Communication

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BrunoB SamanthaR

Introduction

Qu'est-ce que la communication?

Nous prendrons ici le terme "communication" dans le sens restreint de "communication animale". Il s'agira de déterminer qu'est-ce que la communication chez les animaux, son utilité et de quelle façon elle est mise en place.
La communication animale se définit par la transmission d'informations, telles que celles décrites en 1.3. Schématiquement, deux individus entrent alors en compte: l'émetteur et le récepteur. L'émetteur code l'information et le récepteur l'interprète. La communication, pour bien se faire et permettre la compréhension, obéit donc à des "règles" communes entre ces deux individus, souvent de la même espèce.
La compréhension des mécanismes de la communication animale a toujours joué un grand rôle dans l'éthologie. En tous les cas, la communication est très importante dans la survie d'un individu, et la sélection naturelle aurait privilégié les espèces dont le mode de communication est le plus adapté à leur environnment. En effet, si une espèce vit dans un milieu avec nombre de prédateurs, il lui faut, lorsqu'elle communique, non seulement passer les informations à ses congénères mais également éviter de révéler sa position à son prédateur.

Comment étudie-t-on la communication chez l'animal?

La communication animale s'étudie de façon de plus en plus complexe.
Sur le terrain, les méthodes sont relativement simples. L'observation aux jumelles, la prise de notes sont toujours les plus utilisées. L'enregistrement vidéo et/ou audio ainsi qu'une visualisation laborieuse sont maintenant doublés de comptages et statistiques.
Cependant, la communication s'étudie également beaucoup par modélisation sur ordinateur de l'animal dans son milieu, sur des individus en captivité et même en laboratoire. En tous les cas, lors de travail direct avec l'animal, de mises en situations particulières, il faut veiller à lui poser des questions non seulement utiles pour l'expérimentateur, mais aussi compréhensibles pour lui, qui ont un sens dans sa vie quotidienne.

Pourquoi les animaux communiquent-ils?

La communication chez les animaux a plusieurs rôles, tels que:

  • L'identification: De nombreux signaux sont utilisés par les animaux pour informer les autres membres de leur espèce sur leur localisation, leur état physique et leur sexe. Ainsi, lorsqu'un chien marque un poteau avec son odeur (en urinant dessus), il informe les autres chiens sur ses propres caractéristiques sociales. Un autre exemple est celui de certains passeraux. En effet, chez plusieurs espèces, seul le mâle possède un véritable chant. A l'intérieur de celui-ci aussi il est possible de retrouver les caractéristiques de l'individu chanteur.
  • Eviter les conflits: Pour réduire le risque de conflit autour d'une nourriture (exemple), les différents individus se servent de la communication pour montrer leurs aptitudes combatives. Les mâles de merles aux ailes rouges (Agelaius phoenicius) montrent ainsi leurs taches rouges sur les ailes pour se montrer menaçants.
  • Coordonner les activités au sein d'un groupe de même espèce: Cette forme de communication est utilisée lors de l'accomplissement d'un travail partagé. Des meutes de loups (Canis lupus) communiquent durant la chasse, ainsi que les Hommes lors d'un travail en équipe.

Une constatation importante à faire est que le système de communication est plus riche chez une espèce vivant dans une société animale plus complexe. Le degré de complexité de la communication ne dépend donc pas de la taille du cerveau.

Liens entre les 5 sens et la communication

Les signaux composant la communication chez l'animal sont classés selon le canal sensoriel utilisé. Cette méthode a l'avantage de présenter les choses de la façon la plus claire possible mais est aussi limitée car certaines méthodes, telles que la communication chimique, font appels à plusieurs canaux sensoriels (ici: le goût et l'odorat).
Voici la subdivision des signaux:

  • Les signaux chimiques, ou la communication par le goût et l'odorat: Leur particularité est la durée sur laquelle ils agissent. En effet, ces signaux, souvent appelés phéromones, peuvent être déposés par l'émetteur en l'absence du récepteur, comme cela se fait souvent chez les rongeurs. On leur attribue alors un rôle dit de "mémoire".
  • Les signaux optiques, ou la communication par la vue: Ces signaux sont transitoires, ont une durée limitée mais sont du coup, très souples. Ils sont utilisés par une grande variété d'espèces animales, mais l'exemple type reste le changement de plumage chez certaines espèces d'oiseaux à la saison des amours.
  • Les signaux accoustiques, ou la communication par l'ouïe: Les signaux accoustiques sont éphémères, mais présentent de nombreux avantages. En effet, ils sont généralement économes en énergie et sont perçus sur de grandes distances, même de nuit. Cette communication est très utilisée par les insectes, les oiseaux ou les batraciens.
  • Les signaux tactiles, ou la communication par le toucher: Ils existent sous deux formes, soit par contact direct, comme le léchage intensif du petit à la naissance chez beaucoup d'espèces, soit par contact intermédaire. C'est dans cette deuxième possibilité que se trouvent par exemple les araignées qui réagissent aux vibrations de leur toile ou certains poissons qui communiquent par signaux électriques.


Comme cette question a un lien avec un sujet abordé précédemment, n'hésitez pas à (re)visiter: [Les WikiSens![1]]

La communication sonore

Contrairement à ce que l'on pourrait penser en entendant de nombreux sons en forêt ou dans d'autres milieux, il existe une structuration précise du monde sonore animal.
La qualité de la communication sonore dépend de trois paramètres: l'intensité, la fréquence et la durée des sons émis.
Cependant l'originalité d'une unité sonore relève principalement des deux derniers paramètres, l'intensité ne faisant que porter l'image sonore.
Les émissions accoustiques répondent pour tout animal aux contraintes du milieu. En effet les mêmes modulations ne porteront pas de la même façon dans un milieu forestier que dans un endroit dégagé en bord de mer. De même, les signaux aigus et graves n'ont pas la même portée. Un signal aigu s'adresse à un congénère proche car il se dégrade plus rapidement en chaleur, tandis qu'un signal grave s'adresse aux congénères situés à distance.
Autre précision: si le son permet la localisation de l'individu émetteur, c'est grâce à la situation symétrique des organes auditifs, ou du cortex auditif chez la plupart des animaux. Grâce à cette localisation, les sons n'arrivent ni avec le même impact, ni en même temps à droite et à gauche. Malgré le décalage temporel minime, la perception du son reste unique, mais devient "orientée".

Exemple: Les oiseaux

L'utilisation d'un signal acoustique chez le manchot royal (Aptenodytes patagonicus) assure la reconnaissance individuelle entre partenaires et entre parents et poussin. En effet, il suffit à un adulte d'appeller son poussin dans une grande colonie pour que celui-ci le reconnaisse. Chaque individu a donc une signature vocale qui lui est propre. La transmission du signal acoustique dépend de nombreux facteurs : vent, reliefs, masque constitué par le corps des oiseaux, bruits ambiants importants.

Exemple: Les amphibiens

Chez les batraciens, la hiérarchie sociale au sein d'un groupe est souvent illustrée par le chant, ou le croassement. Prenons le cas particulier de la grenouille tungara (Physaluemus pustulosus). Chez ce batracien, les chants en période de reproduction sont le résultat d'une organisation. Le mâle dominant commence chaque séquence de croassements, les autres individus ne faisant que le suivre.

La communication chimique

La communication chimique se fait par des molécules chimiques qui modulent le comportement de l'individu récepteur. Même le comportement des grands mammifères a donc un lien avec l'olfaction. Ces échanges de molécules chimiques peut se faire soit entre deux individus de la même espèce, nous parlerons alors de phéromones, soit entre deux individus d'une espèce différente, appelés les messagers allélochimiques.
Cette forme de communication se fait dès l'appartition des premiers êtres vivants. Elle est donc utilisée de façon universelle.

Nous parlerons principalement des phéromones. Cependant comme exemple de messagers allélochimiques, il y a ceux qui régulent les relations plantes-insectes. En effet, les plantes ayant besoin des insectes pour leur reproduction, nombre d'entre elle sécrètent une odeur contenant une copie de certaines phéromones insectes. Les insectes sont alors attirés de plante en plante, répendant le pollen. D'autres plantes émettent des molécules qui attirent un parasitoïde, lorsqu'elles sont victimes d'un parasite.

Exemple: Les invertébrés

Les fourmis sont des insectes sociaux, c'est à dire qu'elles vivent au sein d'un groupe. Comme beaucoup de groupes vivent souvent dans un environnement voisin, ces insectes ont développé un système permettant de se reconnaître entre congénères et, ainsi, différencier les ennemis. Chaque fourmilière a donc sa propre odeur, que véhicule chaque membre. Les molécules chimiques qui entrent en compte dans cette discrimination sont appelées lipides cuticulaires. Ces lipides ont également des rôles variés tels que la prévention du dessèchement ou encore celui d'hormones sexuelles.

Exemple: Les rongeurs

C'est chez les rongeurs que la communication chimique a été la plus étudiée. La marmotte alpine (Marmotta marmotta) utilise la communication chimique en frottant sa joue sur divers supports tels que rochers ou déblais de terriers. Ce marquage est étroitement lié à l'activité reproductrice. Il exprime également le rang social de l'individu. Par conséquent, les marquages proviennent plus fréquemment du couple adulte dominant. Ils sont aussi essentiel pour la défense du territoire familial.

Exemple: Les oiseaux

Bien que cela ne soit admis que depuis peu de temps, les oiseaux ont un odorat, même si'il est parfois peu développé. Pourtant la plupart des oiseaux l'utilisent fréquemment, comme l'ont montré certaines études qui consistent à mettre l'oiseau au contact de plusieurs odeurs et à observer la réponse neuronale des bulbes olfactifs.
L'odorat a notamment un rôle dans la recherche de nourriture. Par exemple, le vautour pape (Sarcorhamphus papa) situe les charognes par l'odeur qu'elles dégagent. Autre exemple de l'utilisation de l'odorat, le pétrel de Wilson (Oceanites oceanicus) retrouve son nid et son conjoint à l'odorat dans les colonies. Une découverte récente soutient également que les pigeons voyageurs (Columba livia) s'orienteraient à l'odeur des lieux survolés.

La communication visuelle

La communication visuelle repose beaucoup sur les couleurs. En effet, colorées, les formes nous apparaissent plus précises et sont plus faciles à identifier et à associer.
La coloration a de l'importance chez de nombreux animaux. En effet, elle est parfois question de survie sur l'échelle de l'espèce, comme chez certains papillons qui montrent leur toxicité par des couleurs vives, ou du moins la feignent. A l'échelle de l'individu, elle témoigne bien souvent de l'âge, du sexe, ainsi que de sa "qualité" et donc de sa faculté à avoir des descendants résistants.
L'une des ambiguités de bien des animaux colorés consiste à être à la fois visible et attirant lors de la recherche de partenaire, tout en restant au maximum camouflé au prédateur.

La couleur est en fait de la lumière dont la longueur d'onde se situe entre 300 et 700 nanomètres. Il existe trois mécanismes de production de la couleur: la pigmentation, l'interférence, la diffusion.

  • La pigmentation: Certaines molécules, appellées pigments ont la propriété d'absorber certaines longueurs d'onde. Des cellules spécialisées réfléchissent les ondes non absorbées.
  • L'interférence: La plume est un bon exemple d'interférence. Elle est en effet couverte de plusieurs couches de kératine, sorte de cire qui a un indice de réfraction élevé. Ainsi la lumière qui frappe la plume est en partie réfléchie par la première couche de kératine, tandis que l'autre partie sera réfléchie par les couches inférieures. Les lumières renvoyées ont donc plusieurs couleurs qui dépendent de l'angle de vue. C'est le phénomène qui crée les reflets sur le plumage.
  • Diffusion: De la diffusion ressortent les couleurs dans les tons bleu-vert. Lorsque la lumière touche une surface constituée de micro particules d'une taille inférieure à 300 nanomètres, seule les courtes longueurs d'ondes sont diffusées. Lorsque les particules sont plus grandes que la longueur d'onde de la lumière, tout est diffusé, créant du blanc.

Pour la plupart des animaux, une fois que la couleur est créee, il est impossible de la changer. Il lui faudra attendre une mue. En ce qui concerne les rares qui ont la capacité de changer rapidement de couleur, c'est grâce à un mouvement et une réorganisation des pigments. Il s'agit de certains batraciens, poissons, reptiles, insectes.

Un cas particulier est l'émission de lumière, comme chez les lucioles ou le poisson lanterne. Pour ce faire, ces animaux dégradent une protéine, la luciférine, par son enzyme spécifique, la luciférase, ce qui permet l'émission d'une lueur verte. Cependant ce processus coûte beaucoup d'énergie et implique une grande utilisation d'ATP.

Exemple: Les céphalopodes

La plupart des céphalopodes utilisent des signaux visuels comme moyen essentiel de reconnaissance. En effet, ils ont la particularité d'avoir une très bonne vue. Leurs yeux ont une anatomie comparable aux notres mais ils ne percoivent pas les couleurs. Chaque coloris est identifié grâce à sa longeur d'onde spécifique. A cause de l'obscurité des profondeurs, beaucoup de céphalopodes ont recours à la création de signaux lumineux soit par la même réaction chimique que chez les lucioles, soit en apprivoisant des bactéries luminescentes qui s'installent autour de l'intestin. Les rôles de ces signaux lumineux sont nombreux. Ils contribuent à la protection puisque certains des ces animaux, se sentant menacés par un prédateur se trouvant en dessous de lui, "allume" son ventre afin d'estomper l'effet d'ombre. Les autre rôles communicatifs sont la reconnaissance, la recherche de partenaires et aide à maintenir les bancs groupés.

Exemple: Les poissons

Un autre exemple de la communication visuelle peut être les poissons se déplaçant en banc. Ces bancs ont pour but de protéger ces poissons des prédateurs. Des recherches ont révélé que les poissons maintiennent leurs positions dans un banc en combinant les informations visuelles et celle qui sont issues de leurs lignes latérales, qui sont des récepteurs sensibles au déplacement de l'eau. En effet, une étude a démontré que la vision est le sens le plus important pour maintenir la distance et l'angle avec le voisin le plus proche. Leur ligne latérale est déterminante pour maintnenir la même vitesse et la direction d'un poisson particulier et celle des autres poisson du banc. Il faut donc ajouter qu'il n'y a pas de leader dans un banc.

La communication par le toucher

La communication par le toucher se fait par le biais des vibrations du sol. Lors de ce type de signaux, le sol et ses substrats deviennent de véritables canaux de communication. Ce'n'est que recemment que les recherches sur ce type de communication ont commencé. En effet, comme ces vibrations sont inférieures au seuil de perception de l'ouïe humaine, elles ont étés longtemps ignorées. En réalité, ce genre de vibration fonctionne de la même façon que le son aérien et permet également la localisation. C'est par ce moyen que communiquaient les premiers amphibiens. Ce mode de communication est surtout utilisé dans des habitats bruyants où la communication sonore est difficile.
Cependant, cela reste des recherches controversées. Toutes les espèces sensibles aux vibrations du sol n'utilisent pas ce moyen pour passer des informations biologiques pertinentes. Certains scientifiques soutiennent donc qu'il ne s'agit pas véritablement d'un moyen de communication.

Exemple: Le scorpion

Le scorpion des sables (Paruroctonus mesaensis) est un prédateur nocturne qui ne peut ni voir ni entendre les proies (insectes, principalement) dont il se nourrit. Il dispose alors de récepteurs sensibles aux vibrations du sable afin de pouvoir les détecter. En effet tout déplacement d'insecte implique la créations de vibrations minimes dans les sables.

Qu'est ce que le langage?

Alors que la communication est l'échange d'informations, le langage est, quant à lui le facon dont ces informations sont échangées. Souvent complexe, la définition du langage prête à controverse. En effet, beaucoup considèrent qu'il n'existe réellement de langage qu'à partir du moment où toutes les informations qu'il traduit ne relève pas du nécessaire, mais ont simplement pour but de former un lien social. Ainsi, certains scientifiques considèrent encore le langage comme le propre de l'homme, même si ils sont de moins en moins nombreux. [[2]] [[3]]

La communication non verbale chez l'humain et les grands singes

La communication non verbale, ou corporelle, a été étudiée en premier lieu par Darwin. Il s'agit de faire passer des idées au moyen de gestes, de mimiques. Certains de ces gestes seraient innés et d'autres acquis. Ainsi, un clin d'oeil, ou le hochement de tête pour approuver est acquis, alors que le rougissement ou le détournement du sein chez le nourisson lorsqu'il n'a plus faim est inné. Certains signaux non verbaux sont émis et percus par le cerveau reptilien, qui contrôle les fonctions métaboliques de base, et involontaires.
Les mimiques sont aussi très importantes pour la communication non verbale. Ainsi, à l'expression du visage, l'humain peut déterminer l'émotion de celui avec qui il a une interaction. Le même phénomène est présent pour les grands singes. Il va sans dire que cela existe sûrement au sein d'autres espèces mammifères, mais il est plus difficile d'en juger de facon objective, dû à la grande différence de morphologie. Il faut cependant faire attention à la tendance antropomorphique de l'Homme face à un singe. Une expression semblable chez l'Homme et le gorille ne résulte pas forcément d'une même émotion.

Sources

Pour la Science, Dossier Communication animale, Janvier-avril 2002
http://bbouillon.free.fr/univ/hl/Fichiers/Cours/langage2.htm
Campbell
LEP
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