle est celle de l'image. Pour qu'une cause soit entendue, elle doit être médiatisée. Ce qui peut poser problème dans le cas de violence touchant des personnes âgées quant leurs conditions physiques et psychiques les prédisposent plus à l'isolement qu'à la protestation. Hugonot (1990) remarque que le phénomène de maltraitance n'est pas nouveau dans sa nature, mais par sa fréquence (augmentation des victimes et des agresseurs). Il montre par exemple des prières d'un vieillard abandonné et d'un vieillard qui ne peut pas s'enfuir dans des situations difficiles de 1689. Hugonot remarque notamment que l'âge des personnes considérées comme vieillards a augmenté au fil du temps. La question de la maltraitance des personnes âgées apparait dès lors comme un nouveau problème social. En effet, dans l'Antiquité les vieillards étaient ceux qui atteignaient l'âge de 40 ans. Aujourd'hui, un veillard est quelqu'un de plus de 70-80 ans, qui devient dépendant. Dans son livre, il nomme plusieurs congrès européens sur le sujet de la maltraitance des personnes âgées. Il souligne notamment l'ignorance en France concernant ce sujet et, en rapport avec cela, le manque d'intérêt des médias. Cet intérêt s'est, selon lui, révéillé suite à une lecture de lui à l'Académie nationale de médecine sur le thème des Abus et violences contre les personnes âgées. E. Bertin lui, reproche à la société et au monde politique de faire comme si la maltraitance des personnes âgées n'existait pas. Il dénonce aussi cette habitude de montrer une vitrine parfaite: "Les images que les médias nous présentent sur la vieillesse sont le plus souvent des images d'exception. Les sujets âgés maltraités ou déshumanisés sont interdits de cité dans le monde médiatique."(p.14)....

Avant de poursuivre notre réflexion, il nous parait important de rappeler (ou de donner) plusieurs définitions nécessaires à la compréhension du terme de maltraitance. D'après le Conseil de l'Europe (1990), la maltraitance envers des personnes âgées est "tout acte ou omission commis dans le cadre de la famille par un des membres, lequel porte atteinte à la vie, à l'intégrité corporelle ou psychique, ou à la liberté d'un autre membre de la famille ou qui compromet gravement le développement de sa personnalité et/ou nuit à sa sécurité financière". D'après le Petit Larousse Illustré (1992), la maltraitance est "l'action de traiter un être vivant avec violence, dureté; lui faire subir de mauvais traitements". Les différents auteurs que nous avons lus s'accordent pour distinguer plusieurs catégories de maltraitance:

  • Physique (douleurs provoquées, privation d'aliments et de boissons)
  • Sexuelle
  • Psychologique: entraînant des dépressions, confusions, insomnies, une mauvaise image de soi(à travers la dévalorisation de sa personne. Cela peut se caractériser par l'émission de jugements de valeur négatif à son encontre) et peurs (menaces, insultes, privation de sécurité, de visites...). Selon Hugonot (1990), le langage insultant (langage injurieux et appellation de manière impersonnelle) est le sévice le plus souvent dénoncé.
  • Matérielle ou fiancière
  • Médicale (privation de médicaments ou augmentation de somnifères)
  • Sociale ou civique
  • Négligence active
  • Négligence passive

Selon la classification de l'association ALMA, l'on peut distinguer deux formes de maltraitance : - les maltraitance par acton délibérée de nuire : d'ordre financier, psychologique, physique.

- les maltraitances par omission : elles sont plus dissimulées et méconnues que les précédentes.

Dans tous les ouvrages que nous avons parcourus de nombreux termes sont associés à la maltraitance:

La violence: la violence et souvent synonime de maltraitance. En effet, selon Bernard Marc la violence peut être: physique, psychologique,financière ou médicamenteuse.

L'abus: Pour Hugonot (1990), cette catégorie concerne des contraintes physiques ou chimiques, des abus sexuels, des violences verbales et des exploitations financières.

Le sévice: D'après Hugonot (1990), ce terme désigne un acte de violence (dommages physiques et psychiques) ou une négligence grave (réduction de la santé) envers une personne de plus de 65 ans par son entourage proche. Ce terme serait proche de celui de violence et il engloberait donc tous les autres mots.

La négligence: Hugonot (1990) fait une différence entre la négligence passive et la négligence active. La première concerne la non-satisfaction des besoins quotidiens, le manque de soins et l'attitude psychologique négative (affective et spirituelle). La deuxième est selon lui comparable aux abus, comme: oublier de fornir l'aide nécessaire à la toilette, à la pris des repas, ne plus se soucier de l'image de la personne, et ainsi de suite.

C'est spécifiquement sur ce dernier point que nous allons nous attarder.

Questions de recherche

Développement de la problématique autout des questions de recherche

Qu'est ce qui a contribué à l'évolution récente (entre 1998 et 2006) de la définition du problème social de la maltraitance des personnes âgées, et plus particulièrement de la négligence? - Hypothèse de recherche: Les effets de la canicule de l'été 2003 et leurs médiatisations aurait eu un impact impotant dans ce tournant de définition de la maltraitance


Méthode

Afin de vérifier notre hypothèse, soit l'effet de la canicule 2003 sur la définition de la maltraitance, nous allons analyser et comparer le contenu de deux chartes d'instituitions, d'articles de presse et des extraits de téléjournaux. En ce qui concerne les chartes, nous allons vérifier s'il y a eu des modifications au niveau des articles de loi au sein des institutions et des modifications au niveau de la terminologie employée. Le but de la comparaison des articles de presse est de voir s'il y a eu des changements dans la manière d'informer la population sur le problème de la maltraitance. Enfin, l'analyse du téléjournal devra nous permettre d'analyser le type de langage utilisé en lien avec la canicule.

Limites de la méthode

En ce qui concerne la comparaison des articles de presse, nous nous sommes rendus compte qu'il est très difficile d'accéder aux articles pertinents pour cette démarche. La recherche d'articles dans des bibiothèques (p.ex. la BPU) est trop difficile, car il n'est pas possible de faire une recherche par thème sur plusieurs années. Pour faire notre recherche, nous nous sommes donc basés dur le site swissdox (archive de journaux). Puisque nous n'avons pas la possibilité de consulter tous les articles (coût trop élevé), nous devons nous baser sur les titres des articles, qui ne rendent pas toujours compte de ce qui est décrit dans l'article lui-même. Il est donc possible que les articles choisis ne soient pas tout à fait représentatifs de la manière dont la presse traite de la problématique de la maltraitance.

Analyse

Eléments relevés de la comparaison d'articles de journaux romands

Afin de voir les effets de la canicule sur la presse romande, nous avons premièrement fait une recherche quantitative (avant et après la canicule) dans les archives de journaux romands (swissdox.ch). Nous avons pu constater qu'en gros, le nombre d'articles paru dans la presse (24 heures, Tribune de Genève, le Matin, le Temps, L'Hebdo, L'illustré) avant la canicule a doublé après ce phénomène. Nous avons trouvé environ dix articles dans la période de 1998 à 2003 et vingt de 2003 à 2006.

Deuxièmement, nous avons comparé au niveau du contenu des articles de la Tribune de Genève, du Matin, de 24 Heures et de l'Hebdo. En ce qui concerne la définition de la maltraitance, nous n'avons pas pu constater de différence entre les deux périodes. Dans tous les articles comportant une définition, la maltraitance psychologique, physique et matérielle (ou financière) est décrite. Dans certains articles, on parle aussi de maltraitance sociale ou verbale. Dans l'article du Matin Dimanche de 2005, il est précisé que la maltraitance physique pouvait aussi consister dans le fait de ne pas donner à boire. Mais est-ce que cette précision est une conséquence de la canicule? Dans aucun article il est question de négligence.

Dans les articles avant 2003, il n'y a pas de données statistiques sur la fréquence de la maltraitance (les seuls chiffres montrent la distribution selon les différentes formes de maltraitance). L'article de 24 Heures de 2002 motre que selon M.Brun (député socialiste) il n'y a pas de statistique "qui permettent de faire le point sur les 150 EMS vaudois et leurs 6000 résidents". Les articles après 2003 montrent des statistiques selon lesquelles il y aurait entre 5 et 20% de personnes âgées victimes de maltraitance en Suisse (env. 60'000 cas par an).

Dans deux articles de la première période, le manque de personnel dans les structures de prise en charge et les formations insuffisantes de certains employés sont montrés comme origine de la maltraitance. En ce qui concerne la maltraitance en institution, le Matin de 2000 montre aussi qu'il y a une augmentation de cas lourds dans les EMS (ce qui aurait une conséquence sur la prise en charge). Dans les articles de la deuxième période, les problèmes liés au au manque d'effectif ne sont pas pris en compte. Les facteurs décrits comme favorables à la maltraitance sont l'allongement de la vie, le stress vécu par des adultes, la dépendance et les symptômes liés au vieillissement et le fait que les soins demandés par la personne âgée peuvent compliquer la vie de ceux qui les donnent. Mais ce changement dans la désignation des origines de la maltraitance peut cependant être lié au choix des articles.

L'article de 24 Heures de 1999 évoque le souhait de spécialistes et d'associations (lors d'un débat) de créer une ligne téléphonique pour donner aux personnes âgées la possibilité de se confier. Cette ligne téléphonique devrait s'orienter à celle organisée en France par ALMA. Il est intéressant de voir que le journal 24 Heures de 2004 évoque la création d'une telle permanence téléphonique par l'association Alter Ego. De la même manière, on voit qu'une brochure (de prévention) existante au Canada est évoquée dans l'article de 24 Heures en 1999. Dans le Matin Dimanche de 2005, la publication d'une telle brochure (pour faciliter l'identification de cas de maltraitance) par l'association Alter Ego est annoncée. Seraient ces créations une conséquence de la canicule?

L'importance accordée à la thématique de la maltraitance de personnes âgées semble avoir augmentée dans les articles parus après 2003. Ceci se montre dans le fait que la manière d'aborder la thématique se base beaucoup plus sur les manques des systèmes mis en place. Ainsi, 24 Heures de 2004 remarque que ce problème était "encore largement oublié par les études scientifiques". Le Matin Dimanche de novembre 2005 évoque l'"appel à la mobilisation mondiale pour lutter contre les graves violations des droits des personnes âgées" du secrétaire général des Nations Unies: appel qui a été fait en février 2002!!! (Est-ce que la canicule peut être une explication pour cet intérêt tardif?). Dans ce même article, le Matin Dimanche souligne l'importance d'investir dans des recherches concernant "la prévention des maladies du vieillissement et le maintien d'une santé physique, mentale et sociale optimale" des personnes âgées (ce n'est cependant pas une prévention de la maltraitance). L'Hebdo de 2006 évoque l'élaboration d'un outil de dépistage par Alter Ego et l'OMS et dénonce le manque de structures dans les cantons romands.En autre on a remarqué deux phrases importantes: la première, cité par Alexandre Kalache, met l'accent sut le fait qu'on préfère pousser le problème de la maltraitance des personnes âgées sous le tapis plutôt que l'affronter. La deuxième, cité par Angeline Fankhauser, point le doigt contre l'idée que la société a par rapport aux personnes âgées: "ils sont qu'un lourde charge à porter". Il est aussi intéressant de constater que nous n'avons pas pu trouver d'article sur la maltraitance des personnes âgées dans l'Hebo avant 2003. Les articles après 2003 montrent donc des lacunes du système romand, tandis qu'un des articles avant 2003 (24 Heures de 2002) donne l'avis d'un conseiller d'Etat (Ch.-L. Rochat) qui estime que les structures mises en place sont suffisantes et que la moitié des cas de maltraitance sont infondés.

Au niveau du contenu des articles, nous avons constaté que les changements suite à la canicule n'ont pas été très importants. Nous émettons donc l'hypothèse que la problématique de la maltraitance, quoiqu'elle ait suscité plus d'intérêt par la presse après la canicule (nombre d'articles), est traité de la même façon avant et après l'été 2003. Les associations et les spécialistes qui s'intéressent au sujet de la maltraitance des personnes âgées ne semblent pas avoir changé leur discours. Le seul changement pourrait être que les journaux mettent plus d'importance sur les moyens de prévention. Il est cependant difficile de tirer des conclusions sur la base de ces observations, car les articles choisis ne représentent pas forcément la manière de laquelle la presse traite de ce phénomène.

Eléments relevés de la comparaison des 2 éditions de la charte de la Fegems

La charte éthique a été adoptée en 1998 par les membres de la Fegems (Fédération genevoise des établissements médicaux sociaux), afin de garantir la qualité des prestations offertes en EMS. Elle comporte trois points principaux : des engagements auprès des personnes âgées ; des engagement auprès de léa famille, des proches, de la société ; des engagements auprès des établissements et de leur personnel. Concernant le premier de ces trois points, la cherte relève plus particulièrement les aspects suivants:

Veiller à ce que le choix de vie dans un lieu institutionnel leur préserve, dans toute la mesure du possible, les mêmes garanties qu'un domicile privé.

S'efforcer de préserver son autonomie, de favoriser l'expression de son libre arbitre, de respecter ses choix, au prix d'un certain risque pour elle-même.

Développer son bien-être, son confort et sa sécurité, à les améliorer en permanence et réduire les inévitables contraintes de la vie en collectivité.

Reconnaître son droit à la propriété personnelle. Même dépendante, la personne âgée dispose de ses ressources et de son patrimoine conformément à ses désirs, sous réserve d'une protection légale.

Intervenir pour qu'elle dispose de ressources décentes et suffisantes, quel que soit son niveau d'autonomie et qu'elle puisse les gérer aussi longtemps que possible.

A noter que concernant les engagements auprès des établissement et de leur personnel, une grande importantce est donnée à la formation. Ceci est peut-être un soucis de lutter contre la maltraitance, puisque l'on sait que les actes maltraitants en institutions trouvent parfois leurs origines dans le manque de formation du personnel (c'est une supposition..)

La comparaison des deux éditions de la charte ne nous a pas amené à constater de grands changements ; que cela soit dans le vocabulaire utilisé, les buts fixés, les engagements, etc. Seul aspect nouveau dans l'édition adoptée en janvier 2005, l'ajout d'un réglement d'application qui "régit les modalités d'application de la Charte éthique de la Fegems, à savoir l'organisation de l'autorité compétente pour veiller à l'application de la Charte et examiner les requêtes". C'est le "Conseil éthique" (constitué de membres élus par l'assemblée générale de la Fegems) qui veillera à la bonne application de la Charte. Ce conseil est déjà présent dans la première édition de la charte et les buts qui lui sont attribués dans cette première édition sont les même que dans celle datant de 2005. Toutefois, l'apparition d'un "réglement d'application" dans cette dernière apporte une définition beaucoup plus stricte des droits et des compétences du conseil éthique. Cela pourrait refléter le soucis de la fegems de lutter contre le problème de la maltraitance en institution en donnant un pouvoir de contrôle plus grand au conseil éthique.

Eléments retirés des téléjournaux

Lors de nos recherches dans les archives de la TSR nous avons tout d'abord constaté que le nombre de TJ abordant le problème du sort des personnes âgées a triplé suite à la canicule. Nous pouvons émettre l'hypothèse que la canicule fut un tremplin, voire un très bon "fait divers" pour parler de la situation des personnes âgées dans notre société. En effet, ce sujet fut traité plus qu'abondament durant la canicule et juste après, puis régulièrement à l'arrivée de l'été les années qui ont suivies. Il nous parait intéressant de relever la manière dont les médias s'empare d'un sujet d'actualité pour en faire un problème social. Il faut peut-être garder à l'esprit qu'un des buts premiers des médias, comme développé dans les cours du professeur Payet (Introduction à la sociologie de l'éducation)et hormis l'aspect d'information, est de faire le plus possible d'audimat en accrochant les téléspectateurs par des évènements "chocs". Les médias ont tendance à s'emparer d'un problème social (ici la condition des personnes âgées et la maltraitance) pour en faire un fait médiatique. Ce processus est facilité dès lors qu'un problème concerne un grand nombre de personnes. Ce qui est le cas avec les personnes âgées puisque chacun en a au moins une dans son entourage ou dans sa famille.

Les émissions que nous avons choisies de traiter pour notre analyse datent toutes de la période durant la canicule de 2003 et juste après. Nous nous sommes centrés sur les téléljournaux de la télévision suisse romande (TSR)datés des 12, 14 et 26 août 2003 et du 9 juin 2004.

Dans les émissions de l'été 2003, période de la canicule où les températures avoisinaient les 35C° et plus, il est intéressant de noter que la situation en Suisse n'est quasiment pas abordée. On parle des effets désastreux de la canicule et du grand nombre de décès lui incombant, en France mais pas en Suisse. Par ailleurs, les images que l'on montre sur la prise en charge des personnes âgées en Suisse durant ces grosses chaleurs illustre la prise en charge quasiment irréprochable de nos institutions. En effet comme le soulève E. Bertin dans son livre Gérontologie, Psychanalyse, Déshumanisation: silence, vieillesse... "Les images clés que les médias nous présentent sur la vieillesse sont le plus souvent des images d'exception". Dans ce reportage datant du 12 août 2003, on voit des personnes âgées en bonne forme, souffrant de la chaleur mais avec le sourire. Ils savent qu'il faut boire. Du côté des professionnels on nous montre des professionnels à l'écoute des personnes âgées et de leurs besoins. Le reportage nous donne à entendre très fréquemment la phrase: "Buvez, buvez, buvez". Il semble que c'est le mot d'ordre et la principale prévention qui est mise en place. D'autres conseils sont également énoncés: "Courants d'air, ventilateur et rideaux tirés!"

On insiste également sur le fait d'un redoublement de vigilence de la part du personnel soignant. L'infière en cheffe nous parle même de complément sous forme de perfusion sous cutanée pour les personnes incapables de s'hydrater correctement. Cette émission met également la prévention faite auprès des professionnels concernant la prise en charge des personnes âgées et de leurs besoins relatifs aux grandes chaleurs. De plus, il fait mention de la nécessité de formation du personnel soignant. Le second reportage que nous avons visionné nous montre qu'un colloque sur le thème de la canicule a été organisé par le Professeur Rapin à Genève, en juin 2004 toujours dans un but d'information et de prévention.

De manière plus générale, en août 2003, pour ce qui est de la Suisse on parle de la situation comme étant "moins dramatique qu'en France", en effet tout se passe pour le mieux, on ne fait pas de liens entre les décès à cette période et les grandes chaleurs. Le problème de la cancicule est présenté comme une contrainte pour les personnes âgées. Il nous parait intéressant de soulever le fait que la difficulté pour le personnel soignant d'encadrer et d'être vigilent quant à l'hydratation de leurs pensionnaires n'est pas du tout mentionné.

Dans les 2 autres TJ d'août 2004 (les 14 et 26) la situation en Suisse n'est même pas énoncée et l'on met en évidence la gravité de la situation dans nos pays voisins, comme si la Suisse n'était pas concernée par ce problème. Nous ne nous pencherons pas plus sur ces 2 émissions, puisque celles-ci ne concernent pas directement la Suisse.

Enfin, puisque dans les archives datant de l'été 2003 la situation en Suisse n'est pas clairement décrite, nous avons choisi de voir ce qu'on en disait en 2004, un an après et juste avant l'été, afin de voir si le problème était abordé de manière différente. A la comparaison on ne peut ignorer la première phrase de chacune des 2 émissions (du 12 août 2003 et du 09 juin 2005). Dans la première Darius Rochebin, nous dit que "la situation en Suisse est nettement moins dramtique qu'en France" alors que à peine un an plus tard, on lance le sujet par "L'été 2003 était plus meurtrier qu'on l'a cru". D'emblée le ton est donné. Il semble tout au long de ce sujet que la Suisse a sous estimé les conséquences de la canicule pour ses personnes âgées. Le journaliste du reportage lance: "La canicule tue en Suisse, comme ailleurs!" continuant: "convaincus que l'année dernière on n'a pas voulu le voir!". Paradoxalement au tout début du reportage on parle de la canicule comme une routine: "Ici, la canicule on y fait face comme d'habitude!". Peut-on avancer qu'en une année un fait, unique en son genre et non constaté auparavant, puisse devenir une habitude? Ou plutôt sous entend-t-on que c'est la vigilence qui devient désormais une habitude?

C'est un an plus tard que l'on peut avancer les premiers chiffres concernant la Suisse. De plus, on voit une infirmière ne s'étant absolument pas inquiété des effets de la canicule et découvrant pour la première fois à la demande des journalistes l'augmentation relativement marquée du nombre de décès pour le mois d'août 2002 en comparaison avec les chiffres d'août 2003. C'est bien 10% d'augmentation que l'on peut constater.

La conclusion de ce reportage nous parait résumer en une seule phrase la différence de terminologie et d'approche de la situation entre 2003 et 2004, lorsque le journaliste parle de l'été 2003 en disant: "Lever le voile sur la canicule n'était pas encore de saison!".

Dans tous les TJ que nous avons visionnés, il n'est jamais fait mention du terme de "négligence" ou de "maltraitance". Pourrait-on aller jusqu'à dire que c'est bien là une forme de tabou? En effet, et nous avons également pu constater ce point lorsque nous avons parlé de notre recherche à des proches travaillant dans le milieu des EMS lorsque ceux-ci nous ont de suite répondu: "Ah mais tu sais, où je travaille il n'y a pas de maltraitance, ni de négligence", comme pour se dédouaner ou se laver de tous soupçons.

Conclusion

Retour sur la problématiques, les questions de recherche

Peut-être que la négligence n'est pas une évolution du terme de maltraitance mais plutôt la conséquence de l'augmentation du nombre de fois où l'on aborde la question de la maltraitance. Peut-être pourrait-on dire que du fait de cette reprise incessante de ce thème, nous sommes plus attentifs aux faits et gestes qui pourraient s'inscrire dans la maltraitance. En étant plus attentifs à cela, on en vient à parler de négligence et à l'inscrire dans la maltraitance.

Rappel des principaux résultats de recherche
Autocritiques et perspectives

Dans cette perspective de la négligence comme maltraitance, il nous faut tout de même soulever les abus et les dérives de cette terminologie. Il nous semble que par cette association de terme, tout acte est devient potentiellement négligent... Par exemple: ne pas donner à boire à une personne âgée est une forme de négligence/maltraitance, mais la forcée à boire l'est également car ceci va à l'encontre de sa propre volonté. Il serait important, à notre avis, de faire des nuances entre les différences formes de maltraitance et de négligence (ce qui a commencé à être fait dans les associations telles que ALMA France ou Alter Ego)et d'être clair avec les professionnels par rapport à leurs devoirs et obligations professionnelles. Il ne faut oublier qu'ils doivent prendre soin de ces personnes, qu'un code de déontologie existe et que'une grande question reste à être abordée et clarifiée: Qu'est-ce qui doit primer lorsque ces 2 points s'opposent; le choix et la volonté de la personne âgée ou le devoir professionnel face à une personne qui met sa vie en danger?

Bibliographie

Livre
Articles

Avant la canicule

24 Heures (06.10.1999). MALTRAITANCE : LES PERSONNES ÂGÉES SE REBIFFENT: Dépasser les clichés pour mieux combattre la violence.

Le Matin (8.6.2000). EMS: un bilan alarmant - une étude entreprise à Genève montre que les conditions de vie se dégradent rapidement pour les résidents. La faute, d'abord, au manque de personnel.

24 Heures (27.2.2002). MAISONS DE RETRAITE : GROSSE COLÈRE DU SSP ET DES USAGERS: «La maltraitance continue dans les EMS»

Tribune de Genève (8.4.2003). La maltraitance envers les aînés existe. Reste à en parler.


Après la canicule

Tribune de Genève (21.2.2004). Les aînés maltraités préoccupent Genève.

24 Heures (2.12.2004). La maltraitance des seniors en question.

Le Matin Dimanche (6.11.2005). Humiliations, injures, coups...le 3e âge relève parfois du calvaire.

L'Hebdo (20.04.2006). Maltraitance des personnes âgées: les lacunes romandes

Téléjournaux

Mardi 12 août 2003, 19h30

Jeudi 14 août 2003, TJ nuit (22h)

Mardi 26 août 2003, TJ nuit (22h)

Mercredi 09 juin 2004, 19h30


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