Zambeaux, Edouard: "En prison avec des ados, enquete au coeur de l-ecole du vice"

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En prison avec des ados ; enquête au cœur de l’école du vice


Ce livre donne un aperçue général de la vie en prison pour les mineurs de France. L’auteur, un journaliste indépendant, est allé enquêté dans les prisons de France, « interviewvant » les différents acteurs en jeu : jeunes, gardiens, directeurs et éducateurs. Au final, il dresse un constat alarmant de la situation carcérale de ces jeunes.

L’ouvrage répond aux premières interrogations de l’auteur, c’est-à-dire si la prison sert-elle à la réinsertion des jeunes incarcérés ? Comment vivent-ils ? Qu’y font-ils ? et que fait l’Etat ? La république incarcère environ 7000 délinquants mineurs par an ! la répartition se fait dans une cinquantaine de maisons d’arrêt habilité à recevoir des adolescents. L’auteur rappelle quelques règlements sur les incarcérations, les conditions de détention, avant de révéler « La réalité » carcérale, celle où les textes, les lois sont loin d’être suivis à lettre. Une réalité hors la loi, une réalité qui diffère totalement d’un établissement à l’autre. « Il y a la Loi et la loi…de la prison ». Que fait l’Etat ? Il s’entête à faire grossir les rangs d’ados en prison, sans améliorer leur sort. Il poursuit les condamnations alors que l’effectif carcéral est dépassé depuis longtemps. Conséquence ; la séparation mineur/majeur reste théorique. Au lieu d’avoir une cellule individuelle comme le veut la loi, l’ado se retrouve dans une cellule collective, avec des mineurs dans le meilleur des cas, ou des majeurs dans le cas contraire, alors qu’ils doivent « êtres accueillis dans un bâtiment séparé de celui des majeurs », selon la loi. On apprend aussi qu’à la lenteur administrative, des ados attendent en cellule leur jugement depuis plus d’un an, ce serait le cas pour 80 % des mineurs incarcérés. Voilà que fait l’Etat…

Il y a donc la Loi, la loi de la prison et la loi entre détenus. La communauté carcérale se constitue en effet autour du quartier. D’autres fois, autour de la couleur de peau, ou parfois en fonction des causes de l’incarcération. Le point commun, c’est qu’elle n’accepte pas la différence. Cette loi entre codétenus est plus à craindre que celle des surveillants ; les premiers sont plusnombreux. C’est donc cette lois que les mineurs apprendront en premier lieu, celui de la prison arrivera bien plus tard.

Les jeunes en arrivant en prison, font souvent les malins, d’autant plus, actuellement ou le respect des anciens n’est même plus écouté. Au contraire les jeunes se croient chez eux. Même mieux, car ils ont la paix, l’indépendance, au prix de leur liberté. Mais sous leurs air de caïd, ces ados restent et survivent dans un monde où la violence est quotidienne. Mais ils ne semblent pas trop s’inquiéter de leur détention. « La prison c’est une perte de temps, rien de plus. C’est la belle vie ».

Quand on donne la parole aux directeurs, le constat est sans appel. Ils sont dépassés Il y a trop de fréquentation, les prisons sont surpeuplées, ça devient un exercice de gestion où il faut savoir gérer les « stocks », les « flux » et trouver des solutions aux coups par coups. Ensuite, la cohabitation est explosive, les mineurs sont souvent mélangés avec les détenus majeurs et dangereux. Les mineurs ont plus de liberté que les majeurs, donc se mettent à l’aise comme dans « leur cage d’escalier ».

Les drogues et médicaments sont des produits de première consommation. L’auteur nous dit qu’il n’existerait pas un quartier sans drogue. La drogue circule aussi librement qu’à l’extérieur. Certains chefs d’établissement en parlent en tant que « facteur de paix sociale » tandis que le discours des jeunes laissent pensif « de toute façon, il y a que ça à faire ». Les médicaments sont tout autant consommé, et légalement distribué par l’établissement. En fait, on a davantage sentiment d’être dans un hôpital qu’une prison. Le phénomène est plus préoccupant pour les majeurs où il y a plus de toxicomane qui sorte de prison que de drogués qui y entre !

Par rapport aux surveillants, pour une minorité, l’ambiance est à l’alcool et aux outils arbitraires, pour un autre groupe minoritaire, l’équité des traitements est à l’ordre du jour, visant à la réinsertion des jeunes. La majorité vie dans une logique de survie.

Mais de quelle manière les réinsérée quand les jeunes bénéficient de 9 heures de cours par semaine en comptant le dessin et le sport ? Bien sûr, l’enseignement est « sur mesure », allant de l’alphabétisation à l’enseignement supérieur. Néanmoins comment motiver ces jeunes lorsqu’ils gagnent plus par ces diverses magouilles à l’extérieur qu’un éducateur motivé ? Et comment être plus compétitif que la télévision pour les plus de 16 ans ?

La violence, on la croise au quotidien. La violence est le mode de communication le plus répandu. Il y a des jeux en vogue, comme le petit pont massacreur ( celui qui l’emporte a le droit de taper le perdant) ou le moulant ( désigne un jeune, puis le groupe se précipite et se jette sur lui pour le mouler..). C’est dans la cours de promenade que la violence s’exprime, c’est là que se règle les comptes. Les combats loyaux sont rares, « on envoie son armée ». Malgré cela, les blessés grâves sont moins fréquents qu’à l’extérieur, où c’est « beaucoup plus violent, sanglant ». On se bat ici pour tous ; gel douche, cigarettte, … De plus, souvent les surveillants les laissent se battre. Un jeune tient un propos qui désigne bien l’univers dans lequel il vit : «  exister c’est survivre, pourquoi s’étonner d’être obligé de se battre ? »

Quant aux mineures incarcérés, la loi est encore une fois hors la loi ! Elles concentres toutes les failles du système, car au nombre d’une dizaine, elles n’atteignent pas la masse critique, pour être prise en considération par l’Etat, elles sont donc détenus dans les maisons d’arrêt pour femme.

L’évolution du nombre de détenus mineurs est loin d’être en diminution…Pouvons-nous alors rêver de meilleures conditions de protection des mineurs ?